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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
12 juillet 2022 2 12 /07 /juillet /2022 09:51
Un document essentiel : rapport écrit par Leo Jogiches sur la grève de janvier 1918 à Berlin dans G. Badia, le Spartakisme.

Gilbert Badia présente dans son ouvrage le "Le spartakisme, les dernières années de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht" [réédité avec beaucoup de soin aux éditions Otium] un des rares documents écrits par Leo Jogiches disponible. Il est d'autant plus important que les analyses sur cette grève de janvier 1918 sont aujourd'hui très divergentes, sur le rôle des syndicats, du SPD majoritaire, des Indépendants et des Spartakistes et que surtout elles ne prennent pas en compte ce document essentiel qui apparemment leur est inconnu!

Pour nous, il nous donne un aperçu très utile sur les relations entre spartakisme et prolétariat, sur le sérieux du travail politique effectué par les Spartakistes, en particulier par Leo Jogiches.

Il constitue un document inestimable étant donné le peu de documents écrits de Leo Jogiches conservés et diffusés. Sur son approche précise et rigoureuse. Ce qui nous fait d'autant plus regretter de ne pas disposer des lettres auxquelles répond Rosa Luxemburg dans sa correspondance et qui nous auraient donné une connaissance encore plus fine du mouvement ouvrier en Pologne, en Russie et en Allemagne.

Remercier encore et toujours Gilbert Badia, au-delà du temps, pour l'extraordinaire travail qu'il a produit et qui nous donne accès à de telles sources.

 

L'ensemble des notations dans cet ouvrage de Gilbert Badia  (pagination Otium) concernant Leo Jogiches : https://pour-comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/2022/04/leo-jogiches-gilbert-badia-le-spartakisme-editions-otium.html

Un document essentiel : rapport écrit par Leo Jogiches sur la grève de janvier 1918 à Berlin dans G. Badia, le Spartakisme.Un document essentiel : rapport écrit par Leo Jogiches sur la grève de janvier 1918 à Berlin dans G. Badia, le Spartakisme.

Document 11        Tract et rapport des spartakistes sur les grèves de janvier (février 1918)

P. 485

Le document qu’on va lire a été saisi par la police berlinoise au cours d’une perquisition effectuée le 24 mars à Neukölln, au domicile de l’agent technique Rosenstiel, Manitiusstrasse 1. Il y avait là quinze spartakistes, parmi lesquels Leo Jogiches,. Le matériel fut aussitôt transmis à tous les services intéressés (ministère de l’Intérieur, des Affaires étrangères, armée, marine, etc). Les services de police notent que l’appel « a été déjà distribué sous forme de tract dans les usines de Berlin » et que les membres de l’extrême-gauche à Hambourg « en ont adopté les directives au cours d’une réunion tenue à la fin mars ». Quant au rapport dont nous avons déjà cité des extraits (Chapitre X), il est attribué « sans aucun doute à un membre bien informé du groupe Spartacus ». Les déductions policières serraient sans doute la vérité d’assez près. Tout donne à penser en effet que le rapport a été rédigé par Leo Jogiches.

Extraits du rapport :

 

[…] la grève commença magnifiquement. Trois cent mille grévistes le premier jour, à la fin près d’un demi-million à Berlin seulement. Le climat était excellent. On élit aussitôt un conseil ouvrier. Au début, il était constitué par neuf cents délégués des usines, plus tard par mille huit cents.

Un document essentiel : rapport écrit par Leo Jogiches sur la grève de janvier 1918 à Berlin dans G. Badia, le Spartakisme.

 

Ce conseil rejeta expressément la grève de trois jours proposée par l’USP et laissa le soin à un comité d’action élu de décider de la fin de la grève, en fonction de la situation. Dis ouvriers et une ouvrière, syndicalistes de l’opposition (pas des permanents) influents dans leur milieu, furent élus à ce comité. Leur position politique : pour la plupart USP, mais pas de façon nette. Ce sont en effet  d’abord des syndicalistes, avant d’être des politiques, parmi eux, deux de la grève pour Liebknecht, un de notre bord, etc. Or, voilà qu’à la réunion se présenta un certain Wuschek, majoritaire, permanent du syndicat des métallurgistes, porteur d’une déclaration faite au nom du vieux CD, où il était qu’il fallait mener la grève de façon unitaire ; des masses importantes d’ouvriers restaient à l’écart de la grève, parce que suivant les majoritaires ; or, on avait malheureusement exclu ces derniers, bien que les majoritaires soient prêts à participer à la grève sous certaines conditions, etc. mais, avant que l’on eût donné la parole à ce Wuscheck, le conseil décida d’inviter « l’autre partie », c’est-à-dire les indépendants, et l’on s’en fut quérir sur le champ Ledebourski, afin qu’il « coiffe » Wuscheck. Mais, même avant que Wuscheck n’eût fait son apparition, au conseil ouvrier, un confusionniste (délégué d’une usine) qui faisait partie de notre tendance avait demandé qu’on invite en bonne et due forme les scheidermanniens, car « il escomptait qu’ils refuseraient et voulait les démasquer ». On connaît la suite par les journaux, quant à la composition du comité d’action. Voilà ce qui se passa ensuite : les scheidermanniens voulaient, au comité d’action, axer le mouvement surtout sur la question du ravitaillement : ils n’y ont pas réussi. Les indépendants ont mis au premier plan les revendications politiques et le comité les a soutenus unanimement. La deuxième réunion du conseil ouvrier (le mardi) a été empêchée par la police. Il n’y a pas eu d’autre réunion du conseil ouvrier avant dimanche (dernier jour de grève). Ce jour-là, de très nombreux délégués se réunirent à la demande du comité pour écouter le rapport du comité, pour prendre des décisions sur ce qu’il convenait de faire. De la sorte, pendant tout ce temps, le comité était coupé du conseil ouvrier et celui-ci, de la masse des grévistes. Le compte-rendu fait aux masses sur l’état du mouvement est resté très déficient : on n’avait organisé que peu de bureaux d’information dans divers quartiers. On ne pouvait connaître  « l’activité » du comité (les diverses démarches auprès des pouvoirs publics et qui n’ont pas abouti) que par la presse ou par quelques papillons, la plupart tapés à la machine, qui furent diffusés dans la masse.

C’est de la même façon (des feuillets tapés à la machine) qu’on a convoqué des réunions sur les places publiques. Tout au long des événements, on a senti partout un manque de direction, d’information et d’un plan à court terme pour organiser la lutte. La masse a été laissée à elle-même et, dans les premiers jours de grève, elle s’est bien tenue. […]. [le samedi], le comité donna l’ordre de poursuivre la grève. Toutefois, le lundi, dans la grande majorité des cas, la masse des grévistes a repris le travail. La masse avait été rendue hésitante car, extérieurement, en raison du refus de négociations, le mouvement n’aboutissait à aucun résultat – l’énergie des masses avait été émiettée, elle ne trouvait pas d’issue révolutionnaire. En même temps commençait une répression inouïe. Le souci du portemonnaie (perte d’une semaine de haut salaire) fit le reste.

Cet exposé fait apparaître les déficiences du mouvement,. Plus haut, j’ai éclairé les choses. Les scheidemanniens et la direction syndicale ont fait fiasco. Les indépendant ont beaucoup rehaussé leur prestige auprès des masses. En réalité, ce sont eux qui fait enliser la carriole par leur lâcheté et leur penchant aux demi-mesures, par leur incapacité à comprendre l’essence d’une action de masse révolutionnaire. Ce sont eux qui avaient les choses en main. Quant à nous – l’opposition résolue -, il ne fait pas de doute que nous aurions pris beaucoup plus d’importance au cours du mouvement s’il s’était prolongé, et cela tant au conseil ouvrier que – et surtout – dans les organisations locales qui commençaient à se constituer spontanément. La première réunion du conseil ouvrier n’avait pas de coloration politique marquée : donc, terrain excellent pour l’USP. Nous avons immédiatement entrepris – avec l’aide d’un groupe initialement assez petit de délégués – d’organiser une aile gauche au sein du conseil ouvrier et ensuite d’organiser des directions locales (c’est-à-dire composées de délégués des entreprises). Il semble qu’il y ait eu parmi les délégués du conseil ouvrier une foule de nos partisans. Seulement, ils étaient dispersés, n’avaient pas de plan d’action et ils se perdaient dans la foule.

La plupart du temps, en outre, ils n’y voient pas très clair eux-mêmes. Notre but n’a pas été atteint, puisque le conseil ouvrier n’est pas entré en action et s’est laissé disperser, que le comité d’action, à notre sens, n’a pas rempli sa tâche et que la grève, à la fin, a pourri.

Sur le plan politique et théorique, nous avons malgré tout réussi dans l’ensemble à influencer le mouvement. L’opposition social-démocrate s’est bornée, on l’a vu excepté le tiède tract rédigé par le groupe parlementaire et qui ne contenait pas le  moindre mot d’ordre, à faire de l’agitation verbale. Notre rôle et nos mots d’ordre ressortent à la lecture des tractss 1,2,3,4 et 8. Pendant tout ce temps, opposition sociale-démocrate et comité n’ont réussi à publier que deux brèves informations imprimées. La technique, l’appareil, sur le plan de l’organisation, tout ce qui est indispensable pour le travail clandestin était, chez ces gens, puéril et primitif : ils étaient en plein désarroi, tandis que chez nous, la machine tournait à toute vitesse. Les tirages de nos huit publications se sont élevés de vint-cinq à cent mille exemplaires.

Le tract « La première grève de masse » n’est naturellement pas de chez nous. Il est dû à la plume d’une des lumières de l’USP (ex-ami de Maciej R.) qui a beaucoup écrit contre la grève de masse) et il a été adopté par le comité d’action.Pour faire plaisir au comité et pour lui venir en aide, l’opposition résolue a dû se charger de sa fabrication.

Malgré la répression, le climat n’est pas au découragement. Les mobilisations d’ouvriers atteignent vraiment cette fois une dizaine de mille. Par exemple, quatre mille quatre cents chez le seul Schwarzkopff.

Tous les membres des comités d’usine (parmi eux beaucoup de majoritaires), une foule de membres du conseil ouvrier, trois ou quatre hommes du comité d’action : tous mobilisés en trois jours. Des ouvrières, et plus d’un ouvrier aussi, se plaignent de l’absence d’un quelconque résultat. Une masse importante d’ouvriers est demeurée à l’écart du mouvement, en particulier dans les petites entreprises et des branches secondaires, mais surtout chez les ouvriers des transports et les femmes (qui d’habitude étaient toujours au premier rang. L’enthousiasme n’était nullement général. Là où il n’y avait pas de réunion, la rue avait conservé son aspect habituel.

Malgré tout cela, une nouvelle flambée du mouvement à court terme n’est pas exclue. Les  pouvoirs publics s’attendent même à une  nouvelle grève dans la seconde quinzaine de ce mois (la chose me paraît à moi peu vraisemblable. C’est qu’en effet une réduction des rations est imminente : le pain va être réduit de trois cents grammes par semaine, la viande ramenée de deux cents cinquante à cent grammes, la ration de pommes de terre de sept à cinq livres. L’information provient d’une commission du Reichstag.

Un document essentiel : rapport écrit par Leo Jogiches sur la grève de janvier 1918 à Berlin dans G. Badia, le Spartakisme.
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11 juillet 2022 1 11 /07 /juillet /2022 11:16
Morgane Labbé. La nationalité, une histoire de chiffres: Politique et statistiques en Europe centrale 1848-1919

Morgane Labbé. La nationalité, une histoire de chiffres: Politique et statistiques en Europe centrale 1848-1919

Il est peu de références en français à Julian Marchlewski. En Pologne, l'historiographie officielle le traite de "chien" pour son combat, dans la logique de toute une vie, pour établir une république des conseils en Pologne. Aussi, c'est avec surprise et plaisir que j'ai découvert sur le net l'analyse d'un de ses articles « Les rapports économiques sous le régime de l’Etat prussien », que je retranscris ici.

Citations :

"Le thème n’était qu’une parenthèse dans la longue liste de ses écrits et était tout aussi marginal dans sa vie, Marchlewski ayant mis très tôt ses pas dans ceux de l’internationalisme marxiste, faisant de lui aux côtés de Rosa Luxemburg, l’un des dirigeants du Parti social-démocrate du Royaume de Pologne"

"Il est impossible, et l’idée même serait incorrecte, de lui attribuer une et quelle nationalité au regard de ses séjours et engagements politiques, mais aussi de ses écrits rédigés dans différentes langues - polonaise, allemande, voire russe."

"Son point de vue sur le sujet peut être rattaché à la conception propre à la génération d’intellectuels politiques du tournant du XXe siècle : ceux-ci ne dissociaient pas revendication nationale et question sociale "

"il voyait dans le peuple (lud), en l’occurrence pour lui le peuple ouvrier, le creuset de la nation."

"Dans son ouvrage, il développait une analyse marxiste des processus sociaux, montrant comment s’articulaient résistance sociale, sentiment national politique et lutte pour la terre."

