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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
10 février 2022 4 10 /02 /février /2022 18:17
Rosa Luxemburg, Andrée Michel. Hommage du blog à Andrée Michel en ce jour où l'on annonce une nouvelle nouvelle vente de ... rafales. "La France est une société militariste. Les budgets énormes qui ont été investis dans les armes expliquent le retard dans beaucoup d’autres domaines »Rosa Luxemburg, Andrée Michel. Hommage du blog à Andrée Michel en ce jour où l'on annonce une nouvelle nouvelle vente de ... rafales. "La France est une société militariste. Les budgets énormes qui ont été investis dans les armes expliquent le retard dans beaucoup d’autres domaines »

« Avant, explique Andrée Michel, je me disais pacifiste. Aujourd’hui, je préfère me déclarer antimilitariste pour signifier mon opposition à toutes les opérations menées pour promouvoir la production et la vente d’armements. » Andrée Michel

 

"La France est une société militariste. Les budgets énormes qui ont été investis dans les armes expliquent le retard dans beaucoup d’autres domaines ».

Sur le club de mediapart lu, en ce jour où l'on annonce une nouvelle nouvelle vente de rafales, un article qui rend hommage à Andrée Michel.

 

https://blogs.mediapart.fr/jules-falquet/blog/090222/continuer-la-lutte-anti-militariste-avec-linspiration-dandree-michel/commentaires

 

Je le reproduis en fin d'article.

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Rosa Luxemburg, Andrée Michel. Hommage du blog à Andrée Michel en ce jour où l'on annonce une nouvelle nouvelle vente de ... rafales. "La France est une société militariste. Les budgets énormes qui ont été investis dans les armes expliquent le retard dans beaucoup d’autres domaines »

Tout d'abord en écho et en hommage, deux citations de Rosa Luxemburg parmi les innombrables que l'on pourrait citer.

"Le militarisme est l'expression la plus concrète et la plus essentielle de l’État de classe, et si nous renoncions à le combattre, alors notre lutte contre l’État capitaliste ne serait plus qu'une formule creuse ..."

Intervention sur le militarisme au Congrès de Hanovre Traduction Dominique Villaeys-Poirré, mise en ligne le 10 novembre 2009 http://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/article-19894697.html

 

"Le gros de la bourgeoisie a atteint pour la première fois dans la IIIème République une souveraineté intégrale, qu’elle exerce depuis 1880 environ grâce aux ministères et aux majorités de la chambre presque continuellement opportunistes. La politique coloniale et le militarisme de la France ainsi que sa dette d’Etat géante montrent que la République peut, dans ces entreprises les plus lucratives de la bourgeoisie, faire concurrence à n’importe quelle monarchie."

Extrait de la crise socialiste en France, Le socialisme en France (1898 - 1912), Œuvres complètes - Tome III, Agone -Smolny, P 103  Dietz Verlag, Tome 1/2, P15

Rosa Luxemburg, Andrée Michel. Hommage du blog à Andrée Michel en ce jour où l'on annonce une nouvelle nouvelle vente de ... rafales. "La France est une société militariste. Les budgets énormes qui ont été investis dans les armes expliquent le retard dans beaucoup d’autres domaines »
« Avant, explique Andrée Michel, je me disais pacifiste. Aujourd’hui, je préfère me déclarer antimilitariste pour signifier mon opposition à toutes les opérations menées pour promouvoir la production et la vente d’armements. »
Continuer la lutte anti-militariste avec l'inspiration d'Andrée Michel
L'article de Julie Falquet reprend son avant-propos à l'ouvrage d'Andrée Michel "Féminisme et militarisme : Andrée Michel : une féministe anti-militariste dans le siècle


Hay mujeres que luchan un día, y son buenas
Hay mujeres que luchan muchos dias, y son muy buenas
Hay mujeres que luchan muchos años, y son mejores
Y hay mujeres que luchan 101 años
Estas son las imprescindibles 
Bertold Brecht (adaptation)


Solo le pido a Dios
Que la guerra no me sea indiferente
Es un monstruo grande y pisa fuerte
Toda la pobre inocencia de la gente 
Chanson de Mercedes Sosa


On connaît généralement Andrée Michel comme l’une des premières sociologues de la famille, puis des femmes et du travail, dans les années 1960 et 1970 en France . Pourtant, au-delà de ces travaux novateurs, aujourd’hui devenus classiques, on a à faire à une féministe « intégrale » – à la fois militante et chercheuse – et à une précurseuse dans plusieurs autres domaines capitaux, notamment la sociologie des migrations mais aussi, et surtout, le militarisme et le Complexe militaro-industriel (CMI), expression traduite de l'américain qu'elle a été la première à utiliser en France (Michel, 1985a) . 

