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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 15:26
Mansfeld, Saxe,1909. L'armée contre les grévistes

Mansfeld, Saxe,1909. L'armée contre les grévistes

1910 Police et armée – Armes ultimes de la politique intérieure en Prusse.

Discours au landtag de Prusse, 25 février 1910

 

 

"Le moyen sera utilisé. La grève de masse ne sera pas organisée, mais la grève de masse viendra d'elle-même. Continuez à faire monter la tension comme cela a été le cas maintenant, et vous verrez, sans aucun doute, que ce moyen le plus important et le plus puissant du prolétariat sera utilisé de manière tout à fait explosive, à un degré extrêmement préjudiciable pour vous et menaçant pour votre domination."

Karl Liebknecht. Police et armée – Armes ultimes de la politique intérieure en Prusse (extrait)

Extrait:

 

Mais ce qu’il faut reprocher le plus aux autorités administratives dans la situation actuelle, c'est le fait que l'armée a été réquisitionnée dans différentes régions pour contenir les manifestations avec l'aide de l'armée, de la même manière que les autorités administratives avaient déjà réquisitionné l'armée lors de la grève de Mansfeld. Et vous le savez ou vous ne le savez pas, mais c'est vrai : ce recours à l'armée a créé dans la population un climat qui rend superflue toute agitation antimilitariste comme je la conçois. Selon une information dans la presse, non démentie à ce jour, tous les commandants de régiment à Berlin, ont reçu l’ordre, avant le 13 février, qu'aucun militaire, officier ou soldat, ne soit autorisé à quitter la caserne le dimanche, c'est-à-dire un ordre de consignation que l’on connaît bien. Le 2e régiment de dragons de la garde a effectué des galops d’essai poussés à Tempelhof le samedi 12 au matin, de sept à neuf heures, afin que les chevaux s'habituent au pavé berlinois ; "ceci pour le cas où il y aurait des débordements lors des manifestations pour le droit de vote". Si quelque chose contribue à menacer l'esprit militaire, si quelque chose contribue à anéantir les derniers vestiges de popularité dont notre armée peut encore jouir ici et là dans d'autres cercles milieux, alors c'est bien ainsi qu’il faut procéder. A cet égard, je peux me référer ici à Monsieur le ministre von Moltke - au témoignage d'un homme que vous reconnaîtrez certainement comme impartial, au maréchal von Moltke -, qui, il y a plus de vingt ans, a exprimé au Reichstag son opinion selon laquelle, utiliser l'armée contre l'ennemi intérieur constitue précisément une chose très dangereuse pour la discipline militaire. Mais la prudence qui habitait encore le maréchal général von Moltke, qui considérait sans aucun doute, d'après toute sa formation, que l'armée était avant tout destinée à combattre l'ennemi extérieur, n'est, semble-t-il, pas partagée par le ministre von Moltke : Elle a disparu depuis longtemps, parce que le gouvernement et les classes dirigeantes considèrent actuellement, bien plus que jamais auparavant et alors que l’on ne tient plus compte de l'ennemi extérieur, que l’armé constitue le principal moyen pour pouvoir pour maintenir la domination face aux larges masses, face à l'ennemi intérieur.

Si la police nous laisse maintenir l'ordre, les manifestations se dérouleront dans l'ordre ; nous l'avons prouvé lors d’occasion les plus diverses, et c'est précisément à Halle que la preuve de cette affirmation a été apportée de la manière la plus claire. C'est là-bas que s'est déroulé l’affrontement le 13 février. À Halle, l'armée avait également été réquisitionnée. L'humeur de la population était montée jusqu'à l'ébullition. Et des rassemblements de protestation très suivis ont eu lieu contre cette action de la police. Ces foules immenses sont rentrées chez elles dans le plus grand calme, ont mené les manifestations jusqu'à leur terme dans le plus grand calme et respect de la loi. Aucun débordement n'aurait eu lieu non plus à Francfort-sur-le-Main et à Neumünster si la police avait su garder le sens de la mesure et faire preuve de calme et de sérénité.

Ces exactions et abus de la police ont déjà été discutés devant les élus de Halle, Francfort, Neumünster, probablement aussi à Königsberg. Bien que nous les regrettions, ils constituent certainement l'un des meilleurs moyens d'agitation pour la social-démocratie et ont surtout contribué à accroître de manière extrême l'intérêt pour la lutte pour le droit de vote. Bien entendu, la social-démocratie dispose dans cette lutte d'autres moyens plus puissants, qu'elle n'hésitera pas à utiliser,

(«Vous entendez!»)

dès qu'elle le jugera opportun

 («Vous entendez!»)

 «  …Je ne parle pas de pistolets Browning, de mitrailleuses et de sabres, et de toute cette violence brutale, mais de notre campagne d’agitation qui mettra la population - y compris les cercles sans lesquels vous ne pouvez exister - dans un état d’esprit tel que le gouvernement ne sera plus en mesure de maintenir son attitude antipopulaire à l’égard du droit de vote. Il ne fait aucun doute que si les conditions continuent à évoluer de cette manière, si l'on ne veille pas à mettre, en temps opportun, un peu de baume sur les blessures du peuple, si l'on ne donne pas aux besoins du peuple une satisfaction notable, suffisante et complète, alors le moyen de la grève de masse sera également utilisé.

(Vibrants «Écoutez! écoutez!»)

Le moyen sera utilisé. La grève de masse ne sera pas organisée, mais la grève de masse viendra d'elle-même. Continuez à faire monter la tension comme cela a été le cas maintenant, et vous verrez, sans aucun doute, que ce moyen le plus important et le plus puissant du prolétariat sera utilisé de manière tout à fait explosive, à un degré extrêmement préjudiciable pour vous et menaçant pour votre domination.

(Mouvement divers)

Messieurs, le prolétariat est loin de se laisser intimider, et même si vous et la police continuez à utiliser ce qui constitue votre ultima ratio, les armes, l'armée etc., vous n'aurez aucun succès face à cet assaut des larges masses populaires, dont vous savez bien, au fond de vous-même, qu'il a tout de même considérablement ébranlé la confiance que vous affichez vers l'extérieur.

Karl Liebknecht. Police et armée – Armes ultimes de la politique intérieure en Prusse (extrait)

Dasjenige, was den Verwaltungsbehörden in der gegenwärtigen Situation aber am meisten zum Vorwurf gemacht werden muss, das ist die Tatsache, dass in verschiedenen Gegenden Militär requiriert worden ist, um mit Hilfe des Militärs die Demonstrationen in Schach zu halten in ähnlicher Weise, wie schon beim Mansfelder Streik von den Verwaltungsbehörden Militär requiriert ist. Und Sie wissen oder wissen es nicht, aber es ist wahr: Durch diesen Einsatz des Militärs ist in der Bevölkerung eine Stimmung erzeugt, die jede antimilitaristische Agitation in meinem Sinne überflüssig macht. Nach einer unwidersprochenen Zeitungsmeldung ist in Berlin vor dem 13. Februar an sämtliche Regimentskommandeure der Befehl ergangen, dass am Sonntag keine Militärpersonen, Offiziere und Soldaten, die Kaserne verlassen dürfen, also die bekannte Konsignation. Das 2. Gardedragonerregiment hatte Sonnabend früh, den 12. dieses Monats, von sieben bis neun Uhr in Tempelhof scharfes Probereiten, damit sich die Pferde an das Berliner Pflaster gewöhnen; „dies für den Fall, dass es bei den Wahlrechtsdemonstrationen zu Ausschreitungen kommen sollte". Wenn etwas dazu beiträgt, eine Gefährdung des militärischen Geistes zu erzeugen, und wenn etwas dazu beiträgt, den letzten Rest von Popularität, den unser Militär hier und da noch in weiteren Volkskreisen genießen mag, mit Stumpf und Stiel auszumerzen, so ist das der richtige Weg. Ich darf mich hierbei – gegenüber dem Herrn Minister von Moltke – auf das Zeugnis eines Mannes berufen, den Sie sicher als unparteiisch anerkennen werden, des Generalfeldmarschalls von Moltke, der vor über 20 Jahren im Reichstage seine Ansicht dahin aussprach, dass es gerade vom Standpunkt der militärischen Disziplin eine sehr gefährliche Sache sei, das Militär gegen den inneren Feind zu verwenden. Aber die Besonnenheit, die dem Generalfeldmarschall von Moltke noch innewohnte, der zweifellos seiner ganzen Ausbildung nach das Militär in erster Linie als gegen den äußeren Feind bestimmt betrachtete, wird, wie es scheint, von dem Minister von Moltke nicht geteilt: Sie ist längst gewichen, weil die Regierung und die herrschenden Klassen gegenwärtig in viel höherem Maße als je vorher das Militär, indem man den äußeren Feind kaum mehr recht beachtet, als das wichtigste Machtmittel zur Aufrechterhaltung der Herrschaft gegenüber den breiten Massen, gegenüber dem inneren Feind betrachten.

Wenn die Polizei uns Ordnung halten lässt, so werden die Demonstrationen in Ordnung verlaufen; wir haben das bei den verschiedensten Gelegenheiten bewiesen, und gerade in Halle ist der Beweis dieser Behauptung aufs Klarste erbracht worden. Dort war am 13. Februar die Schlacht. In Halle war auch das Militär requiriert gewesen. Da war die Stimmung der Bevölkerung bis zur Siedehitze gestiegen. Und gegen dieses Vorgehen der Polizei fanden ungeheuer besuchte Protestversammlungen statt. Diese gewaltigen Menschenmassen haben sich in vollster Ruhe nach Hause begeben, haben die Demonstrationen in absoluter Ruhe und Gesetzlichkeit bis zu Ende geführt. Es wäre auch in Frankfurt am Main und Neumünster zu keinerlei Ausschreitungen gekommen, wenn die Polizei das richtige Augenmaß bewahrt und ruhige Besonnenheit gezeigt hätte.

Diese Ausschreitungen und Übergriffe der Polizei sind schon vor den städtischen Kollegien in Halle, Frankfurt, Neumünster und wohl auch in Königsberg erörtert worden. Sie sind – so sehr wir sie bedauern – sicherlich eins der besten Agitationsmittel für die Sozialdemokratie und haben vor allem dazu beigetragen, das Interesse an dem Wahlrechtskampf geradezu ins Ungemessene zu steigern. Natürlich hat die Sozialdemokratie in diesem Kampf noch weitere und schärfere Mittel, vor deren Anwendung sie nicht zurückschrecken wird,

(„Hört! Hört!")

sobald sie es selbst für zweckmäßig hält.

(„Hört! Hört!")

Ich spreche nicht von Browningpistolen, von Maschinengewehren und Säbeln und all dieser brutalen Gewalt, sondern von unserer Agitation, die die Bevölkerung in eine Stimmung hineinversetzen wird – auch solche Kreise, ohne die Sie nicht existieren können –, dass die Regierung nicht mehr imstande sein wird, ihre volksfeindliche Haltung in Bezug auf das Wahlrecht zu bewahren. Es ist nicht der geringste Zweifel, dass, wenn die Verhältnisse sich weiter so entwickeln, wenn nicht zur rechten Zeit dafür gesorgt wird, dass auf die Wunden des Volkes etwas Balsam gelegt wird, dass dem Bedürfnis des Volkes eine nennenswerte, eine ausreichende, eine volle Befriedigung zuteil wird, dann auch das Mittel des Massenstreiks zur Anwendung kommen wird.

(Lebhaftes „Hört! Hört!'")

Das Mittel wird zur Anwendung kommen. Der Massenstreik wird nicht gemacht werden, sondern der Massenstreik kommt von selbst. Steigern Sie nur die Aufregung weiter so, wie sie jetzt gesteigert worden ist, und Sie werden zweifellos erleben, dass in einer ganz explosiven, in einer im höchsten Maße für Sie nachteiligen und Ihre Herrschaft gefährdenden Weise dieses wichtigste und gewaltigste Machtmittel des Proletariats zur Anwendung kommen wird.

(Bewegung.)

Meine Herren, ins Bockshorn jagen lässt sich das Proletariat noch längst nicht, und wenn Sie und die Polizei auch mit Ihrer Ultima ratio, den Waffen, dem Militär und dergleichen, weiterhin vorgehen, so werden Sie keinen Erfolg haben gegenüber diesem Ansturm der breiten Massen des Volkes, von dem Sie sich im Innersten Ihres Herzens selbst sagen, dass er Ihre äußerlich zur Schau getragene Zuversicht doch recht erheblich erschüttert hat.

 

(Heiterkeit.)

Polizei und Militär – letzte Waffen der preußischen Innenpolitik Rede im preußischen Abgeordnetenhaus zum Etat des Ministeriums des Innern.[Nach Stenographische Berichte über die Verhandlungen des Preußischen Hauses der Abgeordneten, 21. Legislaturperiode, III. Session 1910,2. Bd., Berlin1910, Sp. 2079-2105 und nach Karl Liebknecht, Gesammelte Reden und Schriften, Band 3, S. 66-

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22 juillet 2023 6 22 /07 /juillet /2023 11:42
1910

1910

Le système électoral à trois classes, particulièrement inique a été combattu par la social-démocratie à de multiples reprises, en particulier en 1910. En 1913, le combat s'enflamme à nouveau et Karl Liebknecht écrit ce texte en juillet 1913, pour lui la grève de masse est devenue la seule réponse au refus obstiné du pouvoir impérial de changement de ce système.  L'occasion pour nous de mieux saisir son analyse de ce moyen de lutte ultime.

