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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
6 juillet 2023 4 06 /07 /juillet /2023 09:38
Rosa Luxemburg. Que voulons-nous? 1906

C'est un texte limpide. Qui s'adresse directement aux prolétaires, qui veut leur être accessible. Il nous parle aujourd'hui encore par cette clarté et cette simplicité mêmes.

Rosa Luxemburg. Que voulons-nous ?

 

La social-démocratie du Royaume Polonais et de la Lithuanie poursuit d’un commun effort avec la Social-Démocratie d’autres pays capitalistes la réalisation du régime socialiste. Elle tend à supprimer l’exploitation de la classe ouvrière par les propriétaires de terres, d’usines, d’ateliers, de mines et à restituer les moyens de production à la propriété commune du peuple laborieux.

 

Avec l’apparition de l’industrie dont le développement s’accentue en France et en Angleterre au XVIIIe, en Allemagne au début du XIXe siècle, la misère, l’exploitation poussèrent les ouvriers de ces pays à la lutte. Au commencement du mouvement, les ouvriers anglais démolissent les usines, détruisent les machines qu’ils considèrent comme responsable de leur misère. En 1831 les tisserands de Lyon, exaspérés par la famine se soulèvent ; en 1844 les tisserands à domicile de la Silésie allemande et tchèque se révoltent poussés à bout par l’exploitation des fabricants. Toutes ces révoltes furent immédiatement étouffées par la force brutale de la bourgeoisie au pouvoir.

 

Ces soulèvements n’étaient que les premiers symptômes de la souffrance des masses ouvrières et l’expression spontanée de leur rébellion. Les ouvriers insurgés ignoraient encore la véritable source de leur misère. Ils ne se rendaient pas compte dans quel domaine il fallait un changement. Mais dans les esprits de quelques penseurs de génie commença à poindre l’idée que le seul remède efficace contre la souffrance des millions de travailleurs serait la suppression de la propriété privée et la constitution du régime socialiste. Ce furent R. Owen en Angleterre, Ch. Fourier et St. Simon en France.

Les contrastes entre l’oisiveté et le luxe d’une poignée de riches et la désastreuse misère du peuple ; la corruption propagée par le capitalisme dans les milieux fortunés et l’avilissement intellectuel des couches laborieuses ; tout cet ordre régnant leur inspirait un profond dégoût. La seule solution possible leur parut être un changement total du régime. Tous les trois, chacun selon sa tendance arrivèrent à la conclusion que le régime actuel est basé sur une flagrante injustice, source du préjudice causé à la majorité des travailleurs. Tous les trois émirent une théorie d’après laquelle la propriété privée des capitalistes, des propriétaires fonciers est la cause de la misère ouvrière. C’est dans le régime socialiste que l’humanité souffrante trouvera son salut.

Pourtant, aucun de ces défenseurs de la classe travailleuse n’avait, au début du siècle passé, la possibilité de montrer la véritable voie à l’idéal socialiste. Ils s’adressaient aux bourgeois généreux, cherchaient des philanthropes bienfaiteurs qui, apitoyés par l’infortune du peuple, auraient réalisé une grande réforme sociale. Il fut pourtant impossible de trouver de tels bienfaiteurs. Les eussent-ils trouvés, leurs efforts individuels auraient été vains.

L’idée que la tâche de réformer toute la société incombe à cette classe ouvrière inculte et avilie, ne traversa l’esprit d’aucun de ces hommes de bonne volonté.

 

Ce furent Karl Marx et Fr. Engels qui donnèrent une nouvelle et solide base aux travailleurs socialistes, expliquant que ce n’est pas la philanthropie des bienfaiteurs bourgeois qui peut améliorer la condition de la classe laborieuse.

C’est dans le Manifeste Communiste qu’ils clamèrent cette idée aux ouvriers de tous les pays. A la suite de longues recherches scientifiques, Marx et Engels, ainsi que Ferd. Lassale démontrèrent que la réalisation du régime socialiste est non seulement une belle idée, une exigence de la justice, mais avant tout – une nécessité théorique.

 

Le développement  du machinisme et de la grande industrie provoque partout (dans tous les pays) la misère des masses, entraînant leur entière dépendance des capitalistes. Le salaire de la majorité des ouvriers les empêche à peine de mourir de faim et ne leur donne même pas la possibilité de subvenir aux besoins de leur famille. La femme et les enfants mineurs du travailleur sont obligés de s’atteler sous le joug du capitaliste. La vie familiale de l’ouvrier est ainsi détruite, sa santé dès sa prime jeunesse s’affaiblit par un dur labeur.

Les crises industrielles qui se répètent à des intervalles déterminés provoquent la stagnation dans la vie économique, pendant laquelle les marchandises ne trouvent pas d’écoulement. Des milliers de salariés se voient alors privés de travail et de pain. Ainsi aux autres misères de la population s’ajoute encore l’affreuse incertitude du lendemain.

Mais d’un autre côté, le développement de la grande industrie provoque la concentration de la classe ouvrière en augmentant l’armée de mécontents de l’ordre établi. La concurrence de l’usine ruine le petit artisan, celle de la grande propriété rurale – le paysan travaillant sur un lopin de terre. Les artisans, les paysans perdent la possibilité de gagner leur vie ; forcés de quitter leur atelier, leur terre, ils affluent de plus en plus nombreux dans les villes et villages industriels.

Ainsi les masses du prolétariat ne possédant rien se concentrent dans les agglomérations industrielles. Bientôt les travailleurs s’aperçoivent qu’ils constituent la majorité de la société ; ils se rendent également compte de l’exploitation dont ils sont victimes, de la force qu’ils représentent et qui consiste principalement dans leur unité. A mesure que s’opère la concentration de la propriété, la pitié des exploiteurs  pour la population laborieuse diminue. Par suite de la concurrence industrielle, à la place de nombreux petits établissements et usines surgissent quelques géants industriels, employant des milliers d’ouvriers et réalisant une production fabuleuse. Bientôt plusieurs entreprises privées sont remplacées par une société anonyme où chaque capitaliste n’est qu’un possesseur d’actions, d’obligations proportionnées au capital qu’il a apporté dans l’entreprise. La production s’effectue sous la direction d’un directeur rétribué, sans aucune participation au bénéfice de l’exploitation (sans aucune participation des capitalistes). Les profits qu’apporte le travail de l’armée ouvrière vont dans la poche des capitalistes, sans aucun mérite de la part de ceux-ci, mais uniquement parce qu’ils sont les propriétaires des machines, du sol, des terrains.

 

Il en ressort que le capitaliste n’est qu’un parasite dans la production. Le développement de l’industrie montre avec une évidence éclatante que la richesse de la bourgeoisie – d’une part, la misère des ouvriers – d’autre part, découlent du fait que les moyens de production appartiennent aux capitalistes et servent ainsi à exploiter les travailleurs qui ne possèdent rien sauf leur force de travail. Le nombre proportionnellement restreint des propriétaires, allant toujours en diminuant (à cause de la concentration des capitalistes), il devient plus facile de leur ôter les usines, le sol et les mines pour en faire la propriété de toute la population travailleuse.

Le nombre des capitalistes s’accroît, mais celui des ouvriers augmente beaucoup plus rapidement. Aussi ces derniers deviennent la classe la plus nombreuse de la société. Sans la lutte du prolétariat, lutte qui crée une certaine barrière à la dégénérescence physique et intellectuelle, l'économie capitaliste aurait amené toute la population à cette dégénérescence par ses crises, par la misère des masses populaires, par l’incertitude du lendemain, par la prostitution et le militarisme. Le pouvoir effréné du capitalisme sera capable de pousser la société humaine à l’état sauvage.

 

Relativement au changement social, il faut que la classe ouvrière comprenne d’abord que c’est à elle qu’incombe la tâche de supprimer le capitalisme. Elle doit donc s’organiser, s’unifier dans une seule organisation bien consolidée. Au fur et à mesure que l‘économie capitaliste se développe et que les rapports de l’État capitaliste se précisent, l’importance de cette tâche et l’organisation progressent continuellement et progressent toujours. L’industrie se développe actuellement dans tous les pays d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Australie, apparaît en Asie, même en Afrique. Ce développement engendre partout la misère, le mécontentement de la classe travailleuse. Le capitalisme est un fléau international de l’humanité.

Par conséquent, les ouvriers de tous les pays doivent lutter côte à côte contre l’exploitation. Mais la suppression du capitalisme et de la propriété privée ne pourra pas s’effectuer dans un seul pays, indépendamment des autres. Les travailleurs doivent réaliser la révolution socialiste d’un commun effort partout où fument les cheminées d’usine et où la misère est l’hôte habituel des demeures ouvrières.

K. Marx et F. Engels terminèrent en 1947 le Manifeste Communiste par l’appel : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »

D’accord avec cet appel, la social-démocratie est un parti international. Elle poursuit l’unité des ouvriers de tous les pays dans la lutte pour un meilleur avenir de l’humanité. Or, le régime socialiste mettra fin à l’inégalité entre les hommes, à l’exploitation de l’homme par l’homme, à l’oppression d’un peuple par un autre ; il libèrera la femme de l’assujettissement à l’homme ; il ne tolèrera plus les persécutions religieuses, les délits d’opinion.

 

Il est impossible de se représenter le régime socialiste de l’avenir dans tous les détails ; les essais de description sont toujours fantaisistes. Mais dès maintenant on peut définir les principes du futur régime avec une entière certitude.

D’abord tous les moyens de production appartiendront à la société qui dirigera la production à l’aide des organisations spécialement désignés dans ce but. Aussi le régime de l’avenir ne connaîtra ni pauvreté, ni vie oisive, ni crises, ni incertitude du lendemain. La vente de la force de travail une fois supprimée, du même coup disparaîtra la source de toute inégalité sociale. Le socialisme réalisera ainsi ce régime dont l’humanité rêve depuis des milliers d’années. Avant Fourier, Owen et autres socialistes utopiques au début de la production capitaliste, l’idéal socialiste apparut aux temps les plus reculés sous des formes indistinctes. Le christianisme des premiers apôtres d’il  y a 2000 ans propageait l’idée  de la propriété commune et d’une égale répartition des biens entre les riches et les pauvres. Ensuite, au XVIe siècle, pendant « la guerre des paysans » en Allemagne, quand les serfs se révoltèrent contre le joug seigneurial, un de leurs chefs, le généreux Thomas Münzer, proclama que la propriété commune devait remplacer la propriété privée.

 

Pourtant la réalisation de cet idéal ne fut possible qu’avec le développement de la grande industrie mécanique. Le capitalisme augmente le rendement du travail humain à un tel point que grâce à la technique actuelle de la production, 6 heures de travail journalier de tous les membres adultes de la société pourraient assurer une vie aisée pour tous.

C’est aussi le capitalisme qui créa le prolétariat industriel, la seule capable de réaliser le grand changement social.

Le misérable esclave de l’antique Grèce et de Rome n’avait pas d’autre moyen que le soulèvement sans succès, terminé par une mort cruelle des maîtres vengeurs. Le serf moyenâgeux exprimait sa révolte par les insurrections, incendies des demeures seigneuriales ; écrasé, il revient à son ancien joug.

Le prolétariat contemporain est une classe, la première dans l’histoire, qui pourra conquérir sa propre liberté et celle de l’humanité entière. Nous nous sommes habitués à compter l’ère nouvelle à partir de la naissance de Jésus Christ. Mais le christianisme ne diminue en rien les maux du peuple exploité. C’est de la révolution socialiste que datera la véritable ère nouvelle.

 

Aujourd’hui les gens « bien pensants » considèrent le socialisme comme une utopie, création de l’imagination insane. Mais à toutes les époques vécurent des gens qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez et qui craignaient tout ce qui était neuf.

Quand à un moment donné, on eut aboli en Allemagne les prescription moyenâgeuses concernant les corps de métier, il sembla aux maîtres que le monde ne tiendrait plus. Quand au début du dix-neuvième siècle la Bavière vit apparaître le chemin de fer, la municipalité d’une ville bavaroise déclara que voyager en chemin de fer était contraire à la santé, à la raison, à la sûreté humaine et que cette nouvelle invention était impossible.

 

Mais l’histoire et le progrès avançaient sans faire attention aux avertissements et aux craintes des lâches ou de ceux qui tremblent pour leurs privilèges.

A l’heure actuelle la révolution socialiste est le but lumineux vers lequel tend le progrès social avec une force invincible.

C’est de la classe ouvrière internationale que dépend l’accélération de ce mouvement. Elle doit donc, avant tout, prendre conscience de sa tâche et s’approprier les moyens qui lui permettent de l‘accomplir.

 

Rosa Luxemburg

Rosa Luxemburg. Que voulons-nous? 1906

Citations :

 

"La social-démocratie du Royaume Polonais et de la Lithuanie poursuit d’un commun effort avec la Social-Démocratie d’autres pays capitalistes la réalisation du régime socialiste. Elle tend à supprimer l’exploitation de la classe ouvrière par les propriétaires de terres, d’usines, d’ateliers, de mines et à restituer les moyens de production à la propriété commune du peuple laborieux."

 

"Ces soulèvements n’étaient que les premiers symptômes de la souffrance des masses ouvrières et l’expression spontanée de leur rébellion. Les ouvriers insurgés ignoraient encore la véritable source de leur misère. Ils ne se rendaient pas compte dans quel domaine il fallait un changement. Mais dans les esprits de quelques penseurs de génie commença à poindre l’idée que le seul remède efficace contre la souffrance des millions de travailleurs serait la suppression de la propriété privée et la constitution du régime socialiste. Ce furent R. Owen en Angleterre, Ch. Fourier et St. Simon en France." ... "L’idée que la tâche de réformer toute la société incombe à cette classe ouvrière inculte et avilie, ne traversa l’esprit d’aucun de ces hommes de bonne volonté."