    Dans les années 1950, elle ouvre le champ de la sociologie des migrations en France, étudiant et dénonçant les conditions de logement et de travail des ouvriers algériens, tout en s’engageant dans les luttes anti-coloniales, algériennes en particulier. Dès les années 1960, elle milite activement au Planning familial, publie l’un des premiers ouvrages de référence sur la situation des femmes (Michel et Texier, 1964), puis le premier (et unique) « Que sais-je ? » sur le féminisme, paru en 1972 et traduit en six langues . Après plusieurs années à enseigner en Algérie, puis aux États-Unis et au Canada, revenue en France elle fonde en 1974 la première équipe de recherche sur les femmes au CNRS. 

    À partir des années 1980 – la période où elle commence à écrire les textes ici rassemblés –, elle compte parmi les premières et très rares chercheuses en France à travailler sur la question des transnationales et du complexe nucléaro-militaro-industriel. Dans les années 1990, elle s’engage résolument contre la guerre et le militarisme, un engagement particulièrement infatigable. L’un de ses derniers textes  (1999), plein d’enthousiasme, est le résultat d’une intervention devant un groupe de syndicalistes, en Colombie, où cette femme d’alors quatre-vingt-deux ans avait accepté avec plaisir de venir donner une série de conférences.

    Il est difficile de rendre justice en quelques pages à l’itinéraire et aux analyses d’une aussi fougueuse intellectuelle et activiste, dont certains des travaux les plus importants restent méconnus dans son pays, la France – où règne un antiféminisme tenace et où beaucoup préfèrent aller chercher leurs héroïnes aux États-Unis. Pourtant, le travail d’Andrée Michel, non seulement par ses qualités intrinsèques, sa cohérence et son courage, mais aussi parce qu’il participe d’un élan profondément internationaliste incluant aussi bien l’Algérie que la Colombie, l’Irak que le Brésil, les États-unis, le Canada et la France, est de ceux qui honore le féminisme hexagonal. 

Éléments d’un itinéraire anticolonialiste et féministe 

    Née en 1927, dans une petite ville du Sud de la France, au sein de la bourgeoisie moyenne, Andrée Michel, comme toute une génération, a été fortement marquée par les guerres du XXe siècle. La Première Guerre mondiale a durement touché sa famille, provoquant mutilations et deuils : « J’ai vu ma grand-mère pleurer dix ans après 1918. Elle avait perdu un fils et l’autre, mon père, avait perdu un bras à la guerre » (Vogel, 2009 : 9) . Désireuse d’avoir un métier qui garantisse son autonomie économique, elle part étudier à Grenoble, où elle enseigne et échappe à l’Occupation pendant les trois premières années de la guerre. Quand l’armée allemande envahit le Sud, elle s’engage immédiatement, en tant que volontaire sociale, dans l’armée d’Afrique, travaillant principalement avec les tirailleurs algériens et marocains. Mais l’armée n’est pas une vocation pour elle : engagée « pour apporter [s]a contribution à la Libération » (ibid. : 10), lorsqu’on lui propose à la fin de la guerre de partir en Indochine, sa réaction est sans équivoque : « On me demandait d’occuper un pays qui demande sa libération… J’ai demandé ma démobilisation » (ibid. : 10). Bientôt commence la guerre de libération en Algérie, une guerre dans laquelle elle s’implique à nouveau – du côté algérien cette fois-ci, comme oratrice, activiste, mais aussi comme porteuse de valises, une tâche plutôt féminine comme elle le souligne avec modestie et une pointe de malice : « J’étais, comme d’autres, une porteuse de valises… En fait, j’ai vu surtout des femmes porter des valises… Mais les livres s’intitulaient “porteurs de valises”... Mes autres activités anticolonialistes étaient nombreuses (conférences, démarches…) » . 

    L’indépendance d’esprit et l’audace caractérisent son parcours professionnel : renonçant à l’agrégation de philosophie, après plusieurs emplois précaires dans l’enseignement elle devient assistante de recherches au CNRS en 1948, auprès de Paul Henry Chombart de Lauwe qui travaille alors sur les familles ouvrières. Le cursus de sociologie n’existant pas à l’époque en France, elle devient sociologue « sur le tas » avant de se former aux États-Unis, intégrant le CNRS comme chercheuse en 1954. Elle y fera une longue carrière, malgré la marginalisation que lui valent ses positions féministes et trop à gauche . En fait, elle préfère rester « un pied dans l’institution, un pied en dehors » (Poinsot, 2003 ). Dès le début des années 1950, en contact avec le mouvement des prêtres ouvriers, elle s’installe dans un hôtel meublé à Montreuil. La crise du logement bat son plein. Elle côtoiera là des prostituées, des travailleurs migrants algériens et des familles ouvrières françaises et espagnoles. Cette installation à Montreuil, où elle réside toujours aujourd’hui, constitue pour elle un passage de frontière particulièrement significatif : « Je n’avais pas du tout envie de retomber dans le milieu intellectuel parisien. Ils étaient déjà à cent lieues d’où j’étais. À vol d’oiseau, j’étais peut-être à deux kilomètres, mais j’avais déjà changé de monde » (Vogel, 2009). Elle signe alors l’une des toutes premières recherches en sociologie des migrations publiées en France sur les conditions de logement et de travail des ouvriers algériens (Michel, 1956), soulevant au passage la colère du patronat français et de l’ancien gouverneur de l’Algérie colonisée, Jacques Soustelle. 