Citations :

"Les exhortations répétées appelant à modifier radicalement le système électoral en vigueur à la Chambre des députés n'ont pas été prises en compte. Le gouvernement, soutenu par la majorité réactionnaire, persiste dans son opposition. Les travailleurs, en tant que seuls combattants pour une égalité totale, ont le devoir de lutter par tous les moyens contre les pouvoirs en place. L'un de ces moyens est la grève politique de masse.". (résolution proposée par Karl Liebknecht)

"La grève est, avec le boycott, la forme d'utilisation du pouvoir prolétarien qui correspond le mieux à la nature sociale du prolétariat, à sa fonction dans la société capitaliste; qui en découle directement. Les grèves syndicales, par leur ampleur, deviennent de plus en plus des grèves de masse. Elles se rapprochent aussi bien souvent par leur objectif, des grèves politiques, et deviennent de manière de plus en plus marquée des luttes pour le pouvoir de la classe ouvrière dans la société. L'ensemble du pouvoir d'Etat, jusqu'au militarisme, se dresse de plus en plus résolument contre elle : les grèves syndicales deviennent elles aussi de plus en plus des luttes avec le pouvoir d'Etat, voire pour le pouvoir d'Etat"

"La grève de masse pour des objectifs politiques a passé depuis longtemps l'épreuve du feu, il n'est donc pas étonnant qu'en Allemagne aussi, non seulement sa possibilité, mais aussi sa nécessité soient reconnues presque partout. Cela vaut justement pour la question du droit de vote en Prusse. Ici, aucun autre chemin ne mène au but; la situation est sinon en effet sans issue."

"L'information sur les moyens tactiques à la disposition de la lutte des classes est aussi une partie de l'information révolutionnaire du prolétariat ; et la propagande en faveur de tels moyens a aussi pour effet de renforcer la force de combat du prolétariat."

"Vouloir forcer la situation ou la masquer par des moyens diplomatiques serait une folie ; mais une tactique qui n'oserait pas se lancer dans la bataille sans un gilet pare-balles et qui fuirait l'air vif d'un risque révolutionnaire à l'heure décisive par crainte de mettre en danger les organisations et les institutions actuelles du prolétariat, qui ne sont pourtant que des moyens pour atteindre une fin, ne serait pas moins condamnable. Il faut peser le pour et le contre, peser de manière réfléchie, mais aussi oser."

"... de même est-il vrai que les organisations de lutte qui ne craignent pas le danger d'une défaite lorsque le moment est venu, sont meilleures que celles qui cherchent à éviter une défaite en évitant les combats décisifs. Il y a des situations qui exigent que l'on soit prêt même à la défaite."

"Qu'est-ce qu'une grève politique de masse ? D'un point de vue théorique, elle peut prendre de nombreuses formes : de la simple grève de manifestation, qui ne signifie pas encore l'instauration d'un rapport de force, à la grève visant à réduire l'adversaire ; de la grève limitée localement ou professionnellement à la grève générale. Comme cela a été dit à Iéna, toutes ces formes pourraient être développées dans le cadre d'une tactique variable, jusqu'au niveau le plus exacerbé  tout en gardant bien entendu les anciens moyens de lutte."

"En tout cas, aucune grève de masse d'aucune sorte ne doit être entreprise sans la volonté de passer immédiatement à une grève impitoyable visant à réduire l'adversaire, si la situation se présentait au cours de la lutte. La volonté d'entamer une grande grève générale doit sous-tendre toute forme de grève de masse."

"Sans hésitation, mais avec audace s'il le faut. Le droit de vote libre et égal pour la Prusse est une messe, il vaut bien une grève de masse."

 

Was nun in Preußen?

[Vorwärts Nr. 168, 188 und 189 vom 5., 25. und 26. Juli 1913. Nach Karl Liebknecht, Gesammelte Reden und Schriften, Band 6, S. 349-364]

I. Résolution

Les dernières élections au Landtag ont prouvé une fois de plus qu'il est impossible, avec le misérable système électoral des trois classes, d'obtenir une représentation qui tienne compte de la volonté du peuple.

Les exhortations répétées appelant à modifier radicalement le système électoral en vigueur à la Chambre des députés n'ont pas été prises en compte. Le gouvernement, soutenu par la majorité réactionnaire, persiste dans son opposition.

Les travailleurs, en tant que seuls combattants pour une égalité totale, ont le devoir de lutter par tous les moyens contre les pouvoirs en place. L'un de ces moyens est la grève politique de masse.

Les personnes réunies sont conscientes que le succès de cette grande lutte ne sera garanti que si l'ensemble des travailleurs est regroupé dans des organisations solides. Les participants s'engagent donc à veiller énergiquement au développement de ces organisations.

En même temps, elles invitent les cercles dirigeants des organisations ouvrières à utiliser tous les moyens de lutte propres à assurer au peuple une représentation équitable à la Chambre des députés.

 

Traduction Dominique Villaeys-Poirré, 17 juillet 2023. Merci pour toute amélioratton de la traduction.

II. Articles 25. et 26. juillet 1913

… ll va de soi qu'aucun des moyens de lutte actuels ne doit être jeté par-dessus bord. Mais ils ne suffisent plus ; nous avons besoin de nouveaux moyens pour mener un nouveau combat.

La grève est, avec le boycott, la forme d'utilisation du pouvoir prolétarien qui correspond le mieux à la nature sociale du prolétariat, à sa fonction dans la société capitaliste; qui en découle directement. Les grèves syndicales, par leur ampleur, deviennent de plus en plus des grèves de masse. Elles se rapprochent aussi bien souvent par leur objectif, des grèves politiques, et deviennent de manière de plus en plus marquée des luttes pour le pouvoir de la classe ouvrière dans la société. L'ensemble du pouvoir d'Etat, jusqu'au militarisme, se dresse de plus en plus résolument contre elle : les grèves syndicales deviennent elles aussi de plus en plus des luttes avec le pouvoir d'Etat, voire pour le pouvoir d'Etat.

La grève de masse pour des objectifs politiques a passé depuis longtemps l'épreuve du feu, il n'est donc pas étonnant qu'en Allemagne aussi, non seulement sa possibilité, mais aussi sa nécessité soient reconnues presque partout. Cela vaut justement pour la question du droit de vote en Prusse. Ici, aucun autre chemin ne mène au but; la situation est sinon en effet sans issue.

Curieusement, il a été demandé à multiples reprises d'élargir la résolution de Iéna de 1905, afin d'envisager la grève de masse également pour la conquête de droits politiques. On oublie en cela que la résolution de Iéna prévoit déjà expressément l'utilisation de la grève de masse pour conquérir des droits. Elle n'a pas besoin d'être complétée. La voie est déjà libre depuis 1905. Et depuis que des camarades "révisionnistes", qui ont la réputation parmi les hommes d'État de montrer une la froide prudence, ont ouvertement, voire ostensiblement, basculé dans le camp des amis de la grève de masse, les adversaires de la grève de masse se sont vus privés d’une bonne partie de leurs objections. Les exaltés ont toujours été balayés d'un revers de main. Désormais, certains hésitants seront peut-être plus facilement gagnés. Nous saluons donc doublement ce renfort.

Pour la lutte en Prusse pour le droit de vote, la question n'est plus depuis longtemps de savoir si une grève de masse est nécessaire, mais seulement de savoir quand et dans quelles conditions.

Parmi les partisans de la grève de masse, aucun ne devrait non plus se laisser aller à l'illusion insensée de pouvoir transformer une éventuelle situation désagréable par un moyen tactique. Ils ne cherchent que le moyen le plus efficace d'exploiter la situation donnée, moyen qui n'est pas seulement autorisé par cette situation, mais qui s'avère nécessaire. Il y a aussi des occasions manquées dans l'évolution politique, malgré son caractère intrinsèquement inéluctable. L'information sur les moyens tactiques à la disposition de la lutte des classes est aussi une partie de l'information révolutionnaire du prolétariat ; et la propagande en faveur de tels moyens a aussi pour effet de renforcer la force de combat du prolétariat.

Vouloir forcer la situation ou prétendre pouvoir la résoudre par des moyens diplomatiques serait une folie ; mais une tactique qui n'oserait pas se lancer dans la bataille sans un gilet pare-balles et qui fuirait l'air vif d'un risque révolutionnaire à l'heure décisive par crainte de mettre en danger les organisations et les institutions actuelles du prolétariat, qui ne sont pourtant que des moyens pour atteindre une fin, ne serait pas moins condamnable. Il faut peser le pour et le contre, peser de manière réfléchie, mais aussi oser.

Je le répète : un objectif élevé mérite un engagement élevé. Dans la lutte en Prusse, nous marchons dans la ligne d'une évolution certaine. Les défaites sont seulement des défaites temporaires, des défaites qui ne sont pas totalement sans résultat. Aucune contre-révolution dans l'histoire mondiale n'a jamais pu annuler complètement l'effet d'un mouvement révolutionnaire qui se trouvait dans le sens de l'évolution. Même pas après la révolution en Prusse en 1848, même pas après la révolution en Russie en 1905. Et de même qu'il est vrai  que la social-démocratie allemande et les syndicats allemands ont grandi dans l'atmosphère brûlante d'un rude combat et ont prouvé leur invincibilité en se relevant toujours de leurs défaites avec des capacités de défense accrues pour continuer à lutter, de même il est-il vrai que les organisations de lutte qui, lorsque le moment est venu, ne craignent pas le danger d'une défaite, sont meilleures que celles qui cherchent à éviter une défaite en évitant les combats décisifs. Il y a des situations qui exigent que l'on soit prêt même à la défaite.

Qu'est-ce qu'une grève politique de masse ? D'un point de vue théorique, elle peut prendre de nombreuses formes : de la simple grève de manifestation, qui ne signifie pas encore l'instauration d'un rapport de force, à la grève visant à réduire l'adversaire ; de la grève limitée localement ou professionnellement à la grève générale. Comme cela a été dit à Iéna, toutes ces formes pourraient être développées dans le cadre d'une tactique variable, jusqu'au niveau le plus exacerbé  tout en gardant bien entendu les anciens moyens de lutte.

Certes, une grève de manifestation fera déjà des victimes. Mais même celles-ci sont justifiées par la valeur que revêt la manifestation d'une énergie révolutionnaire qui dépasse largement celle qui se manifeste lors des manifestations de rue. Il faut admettre que dans la lutte pour le droit de vote en Prusse, le faible nombre des déclarations de grève ne devrait pas beaucoup impressionner et peut même temporairement provoquer un affaiblissement de la volonté de s'engager dans la grève de masse. En tout cas, aucune grève de masse d'aucune sorte ne doit être entreprise sans la volonté de passer immédiatement à une grève impitoyable visant à réduire l'adversaire, si la situation se présentait au cours de la lutte. La volonté d'entamer une grande grève générale doit sous-tendre toute forme de grève de masse.

Notre situation est particulièrement difficile parce que la grève de masse ne touchera directement presque que l'industrie, le commerce et les transports, c'est-à-dire les cercles des classes dirigeantes qui ne sont pas les opposants les plus farouches à toute réforme électorale, en tout cas pas les partisans sans réserve du droit de vote existant. Mais tous sont  des ennemis du droit de vote démocratique ; et enfoncer un coin finit par en entraîner un autre ; apprenons d'abord aux représentants du capital, y compris de l'industrie lourde, et à la bureaucratie étatique à prier notre Dieu, et les junkers suivront eux aussi, bon gré mal gré, la recette du vieux saint Rémi de Reims.

Le prolétariat peut-il compter sur des alliés lors d'une grève de masse ? La dernière grève belge a été soutenue par la sympathie de la bourgeoisie libérale ; il ne faudra pas compter sur cela en Allemagne. Notre bourgeoisie a bien plus peur de la classe ouvrière qu'elle n'espère une réforme électorale selon son cœur - bien qu'il y ait certains petits politiciens à l'âme de boutiquier qui spéculent sur une once de réforme électorale allant dans le sens étroit de leur parti, comme s'il s'agissait d'un malheureux plat de lentilles. Elle veut une réforme électorale, qui traduit une haine sans force envers les couches supérieures de la société et sa fourberie envers les classes inférieures. Si la revendication d'un droit de vote réellement démocratique, dont elle parle elle aussi du bout des lèvres, vient à se présenter à elle comme une revendication de lutte de classe des prolétaires sous le drapeau de la grève politique révolutionnaire, elle se bouchera alors les oreilles et ne fera plus qu'en appeler au ministère public, à la police et l'armée. Le prolétariat doit donc se débrouiller seul. Il ne peut trouver qu'une aide tiède ici et là dans les cercles de la classe moyenne, qui est également privée de ses droits.

En fait, il ne rencontrera pas en face de lui l'ensemble de la bourgeoisie unie en rangs serrés ni une tactique homogène. Division et hostilité réciproque des ennemis, en partie ou totalement, du système électoral, faciliteront notre combat. Mais déjà le souvenir de l'attitude misérable et dénonciatrice envers nos manifestations de rue en 1910, mettra un terme aux espoirs ambitieux concernant l'attitude du libéralisme.