 

"C’est dans le Manifeste Communiste qu’ils clamèrent cette idée aux ouvriers de tous les pays. A la suite de longues recherches scientifiques, Marx et Engels, ainsi que Ferd. Lassale démontrèrent que la réalisation du régime socialiste est non seulement une belle idée, une exigence de la justice, mais avant tout – une nécessité théorique."

 

"Ainsi les masses du prolétariat ne possédant rien se concentrent dans les agglomérations industrielles. Bientôt les travailleurs s’aperçoivent qu’ils constituent la majorité de la société ; ils se rendent également compte de l’exploitation dont ils sont victimes, de la force qu’ils représentent et qui consiste principalement dans leur unité. A mesure que s’opère la concentration de la propriété, la pitié des exploiteurs  pour la population laborieuse diminue. Par suite de la concurrence industrielle, à la place de nombreux petits établissements et usines surgissent quelques géants industriels, employant des milliers d’ouvriers et réalisant une production fabuleuse. Bientôt plusieurs entreprises privées sont remplacées par une société anonyme où chaque capitaliste n’est qu’un possesseur d’actions, d’obligations proportionnées au capital qu’il a apporté dans l’entreprise. La production s’effectue sous la direction d’un directeur rétribué, sans aucune participation au bénéfice de l’exploitation (sans aucune participation des capitalistes). Les profits qu’apporte le travail de l’armée ouvrière vont dans la poche des capitalistes, sans aucun mérite de la part de ceux-ci, mais uniquement parce qu’ils sont les propriétaires des machines, du sol, des terrains."

 

"Le nombre des capitalistes s’accroît, mais celui des ouvriers augmente beaucoup plus rapidement. Aussi ces derniers deviennent la classe la plus nombreuse de la société. Sans la lutte du prolétariat, lutte qui crée une certaine barrière à la dégénérescence physique et intellectuelle, l'économie capitaliste aurait amené toute la population à cette dégénérescence par ses crises, par la misère des masses populaires, par l’incertitude du lendemain, par la prostitution et le militarisme. Le pouvoir effréné du capitalisme sera capable de pousser la société humaine à l’état sauvage."

 

"D’accord avec cet appel, la social-démocratie est un parti international. Elle poursuit l’unité des ouvriers de tous les pays dans la lutte pour un meilleur avenir de l’humanité. Or, le régime socialiste mettra fin à l’inégalité entre les hommes, à l’exploitation de l’homme par l’homme, à l’oppression d’un peuple par un autre ; il libèrera la femme de l’assujettissement à l’homme ; il ne tolèrera plus les persécutions religieuses, les délits d’opinion."

 

"Il est impossible de se représenter le régime socialiste de l’avenir dans tous les détails ; les essais de description sont toujours fantaisistes. Mais dès maintenant on peut définir les principes du futur régime avec une entière certitude."

 

Pourtant la réalisation de cet idéal ne fut possible qu’avec le développement de la grande industrie mécanique. Le capitalisme augmente le rendement du travail humain à un tel point que grâce à la technique actuelle de la production, 6 heures de travail journalier de tous les membres adultes de la société pourraient assurer une vie aisée pour tous.

 

"Le prolétariat contemporain est une classe, la première dans l’histoire, qui pourra conquérir sa propre liberté et celle de l’humanité entière. Nous nous sommes habitués à compter l’ère nouvelle à partir de la naissance de Jésus Christ. Mais le christianisme ne diminue en rien les maux du peuple exploité. C’est de la révolution socialiste que datera la véritable ère nouvelle."

 

"C’est de la classe ouvrière internationale que dépend l’accélération de ce mouvement. Elle doit donc, avant tout, prendre conscience de sa tâche et s’approprier les moyens qui lui permettent de l‘accomplir."

https://bataillesocialiste.wordpress.com/2014/02/24/ce-que-veut-le-socialisme-rosa-luxemburg-1906/https://bataillesocialiste.wordpress.com/2014/02/24/ce-que-veut-le-socialisme-rosa-luxemburg-1906/

https://bataillesocialiste.wordpress.com/2014/02/24/ce-que-veut-le-socialisme-rosa-luxemburg-1906/

J'ai vu cette traduction sur le net il y a peu. Le texte m'est apparu incroyablement limpide, la traduction proche. Elle a été publiée dans la revue Le combat marxiste et est le travail de Lucienne Rey.

https://bibliothequedumarxisme.files.wordpress.com/2017/10/ce-que-veut-le-socialisme-luxemburg-rosa.pdf

Il s'agit de la première partie du Commentaire accompagnant le programme du SDKPil, paru sous forme de brochure en 1906. Le texte allemand est disponible sur le site Sozialistische Klassiker

https://sites.google.com/site/sozialistischeklassiker2punkt0/luxemburg/luxemburg-1906/rosa-luxemburg-was-wollen-wir

Il a été publié sous le titre Was wollen wir? Dans le tome 2 des Œuvres complètes, chez Dietz Verlag, 1972, P. 37 à 89

Rosa Luxemburg: Was wollen wir? Kommentar zum Programm der Sozialdemokratie des Königreichs Polen und Litauens [Róża Luksemburg: Czego chcemy? Komentarz do Programu Socjaldemokracji Królestwa Polskiego i Litwy, Warschau 1906. Herausgegeben vom Verlag der Sozialdemokratie des Königreichs Polen und Litauens. Nach Gesammelte Werke, Band 2, Berlin 1972, S. 37-89

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26 septembre 2023 2 26 /09 /septembre /2023 12:22

Ecouter-voir : Cette vidéo de "cathédrale osseuse", magnifiques images et la lecture permet, facilite la compréhension de ce texte majeur de Clara Zetkin. https://www.youtube.com/watch?v=VL8QI-uFnBQ

 

Vous pouvez aussi consulter l'article que j'ai consacré à ce texte le 8 mars 2021 sur mon blog mediapart : https://blogs.mediapart.fr/villaeys-poirre/blog/080321/clara-zetkin-l-emancipation-de-la-femme-comme-celle-de-tout-le-genre-humain

 

Clara Zetkin a mené un seul et même combat sous deux formes : le combat révolutionnaire et prolétaire avec le courant de Rosa Luxemburg, le combat pour les droits des femmes. Née en 1857, à l'époque de ce discours, elle est à Paris en exil, les lois antisocialistes en Allemagne la conduiraient en prison.

En 1889, elle est appelée à prendre la parole au Congrès de fondation de la 2e Internationale. C'est son premier grand discours en public.

Clara Zetkin. L'émancipation des femmes sera socialiste ou ne sera pas.

Le texte

 

"Il n’est pas surprenant que les réactionnaires aient une conception réactionnaire du travail féminin. Mais il est extrêmement surprenant de rencontrer, dans le camp socialiste une conception erronée, qui consiste à exiger  la suppression du travail des femmes. Le problème de l’émancipation des femmes, c’est-à-dire en dernière instance celui du travail féminin, est un problème économique, et l’on est fondé à attendre des socialistes une meilleure compréhension des problèmes économiques.

Les socialistes doivent savoir qu’en l’état actuel du développement économique le travail féminin est une nécessité ; que le travail féminin doit aboutir normalement, soit à une réduction du temps de travail que chaque individu doit à la collectivité, soit à un accroissement des richesses de la société ; que ce n’est pas le travail féminin en soi qui, par le jeu de la concurrence, fait baisser les salaires, mais l’exploitation de ce travail par les capitalistes.

Les socialistes doivent avant tout savoir que l’esclavage social ou la liberté reposent sur la dépendance ou l’indépendance économiques.

Il n’est pas permis à ceux qui combattent pour la libération de tout le genre humain de condamner la moitié de l’humanité à l’esclavage politique et social par le biais de la dépendance économique. De même que le travailleur est sous le joug du capitaliste, la femme est sous le joug de l’homme et elle restera sous le joug aussi longtemps qu’elle ne sera pas indépendante économiquement. La condition sine qua non de cette indépendance économique, c’est le travail. Si l’on veut faire des femmes des êtres humains libres, des membres de la société à part entière au même titre que les hommes, il ne faut ni supprimer, ni limiter le travail féminin, sauf dans quelques cas exceptionnels.

Les travailleuses qui veulent accéder à l’égalité sociale n’attendent rien, pour leur émancipation, du mouvement féministe bourgeois qui prétend lutter pour les droits des femmes. C’est une construction bâtie sur le sable qui ne repose sur aucune base sérieuse. Les travailleuses sont absolument convaincues que le problème de l’émancipation des femmes n’est pas un problème isolé, mais qu’il fait partie de l’ensemble de la question sociale. Elles savent pertinemment que ce problème ne pourra trouver de solution tant que la société actuelle n’aura pas subi de transformations fondamentales. La question de l’émancipation des femmes est née avec les temps modernes et c’est la machine qui l’a engendrée.

L’émancipation de la femme, cela signifie la complète modification de sa position sociale, une révolution de son rôle dans la vie économique. Les anciens modes de production avec leurs moyens de travail imparfaits enchaînaient la femme à la famille et limitaient son champ d’action à son foyer. Au sein de la famille, la femme constituait une main d’œuvre extrêmement productive. Elle fabriquait presque tous les objets de nécessité courante. Compte tenu du développement de la production et du commerce de l’époque, il aurait été extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, de fabriquer ces articles hors de la famille. Tant que durèrent ces rapports de production, la femme fut productive sur le plan économique.

La machine a mis fin à l’activité économique de la femme dans la famille. La grande industrie fabrique tout les articles à meilleur prix, plus rapidement et en plus grande quantité que ne pouvait le faire l’industrie individuelle qui ne disposait que d’outils imparfaits pour une production à très petite échelle. Souvent la femme était obligée de payer la matière première achetée au détail plus cher que le produit fini de la grande industrie. A ce prix d’achat, elle devait ajouter son temps et sa peine, si bien que l’activité productive dans la famille était devenue un non-sens économique, un gaspillage de force et de temps. Bien que, dans des cas isolés, l’activité productrice de la femme au foyer puisse être encore utile, il n’en reste pas moins que ce genre d’activité constitue une perte pour la société.

C’est la raison pour laquelle la ménagère du bon vieux temps a presque totalement disparu. La grande  industrie a rendu sans objet la production à domicile de biens destinés aux membres de la famille. Mais, simultanément, elle a créé les bases de l’activité de la femme dans la société. La production mécanique qui peut se passer de force musculaire et de qualification, a permis d’employer des femmes dans un vaste secteur de travail. La femme est entrée dans l’industrie dans le but d’augmenter les ressources familiales. L’évolution de l’industrie moderne a fait du travail féminin une nécessité. Et c’est ainsi que chacun des perfectionnements de la technique moderne a rendu superflue une partie de la de la main d’œuvre masculine. Des milliers de travailleurs furent jetés à la rue, une armée de réserve des pauvres s’est constituée et les salaires n’ont cessé de diminuer.

Jadis, le salaire de l’homme, ajouté à l’activité productrice de la femme au foyer suffisait à assurer l’existence de la famille ; maintenant il suffit à peine à faire vivre un travailleur célibataire. Le travailleur marié est dès lors contraint de compter sur la travail salarié de sa femme.

Cet état de chose a libéré la femme de la dépendance économique, vis-à-vis de l’homme. La femme travaillant dans l’industrie ne pouvait plus, dans la famille, constituer un simple appendice économique du mari ; force économique indépendante, elle apprit à se suffire. Or, si la femme n’est plus dépendante de l’homme sur le plan économique, il n’y a aucune raison pour qu’elle le soit sur le plan social. Toutefois, cette indépendance ne profite pas pour l’instant à la femme elle-même, mais au capitaliste. Parce qu’il détenait le monopole des moyens de production, le capitaliste s’est emparé de ce nouveau facteur économique et l’a utilisé à son avantage exclusif. Libérée de sa dépendance économique vis-à- vis de l’homme, la femme est passée sous domination économique du capitaliste. D’esclave de son mari, elle est devenue l’esclave de son employeur. Elle n’avait fait que changer de maître. Elle y a  toutefois gagné au change ; sur le plan économique, elle n’est plus un être inférieur subordonné à son mari, elle est son égale. Cependant, le capitaliste ne se contente pas d’exploiter la femme elle-même. Il se sert d’elle pour exploiter encore mieux les travailleurs.

La main d’œuvre féminine a été dès le départ meilleur marché que la main d’œuvre masculine. Le salaire de l’homme était calculé à l’origine pour subvenir aux besoins de toute une famille, le salaire de la femme, lui, n’a représenté dès le début que l’entretien d’une seule personne et même en partie seulement, parce qu’on escomptait que la femme, en dehors de son travail à l’usine, continuerait à travailler à la maison. Par ailleurs, les biens fabriqués par la femme au foyer avec des moyens de production primitifs ne représentaient, comparés aux produits industriels, qu’une petite quantité du travail social moyen. On en déduisit que la femme avait une capacité moindre et en conséquence sa force de travail fut payée moins. A ces raisons de la payer moins s’ajouta le fait que la femme a, en gros, moins de besoin que l’homme.

Mais ce qui fit de la femme une main d’œuvre particulièrement appréciée du capitaliste, ce n’est pas seulement son prix réduit mais aussi sa plus  grande soumission. Le capitaliste a spéculé sur ces deux facteurs pour rémunérer la travailleuse aussi mal que possible et pour abaisser au maximum, du fait de sa concurrence, le salaire des hommes. De la même façon, il s’est servi du travail des enfants pour diminuer le salaire des femmes, et de celui des machines pour dévaloriser le travail humain. Si le travail des femmes aboutit à des résultats contraires à la tendance naturelle, le système capitaliste en est le seul responsable ; il est responsable de l’allongement de la journée de travail alors que le travail des femmes devrait conduire à la réduire ; il est responsable que le travail féminin n'est pas synonyme d'augmentation des richesses, c'est-à-dire du mieux-être de chacun de ses membres, mais seulement d’augmentation du profit d’une poignée de capitalistes et simultanément d’une paupérisation massive et croissante. Les conséquences funestes du travail féminin si douloureusement ressenties aujourd’hui ne disparaitront qu’avec le système de production capitaliste.