   Sa curiosité intellectuelle et son ouverture d’esprit la poussent à élargir considérablement l’horizon de ses recherches et de ses pratiques sociologiques : « J’allais plus volontiers aux congrès internationaux qu’aux congrès franco-français qui ne m’intéressaient pas trop… En 1956, le premier Congrès international de sociologie s’est tenu à Stresa, en Italie. J’y suis allée et j’ai continué de participer aux colloques internationaux. J’étais quelqu’un de marginal, mais j’étais souvent invitée à droite et à gauche et les satisfecit des uns ou les critiques des autres m’importaient peu. Je continuais mon chemin, sachant que j’avais toujours eu les opprimé.es de mon côté. Tant pis si, en haut lieu, certains m’accusaient de faire de la “sociologie de combat” ! » (ibid.).

    Quant à l’engagement féministe d’Andrée Michel, il s’est affirmé très tôt, on l’a dit. Côté militant, dès les années 1960 elle s’implique très activement dans le Planning familial – un mouvement qui suscite alors une forte réprobation dans une grande partie des milieux universitaires notamment. Côté académique, elle publie en 1964 avec Geneviève Texier deux volumes sur La condition de la Française aujourd’hui : si les termes paraissent aujourd’hui désuets, Andrée Michel rappelle que la deuxième vague du mouvement féministe n’avait pas encore commencé à se former et que, selon les éléments du Code Napoléon toujours en vigueur, les femmes avaient moins de droits que  les fous (Poinsot, 2003). Elle fonde en 1974 au CNRS le premier Groupe d'études sur les rôles des sexes, la famille et le développement humain. Sur la recherche dans le domaine, en France, son constat est sans détour. En 2003 elle affirme : « Il y a, ici, des inégalités entre les hommes et les femmes qui seraient inimaginables en Allemagne, aux USA ou en Angleterre. Les femmes sont encore invisibles en France, aussi bien dans le business, dans la politique, que dans la recherche, si ce n’est quelques femmes alibis. Comme s’il n’y avait pas eu trente ans de féminisme. La société française est bloquée, et ses blocages proviennent de son attitude néocolonialiste et patriarcale. La France est une société militariste. Les budgets énormes qui ont été investis dans les armes expliquent le retard dans beaucoup d’autres domaines » (ibid.).

   C’est pourquoi, on l’a vu, Andrée Michel consacrera une bonne part de son énergie à des dynamiques internationales, participant au sein de l’Association internationale de sociologie (AIS) à la création et à la coordination du Comité international de recherches sur les rôles de sexe. Elle organise à ce titre plusieurs tables rondes, notamment sur « Les femmes dans la production non marchande », en 1977, et sur « Les femmes et la division internationale du travail », en 1981, qui débouchent sur ses premières publications à propos des multinationales (Michel, Fatoumata-Diarra et Agbessis-Dos Santos, 1981). Entre 1986 et 1995, elle exerce la direction de la revue Nouvelles Questions féministes.

Andrée Michel l’antimilitariste

    En tant que féministe, Andrée Michel s’est intéressée d’abord à la famille, au travail, à l’économie, à la politique. Cependant, pour reprendre ses termes, le système patriarcal s’incarne également dans la guerre, l’industrie d’armement, la vente d’armes. Comme elle le rappelle : « [L]a guerre, nous la vivons… dans mon enfance, on parlait souvent de la guerre 1914-1918 qui avait durement éprouvé ma famille. Dans celle de mon mari, la même guerre avait fauché la moitié des hommes. Lui-même, après quatre ans de service militaire, avait enduré quatre ans de captivité… J’ai été traumatisée par les massacres de la grotte d’Ouvéa, par la guerre d’Irak et celle des Balkans » (Vogel 2009). C’est au sujet de ces guerres qui la touchent directement qu’elle écrit, en particulier une brochure de soixante-dix pages intitulée Mitterrand, de la guerre d’Algérie à la guerre d’Irak, puis, en 2002, un ouvrage sur la guerre en ex-Yougoslavie, Justice et vérité pour la Bosnie-Herzégovine. L’antimilitarisme, chez elle, vient de loin et s’incarne dans l’action tout autant que dans l’analyse.