Plus le prolétariat dépend de lui-même, plus il doit faire appel à sa propre force suprême. Seules toutes les organisations du prolétariat réunies, dans une unité unanime, peuvent entreprendre la grève de masse. La participation sans réserve des syndicats est avant tout nécessaire. Mais, malgré la conjoncture et la crise,. ils ne résisteront pas à la longue. La compréhension de l'importance, pour la situation économique de la classe ouvrière, du travail politique parlementaire et d'une évolution du rapport de force dans l'administration, la compréhension de l'identité finale des intérêts, des tâches et des luttes politiques et économiques dans les domaines les plus larges, existe déjà ; elle peut être facilement généralisée et intensifiée. L'importance de la lutte pour le droit de vote en Prusse pour les syndicats, telle qu'elle a été exposée plus haut, est si évidente, même pour un esprit peu averti, que la propagande pour la grève politique de masse en vue de la conquête du droit de vote est beaucoup plus sûre de réussir, surtout dans les plus grands syndicats, que la propagande pour les revendications syndicales quotidiennes. Et la participation simultanée de tous les groupes de travailleurs exerce un fort effet de suggestion. C'est ainsi que la volonté déterminée de lutter pour le droit de vote et de s'engager dans la grève de masse doit naître de la constatation purement syndicale de la situation globale de la classe ouvrière de Prusse et d'Allemagne, pour autant qu'elle ne soit pas encore née.

Le prolétariat inorganisé et même le prolétariat des organisations chrétiennes et des associations syndicales seront également accessibles à ces arguments, plus facilement encore que l'agitation pour une grève économique. L'attitude craintive du centre traître dans la question du droit de vote montre qu'il est bien conscient de ce danger.

Cependant, même le prolétariat organisé pour la lutte des classes, et encore plus celui qui en est éloigné, ne se lancera pas dans la grève de masse sur un ordre venu d'en haut, déterminé et capable de la mener jusqu'au bout. Qui - fût-il lui-même la star la plus brillante du belcanto politique - pourrait songer à créer artificiellement le désir d'entamer la grève de masse ? Ce serait là une affaire de politique de salon. Mais un état d'esprit de lutte exacerbé peut déboucher sur des luttes inopportunes et sans but. Il s'agit de tracer la voie à suivre d'abord dans les esprits, dans la conscience des masses de ceux qui se battent pour le droit de vote. Si la voie de la grève de masse est clairement reconnue comme la seule possible pour l'exploitation efficace de la force prolétaire portée par une combativité enthousiaste, cette analyse doit être diffusée, de sorte que la volonté et la combativité des masses en colère finissent par s'emparer spontanément de ce moyen de lutte. La diffusion ne sera pas difficile.  Depuis longtemps déjà, l'idée de la grève de masse a trouvé un écho extraordinaire au sein des masses ouvrières, et c'est précisément la formation dans les luttes syndicales et la compréhension qui en a résulté du pouvoir des travailleurs ainsi que des moyens appropriés pour le faire valoir qui les a tout naturellement orientés vers l'idée de la grève politique de masse. La tâche naturelle des dits dirigeants ouvriers, compte tenu de leur énorme responsabilité, est une prudente réserve et une méfiance bien justifiée à l'égard du feu de l'enthousiasme, qui se révèle trop souvent être un feu de paille avec lequel on ne peut pas créer un incendie révolutionnaire. Leur aversion bien compréhensible pour les expériences insuffisamment assurées ne les empêchera cependant pas, lorsque les conditions d'une grève de masse seront, dans la mesure du possible, visiblement réunies et que les ouvriers seront poussés en avant avec une force impétueuse, de ne pas seulement se laisser entraîner, mais de prendre la direction des opérations.

Ces conditions sont-elles déjà réunies aujourd'hui ? Certainement pas à l'heure actuelle. Mais si tous les signes ne sont pas trompeurs, elles seront bientôt là. Il est possible qu'une crise soit imminente ; il est possible qu'elle impose une retenue provisoire ; il est possible qu'elle facilite l'éclatement d'une grève de masse, justement en lien avec les luttes douanières. Quoi qu'il en soit, l'hiver prochain sera marqué par des événements auxquels se rattachera tout naturellement un nouveau mouvement pour les droits électoraux. Il est certain que la lutte aura lieu. Soit le gouvernement prussien se moque du peuple privé de ses droits en ne proposant aucune réforme électorale : cela signifie la lutte ! Ou bien il le défie par un nouveau plan issu du cerveau policier de Dallwitz : cela ne signifie pas moins une lutte  couteau tiré. Si l'atmosphère au sein du prolétariat est portée au plus haut point d'ébullition, qui constitue la condition préalable à la grève de masse, et si la volonté de grève de masse est aussi passionnément déterminée et fermement enracinée qu'une lutte à outrance l'exige, alors il ne sera plus possible d'arrêter ce qui doit pourtant arriver - malgré tout.

En attendant, il est impératif de se préparer à tout. S'il est vrai que la question du droit de vote en Prusse est une question allemande et s'il est vrai que la grève de masse en Prusse doit être soutenue et portée par tout le prolétariat allemand, il est tout aussi certain certain que la lutte doit finalement être menée en Prusse même. Certes, les peuples du Mecklembourg, du Brunswick, de la Hanse et de la Thuringe, et peut-être aussi celui de la Saxe, seront emportés par la tempête prussienne. Mais le coup décisif est porté en Prusse ; si le manteau prussien tombe, alors les duchés, les grands-duchés e tutti quanti tomberont aussi.

C'est donc en Prusse que les décisions décisives doivent être prises. Il serait judicieux qu'un congrès extraordinaire du parti en Prusse soit prévu pour l'automne. cela ne sera pas trop tôt, il s'agira de se préparer à toutes les éventualités, une préparation étendue, peut-être même une préparation à la belge. Si le moment critique arrive avec l'ouverture du parlement régional, tout doit être prêt pour le combat. Il faut alors prendre une décision rapide en fonction de la situation. Sans hésitation, mais avec audace s'il le faut. Le droit de vote libre et égal pour la Prusse est une messe, il vaut bien une grève de masse.

 

Resolution des SPD Parteitages 1913 in Jena

Nach dem vom Mannheimer Parteitag (1906) bestätigten Beschluß des Jenaer Parteitages (1905) ist die umfassendste Anwendung der Massenarbeitseinstellung gegebenenfalls als eines der wirksamsten Mittel zu betrachten, nicht nur um Angriffe auf bestehende Volksrechte abzuwehren, sondern um Volksrechte neu zu erobern.

Die Eroberung des allgemeinen, gleichen, direkten und geheimen Wahlrechts zu allenVertretungskörpern ist eine der Vorbedingungen für den Befreiungskampf des Proletariats. Das Dreiklassenwahlrecht entrechtet die Besitzlosen nicht nur, sondern hemmt sie in allen ihren Bestrebungen auf Verbesserung ihrer Lebenshaltung, es macht die schlimmsten Feinde gewerkschaftlicher Betätigung und sozialen Fortschritts, die Junkerkaste, zum Beherrscher der Gesetzgebung.

Darum fordert der Parteitag die entrechteten Massen auf, im Kampfe gegen das Dreiklassenunrecht alle Kräfte anzuspannen in dem Bewußtsein, daß dieser Kampf ohne große Opfer nicht siegreich durchgeführt werden kann.

Indem der Parteitag den Massenstreik als unfehlbares und jederzeit anwendbares Mittel zur Beseitigung sozialer Schäden im Sinne der anarchistischen Auffassung verwirft, spricht er zugleich die Überzeugung aus, daß die Arbeiterschaft für die Erringung der politischen Gleichberechtigung ihre ganze Kraft einsetzen muß. Der politische Massenstreik kann nur bei vollkommener Einigkeit aller Organe der Arbeiterbewegung von klassenbewußten, für die letzten Ziele des Sozialismus begeisterten und zu jedem Opfer bereiten Massen eführtwerden. Der Parteitag macht es deshalb den Parteigenossen zur Pflicht, unermüdlich für den Aushau der politischen und gewerkschaftlichen Organisationen zu wirken.

[Angenommen]

Quelle: Protokoll über die Verhandlungen des Parteitages der Sozialdemokratischen Partei Deutschlands, abgehalten in Jena vom 14. bis 20. September 1913, Berlin 1913, S. 19

 

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13 mars 2023 1 13 /03 /mars /2023 17:23
Karl Liebknecht, 1905. La grève de masse , le moyen de lutte spécifique du prolétariat.

Karl Liebknecht, 1905. La grève de masse , le moyen de lutte spécifique du prolétariat .

Intervention au Congrès de Iéna dans la discussion sur la grève de masse. 1905

 

 

Les élections de 1903 ont dans une certaine mesure précipité vers la mort le parlementarisme formel. La social-démocratie, dont l’organisation et les campagnes d’agitation en Allemagne se sont depuis toujours essentiellement liées au  parlementarisme et aux élections législatives, a de plus en plus dû se rendre à l’évidence que l’espoir, existant malgré tout dans de larges cercles, d’obtenir des résultats significatifs par les succès électoraux, était trompeur. On constate que malgré les succès électoraux importants, tout est resté comme avant. C’est ainsi que s’explique le changement d’atmosphère, que l’on soit devenu plus sensible aux actions extraparlementaires, comme le 1er mai, que l’on recherche de nouveaux moyens d’action extraparlementaires et que la grève générale trouve de plus en plus de partisans. Bien sûr la révolution russe y a aussi contribué et éveillé à nouveau la compréhension face à l’évolution catastrophique de la situation.

Il est complètement inexact de dire que faire la différence entre grève générale et grève de masse serait spécieuse. La première veut se substituer au combat parlementaire, la seconde en premier lieu le rendre possible en lui donnant un fondement solide, mais de plus constituer un moyen de lutte extraparlementaire indépendant pour protéger et gagner des droits essentiels. C’est là une différence fondamentale.

 

Legien dit que nous devrions dans certaines circonstances d’ailleurs remettre nos armes à l’épaule. Mais nous n’avons pas ces armes ; cependant le prolétariat lui a  ses bras et le pouvoir de les utiliser ou de les croiser. Que la grève de masse soit synonyme de révolution n’est pas vrai dans toutes les circonstances, moins encore lorsqu’il s’agit de la défense des droits.

Si la grève est un moyen de lutte approprié pour les combats économiques, il devrait être utilisable dans certains contextes pour des buts politiques. Ce que le prolétariat peut mettre en œuvre pour 5 Pfennig de salaire, il doit pouvoir le faire pour ce qui lui est le plus sacré, ses droits fondamentaux ! Après que la révolution sous la forme de "jacqueries" a disparu, la grève de masse s’est développée organiquement à partir de la position et de la fonction du prolétariat dans l’ordre économique capitaliste, comme le moyen de lutte prolétaire spécifique dans presque tous les domaines de la lutte des classes. C’est la réalisation politique  du pouvoir économique de la classe ouvrière.

Certes, comme le souligne Schmidt, nous verrons lors de la grève politique beaucoup de renégats ; mais des milliers de prolétaires qui sont aujourd'hui éloignés de la lutte de classe nous rejoindront avec enthousiasme et volonté de sacrifice ; la lutte pour des buts élevés les emportera.

Heine demande : « Gagnerons-nous?” Il n’y a certes jamais eu de police d’assurance pour les révolutions. Il faudrait d’abord l’inventer. Certes ! Le sang du peuple nous est précieux, mais les idéaux et les droits politiques du peuple ne nous sont pas moins précieux, et nous ne voulons pas nous les laisser voler sans résistance. La responsabilité de l'inaction  s'oppose à la responsabilité d'agir. Le droit engendre la tendance au formalisme et rend plus difficiles la pensée et le sentiment révolutionnaires. C’est ainsi que je m’explique des nombreuses réticences de Heine. (Le temps de parole s’est écoulé)

Remarque :

Lors de ce congrès du parti social-démocrate, la discussion sur la grève de masse devient centrale. Et l’intervention de Liebknecht gagne en force. Il distingue grève générale décidée par les instances et la grève de masse issue des conditions que vit le prolétariat. Cela ne disqualifie pas, au contraire, l'action du parti dont le rôle est d’œuvrer à la prise de conscience. Il voit dans la grève de masse, le moyen spécifique qui correspond à la phase de développement capitaliste. Elle prend d’autant plus de force que les limites du parlementarisme apparaissent et que les ouvriers disposent d’une arme dont les politiques ne disposent pas, qui leur est propre : "Le prolétariat a ses bras et le pouvoir de les utiliser ou de les croiser". Il convient donc d’être prêt car l’épreuve de force ne peut pas être évitée dans tous les cas. Et si au moment crucial, beaucoup se renieront, le mouvement permettra aussi de mobiliser l’enthousiasme et la volonté de sacrifice des prolétaires : "...  mais des milliers de prolétaires qui sont aujourd'hui éloignés de la lutte de classe nous rejoindront avec enthousiasme et volonté de sacrifice ; la lutte pour des buts élevés les emportera.

 

Le blog va publier au fur et à mesure de la semaine des textes de Karl Liebknecht sur la grève de masse, c'est sa contribution au mouvement contre la réforme des retraites, un point historique et de réflexion sur ce moyen de lutte : la grève de masse, l'arme "la plus tranchante" que possède le prolétaire qui comme le dit Liebknecht : "a ses bras et le pouvoir de les utiliser ou de les croiser." Dominique Villaeys-Poirré, mars 2023

Congrès de Iéna, 1905. Liebkecht est tout en haut à droite.

Congrès de Iéna, 1905. Liebkecht est tout en haut à droite.