Un article de Julian Marchlewski analysé par Morgane Labbé.  "Dans son ouvrage, il développait une analyse marxiste des processus sociaux, montrant comment s’articulaient résistance sociale, sentiment national politique et lutte pour la terre."

Morgane Labbé. La nationalité, une histoire de chiffres: Politique et statistiques en Europe centrale 1848-1919

Morgane Labbé Année : 2019, Pages : 380, Collection : Académique, Éditeur : Presses de Sciences Po

https://books.google.fr/books?id=6EKwDwAAQBAJ&pg=PT210&lpg=PT210&dq=julian+marchlewski&source=bl&ots=c8e_GbKCZM&sig=ACfU3U2tfNBbG4_cxlsWEc7D9bQiQexAlA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjly--ky_D4AhXCxoUKHTTbCTI4eBDoAXoECBMQAw#v=onepage&q=julian%20marchlewski&f=false

 

Parmi les différents écrits politiques sur les statistiques prussiennes des nationalités, un ouvrage mérite d’être décrit plus en détail parce qu’il montre comment ces réappropriations statistiques s’inséraient dans des raisonnements politiques plus larges. Julian Marchlewski, essayiste et économiste fit paraître en 1903 « Les rapports économiques sous le régime de l’Etat prussien », dans lequel il consacra un chapitre aux statistiques prussiennes des nationalités. Le thème n’était qu’une parenthèse dans la longue liste de ses écrits et était tout aussi marginal dans sa vie, Marchlewski ayant mis très tôt ses pas dans ceux de l’internationalisme marxiste, faisant de lui aux côtés de Rosa Luxemburg, l’un des dirigeants du Parti social-démocrate du Royaume de Pologne, avant de rejoindre après la guerre les rangs des communistes. Né dans une petite ville de la Prusse occidentale, Marchlewski ne cessera de se déplacer au rythme de ses activités politiques et des contraintes de l’exil, entre la Pologne, l’Allemagne et la Russie. Il est impossible, et l’idée même serait incorrecte, de lui attribuer une et quelle nationalité au regard de ses séjours et engagements politiques, mais aussi de ses écrits rédigés dans différentes langues - polonaise, allemande, voire russe.

Pourtant le chapitre qu’il consacra à la question des nationalités mérite d’être retenu. Son point de vue sur le sujet peut être rattaché à la conception propre à la génération d’intellectuels politiques du tournant du XXe siècle : ceux-ci ne dissociaient pas revendication nationale et question sociale dans une lutte contre les « oppresseurs » étrangers qu’ils soient de Berlin, Saint-Pétersbourg ou Vienne, ou qu’ils soient polonais, membres de la noblesse terrienne et entrepreneurs industriels. Les engagements politiques de Marchlewski ne le conduisaient pas à faire de la cause nationale sa première revendication, et il voyait dans le peuple (lud), en l’occurrence pour lui le peuple ouvrier, le creuset de la nation. Ainsi écrivait-il à propos de la Haute-Silésie : « Malgré la domination pendant des siècles de la noblesse […], la Haute-Silésie reste un noyau politique, plus politique que des territoires qui, au partage de la Pologne, jouissaient de l’autorité de la noblesse patriote, voilà la force de la nation et sa résistance ! Ce peuple de la haute-Silésie était et restait politique ».

Il dénonçait l’attitude du clergé et en particulier des dignitaires comme Ludwik Jasdszewski, théologien et homme politique de la fraction polonaise au parlement prussien, qui condamnait les actions du mouvement polonais en Silésie, contraires au parti catholique, le Zentrum. Sans surprise, Marchlewski voyait dans ses manœuvres des compromissions qui consistaient à remettre selon ses termes, « des territoires où il y avait 800 Polonais pour 200 Allemands au parti du Zentrum, qui a clairement comme but la dénaturalisation des Polonais par des moyens doux ». Ainsi écrivait-il, « Le duché était le lit de la réaction. Les éléments issus de la noblesse et du clergé soutenaient l’antisémitisme le plus obscurantiste ». Et il s’étonnait « qu’il y ait encore des Juifs qui avaient un sentiment pour la nation polonaise, en déclarant la langue polonaise comme langue maternelle ! »

Les déclarations politiques de Marchlewski laissaient aussi place à des analyses statistiques qu’il livrait avec une compétence assurée. Il avait en effet obtenu en 1896, lors d’un séjour en Suisse où il avait trouvé refuge – comme les autres membres du SDKP un doctorat en sciences de l’Etat (Staatswissenschaft) à l’université de Zurich. La compétence statistique associée à cette formation lui rendait donc aisée la lecture de données chiffrées. Dans son ouvrage, il développait une analyse marxiste des processus sociaux, montrant comment s’articulaient résistance sociale, sentiment national politique et lutte pour la terre. Ses séjours en Allemagne et sa formation universitaire lui permettaient de donner un compte rendu fidèle et juste de l’histoire des recensements prussiens. Au lecteur polonais qui n’y avait pas accès, il décrivait les procédures détaillées du relevé de nationalité et leurs modifications. Il louait la qualité des travaux statistiques allemands, mais sa reconnaissance était limitée. Ainsi, quand Marchlewski critiquait la séparation des parlers cachoube et masure de la langue, il attribuait ce qu’il appelait ce « tour de passe-passe statistique » à la seule bureaucratie. « La langue masure existe seulement dans l’imaginaire des administrateurs prussien, qui, comme on sait, répondent aux ordres d’en haut, savent tout, même être des linguistes ».

 

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16 juin 2022 4 16 /06 /juin /2022 19:01
Georg Grosz. A ta santé Noske! La jeune révolution est bien morte.

Georg Grosz. A ta santé Noske! La jeune révolution est bien morte.

Dossier Noske : L'introduction de son ouvrage, "Von Kiel bis Kapp"

 

En avril 1920, Gustav Noske écrit "De Kiel à Kapp", à propos de l'histoire de la révolution allemande. Ce qui frappe le plus,  l'autosatisfaction, la suffisance, la froideur, la crauté avec lesquelles il décrit son "action". Voici l'introduction,  significative dans le ton et le contenu :

Georg Grosz. En mémoire de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht

Georg Grosz. En mémoire de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht

Il ne me viendrait pas à l’idée d’écrire une histoire de la révolution allemande. Mais depuis les premiers jours de novembre 1918, j'ai occupé une position éminente en Allemagne et exercé une forte influence sur de nombreux événements, de sorte qu'il ne me semble pas inapproprié de fixer certains de mes souvenirs. Je n’ai pas pu tenir un journal. Certains jours, je ne pouvais même pas prendre de courtes notes. Les événements se succédèrent si rapidement que certains détails ne me sont pas restés en mémoire.

La signification majeure de la révolution pour le progrès apparaîtra plus tard, lorsque les dégâts et les effets secondaires néfastes ne seront plus visibles, mais surtout pourront être étudiés. Ma description met de nombreuses fois l’accent  sur ce qu’il y a de vil dans le comportement humain, qui est inséparable de tous les grands moments historiques et événements, et dont j'ai eu beaucoup à souffrir. Le grand processus de révolution de nos conditions politiques et économiques étant loin d'être terminé, que l’on en tire, selon les possibilités, les leçons. L'ampleur des événements n'est pas contredite par la mise en évidence des lacunes et des erreurs.

Berlin, avril 1920

Noske

 

Eine Geschichte der deutschen Revolution zu schreiben, kann mir nicht in den Sinne kommen. Aber seit den ersten Novembertagen des Jahres 1918 habe ich an hervorragender Stelle in Deutschland gestanden und auf manche Vorgänge stark eingewirkt, so dass es mir nicht unangebracht erscheint, einiges aus meiner Erinnerung festzuhalten. Ein Tagebuch habe ich nicht führen können. Selbst knappe Notizen konnte ich an vielen Tagen nicht machen. Die Ereignissen jagten sich dermassen, dass manche Einzelheit nicht im Gedachtnis halten geblieben sind.

Die grösste Bedeutung der Revolution für den Fortschritt wird später hervortreten, wenn von den Schaden und üblen Begleiterscheinungen nichts mehr zu sehen, vor allem aber zu führen ist. Meine Schilderung hebt vielfach das Kleinlich-Menschliche, das von allen grossen Zeiten und Vorkommnissen nicht zu trennen ist, und unter dem ich viel zu leiden hatte, hervor. Da der grosse Revolutionierungsprozess unserer politischen und wirtschaftlichen Verhältnisse noch lange nicht abgeschlossen ist, mag daraus nach Möglichkeit gelernt werden. Der Gewaltigkeit der Ereignisse wird durch das Hervorheben von Mängeln und Fehlern kein Abbruch getan.

 

 

Berlin, April 1920

Noske

 

 

 

Transcription et traduction par mes soins. Merci pour toute amélioration. c.a.r.l., 15 juin 2021

Georg Grosz. "Noske au travail".

Georg Grosz. "Noske au travail".

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26 mai 2022 4 26 /05 /mai /2022 11:53
Organe du SDKPil. Przegląd Socjaldemokratyczny.  Rédacteur en chef: Leo Jogiches. Articles de Rosa Luxemburg, Julian Marchlewski, Adolf Warski ... Sommaire

La section polonaise du MIA présente : Przegląd Socjaldemokratyczny. Organe du parti social-démocrate du Royaume de Pologne et de Lituanie. Rédacteur en chef : Leo Jochiges

Contenu des numéros : 1902-1904, 1908-1910

https://www.marxists.org/polski/tematy/sdkpil/prz-soc/index.htm

Organe du SDKPil. Przegląd Socjaldemokratyczny.  Rédacteur en chef: Leo Jogiches. Articles de Rosa Luxemburg, Julian Marchlewski, Adolf Warski ... Sommaire

 1902 - 1904

 