Pour ne pas être écrasé par la concurrence, le capitaliste est contraint d’augmenter au maximum la différence entre le prix d’achat (prix de revient) et le prix de vente de ses produits ; il cherche donc à produire le moins cher et à vendre le plus cher possible. Cette politique va exactement à l’inverse des intérêts tant  des travailleuses que des travailleurs. Il n’existe donc pas d’opposition réelle entre les intérêts des travailleurs et ceux des travailleuses, mais bien une opposition irréductible entre les intérêts du capital, et ceux du travail.

Des motifs économiques s’opposent à ce que l’on revendique l’interdiction du travail féminin. La situation économique actuelle est telle que ni le capitaliste, ni l’homme ne peuvent renoncer au travail des femmes. Le capitalisme doit le maintenir pour rester compétitif et l’homme en a besoin s’il veut fonder une famille. Et même dans le cas où le travail des femmes serait interdit par la loi, le salaire des hommes n’en serait pas amélioré pour autant. Le capitaliste ne tarderait pas à compenser la perte d’une main d’œuvre bon marché par l’emploi de machines plus perfectionnées et, en peu de temps, on n’en serait au même point qu’avant.

Après de longues grèves dont l’issue fut favorable aux travailleurs, on a vu comment les capitalistes ont réduit à néant les succès remportés en utilisant des machines plus perfectionnées.

Si l’on revendique l’interdiction ou la limitation du travail féminin en arguant de la concurrence qu’il représente, il est tout aussi logique de réclamer la suppression des machines et le retour au droit corporatif du Moyen âge qui établissait le nombre des travailleurs à employer dans chaque entreprise.

Mais, abstraction faite des motifs économiques, ce sont avant tout des raisons de principe qui s’opposent à une interdiction du travail féminin. A toute tentative dans ce sens, les femmes doivent opposer la résistance la plus vive et la plus justifiée car elles savent que leur égalité sociale et politique avec l’homme repose uniquement sur l’indépendance économique que leur permet le travail hors du foyer.

C’est pour des raisons de principe que nous autres femmes, nous nous élevons avec la plus grande énergie contre une limitation du travail féminin. Comme nous ne voulons absolument pas séparer notre cause de celle des travailleurs en général, nous ne demandons aucune protection particulière si ce n’est celle que le travail  exige du capital..

Nous n’admettons qu’une seule exception au profit des femmes enceintes, dont l’état exige des mesures particulières de la femme même et de sa progéniture. Non moins qu’il existe une question féminine spécifique, nous nions qu’il existe un problème spécifique des travailleuses. Nous n’attendons notre pleine émancipation ni de l’accession des femmes à ce qu’il est convenu d’appeler les professions libérales, ni d’une éducation identique à celle des hommes – bien qu’une telle revendication soit tout à fait ce qu’il y a de plus naturel et de juste – ni de l’obtention de droits politiques. Les pays dans lequel existe le suffrage dit universel, libre et direct, nous montre qu’en réalité, il ne vaut pas grand-chose. Le droit de vote sans liberté économique n’est ni plus ni moins qu’un chèque sans provision. Si l’émancipation de la femme comme celle sociale ne dépendait des droits politiques, la question sociale n’existerait pas. L’émancipation de la femme comme celle de tout le genre humain ne deviendra réalité que le jour où le travail s’émancipera du capital. C’est seulement dans la société socialiste que les femmes comme les travailleurs accèderont à la pleine possession de leurs droits.

Compte tenu de cet état de chose, la seule solution , pour les femmes, véritablement désireuses de se libérer, est d’adhérer au parti socialiste le seul parti qui ait pour but l’émancipation des travailleurs.

Sans l’aide des hommes et, il faut bien le dire, souvent même contre leur volonté, les femmes ont rejoint le camp socialiste. Dans certains cas, elles y ont même été irrésistiblement poussées, contre leur gré, uniquement par une claire compréhension de la situation économique.

Mais elles sont maintenant dans ce camp et elles y resteront. Elles lutteront sous le drapeau du socialisme pour se libérer, pour être reconnues comme des êtres humains à part entière.

En marchant main dans la main avec le parti ouvrier socialiste, elles sont prêtes à partager toutes les peines et tous les sacrifices du combat, mais elles sont aussi fermement décidées à exiger après la victoire tous les droits qu’ils leur reviennent. S’agissant des sacrifices et des devoirs aussi bien que des droits, elles ne veulent être rien d’autre que des camarades de combat, acceptées comme des égales dans le camp des combattants."

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19 septembre 2023 2 19 /09 /septembre /2023 10:08
Histoire et mémoire du spartakisme, avec Nicolas Offenstadt. Sur le site Paroles d'histoire

Gilbert Badia m'a accompagnée dans mes recherches durant plusieurs années. J'ai apprécié en lui sa rectitude, sa démarche, s'appuyant sur les faits, les documents et son extrême gentillesse. Aussi ai-je été émue de la réédition d'un de ses ouvrages les plus précis, et l'un des plus précis existant sur le spartakisme. La présentation de Gilbert Badia par Nicolas Offenstadt est un document à la fois historique et humain. Je n'oublie pas non plus qu'il dédie cet ouvrage à Catherine Grupper, infatigable militante contre toutes les oppressions, injustices, exploitations.

 

Voir les publications des Editions Otium : https://www.facebook.com/EditionsOtium/?locale=fr_FR

 

Histoire et mémoire du spartakisme, avec Nicolas Offenstadt. Sur le site Paroles d'histoire
188. Histoire et mémoire du spartakisme, avec Nicolas Offenstadt

Podcast: Play in new window | Download

L’invité: Nicolas Offenstadt (MCF HDR Université Paris-I)

Le livre: Gilbert Badia, Le spartakisme. Les dernières années de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, Ivry, éditions Otium, 2021 [1967]

 

La discussion :

  • Pourquoi lire cette réédition d’un livre de 1967 ? (1:00)
  • Le parcours de Gilbert Badia, germaniste, résistant, militant communiste, passeur de la RDA en France… (4:00)
  • Quelle position pouvait avoir un intellectuel communiste dans les années 1950-1980 dans le monde universitaire ? (8:30)
  • Les rapports de Gilbert Badia au régime de la RDA et à ses organes de sécurité (12:10)
  • Un livre marqué par les questionnements politiques des années 1960 sur la révolution et l’organisation révolutionnaire (17:30)
  • À l’arrière-plan de l’ouvrage, le questionnement sur la « trahison » de la social-démocratie (21:15)
  • Le spartakisme, né du rejet de la Grande Guerre (24:30)
  • La figure marquante de Karl Liebknecht (27:00)
  • La naissance du spartakisme et son développement à partir de 1916 (29:30)
  • Nuancer la place des spartakistes dans la révolution allemande (34’)
  • Le rôle des socialistes majoritaires en partie réévalué (38:30)
  • Les commémorations de la révolution allemande en 2018-2019 (42:00)
  • Quelles traces, quels monuments du spartakisme dans l’Allemagne contemporaine ? (51:00)

Principaux ouvrages de de Gilbert Badia:

  • La fin de la République allemande, 1929-1933, éditions sociales, Paris, 1958.
  • Histoire de l’Allemagne contemporaine, 2 volumes, éditions sociales, 1962, rééd. 1964, 1975.
  • Les spartakistes, 1918, l’Allemagne en révolution, Collections archives, Julliard, 1966.
  • Le Spartakisme, les dernières années de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht, L’Arche, 1967.
  • Rosa Luxemburg : Journaliste, polémiste, révolutionnaire, éditions sociales, 1975.
  • (dir.) Les barbelés de l’exil, Presses universitaires de Grenoble, 1979.
  • Feu au Reichstag : l’acte de naissance du régime nazi, éditions sociales, 1983.
  • (dir.) Les Bannis de Hitler, EDI-Presses universitaires de Vincennes, 1984.
  • Clara Zetkin, féministe sans frontières, Éditions de l’Atelier, 1993.
  • Rosa Luxemburg, épistolière, Éditions de l’Atelier, 1995.
  • Ces Allemands qui ont affronté Hitler, Éditions de l’Atelier, 2000.
  •  

Notice biographique de Gilbert Badia

 

La chanson de fin: Ernst Busch, Das Lied der Matrosen, tiré du film du même nom, par Kurt Maetzig et Günter Reisch (1958)

 

 

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15 septembre 2023 5 15 /09 /septembre /2023 11:52
Grève des mineurs 1912

Grève des mineurs 1912

Extraits d'un article de Karl Liebknecht, Et maintenant en Prusse?

 

… Il va de soi qu’aucun des moyens de lutte actuels ne doit être abandonné. Mais ils ne suffisent plus, nous avons besoin de nouveaux moyens pour mener un nouveau combat.

La grève est, avec le boycott, la forme d’utilisation du pouvoir du prolétariat qui correspond le mieux à la nature sociale du prolétariat, et à sa fonction dans la société capitaliste qui en découle directement. Les grèves syndicales, par leur ampleur, s’apparentent de plus en plus à des grèves de masse. Elles se rapprochent aussi bien souvent, par leur objectif, des grèves politiques et deviennent de plus en plus clairement des luttes pour asseoir le pouvoir de la classe ouvrière dans la société. Elles se trouvent de plus en plus confrontée impitoyablement à la totalité de l’appareil d’État, l’armée y compris. Les grèves syndicales elles-mêmes deviennent de plus en plus des luttes contre le pouvoir d’État, voire pour conquérir le pouvoir d’État. ...

La grève politique a passé depuis longtemps l’épreuve du feu, il n’est donc pas étonnant qu’en Allemagne aussi, non seulement sa possibilité, mais aussi sa nécessité, soient reconnues presque partout. Cela vaut justement pour la question du droit de vote en Prusse. Ici, aucun autre chemin ne mène au but, la situation est sinon sans issue.

… Pour la lutte en Prusse, la question n’est plus depuis longtemps de savoir si une grève de masse est nécessaire, mais seulement de savoir quand et dans quelles conditions.

 Parmi les partisans de la grève de masse, nul ne devrait se laisser aller à l’illusion insensée de pouvoir transformer une situation détestable par moyen tactique. Il ne s’agit pour eux que de rechercher le moyen le plus efficace pour exploiter une situation donnée, le moyen qui est non seulement autorisé, mais aussi requis. Il y a aussi des occasions manquées au cours de l’évolution de la situation politique malgré le caractère immanent et inexorable de celle-ci.

Mais l’information sur les moyens tactiques requis pour la lutte des classes est déjà en soi un élément de l’information révolutionnaire, et la propagande en faveur de ceux-ci a aussi pour effet de renforcer la force de lutte du prolétariat.

Vouloir forcer une situation ou prétendre la résoudre par des moyens uniquement diplomatiques serait pure folie. Mais une tactique qui n’oserait pas se lancer dans bataille sans gilet pare-balles, et qui fuirait au moment décisif l’air vivifiant d’un "mars" révolutionnaire, plein d'audace, par crainte de mettre en danger les organisations et institutions, pourtant crées à cette fin, ne serait pas moins condamnable. Il s'agit de réfléchir, de peser soigneusement le pour et le contre, mais ensuite aussi, il faut oser.

Je le répète : L'objectif élevé mérite un engagement élevé. Dans cette lutte en Prusse, nous nous inscrivons dans une évolution historique sûre et certaine. Les défaites ne sont que des défaites temporaires, des défaites qui ne sont d’ailleurs pas pour autant infructueuses. Aucune contre-révolution dans l’histoire mondiale, n’a jamais pu annuler l’effet d’un mouvement révolutionnaire. Même pas après la révolution en Prusse en 1848, même pas après la révolution en Russie en 1905.

De même qu’il est vrai, que la social-démocratie allemande et les syndicats allemands ont grandi dans l’atmosphère incandescente d’un combat d’une grande rudesse, et ont prouvé leur invincibilité, en se relevant toujours et encore, de leurs défaites. De même, il est vrai que les organisations de lutte qui, le moment venu, ne craignent pas le danger d’une défaite, sont meilleures que celles qui cherchent à éviter les défaites, en évitant le danger.

Il y a des situations qui exigent que l’on soit prêt même à la défaite.

Qu’est-ce qu’une grève politique de masse ? D’un point de vue théorique, elle peut prendre de nombreuses formes : de la simple grève de protestation, qui n’implique pas encore la recherche de l’instauration d’un rapport de force, à la grève visant à anéantir l’adversaire ; de la grève limitée localement ou professionnellement à la grève générale. Comme cela a été acté au Congrès de Iéna, toutes ces formes pourraient être décidées dans le cadre d’une tactique variable, jusqu’au plus haut niveau d’intensité, tout en conservant les anciens moyens de lutte.

Certes, une grève de protestation fera déjà des victimes. Mais celles-ci aussi se verront justifiées par la valeur que revêt la manifestation d’une énergie révolutionnaire, dépassant largement celle qui apparaît lors des manifestations de rue. … Mais, dans tous les cas, aucune grève de masse ne doit être entreprise sans avoir en elle la volonté de passer immédiatement, si l’occasion se présentait au cours du combat, à une grève impitoyable, visant à réduire l’adversaire. La volonté d’engager une très grande grève générale doit sous-tendre toute forme de grève de masse. ...

Le prolétariat peut-il compter sur des alliés lors d’une grève de masse ? La dernière grève belge a été soutenue par la sympathie de la bourgeoisie libérale. Il ne faut pas y compter en Allemagne.