Ce texte est en cours de vérification, l'urgence du mouvement appelle à sa publication en cette nouvelle semaine de combat contre la "réforme" des retraites que veut imposer le pouvoir et qui bafoue les droits fondamentaux des prolétaires : le droit à une fin de vie professionnelle dans des conditions humaines et dignes. Traduction Dominique Villaeys-Poirré, mars 2023, mise en ligne 13 mars 2023. Le texte est disponible sur le net en allemand. Merci pour toute amélioration de la traduction.

Lire la présentation générale :  https://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/2023/03/karl-liebknecht-et-la-greve-de-masse.le-proletariat-a-ses-bras-et-le-pouvoir-de-les-utiliser-ou-de-les-croiser.html

Citations

 

"Les élections de 1903 ont dans une certaine mesure précipité vers la mort le parlementarisme formel. La social-démocratie, dont l’organisation et les campagnes d’agitation en Allemagne se sont depuis toujours essentiellement liées au  parlementarisme et aux élections législatives, a de plus en plus dû se rendre à l’évidence que l’espoir, existant malgré tout dans de larges cercles, d’obtenir des résultats significatifs par les succès électoraux, était trompeur."

 

"Il est complètement inexact de dire que faire la différence entre grève générale et grève de masse serait spécieuse. La première veut se substituer au combat parlementaire, la seconde en premier lieu le rendre possible en lui donnant un fondement solide, mais de plus constituer un moyen de lutte extraparlementaire indépendant pour protéger et gagner des droits essentiels."

 

"Legien dit que nous devrions dans certaines circonstances d’ailleurs remettre nos armes à l’épaule. Mais nous n’avons pas ces armes ; cependant le prolétariat lui a  ses bras et le pouvoir de les utiliser ou de les croiser."

 

"Il n'est pas vrai que nous puissions en toutes circonstances éviter une épreuve de force. Le cas peut se produire, où il nous faudra manifester notre force, dont nous faisons maintenant un usage exclusivement formel. Et nous y parviendrons sous la forme la plus percutante au moyen d'une grève de masse."

 

"Ce que le prolétariat peut mettre en œuvre pour 5 Pfennig de salaire, il doit pouvoir le faire pour ce qui lui est le plus sacré, ses droits fondamentaux ! Après que la révolution sous la forme de "jacqueries" a disparu, la grève de masse s’est développée organiquement à partir de la position et de la fonction du prolétariat dans l’ordre économique capitaliste, comme le moyen de lutte prolétaire spécifique dans presque tous les domaines de la lutte des classes."

 

"Certes, comme le souligne Schmidt, nous verrons lors de la grève politique beaucoup de renégats ; mais des milliers de prolétaires qui sont aujourd'hui éloignés de la lutte de classe nous rejoindront avec enthousiasme et volonté de sacrifice ; la lutte pour des buts élevés les emportera."

 

"Il n’y a certes jamais eu de police d’assurance pour les révolutions. Il faudrait d’abord l’inventer. Certes ! Le sang du peuple nous est précieux, mais les idéaux et les droits politiques du peuple ne nous sont pas moins précieux, et nous ne voulons pas nous les laisser voler sans résistance. La responsabilité de l'inaction  s'oppose à la responsabilité d'agir."

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13 mars 2023 1 13 /03 /mars /2023 10:58
Karl Liebknecht, 1904. Pour la grève de masse politique. « Cette question est la plus actuelle de notre politique présente et future".

Pour la grève de masse politique

intervention au Congrès de Brême, 20 septembre 1904

 

« Cette question est la plus actuelle de notre politique présente et future ... Ne l'écartez pas avec des sourires. Concevez-en toute l'importance, et notre parti sera armé. »

 

Au Congrès de Brème, la grève de masse fait son entrée aux Congrès. Une section (de Spandau) demande la reconnaissance de ce moyen de lutte. Karl Liebknecht monte au créneau. Il s’inscrit dans la discussion Il rejette la motion de Spandau en ce qu’elle représente pour lui une analyse anarchiste en l’opposant au parlementarisme. Mais il demande que ce moyen de lutte ne soit pas refusé par principe par le parti, que celui-ci accepte de l’examiner, plus il estime qu’un jour ce moyen sera peut être indispensable, quand l’épreuve de force deviendra inéluctable. Il rejette en cela la position des syndicats qui la rejette pour des raisons économiques, le prolétariat n’a pas les moyens d’une telle action, on trouve déjà dans ce texte, l’attitude sacrificielle de Liebknecht. Il compare alors cette grève aux grèves de la faim en Russie. Il s’appuie sur un texte de Rosa Luxemburg sur la tactique et sur le fait que d’autres personnalités la défendent. Pour lui, le parti social-démocrate doit intégrer ce moyen, ne pas se« rouiller », être prêt à défendre des acquis si l’on prétend déjà vouloir changer le monde.

 

Le blog publie au fur et à mesure de la semaine des textes de Karl Liebknecht sur la grève de masse, c'est sa contribution au mouvement contre la réforme des retraites, un apport historique et de réflexion sur ce moyen de lutte : la grève de masse, l'arme "la plus tranchante" que possède le prolétaire qui comme le dit Liebknecht : "a ses bras et le pouvoir de les utiliser ou de les croiser" Dominique Villaeys-Poirré, mars 2023

 

CITATIONS

"On nous dit : "si nous pouvons faire la grève générale, c'est que nous n'en avons plus besoin". C'est inexact: nous pouvons y être poussés par des questions politiques actuelles. "

"A quel moment nous devons décider de la grève générale et sous quelle forme, nous n'en parlons pas. Il est exact qu'on ne peut prévoir toutes les éventualités; nous devons faire confiance aux masses, à leur sens de la lutte de classe pour trouver, le cas échéant, la juste voie à suivre : qu'on se rappelle l'intéressant exposé de la camarade Luxemburg sur la tactique suivie dans le mouvement ouvrier russe. Mais nous devons cependant discuter des moyens que nous connaissons aujourd'hui comme valables."

"Il existe en fait un certain danger pour le parti : se rouiller en ce qui concerne les moyens de lutte. Nous sommes gâtés en Allemagne, malgré les lois d'exception contre les socialistes parce que là non plus on ne nous a pas enlevé le droit de vote. Le cas peut se produire, où il nous faudra manifester notre force, dont nous faisons maintenant un usage exclusivement formel. Et nous y parviendrons sous la forme la plus percutante au moyen d'une grève de masse."

"Nous ne désirons pour le moment qu'une discussion, et par là une certaine manifestation de sympathie en faveur de l'idée. Toujours en vedette (3), être toujours à son poste, quoi qu'il puisse arriver, c'est là le premier devoir et l'intérêt vital du parti. Il faut s'opposer à cette hostilité dangereuse à l'idée de la grève de masse. Cette question est la plus actuelle de notre politique présente et future. Ne l'écartez pas avec des sourires. Concevez-en toute l'importance, et notre parti sera armé!"

 

Karl Liebknecht, 1904. Pour la grève de masse politique. « Cette question est la plus actuelle de notre politique présente et future".

LE TEXTE

 

On nous dit : "si nous pouvons faire la grève générale, c'est que nous n'en avons plus besoin". C'est inexact: nous pouvons y être poussés par des questions politiques actuelles. Certes, l'idée de réduire la société bourgeoise à la famine par la grève générale est ridicule. Pour moi, il s'agit de la grève politique de masse, qui, dans certaines circonstances seulement, peut prendre la forme de la grève générale proprement dite. Mais avec des calculs tels que celui qui consiste à dire que les ouvriers consommeraient plus vite leurs maigres réserves que les possédants les leurs, plus abondantes, et que pour cette raison, la grève de masse n'a aucune chance de réussir, on ne peut non plus résoudre le problème de la grève générale proprement dite. Trop d'autres facteurs parlent en faveur des grévistes. Je citerai les fameuses grèves de la faim en Russie, qui reposent sur l'idée d'exercer, en mettant sa propre vie en jeu, une pression sur le gouvernement. Ces grèves sont la preuve qu'on peut faire impression à l'aide d'impondérables, de la peur du scandale, etc.

On dit que nous ne devons pas discuter de la grève de masse pour ne pas dévoiler nos plans à nos adversaires. Nous n'en avons nullement l'intention. A quel moment nous devons décider de la grève générale et sous quelle forme, nous n'en parlons pas. Il est exact qu'on ne peut prévoir toutes les éventualités; nous devons faire confiance aux masses, à leur sens de la lutte de classe pour trouver, le cas échéant, la juste voie à suivre : qu'on se rappelle l'intéressant exposé de la camarade Luxemburg sur la tactique suivie dans le mouvement ouvrier russe.

Mais nous devons cependant discuter des moyens que nous connaissons aujourd'hui comme valables. La Saxe n'est-elle pas un épouvantail pour le parti?(1). On dit que nous avons conservé le droit de vote au Reichstag. Mais si on nous l'enlève aussi? Alors nous devons aller dans les communes. Mais si on nous  en interdit l'accès? Alors restent les syndicats. Mais si on nous enlève le droit de coalition? Que ferons-nous alors? Il n'est pas vrai que nous puissions en toutes circonstances éviter une épreuve de force. Le cas peut se produire, où il nous faudra manifester notre force, dont nous faisons maintenant un usage exclusivement formel. Et nous y parviendrons sous la forme la plus percutante au moyen d'une grève de masse.

C'est l'idée dont le parti doit se pénétrer. Il existe en fait un certain danger pour le parti : se rouiller en ce qui concerne les moyens de lutte. Nous sommes gâtés en Allemagne, malgré les lois d'exception contre les socialistes parce que là non plus on ne nous a pas enlevé le droit de vote. Mais cela peut arriver, et nous devons y être préparés. Cela signifie - pensez au rapport de Pfannkuch - qu'il ne faut pas évoquer le diable (2) . Mais le diable cependant est là, bien vivant; ce serait de notre part une politique de l'autruche de vouloir le nier. Et, camarades, comment pourrons-nous conquérir le monde, si nous ne sommes même pas capables de défendre les quelques droits fondamentaux que nous possédons déjà, de tenir nos positions actuelles? C'est pourquoi il est nécessaire de discuter de la grève de masse. Nous ne prétendons pas vous recommander de l'accepter purement et simplement comme un nouveau moyen de lutte. Nous ne désirons pour le moment qu'une discussion, et par là une certaine manifestation de sympathie en faveur de l'idée. Toujours en vedette (3), être toujours à son poste, quoi qu'il puisse arriver, c'est là le premier devoir et l'intérêt vital du parti. Il faut s'opposer à cette hostilité dangereuse à l'idée de la grève de masse. Cette question est la plus actuelle de notre politique présente et future. Ne l'écartez pas avec des sourires. Concevez-en toute l'importance, et notre parti sera armé!

(1) Le vote à trois degrés avait été introduit en Saxe en 1896, ce qui excluait la social-démocratie du Landtag. (2) Citation du rappport du Comité directeur du S.P.D.  présenté au congrès de Brême par Pfannkuch. (3) En français dans le texte

 

Transcrit de "militarisme, guerre, révolution", choix de textes de claudie weill, traduction de marcel ollivier,  éditions maspero P. 203 - 204

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13 mars 2023 1 13 /03 /mars /2023 10:56
Karl Liebknecht et la grève de masse. Le prolétariat "a ses bras et le pouvoir de les utiliser ou de les croiser"

Le blog va publier au fur et à mesure de la semaine des textes de Karl Liebknecht sur la grève de masse, c'est sa contribution au mouvement contre la réforme des retraites, un point historique et de réflexion sur ce moyen de lutte : la grève de masse, l'arme "la plus tranchante" que possède le prolétaire qui comme le dit Liebknecht : "a ses bras et le pouvoir de les utiliser ou de les croiser"

 

 

Karl Liebknecht, la grève de masse

 

« C’est dans la discussion, qui fut menée avec véhémence de 1904 jusqu’à 1906 dans le SPD, à propos de la grève de masse politique, qu’émergèrent tout d’abord les principes politiques … la critique marxiste, au sens des deux mouvements de rénovation, ainsi que Robert Michels les nommait, dans le mouvement ouvrier international de la première décennie du XX° siècle – à savoir l’idée de la grève de masse politique et l’anti-militarisme prolétarien – a été représentée à l’intérieur du SPD avant tout par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht1» Elisa Marcobelli

 

20 septembre 1904, Karl Liebknecht au Congrès de Brême prend la parole sur la grève de masse. Il n’y a pas longtemps qu’il s’est engagé publiquement. Pour cela, il lui a fallu attendre de terminer ses études d’avocat. Même ainsi, il rencontra de grandes difficultés à obtenir le stage pratique nécessaire à son habilitation et ne l’obtint que par le soutien direct d’un professeur ami. Ce n’était pas facile d’être le fils de Wilhelm Liebknecht, fondateur du parti social-démocrate et condamné pour haute trahison pour avoir défendu la Commune et condamné la guerre avec la France en 1871. Cette orientation vers le métier d’avocat avait été décidée avec son père qui pensait qu’il serait là le plus utile.

 

Sa première intervention publique date de 1900, une réflexion globale sur les femmes dans l’économie « Le communisme et le droit des femmes ». Les suivantes sont déjà orientées contre le colonialisme et le militarisme : deux beaux articles sur les campagnes brutales de l’empire en Afrique et en Chine. Il y dénonce « La croisade des Huns » le militarisme, qui fait en Afrique des soldats des barbares et la participation à la politique mondiale que l’on nommera bientôt impérialisme.