    Ainsi, à partir des années 1980, elle milite directement contre la guerre. D’abord dans le réseau Résistance internationale des femmes à la guerre, une initiative venue essentiellement d’institutrices et d’enseignantes  et qui reste alors très isolée, car, selon Andrée Michel, les Françaises se montraient dans l’ensemble extrêmement timorées et ne s’autorisaient pas à analyser le conflit hors des schémas de pensée masculins, patriarcaux (1985a). De fait, sur ce thème, peu de revues lui ouvrent leurs colonnes : selon ses propres dires, son premier travail de fond sur la question du complexe militaro-industriel (1985b ) et des violences envers les femmes n’aurait jamais été publié (dans Nouvelles Questions féministes) sans l’appui de Simone de Beauvoir et de Christine Delphy.

    Son engagement se développe dans les années 1990, grâce à son inscription dans des réseaux féministes européens et américains sur la question de la guerre et des femmes – dont les Françaises sont singulièrement absentes. L’actualité politique également la pousse : fin 1990, elle participe au voyage de l’Ibn Khaldoun, un bateau affrété par le Front des femmes arabes pour la paix, créé en septembre 1990 à Sanaa (Yémen) par des organisations de femmes de Palestine, Jordanie, Irak, Liban, Syrie, Algérie, Tunisie et Yémen. Le sort de cette initiative politique audacieuse n’est pas sans évoquer celui que connaîtra la Flottille pour Gaza vingt ans plus tard : parti d’Alger avec des femmes arabes, européennes, japonaises et états-uniennes, l’Ibn Khaldoun, en plus de sa mission de paix, avait récolté du lait, des aliments et des médicaments à destination des enfants irakien.nes et koweïtien.nes durement touché.es par l’embargo. Or, « dans la nuit du 26 décembre, à 5 heures du matin, devant la côte d’Oman, américains, britanniques et australiens ont été parachutés sur le Ibn Khaldoun qui était cerné par neuf navires de guerre. Après avoir molesté femmes et enfants et fait tomber à terre un enfant en bousculant sa mère, les marines ont confisqué documents, appareils photo et pellicules. Pour assurer leur “sécurité”, ils ont utilisé des grenades lacrymogènes et aveuglantes ; dans la bousculade, soixante-cinq personnes ont été blessées et deux femmes qui étaient enceintes ont fait une fausse couche. Le capitaine a été battu et on lui a mis des menottes. Tandis que femmes et enfants étaient détenus pendant dix heures dans les cabines où, par suite de l’arrêt de la ventilation, plusieurs se sont trouvés mal (des cas de lipothymie ont été enregistrés), les marines déchargeaient les médicaments et les aliments que les femmes de plusieurs pays du monde avaient collectés pour les enfants d’Irak et du Koweït. Le bateau a été immobilisé huit jours dans le Golfe, et pendant ce temps les femmes ont souffert du manque d’eau, distribué au compte-gouttes. » (Nasra Al Sadoon, 1991). Ce compte rendu est publié, précisément, dans Nouvelles Questions féministes.

    Lors de la première Guerre du Golfe puis de la guerre en ex-Yougoslavie, Andrée Michel est active dans différentes luttes pacifistes et antimilitaristes, qui l’amèneront des pourtours de la Méditerranée jusqu’en Colombie, où elle s’intéresse de près aux activités de la plus grande coalition féministe antimilitariste du continent, la Ruta Pacífica de las Mujeres, avec qui elle gardera des liens durables. C’est alors que son internationalisme se déploie à plein : sollicitée par des associations et des femmes universitaires aux quatre coins de la France et du monde (Suisse, Belgique, Italie, Espagne, Mexique, Colombie, Costa-Rica, Brésil, Niger, Éthiopie, Tunisie), elle participe à toutes sortes de conférences internationales, académiques et/ou militantes. Ses analyses suscitent l’intérêt aussi bien des femmes universitaires que des activistes. Pourtant, dans l’académie mainstream, elle se heurte au mieux à l’indifférence, le plus souvent à l’agressivité, de ses collègues masculins lorsqu’elle intervient dans leurs colloques sur la militarisation, qu'ils considèrent visiblement comme leur chasse gardée. C’est probablement la raison pour laquelle ses deux ouvrages principaux sur la question sortent aux Éditions de l’Harmattan (Michel 1995 ; 1999) sans lui valoir la reconnaissance internationale – on ne peut plus méritée – dont jouit sa collègue politiste états-unienne Cynthia Enloe, alors même que les analyses d'Andrée Michel sont antérieures. 