Notre bourgeoisie a bien plus peur de la classe ouvrière, qu’elle n’espère une réforme électorale selon son cœur, bien qu’il y ait certains petit politiciens à l’âme de boutiquier, qui spéculent sur une once de réforme électorale allant dans leur sens, comme s’il s’agissait de quelques malheureux clous de girofle. Elle aspire à une réforme électorale, qui traduit sa haine, molle, sans force, envers les couches supérieures de la société, et sa fourberie à l’encontre des classes inférieures.

Si la revendication d’un droit de vote réellement démocratique – dont elle parle du bout des lèvres -, vient à se présenter à elle sous la bannière d’une grève politique révolutionnaire, comme une revendication de la lutte de classe prolétarienne, elle se bouchera les oreilles et ne fera plus qu’à en appeler au ministère public, à la police et à l’armée. Le prolétariat doit donc se débrouiller seul, il ne peut trouver qu’une aide tiède ici et là dans les cercles de la classe moyenne, elle aussi privée de ses droits. ...

Plus le prolétariat dépend de lui-même, plus il doit se lancer avec toutes ses forces propres. ... Cependant, même le prolétariat organisé et encore plus celui qui en est éloigné, ne se lancera dans la grève de masse, avec détermination et en mesure de la mener jusqu'au bout, sur un ordre venu d’en haut.

Qui ? – Fût-ce la plus brillante des stars du belcanto politique -, peut songer à créer artificiellement le désir de s’engager dans un grève de masse. Ce serait une affaire de politique de salon. Mais un esprit de lutte peut aussi déboucher sur des luttes inopportunes et sans but précis.

Ce dont il s’agit, c’est déjà d’inscrire dans les esprits, dans les consciences, la voie à suivre. Si la grève de masse est clairement reconnue par les prolétaires comme la seule à suivre, pour une utilisation efficace de leur force, cette analyse doit être largement diffusée, de sorte que la volonté et la combativité des masses en colère finissent par s’emparer spontanément, de ce moyen de lutte …

Dominique Villaeys-Poirré.

Cet article est paru dans l'organe du parti, le Vorwärts. La traduction a été pensée pour une lecture orale. Le texte allemand est disponible sur le net sous le titre, Was nun in Preussen? Merci pour toute amélioration de la traduction ou signalement d'erreurs. D'autres textes de Karl Liebknecht sur la grève de masse sont disponibles ici sur mon mediapart ou sur mon blog :  https://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/

Illustration 1

 

Table rase avait donné déjà la parole à Liebknecht lors du 150e anniversaire de sa naissance, l'une des seules initiatives et peut-être la seule en France. Pour les rencontres d'été, nous avons présenté une lecture avec Sabrina Lorre et Romuald Bailly. Nous avons choisi en conclusion des extraits d'un discours de 1913 sur la grève de masse politique que nous intitulons "il faut oser".

 

 

A Saint-Etienne, au Chok Théâtre

 

De la lecture des textes politiques

 

Quand deux comédiens, Sabrina Lorre et Romuald Bailly donnent tout leur sens aux mots de Liebknecht et Luxemburg

 

Les textes de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg sont souvent des articles, souvent des discours. Ils sont écrits pour nous, pour nous informer, nous convaincre, pour informer, convaincre des prolétaires.

Durant la soirée, j'ai vu monter l'intérêt au fur et à mesure des lectures. Comment les mots cheminaient dans les cerveaux, suscitaient émotion et réflexion. Comment était ressentie l'actualité des textes, intimement, politiquement.

Si vous relisez le texte précédent à voix haute, vous comprendrez aisément ce qui est dit là. Comment tel mot va être affirmé, tel autre dit avec retenue, tel autre avec tout l'humour qu'il contient.

Les textes de Liebknecht et Luxemburg ont pris en cette soirée par les voix de Sabrina Lorre et Romuald Baillyt sans aucun doute toute la force, la conscience que tous deux y mettaient.

Sabrina Lorre et Romuald Bailly sont de Saint-Etienne. C'est dans cette ville que nous avons montré au Chok Théâtre la première version de cette lecture théatralisée,. Sabrina Lorre en outre est metteuse en scène et anime la Compagnie Ensemble nomade.

Grève, 1903. De Friedrich Zündel, peintre, compagnon de Clara Zetkin

Grève, 1903. De Friedrich Zündel, peintre, compagnon de Clara Zetkin

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6 septembre 2023 3 06 /09 /septembre /2023 15:36
Le vote de Karl Liebknecht dans la revue suisse "La guerre mondiale", le 7 décembre 1914

Un document inestimable.

"Pendant un moment, il attira tous les yeux du Reichstag.

Liebknecht était pâle comme un mort, mais ne bougea pas."

 

L'article

 

L'attitude du député socialiste Liebknecht

A la fin de la mémorable séance du Reichstag de jeudi, le nouveau crédit de cinq milliards de marks pour la guerre fut voté à l'unanimité. Ce fut au moins l'impression du moment. Puis on découvrit qu'un député du deuxième secteur de l'extrême-gauche était resté assis. Il s'en suivit
un vif mouvement de curiosité. C'était Charles Liebknecht.

Pendant un moment, il attira tous les yeux du Reichstag.

Liebknecht était pâle comme un mort, mais ne bougea pas.

Le vote intervenu, le dernier anti-militariste ne s'en alla pas. Tous les autres socialistes étaient debout lorsque le président leva la séance par un « hoch » à l'empereur et à l'Allemagne, mais Liebknecht ne s'associa pas non plus à ce cri.

Le parti socialiste désapprouve Liebknecht. Le groupe parlementaire socialiste a publié une déclaration dans laquelle il constate que Liebknecht a voté contre la décision prise et déplore profondément cette infraction à la discipline, dont le parti devra s'occuper.

Le Vorwärts explique que, suivant l'antique usage du groupe socialiste parlementaire, on ne peut pas voter contre les délibérations du parti. Chaque membre peut abandonner la salle, mais sans donner à son abstention un caractère de démonstration.

Le vote de Karl Liebknecht dans la revue suisse "La guerre mondiale", le 7 décembre 1914
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6 septembre 2023 3 06 /09 /septembre /2023 10:55
Le Populaire publie le 11 janvier 1919 un article qu’il titre « Un manifeste du Groupe Spartacus"

C'est en consultant les occurrences sur le net que l'on trouve un article de "The Nation" qui fait référence à celui du Populaire en date du 11 janvier 1919, avec les lignes de présentation suivantes :

"Peu de temps après les meurtres de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, The Nation a publié le manifeste des Spartacistes allemands, un groupe qu'ils ont co-fondé pour inciter à une révolution marxiste.

Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, fondateurs de la Ligue Spartacus, furent brutalement assassinés par des proto-fascistes le 15 janvier 1919. Deux mois après leur mort, la  nouvelle section des relations internationales de The Nation publia le texte intégral de ce qu'elle appela leur « spartacan ». Manifeste":

Le manifeste du groupe Spartacus en Allemagne à l'intention de la classe ouvrière du monde entier, publié dans les premiers jours de la révolution, a été publié en Suisse et plus tard dans le Populaire (Paris) du 11 janvier, dont est tiré ce qui suit. Selon un article du  Populaire  du 10 janvier, paru dans le dernier numéro de la Section des Relations Internationales, le manifeste avait été précédemment supprimé par la censure française. Parmi les quatre signataires du manifeste, deux, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, ont été assassinés et Franz Mehring est décédé."

https://www.thenation.com/article/archive/a-spartacan-manifesto/

 

La traduction en anglais de l'époque ne reprend pas le texte exact du Populaire, en particulier l'adresse Aux ouvriers et ouvrières est remplacée par Aux hommes et femmes ... Mais la publication dans ces deux journaux montre bien la résonance internationale de ce texte.

 

Cet article du Populaire est disponible sur Gallica avec les liens :

Le Populaire publie le 11 janvier 1919 un article qu’il titre « Un manifeste du Groupe Spartacus"
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17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 15:26
Mansfeld, Saxe,1909. L'armée contre les grévistes

Mansfeld, Saxe,1909. L'armée contre les grévistes

1910 Police et armée – Armes ultimes de la politique intérieure en Prusse.

Discours au landtag de Prusse, 25 février 1910

 

 

"Le moyen sera utilisé. La grève de masse ne sera pas organisée, mais la grève de masse viendra d'elle-même. Continuez à faire monter la tension comme cela a été le cas maintenant, et vous verrez, sans aucun doute, que ce moyen le plus important et le plus puissant du prolétariat sera utilisé de manière tout à fait explosive, à un degré extrêmement préjudiciable pour vous et menaçant pour votre domination."

Karl Liebknecht. Police et armée – Armes ultimes de la politique intérieure en Prusse (extrait)

Extrait:

 

Mais ce qu’il faut reprocher le plus aux autorités administratives dans la situation actuelle, c'est le fait que l'armée a été réquisitionnée dans différentes régions pour contenir les manifestations avec l'aide de l'armée, de la même manière que les autorités administratives avaient déjà réquisitionné l'armée lors de la grève de Mansfeld. Et vous le savez ou vous ne le savez pas, mais c'est vrai : ce recours à l'armée a créé dans la population un climat qui rend superflue toute agitation antimilitariste comme je la conçois. Selon une information dans la presse, non démentie à ce jour, tous les commandants de régiment à Berlin, ont reçu l’ordre, avant le 13 février, qu'aucun militaire, officier ou soldat, ne soit autorisé à quitter la caserne le dimanche, c'est-à-dire un ordre de consignation que l’on connaît bien. Le 2e régiment de dragons de la garde a effectué des galops d’essai poussés à Tempelhof le samedi 12 au matin, de sept à neuf heures, afin que les chevaux s'habituent au pavé berlinois ; "ceci pour le cas où il y aurait des débordements lors des manifestations pour le droit de vote". Si quelque chose contribue à menacer l'esprit militaire, si quelque chose contribue à anéantir les derniers vestiges de popularité dont notre armée peut encore jouir ici et là dans d'autres cercles milieux, alors c'est bien ainsi qu’il faut procéder. A cet égard, je peux me référer ici à Monsieur le ministre von Moltke - au témoignage d'un homme que vous reconnaîtrez certainement comme impartial, au maréchal von Moltke -, qui, il y a plus de vingt ans, a exprimé au Reichstag son opinion selon laquelle, utiliser l'armée contre l'ennemi intérieur constitue précisément une chose très dangereuse pour la discipline militaire. Mais la prudence qui habitait encore le maréchal général von Moltke, qui considérait sans aucun doute, d'après toute sa formation, que l'armée était avant tout destinée à combattre l'ennemi extérieur, n'est, semble-t-il, pas partagée par le ministre von Moltke : Elle a disparu depuis longtemps, parce que le gouvernement et les classes dirigeantes considèrent actuellement, bien plus que jamais auparavant et alors que l’on ne tient plus compte de l'ennemi extérieur, que l’armé constitue le principal moyen pour pouvoir pour maintenir la domination face aux larges masses, face à l'ennemi intérieur.

Si la police nous laisse maintenir l'ordre, les manifestations se dérouleront dans l'ordre ; nous l'avons prouvé lors d’occasion les plus diverses, et c'est précisément à Halle que la preuve de cette affirmation a été apportée de la manière la plus claire. C'est là-bas que s'est déroulé l’affrontement le 13 février. À Halle, l'armée avait également été réquisitionnée. L'humeur de la population était montée jusqu'à l'ébullition. Et des rassemblements de protestation très suivis ont eu lieu contre cette action de la police. Ces foules immenses sont rentrées chez elles dans le plus grand calme, ont mené les manifestations jusqu'à leur terme dans le plus grand calme et respect de la loi. Aucun débordement n'aurait eu lieu non plus à Francfort-sur-le-Main et à Neumünster si la police avait su garder le sens de la mesure et faire preuve de calme et de sérénité.

Ces exactions et abus de la police ont déjà été discutés devant les élus de Halle, Francfort, Neumünster, probablement aussi à Königsberg. Bien que nous les regrettions, ils constituent certainement l'un des meilleurs moyens d'agitation pour la social-démocratie et ont surtout contribué à accroître de manière extrême l'intérêt pour la lutte pour le droit de vote. Bien entendu, la social-démocratie dispose dans cette lutte d'autres moyens plus puissants, qu'elle n'hésitera pas à utiliser,

(«Vous entendez!»)

dès qu'elle le jugera opportun

 («Vous entendez!»)

 «  …Je ne parle pas de pistolets Browning, de mitrailleuses et de sabres, et de toute cette violence brutale, mais de notre campagne d’agitation qui mettra la population - y compris les cercles sans lesquels vous ne pouvez exister - dans un état d’esprit tel que le gouvernement ne sera plus en mesure de maintenir son attitude antipopulaire à l’égard du droit de vote. Il ne fait aucun doute que si les conditions continuent à évoluer de cette manière, si l'on ne veille pas à mettre, en temps opportun, un peu de baume sur les blessures du peuple, si l'on ne donne pas aux besoins du peuple une satisfaction notable, suffisante et complète, alors le moyen de la grève de masse sera également utilisé.

(Vibrants «Écoutez! écoutez!»)

Le moyen sera utilisé. La grève de masse ne sera pas organisée, mais la grève de masse viendra d'elle-même. Continuez à faire monter la tension comme cela a été le cas maintenant, et vous verrez, sans aucun doute, que ce moyen le plus important et le plus puissant du prolétariat sera utilisé de manière tout à fait explosive, à un degré extrêmement préjudiciable pour vous et menaçant pour votre domination.

(Mouvement divers)

Messieurs, le prolétariat est loin de se laisser intimider, et même si vous et la police continuez à utiliser ce qui constitue votre ultima ratio, les armes, l'armée etc., vous n'aurez aucun succès face à cet assaut des larges masses populaires, dont vous savez bien, au fond de vous-même, qu'il a tout de même considérablement ébranlé la confiance que vous affichez vers l'extérieur.