 

La grève de masse en 1904-1906 intervient ensuite dans plusieurs discours, dont il est significatif que le premier se situe  lors de  la naissance de la révolution de 1905, qui enflammera le débat après la mise au premier plan de cette discussion au retour des prisons de Varsovie par Rosa Luxemburg qui en fera son cheval de bataille et donnera lieu à la rédaction d’un de ses textes majeurs : Grève de masse, parti, syndicats

 

 

Pour la grève de masse politique, Brème 1904

« Cette question est la plus actuelle de notre politique présente et future ... Ne l'écartez pas avec des sourires. Concevez-en toute l'importance, et notre parti sera armé. »

 

Au Congrès de Brême, la grève de masse fait une entrée forte au Congrès. Une section (de Spandau) demande la reconnaissance de ce moyen de lutte. Karl Liebknecht monte au créneau. Il s’inscrit dans la discussion Il rejette la motion de Spandau en ce qu’elle représente pour lui une analyse l’opposant au parlementarisme. Mais il demande que ce moyen de lutte ne soit pas refusé par principe par le parti, que celui-ci accepte de l’examiner, plus, il estime qu’un jour ce moyen sera peut-être indispensable, quand l’épreuve de force deviendra inéluctable. Il rejette en cela la position des syndicats qui la refuse pour des raisons économiques, le prolétariat n’a pas les moyens d’une telle action, on trouve déjà dans ce texte, la conscience de la dureté de ce combat. Il compare ainsi cette grève aux grèves de la faim en Russie. Il s’appuie sur un texte de Rosa Luxemburg sur la tactique et sur le fait que d’autres personnalités la défendent. Pour lui, le parti social-démocrate doit intégrer ce moyen, ne pas "se rouiller" , être prêt à défendre des acquis si l’on prétend déjà vouloir changer le monde.

 

 

La grève de masse – le moyen de lutte spécifique du prolétariat  - Iéna, 1905

Mais nous n’avons pas ces armes ; cependant le prolétariat lui a  ses bras et le pouvoir de les utiliser ou de les croiser ... La responsabilité de l'inaction  s'oppose à la responsabilité d'agir.

 

Au Congrès de Iéna, l'année suivante, la discussion devient centrale. Et l’intervention de Liebknecht gagne en force. Il voit dans la grève générale, le "moyen spécifique" qui correspond à la phase du développement capitaliste. Elle prend d’autant plus de force selon lui que les limites du parlementarisme apparaissent et que le prolétariat dispose d’une arme qui lui est propre : "Il a ses bras et le pouvoir de les utiliser ou de les croiser". Il convient donc d’être prêt car l’épreuve de force ne peut pas être évitée dans tous les cas. Et si au moment crucial,  beaucoup se renieront, le mouvement permettra d'autre part de mobiliser l’enthousiasme des prolétaires.

 

 

La grève politique de masse, une nouvelle arme spécifique du prolétariat, Congrès des syndicats, Cologne, 1905

« Même si les classes dirigeantes disent qu'elles ont encore le pouvoir, et même si elles essaient de faire tourner la roue de l'histoire mondiale à l'envers, en écrasant les travailleurs par des moyens coercitifs, elles n'y parviendront pas, et ne feront qu'accélérer leur chute. ... de promouvoir l’idée de grève de masse, de contribuer ainsi à faire des prolétaires des « combattants de classe »»

 

La même année, dans un article sur le congrès des syndicats à Cologne, Karl Liebknecht livre son analyse. Il pointe le climat "malsain "qui s’installe au sein du mouvement syndical dirigé alors par Legien - qui développe dès cette époque une attitude réformiste et qui sera un des tenants de l’Union sacrée en 1914 -, la conception étroite qu'ils ont du politique, les discours superficiels sur les questions économiques et politiques,et  le "discours sur le calme" demandé par les syndicats. Liebknecht voit la tendance des syndicats à miser plus sur la quantité que sur la qualité politique des membres, le développement du bureaucratisme. La situation générale se charge selon lui de susciter et développer la conscience des prolétaires : les  poursuites incessantes et injustes qu'ils subissent, les charges qui pèsent de plus en plus lourdement sur le prolétariat, le cours de l’histoire mène de fait les classes dirigeantes vers leur chute. Il s’agit alors  pour Liebknecht pour les partis et syndicats de donner de nouvelles armes aux prolétaires, de promouvoir l’idée de grève de masse, de contribuer ainsi à faire des prolétaires des « combattants de classe ».

 

 

A propos de la signification de la grève politique de masse, Mannheim, 1906

« Il faut surtout tenir compte du rôle important que joue la disposition constante et proclamée à la grève politique de masse ».

 

Dernière étape de cette phase de discussion. Le Congrès de Mannheim en 1906. L’intervention de Liebknecht se centre autour de la nécessité de faire toute la clarté sur la position du parti face au moyen de lutte qu’est la grève de masse. Pour lui, elle doit rester toujours présente dans la conscience des prolétaires comme moyen de lutte contre l’attaque des forces réactionnaires, Selon lui inévitable. Face aux directions réformistes qui mettent en avant les risques de défaites et l’affaiblissement qui en résulterait, il concède cette possibilité mais montre par des exemples précis que cela peut aussi être le contraire et que cela dépend de la situation économique et sociale, une généralisation est impossible et c’est à la tactique quotidienne de décider de son opportunité. On note dans cette intervention une référence à Rosa Luxemburg comme dans une intervention précédente. Bien qu’étant peu en contact direct jusqu’à la guerre, on voit ici leur proximité, leur existence de fait au sein d’un même courant de pensée et d'action. Il conclut son intervention sur la révolution russe, l'exemple qu'elle donne et la solidarité qu'elle demande.

 

 

Lutte contre la réforme du système électoral et grève de masse, Magdebourg, 1910                   

« Ce serait une belle sorte de grève de masse qui pourrait être commandée d'en haut de cette manière ! »

 

La discussion autour de la grève de masse s’enflamme de nouveau au Congrès de Magdebourg, en 1910. C’est l’époque où la lutte contre la « réforme »  du droit de vote en Prusse voulu par le pouvoir impérial atteint son paroxysme. C’est aussi l’ moment où s’exacerbent encore plus les antagonismes face au développement du réformisme. Rosa Luxemburg rentre en conflit ouvert jusque contre Karl Kautsky, elle se bat contre la volonté du parti sur la notion de république et pour la grève de masse. C’est ce à quoi fait allusion Liebknecht, auquel on reproche d’importer un combat touchant la Prusse dans ce congrès national. Et elle dépose une motion que défend Liebknecht. On voit dans son argumentation un point essentiel, la grève politique de masse n’est pas déclarée mécaniquement par les instances dirigeantes, une grève de cette ordre ne peut être décidée arbitrairement d’en haut. On trouve aussi une référence à Clara Zetkin qui comme lui-même et comme Rosa Luxemburg ou Franz Mehring mènent de conserve ce même combat pour la grève de masse. De même, il précise sa position par rapport à l’action syndicale. Il ne s’agit pas d’interférer dans la tactique syndicale mais de favoriser au sein du parti la connaissance, la conscience de l‘importance de ce moyen de lutte qu’il estime comme être "le plus tranchant" et d’être prêt à ainsi se mobiliser avec rapidité et audace.

 

La grève de masse, de Iéna, 1913

« Ces deux passages de la résolution du comité montrent assez clairement que l'on veut menotter la discussion sur la grève de masse, pas seulement pour aujourd'hui, mais pour longtemps. » ... « La pensée doit devenir vivante dans les masses, et elle ne peut devenir vivante que dans le flux vivant de la discussion au sein des masses elles-mêmes ».

 

Dernier texte, alors que la guerre approche. Les instances politiques et syndicales mènent une nouvelle offensive contre la grève de masse. Liebknecht est de nouveau en première ligne. Il rappelle la lutte en 1910 et fait référence au droit de manifester dans les rues auquel s’étaient attaqué les autorités et qui avait été obtenu par la lutte, des manifestations « promenades » que le pouvoir dut se résoudre à accepter. La lutte au Congrès prend des formes  d’extrême violence, mépris, discrédit. A la manœuvre entre autres Scheidemann, qui sera l’un des principaux tenants de la lutte contre la révolution de 18/19 et qui met deux préalables impossibles à l'utilisation de la grève de masse :  "l’union parfaite entre partis et syndicats". Cette discussion qui traverse le parti depuis 1910 où en catimini les syndicats de Legien et le parti s’étaient mis d’accord. Et l’engagement des masses. De cette intervention, il faut citer pratiquement  toute la dernière partie. On sent chez Liebknecht la passion et l’urgence, la nécessité. Et l'opposition de plus en plus irréconciliable entre les réformistes majoritaires et ceux qui vont bientôt refuser le ralliement à la guerre et qui se terminera pour Liebknecht par son exclusion.

 

(La dernière interventions se place en juillet 14, une résolution de la section de sa circonscription.)

 

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4 octobre 2018 4 04 /10 /octobre /2018 19:05
http://www.lectura.plus/Presse/show/?id=69SALUTPUBLI-19130824-P-001.pdf&query=&back=%2FPresse%2Fsearch%2F%3Fquery%3Dsalut%2Bpublic%2B1913%26fromDate%3D%26untilDate%3D%26publications%255B0%255D%3D69SALUTPUBLI%26startPage%3D26

http://www.lectura.plus/Presse/show/?id=69SALUTPUBLI-19130824-P-001.pdf&query=&back=%2FPresse%2Fsearch%2F%3Fquery%3Dsalut%2Bpublic%2B1913%26fromDate%3D%26untilDate%3D%26publications%255B0%255D%3D69SALUTPUBLI%26startPage%3D26

24 août 1893 – Le Salut Public – P 1

Journal de Lyon

 

Malgré l'échec complet de la grève générale pour la conquête du B. U. en Belgique, les socialistes allemands vont-ils, à leur tour, tenter d'organiser le grand chômage pour arracher aux pouvoirs publics le S. U. pur et simple dans tous les Etats allemands et notamment en Prusse '! Quelques agitateurs mènent campagne dans ce but, depuis quelques mois ; ils essayent de remuer les masses prolétariennes. Mais les «  officiels », députés, chefs de grandes organisations, directeurs des principaux journaux, sont hostiles à cette idée. Cette opposition, loin de décourager les apôtres de la grève générale, ne fait au contraire que stimuler leur activité. Les « arrivés » ont l'expérience de l'adage bien connu : Un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure. Ils sont traités de traîtres ou de quasi traîtres par les meneurs du second degré impatients d'arriver à leur tour, de devenir députés, présidents ou secrétaires de syndicats, directeurs de coopératives et de journaux. On soulève contre eux l'animosité de la foule envieuse et méfiante par une surenchère démagogique. C'est l'éternelle histoire des partis de violence. Après avoir envoyé les Girondins à la guillotine, les Montagnards se décimaient entre eux. M. Jaurès et les doctrinaires de notre parti socialiste se mettent à la remorque des meneurs de la C. G. T. pour n'être pas supplantés par eux, ce qui d'ailleurs ne les empêche pas d'être taxés de modérantisme en attendant que les autres soient assez forts pour les supplanter. Les parlementaires socialistes d'outre-Rhin» sont victimes du procédé dont ils usèrent jadis à l'égard des bourgeois radicaux, dont les socialistes français se sont servis et se servent encore avec succès contre les radicaux-socialistes. A la tête de ceux qui préconisent chez nos voisins la grève générale pour la conquête du S. U. se fait surtout remarquer la citoyenne Rosa Luxemburg. On y trouve aussi quelques rares et obscurs députés. L'un d'eux est le citoyen Lensch, membre du. Reichstag, qui a dû abandonner le poste de rédacteur en chef du journal socialiste de Leipzig, à la suite de démêlées violents avec le parti. Rosa Luxemburg et Lensch ont donné dans plusieurs villes, notamment à Berlin, des meetings en faveur de la grève générale. i->3 discours ae la citoyenne a surtout été un réquisitoire contre la direction du parti et contre ces représentants au Parlement impérial. A ceux-ci, Rosa Luxemburg reproche vivement le vote par lequel ils ont assuré l'adoption de la récente loi militaire. Voilà un grief que personne ne pourra formuler, hélas contre nos démagogues nationaux. Il paraît que les parlementaires socialistes allemands sont hypnotisés par l'idée de former avec les partis libéraux le « grand bloc» rouge contre le petit bloc bleu-noir (conservateurs et Centre). C'est du moins la citoyenne qui le prétend, et elle raille les députés de se laisser, à cause de ce rêve, duper sans cesse par les libéraux. Aussi en vient-elle à cette conclusion qu'il n y a aucun avantage à conquérir sur le terrain parlementaire pour le prolétariat. Celui-ci doit « apparaître lui-même en scène » De là, l'idée de la grève générale, qui ne disparaîtra plus, assure Rosa Luxemburg, des préoccupations de la masse socialiste. Le député Lensch a appuyé l'agitatrice et déclaré qu'il fallait « rompre avec la tactique purement défensive du parti. » D'autres orateurs, peu connus quoique très remuants, ont parlé dans le même sens. Mais il s'est trouvé des contradicteurs qui ont traité d'illusions les espérances de la citoyenne en déclarant avec énergie que la plupart des syndicats refuseraient de se kwoor cette entreprise insensée ou du moins prématurée. M. Edmond Piseher, député au Reichstag, partage cet avis. Dans la revue des « intellectuels », Sozialistischen Monatstets, il raille le bluff que constituerait la tentative de grève générale, qu'il faudrait, dit-il, comparer aux mises en scène du vieux Blanqui : « Permis, écrit-il, de traiter la bureaucratie prussienne de réactionnaire. Mais nous nous exposerions à une grande déception si nous voulions admettre que les pouvoirs publics sont déjà devenus si faibles qu’une grève d'ouvriers les ferait trembler ou même amènerait leur écroulement. En deux semaines, trois au plus, les moyens financiers des grévistes seraient épuisés, les caisses des syndicats vidées, et il ne resterait aux combattants (pour autant qu'ils ne voulussent pas monter sur les barricades) d'autre parti que de retourner au travail. Alors c'en serait fait aussi de notre puissance; et pour beaucoup d'années. Et alors quoi. Les patrons pourraient facilement dicter les conditions de travail et récupérer par le moyen de réductions de salaire le dommage éprouvé pendant la grève. Les organisations ouvrières crouleraient ou seraient condamnées à la faiblesse pour de longues années. » Les chefs du socialisme belge, les parlementaires comme Vandervelde, Destrée, Anseele, raisonnaient ainsi quelques semaines avant le vote de la grève générale. Cela ne les empêcha pas de s'y rallier, d'en paraître même les promoteurs enthousiastes, lorsqu'ils se virent impuissants à arrêter le mouvement. Ils auraient pu répéter un mot célèbre : « Nous sommes leurs chefs, donc il faut que nous les suivions ». En sera-t-il de même pour les parlementaires socialistes allemands ? Non, d'ici de longs mois encore, ils sont trop forts de la leçon beige. Mais il est dans la logique des partis révolutionnaires que les plus violents fassent marcher les autres. Tôt ou tard, les « officiels », les « arrivés » seront débordés. A. VIRIS

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31 décembre 2017 7 31 /12 /décembre /2017 18:29
"Grève générale pour le suffrage universel", Belgique, 1902. Rosa Luxemburg écrit "l'expérience belge" et citera souvent cet exemple de lutte. Ici un beau récit trouvé sur le net.