1902
Rok I, No 1 (marzec 1902) - (PDF)
  • Od Redakcji
  • Uchwały II. Zjazdu Socjaldemokratycznej Partii Królestwa Polskiego i Litwy
  • Konferencja nowej „Międzynarodówki“
  • Adolf (Warski) - Patrjotyzm polski w sidłach kapitalizmu
  • Julian Marchlewski ps. Baltazar z Kujaw - Jego Eminencja ks. Arcybiskup Popiel przeciw Socjalistom
  • Julian Marchlewski ps. J. Karski - Przesilenie ekonomiczne i sytuacja polityczna w Rosji
  • Adolf Warski ps. J. Michałkowski - Dlaczego musimy żądać konstytucji?
  • H. P. - Przyczynki do charakterystyki ruchu rewolucyjnego w Rosji
  • Komitet Centralny - Od Centralnego Komitetu „Bundu“
  • [Uwagi końcowe]
Rok I, No 2 (maj 1902) - (PDF)
  • Mularz - [Inc. Ludu roboczy! Witaj zwiastuna…]
  • Do walki!
  • D. - Demonstracja majowa
  • „Iskra“ No 18 - Słowianie i rewolucja
  • Demonstracje tegoroczne w Rosji
  • Smauel Ettinger ps. Adam - Ośmiogodzinny dzień roboczy
  • Adolf Warski ps. Jan z Czerniakowskiej - Z Kraju przed majem
Rok I, No 3 (lipiec 1902) - (PDF)
  • Co robić?
  • Róża Luksemburg - Socjalpatriotyczne łamańce programowe
  • L. - Listy o „Bundzie“
  • Redakcja - W kwestji żydowskiej
  • Adolf Warski ps. Jan z Czerniakowskiej - Z Kraju
  • W. Jelski - Kronika Zagraniczna
  • Adam (Samuel Ettinger) - Tegoroczne święto majowe
  • Adolf Warski ps. A. J. W., D., Jacek, R. - Nekrologi
  • Od Redakcji
Rok I, No 4-5 (grudzień 1902) - (PDF)
  • Redakcja - Do czytelników i przyjaciół naszego pisma
  • Demokracja Narodowa
  • Karol Kautsky - Pojęcie socjalnej rewolucji
  • Adolf Warski - Budujący przykład
  • Adolf Warski ps. Jelski - Z powodu strejku rolnego w Galicji
  • „Iskra“ No 21, „Zarja“ - Projekt programu Rosyjskiej Socjaldemokratycznej Partii Robotniczej
  • M. - Zjazd doroczny partji socjalno-demokratycznej w Niemczech
  • T. - Kongres trades-unionów
  • U. - Kongres w Imola
  • R. - Kongres w Commentry
  • Leon Jogiches ps. Jan Tyszka - Kilka uwag w kwestji programu rosyjskiej socjaldemokracji
  • Adolf Warski ps. Jan z Czerniakowskiej - Z Kraju
  • X. - Zaburzenia antysemickie
  • J. - Socjalizm narodowej demokracji, czyli narodowa demokracja socjalizmu
  • W., Julian Marchlewski ps. J. Karski - Notatki
1903
Rok II, No 1 (styczeń 1903)
  • Spis treści
  • Adolf Warski - Kapitalistyczny jubileusz
  • Paul Singer - Biada zwycięzcom!
  • M. R. - Losy socjalpatriotyzmu w Niemczech
  • Róża Luksemburg - Pamięci „Proletarjatu“
  • Janusz Trąbczyński - Listy z Galicji
  • Przegląd czasopism
  • Adolf Warski ps. A. J. W. - Krytyka i bibliografja
  • Kronika społeczno-polityczna
Rok II, No 2 (luty 1903)
  • Adolf Warski - Polskie carosławie
  • Róża Luksemburg - Pamięci „Proletarjatu“ (Ciąg dalszy)
  • Adam Ettinger ps. S. Adamski - Związki fachowe w Niemczech
  • Rosyjscy socjaldemokraci o polskiej i o narodowościowej kwestji
  • Adolf Warski ps. Jan z Czerniakowskiej - Z Kraju
  • Przegląd czasopism
  • W. P. - Krytyka i bibliografja
  • Kronika społeczno-polityczna
Rok II, No 3 (marzec 1903)
  • Róża Luksemburg - Karol Marx
  • Adolf Warski - Karol Marx i Polska
  • Leon Jogiches ps. Jan Tyszka - „P. P. S.“ w Niemczech
  • W. P. - Manifest cara
  • Academicus - Smutny objaw
  • Przegląd czasopism
Rok II, No 4 (kwiecień 1903)
  • Adolf Warski - Burżuazyjne tradycje
  • Julij Martow - Najbliższe zadania socjalnej demokracji rosyjskiej
  • M. R. - Karol Kautsky o kwestji polskiej
  • Franciszek Mehring o kwestji polskiej
  • Leon Jogiches ps. J. T. - Z zaboru pruskiego
  • Przegląd czasopism
  • Róża Luksemburg - Krytyka i bibliografja
  • Kronika społeczno-polityczna
Rok II, No 5 (maj 1903)
  • Adolf Warski - Po trupach kiszyniowskich
  • Karol Kautsky - Rzeź w Kiszyniowie i kwestja żydowska
  • Giovanni Lerda - Ruch socjalistyczny we Włoszech
  • Adam Ettinger ps. S. Adamski - Zamach na robotników holenderskich
  • Adolf Warski ps. J. Jelski - „P. S. F.“ i zjazd socjalistów ministerjalnych w Bordeaux
  • Jan z Czerniakowskiej - Z Kraju
  • Przegląd czasopism
Rok II, No 6 (czerwiec 1903)
  • Adolf Warski - O kult Sienkiewicza
  • M. R. - Wybory w Niemczech i socjaldemokracja
  • Leon Jogiches ps. Jan Tyszka - Socjalpatrjotyzm przed sądem wyborców
  •  
  • Ormianin U., członek „Socjaldemokratycznego Związku Kaukaskiego“, tł. Adolf Warski ps. J. J. - Z ruchu socjalistycznego na Kaukazie
  • Krytyka i bibliografja
  • Przegląd czasopism
  • Kronika społeczno-polityczna
Rok II, No 7 (lipiec 1903)
  • Adolf Warski - Manifest „organicznego wcielenia“
  • Quousque tandem?
  • Redakcja, Aleksander Parvus - Marxizm a oportunizm
  • Max Beer - Narodowy i imperjalistyczny okres kapitalizmu
  • Jan z Czerniakowskiej - Z Kraju
  • Przegląd czasopism
  • Kronika społeczno-polityczna
Rok II, No 8 (sierpień 1903)
  • Adolf Warski - Nasze stronnictwa skrajne
  • IV Zjazd Socjaldemokracji K. P. i L.
  • Aleksander Parvus, Karol Kautsky - Marxizm a oportunizm (ciąg dalszy)
  • Academicus - „Młoda Gwardja Socjalistyczna“
  • T. - Związki fachowe w Niemczech w 1902 r.
  • Przegląd czasopism
  • Kronika społeczno-polityczna
Rok II, No 9 (wrzesień 1903)
  • Adolf Warski - O duszę chłopską
  • Socjaldemokraci rosyjscy i „P. P. S.“
  • Julian Marchlewski ps. J. Karski - Zjazd niemieckiej partji socjaldemokratycznej w Dreznie
  • A. Ginsthal - Fata Morgana
  • Leon Jogiches ps. J. T. - W sprawie „Quousque tandem
  • Jan z Czerniakowskiej - Z Kraju
  • Przegląd czasopism
  • Kronika społeczno-polityczna
Rok II, No 10 (październik 1903)
  • Adolf Warski - Wyodrębnienie Galicji
  • Róża Luksemburg - Nacjonalizm a socjaldemokracja rosyjska i polska
  • Zygmunt Żuławski - O ruchu zawodowym w Austrji
  • R. - Kongres w Reims
  • T. - Kongres trades-unionów
  • Przegląd czasopism
  • Kronika społeczno-polityczna
Rok II, No 11 (listopad 1903)
  • Adolf Warski - Od piwnic aż do poddaszy
  • Adelheid Popp z d. Dworzak - Rozwój ruchu socjalistycznego pośród robotnic w Austrji
  • Adolf Warski ps. J. Jelski - Zjazd socjaldemokracji austrjackiej
  • Leon Jogiches ps. Jan Tyszka - Sprawa polska na drezdeńskim zjeździe niemieckiej socjaldemokracji
  • Kronika społeczno-polityczna
Rok II, No 12 (grudzień 1903)
  • Adolf Warski ps. War. - Studenci polscy i rewolucja
  • T. - Dziesiąty kongres socjaldemokracji bułgarskiej
  • U. - Z ruchu socjalistycznego na Kaukazie (odpowiedź)
  • Adolf Warski ps. A. J. W. - Krytyka i bibliografja
  • Przegląd czasopism
  • Kronika społeczno-polityczna
  • [Oświadczenie i omyłki drukarskie]
1904
Rok III, No 1 (styczeń 1904)
  • Od Redakcji
  • Adolf Warski - Konsolidacja Austrji
  • Julian Marchlewski ps. Karski - Imperializm rosyjski
  • Karl Liebknecht - Kałmycy Wschodu i Zachodu
  • Adolf Warski ps. Jelski - Rosja w Niemczech
  • Adolf Warski - Delegacja polska na II Zjeździe Socjaldemokratycznej Partji Robotniczej Rosji
  • Przegląd czasopism
  • Kronika społeczno-polityczna
Rok III, No 2 (luty 1904)
  • Adolf Warski - Polska, apporte!
  • Julian Marchlewski ps. Karski - Imperializm rosyjski (ciąg dalszy)
  • Dawid Riazanow - Zniesienie pańszczyzny w Rosji 19 lutego 1861 roku
  • Leon Jogiches ps. J. T. - Z powodu zeszłorocznych rozruchów antiżydowskich
  • M. R. - Jeszcze raz Karol Kautsky o kwestji polskiej
  • Praktyk. - W kwestjach organizacyjnych
  • Jan z Czerniakowskiej - Z Kraju
  • Tadeusz Waryński ps. Tadeusz Wa-ński - Bibliografja
  • Kronika społeczno-polityczna
Rok III, No 3 (marzec 1904)
  • Adolf Warski - „Najezdniczy“ carat i wojna
  • Karol Kautsky - Przedmowa do nowego polskiego wydania Manifestu Komunistycznego
  • Dr Borys Naumowicz Kriczewski - Od Tours do St. Etienne
  • Dawid Riazanow - Zniesienie pańszczyzny w Rosji 19 lutego 1861 roku (ciąg dalszy)
  • Przegląd czasopism
  • Tadeusz Waryński - Bibliografja
Rok III, No 4-5 (kwiecień-maj 1904)
  • Adolf Warski - Żółte niebezpieczeństwo, pruskie niebezpieczeństwo czy inna mistyfikacja
  • Adolf Warski ps. Jelski - Zjazd w Bolonii
  • Oda Olberg-Lerda - Po zjeździe w Bolonii
  • Rolnik - Kilka uwag o interesach państwowo-rosyjskich rolnictwa polskiego
  • Młody - O stosunku organizacji młodzieży socjalistycznej do partji
  • Jan z Czerniakowskiej - Z Kraju
  • Przegląd czasopism
  • Kronika społeczno-polityczna

 