Karl Liebknecht. Police et armée – Armes ultimes de la politique intérieure en Prusse (extrait)

Dasjenige, was den Verwaltungsbehörden in der gegenwärtigen Situation aber am meisten zum Vorwurf gemacht werden muss, das ist die Tatsache, dass in verschiedenen Gegenden Militär requiriert worden ist, um mit Hilfe des Militärs die Demonstrationen in Schach zu halten in ähnlicher Weise, wie schon beim Mansfelder Streik von den Verwaltungsbehörden Militär requiriert ist. Und Sie wissen oder wissen es nicht, aber es ist wahr: Durch diesen Einsatz des Militärs ist in der Bevölkerung eine Stimmung erzeugt, die jede antimilitaristische Agitation in meinem Sinne überflüssig macht. Nach einer unwidersprochenen Zeitungsmeldung ist in Berlin vor dem 13. Februar an sämtliche Regimentskommandeure der Befehl ergangen, dass am Sonntag keine Militärpersonen, Offiziere und Soldaten, die Kaserne verlassen dürfen, also die bekannte Konsignation. Das 2. Gardedragonerregiment hatte Sonnabend früh, den 12. dieses Monats, von sieben bis neun Uhr in Tempelhof scharfes Probereiten, damit sich die Pferde an das Berliner Pflaster gewöhnen; „dies für den Fall, dass es bei den Wahlrechtsdemonstrationen zu Ausschreitungen kommen sollte". Wenn etwas dazu beiträgt, eine Gefährdung des militärischen Geistes zu erzeugen, und wenn etwas dazu beiträgt, den letzten Rest von Popularität, den unser Militär hier und da noch in weiteren Volkskreisen genießen mag, mit Stumpf und Stiel auszumerzen, so ist das der richtige Weg. Ich darf mich hierbei – gegenüber dem Herrn Minister von Moltke – auf das Zeugnis eines Mannes berufen, den Sie sicher als unparteiisch anerkennen werden, des Generalfeldmarschalls von Moltke, der vor über 20 Jahren im Reichstage seine Ansicht dahin aussprach, dass es gerade vom Standpunkt der militärischen Disziplin eine sehr gefährliche Sache sei, das Militär gegen den inneren Feind zu verwenden. Aber die Besonnenheit, die dem Generalfeldmarschall von Moltke noch innewohnte, der zweifellos seiner ganzen Ausbildung nach das Militär in erster Linie als gegen den äußeren Feind bestimmt betrachtete, wird, wie es scheint, von dem Minister von Moltke nicht geteilt: Sie ist längst gewichen, weil die Regierung und die herrschenden Klassen gegenwärtig in viel höherem Maße als je vorher das Militär, indem man den äußeren Feind kaum mehr recht beachtet, als das wichtigste Machtmittel zur Aufrechterhaltung der Herrschaft gegenüber den breiten Massen, gegenüber dem inneren Feind betrachten.

Wenn die Polizei uns Ordnung halten lässt, so werden die Demonstrationen in Ordnung verlaufen; wir haben das bei den verschiedensten Gelegenheiten bewiesen, und gerade in Halle ist der Beweis dieser Behauptung aufs Klarste erbracht worden. Dort war am 13. Februar die Schlacht. In Halle war auch das Militär requiriert gewesen. Da war die Stimmung der Bevölkerung bis zur Siedehitze gestiegen. Und gegen dieses Vorgehen der Polizei fanden ungeheuer besuchte Protestversammlungen statt. Diese gewaltigen Menschenmassen haben sich in vollster Ruhe nach Hause begeben, haben die Demonstrationen in absoluter Ruhe und Gesetzlichkeit bis zu Ende geführt. Es wäre auch in Frankfurt am Main und Neumünster zu keinerlei Ausschreitungen gekommen, wenn die Polizei das richtige Augenmaß bewahrt und ruhige Besonnenheit gezeigt hätte.

Diese Ausschreitungen und Übergriffe der Polizei sind schon vor den städtischen Kollegien in Halle, Frankfurt, Neumünster und wohl auch in Königsberg erörtert worden. Sie sind – so sehr wir sie bedauern – sicherlich eins der besten Agitationsmittel für die Sozialdemokratie und haben vor allem dazu beigetragen, das Interesse an dem Wahlrechtskampf geradezu ins Ungemessene zu steigern. Natürlich hat die Sozialdemokratie in diesem Kampf noch weitere und schärfere Mittel, vor deren Anwendung sie nicht zurückschrecken wird,

(„Hört! Hört!")

sobald sie es selbst für zweckmäßig hält.

(„Hört! Hört!")

Ich spreche nicht von Browningpistolen, von Maschinengewehren und Säbeln und all dieser brutalen Gewalt, sondern von unserer Agitation, die die Bevölkerung in eine Stimmung hineinversetzen wird – auch solche Kreise, ohne die Sie nicht existieren können –, dass die Regierung nicht mehr imstande sein wird, ihre volksfeindliche Haltung in Bezug auf das Wahlrecht zu bewahren. Es ist nicht der geringste Zweifel, dass, wenn die Verhältnisse sich weiter so entwickeln, wenn nicht zur rechten Zeit dafür gesorgt wird, dass auf die Wunden des Volkes etwas Balsam gelegt wird, dass dem Bedürfnis des Volkes eine nennenswerte, eine ausreichende, eine volle Befriedigung zuteil wird, dann auch das Mittel des Massenstreiks zur Anwendung kommen wird.

(Lebhaftes „Hört! Hört!'")

Das Mittel wird zur Anwendung kommen. Der Massenstreik wird nicht gemacht werden, sondern der Massenstreik kommt von selbst. Steigern Sie nur die Aufregung weiter so, wie sie jetzt gesteigert worden ist, und Sie werden zweifellos erleben, dass in einer ganz explosiven, in einer im höchsten Maße für Sie nachteiligen und Ihre Herrschaft gefährdenden Weise dieses wichtigste und gewaltigste Machtmittel des Proletariats zur Anwendung kommen wird.

(Bewegung.)

Meine Herren, ins Bockshorn jagen lässt sich das Proletariat noch längst nicht, und wenn Sie und die Polizei auch mit Ihrer Ultima ratio, den Waffen, dem Militär und dergleichen, weiterhin vorgehen, so werden Sie keinen Erfolg haben gegenüber diesem Ansturm der breiten Massen des Volkes, von dem Sie sich im Innersten Ihres Herzens selbst sagen, dass er Ihre äußerlich zur Schau getragene Zuversicht doch recht erheblich erschüttert hat.

 

(Heiterkeit.)

Polizei und Militär – letzte Waffen der preußischen Innenpolitik Rede im preußischen Abgeordnetenhaus zum Etat des Ministeriums des Innern.[Nach Stenographische Berichte über die Verhandlungen des Preußischen Hauses der Abgeordneten, 21. Legislaturperiode, III. Session 1910,2. Bd., Berlin1910, Sp. 2079-2105 und nach Karl Liebknecht, Gesammelte Reden und Schriften, Band 3, S. 66-

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17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 12:30
Armée contre grévistes - Mansfeld 1909. Karl Liebknecht rappelle cette grève emblématique et l'utilisation de l'armée

Dans son intervention au Reichstag, le 20 juin 1913, Karl Liebknecht mentionne la grève de 1909 dans les mines de cuivre, témoignant de son caractère emblématique : "Mais ce que l'on doit reprocher le plus aux autorités administratives dans la situation actuelle, c'est le fait que l'armée a été réquisitionnée dans différentes régions pour contenir les manifestations avec l'aide de l'armée, de la même manière que les autorités administratives avaient déjà réquisitionné l'armée lors de la grève de Mansfeld.

 

Plusieurs documents importants peuvent être consultés sur le net.
 

On trouve cette description dans l'un des trois documents présentés et publié en allemand à la fin de l'article :

Le calme apparent à Mansfeld vola brutalement en éclats le 30 avril 1890, un an après la grande grève des mineurs de la Ruhr. Le conflit a débuté le 25 mars 1890, lorsque 20 mineurs ont cessé le travail au puits Martin. Cette première révolte ouverte est restée isolée et a pu être réprimée en quelques heures. Treize participants ont été traduits en justice et condamnés à de longues peines de prison.

Malgré le «maintien de fait des lois socialistes" à Mansfeld, de plus en plus d’ouvriers du groupe rejoignirent l'Association des mineurs de Bochum, à partir du début des années 90 même si des licenciements de «Bochumer» se produisaient régulièrement.

C’est ainsi que le licenciement de 45 «Bochumer» déclencha en 1909 la grande grève de Mansfeld, à laquelle participèrent 10 000 salariés et qui eut un retentissement dans tout l’Empire allemand. La grève a finalement été réprimée : avec l'aide de l'armée à la demande de la direction, les briseurs de grève onfurent accompagnés jusqu'à leur lieu de travail traversant la foule en colère.

Malgré la répression de la grève de six semaines, qui culmina avec le lock-out de 2 000 mineurs, la situation changea de plus en plus au cours des années suivantes, jusqu'en 1914. Pendant la Première Guerre mondiale et la Révolution de novembre, le prolétariat de Mansfeld devint définitivement l'un des plus radicaux d'Allemagne.

Armée contre grévistes - Mansfeld 1909. Karl Liebknecht rappelle cette grève emblématique et l'utilisation de l'armée

Document 1 : article dans le bulletin de l'association des "Mansfelder Berg- und Hüttenleute", Das Bergjahr 1909, Ein Streik erschüttet das Manfelder Revier.

20190308202231-dc1e8d12.pdf

Document 2 : En 1963, la revue le mouvement social publie un article essentiel sur l'ouvrage :

Recherches sur l'histoire de la mine en République démocratique allemande - Manfred UNGER et Eberhardt

Le Mouvement social, No. 43, La mine et les mineurs (Apr. - Jun., 1963), pp. 151-168 (18 pages). https://gallica.bnf.fr/ark:/12148Les/bpt6k5729947j/texteBrut
Armée contre grévistes - Mansfeld 1909. Karl Liebknecht rappelle cette grève emblématique et l'utilisation de l'armée

"Mentions concernant Mansfeld :

 

" Pour la période féodale, les investigations de la D.D.R. se sont principalement portées sur les mines d'argent de l'Erzgebirge et les mines de cuivre de Mansfeld. Au centre de l'intérêt se trouvent les deux périodes florissantes de l'exploitation minière de l'Erzgebirge : le haut Moyen Age avec Freyberg et, aux alentours de 1500, le développement des villes minières du haut Erzgebirge, Schneeberg, Annaberg, Marienberg et la vallée de Joachim, en Bohême. D'importantes études ont été aussi consacrées aux mineurs de Mansfeld et aux travailleurs des mines de sel de Halle-s/-Saale. Des progrès remarquables ont été réalisés dans la recherche des sources, les enquêtes sur l'histoire de la technique, les travaux sur les rapports de production et la situation des mineurs an début de la révolution bourgeoise. Ce travail devrait être d'un intérêt général pour l'histoire économique et sociale, puisque « la production d'or et d'argent de l'Allemagne fut la dernière condition décisive qui la plaça économiquement en tête de l'Europe, de 1470 à 1530, et qui la fit ainsi apparaître au centre de la première révolution bourgeoise, sous déguisement religieux de la Réforme » (2). Sur la période suivante, après le déclin de l'exploitation minière aux environs de 1600, il y a moins de vues générales, mais des enquêtes particulières dignes d'être mentionnées, dont la thématique fait une place prépondérante à l'histoire de la civilisation."

 

"Les combats de classe des mineurs de Mansfeld, de la fin du XVe au début du XVIIe siècle et leurs causes économiques et sociales, sont traités dans un ouvrage en deux volumes de E. Paterna. paru en 1960. Ses recherches portent, comme celles de J. Köhler et d'autres (18) sur la genèse, des rapports de production capitalistes, l'évolution des maîtres de corps de métier et des chefs d'exploitation, les sociétés de négociants en métal fin de Nüremberg et de Leipzig, le rôle progressif du marchand et l'apparition du travailleur salarié libre, libéré à la fois des moyens de production et des liens féodaux ! Il estime le nombre de ces salariés à deux ou trois mille au début du XVIe siècle, et c'est pourquoi il admet l'emploi du terme manufacture pour caractériser l'exploitation du schiste cuivreux.

Le succès des rapports capitalistes de production a conduit ici comme dans l'Erzgebirge à une détérioration de la situation des salariés, anciens exploitants personnels, anciens artisans ou paysans. C'est là qu'il faut chercher les causes profondes des tensions sociales croissantes à la veille de la Guerre des paysans et du soulèvement révolutionnaire des mineurs lors de l'apparition de Münzer, aux environs de 1524. Comme dans l'Erzgebirge (19), la Réforme populaire trouve chez les mineurs des adhérents nombreux et actifs. Paterna a accordé une grande attention à l'évolution des différentes formes de luttes de classes après 1525. Malgré leur défaite, les corporations de Mansfeld continuèrent leur combat contre l'exploitation et les mauvaises conditions de vie que le processus de reféodalisation fit apparaître, en particulier après 1536. Dans la région de Mansfeld, les luttes, jusqu'à la an de l'exploitation minière, sont caractérisées par l'émigration, le dépôt de doléances et, avant tout, par de massifs arrêts de travail qui culminent dans la grève victorieuse de 1564 et l'émeute de 1622 (20). Comme dans d'autres travaux, l'ample dépouillement des archives et la méthode de recherche rendent l'oeuvre de Paterna indispensable pour qui s'intéresse à la solution du problème général du passage du féodalisme au capitalisme".

 

" A côté de ces recherches sur l'histoire de la culture et des forces productives, prépondérantes à propos de l'industrie minière saxonne, des publications qui se rapportent aux problèmes de l'histoire des mineurs et de leur situation ainsi que du mouvement social dans plusieurs secteurs miniers allemands, tiennent également une place importante.