Un site consacre à Joseph Victor, militant de Huy en Belgique un long article très intéressant. On peut y lire ce qu'était la condition ouvrière à l'époque et un récit de cette grève générale à laquelle Rosa Luxemburg consacra une série d'articles, et elle citera souvent cette expérience en particulier dans ces écrits sur la grève de masse. Ci-dessous le début de cet article en vous invitant à vous rendre sur le site lui-même.

 

https://rouges-flammes.blogspot.fr/2018/01/grandes-figures-de-chez-nous-huy-sur.html

Je vous invite aujourd'hui à faire la connaissance d'un homme politique, militant de la région de Huy , dont l'engagement de toute une vie me semble source d'inspiration

 

JOSEPH (VICTOR) THONET, pionnier du mouvement socialiste à Huy , puis un des fondateurs du parti communiste, compagnon de prison en 1923 de Julien Lahaut et Joseph Jacquemotte, député permanent de la Province de Liège de 1936 à 1949 ( mandat interrompu de 39 à 44). Dirigeant du Parti Communiste sous l'occupation nazie, il édite le journal clandestin de la Fédération de Huy Waremme du PC "L'Espoir" et ce dés novembre 1940.Il  exerça aussi  d'importantes fonctions d'organisation durant toute la guerre au sein du parti communiste clandestin.(1)
 
Son souvenir est toujours présent chez les anciens, mais sa mémoire a été et est très largement occultée ...
 
Indispensable devoir de mémoire donc , qui nous permet , par ailleurs de sortir de l'ombre le riche passé de luttes, et de combats sociaux, culturels et politiques de notre région, dés la moitié du XIXème, siècle.

Et de partir sur ses traces à travers les vieilles rues de la ville...
 

Huy était à cette époque au centre d'une région très industrielle : les carrières et fours à chaux des vallées du Hoyoux, de la Meuse et de la Mehaigne, les fonderies (Nestor Martin, Porta, Dautrebande ,Fondeurs Hutois, ) , les usines à zinc ( Corphalie , De Laminne ), les papeteries Godin, les ateliers mécaniques Thiry , les tôleries Delloye , les automobiles Springuel , la sucrerie de Wanze etc.
 
 
Ville éminemment ouvrière donc dans ses quartiers périphérique, mais aussi , bien sûr , dans ses beaux quartiers, « ville de millionnaires » de la bourgeoisie enrichie par la force de travail des premiers. Et toujours aussi, ville de la noblesse d'Ancien Régime tapie dans les dizaines de nobles demeures aux confins de la ville ( châteaux d'Ahin , de la Neuville , de Vierset etc. )
 
 
FILS DU PEUPLE
 
Joseph ( qu'on appellera aussi par son 2ème prénom Victor) Thonet est né à Huy le 2 janvier 1883 d'un père ouvrier de meunerie et d'une mère ménagère. Ils habitent rue Sainte Catherine à Huy.
 
Il perd sa mère à 3 ans . Son père travaille 11 heures par jour , de 5 h du matin à 6h du soir avec 1/2 jour de congé par semaine, le dimanche après midi et 1 jour de vacances par an , le jour de la Sainte Catherine.
 
« Dans mon enfance, ce n'était pas la fête tous les jours à la maison... On mangeait un petit morceau de viande le dimanche . Le vendredi, de temps en temps , nous mangions du stockfish, le bifteck des pauvres ...
 
Le beurre était réservé à mon père pour ses tartines. Il nous en restait si peu que nous le grattions sur notre pain. Pour aller à l'école, nous étions chaussés de taloches , et ma soeur me confectionnait un bonnet avec des morceaux de drap.
 
Les privations et la misère préparent admirablement à la lutte contre le régime capitaliste... »(3)
 
Le quartier Sainte Catherine était un des quartiers ouvriers de Huy où étaient établies nombre d'entreprises, des fonderies, trois ateliers de construction et une boulonnerie, qui occupait gamins et gamines en bas âge.  « Quand l'inspecteur du travail venait, on les cachait dans des tonneaux à boulons... et le patron recevait son certificat de bonne conduite »
 
Les papeteries Godin occupaient aux portes de Huy et Marchin , entre Sainte Catherine et Fleury.
 
 

 

1200 personnes dont nombre de femmes qui venaient de tous les villages avoisinants et qui avaient des conditions de travail et de salaire terribles. (Si un employé gagnait  90 f /mois, un ouvrier à peu près pareil , 2,25 à 3fr/jour, les femmes , elles gagnaient à peine la moitié 1,25 à 1,5 fr/jour ) En hiver, par mauvais temps, elle ne pouvaient pas rentrer et logeaient chez l'habitant dans des conditons d'hygiène et de salubrité terribles. »

 
A l'école primaire, il découvrira, à l'école d'application rattachée à l' Ecole Normale, avenue Chapelle, les mauvais traitements infligés aux élèves par certains maîtres particulièrement brutaux :coups de baguette, enfermement dans une armoire etc...
 
Dans la nouvelle école primaire de la Chaussée Saint Mort, au contraire, il trouvera une direction d'école de grande qualité et pleine d'humanité, et il il terminera ses cours primaires parmi les 3 premiers.
 
Mais , comme la plupart des fils de la classe ouvrière, il devra travailler dés ses 14 ans. Il sera employé aux écritures chez un avoué, ce qui lui fera découvrir, à travers les actes à recopier, « les dessous de la vie et les mœurs plutôt bestiales de notre humanité », ainsi que « l'hypocrisie de la bourgeoisie. »
 
Il suivra en même temps pendant 5 ans, en cours du soir, des études de dessin industriel à l' Ecole Industrielle de Huy .
 
 

Détail  : Joseph Thonet raconte que, chaque année, il allait faire la vendange aux « Thiers de Statte » dans le vignoble de son patron; Huy,  dont les coteaux étaient couverts de vignes était en quelque sorte considérée comme la capitale viticole de la Belgique.

 
Inondation Grand Place à Huy   Date inconnue
Moins agréable, Huy était soumise aux crues de la Meuse ou du Hoyoux . En janvier 1893, la rue de la famille Thonet , (Sainte Catherine ) fut transformée en torrent ; il y avait 1 mètre d'eau dans la maison . Catastrophe pour les pauvres gens , en plein hiver !

Son père, pour rentrer de son travail , dut faire le tour par la Sarte , redescendre par Gabelle et marcher longuement avec de l'eau jusqu'à la poitrine. Sa santé devait par la suite se dégrader irrémédiablement. Il mourra alors que Joseph avait à peine 14 ans.

Celui ci sera alors élevé par sa grande soeur et sa grand mère, dans de très grandes difficultés matérielles .
LES JEUNES GARDES SOCIALISTE ( JGS)
 
CONTRE LA CONSCRIPTION
 
A 14 ans, en 1897, Joseph Thonet adhère aux Jeunes Gardes Socialistes de Huy, ce qui allait déterminer le cours de toute sa vie.
 
Il y adhéra le jour de l'inauguration du nouveau siège de la boulangerie coopérative « Les Prolétaires Hutois »  rue de l'Industrie (aujourd'hui, rue de l 'Amérique).
 
Ils étaient 2 employés de bureau à oser s'afficher JGS, tant la mentalité petite bourgeoise poussait les petits employés à s'identifier à leur patron et à s'imaginer être un « moncheu » privilégié , alors qu'ils étaient en fait des miséreux en col et cravate, comme les ouvriers en sabots et blouson !
 
Les JGS avaient été fondés à Huy en 1894 et après 3 ans comptait déjà 100 membres. Des sections JGS essaimèrent par la suite à Amay, Marchin , Vyle Tharoul, Modave, etc. Ils étaient rattachés à la Fédération hutoise du POB. Les JGS avaient été fondés en Belgique en 1890 , comme organisation de jeunesse intégrée dans le POB.
 
 
 
 
Leur premier objectif était la lutte antimilitariste , contre l'intervention de l'armée dans les grèves ouvrières et aussi bien sûr contre la conscription .
 
Chaque année, un tirage au sort désignait les conscrits qui devaient faire leur service militaire.
 
Les fils de familles bourgeoises pouvaient pour 1600 francs racheter leur mauvais tirage à un  remplaçant ». Ainsi, seuls les enfants de la classe ouvrière et de la paysannerie pauvre devaient partir à la caserne pendant 2, 3 voire 4 longues années.
 
A Huy, le jour du tirage, les Jeunes Gardes organisaient un cortège depuis l 'ancienne Maison du Peuple , rue des Foulons, jusqu'au Vieux Tribunal et distribuait leur journal antimilitariste « Le Conscrit ».
 
Ils organisaient aussi des « protestations officielles de jeunes qui refusaient de participer au tirage : Joseph Thonet raconte :
 
 « Je refusai aussi moi même de tirer mon numéro en déclarant :« Je proteste contre cette infâme loterie militaire » Les gendarmes m'empêchèrent alors de sortir et c'est le bourgmestre qui tira à ma place un mauvais numéro »
 
LE COMBAT DES IDEES :GAUCHE RADICALE, GAUCHE REFORMISTE .
 
La Jeune Garde Socialiste n'était pas seulement une organisation d'action , mais aussi un creuset d'éducation aux idées du socialisme .
 
Les réunions se tenaient tous les samedi soir avec chaque fois à l'ordre du jour une question de doctrine ou d'idéologie, par exemple un chapitre du Capital de Marx ( il en existait un seul exemplaire à Huy!), ou un livre «  Cent ans après ou l'an 2000 » de Bellamy, sorte de voyage dans le futur, en l'an 2000 (!) , dans une société sans classes, ou un débat passionné sur un projet de construction d'un phalanstère.

Joseph Thonet , au sein des JGS, fut touché pendant un certain temps par les idées libertaires et anima , au sein de la Maison du Peuple un cercle d'études libertaires, opposé qu 'il était à la politique par trop électoraliste et parlementariste du principal dirigeant POB de Huy ,le député Georges Hubin . Encouragé aussi par l'adhésion à cette gauche radicale de sections ouvrières privilégiant plus l'action directe que l'action parlementaire ( par ex, aux fonderies Laurent en Cherave)

Et ce , dans le cadre d'un certain renouveau des idées libertaires radicales après la trahison de la grève de 1902 par la direction du POB (voir plus loin)

Soumis à une virulente critique des « brebis galeuses qui semaient la division dans les consciences ouvrières »  par Georges Hubin, Thonet prit alors ses distances avec l'anarchisme militant pour étudier le « socialisme de lutte de classe », se rapprochant du marxisme

La création à Huy d'un cercle «L'  extension universitaire » contribua pour beaucoup au développement des idées progressistes dans l'avant garde hutoise , jeune et ouvrière. Cours et conférences donnés par des professeurs de l'ULB ou de l'Université Nouvelle abordaient sujets scientifiques , philosophiques et sociaux ( théorie de l'évolution, origine des mondes , espèces animales etc.)

Y assistaient jusqu'à des centaines de personnes dont des professeurs et intellectuels de la région, des ouvriers d'avant garde et... la plupart des JGS.

 

LE COMBAT CULTUREL : « LA PROLETARIENNE » , « LES ENFANTS DU PEUPLE »
 
"Nouvelle" Maison du Peuple  (1907) r. Griange   
   

La Jeune Garde Socialiste fut aussi le terreau à partir duquel se développa une activité socialiste culturelle : « La Prolétarienne » , société de théâtre et de concerts , basée à la Maison du Peuple , montait des spectacles, aussi bien en wallon qu'en français. Quant aux concerts joués à salle pleine, , ils se terminaient souvent par un  bal au profit de la caisse d'entraide des JGS.