Organe du SDKPil. Przegląd Socjaldemokratyczny.  Rédacteur en chef: Leo Jogiches. Articles de Rosa Luxemburg, Julian Marchlewski, Adolf Warski ... Sommaire
1908 - 1910
Rok IV, No 1 (marzec 1908)
  • Spis rzeczy
  • Przed i po wybuchu rewolucji
  • Nacjonalizm podczas rewolucji
  • Franciszek Mehring - Karol Marx
  • Róża Luksemburg - Zastój i postęp w marxizmie
  • August Bebel - Walka o prawo wyborcze w Prusach
  • Lew Trocki - Losy rewolucji rosyjskiej
  • Róża Luksemburg - Likwidacja
  • Rząd pruski i polityka wynarodawiania
  • Burżuazyjne prądy w robotniczym ruchu zawodowym
  • Z Kraju
  • Krytyka i bibliografja
  • Przegląd czasopism
  • [Omyłki drukarskie]
Rok IV, No 2 (kwiecień 1908)
  • Adolf Warski - Nieco o Demokracji Narodowej
  • Włodzimierz Lenin - Przyczynek do oceny rewolucji rosyjskiej
  • Róża Luksemburg - Likwidacja (ciąg dalszy)
  • Lew Trocki - Losy rewolucji rosyjskiej (ciąg dalszy)
  • Julian Marchlewski ps. Karski - W kwestji zadań naszych wobec robotników wiejskich i włościan
  • Artur Stadthagen - Nowy zamach na klasę robotniczą
  • Spartacus - Z Kraju
  • N. T. i inni - Z prasy partyjnej
  • K.-ek - Krytyka i bibljografja
  • Przegląd czasopism
Rok IV, No 3 (maj 1908)
  • Róża Luksemburg - Nauki trzech Dum
  • Grigorij Aleksinski - Koło Polskie w rosyjskiej Dumie
  • Karl Radek - Ruch współdzielczy na usługach kontrrewolucji i kapitału
  • Lew Trocki - Losy rewolucji rosyjskiej (ciąg dalszy)
  • Julian Marchlewski ps. Karski - W kwestji zadań naszych wobec robotników wiejskich i włościan (ciąg dalszy)
  • John Bertram Askew - Ruch socjalistyczny w Anglji
  • Jan z Czerniakowskiej - Z kraju
  • K.-ek - Krytyka i bibljografja
  • Ludwika Kautska, am., gh. i inni - Przegląd czasopism
Rok IV, No 4 (czerwiec 1908)
  • Róża Luksemburg - Kankan kontrrewolucji
  • Dawid Riazanow - Socjaldemokracja Rosji a ruch zawodowy
  • Heinrich Ströbel - Zwycięstwo wyborcze Socjaldemokracji w Prusiech
  • Julian Marchlewski ps. Karski - W kwestji zadań naszych wobec robotników wiejskich i włościan (ciąg dalszy)
  • Lew Trocki - Kryzys w partji (Losy rewolucji rosyjskiej)
  • Grigorij Aleksinski - Koło Polskie w rosyjskiej Dumie (dokończenie)
  • Mieczysław Broński - W sprawie bojkotu uniwersytetu warszawskiego
  • Spartacus - Z kraju
  • N. T., M. R. - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska i inni - Przegląd czasopism
Rok IV, No 5 (lipiec 1908)
  • Róża Luksemburg - Czarna karta rewolucji
  • Piotr Pawłowicz Masłow - Przyczynek do uzasadnienia programu rolnego Socjaldemokratycznej Partji Robotniczej Rosji
  • Karol Kautsky - Związki zawodowe i partja
  • Julian Marchlewski ps. Karski - W kwestji zadań naszych wobec robotników wiejskich i włościan (ciąg dalszy)
  • Lew Trocki - W czym się różnimy? (Losy rewolucji rosyjskiej)
  • St. Nowicki - Polityka społeczna kontrrewolucji
  • J. Jäckel - Kongres niemieckich związków zawodowych
  • A. Marcinowicz - Jeszcze w sprawie bojkotu uniwersytetu warszawskiego
  • Spartacus - Z kraju
  • K-ek - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska i inni - Przegląd czasopism
Rok IV, No 6 (sierpień 1908)
  • Lew Trocki - Polityka międzynarodowa i rewolucja
  • Róża Luksemburg - Kwestja narodowościowa i autonomja
  • Włodzimierz Lenin - Program rolny Socjaldemokracji w rewolucji rosyjskiej
  • Henri de Man - Przyczynek do oświetlenia i krytyki belgijskiego ruchu robotniczego
  • K. Słodkowski - Uniwersytet warszawski na usługach kontrrewolucji
  • A. Kijeński - W sprawie bojkotu uniwersytetu warszawskiego
  • H. Krakowski - Przeciw bojkotowi uniwersytetu warszawskiego
  • Spartacus - Z kraju
  • K-ek, J. P. - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska, gh. i inni - Przegląd czasopism
Rok IV, No 7 (wrzesień 1908)
  • Julian Marchlewski ps. Karski - Dziesięć lat rewizjonizmu
  • Piotr Pawłowicz Masłow - W sprawie programu rolnego
  • Róża Luksemburg - Kwestja narodowościowa i autonomja (ciąg dalszy)
  • Anton Pannekoek - Socjalizm w Holandji
  • Aleksander Małecki - Kilka uwag w sprawie rozwoju naszej partji
  • Róża Luksemburg - Pogrobowiec utopijnego socjalizmu
  • Ludwika Kautska - Konferencja socjalistek niemieckich
  • Karl Radek - Stan Socjaldemokracji Niemiec przed zjazdem norymberskim
  • Spartacus - Z kraju
  • K-ek - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska i inni - Przegląd czasopism
Rok IV, No 8-9 (październik-listopad 1908)
  • Lew Trocki - Bałkany, kapitalistyczna Europa a carat
  • Róża Luksemburg - Kwestja narodowościowa i autonomja (ciąg dalszy)
  • Włodzimierz Lenin - Uwagi z powodu „odpowiedzi“ P. Masłowa
  • Karol Kautsky - Chrześcijaństwo a Socjaldemokracja (ostatni rozdział „Początków Chrześcijaństwa“)
  • Karl Radek - Demokracja chrześcijańska
  • Emanuel Wurm - Zjazd norymberski
  • Więzień z X pawilonu - Z kraju
  • K-ek, J. P. - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska, gh., wn. i inni - Przegląd czasopism
Rok IV, No 10 (grudzień 1908)
  • Adolf Warski - VI Zjazd
  • Lew Trocki - Duma a „ustawa 22 listopada“
  • Róża Luksemburg - Kwestja narodowościowa i autonomja (dokończenie)
  • Julian Marchlewski ps. Karski - Polskie programy burżuazyjne w kwestji rolnej
  • Oda Olberg-Lerda - Trzy lata rozwoju partji włoskiej
  • Karl Radek - Demokracja chrześcijańska (ciąg dalszy)
  • Więzień z X pawilonu - Z kraju
  • A. M., J. K. - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska, gh. i inni - Przegląd czasopism
1909
Rok V, No 11 (maj 1909)
  • Adolf Warski - Syzyfowa praca
  • Róża Luksemburg - Rewolucyjny katzenjammer
  • Lew Trocki - Bankructwo teroru i jego partji
  • Karl Radek - Carat na Bałkanie
  • Zdzisław Leder - Z powodu pewnej historji ruchu zawodowego w Rosji
  • Anton Pannekoek - Rozłam w partji holenderskiej
  • Julian Marchlewski ps. Karski - Przegląd ekonomiczny
  • Jan z Czerniakowskiej - Z kraju
  • wn. - Z prasy partyjnej
  • Julian Marchlewski ps. J. K. - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska, gh. i inni - Przegląd czasopism
  • List do Redakcji Przeglądu Socjaldemokratycznego
Rok V, No 12 (czerwiec 1909)
  • Adolf Warski - Reakcja polska w samotrzasku
  • Lew Trocki - Włosciaństwo a Socjaldemokracja
  • Róża Luksemburg - Kwestja narodowościowa i autonomja
  • Karl Radek - Charakter i perspektywy rewolucji tureckiej
  • Julian Marchlewski ps. Karski - Tendencje kapitalistycznego rozwoju Niemiec w świetle statystyki
  • John Bertram Askew - Kryzys w Niezależnej Partji Pracy
  • Jan z Czerniakowskiej - Z kraju
  • wn. - Z prasy partyjnej
  • Zdzisław Leder ps. Z. L. i (Karl Radek?) K-ek - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska - Przegląd czasopism
Rok V, No 13 (lipiec 1909)
  • Adolf Warski - Targi o Chełmszczyznę
  • Róża Luksemburg - Pomnik hańby
  • Zdzisław Leder - Marx i Engels o zadaniach politycznych związków zawodowych
  • Compère-Morel - Kwestja rolna we Francji
  • Jan z Czerniakowskiej - Z kraju
  • wn. - Z prasy partyjnej
  • Ludwika Kautska, J. K. i inni - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska, gh. i inni - Przegląd czasopism
Rok V, No 14-15 (sierpień-wrzesień 1909)
  • Zdzisław Leder - Szkice z polskiej polityki bieżącej
  • Lew Trocki - Kłopoty zewnęrzne i wewnętrzne
  • Róża Luksemburg - Kwestja narodowościowa i autonomja
  • Julian Marchlewski ps. Karski - Gorzałka a patrjotyzm Koła Polskiego w Berlinie
  • Louis B. Boudin - Sytuacja polityczna w Stanach Zjednoczonych a partja socjalistyczna
  • Aleksander Małecki - Kilka uwag z powodu listu K. Kautskyego
  • Obserwator - Przegląd polityki międzynarodowej
  • Więzień z X paiwlonu - Z kraju
  • J. K. - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska, gh. i inni - Przegląd czasopism
Rok V, No 16 (październik 1909)
  • Adolf Warski - Ojcowie i dzieci
  • Piotr Pawłowicz Masłow - Owoce polityki agrarnej
  • Henryk Konaszewicz - Śmieszna tragedja polskiej nędzy
  • Karl Radek - Polityka imperjalizmu a proletarjat
  • Z pamiętników więźnia
  • Julian Marchlewski ps. Karski - Zjazd Parji Socjaldemokratycznej Niemiec
  • Zdzisław Leder - Z międzynarodowego ruchu zawodowego
  • R. Neruda - W sprawie listu K. Kautsky’ego o „machizmie“
  • Jan z Czerniakowskiej - Z kraju
  • Obserwator - Przegląd polityki międzynarodowej
  • Aleksander Małecki - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska, gh. i inni - Przegląd czasopism
Rok V, No 17-18 (listopad-grudzień 1909)
  • Adolf Warski - Kontrrewolucja i klerykalizm
  • Julian Marchlewski ps. Karski - Ciężary imperjalizmu a refomry finansowe w Niemczech i w Anglji
  • Zdzisław Leder - Początki i koniec ruchu szkolnego
  • Henryk Schulz - Oświata robotnicza
  • Z pamiętników więźnia
  • Karl Radek - Kwestja indyjska
  • Fryderyk Engels - Postęp reformy społecznej na lądzie stałym
  • Jan z Czerniakowskiej - Z kraju
  • Obserwator - Przegląd polityki międzynarodowej
  • Adolf Warski, M. B. - Krytyka i bibliografja
  • Ludwika Kautska, gh. i inni - Przegląd czasopism
1910
Rok VI, No 19 (czerwiec 1910)
  • Adolf Warski - „Socjaliści“ do usług japońskiego szpiega wojskowego
  • Lew Kamieniew - Szkice z Dumy
  • Oda Olberg - Andrea Costa
  • Róża Luksemburg - August Bebel
  • Theodor Rothstein - Przesilenie polityczne w Anglji
  • Charles L. Rappoport - Wybory do parlamentu we Francji
  • Siemion Siemkowski - Dwa lata ruchu zawodowego w Rosji
  • Z pamiętników więźnia (Dokończenie)
  • Julian Marchlewski ps. Karski - Przegląd ekonomiczny
  • Obserwator - Przegląd polityki międzynarodowej
  • Jan z Czerniakowskiej - Z kraju
  • Zdzisław Leder i inni - Krytyka i bibljografja
  • Ludwika Kautska - Przegląd czasopism
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13 mai 2022 5 13 /05 /mai /2022 19:00
Biographie par Horst Schumacher - Feliks Tych chez Dietz Verlag 1966

Biographie par Horst Schumacher - Feliks Tych chez Dietz Verlag 1966

"Une chose est sûre aujourd'hui : aucun pouvoir au monde, aucun Noske ni aucun Ebert n'arrachera plus l'idée du système des conseils du cœur des ouvriers. Le système s'est déjà trop profondément enraciné. Cet "enracinement" est bien plus profond que n'importe quel "enracinement" dans la Constitution. Nous n'avons pas peur; le cri de lutte des ouvriers révolutionnaires résonnera bientôt partout comme un cri de victoire : 'Tout le pouvoir aux soviets'." Julian Marchlewski - Karski

Nous sommes le 13 mars 1919.

Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht ont été assassinés le 15 janvier. Février, la Ruhr se met en grève. Le 3 mars, la grève générale est décidée à Berlin. C'est le début d'un deuxième acte de violence et de répression de l'Etat qui voit l'assassinat de Leo Jogiches et se termine par les 1200 morts d'un quartier de Berlin, Lichtenberg.

Nous sommes le 13 mars 1919, un homme déjà âgé passe la frontière vers la Pologne caché parmi un groupe d'ouvriers agricoles polonais. Sans argent, sans papier. Des camarades ont organisé en hâte sa fuite devant les corps francs, les troupes de Noske.

 

C'est Julian Marchlevski, Karski. L'une des plus belles figures du mouvement ouvrier. Rosa Luxemburg a fait sa connaissance adolescente à Varsovie. L'a retrouvé en exil à Zurich, a fondé avec lui, Leo Jogiches et d'autres camarades leur parti commun, le SDKPiL. Ils lutteront ensemble et sur des bases communes jusqu'à ces assassinats.

 

Emprisonné après la manifestation du 1er mai 1916, russe de nationalité, il est libéré dans le cadre d'un échange.

Il était revenu en Allemagne à l'appel de Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht et Leo Jogiches.  Entré illégalement, il n'était arrivé à là Berlin que le 18 janvier, 3 jours trop tard.

 Il pourra voir Franz Mehring avant que lui aussi ne disparaisse emporté par l'épuisement.

 

Dans et contre l'Allemagne social-démocrate "réformiste" de Noske et Ebert-Scheidemann, le combat des ouvriers pour la socialisation de l'économie et la défense des conseils ouvriers se développe. En fé­vrier 1919, Marchlevski se rend dans la Ruhr où, soutenu par les ouvriers, il devient le collaborateur scientifique de la commission chargée d’étudier la sociali­sation des charbonnages. Combattue par les syndicats et la social-démocratie au pouvoir la grève doit s'interrompre le 21 février.

 

Marchlewski devient alors devient la cible d'une campagne de presse et d'Etat telle celle menée contre Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. Car, ce qui caractérise en effet cette répression, c'est la volonté non seulement de combattre mais de de détruire au sens propre les penseurs et militants les plus représentatifs.

 

De ce combat, quatre brochures reprenant ses discours témoigneront des idées pour lesquelles il se battait, dont celle dont est issue la citation "Das Rätesystem" :

"Une chose est sûre aujourd'hui : aucun pouvoir au monde, aucun Noske ni aucun Ebert n'arrachera plus l'idée du système des conseils du cœur des ouvriers. Le système s'est déjà trop profondément enraciné. Cet "enracinement" est bien plus profond que n'importe quel "enracinement" dans la Constitution. Nous n'avons pas peur; le cri de lutte des ouvriers révolutionnaires résonnera bientôt partout comme un cri de victoire : 'Tout le pouvoir aux soviets'."

Sculpture de Reinhardt Jacob. Station de métro rue Julian Marchlewski à Berlin.

Sculpture de Reinhardt Jacob. Station de métro rue Julian Marchlewski à Berlin.

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7 mai 2022 6 07 /05 /mai /2022 15:41
Faits prisonniers. Souvent maltraités, fusillés. La loi de Noske dans les rues de Berlin.

Faits prisonniers. Souvent maltraités, fusillés. La loi de Noske dans les rues de Berlin.

"Toute  personne rencontrée dans la rue après six heures du soir par les patrouilles est fusillée sans autre forme de procès."

Dossier Berlin,  mars 1919 - Mars 1919 dans l'Humanité

 

La lecture de l'article du 6 mars 1919 dans l'Humanité révèle crument le décalage entre ce qui se passe réellement et les mots indifférents, froids, glaçants employés dans l'article, quand on connaît la réalité des faits.

 

. Le terme indifférencié de spartakistes (ou spartaciens selon les cas!), est toujours utilisé quand on veut créer la distance, condamner, on distingue ainsi clairement l'analyse réformiste sous-jacente à ces articles, d'autant que ce terme avait été assimilé dans un article précédent à terrorisme.

 

. Les précédents articles témoignaient d'une véritable méconnaissance du mouvement. Une incise remet dans cet article les choses partiellement en place :

 

Nous savons, cependant, que le C.0..S. berlinois n'est pas spartakiste loin de là. Les dernières élections ont envoyé une majorité fidèle au vieux parti et, si l'on a annoncé des élections nouvelles, elles n'ont pu être faites déjà. Ce ne seraient donc point les extrémistes qui auraient décrété la grève, mais les militants qui avaient fidèlement soutenu jus-qu'ici la politique de Scheidemann et d'Ebert.