Citons en particulier, les livres de W. Robbe, Entraves corporatives à Mansfeld (40) et de K. Lärmer, De l'obligation du travail au travail obligatoire (41).

Robbe s'occupe de l'histoire des corporations à Mansfeld et montre comment les corporations allemandes, à l'origine associations créées par les travailleurs, devinrent des instruments à l'aide desquels les Konzern se soumirent les mineurs.

Lärmer traite parallèlement la situation juridique des mineurs de Mansfeld dans l'exploitation d'après l'évolution des règlements du travail. Du XVIIIe siècle jusqu'en 1945, des comtes de Mansfeld au Konzern qui a donné l'exemple de la préparation et de la poursuite de la deuxième guerre mondiale, ces règlements ont servi à rendre plus souples les mineurs, et parmi eux des hommes de diverses nations. Ces deux ouvrages utilisent un riche matériel et en particulier les archives du Kombinat de Mansfeld, Wilhelm Pieck, qui est devenu, en 1945, propriété du peuple, archives jusqu'ici non seulement inédites mais d'utilisation difficile. De même ont été utilisées les archives centrales d'Etat de Magdebourg.

Les travaux de Robbe et Lärmer ne se contentent pas d'éclairer le comportement et la conduite de la bourgeoisie jusqu'en 1945, ils montrent en même temps la lutte de la classe ouvrière. E. Wächtler, dans sonouvrage Contribution à l'histoire de la situation et de la lutte des mineurs dans les mines domaniales de la Sarre, de 1789 à 1849 (42), étudie le processus de formation du prolétariat moderne dans la Sarre et les modifications de structure dans le personnel des mines domaniales pendant la première moitié du XIXE siècle."

 

" Le passage au stade du capitalisme de monopole vit croître en Allemagne le conflit entre la classe ouvrière et la bourgeoisie. En ce domaine, la grève des mineurs allemands de 1889 fut un événement d'une grande importance : K. Obermann, dans une contribution, a apporté à son étude de nouveaux matériaux (53). Bientôt, le mouvement des mineurs devint une force puissante et s'étendit à tous les districts miniers. H. Seidl étudie dans un ouvrage richement informé Le mouvement de grève dans les mines de lignite de l'Allemagne du Centre et de l'Est entre 1890 et 1914 (54). Problèmes de la situation et du combat du prolétariat du lignite, forces et faiblesses de son organisation, élan révolutionnaire de ses ouvriers et trahison déjà visible des chefs révisionnistes : ce travail, lui aussi, repose pour l'essentiel sur des archives d'entreprise.

C'est à la grande grève de la Ruhr, en 1905, qui vit combattre, dans l'unité contre la bourgeoisie, les ouvriers de toutes nuances politiques, qu'est consacré le livre de D. Fricke, La grève des mineurs de la Ruhr de 1905 (55), ouvrage élaboré sur la base d'archives jusqu'alors inédites. G. Griep dédie un travail à l'héroïque combat des mineurs de Mansfeld, en 1909 (56).

A bien des égards, on retrouve les méthodes de la bourgeoisie qui visent à maintenir les mineurs sous la dépendance des entrepreneurs à l'aide de l'influence idéologique et de la corruption matérielle. E. Wächtler étudie, dans un travail (57), les éléments qui s'y rapportent."

 

" Le mouvement des mineurs allemands a connu pendant la première guerre mondiale un nouvel élan après la révolution d'octobre 1917 en Russie (58), ainsi que pendant la révolution de novembre 1918 et les crises révolutionnaires de l'après-guerre en Allemagne jusqu'en 1923.

La situation et la lutte des mineurs pendant ces années a fait l'objet de divers recueils, monographies et exposés. Dans le recueil La révolution de novembre dans les mines de charbon de Saxe (59), est étudiée particulièrement l'influence de la révolution sur la lutte des mineurs et le développement des organisations. Dans son livre La Haute-Silésie en 1918-19 (60) et dans quelques exposés ultérieurs, W. Schumann se consacre au combat commun des mineurs allemands et polonais et à leur situation sociale. Il utilise largement les archives des anciens Konzern. Le recueil Les mineurs contre le putsch de Kapp contient deux contributions à l'histoire des luttes des mineurs de charbon et de lignite en Saxe en 1920 (61). H. Krusch et R. Wagner étudient, en quelques exposés, le déroulement ultérieur des luttes dans les mines de charbon de Saxe jusqu'en 1923 (62). W. et B. Koenen rendent hommage, dans leurs exposés, au combat des mineurs de Mansfeld pendant ces années (63).

"C'est une pénétrante analyse de l'histoire de la situation et de l'évolution des structures qui concernent les ouvriers de la mine de schiste cuivreux de Mansfeld que nous donne W. Jonas, dans son livre La vie des ouvriers de Mansfeld (67), pour les années 1924-1945. Parallèlement, H. Radandt étudie, dans sa monographie Le Konzern des criminels de guerre de Mansfeld, l'esprit et la conduite antihumanistes et pronazis du. capital monopoliste allemand avant et pendant les deux guerres mondiales, d'après l'exemple du Konzern de Mansfeld (68). Malgré la terreur et la répression pendant la République de Weimar et le fascisme, l'histoire de la mine de schiste cuivreux de Mansfeld prouve par maints exemples que les mineurs n'ont pas perdu confiance. Elle occupe une place éminente pendant la crise mondiale, la grève que, W. Immig évoque dans son livre, 1930, grève à Mansfeld (69) : à côté de la grève des mineurs de la Ruhr de 1931 (70), ce fut une des actions les plus puissantes du prolétariat allemand pendant ces années. Quant à R. Büchner, c'est une page glorieuse de l'histoire du mouvement des mineurs allemands qu'il étudie dans son travail, Comment fut sauvé le monument de Lénine à Eisleben (71) : il y prouve comment, même au temps où régnait le national-socialisme, le combat des mineurs continuait sous la direction du Parti communiste allemand. "

E. Paterna : « Da stunden die Bergleute auff. Die Klassenkämpfe der mansfeldischen Bergarbeiter im 16. und 17. Jh. und ihre ökonomischen und sozialen Ursachen », Vol. 2, Berlin, 1960.

 W. Robbe : Die Knappschaftsfessel von Mansfeld, Berlin, 1968.
K. Lärmer : Vom Arbeitszwang zur Zwangsarbeit, Berlin, 1961.
W. Jonas : Das Leben der Mansfeld-Arbeiter ; Berlin, 1957.
H. Radandt : Kriegsverbrecherkonzern Mansfeld ; Berlin, 1957. (69) W. Immig : Streik bei Mansfeld 1930, Berlin, 1958.
 
Armée contre grévistes - Mansfeld 1909. Karl Liebknecht rappelle cette grève emblématique et l'utilisation de l'armée

Document 3 : Enfin, cette contribution de 2012 de Alf Zachhäus qui a consacré des recherches spécifiques au bassin de Mansfeld dont cet article disponible sur le net :

 

Alf Zachäus, Der chilenische Kleine Norden im Vergleich mit dem Mansfelder Land

Arbeitswelten, Migration, sozialer Protest und Globalisierung im Kupferbergbau zur Mitte des 19. Jahrhunderts. file:///C:/Users/dp/Downloads/ojsadmin,+47-MS-9-Zach%C3%A4us149-169-1.pdf : Ausblick : Hinsichtlich ihres gesellschaftlichen Bewusstseins und ihres sozialen Konfliktverhaltensvollzog sich der „sukzessive Auszug der Mansfelder Berg- und Hüttenleute aus demständischen Dorf“ erst im Kaiserreich. Die Herausbildung einer im kulturellen wiepolitischen Sinne modernen Mansfelder Montanarbeiterschaft stand dabei in engerWechselwirkung zu einem tiefen, drei Jahrzehnte andauernden quantitativen wiequalitativen Wandel des Mansfeldkonzerns.

 

Extrait sur la grève dde 1909

Im Zuge der Industrialisierungsschübe, die Deutschlands sozioökonomischen Charakter in der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts grundlegend veränderten, ver-wandelte sich das gesamte Mansfelder Land unter der Regie des Mansfeldkonzerns –und bis 1865 mit Wohlwollen der zuständigen Bergämter in Halle und Eisleben – in eine hochproduktive Kupfermontanregion, die keinen Vergleich mit anderen aufstrebenden Montanregionen zu scheuen brauchte. Im Dienste der fortwährenden Ausweitung dereigenen Produktion dehnte der Mansfeldkonzern in den Dekaden von 1865 bis 1885 die Zahl seiner Beschäftigten von 5.000 auf 18.000 aus. Bis Ende der 1870er Jahre erfolgte der Zuzug vor allem aus anderen Montanregionen. Die meisten Arbeiter kamen aus der Berg- und Hüttenindustrie. Der größte Teil stammte jedoch noch lange aus der Heimat-provinz der Mansfelder Gewerkschaft, der preußischen Provinz Sachsen. In den 1880er und 1890er Jahren änderte sich das Bild zunehmend: Waren bereits seit Mitte der 1860er Jahre größere Gruppen von Arbeitern aus den Ostprovinzen angeworben worden, kam zwischen 1888 und 1892 fast die Hälfte der neu eingestellten Arbeiter aus Ober- und Niederschlesien, aus Posen und Westpreußen.

Neben der Neueinstellung tausender Arbeiter, die nicht im innerbetrieblichen Regime der Mansfelder Gewerkschaft geformt worden waren, sollte ein existenzieller Einschnitt maßgeblich zur Herausbildung eines neuen sozialen wie politischen Bewusstseins bei der Mansfelder Arbeiterschaft beitragen. Durch die massive Ausweitung der Förderung in der Dekade von 1874 bis 1884 hatte der Mansfeldkonzern die Grenze des Machbaren überschritten. Die Folge waren massive Wassereinbrüche, die eine Umstrukturierung des Mansfelder Bergbaus notwendig machten. Die Kosten der folgenden Modernisie-rung des Bergbaus in der Mansfelder Mulde in den Jahren von 1885 bis 1895 waren für die Bergleute immens: Die Akkordlöhne wurden für Jahre festgesetzt. Die Masse an verwertbaren Schiefern stagnierte, während das Volumen an zu förderndem Abraum pro Bergmann zunahm. Gleichzeitig verschlechterten sich die Arbeitsbedingungen, und die Anfahrtswege unter Tage verlängerten sich zusehends.50 Eine erhöhte Arbeitsintensi-tät bei gleichzeitigen Nominallohneinbußen war die Folge. Diese Jahre der Entbehrung prägten das Bewusstsein der Mansfelder Kumpel auf lange Sicht.

Die scheinbare Ruhe in Mansfeld zerplatzte jäh am 30. April 1890, ein Jahr nach dem großen Bergarbeiterstreik an der Ruhr. Der Konflikt nahm am 25. März 1890 seinen Aus-gang, als 20 Bergarbeiter und -jungen auf dem Martinsschacht die Arbeit niederlegten.Diese erste offene Revolte blieb isoliert und konnte binnen weniger Stunden unterdrücktwerden. 13 Beteiligte wurden vor Gericht gestellt und zu längeren Haftstrafen verurteilt. Die Reaktion des Unternehmens auf die Ereignisse von 1890 war die Gründung einergelben Gewerkschaft namens Verband der Reichstreuen Berg- und Hüttenarbeiter, in diejedes Mitglied der Belegschaft einzutreten hatte, wollte es seine Anstellung behalten. Die Mitgliedschaft in der SPD und im sozialdemokratischen Bergarbeiterverband wurde von der Direktion für unvereinbar mit der Mitgliedschaft im hauseigenen Verband erklärt und blieb somit auch nach 1890 Kündigungsgrund.51

Trotz der faktischen „Aufrechterhaltung des Sozialistengesetzes in Mansfeld“ schlos-sen sich seit den frühen 1890er Jahren sukzessive immer mehr Arbeiter des Konzernsdem Bochumer Bergarbeiterverband an, auch wenn es regelmäßig zu Entlassungenvon „Bochumern“ kam.

So löste die Entlassung von 45 „Bochumern“ 1909 den großenStreik in Mansfeld aus, an dem sich 10.000 Belegschaftsmitglieder beteiligten und derim gesamten Deutschen Reich Aufsehen erregte. Der Streik wurde schließlich mit mili-tärischer Gewalt niedergeschlagen: Mit Hilfe des von der Direktion angeforderten Militärs wurde Streikbrechern der Weg durch die wütende Menge zu ihren Arbeitsstätten gebahnt.52

Trotz der Niederschlagung des sechswöchigen Streiks, der in der Aussperrung von 2.000 Bergarbeitern gipfelte, änderte sich das Bild in den folgenden Jahren bis 1914 immer mehr. Während des Ersten Weltkriegs und in der Novemberrevolution wurde dieMontanarbeiterschaft von Mansfeld endgültig zu einer der radikalsten in Deutschland.

Der Mansfelder Streik von 1909 fiel in die Zeit, in der in Chile eine sich landes-weit und auf Dauer organisierende Arbeiterbewegung im Entstehen begriffen war. Von1903 bis 1907 wurde das südamerikanische Land von einer Welle von Streiks erfasst. Alschilenisches Militär in der Hafenstadt Iquique am 21. Dezember 1907 eine Streikver-sammlung von Salpeterarbeitern und ihen Familien blutig niederschlug, betätigte essich ungewollt als Geburtshelfer der modernen Arbeiterbewegung Chiles. In den Fol-gejahren vollzog sich deren Formierung, die 1912 in der Gründung der SozialistischenArbeiterpartei und 1913 im Zusammenschluss anarchosyndikalistischer Arbeiter zumArbeiterbund resultierte.53

 

50 Zachäus 2012, S. 253–260

51 Günter Jankowski: Zur Geschichte des Mansfelder Kupferschieferbergbaus, Clausthal-Zellerfeld 1995, S. 197

Arbeitswelten, Migration, sozialer Protest und Globalisierung im Kupferbergbau 169

 

 

 

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7 août 2023 1 07 /08 /août /2023 15:53
Karl Liebknecht." Messieurs, la rubrique «Protection contre ceux qui nous protègent» est devenue quasiment permanente dans notre presse".