Le système militaro-industriel, analyses et luttes féministes

    Alors que la France est l’un des pays les plus nucléarisés au monde et l’un des principaux fabricants et vendeurs d’armes de la planète, il faut répéter d’abord qu’Andrée Michel est l’une des très rares universitaires féministes françaises contemporaines à avoir travaillé directement sur le militarisme et le nucléaire en France. Un tel silence du féminisme universitaire et d’une bonne  partie du féminisme militant est préoccupant, même s’il ne fait que refléter le silence construit, voire imposé à l’ensemble de la société française. Les quelques voix qui s’élèvent n’en sont que plus précieuses, surtout quand elles analysent les raisons profondes du mutisme et de l’auto-censure sur ces deux « mamelles » de la France. 
    Il s’agit précisément de l’un des apports majeurs du travail d’Andrée Michel, manifeste dès le premier article qu'elle publie à ce sujet en 1985, « Le complexe militaro-industriel et les violences à l’égard des femmes ». Dans la veine du féminisme matérialiste, Andrée Michel analyse tant la face mentale que la face matérielle du militarisme, qui se construit très concrètement comme un double système idéologique et productif solidement appuyé sur un ensemble d’institutions qui organisent l’ensemble de la société. Et comme on le verra, elle met en rapport cette double analyse avec celle des violences masculines contre les femmes, en les définissant bien au-delà du seul cadre des violences conjugales et « privées ».
    Concernant les bases matérielles du complexe ou système militaro-industriel (CMI ou SMI), Andrée Michel analyse méticuleusement les données économiques, sociologiques, historiques et statistiques disponibles, souvent celles-là mêmes que fournissent les institutions internationales. Quel pays produit quoi, quel gouvernement dépense combien en armes, qui choisit d’acheter ou de vendre plutôt des missiles que des hôpitaux, de rémunérer des soldats et d’imprimer des manuels de torture plutôt que de former des maîtresses d’école et de développer des bibliothèques enfantines : là se jouent les choix décisifs. Or, Andrée Michel montre bien qu’une petite clique de vieux messieurs, souvent blancs, toujours fort riches, décide des priorités en la matière dans la plus totale opacité, sans souci ni de la démocratie, ni des intérêts du plus grand nombre. De plus, Andrée Michel dévoile les liens entre plusieurs dimensions structurelles du militarisme. Elle souligne l’articulation de trois dimensions capitales. D’abord, l’organisation du système productif lui-même, qui est déformée par le militarisme : il est instructif de constater non seulement le poids économique du secteur, mais aussi d’analyser les logiques d’emploi dans l’industrie de l’armement et dans l’industrie nucléaire. Ensuite, il convient d’observer que le militarisme ne peut prospérer qu’en étant solidement soutenu par un système politique antidémocratique où les décisions sont prises sans transparence, comme le montre très bien le choix du nucléaire en France, sans aucun débat. Enfin, Andrée Michel attire notre attention sur les systèmes médiatiques et éducatifs qui légitiment le militarisme sur le plan idéologique. Érotiser la guerre avec des images de pinups et de soldats musclés, la dé-réaliser et la transformer en « jeu » vidéo, présenter aux enfants et aux jeunes la vie militaire comme un idéal viril ou un modèle de discipline, de moralité et d'amitié, minimiser l’impact du nucléaire sans crainte du ridicule en décrivant le mouvements de nuages respectueux des frontières de l’Hexagone : c’est cela, aussi, le quotidien du CMI, son danger et sa redoutable force.

    Par ailleurs, si son travail empirique part du cas français, Andrée Michel situe ses analyses dans une perspective internationale et anti-néocoloniale . Elle  lie sa critique du militarisme à une dénonciation très claire d’une série de guerres concrètes, qui constituent le débouché on ne peut plus logique du CMI – et non pas quelque regrettable « bavure » que nos dirigeant.es s’efforceraient de circonscrire et de faire disparaître. Sans guerres ouvertes, pas de consommation des produits centraux du CMI, pas de justification des arbitrages budgétaires scandaleux et de l’endettement massif pour équiper les armées de matériel dernier cri. Il est complètement illusoire d’espérer que les dépenses militaires mènent à la préservation de la paix : bien au contraire, elles prolongent indéfiniment, non seulement les guerres, mais aussi les luttes contre « l’ennemi intérieur » (la population civile contestaire, qui constitue souvent un premier test « grandeur nature » des nouveaux matériels), et surtout, comme Andrée Michel l’a si bien souligné, le retard dans toutes sortes de domaines, comme la recherche, les droits humains, l’égalité de sexe, de « race » ou de classe. Ce qu’on dépense en armes, c’est toujours ça de moins pour la musique, la poésie ou le désengorgement des Tribunaux qui fixent les montants des pensions alimentaires.
    
    C’est pourquoi Andrée Michel s’inscrit dans l’activisme et travaille à mettre en valeur les actions pacifistes et surtout antimilitaristes du mouvement des femmes et des féministes dans différents contextes nationaux et internationaux.