Partiellement car cela n'est pas exact historiquement. Les majoritaires ont rejoint le mouvement quand ils ont compris que la grève ne pouvait être empêchée (Ils  tenteront de le noyauter ensuite, en tous les cas de le freiner. (Les compte rendus conservés permettent de suivre précisément les processus).

Corps francs (ici Reinhardt) et armée dans les rues de Berlin. L'Humanité traduit Freikorps par "Volontaire"s, terme positif qui ne traduit pas la réalité de ces troupes!

Corps francs (ici Reinhardt) et armée dans les rues de Berlin. L'Humanité traduit Freikorps par "Volontaire"s, terme positif qui ne traduit pas la réalité de ces troupes!

Le plus terrible dans cet article est cependant l'indifférence face à la répression décrite : méconnaissance, indifférence par rapport à Gustav Noske et froideur glaçante face aux mesures prises qui revient de fait à une approbation  des tribunaux expéditifs, du décret permettant de tirer sans sommation ni jugement :

 

"On signale, d'autre part, des troubles spartakistes que Noske entend réprimer selon sa manière, qui est la forte."

 

Actuellement, les troupes du gouvernement entrent à Berlin de tous côtés. La  ville a été occupée militairement la nuit dernière.

 

"Noske a prescrit, dès son arrivée à Berlin, des mesures très rigoureuses. Des cours martiales fonctionnent dans les différents quartiers de Berlin et les faubourgs. Toute personne rencontrée dans la rue après six heures du soir par les patrouilles est fusillée sans autre forme de procès." (Radio).

 

"Les journaux révolutionnaires occupés militairement. La Liberté et le Drapeau Rouge ont été occupés militairement. Ils n'ont pas paru ce matin. "

L'Humanité, 6 mars 1919
Dossier "Berlin, mars 1919".  Article du 6 mars dans l'Humanité. Un terrible décalage. (2)

LA RÉVOLUTION EN ALLEMAGNE
A la faveur de la Grève Générale le mouvement spartakisme redouble d'intensité

Les dépêches restent obscures. II faut les interpréter. On annonce que le Comité exécutif du C.0.S. a pris la responsabilité
de décréter la grève générale à Berlin. On signale, d'autre part, des troubles spartakistes que Noske entend réprimer selon sa manière, qui est la forte.

Nous savons, cependant, que le C.0.S. berlinois n'est pas spartakiste loin de là. Les dernières élections ont envoyé une majorité fidèle au vieux parti et, si l'on a annoncé des élections nouvelles, elles n'ont pu être faites déjà.

Ce ne seraient donc point les extrémistes qui auraient décrété la grève, mais les militants qui avaient fidèlement soutenu jusqu'ici la politique de Scheidemann et d'Ebert.

Si un tel fait est exact, il est d'une importance extrême pour l'avenir de l'Allemagne. C'est en effet sur la discipline et matérielle du vieux parti que s'appuyait l'expérience, tentée à Weimar d'une révolution purement politique sous la Section socialiste et libérale.

 

Le Conseil de Berlin s'est-il rallié à la politique des indépendants ? Attendons des informations plus précises.

Il essaie, paraît-il, de maintenir l'ordre, donnant pleins pouvoirs aux troupes pour résister à certains émeutiers. Mais il exige des mesures vigoureuses libération des détenus politiques, dissolution des tribunaux militaires, organisation de tribunaux populaires, reprise des rapports normaux avec la Russie.

II entend que les responsables de la guerre et de la défaite soient jugés, que les meurtriers de Liebknecht, de Rosa Luxem-
bourg, d'Eisner soient arrêtés.

Que fera le gouvernement ? Les dépêches rendent compte des débats de Weimar. L'attention est retenue plutôt par le mouvement qui secoue les masses populaires.

 

Répression ? Composition ? M. D.


L'INSURRECTIOH A BERLIN
Bâle, 4 mars. On mande de Berlin au Frankfurter General-Anzeiger

Les informations parvenues disent qu'une attaque s'est produite hier soir contre la présidence de la police l'attaque a été immédiatement repoussée. Il y aurait cinq morts du côté des assaillants. Actuellement, les troupes du gouvernement entrent à Berlin de tous côtés. La  ville a été occupée militairement la nuit dernière. A huit heures, toute la circulation dans la rue a été suspendue.

Le bruit a couru que les Spartakistes occuperaient le quartier des journaux vers huit heures.

Le gouvernement a pris aussitôt des mesures préventives.

Peu après que la motion des communistes déclarant la grève générale eut été adoptée, des désordres spartaciens se manifestèrent sur divers points de la ville. Des rassemblements et des  petites fusillades eurent lieu sur La Place Alexandre  il y a eu une victime.

À la Weimarerstrasse et à l’Alexanderstrasse, les Spartakistes provoquèrent des échauffourées.

Attaque sur la gare du Nord. Des pillages se sont produits à Alexanderplatz. Tout démontre que les Spartakistes veulent terroriser Berlin comme en janvier, mais, ils trouveront, la  résistance insurmontable du gouvernement!

Il est décidé à maintenir l'ordre et le calme en toutes circonstances. (Havas)

 

La répression
D'après les nouvelles, qui parviennent de Berlin, la lutte est acharnée entre spartakistes et troupes gouvernementales.

Une division, de marine à l'Alexanderplatz. Dans le faubourg de Lichtenberg, les troupes sont entrées en contact avec les émeutiers. On a relevé trois spartakistes tués et 1m t blessés.
Plusieurs milliers de soldats des troupes gouvernementales ont manifesté leurs sympathies pour les spartakistes et les indépendants ? Attendons des informations plus précises.

Noske a prescrit, dès son arrivée à Berlin, des mesures très rigoureuses. Des cours martiales fonctionnent dans les différents quartiers de Berlin et les faubourgs. Toute personne rencontrée dans la rue après six heures du soir par les patrouilles est fusillée sans autre forme de procès. (Radio).

D'autre part, on télégraphie à l'Agence Havas que l'effectif des troupes gouvernementales au grand Berlin est porté à
8.000 hommes.

La division Reinhardt s'opposera à la grève générale.

Les journaux révolutionnaires occupés militairement
Bâle, 4 mars, On mande de Berlin à la Gazette de Francfort

La Liberté et le Drapeau Rouge ont été occupés militairement. Ils n'ont pas paru ce matin.
Suivant le Frankfurter General-Anzeiger, hier soir, peu après 7 heures, le trafic a été suspendu et à 8 heures, c’est au tour du chemin de fer aérien.

Le personnel du chemin de fer souterrain a été contraint par les voyageurs de faire partir un deuxième convoi. (Havas.).

Berlin redevenu calme
Bâle, 5 mars. On télégraphie de Berlin Hier, la ville de Berlin a été complètement calme. Comme la circulation des tramways est arrêtée, d'innombrables piétons, des autos, des fiacres et des véhicules de toutes sortes encombrent les rues. De nombreux magasins sont ouverts. Les postes et télégraphes fonctionnent encore. (radio.)

La grève générale étendue à toute l'Allemagne
Bâle, 5 mars. On mande de Berlin

 

Dans une assemblée de l'action spartkiste, on a décidé d'étendre le mot d'ordre de la grève générale à tout l'empire.
(Havas.)

A Weimar;
A l'assemblée nationale, Henke, indépendant, a critiqué le projet de constitution II lui refuse le caractère socialiste en raison des indemnités prévues pour les expropriations. Selon lui, le système des C.O.S. doit prédominer dans la constitution. Il annonça que les ouvriers résisteront à la violence jusqu'à la victoire de leurs idées.

 

La Diète bavaroise à Bamberg

Le 4 mars. On mande de la Gazette de Francfort, de Weimar, que la Diète bavaroise s'est réunie, lundi à Bamberg au
lieu de Munich. (Havas.)

La loi sur la socialisation
La loi sur la socialisation proposée par le gouvernement, a la teneur suivante

Article premier. Tout Allemand doit utiliser ses forces intellectuelles et corporelles que demande le bien de la généralité, sa force du travail, comme bien supérieur est placé sous la protection de l'Empire. Pour autant que l'Allemand ne peut pas trouver l'occasion de travailler, l'entretien nécessaire lui sera accordé d'après les règles fixées, par les lois spéciales de l'Empire, à la charge du trésor public.
 

Art. 2. II appartient à l'Etat de transmettre à la communauté économique allemande et ̃ entreprises économiques et leurs valeurs. En particulier, les richesses du sol et les forces naturelles, comme aussi de régler la production et la répartition des liens économiques en faveur de l’Empire, des Etats particuliers, des communes et des groupements de communes.

Art. 3. Tout ce qui concerne l'économie générale allemande est dirigé par des br. administratifs distincts et indépendants, sous le contrôle de l'Empire.

Art. 4. Pour l'exécution des dispositions précités à l'article deux sur l'exploitation des combustibles, des forces hydrauliques et autres sources d'énergie naturelle et des forces qui en découlent, il y sera pourvu par une loi d'Empire spéciale d’après les principes de la. communauté économique.

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4 mai 2022 3 04 /05 /mai /2022 19:07
Corps francs

Corps francs

Une fausse nouvelle d'un massacre commis par ceux que l'on nomme indistinctement "Spartakistes", un droit de tirer à vue et sans procès décrété par un ministre social-démocrate, des tribunaux d'exception pour des jugements sans juges, sans procès dans des cafés, des marins attirés dans un piège et abattus, le camarade de Rosa Luxemburg, Leo Jogiches assassiné d'une balle dans le dos comme Karl Liebknecht lors d'une prétendue tentative de fuite, des corps francs, troupes pré-fascistes employés contre des ouvriers et insurgés, un quartier de Berlin bombardé par voie aérienne pour la première fois dans une guerre intérieure, des mitrailleuses, des bombes ... 1200 morts reconnus.

 

Ce qui s'est passé en ce mois de mars 1919 à Berlin est invraisemblable.

 

Pourtant, en lisant les articles presque quotidiens de l'Humanité, une chose apparaît : On constate qu'elle n'a perçu ni l'importance des événements de Berlin, ni la violence extrême de la répression exercée par les socialistes majoritaires, en particulier par Noske, le ministre social-démocrate majoritaire, ni la gravité de l'utilisation des corps francs et de l'armée qui inaugurent le glissement vers les SA, le nazisme. Depuis plusieurs ouvrages sont parus en Allemagne qui décrivent cette révolution méconnue et assassinée avec une violente précision.

 

Triste aussi : une indifférence qui transparaît pour les ouvriers et révolutionnaires.

Tanks dans les rues de Berlin

Tanks dans les rues de Berlin

Dans l'Humanité du 1er mars
Noske dit :  « Par des procédés démagogiques tels qu'on n'en peut concevoir de plus dangereux, on essaie de travailler l'opinion contre les volontaires. Le but du discours de Cohn peut être seulement de détruire et de rendre inutilisable le dernier instrument qui nous ayons encore pour nous prémunir contre l'anarchie et l'effondrement." Noske cité dans l'Humanité du 1er mars 1919
L'Humanité - 1er mars 1919

L'Humanité - 1er mars 1919

Les articles se composent en général de petites informations mises bout à bout et de différentes sources.

EN ALLEMAGNE
Dans l’expectative


La situation en Bavière reste la même. Le gouvernement de Berlin n'ose et ne peut, sans doute, intervenir.
Le commandant de la place de Munich ayant interdit les réunions, les spartakistes» décidèrent de résister, même par la  
force.
Le conseil central des onze n'arrive pas davantage à faire respecter son autorité. Les 2° et 3° corps bavarois ont refusé de  
lui obéir.
Suivant la Gazette de Voss, la situation à Munich est considérée comme grave. Les communistes ne sont pas seulement maîtres des édifices publics, des établissements et installations de transport, mais sont aussi en possession de l'imprimerie des
billets de banque.
Tous les membres bavarois de l'Assemblée nationale se sont réunis mercredi soir, sans distinction de partis, pour discuter la
situation.
Enfin, hier, le Congrès des C. O. S. a dû décider si la Bavière sera une République des Soviets ou un Etat parlementaire.
Les communistes auraient pris de nouveaux otages, entre autres, les « anciens ministres Dandl et Hertling.

Sympathies des socialistes berlinois
Bâle, 23 février. -- On télégraphie de Berlin
L'assemblée des C. O. S, berlinois a promis aide et assistance à la République bavaroise des Soviets. Elle a décidé d'élire un nouveau comité exécutif. La séance s'est achevée dans le tumulte le plus grand. Le président, Richard Muller, a appelé l'attention générale sur le danger que présentait pour Berlin la stagnation  industrielle et commerciale à laquelle était en proie l'Allemagne centrale. Il a mis les conseils des C. O. S. en garde contre l'anarchie économique et politique. - (Radio.)

Qui dirigera les affaires étrangères,?
Le docteur M.n, ancien directeur des usines Krupp, qui avait assisté, mercredi, a la séance du congrès des C. O. S. est subitement reparti pour Berne jeudi matin.
De son côté, M. Foerster, représentant de la Bavière à Berne, a décliné les offres du gouvernement. Le- ministère des affaires étrangères reste donc ainsi sans titulaire. - {Radio.)