Police et armée – dernières armes de la politique intérieure en Prusse. 1910

 

C'est une très longue intervention de Karl Liebknecht devant les députés du Landtag de Prusse en 1910 - c'est alors l'un des points culminants des combats sociaux-démocrates en Prusse et dans tout l'empire..

Liebknecht y passe en revue tout ce qui touche à l'action de la police des autorités militaires dans la société et plus particulièrement face aux travailleurs : les attaques au droit de manifester, au droit d'affichage, au droit des étrangers, aux possibilités d'accéder à des lieux pour les meetings et les rassemblements,  Liebknecht  multiplie les exemples concrets qui témoignent de l'âpreté de ce combat.

Il décrit et entre autres par une multitude d'exemples les pratiques policières qu'il résume par cette phrase qui trouve son écho aujourd'hui :

"Messieurs, la rubrique «Protection contre ceux qui nous protègent» est devenue quasiment permanente dans notre presse"

Le Landtag de Prusse

Le Landtag de Prusse

1910 Police et armée – armes ultimes de la politique intérieure en Prusse.

 

Polizei und Militär – letzte Waffen der preußischen Innenpolitik Rede im preußischen Abgeordnetenhaus zum Etat des Ministeriums des Innern

[Nach Stenographische Berichte über die Verhandlungen des Preußischen Hauses der Abgeordneten, 21. Legislaturperiode, III. Session 1910, 2. Bd., Berlin 1910, Sp. 2079-2105 und nach Karl Liebknecht, Gesammelte Reden und Schriften, Band 3, S. 66-109]

 

 

... Un autre domaine où il est effectivement urgent de remédier à la situation est celui des mauvais traitements infligés par les fonctionnaires de police. Messieurs, la rubrique «Protection contre ceux qui nous protègent» est devenue quasiment permanente dans notre presse. Elle a d'abord été introduite dans les journaux sociaux-démocrates, mais déjà depuis bien longtemps, les journaux bourgeois de toutes sortes ont repris ce mot d'ordre. (acclamations.)

Pas seulement le "Berliner Tageblatt" ! Mais ce n'est pas non plus en fait un journal social-démocrate. (Rires sur les bancs de la droits droite.).

Mais, c’est tout à notre honneur, Messieurs : Si, lorsqu’un journal bourgeois commence pour une fois à devenir raisonnable, vous le qualifiez de social-démocrate. (Rires à droite. "Très juste !" sur les bancs du groupe socialiste).

Les mauvais traitements infligés par les policiers, que ce soit dans la rue dans l'exercice de leurs fonctions ou dans les commissariats, sont extrêmement fréquents. Je dispose d’une documentation considérable à ce sujet à ce sujet, mais je ne vais pas vous la dérouler ici, afin de ne pas m’attirer à nouveau le reproche, de jouer avec votre temps de manière frivole. Mais, Messieurs, je me permets de vous faire remarquer que les commissariats de police, en particulier à Hanovre, à Dortmund et à Breslau, sont considérés par l'ensemble de la population pour ainsi dire comme des chambres de torture où l'on procède à des passages à tabac de façon quasi régulière et systématique. Ce type de «traitement» du public par la police, qui n'est pas vraiment rare non plus à Berlin, a fait l'objet de plusieurs procédures judiciaires à Hanovre - j'en ai cité quelques exemples récemment à l'occasion de la discussion sur le budget de la Justice - ainsi qu'à Breslau, à Dortmund et, comme on le sait parmi d’autres lieux, à Berlin aussi,

En ce qui concerne plus particulièrement Breslau, notre parti s'est engagé sur une nouvelle voie depuis quelque temps. Il a fait l'expérience suivante : s’il se contentait de transmettre à la presse des accusations de mauvais traitements commis dans un poste de police, il se retrouvait avec une inculpation sur le dos et comme les fonctionnaires de police sont, par nature, peu enclins à faire honneur à la vérité lorsqu'il s'agit de leur personne, nos camarades de parti sont naturellement tombés en règle générale dans le panneau. C'est la raison pour laquelle ils ont récemment pris la décision d’accompagner les personnes maltraitées à la préfecture de police pour y demander personnellement réparation. Malheureusement, jusqu'à présent, cette méthode n'a pas permis d'obtenir un résultat significatif ...

Il est de fait regrettable que l'on doive souligner que nos tribunaux, chaque fois que des preuves des abus et des exactions de la part de fonctionnaires de police leur ont été rapportées, se sentent néanmoins obligés lors de la décision concernant la peine à prononcer – et dès lors qu’ils n’ont pas la preuve absolument formelle d'un tel abus -, de protéger les  fonctionnaires de police qui n’ont pas pu être accusés de manière absolument formelle, d'une façon qui, à mon avis, n'est pas du tout appropriée. Nos tribunaux devraient se rendre compte que la police est là pour le public, et non l'inverse ; ils devraient se rendre compte que tout citoyen qui dénonce des abus au sein de la police défend en fait les intérêts les plus légitimes de la population, qu'il acquiert un mérite et qu'il n'est pas possible d'intervenir vraiment énergiquement dans de telles affaires sans commettre parfois des erreurs. Si les tribunaux admettaient que toutes ces attaques contre la police découlent d'une aspiration sacrée et sérieuse à l'amélioration de nos conditions politiques internes, ils ne pourraient pas prononcer des jugements aussi rigoureux que ceux qui sont malheureusement encore presque universellement pratiqués chez nous . ...
 

Légende de l'illustration : Moabit. Auf Verlangen des Großindustriellen Hugo Stinnes kamen 1910 gegen streikende Arbeiter rund 1000 Polizisten zum Einsatz. Die Bilanz: zwei Tote und rund 250 Verletzte.

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22 juillet 2023 6 22 /07 /juillet /2023 11:42
1910

1910

Le système électoral à trois classes, particulièrement inique a été combattu par la social-démocratie à de multiples reprises, en particulier en 1910. En 1913, le combat s'enflamme à nouveau et Karl Liebknecht écrit ce texte en juillet 1913, pour lui la grève de masse est devenue la seule réponse au refus obstiné du pouvoir impérial de changement de ce système.  L'occasion pour nous de mieux saisir son analyse de ce moyen de lutte ultime.

Citations :

"Les exhortations répétées appelant à modifier radicalement le système électoral en vigueur à la Chambre des députés n'ont pas été prises en compte. Le gouvernement, soutenu par la majorité réactionnaire, persiste dans son opposition. Les travailleurs, en tant que seuls combattants pour une égalité totale, ont le devoir de lutter par tous les moyens contre les pouvoirs en place. L'un de ces moyens est la grève politique de masse.". (résolution proposée par Karl Liebknecht)

"La grève est, avec le boycott, la forme d'utilisation du pouvoir prolétarien qui correspond le mieux à la nature sociale du prolétariat, à sa fonction dans la société capitaliste; qui en découle directement. Les grèves syndicales, par leur ampleur, deviennent de plus en plus des grèves de masse. Elles se rapprochent aussi bien souvent par leur objectif, des grèves politiques, et deviennent de manière de plus en plus marquée des luttes pour le pouvoir de la classe ouvrière dans la société. L'ensemble du pouvoir d'Etat, jusqu'au militarisme, se dresse de plus en plus résolument contre elle : les grèves syndicales deviennent elles aussi de plus en plus des luttes avec le pouvoir d'Etat, voire pour le pouvoir d'Etat"

"La grève de masse pour des objectifs politiques a passé depuis longtemps l'épreuve du feu, il n'est donc pas étonnant qu'en Allemagne aussi, non seulement sa possibilité, mais aussi sa nécessité soient reconnues presque partout. Cela vaut justement pour la question du droit de vote en Prusse. Ici, aucun autre chemin ne mène au but; la situation est sinon en effet sans issue."

"L'information sur les moyens tactiques à la disposition de la lutte des classes est aussi une partie de l'information révolutionnaire du prolétariat ; et la propagande en faveur de tels moyens a aussi pour effet de renforcer la force de combat du prolétariat."

"Vouloir forcer la situation ou la masquer par des moyens diplomatiques serait une folie ; mais une tactique qui n'oserait pas se lancer dans la bataille sans un gilet pare-balles et qui fuirait l'air vif d'un risque révolutionnaire à l'heure décisive par crainte de mettre en danger les organisations et les institutions actuelles du prolétariat, qui ne sont pourtant que des moyens pour atteindre une fin, ne serait pas moins condamnable. Il faut peser le pour et le contre, peser de manière réfléchie, mais aussi oser."

"... de même est-il vrai que les organisations de lutte qui ne craignent pas le danger d'une défaite lorsque le moment est venu, sont meilleures que celles qui cherchent à éviter une défaite en évitant les combats décisifs. Il y a des situations qui exigent que l'on soit prêt même à la défaite."

"Qu'est-ce qu'une grève politique de masse ? D'un point de vue théorique, elle peut prendre de nombreuses formes : de la simple grève de manifestation, qui ne signifie pas encore l'instauration d'un rapport de force, à la grève visant à réduire l'adversaire ; de la grève limitée localement ou professionnellement à la grève générale. Comme cela a été dit à Iéna, toutes ces formes pourraient être développées dans le cadre d'une tactique variable, jusqu'au niveau le plus exacerbé  tout en gardant bien entendu les anciens moyens de lutte."

"En tout cas, aucune grève de masse d'aucune sorte ne doit être entreprise sans la volonté de passer immédiatement à une grève impitoyable visant à réduire l'adversaire, si la situation se présentait au cours de la lutte. La volonté d'entamer une grande grève générale doit sous-tendre toute forme de grève de masse."

"Sans hésitation, mais avec audace s'il le faut. Le droit de vote libre et égal pour la Prusse est une messe, il vaut bien une grève de masse."

 

Was nun in Preußen?

[Vorwärts Nr. 168, 188 und 189 vom 5., 25. und 26. Juli 1913. Nach Karl Liebknecht, Gesammelte Reden und Schriften, Band 6, S. 349-364]

I. Résolution

Les dernières élections au Landtag ont prouvé une fois de plus qu'il est impossible, avec le misérable système électoral des trois classes, d'obtenir une représentation qui tienne compte de la volonté du peuple.

Les exhortations répétées appelant à modifier radicalement le système électoral en vigueur à la Chambre des députés n'ont pas été prises en compte. Le gouvernement, soutenu par la majorité réactionnaire, persiste dans son opposition.

Les travailleurs, en tant que seuls combattants pour une égalité totale, ont le devoir de lutter par tous les moyens contre les pouvoirs en place. L'un de ces moyens est la grève politique de masse.

Les personnes réunies sont conscientes que le succès de cette grande lutte ne sera garanti que si l'ensemble des travailleurs est regroupé dans des organisations solides. Les participants s'engagent donc à veiller énergiquement au développement de ces organisations.

En même temps, elles invitent les cercles dirigeants des organisations ouvrières à utiliser tous les moyens de lutte propres à assurer au peuple une représentation équitable à la Chambre des députés.

 

Traduction Dominique Villaeys-Poirré, 17 juillet 2023. Merci pour toute amélioratton de la traduction.

II. Articles 25. et 26. juillet 1913

… ll va de soi qu'aucun des moyens de lutte actuels ne doit être jeté par-dessus bord. Mais ils ne suffisent plus ; nous avons besoin de nouveaux moyens pour mener un nouveau combat.

La grève est, avec le boycott, la forme d'utilisation du pouvoir prolétarien qui correspond le mieux à la nature sociale du prolétariat, à sa fonction dans la société capitaliste; qui en découle directement. Les grèves syndicales, par leur ampleur, deviennent de plus en plus des grèves de masse. Elles se rapprochent aussi bien souvent par leur objectif, des grèves politiques, et deviennent de manière de plus en plus marquée des luttes pour le pouvoir de la classe ouvrière dans la société. L'ensemble du pouvoir d'Etat, jusqu'au militarisme, se dresse de plus en plus résolument contre elle : les grèves syndicales deviennent elles aussi de plus en plus des luttes avec le pouvoir d'Etat, voire pour le pouvoir d'Etat.

La grève de masse pour des objectifs politiques a passé depuis longtemps l'épreuve du feu, il n'est donc pas étonnant qu'en Allemagne aussi, non seulement sa possibilité, mais aussi sa nécessité soient reconnues presque partout. Cela vaut justement pour la question du droit de vote en Prusse. Ici, aucun autre chemin ne mène au but; la situation est sinon en effet sans issue.

Curieusement, il a été demandé à multiples reprises d'élargir la résolution de Iéna de 1905, afin d'envisager la grève de masse également pour la conquête de droits politiques. On oublie en cela que la résolution de Iéna prévoit déjà expressément l'utilisation de la grève de masse pour conquérir des droits. Elle n'a pas besoin d'être complétée. La voie est déjà libre depuis 1905. Et depuis que des camarades "révisionnistes", qui ont la réputation parmi les hommes d'État de montrer une la froide prudence, ont ouvertement, voire ostensiblement, basculé dans le camp des amis de la grève de masse, les adversaires de la grève de masse se sont vus privés d’une bonne partie de leurs objections. Les exaltés ont toujours été balayés d'un revers de main. Désormais, certains hésitants seront peut-être plus facilement gagnés. Nous saluons donc doublement ce renfort.

Pour la lutte en Prusse pour le droit de vote, la question n'est plus depuis longtemps de savoir si une grève de masse est nécessaire, mais seulement de savoir quand et dans quelles conditions.