    Dans cette perspective internationaliste, le travail d’Andrée Michel se distingue aussi par sa dénonciation constante de l’ethnocentrisme des féministes françaises et européennes, «  renforcé par leur sentiment [d'appartenir] à des sociétés qui doivent devenir la référence pour les femmes du Tiers-Monde », écrit-elle avec des accents proches de ceux de Chandra Mohanty dans un texte consacré aux échanges entre participantes du Nord et du Sud lors de plusieurs grandes rencontres internationales contre la guerre (Michel, 1994b) . Analysant les différences entre ces rencontres, elle affirme que les femmes européennes ont un potentiel de résistance à l’impérialisme très réduit, même si on trouve chez elles un potentiel élevé pour la résolution des conflits par la non-violence. Dans ce texte du début des années 1990, elle montre déjà comment le retour de pratiques de lapidation en Irak est manipulé, avec succès, par les médias occidentaux pour que les femmes occidentales se détournent avec effroi et incompréhension du sort des femmes irakiennes. Andrée Michel estime en revanche que c’est chez les femmes des Suds que les luttes contre l’impérialisme, la guerre et le militarisme, sont les plus résolues et les plus lucides. Et en tout état de cause, elle n’a de cesse de prôner et d’œuvrer très concrètement à des alliances, comme en témoignent notamment, non seulement ses articles publiés dans NQF et ses nombreuses interventions dans différents espaces militants, mais aussi ses efforts constants pour faire connaître les travaux et les luttes de nombreuses activistes et théoriciennes du Sud, qu’elle cite abondamment et avec qui elle dialogue constamment.

    Enfin, en ce qui concerne les femmes, on sait que le pacifisme est souvent mêlé à  un certain naturalisme : c’est parce que les femmes seraient avant tout des mères, proches de la vie, qu’elles chériraient la paix. Ou bien c’est en tant que victimes obligées des violences, des viols de guerre, en tant que veuves et mères éplorées, qu’elles s’opposeraient légitimement à la guerre. Rien de tel chez Andrée Michel, qui différencie avec soin pacifisme et antimilitarisme. L’antimilitarisme, bien plus large qu’un amour un peu sentimental de la paix, est éminemment raisonné. Il est l’aboutissement logique, —inévitable, aimerait-on dire¬— de positions féministes, anticolonialistes, antiracistes et anticapitalistes. Andrée Michel, comme après elle Cynthia Enloe (1989) et Cynthia Cockburn , insiste d’ailleurs sur la dimension féministe que revendiquent de nombreux mouvement de femmes antimilitaristes. 

    Bien plus que s’opposer à des guerres ponctuelles, il s'agit de remettre en cause toute une logique quotidienne du « temps de paix », qu’Andrée Michel débusque là où on oublie souvent qu’elle se niche. Le militarisme, ce sont bien sûr les dépenses militaires, le commerce des armes et les interventions armées – l’une des principales occasions de ce qu’elle nomme la « consommation d’armes ». Pourtant, il s'exprime aussi dans la mode (camouflage), le cinéma (héroïque) ou le nucléaire « civil » (même quand cette industrie est pilotée par une femme). Mais Andrée Michel nous rappelle que la militarisation implique aussi toute une politique de l’emploi à l’échelle de pays entiers, subordonnant les industries civiles aux industries militaires, ce qui diffuse et aggrave la division sexuelle du travail dans l’un comme dans l’autre secteur, renforce la taylorisation du travail et augmente le chômage en général et celui des femmes en particulier. On voit alors apparaître le lien profond entre politique de classe et politique de genre. De même, la division internationale ou « raciale » du travail n’est jamais loin : d’où vient l’uranium à bas prix ? qui se prostitue dans les bases militaires de qui ? qui est envoyé.e en première ligne avec la promesse d’obtenir, un jour, des papiers si elle/il se bat courageusement pour les intérêts des multinationales basées dans le Nord ? Finalement, comme le souligne Andrée Michel, pour que des choix budgétaires et politiques militaristes et guerriers éminemment défavorables aux femmes, et surtout aux plus pauvres d'entre elles, puissent s’imposer, il faut exclure les femmes des parlements. Qu’on repense un instant au Congrès états-unien qui a voté la guerre contre l’Irak : parmi les rares opposant.es à cette décision tragique et scélérate, les plus déterminées étaient des députées femmes, Noires.