Les députés protestent
On télégraphie d'Augsbourg que les députés membres de l'Assemblée nationale et appartenant à tous les partis ont publié une proclamation. Ils condamnent les meurtres politiques et toute espèce de dictature, reconnaissent à la Diète la seule autorité légale.
Ils protestent contre les spartakistes qui, disent-ils, ne sont point la majorité.

Fin des grèves d'Essen
Bâle, 28 février. - On télégraphie d'Essen :
Huit mille mineurs sont redescendu» dans les puits. Tous les puits travaillent à l'exception de treize. La grève peut donc être considérée comme virtuellement terminée. - (Radio.)
En revanche, on annonce que la situation est grave à Dusseldorff, qu'en Haute- Silésie on s'attend à la grève générale et que, à Bitterfeld et à Ecleenburg, des grèves de sympathie ont éclaté en faveur des spartakistes de Halle.
On s'attend même à ce que les villes industrielles de Géra et de Greiz se joignent au mouvement

A l'Assemblée Nationale
A l'Assemblée nationale, 1 majoritaire, Hue souligné le mouvement révolutionnaire, disant que le peuple est entraîné dans un abîme.
Un indépendant, Cohn, déclare : « Le gouvernement des majoritaires approuve que des mitrailleuses soient dirigées contre les grévistes. »
Noske dit :
« Par des procédés démagogiques tels qu'on n'en peut concevoir de plus dangereux, on essaie de travailler l'opinion contre les volontaires. Le but du discours de Cohn peut être seulement de détruire et de rendre inutilisable le dernier instrument que nous ayons encore pour nous prémunir contre l'anarchie et l'effondrement
« Les indépendants peuvent faire ce qu'ils veulent. La réception d'argent russe et son emploi est pour eux un chapitre si pénible, qu'ils ne pourront jamais se justifier devant le pays. »
La loi sur la défense nationale est ensuite votée.

Dans l'Humanité du 3 mars
« Nous combattrons sans pitié toute contrainte, toute erreur. "

Noske, cité dans  L'Humanité du 3 mars 1919

L'Humanité - 3 mars 1919

L'Humanité - 3 mars 1919

En 1ère page

La Révolution allemande

LE GOUVERNEMENT LANCE UN APPEL AU PEUPLE

Berne, 2 mars. - Le gouvernement d'Etat adresse à la classe ouvrière allemande un appel qui est reproduit par tous les journaux du 1er mars et dont voici les passages essentiels :

« L'anarchie économique et l'anarchie politique menacent de détruire l'empire. Les terroristes veulent supprimer par tous les moyens l'Assemblée nationale, issue du peuple, d'après le plus libre système électoral qui soit. Ils veulent couper Weimar du reste de l'empire et frapper définitivement l'Assemblée nationale et le gouvernement d'empire.

« Nous déclarons que l'Assemblée nationale doit poursuivre à tous prix ses travaux, afin de dominer la situation économique et politique dans laquelle se débat l'empire. C'est un mensonge  de prétendre que 1'Assemblée nationale et le gouvernement d'empire veulent frustrer le prolétariat des fruits de la révolution.

Nous restons inébranlablement attachés aux principes de la démocratie. Nous défendons le droit de disposer de lui-même, à l'intérieur comme à l'extérieur.

« Nos dangers économiques sont encore plus pressants que les dangers politiques; Nos stocks ne nous permettent plus d'alimenter l'empire jusqu'à la prochaine récolte. Le blocus ronge nos moelles. Des milliers d'Allemands, meurent de sous-alimentation. D'innombrables fabriques sont arrêtées et le nombre des chômeurs s'accroît; Le travail seul peut nous sauver ; toutes les grèves nous rapprochent de l'abîme. Dans l'Allemagne nouvelle, le travail est un devoir social ; nous réprimerons l'oisiveté et les vices qu'elle engendre.

« Nous combattrons sans pitié toute contrainte, toute erreur ; toutes les vies humaines nous sont sacrées- La révolution n'autorise pas les faits de violence et de meurtre. Après quelques années d'une guerre affreuse qui a anéanti tant de valeurs et qui a fait couler une mare de sang, nous ne voulons pas que la guerre civile vienne dévaster notre patrie. La majorité de 28 millions d'électeurs, a convoqué le gouvernement d'empire - Que Le peuple tout entier s'allie avec nous contre la violence. » .

Les Concessions gouvernementales

D'après les dernières dépêches, le gouvernement cherche toujours un compromis qui permette de donner dans 1a constitution une place aux conseils d'ouvriers. Une solution proposée serait de fonder des chambres de travail à côté des administrations des communes, des États et de l'Empire. Les chambres auraient le droit de vote sur toutes les mesures prises par les autorités, et de même que l'Assemblée nationale, pourraient réclamer le référendum.

Par ces questions dont on ne saurait méconnaître la portée, le gouvernement, espère éviter "la grève générale » préparée à Berlin pour le 5 mars. Hier, également la reprise du travail a commencé, dans le bassin de la Ruhr et la calme relatif qui semble devoir se rétablir en Bavière et en Allemagne centrale constitue un apaisement pour la population.

En même temps, on prévoit un crédit de deux millions de marks, dans le budget de guerre, pour remédier à la crise des logements. L'Information

 Dans l'Humanité du 4 mars
"Seul Noske envisage la situation avec sérénité. Il promet que dans quatre jours les troupes gouvernementales auront réduit les insurgés." Dans l'Humanité du 4 mars 1919
L'Humanité - 4 mars 1919

L'Humanité - 4 mars 1919

LA RÉVOLUTION OUTRE-RHIN

La Crise allemande paraît s'étendre

De longues et confuses dépêches annoncent que le spartakisme est en hausse.
Les grèves s'étendent à toute l'Allemagne. La Bavière résiste et tend à supprimer la représentation parlementaire. Des
manifestations sont annoncées à Berlin et tous les socialistes paraissent mécontents.
Le Vorwaerts, lui-même, envisage la démission du gouvernement.
Seul, Noske envisage la situation avec sérénité. Il promet que dans quatre jours les troupes gouvernementales auront ré
duit les insurgés.
Il nous est difficile de juger la situation avec certitude.
Il est certain que les troubles sont fréquents et graves.
Les C. O. S. et les indépendants paraissent disposés à prendre leur revanche.
Ils organisent un nouveau congrès et préparent de nouvelles élections de délégués.

À Berlin

Bâle, 3 mars. - De grandes manifestations sont projetées à Berlin pour les premiers jours de la semaine. On s'attend à
une grève générale ï l'électricité manquera probablement, demain. Le colonel Reinhardt, gouverneur de la ville, a déclaré
qu'il réprimerait le mouvement gréviste par tous les moyens. Hier et aujourd'hui, par suite d'une grève des compositeurs,
aucun journal n'est paru.


Le mécontentement augmente parmi les socialistes majoritaires qui estiment n'avoir pas retiré de la "révolution les résultats escomptés. Comme le gouvernement Scheidemann paraît impuissant, à donner satisfaction aux exigences des ouvriers, une crise sérieuse menace le Parti et la démission du gouvernement actuel est attendue à bref délai.
Dans un leader article, le Vorwaerts demande que le gouvernement ait le courage de démissionner s'il ne peut, pas obtenir  de l'Assemblée de Weimar qu'elle fasse droit aux exigences justifiées des travailleurs.  (Radio.)

En province

On annonce que les troupes gouvernementales sont entrées à Halle. La situation s'aggrave à Leipzig où la grève des bourgeois complique la situation. Sous la conduite de Rühle, la foule aurait enfoncé les portes de la prison et délivré les détenus.
Même incident à Koenigsberg ; à Thorn, au contraire, les troupes ont été les plus fortes.
Le Vorwaerts écrit qu'à Hambourg les troupes et les spartakistes se battent avec violence, Deux majoritaires auraient été
fusillés et cent douze spartakistes arrêtés.
A Brunswick, on a dû décider, hier, si l'on proclamerait la République de conseils.
A Dresde, la grève est décidée. Enfin, une dépêche Radio dit qu'à Weimar on s'attend à ce que les indépendants soient les maîtres de la situation.

Propagande aérienne

Bâle, 3 mars. - Samedi, vers midi, des avions survolèrent la ville. Ils lancèrent une proclamation émanant des garnisons.
bavaroises de Bamberg, Bayreuth, Sulzbach, Ratisbonne, Straubing, Erlangen, Ingolstadt ,Nuremberg et Furth.
Elle contenait une protestation formelle contre les violences exercées à Munich par une petite minorité. Elle réclamait un gouvernement purement socialiste et la réouverture immédiate de la Diète.
Elle déclarait, en outre, que les troupes bavaroises se plaçaient unanimement sur le terrain de la démocratie et réprouvaient toute dictature. Elle affirmait leur intention d'intervenir à main armée contre les spartakistes, si la nécessité l'exigeait.
La censure, empêchant les opinions politiques de se manifester librement à Munich, le commandement militaire du
3° corps décida de faire connaître au peuple l'opinion de l'armée par la  voie des airs. - (Radio).

La politique sociale des majoritaires

On mande de Munich :
Le parti socialiste majoritaire a déposé à l'Assemblée Nationale de Weimar, une motion de Auer, d'après laquelle la propriété des biens du sol nécessaire au maintien de l'économie publique, appartient à la nation seule. Le gouvernement est invité à réaliser l'étatisation des mines et de la production de l'énergie en faisant participer les ouvriers et les employés au contrôle de l'administration par l'organe des conseils de fabrique. - (Havas.)

Les grèves

Bâle. 3 mars. - On mande de Berlin :
Suivant les journaux, la grève continue dans les imprimeries des journaux Ullstein, Mosse et Scherl ; la Gazette de la Croix ne paraît pas non plus.
Suivant les Frankfurter Nachrichten, les mineurs du bassin houillier d'Altenbourg Meuselwitz ont décidé, à une grande majorité, de reprendre le travail lundi.


EN BAVIÈRE

Coalition socialiste

Il semble bien que la coalition entre majoritaires et indépendants soit maîtresse de la situation.
La Diète est dissoute, mais le rôle accordé aux C. O. S. n'est pas encore clairement délimité.
Le Congrès aurait, samedi, nommé de nouveau ministres : Segnitz (commerce) ; Simon (cultes) ; Nikiset (justice) ; Jaffé
(agriculture) ; U. (justice militaire) ; André (finances) ; Scheidt (transports).
Les éléments coalisés ont lancé une proclamation contre la grève générale et demandé le calme,
Lewin serait expulsé.


 

Dans l'Humanité du 5 mars
"Le gouvernement avait pu, après la mort tragique de Liebknecht et de Rosa Luxembourg, souffler un moment ... L'Allemagne de Scheidemann, de Spahn, de Naumann, après la grande tempête tentait de fonder une république parlementaire à l'exemple de l'occident."
"...La grève politique dirigée contre le gouvernement et contre l'Assemblée nationale sévit maintenant dans toute l'Allemagne centrale"Noske organise la répression ."

"L'état de siège a été proclamé à Bénin, Spandau, T. et N. Noske commandant suprême
a exhorté la population à éviter tout excès ; les perturbateurs seront traduits devant une cour martiale extraordinaire. La garnison de Berlin a été renforcée de 8 000 hommes."

 

 

 

L'Humanité - 5 mars 1919

L'Humanité - 5 mars 1919

LA RÉVOLUTION ALLEMANDE

Gouvernement et C.O.S.

Le mouvement révolutionnaire qui dormait n'attendait qu'un signal pour se réveiller. L'assassinat de Kurt Eisner a marqué une heure nouvelle pour la révolution allemande.

Le gouvernement avait pu, après la mort tragique de Liebknecht et de Rosa Luxembourg, souffler un moment. L'assemblée
de Weimar, dans un calme relatif, discutait les termes de la nouvelle constitution. L'Allemagne de Scheidemann, de Spahn,
de Naumann, après la grande tempête tentait de fonder une république parlementaire à l'exemple de l'occident. Mais le
vent souffle de nouveau. Scheidemann, après une première résistance, paraît près de capituler. Le problème oui occupe le
gouvernement est compliqué. Comment concilier la représentation parlementaire et les organismes populaires des C O S ?

L'agitation prolétarienne semble déjà inquiéter les milieux officiels : on parle ouvertement d'un nouveau ministère où
les indépendants rentreraient et dont les partis bourgeois seraient exclus.

Nous n'en sommes peut être pas encore là. Mais nous ne pouvons oublier qu'il y a huit jours, Scheidemann combattait les
conseils et menaçait de les dissoudre. Aujourd'hui, il les reconnaît.

LE GOUVERNEMENT TEMPORISE

Londres, 4 mars. - On télégraphie de Stockholm au Times :

On s'attend à apprendre à chaque instant que des événements graves sont survenus en Allemagne.

La grève politique dirigée contre le gouvernement et contre l'Assemblée nationale sévit maintenant dans toute l'Allemagne
centrale. Elle n'a mas encore atteint Berlin, mais l'agitation prolétarienne y est intense.