Parmi les partisans de la grève de masse, aucun ne devrait non plus se laisser aller à l'illusion insensée de pouvoir transformer une éventuelle situation désagréable par un moyen tactique. Ils ne cherchent que le moyen le plus efficace d'exploiter la situation donnée, moyen qui n'est pas seulement autorisé par cette situation, mais qui s'avère nécessaire. Il y a aussi des occasions manquées dans l'évolution politique, malgré son caractère intrinsèquement inéluctable. L'information sur les moyens tactiques à la disposition de la lutte des classes est aussi une partie de l'information révolutionnaire du prolétariat ; et la propagande en faveur de tels moyens a aussi pour effet de renforcer la force de combat du prolétariat.

Vouloir forcer la situation ou prétendre pouvoir la résoudre par des moyens diplomatiques serait une folie ; mais une tactique qui n'oserait pas se lancer dans la bataille sans un gilet pare-balles et qui fuirait l'air vif d'un risque révolutionnaire à l'heure décisive par crainte de mettre en danger les organisations et les institutions actuelles du prolétariat, qui ne sont pourtant que des moyens pour atteindre une fin, ne serait pas moins condamnable. Il faut peser le pour et le contre, peser de manière réfléchie, mais aussi oser.

Je le répète : un objectif élevé mérite un engagement élevé. Dans la lutte en Prusse, nous marchons dans la ligne d'une évolution certaine. Les défaites sont seulement des défaites temporaires, des défaites qui ne sont pas totalement sans résultat. Aucune contre-révolution dans l'histoire mondiale n'a jamais pu annuler complètement l'effet d'un mouvement révolutionnaire qui se trouvait dans le sens de l'évolution. Même pas après la révolution en Prusse en 1848, même pas après la révolution en Russie en 1905. Et de même qu'il est vrai  que la social-démocratie allemande et les syndicats allemands ont grandi dans l'atmosphère brûlante d'un rude combat et ont prouvé leur invincibilité en se relevant toujours de leurs défaites avec des capacités de défense accrues pour continuer à lutter, de même il est-il vrai que les organisations de lutte qui, lorsque le moment est venu, ne craignent pas le danger d'une défaite, sont meilleures que celles qui cherchent à éviter une défaite en évitant les combats décisifs. Il y a des situations qui exigent que l'on soit prêt même à la défaite.

Qu'est-ce qu'une grève politique de masse ? D'un point de vue théorique, elle peut prendre de nombreuses formes : de la simple grève de manifestation, qui ne signifie pas encore l'instauration d'un rapport de force, à la grève visant à réduire l'adversaire ; de la grève limitée localement ou professionnellement à la grève générale. Comme cela a été dit à Iéna, toutes ces formes pourraient être développées dans le cadre d'une tactique variable, jusqu'au niveau le plus exacerbé  tout en gardant bien entendu les anciens moyens de lutte.

Certes, une grève de manifestation fera déjà des victimes. Mais même celles-ci sont justifiées par la valeur que revêt la manifestation d'une énergie révolutionnaire qui dépasse largement celle qui se manifeste lors des manifestations de rue. Il faut admettre que dans la lutte pour le droit de vote en Prusse, le faible nombre des déclarations de grève ne devrait pas beaucoup impressionner et peut même temporairement provoquer un affaiblissement de la volonté de s'engager dans la grève de masse. En tout cas, aucune grève de masse d'aucune sorte ne doit être entreprise sans la volonté de passer immédiatement à une grève impitoyable visant à réduire l'adversaire, si la situation se présentait au cours de la lutte. La volonté d'entamer une grande grève générale doit sous-tendre toute forme de grève de masse.

Notre situation est particulièrement difficile parce que la grève de masse ne touchera directement presque que l'industrie, le commerce et les transports, c'est-à-dire les cercles des classes dirigeantes qui ne sont pas les opposants les plus farouches à toute réforme électorale, en tout cas pas les partisans sans réserve du droit de vote existant. Mais tous sont  des ennemis du droit de vote démocratique ; et enfoncer un coin finit par en entraîner un autre ; apprenons d'abord aux représentants du capital, y compris de l'industrie lourde, et à la bureaucratie étatique à prier notre Dieu, et les junkers suivront eux aussi, bon gré mal gré, la recette du vieux saint Rémi de Reims.

Le prolétariat peut-il compter sur des alliés lors d'une grève de masse ? La dernière grève belge a été soutenue par la sympathie de la bourgeoisie libérale ; il ne faudra pas compter sur cela en Allemagne. Notre bourgeoisie a bien plus peur de la classe ouvrière qu'elle n'espère une réforme électorale selon son cœur - bien qu'il y ait certains petits politiciens à l'âme de boutiquier qui spéculent sur une once de réforme électorale allant dans le sens étroit de leur parti, comme s'il s'agissait d'un malheureux plat de lentilles. Elle veut une réforme électorale, qui traduit une haine sans force envers les couches supérieures de la société et sa fourberie envers les classes inférieures. Si la revendication d'un droit de vote réellement démocratique, dont elle parle elle aussi du bout des lèvres, vient à se présenter à elle comme une revendication de lutte de classe des prolétaires sous le drapeau de la grève politique révolutionnaire, elle se bouchera alors les oreilles et ne fera plus qu'en appeler au ministère public, à la police et l'armée. Le prolétariat doit donc se débrouiller seul. Il ne peut trouver qu'une aide tiède ici et là dans les cercles de la classe moyenne, qui est également privée de ses droits.

En fait, il ne rencontrera pas en face de lui l'ensemble de la bourgeoisie unie en rangs serrés ni une tactique homogène. Division et hostilité réciproque des ennemis, en partie ou totalement, du système électoral, faciliteront notre combat. Mais déjà le souvenir de l'attitude misérable et dénonciatrice envers nos manifestations de rue en 1910, mettra un terme aux espoirs ambitieux concernant l'attitude du libéralisme.

Plus le prolétariat dépend de lui-même, plus il doit faire appel à sa propre force suprême. Seules toutes les organisations du prolétariat réunies, dans une unité unanime, peuvent entreprendre la grève de masse. La participation sans réserve des syndicats est avant tout nécessaire. Mais, malgré la conjoncture et la crise,. ils ne résisteront pas à la longue. La compréhension de l'importance, pour la situation économique de la classe ouvrière, du travail politique parlementaire et d'une évolution du rapport de force dans l'administration, la compréhension de l'identité finale des intérêts, des tâches et des luttes politiques et économiques dans les domaines les plus larges, existe déjà ; elle peut être facilement généralisée et intensifiée. L'importance de la lutte pour le droit de vote en Prusse pour les syndicats, telle qu'elle a été exposée plus haut, est si évidente, même pour un esprit peu averti, que la propagande pour la grève politique de masse en vue de la conquête du droit de vote est beaucoup plus sûre de réussir, surtout dans les plus grands syndicats, que la propagande pour les revendications syndicales quotidiennes. Et la participation simultanée de tous les groupes de travailleurs exerce un fort effet de suggestion. C'est ainsi que la volonté déterminée de lutter pour le droit de vote et de s'engager dans la grève de masse doit naître de la constatation purement syndicale de la situation globale de la classe ouvrière de Prusse et d'Allemagne, pour autant qu'elle ne soit pas encore née.

Le prolétariat inorganisé et même le prolétariat des organisations chrétiennes et des associations syndicales seront également accessibles à ces arguments, plus facilement encore que l'agitation pour une grève économique. L'attitude craintive du centre traître dans la question du droit de vote montre qu'il est bien conscient de ce danger.

Cependant, même le prolétariat organisé pour la lutte des classes, et encore plus celui qui en est éloigné, ne se lancera pas dans la grève de masse sur un ordre venu d'en haut, déterminé et capable de la mener jusqu'au bout. Qui - fût-il lui-même la star la plus brillante du belcanto politique - pourrait songer à créer artificiellement le désir d'entamer la grève de masse ? Ce serait là une affaire de politique de salon. Mais un état d'esprit de lutte exacerbé peut déboucher sur des luttes inopportunes et sans but. Il s'agit de tracer la voie à suivre d'abord dans les esprits, dans la conscience des masses de ceux qui se battent pour le droit de vote. Si la voie de la grève de masse est clairement reconnue comme la seule possible pour l'exploitation efficace de la force prolétaire portée par une combativité enthousiaste, cette analyse doit être diffusée, de sorte que la volonté et la combativité des masses en colère finissent par s'emparer spontanément de ce moyen de lutte. La diffusion ne sera pas difficile.  Depuis longtemps déjà, l'idée de la grève de masse a trouvé un écho extraordinaire au sein des masses ouvrières, et c'est précisément la formation dans les luttes syndicales et la compréhension qui en a résulté du pouvoir des travailleurs ainsi que des moyens appropriés pour le faire valoir qui les a tout naturellement orientés vers l'idée de la grève politique de masse. La tâche naturelle des dits dirigeants ouvriers, compte tenu de leur énorme responsabilité, est une prudente réserve et une méfiance bien justifiée à l'égard du feu de l'enthousiasme, qui se révèle trop souvent être un feu de paille avec lequel on ne peut pas créer un incendie révolutionnaire. Leur aversion bien compréhensible pour les expériences insuffisamment assurées ne les empêchera cependant pas, lorsque les conditions d'une grève de masse seront, dans la mesure du possible, visiblement réunies et que les ouvriers seront poussés en avant avec une force impétueuse, de ne pas seulement se laisser entraîner, mais de prendre la direction des opérations.

Ces conditions sont-elles déjà réunies aujourd'hui ? Certainement pas à l'heure actuelle. Mais si tous les signes ne sont pas trompeurs, elles seront bientôt là. Il est possible qu'une crise soit imminente ; il est possible qu'elle impose une retenue provisoire ; il est possible qu'elle facilite l'éclatement d'une grève de masse, justement en lien avec les luttes douanières. Quoi qu'il en soit, l'hiver prochain sera marqué par des événements auxquels se rattachera tout naturellement un nouveau mouvement pour les droits électoraux. Il est certain que la lutte aura lieu. Soit le gouvernement prussien se moque du peuple privé de ses droits en ne proposant aucune réforme électorale : cela signifie la lutte ! Ou bien il le défie par un nouveau plan issu du cerveau policier de Dallwitz : cela ne signifie pas moins une lutte  couteau tiré. Si l'atmosphère au sein du prolétariat est portée au plus haut point d'ébullition, qui constitue la condition préalable à la grève de masse, et si la volonté de grève de masse est aussi passionnément déterminée et fermement enracinée qu'une lutte à outrance l'exige, alors il ne sera plus possible d'arrêter ce qui doit pourtant arriver - malgré tout.

En attendant, il est impératif de se préparer à tout. S'il est vrai que la question du droit de vote en Prusse est une question allemande et s'il est vrai que la grève de masse en Prusse doit être soutenue et portée par tout le prolétariat allemand, il est tout aussi certain certain que la lutte doit finalement être menée en Prusse même. Certes, les peuples du Mecklembourg, du Brunswick, de la Hanse et de la Thuringe, et peut-être aussi celui de la Saxe, seront emportés par la tempête prussienne. Mais le coup décisif est porté en Prusse ; si le manteau prussien tombe, alors les duchés, les grands-duchés e tutti quanti tomberont aussi.

C'est donc en Prusse que les décisions décisives doivent être prises. Il serait judicieux qu'un congrès extraordinaire du parti en Prusse soit prévu pour l'automne. cela ne sera pas trop tôt, il s'agira de se préparer à toutes les éventualités, une préparation étendue, peut-être même une préparation à la belge. Si le moment critique arrive avec l'ouverture du parlement régional, tout doit être prêt pour le combat. Il faut alors prendre une décision rapide en fonction de la situation. Sans hésitation, mais avec audace s'il le faut. Le droit de vote libre et égal pour la Prusse est une messe, il vaut bien une grève de masse.

 

Resolution des SPD Parteitages 1913 in Jena

Nach dem vom Mannheimer Parteitag (1906) bestätigten Beschluß des Jenaer Parteitages (1905) ist die umfassendste Anwendung der Massenarbeitseinstellung gegebenenfalls als eines der wirksamsten Mittel zu betrachten, nicht nur um Angriffe auf bestehende Volksrechte abzuwehren, sondern um Volksrechte neu zu erobern.

Die Eroberung des allgemeinen, gleichen, direkten und geheimen Wahlrechts zu allenVertretungskörpern ist eine der Vorbedingungen für den Befreiungskampf des Proletariats. Das Dreiklassenwahlrecht entrechtet die Besitzlosen nicht nur, sondern hemmt sie in allen ihren Bestrebungen auf Verbesserung ihrer Lebenshaltung, es macht die schlimmsten Feinde gewerkschaftlicher Betätigung und sozialen Fortschritts, die Junkerkaste, zum Beherrscher der Gesetzgebung.

Darum fordert der Parteitag die entrechteten Massen auf, im Kampfe gegen das Dreiklassenunrecht alle Kräfte anzuspannen in dem Bewußtsein, daß dieser Kampf ohne große Opfer nicht siegreich durchgeführt werden kann.

Indem der Parteitag den Massenstreik als unfehlbares und jederzeit anwendbares Mittel zur Beseitigung sozialer Schäden im Sinne der anarchistischen Auffassung verwirft, spricht er zugleich die Überzeugung aus, daß die Arbeiterschaft für die Erringung der politischen Gleichberechtigung ihre ganze Kraft einsetzen muß. Der politische Massenstreik kann nur bei vollkommener Einigkeit aller Organe der Arbeiterbewegung von klassenbewußten, für die letzten Ziele des Sozialismus begeisterten und zu jedem Opfer bereiten Massen eführtwerden. Der Parteitag macht es deshalb den Parteigenossen zur Pflicht, unermüdlich für den Aushau der politischen und gewerkschaftlichen Organisationen zu wirken.

[Angenommen]

Quelle: Protokoll über die Verhandlungen des Parteitages der Sozialdemokratischen Partei Deutschlands, abgehalten in Jena vom 14. bis 20. September 1913, Berlin 1913, S. 19

 

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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009