    Pour conclure, il faut rappeler que si le travail d’Andrée Michel est à la fois précurseur et profond, il est surtout terriblement actuel. Sa dénonciation de la culture de guerre et du militarisme résonne avec un écho tout particulier depuis le début de la « guerre antiterroriste » lancée par les États occidentaux à la suite du 11 septembre 2001 . La guerre a connu deux grandes transformations après la Deuxième Guerre mondiale : la doctrine de la dissuasion nucléaire et le fait que les pays du Sud soient devenus le principal théâtre des opérations militaires. Ces deux transformations sont aujourd’hui d’une actualité brûlante. Le nucléaire civil et militaire reste la plus terrible menace pour la vie humaine, comme l’ont montré la catastrophe entièrement évitable de Fukushima et les énormes tensions qui entourent les programmes nucléaires français, indien, pakistanais, israélien, états-unien, coréen et, aujourd’hui tout particulièrement, iranien. On sait aussi que les pays des Suds font aujourd’hui les frais d’une longue liste de conflits armés destinés à leur imposer la démocratie de marché (Irak, Afghanistan), le pillage de leurs ressources (Libye, Nigeria, Mali), ou encore un contrôle social brutal par la terreur et la décomposition sociale généralisée, cas de nombreux pays latino-américains où la « guerre contre le narco-trafic » s’est transformée en véritable guerre contre la population civile, faisant des mort.es et des disparu.es par dizaines voire centaines de milliers (Mexique, Amérique centrale, Colombie). Face à cet état de guerre généralisé qui menace de devenir permanent, être « militairement incorrectes », comme le préconise Andrée Michel, est plus que jamais une urgence où convergent les luttes féministes, antiracistes, anticoloniales et anticapitalistes.

Jules Falquet
Paris, juillet 2012

On pourra voir son texte majeur, écrit avec avec Agnès Bertrand et Monique Séné, sur "Le complexe militaro-industriel et les violences à l'égard des femmes" : https://www.jstor.org/stable/40620122

 
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8 août 2021 7 08 /08 /août /2021 21:07
Une oeuvre de Frans Masereel

Une oeuvre de Frans Masereel

Karl Liebknecht est né comme Rosa Luxemburg en 1871 (le 13 août). En même temps qu'elle, il est mort le 15 novembre 1919, assassiné par les corps francs et le régime réformiste, au pouvoir, réunis.

 

Refus de voter les crédits de guerre, le courage du député Liebknecht

Karl Liebknecht est connu pour son refus en décembre 1914 de voter les crédits de guerre, seul député du parti social-démocrate allemand à refuser ce vote. Il lui a fallu un courage hors du commun pour seul dans cet hémicycle se lever et dire non. Il est aussi un des rares membres des partis de la 2e Internationale à refuser, tous pays confondus, la participation à  la boucherie à venir.

 

Une lutte constante contre le militarisme et la guerre, une lutte pour la jeunesse

C'est l'aboutissement d'une lutte constante contre le militarisme marquée par la publication d'un ouvrage majeur en 1907 qui lui vaudra de la prison, "Militarisme et anti-militarisme" dirigé tout particulièrement vers la jeunesse, autre grand combat de Liebknecht.

 

Un combat avec le courant de Rosa Luxemburg

On associe généralement Liebknecht à Rosa Luxemburg. Si leurs combats se déroulèrent sur des bases semblables, ils furent longtemps parallèles. C'est à l'approche de la guerre et pendant celle-ci que se rejoignit leur action, sur des bases révolutionnairess. Au sein du groupe l'Internationale, puis du groupe spartakiste.

 

Le 1er mai 1916

Un moment majeur fut l'organisation par le courant révolutionnaire en pleine guerre, en plein Berlin d'une manifestation le 1er mai 1916 qui conduira le même jour Liebknecht en prison où il restera jusqu'à sa libération en novembre 1918 par la révolution.

 

La proclamation de la république socialiste

L'autre moment qui fait de Liebknecht, un militant connu au-delà des frontières et au delà du temps : la proclamation le 9 novembre de la République socialiste en opposition au courant réformiste proclamant la république sur des bases bourgeoises.

 

Liebknecht assassiné

Du 9 novembre à leur assassinat, le courant révolutionnaire tentera de lutter contre l’instauration de cet ordre bourgeois. Cela lui coutera la vie. Son dernier article intitulé "Malgré tout" reste un texte fondamental pour chacun de nous.

 

 

Pour le 150e anniversaire de sa naissance (le 13 août 1871), en hommage à son action, sur le blog, une semaine avec Karl Liebknecht

Le blog en hommage à son combat va consacrer une semaine à ses textes et à son action.

 

Ici les dernières lignes de son dernier article, Malgré tout :

 

 « Spartakus vaincu ! »

Doucement ! Nous n’avons pas fui, nous ne sommes pas battus ! Et même si vous nous enchaînez, nous sommes là et nous restons là ! Et la victoire sera nôtre !

Car Spartakus, cela signifie : feu et flamme, cela signifie : coeur et âme, cela signifie volonté et action de la révolution du prolétariat. Et Spartakus - cela signifie détresse et aspiration au bonheur, volonté de mener la lutte du prolétariat conscient. Car Spartakus, cela signifie socialisme et révolution mondiale.

La marche au Golgotha de la classe ouvrière allemande n’est pas encore terminée, mais le jour de la rédemption approche ; le jour du Jugement pour les Ebert-Scheidemann-Noske et pour les dirigeants capitalistes qui aujourd’hui se cachent encore derrière eux. Haut jusqu’au ciel battent les flots des événements ; nous sommes habitués à être précipités du sommet jusque dans les profondeurs. Mais notre vaisseau poursuit fermement et fièrement sa route droite - jusqu’au but.