Le gouvernement commence à comprendre qu'il devra modifier sa politique et la diriger de manière à satisfaire aux exigences des Conseils des ouvriers et soldats. Il n'est plus maître de la situation, étant donné qu'il se trouve menacé à la fois par la réaction et par le mouvement ouvrier.

Des efforts considérables sont faits dans la coulisse pour amener Scheidemann à jeter par-dessus bord ses collègues du centre et du parti démocratique en vue de former un ministère purement socialiste. Il y a lieu d'ajouter que des tentatives seront faites pour obtenir l'entrée des socialistes indépendants dans le nouveau ministère. - (L'Information.)

Scheidemann ébranlé

Londres, 4 mars. - Le correspondant des Daily News à Berlin dit que l'appel du gouvernement Scheidemann, demandant au peuple de lui accorder sa confiance, vient trop tard. Il est d'ailleurs douteux que cet appel ait une efficacité quelconque, car le gouvernement a déjà perdu complètement la confiance des ouvriers ainsi qu'en témoigne l'extrême tension oui prévaut dans tous les milieux travaillistes de l'Allemagne entière. - (L'Information,)

Manifeste spartakiste

Bâle. 4 mars. - On télégraphie de Berlin :

Le Drapeau Rouge, organe des Spartakistes, publie un manifeste dans lequel il énumère une longue liste de revendications
prolétariennes.

Il demande l'élection de conseillers de surveillance dans toutes les usines et toutes les entreprises ; l'abolition du régime
arbitraire instauré par la soldatesque ; le rétablissement de la liberté d'associations et de la lilberté de réunions ; la transmission des pouvoirs de la police aux associations ouvr ères ; la dissolution de la garde blanche, et le désarmement des officiers, des étudiants et des bourgeois.

Il exige, en outre, la création immédiate d'une garde rouge : la libération de tous les prisonniers et de tous les condamnés
politiques ; l'établissement, d'un tribunal révolutionnaire ; la conclusion immédiate fie la paix avec la Russie et le rétablisse
ment des relations diplomatiques avec le gouvernement des Soviets. - (Radio).

Noske organise la répression

Bâle, 4 mars. - L'état de siège a été proclamé à Bénin, Spandau, T. et N. Noske commandant suprême a exhorté la population à éviter tout excès ; les perturbateurs seront traduits devant une cour martiale extraordinaire. La
garnison de Berlin a été renforcée de 8 000 hommes.

A Koenigsberg, la milice et la marine ont été désarmées par les troupes du Gouvernement.

D'autre part, on mande de Berlin que, pendant la séance du Congrès des indépenlants, le président Haase a annoncé l'arrestation de Kuhnt, président de la République de Oldenburg. Kuhnt a été arrêté selon toute apparence sur l'ordre de Noske. On l'a amené d'abord à Brème et ensuite à Berlin.

Faerber, député, président du Conseil des Ouvriers de Munster, et Koehnel, député de l'Assemblée nationale, furent aussi
arrêtés à Halle.

Le Congrès a envoyé au gouvernement de Weimar un télégramme d’énergique protestation. - (Radio).

Manifestation des C. O.S. berlinois

Berne, 3 mars. - Une réunion plénière de tous les conseils d'ouvriers de l'agglomération berlinoise s'est prononcée pour le
maintien des comités d'ouvriers et pour l'extension de leurs attributions.

Une deuxième résolution somme le gouvernement de dissoudre immédiatement tous les conseils municipaux et de procédé à de nouvelles élections. La réunion a protesté aussi contre la nouvelle convention signée entre la municipalité berlinoise
et lots boulangers, qui a eu pour conséquence de faire élever le prix du pain. - (Havas).

La nationalisation des mines

Suivant le Vorwaerts, l'établissement du projet concernant la reprise par l'Empire du syndicat des charbons est si avancé
qu'il 'pourra être soumis prochainement à l'Assemblée nationale.

Le gouvernement travaille depuis quelques semaines à uns nouvelle grande loi sur les ouvriers. -' (Havas).

La rage de plaisir

Berne, 4 mars. - Le Berliner Tageblatt du 27 février reproduit la note officielle suivante :

« La guerre, la famine et la révolution ont ravagé la conscience du peuple allemand. Le respect de la loi et du droit, des
convenances et des moeurs a disparu d'une manière effrayante. Alors que la détresse de notre pays est épouvantable, on voit se manifester, "notamment dans les grandes villes, une rage de plaisir qui déconcerte. Il semble qu'une grande partie du peuple est en proie à un vertige que va suivre peut-être un terrible réveil. C'est en vain que retentissent tous les avertissements  
des gens raisonnables, des maîtres de la jeunesse, des prêtres et des pasteurs.- C'est en vain que l'on entend des représentante
des puissances ennemies exprimer leur réprobation : rien ne modère la fureur de danses. On ne tient pas comme des règlements de la police, ni de l'économie de lumière que nécessite la rareté du charbon. Pendant toute la nuit, on mène
joyeuse vie et on danse jusqu'au jour. »

Ce tableau curieux est suivi de menaces énergiques contre les établissement de plaisir qui resteraient ouverts après l'heure réglementaire. On signale d'autre part que la ville dé Berlin a décidé de couper le courant électrique de nombreux établissements de nuit qui usaient trop de lumière.

Le kaiser et son état-major seront jugés par le peuple

Bâle, 4 mars, - La séance des conseils d'ouvriers de Berlin qui a décidé la grève par environ deux tiers de voix, a demande
1a libération des détenus politiques, spécialement de Ledebour et de Radek, la dissolution des tribunaux militaires, le rétablissement des rapports politiques et économiques avec la Russie, la dissolution du corps des volontaires, la transformation des tribunaux existants en tribunaux populaires.

On a passé ensuite au vote de la proposition du Drapeau Rouge demandant là comparution de certains hommes politi-
ques devant le tribunal populaire ; la première partie demandant que le kaiser et le kronprinz, le maréchal Hindenburg et le
général Ludendorff soient jugés a été acceptée ; la deuxième partie demandant la mise en jugement d'Ebert, Scheidemann
et Noske a été repoussée ; en troisième lieu, on a décidé de faire comparaître devant le tribunal révolutionnaire les meurtriers de Rosa Luxembourg, de Liebknecht et des socialistes de gauche.

LA GRÈVE GENERALE A BERLIN

Berne, 4 mars. - On apprend de Berlin que le C. O. S. vient de proclamer la grève générale pour toute l'agglomération berlinoise. La discussion semble avoir été excessivement orageuse.

La Ligue spartakiste publie, dans le Rote Fahne, un grand appel en faveur de la grève générale.

Immédiatement après la proclamation de la grève, des désordres ont éclaté sur différents points de la ville ; des coups de
feu ont été échangés. On signale quelques victimes.

Une attaque dirigée par les spartakistes contre la gare du Nord a été repoussé dans la soirée, et les insurgés ont essayé sans succès de s'emparer de la préfecture. Cinq des émeutiers ont été tués.

Le gouvernement a pris des mesures très énergiques ; l'état de siège a été proclamé.

L'attitude des troupes n'est pas absolument sûre. La division de la marine est ouvertement hostile au gouvernement. Celui-ci croit pourtant compter sur la moitié des troupes berlinoises. Il espère rester maître de la situation..

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23 avril 2022 6 23 /04 /avril /2022 09:45
Une lettre aux enchères! Rosa Luxemburg à André Morizet, 28 novembre 1904

Une lettre de Rosa Luxemburg aux enchères, valeur plusieurs milliers d'euros. No comment! Et une erreur sur la date : il faut lire 1904 et non 1901 comme dans le descriptif.

Son contenu : intéressant pour ce qu'il dit en particulier de sa relation à certains socialistes français.

Une lettre aux enchères! Rosa Luxemburg à André Morizet, 28 novembre 1904
Une lettre aux enchères! Rosa Luxemburg à André Morizet, 28 novembre 1904

28 novembre 1904, à André Morizet

Merci de votre beau souvenir, qui nous a fait, à nous tous ici, beaucoup d joie. C´était en effet une semaine très agréable, que nous avons passée ensemble à Amsterdam. Je trouve la photographie excellente, on admire ici votre habileté. Seulement - voyez comme nous sommes difficiles a satisfaire nous autres ''allemands''! - nous allons vous dmeamder, si possible, encore 2 autres exemplaires pour Kautsky et et pour notre ami Görter d'Amsterdam, qui fait partie

Si vous voulez bien satisfaire ces solliciteurs, la reconnaissance de quatre pays - Allemagne, Pologne, Autriche et Hollande - vous est sûre éternellement´

Je regrette encore d´avantage que Bebel s'est laissé faire par la ''Vie'' juvénile de Longuet & Co. Espérons que l´illusion ne durera trop longtemps. Bebel ne connait malheureusement pas les personnes du mouvement français - sauf les vieux chefs et il s'est laissé fasciner par la bonhomie de Renaudel.

Encore une prière! Veuillez bien m'envoyer votre M.S, je réglerai le compte de l'abonnement vers le Nouvel An.

Cordialement à vous

Rosa Luxemburg

J'espère que vous ne partagez pas l'optimisme de Lagardelle sur le syndicalisme
 

Une lettre aux enchères! Rosa Luxemburg à André Morizet, 28 novembre 1904
Une lettre aux enchères! Rosa Luxemburg à André Morizet, 28 novembre 1904

La photo : Elle écrit à Henriette Roland Holst le 17 décembre 1904 : "Ci-joint une photographie pour Görter de Morizet; il nous en a envoyé une à Bebel et à moi, comme personne concernée. N'ayez pas peur de mon profil!" GB, T. 6, P 104

Renaudel :"C'est dommage seulement que notre Bebel, par méconnaissance de ce que sont ces personnes, prend très au sérieux les Renaudel, Longuet&Co,  comme  promoteurs patentés de l'unification  ...",  27.10.1904, GB, T. 6, P 100

M.S. : Le Mouvement Socialiste, revue.

 

Texte : repris du descriptif et des photographies du site d'enchères. Incomplet.

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15 avril 2022 5 15 /04 /avril /2022 10:54
Ce qui inspire ce blog comprendre-avec-rosa-luxemburg , un travail, une méthode. Lettre à Gilbert Badia
10 mai 2008
 

(Ce travail, qu'il a accompagné dans les années 86 - 89 et qui inspire ce blog, est dédié à Gilbert Badia, aujourd'hui disparu, Dominique Villaeys-Poirré).

 
Lettre à G. Badia

"J'ai terminé d'étudier cette période et commencé à faire une synthèse, dégager les idées sur lesquelles elle se bat, montrer les combats successifs qu'elle a menés, dont aucun n'est abandonné mais vient enrichir le précédent, étudier ses positions et actions par rapport aux événements particuliers mais surtout faire apparaître l'extrême unité et cohérence, sans aucune rigidité.

Le plus évident, c'est de considérer ces textes et actions, comme je considérerais les articles et l'action d'une femme, militante révolutionnaire et journaliste contemporaine, qui prendrait position, écrirait et agirait aujourd'hui sur ce qui se passe aujourd'hui , les luttes des cheminots, la guerre Iran-Irak où les courants X et Y du parti, des partis, saisir les prises de position, les discussions avec les autres dirigeants, les événements du marxisme vraiment vivant et non comme des curiosités venant d'une autre planète politique.

Car, comme pour Lénine, rien qu'à dire son nom, il y a refus ou sacralisation. On élève des barrières. Or se placer au niveau du "texte", c'est comprendre les discussions et événements qui l'ont fait naître ...."
 
 
(Lettre écrite lors de la préparation d'une thèse : "Rosa Luxemburg, 1898-1900, élaboration d'une pensée contre le colonialisme, le militarisme, l'impérialisme" en 1986 - 1989)
C'était le 2 décembre 2007. 1er article - 1ère photo
 
rosa.gif

Cette image  pour ouvrir le blog. Comprendre avec Rosa Luxemburg
 
C'était le 2 décembre 2007, la création du blog

(Ce travail, qu'il a accompagné dans les a
nnées 86 - 89 et qui inspire ce blog,
est dédié à Gilbert Badia, aujourd'hui disparu) - lieb
 
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6 avril 2022 3 06 /04 /avril /2022 12:13
Avec Lüttwitz

Avec Lüttwitz

L'ouvrage a été réédité aux Editions Otium en 2019. Les numéros de page correspondent à cette édition.

Gustav Noske figure bien entendu en filigrane dans toute l'histoire de la révolution à Berlin. Nous n’avons retenu ici que les passages où il est directement cité.

Cela constitue une incitation à lire cet ouvrage qui en reste un des récits majeurs.