La section « Les Enfants du Peuple » de Huy regroupait 40 à 50 garçons et filles qui présentaient des spectacles de chansons et de théâtre .
Créée par un JGS, Jean Farcy ils mirent en scène par exemple, les principaux épisodes de la Commune de Paris. Elle organisait aussi des voyages à travers tout le pays et des représentations jusqu'à Paris, Cologne ou Amsterdam!
 
On le voit, la Jeune Garde Socialiste à Huy, comme dans la plupart des régions fut dans ces années d'avant guerre, une admirable école de la lutte de classe . 
 
"Nous étions comme les précurseurs des générations nouvelles .Nous y apprenions à combattre la routine , les préjugés, à nous retremper dans l'activité quotidienne de la lutte de classe. Nous regardions d'ailleurs beaucoup plus que d'autres vers l'avenir.
 
Nous y avions acquis par l'étude et la discussion un niveau de connaissance et de maturité politique qui n' existait guère en dehors de nous.Nous désirions devenir des socialistes conscients" (3)
 

1902  : GREVE GENERALE POUR LE SUFFRAGE UNIVERSEL 

 

Peinture : 'Louvain 1902', du collectif  Forces Murales, 1951 (Louis Deltour, Edmond Dubrunfaut, Roger Somville). Coll. Institut d'histoire ouvrière,

 
Avril 1902, le combat pour le suffrage universel se développe avec une intensité révolutionnaire dans tout le pays. Depuis 1893, la précédente grève générale, les citoyens sont soumis au vote plural: tous les citoyens -hommes de plus de 25 ans, ont le droit de vote, mais ceux qui – plus riches- paient plus d'impôts ou qui ont des titres de propriété, ou qui ont un diplôme supérieur ont droit à des voix supplémentaires : les ouvriers n'avaient qu'une voix, mais les bourgeois pouvaient cumuler jusqu'à 3 voix !
 
Dés lors , à l'occasion du dépôt d'une proposition de loi ( socialiste -libérale) portant révision de la constitution en vue du suffrage universel, les mouvements et manifestations ouvrières se déployèrent dans tout le pays.
 
Si le POB dans un premier temps appela au calme ,sans prendre la direction politique du mouvement , laissant l'initiative à ses branches syndicales, le gouvernement et la bourgeoisie préparaient leurs troupes, gendarmerie , police,  garde civique ( milice bourgeoise en charge du maintien de l'ordre), et même l'armée, à l'affrontement de classe.
 
Bruxelles 12 avril 1902 2 morts

La grève démarrée dans la région du Centre se répandit, avec un caractère insurrectionnel à Bruxelles, Gand, Anvers et dans tout le pays  pour rassembler 300000grévistes, le 18 avril.

 

La gendarmerie tira à Bruxelles le samedi 12 avril - 2 morts ! ; et à Louvain, le 18 avril, 6 ouvriers tombèrent sous les balles de la Garde Civique et 14 furent blessés !

 
Et à Huy ?
 
« Ce sont les ouvriers carriers de la vallée du Hoyoux et de la Mehaigne qui prirent l'initiative de la grève . En colonnes serrées , à plusieurs centaines, ils arrivèrent en ville pour entraîner dans le mouvement les travailleurs de la métallurgie et des autres établissements. Ils étaient tous armés d'un gourdin qu'ils portaient à l'épaule comme un fusil.
 
A cette époque, chez nous, c'étaient les carriers qui étaient à la pointe du combat...
Dans la région liégeoise, c'étaient les mineurs, ailleurs, c'étaient les métallurgistes.
La gendarmerie était mobilisée. Les pandores étaient à cheval et portaient encore leur bonnet à poils.
Arrivée à Regissa, la colonne de carriers se heurta à une brigade de gendarmes...
Les gourdins s'abattirent sur les gendarmes et les chevaux. En un clin d'oeil , les gendarmes furent désarçonnés...
 
Arrivés à la limite de la ville, chaussée des Forges, les carriers se heurtèrent à un commissaire de police , porteur de son écharpe tricolore : « Au nom de la loi, retirez-vous ! »
 
Les carriers s'emparèrent de l'écharpe, la hissèrent sur un gourdin et continuèrent leur chemin . »
Thonet, lui se joignit au cortège des carriers , venant de Moha, Huccorgne , Vinalmont , qui rejoignait Huy par la rue Entre - deux - portes et fusionna avec le premier cortège, chaussée des Forges.
Usines à Zinc de Corphalie

« Toujours en bon ordre et très disciplinés, ils se rendirent dans chaque usine  et engagèrent les travailleurs à se joindre à eux...

L'usine à zinc de Corphalie , et tous les établissements industriels fermèrent. La grève était générale. Huy comptait alors plus de 5000 ouvriers et ouvrières. » (3)
 
La grève dura près d'une semaine, émaillée d'affrontements au centre ville provoqués par la Garde civique qui mettait en joue les grévistes - en réaction, le domicile de son commandant particulièrement provocateur, rue Montmorency fut mis à sac!- , émaillée aussi, d'actions radicales, menées par les JGS, comme le sectionnement de câbles téléphoniques.
 
 
Le député socialiste, Georges Hubin , élu en 1898, qui était à la tête des carriers à Regissa , fut lui condamné à 6 mois de prison ferme .
 
Mais le 20 avril 1902 , le Conseil Genéral du POB donnait l'ordre de reprise du travail, sans consulter les grévistes et malgré leurs nombreuses protestations.
 
En fait le Conseil National fondait sa stratégie sur l'alliance parlementaire avec le parti libéral., représentant la bourgeoisie « progressiste » , qui lui s'opposait à tout recours à l'action extra parlementaire des masses ouvrières. 
 
La grève de 1902 , si elle fut très radicale parmi les travailleurs se terminait donc par une débâcle :
« La classe ouvrière vaincue devait nécessairement subir une défaite électorale ; le découragement s 'empara de nos amis . Nos organisations politiques subirent un recul. Les syndicats recrutaient malaisément de nouveaux membres »
 
Maxime Steinberg , historien communiste, écrira :
 
« La conduite de la grève et plus encore l'ordre de reprendre le travail provoquèrent un vif mécontentement dans le parti, la colère même. Déçus et défaits, une partie des travailleurs se détournèrent des organisations socialistes. Le P.O.B. traversa une passe pénible : enfant pauvre du socialisme, le syndicalisme fut le plus éprouvé : les syndicats socialistes perdirent plus de 60 % de leurs effectifs déjà peu fournis. L'anarchisme pensa s'engager dans la brèche ouverte par la défaite. Moins d'un mois après la grève, alors que le ressentiment était grand dans les rangs socialistes, l'anarchisme put réunir à Liège, un « congrès révolutionnaire » qui fut, pour la première fois, un succès de participation « (4)
 
Rosa Luxembourg , la dirigeante et théoricienne marxiste allemande analysera sur le fond ce grand conflit social dans « L'expérience belge »  Neue Zeit, 1902 (5 )
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25 mai 2017 4 25 /05 /mai /2017 13:03
Une source d'information précieuse naît de la numérisation de plus en plus large des organes de presse et de l'accès simplifié sur Internet. Rosa Luxemburg et la grève générale dans le Salut Public.

Une source d'information précieuse naît de la numérisation de plus en plus large des organes de presse et de l'accès simplifié sur Internet. Ainsi, un site est dédié aux publications de la région Rhône-Alpes.

http://www.memoireetactualite.org/fr/presse.php

http://www.memoireetactualite.org/index.php

Sur Rosa Luxemburg, cela peut se révêler une nouvelle source précieuse. Un exemple  : le Salut Public, journal de Lyon offre cinq occurences pour Rosa Luxemburg. Ci-dessous la première consacrée à la grève générale.

24 août 1913 – Le Salut Public – P 1

Malgré l'échec complet de la grève générale pour la conquête du S. U. en Belgique, les socialistes allemands vont-ils, à leur tour, tenter d'organiser le grand chômage pour arracher aux pouvoirs publics le S. U. pur et simple dans tous les Etats allemands et notamment en Prusse '! Quelques agitateurs mènent campagne dans ce but, depuis quelques mois ; ils essayent de remuer les masses prolétariennes. Mais les « officiels », députés, chefs de grandes organisations, directeurs des principaux journaux, sont hostiles à cette idée. Cette opposition, loin de décourager les apôtres de la grève générale, ne fait au contraire que stimuler leur activité. Les « arrivés » ont l'expérience de l'adage bien connu : Un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure. Ils sont traités de traîtres ou de quasi traîtres par les meneurs du second degré impatients d'arriver à leur tour, de devenir députés, présidents ou secrétaires de syndicats, directeurs de coopératives et de journaux. On soulève contre eux l'animosité de la foule envieuse et méfiante par une surenchère démagogique. C'est l'éternelle histoire des partis de violence. Après avoir envoyé les Girondins à la guillotine, les Montagnards se décimaient entre eux. M. Jaurès et les doctrinaires de notre parti socialiste se mettent à la remorque des meneurs de la C. G. T. pour n'être pas supplantés par eux, ce qui d'ailleurs ne les empêche pas d'être taxés de modérantisme en attendant que les autres soient assez forts pour les supplanter. Les parlementaires socialistes d'outre-Rhin» sont victimes du procédé dont ils usèrent jadis à l'égard des bourgeois radicaux, dont les socialistes français se sont servis et se servent encore avec succès contre les radicaux-socialistes. A la tête de ceux qui préconisent chez nos voisins la grève générale pour la conquête du S. U. se fait surtout remarquer la citoyenne Rosa Luxemburg. On y trouve aussi quelques rares et obscurs députés. L'un d'eux est le citoyen Lensch, membre du. Reichstag, qui a dû abandonner le poste de rédacteur en chef du journal socialiste de Leipzig, à la suite de démêlées violents avec le parti. Rosa Luxemburg et Lensch ont donné dans plusieurs villes, notamment à Berlin, des meetings en faveur de la grève générale. Le discours de la citoyenne a surtout été un réquisitoire contre la direction du parti et contre ces représentants au Parlement impérial. A ceux-ci, Rosa Luxemburg reproche vivement le vote par lequel ils ont assuré l'adoption de la récente loi militaire. Voilà un grief que personne ne pourra formuler, hélas contre nos démagogues nationaux. Il paraît que les parlementaires socialistes allemands sont hypnotisés par l'idée de former avec les partis libéraux le « grand bloc» rouge contre le petit bloc bleu-noir (conservateurs et Centre). C'est du moins la citoyenne qui le prétend, et elle raille les députés de se laisser, à cause de ce rêve, duper sans cesse par les libéraux. Aussi en vient-elle à cette conclusion qu'il n y a aucun avantage à conquérir sur le terrain parlementaire pour le prolétariat. Celui-ci doit « apparaître lui-même en scène » De là, l'idée de la grève générale, qui ne disparaîtra plus, assure Rosa Luxemburg, des préoccupations de la masse socialiste. Le député Lensch a appuyé l'agitatrice et déclaré qu'il fallait « rompre avec la tactique purement défensive du parti. » D'autres orateurs, peu connus quoique très remuants, ont parlé dans le même sens. Mais il s'est trouvé des contradicteurs qui ont traité d'illusions les espérances de la citoyenne en déclarant avec énergie que la plupart des syndicats refuseraient de sejoindre à cette entreprise insensée ou du moins prématurée. M. Edmond Fischer, député au Reichstag, partage cet avis. Dans la revue des « intellectuels », Sozialistischen Monatshefte, il raille le bluff que constituerait la tentative de grève générale, qu'il faudrait, dit-il, comparer aux mises en scène du vieux Blanqui : « Permis, écrit-il, de traiter la bureaucratie prussienne de réactionnaire. Mais nous nous exposerions à une grande déception si nous voulions admettre que les pouvoirs publics sont déjà devenus si faibles qu’une grève d'ouvriers les ferait trembler ou même amènerait leur écroulement. En deux semaines, trois au plus, les moyens financiers des grévistes seraient épuisés, les caisses des syndicats vidées, et il ne resterait aux combattants (pour autant qu'ils ne voulussent pas monter sur les barricades) d'autre parti que de retourner au travail. Alors c'en serait fait aussi de notre puissance; et pour beaucoup d'années. Et alors quoi. Les patrons pourraient facilement dicter les conditions de travail et récupérer par le moyen de réductions de salaire le dommage éprouvé pendant la grève. Les organisations ouvrières crouleraient ou seraient condamnées à la faiblesse pour de longues années. » Les chefs du socialisme belge, les parlementaires comme Vandervelde, Destrée, Anseele, raisonnaient ainsi quelques semaines avant le vote de la grève générale. Cela ne les empêcha pas de s'y rallier, d'en paraître même les promoteurs enthousiastes, lorsqu'ils se virent impuissants à arrêter le mouvement. Ils auraient pu répéter un mot célèbre : « Nous sommes leurs chefs, donc il faut que nous les suivions ». En sera-t-il de même pour les parlementaires socialistes allemands ? Non, d'ici de longs mois encore, ils sont trop forts de la leçon belge. Mais il est dans la logique des partis révolutionnaires que les plus violents fassent marcher les autres. Tôt ou tard, les « officiels », les « arrivés » seront débordés. A. VEREY

PRESENTATION DU SITE

Presse ancienne

Découvrez 36 titres de presse locale ancienne de la région, représentant plus de 500 000 pages de journaux de 1807 à 1944, interrogeables en texte intégral.