P. 49

"en cas de guerre au cas où notre pays serait sérieusement menacé, les sociaux-démocrates défendront leur patrie avec enthousiasme […] car ils ne sont pas moins patriotes que la bourgeoisie"

 

Après Bebel et plus nettement que lui Noske avait proclamé au congrès social-démocrate d’Essen, en 1907, qu’en cas de guerre au cas où notre pays serait sérieusement menacé, les sociaux-démocrates défendront leur patrie avec enthousiasme […] car ils ne sont pas moins patriotes que la bourgeoisie. » Combattant ces idées, Clara Zetkin assurait qu’affirmer la nécessité de la défense nationale signifiait tout simplement « conserver [aux ennemis de la classe ouvrière] la patrie en tant que domaine où s exerçaient l’exploitation et la domination d’une classe et permettre d’étendre cette exploitation, par delà les frontières, au prolétariat d’autres pays »

 

P. 51/52

Au cours d’un entretien qu’il a avec le ministre Delbrück, quelques semaines plus tard, le député social-démocrate David dira « Si le groupe parlementaire s’est résolu à approuver unanimement les crédits de guerre, cela tenait pour l’essentiel à ce qu’il s’agissait d’une guerre qui nous a été imposée par la Russie. La haine de la Russie et le souci passionné de porter un coup au tsarisme ont été les raisons principales de l’attitude  de la social-démocratie ». Cet argument, sous sa forme  « populaire » : « Défendons nos femmes et nos enfants contre les hordes cosaques » sera repris à satiété par la presse social-démocrate. …

Dans un article diffusé le 31 juillet et intitulé « Être ou ne pas être » Friedrich Stampfer  reprenait l’argumentation de Noske si la guerre éclate, « les types sans patrie » [les socialistes] feront leur devoir et, sur ce point, ne se laisseront nullement dépassé par les patriotes » … « Même si », écrit Wolfgang Heine, membre de l’extrême droite du parti, « le gouvernement allemand avait tout seul allumé l’incendie mondial … nous aurions été dans l’obligation de défendre notre pays et de sauver ce qu’on pouvait sauver. »

 

P. 56

Lors de leur visite en Belgique, Noske et Koster, socialiste de Hambourg, expliquèrent à leurs interlocuteurs belges que la Belgique ne serait pas annexée mais que ses forts seraient rasés « et que l’Allemagne ferait de Anvers la base d une flotte tellement puissante qu’elle imposerait à l’Angleterre l’abandon de toute idée de guerre future. »

 

P 61 notes sur ce chapitre

 

P. 74

Des quatre sociaux-démocrates qui vinrent en Belgique à cette époque (Wendel, Noske, Koster et lui-même), au témoignage des Belges, « il [Karl Liebknecht] fut le seul à ne pas être de parti pris, le seul qui voulût voir et se rendre compte par lui-même. »

 

P. 244 

Or, tandis que l’on hésitait à Berlin, la révolution éclatait à Kiel, quasi spontanément ; dépêchant sur place immédiatement Noske, le SPD essayait de la circonscrire et d’en prendre la direction. Aucun des partis ou tendances politiques n’avait eu l’initiative du soulèvement, bien qu’il s’inscrivît dans la ligne de l’action spartakiste.

 

P. 274 

Il est symptomatique que les premiers conseils aient fait appel à Haase et non à Liebknecht et qu’ils aient accepté si facilement les instructions de Noske, dépêché sur place conjointement par le SPD et le gouvernement.

 

P. 324 

Ainsi, les choses seront claires : spartakisme et bolchevisme, c’est la dictature ; Ebert, Scheidemann et Noske et bientôt les corps francs, c’est la démocratie. Ce schéma simpliste et inexact va être ancré avec insistance dans conscience de la majorité des allemands.

 

P. 334  

Les étudiants de Berlin – les milieux universitaires sont à l’époque en majorité réactionnaires étant donné leur origine sociale et leurs traditions – lancent, le 8 janvier, un appel invitant les Berlinois à s’enrôler dans les troupes de Noske « pour défendre en Allemagne à Berlin surtout l’ordre sacré ». C’est que, disent-ils « notre gouvernement provisoire a compris maintenant qu’il n’est pas possible de ramener au calme ces hommes aveugles en usant de douceur. Spartacus est armé et ceux qui nous sont fidèles ne pouvaient jusqu’ici que serrer les poings. A présent vous pouvez prendre les armes. »

 

P. 337 

… pas plus qu’on ne saurait accuser le gouvernement d’avoir fait délibérément arrêté et assassiné Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, même si les dirigeants spartakistes ont été assassinés par des militaires relevant de l’autorité de Noske

[ndb : Cette affirmation serait certainement à nuancer, compte tenu des informations dont nous disposons aujourd'hui)]

P. 339 

Dès la fin décembre, avec l’accord du gouvernement, des formations traditionnelles des régiments de la garde, ou nouvellement constituées, les corps francs, sont regroupées dans la banlieue berlinoise. Pour masquer masquer l’ampleur de ces mouvements de troupes, on désigne toutes ces unités sous le nom de « section Lüttwitz ». Noske – qui avec Wissel, majoritaire comme lui, remplace au gouvernement les commissaires indépendants démissionnaires -, est chargé dès son entrée en fonctions, fin décembre, des questions militaires, précédemment du ressort d’Ebert. Il a, au début janvier, des conversations avec les principaux généraux qui vont diriger les opérations.

 

P. 342 

Et Noske écrira dans ses Mémoires, à propos des manifestations du 6 janvier : « Si cette foule avait eu des chefs sachant exactement où ils allaient, ce jour-là , à midi, elle aurait eu Berlin en main. »

 

P. 344-347

Note sur la Volksmarine division : A la suite des combats du 24 décembre, le gouvernement Ebert avait négocié avec les marins : il avait promis de leur verser régulièrement leur solde, à condition qu’ils s’abstinssent dorénavant d’entreprendre quoi que ce soit contre le gouvernement. La majorité des marins estime plus habile ou plus sûr de respecter les termes de l’accord. Accord violé par les troupes de Noske deux mois plus tard. Le 10 mars 1919, vingt-neuf marins, attirés dans un guet-apens, seront abattus dans une cour de la Französische Strasse.

 

Livrés à eux-mêmes, sans plan, sans direction politique ni militaire, les insurgés seront écrasés par petits groupes, les uns après les autres, dès que les troupes de Noske et les régiments de la garde passeront à l’offensive, le 8 janvier.

 

La confusion sera accrue par les multiples négociations que les diverses tendances de l’USP engagent avec le gouvernement, ce qui permettra à Ebert et à ses amis de gagner du temps. Lorsque Noske aura terminé ses préparatifs, les négociations seront interrompues et il laissera la parole aux canons.

 

Le ratissage à Berlin

Le 8 janvier, les troupes de Noske commencent leur ratissage impitoyable de la capitale. Cette soldatesque se conduit comme en pays ennemi. Pas de quartier. Le 11, au moment de l’assaut donné au Vorwärts occupé, des parlementaires venus drapeau blanc en tête, auront le crane écrasé à coups de crosse. Les exemples de crimes analogues, d’exécutions bestiales sont nombreux et incontestables. On estime à cent cinquante, au moins, le nombre des révolutionnaires tombés au combat ou sommairement exécutés.

 

P. 361

En veut –on une autre preuve ? Le mouvement d’unité qui se manifeste dans les usines berlinoises, le 9, 10 et 11 janvier nous la fournit. Le personnel de ces usines se prononce pour l’arrêt des combats qui opposent, spartakistes, délégués révolutionnaires, indépendants de gauche aux majoritaires et aux troupes de Noske.

 

P. 368 

En huit jours, les majoritaires qui commencent à "payer" l’action de Noske et leur alliance avec les corps francs, ont perdu 1,4% ...

 

P. 370

Et dans sa dernière lettre, le 11 janvier, elle [Rosa Luxemburg] écrit : "Notre mouvement se développe magnifiquement et dans tout le Reich". Il n'y a aucune raison de penser qu'elle se leurre. Il est vrai que la semaine sanglante et les expéditions punitives décidées par Noske et exécutées par le général Maercker pour réduire plusieurs foyers spartakistes de province vont porter un coup à cette évolution ...

 

P. 380

Les historiens ont noté depuis longtemps que ce n’étaient pas les ouvriers et surtout pas les ouvriers non qualifiés qui fournissent les cadres ni même peut-être ses troupes les plus nombreuses. Bebel était un petit industriel, Haase était avocat, Noske, Ebert n’ont jamais été des prolétaires et, s’ils ont connu la condition ouvrière, ce ne fut que dans leur jeune âge ; ils sont très vite devenus « permanents », le plus souvent rédacteurs de quelque journal social-démocrate de province.

 

P. 385

Ebert était un ancien limonadier et Noske avait été ouvrier dans une fabrique de berce_ux et de voitures d’enfant en vannerie : on peut difficilement les classer parmi les ouvriers d’industrie. 

 

Georg Grosz. A ta santé Noske! La jeune révolution est morte, Luxemburg, Liebknecht assassinés.

Georg Grosz. A ta santé Noske! La jeune révolution est morte, Luxemburg, Liebknecht assassinés.

P. 426

Des événements sanglants ont lieu de nouveau à Berlin en mars (grève générale, et nouveaux ratissages ordonnés par Noske)

 

P. 470  Liebknecht Les tâches de l’opposition allemande, 19 mars 1916, conférence nationale du groupe spartakiste.

"Le congrès de Stuttgart  nous a fait un devoir si la guerre malgré tout éclatait d’utiliser la situation créée pendant la guerre pour convaincre le prolétariat de lutter pour la paix et d’ébranler la société bourgeoise. Ce n’est pas dans une chambre noire qu’on peut lutter contre la guerre. Cette lutte il faut la mener à toute occasion. Nous n’en avons pas tellement d’ailleurs. Il nous faut tenir des réunions secrètes, etc. Au Parlement, il s’agit en premier lieu, d’utiliser toutes les occasions qui se présentent.

Quand on lira plus tard l’histoire des groupes parlementaires, on aura honte de voir combien peu de députés se sont comportés en représentants des masses.

Les petites questions ? Qui m’a gêné ? Ledebour. On ne veut pas de conflit avec la majorité du groupe. Fustiger des types comme Noske et Heine, l’opposition vous en empêche …"

 

P. 550 

Radek : "Les masses occupèrent des bâtiments qui n’avaient aucune importance stratégique, comme l’immeuble du Vorwärts. Il y avait, à Berlin, un groupe de prisonniers russes de guerre qui étaient communistes. Je les expédiai en divers points des lignes de chemin de fer dans les environs de Berlin. C’est par eux que j’appris la présence d’un état-major à Dahlem. Des autos, des cyclistes s’y rendaient et en venaient. Le mercredi matin , j’appris que Noske s’y trouvait. Il était évident que le gouvernement rassemblait ses troupes pour marcher sur Berlin

On aurait dut que l’affaire était mise en scène par les russes. Par le canal de Duncker qui en était membre, je fis parvenir une lettre au CC ou je relatais les préparatifs de Noske et  j'indiquais qu’il ne rimait à rien de risquer des heurts qui se termineraient par le désarmement des ouvriers inorganisés …" [ndb: Badia remet en cause la véracité de ce document]

 

P. 560 

Note : Le gouvernement de la république populaire de Brème dura vingt-six jours. Dès le 15, le gouvernement central coupait fonds et vivres. Une fois liquidée l’insurrection berlinoise, Noske envoya contre Brème la division Gestenberg. Isolé, peu ou pas soutenue par Hambourg, le gouvernement populaire ne put s’opposer à l’entrée des troupes gouvernementales dans la ville. Vingt-huit révolutionnaires furent tués au cours des combats. Le 4 février, un nouveau gouvernement était mis en place. La République des conseils avait vévu.

 

P. 562 Document

 10 mars 1919, Berlin,

Excellence

Je soussigné me permet d’attirer votre attention de Votre excellence sur la conversation suivante qu’il a entendue vendredi dernier.

C’était vers midi, je me dirigeais vers la Chorinerstrasse. Dans cette rue, un matelot était en conversation avec quatre civils. Il faisait de grands gestes. Par curiosité, je m’arrêtai et écoutait. Le matelot disait :

A présent, c’est fichu. Pour la prochaine grève générale, il n nous faut nous y prendre autrement. Il faudra déclencher la grève dans toutes les grandes villes et les centres industriels, pour que les troupes gouvernementales soient éparpillées et ne puissent être concentrées sur un point. Il nous faut aussi essayer de faire enrôler le plus possible d’hommes à nous dans le corps de volontaires, pour qu’en cas d’attaque des troupes gouvernementales, ils sèment la confusion. »

Je n’ai pu entendre la suite car ils me remarquèrent et je poursuivis mon chemin.

Je n’aurais pas attaché d’importance à cet incident, si je n’avais lu dans le journal, que les indépendants demandaient le retrait des troupes gouvernementales et leur remplacement par une milice ouvrière, Socialiste majoritaire, fidèle au gouvernement, je tiens pour mon devoir d’attirer l’attention sur ce fait

J’ai écrit également à Son Excellence Noske, afin que le gouvernement soit averti au cas où ma lettre se perdrait

Je vous prie d’agréer…

Signé Triebe

 

Mars 19

Mars 19

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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009