Gazettes, journaux, échos, revues, canards...

La presse ancienne détaille tous les faits de la vie locale et relate sur un ton qui lui est propre les grands événements de l'Histoire. Témoin de la vie des générations passées, elle représente, de ce fait, une mine d'informations originales extrêmement consultée par les universitaires, les sociologues, les historiens… mais aussi par les amateurs curieux du passé dont ils sont issus.

Cet authentique trésor, conservé dans les bibliothèques et les services d'archives, est largement communiqué au public. Mais au rythme des lectures, les journaux, imprimés sur du papier économique, avec des encres de mauvaise qualité, dans des formats encombrants se déchirent, s'effritent, se morcellent jusqu'à devenir intouchables. Les professionnels, responsables de ces collections, ont attiré l'attention des pouvoirs publics sur la nécessité de préserver ce patrimoine unique. Pour le sauvegarder des mesures d'urgence ont été mises en œuvre dès 1996.

La campagne régionale de sauvegarde et de valorisation de la presse ancienne de Rhône-Alpes

Avec le soutien financier de la Direction régionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes, de la Région Rhône-Alpes, puis des Conseils généraux et de plusieurs Villes, l’Arald a coordonné une campagne de sauvegarde et de valorisation de la presse éditée dans la région aux XIXe et XXe siècles. Ce travail au long cours a consisté à créer des documents de substitution, afin que les originaux ne soient plus communiqués au public. Des opérations de microfilmage, puis de numérisation ont été menées à grande échelle.
Les titres numérisés sont aujourd’hui accessibles en texte intégral, ce qui permet d’effectuer une recherche à partir d’un mot ou d’une expression sur l’ensemble des 36 titres présents sur le portail Mémoire et actualité en Rhône-Alpes.
De nouveaux titres seront mis en ligne, ou d’autres complétés en fonction de l’achèvement des travaux de traitement en cours dans le cadre de cette campagne de sauvegarde et de valorisation. Un calendrier des mises en ligne sera très prochainement mis à disposition pour information.

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22 juillet 2014 2 22 /07 /juillet /2014 23:41

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http://www.agora-erasmus.be/IMG/gif/Massenstreik.gif

 

 

Rosa Luxemburg avait été accusée d'incitation à la violence pour une déclaration effectuée devant le Congrès du Parti à Iéna en septembre 1905! Le texte suivant est sa déclaration devant le tribunal. Elle sera condamnée à deux mois de prison qu'elle effectuera en 1907.

 


Déclaration devant le tribunal de Weimar

 

D’après un article de journal

 

La camarade Luxemburg :Je suis étonnée de la grande légèreté avec laquelle le ministère public a accusé la social-démocratie d’être responsable des débordements de Hambourg.  

 

Le président : Je dois vous demander d’être plus circonspecte dans vos déclarations.

 

La camarade Rosa Luxemburg poursuit :

 

A Hambourg, la social-démocratie s’est élevée contre ces violences et il a été prouvé juridiquement qu’elle n’y était pour rien. D’autre part, le procureur s’est élevé contre le ton de mon discours. On peut parler avec passion tout en tenant un discours purement scientifique.

 

Nous, sociaux-démocrates, n’avons pas besoin d’appeler par des discours enflammés à la grève de masse lors de nos congrès. Au contraire nous voyons en cela des élucubrations anarchistes. Nous partons de l’analyse scientifique que la violence est toujours le fait de la classe dominante.

 

Notre tâche à nous est d’éduquer et d’organiser les masses. On dit que mon discours était révolutionnaire. Tous les discours de la social-démocratie sont révolutionnaires, mais révolutionnaires dans le sens seulement qu’ils visent à un bouleversement complet et fondamental des conditions existantes.

 

Ce point de vue, c’est celui que j’ai défendu dans ma brochure sur la grève de masse. Justement moi, je défends le point de vue qu’une grève de masse ne peut pas se décréter arbitrairement.

 

On a dit ensuite que je m’étais souvent référée à la révolution russe. Il ne faut pas oublier que la révolution russe constitue la première expérience où l’on ait pu étudier la grève de masse. Tout intellectuel bourgeois qui veut étudier la grève de masse, doit étudier la révolution russe.

 

Cela ne signifie pas que la grève de masse pourrait être transplantée artificiellement sur le territoire allemand.

 

Mais il faut considérer que je parlais devant le Congrès, devant l’élite du prolétariat allemand. Et c’est sous-estimer terriblement la maturité politique et la force intellectuelle des militants sociaux-démocrates que de croire qu’on pourrait par un discours les inciter à la violence.

 

C’est sous-estimer tout simplement la maturité de la classe ouvrière allemande.

 

Le discours que j’ai prononcé devant à Iéna, j’aurais pu le tenir dans n’importe quelle réunion publique.

 

Les travailleurs allemands ont prouvé qu’ils sont capables de contenir leurs passions. Car s’ils ne se sont pas laissés inciter à la violence par des propositions de loi comme la [Zuchthausvorlage], la [Umsturzvorlage] et [celle actuellement s'attaquant aux droits syndicaux], ils ne se laisseraient pas plus entraîner par un discours prononcé à un Congrès. 

 

Ce sont ceux qui sont à l’origine de cette loi qui devraient se trouver ici sur le banc des accusés, et non moi. Je ne m’associe pas à la demande de non-lieu par crainte des maux et tracas d’une peine de prison – cela m’est complètement indifférent – mais parce que je juge qu’une peine de prison serait préjudiciable au développement des débats au sein de notre parti.

 

Traduction c.a.r.l., 21 juillet 2014

Merci des améliorations que vous pourriez apporter à cette traduction

Texte dans Gesammelte Werke, Band 3, P 188/190

 


      Grève de Hambourg : 17 janvier 1906. Tentative de grève de masse. 80 000 grévistes pour protester contre la limitation du droit de vote. Heurts avec la police.  

3       

 Zuchthausvorlage : 20 juin 1899. Proposition de loi de loi contre les grèves attaquant le droit de coalition  et   de grève. Rejeté le 20.11.1899.  Umsturzvorlage : 6.12.1894 : Modifications du code pénal, du code militaire et  de la loi contre la presse. La proposition de loi contre la subversion dite 'Umsturzvorlage' visait à sanctionner les tentatives de subversion de l'opposition social-démocrate. Rejetée en deuxième lecture le 11 mai 1895. Betreffend gewerbliche Berufsvereine. Après la dissolution du Reichstag le 13 décembre 1906, projet reporté.

 

 

Foto: Amtsgericht Weimar

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20 juillet 2014 7 20 /07 /juillet /2014 11:49

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Remarque: Indiquons que Rosa Luxemburg utilise le terme de grève de masse, pour en souligner la dimension directement politique, en particulier dans sa relation dialectique avec la révolution, plutôt que le terme de grève générale, qui donne moins de force aux différents éléments qui se mêlent pour faire de la grève un élément révolutionnaire. L'évolution de la compréhension du terme de masse aujourd'hui peut expliquer que souvent on voit des réticences à l'utiliser, d'autre part, on peut penser que certains priviliégient l'idée de grève générale, en ce qu'elle est décrétée par des instances alors même que Rosa Luxemburg montre dans cet extrait très connu, combien la grève de masse se définit comme un processus complexe etmouvant, tout comme le processus révolutionnaire. 

Rosa luxemburg, grève de masse et révolution

"La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 


Publié le 20 février 2009

 


Bebel à propos de rosa luxemburg en 1906. "je ne connais personne dans le parti qui la dépasse …"

Rosa luxemburg "je défends le point de vue de la grève de masse"

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Disparition d'irène petit, passeur des textes de rosa luxemburg

article - 13/07/13 - écrivit son livre à l’apogée du mouvement révolutionnaire russe et que son optimisme a été démenti par les faits ultérieurs. Cependant il reste l’idée importante que…

Analyse de classe, refus du nationalisme, approche révolutionnaire, trois principes qui fondent la…

article - 08/06/14 - la victime au milieu de milliers d’ouvriers et soldats spartakistes d’un régime social-démocrate qui refuse la révolution et qui après avoir soutenu la guerre, donne les ordres. (Leo…


Rosa luxemburg, grève de masse et révolution

article - 06/06/09 - - qu'elle avait pourtant déjà perçu - des capacités contre-révolutionnaires de la social-démocratie. Mais cet extrait montre bien le lien qu'elle pressentait indispensable entre grève…

 


Lettres de rosa luxemburg sur la démarche parlementariste.

article - 06/06/09 - qu'elle constate auprès des syndicats et c'est ce double constat qui l'amène à écrire sur la grève de masse, les partis et les syndicats. Nous avons publié sur le blog*, un extrait de ce…

Rosa luxemburg, l'année 1893 . Cinq lettres à leo jogiches.

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article - 12/08/11 - Sprawa Robotnicza (les plus connus et accessibles sur le net: 1793 paru en juillet 1893 et la grève des mineurs anglais en décembre), des éléments issus de la correspondance de Rosa…

Bibliographie de rosa luxemburg: ouvrages disponibles.

article - 19/01/10 - nationale ou gouvernement des conseils ?, Blanquisme et social-démocratie] grève de masses, parti et syndicats, trad. Bracke [a. M. Desrousseaux], introd. Paul Frölich,…

Qui était rosa luxemburg et quels sont ses textes?. Irène petit

article - 08/08/11 - texte deux analyses très enrichissantes: de "Réforme sociale ou Révolution?" et du texte "grève de masse, Parti et syndicat. Qui était Rosa Luxemburg et quels…

La révolution russe - lettre de rosa luxemburg à luise kautsky

article - 18/06/10 - Repères chronologiques - 1917 : Janvier 9 janvier : grève de 50 000 ouvriers et manifestation à Petrograd en commémoration du Dimanche rouge de…

Lettre de rosa luxemburg, le 31 juillet 1914 - veille de la déclaration de guerre!

article - 11/11/09 - Ah oui, à propos! En arrivant, j'ai trouvé ici - devine quoi? - la plainte au sujet de la grève de masse. Et ils sont très pressés. Manifestement, par sollicitude pour ma peronne, on…

Une lecture des lettres de rosa luxemburg: 1905, la révolution russe

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article - 10/05/08 - Pendant la révolution de 1905 Pour lire le texte: grève de masse, parti et syndicat : lire Pour écouter ce chant composé pour le dimanche rouge…

Rosa luxemburg de marcel bluwal - sur le site de l'ina

article - 21/10/10 - développé des thèses originales - parfois en désaccord avec celles de LENINE, sur la grève de masse et le parti, la démocratie socialiste et l'impérialisme.- A l'occasion du…

Ecrits de rosa luxemburg

article - 17/02/09 - en 1905 un sursaut secouait toute l’Europe : la Révolution russe, remplissant d’espoir les masses prolétariennes de tous les pays. Elle débuta, on le sait, le 22 janvier 1905, le…

Rosa luxemburg chez agone

article - 13/08/11 - Luxemburg dut longtemps d'être éditée, depuis l'article « Une dette d'honneur » paru dans masses n°15-16 (1934) ou La révolution russe (1937), jusqu'à La crise de la…

R.Luxemburg » sur wikiquote

article - 04/02/11 - sociale ou révolution, chap. 1. La méthode opportuniste, p. 19 grève de masse, parti et syndicats, 1906 Dans l'espace immatériel de l'analyse…

 

Smolny – fiche bibliographique "bibliothèque socialiste maspéro"

article - 24/05/08 - Eugène : a.B.C. Du communisme, préface de Pierre Broué. 2. LUXEMBURG Rosa : grève de masses, parti et syndicats (réédité dans une traduction nouvelle dans la PCM,…

Contribution de feliks tych "masses, classes et parti chez rosa luxemburg". A lire sur le net.

article - 30/11/13 - Contribution de Feliks Tych "masses, classes et parti chez Rosa Luxemburg". A lire sur le net. - comprendre-avec-rosa-luxemburg.Over-blog.Com A lire sur le net sur le site:…

L'origine communiste de la journée des femmes

article - 07/03/10 - La date n’est tout d’abord pas fixée, et ce n’est qu’à partir de 1917, avec la grève des ouvrières de Saint Pétersbourg, et l’impulsion de Lénine en 1921, que la tradition…

Une bibliographie de lukacs sur le web

Une bibliographie de lukacs sur le web

article - 03/08/10 - auquel l’essai Tactique et éthique donne son texte générique]. « Préface à grève de masses de Rosa Luxembourg » [1921], in m. Löwy, op. Cit., pp. 313-319. …

L'expérience belge - rosa luxemburg - 1902

article - 29/11/08 - majorité cléricale capitulât, la fraction socialiste semblait ne pas vouloir proclamer la grève générale. Celle-ci éclata bien plus par la décision souveraine de la masse

Socialistes français et allemands face à la révolution de 1905 ou la tentation de l’analogie avec…

article - 30/11/10 - combien ce choc eut des conséquences sur le socialisme international (3). L’usage de la grève de masse, en écho à celle intervenue en Russie, est depuis lors âprement débattu…

Une réflexion sur l'histoire du mouvement communiste et socialiste (1917-1921). Rosa luxemburg ……

article - 03/07/11 - portée historique (“autogouvernement” de la classe ouvrière dans ses organisations de masse) » (ibid., p. 151-152). Il s’agit très exactement du problème que l’on cherche ici à…

http://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/article-une-reflexion-sur-l-histoire-du-mouvement-
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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009