Et que nous vivions encore quand il sera atteint - notre programme, lui, vivra ; il dominera le monde de l’humanité libérée. Malgré tout !

Sous le grondement de l’effondrement économique qui s’approche, l’armée encore sommeillante des prolétaires se réveillera comme au son des trompettes du Jugement dernier, et les corps des combattants assassinés ressusciteront et exigeront des comptes de leurs bourreaux. Aujourd’hui encore le grondement souterrain du volcan ; demain il fera éruption et ensevelira les bourreaux sous ses cendres brûlantes et ses flots de lave incandescente.

Karl Liebknecht

Source : https://www.marxists.org/francais/liebknec/1919/01/liebknecht_19190115.htm

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14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 15:02
Disparition de Jean Salem, stupeur et tristesse. Il a fait du marxisme, ce qu'il doit être, une réalité toujours vivante, pratique et théorique. Comprendre avec Rosa Luxemburg.

Pour Rosa Luxemburg, le marxisme était la base de sa pensée et de son action, un aiguillon pour comprendre et pour lutter.

 

Cela lui a permis, de sa lutte contre le colonialisme et la politique mondiale de la fin du XIXème siècle jusqu'à sa résistance à la guerre, de son combat contre le réformisme jusqu'à sa participation aux révolutions de 1905 et 1918, de faire des choix cohérents. Le marxisme a construit cette cohérence

 

Dans ces 20ème et 21ème siècles décervelés, hautement aliénés, Jean Salem, comme elle,  a porté le marxisme comme étendard et comme outil. Ils sont peu à avoir su lutter pour une pensée constamment de classe.

 

Son grand œuvre, le séminaire est en cela essentiel..

http://jeansalem.fr/fr_FR/seminaires/marx-au-xxie-siecle/

 

Dominique Villaeys-Poirré

 

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5 mars 2017 7 05 /03 /mars /2017 18:33
Jaurès et la "Question d'Orient". En contre-point aux articles de Rosa Luxemburg de 1896

"L’œuvre du prolétariat s’accroit nécessairement avec son pouvoir, et on peut dire que, dès maintenant, c’est dans le vaste horizon des intérêts humains que doit se mouvoir son regard et se développer son action."

En contre-point aux articles de Rosa Luxemburg de 1896, il est utile de donner accès aux positions de Jaurès à la même époque. Ainsi peut-on lire aisément les articles qu'il a consacrés à la Question d'Orient dans la Dépêche, dans l'ouvrage regroupant l'ensemble de ses articles dans ce journal et publié en 2009. L'ouvrage relève les occurrences suivantes :

19.03.1890 - 09.04.1890 -12.05.1892 -07.11.1896 - 13.01.1897 - 17.02.1897 - 24.02.1897 - 21.04.1897 - 09.02.1898.

Cet article  reproduit dans un premier temps les extraits des articles du 7 novembre 1896 et du 13 janvier 1897.

On peut constater la différence très nette d'approche des deux penseurs.

Fait nouveau

Article paru dans La Dépêche le 7 novembre 1896 (extrait sur la Question d’Orient). Issu de « Jaurès, l’intégralité des articles de 1887 à 1914 publiés dans La Dépêche », P 388

 

… La démocratie  suit une marche irrésistible : elle entend régler souverainement et en pleine lumière les intérêts de la France au dehors comme au dedans ; elle ne permettra plus à personne de disposer de la France sans la France. Et le premier devoir des représentants du pays sera de ne pas laisser se perdre ou s’amoindrir, mais de développer au contraire  cette puissance de la démocratie française dans la conduite de la France. Le parti socialiste n’y manquera pas. Et dans la question même d’Arménie qui est posée devant la conscience européenne, le débat n’est pas clos ; au fur et à mesure que se développeront les événements, des explications nouvelles seront demandées. Il est d’autant plus urgent que la démocratie française et en particulier le prolétariat socialiste interviennent dans la marche générale des affaires européennes, que vraiment les gouvernements d’aujourd’hui ont manqué à tous leurs devoirs et ont attesté l’incapacité foncière de l’Europe actuelle, monarchique, capitaliste et bourgeoise, à accomplir sa fonction. Plus de cent mille créatures humaines ont été depuis deux ans massacrées, violées, torturées dans un pays auquel l’Europe, par la plus solennelle signature, avait promis il y a dix-huit ans, protection et sécurité. L’Angleterre voulait intervenir, mais elle était justement suspecte, pour tous ses actes à Chypre et en Egypte, d’une arrière-pensée égoïste et d’une combinaison peu loyale. La Russie par méfiance de l’Angleterre, a laissé systématiquement macérer dans le sang toute la population arménienne ; elle s’est opposée par tous les moyens dilatoires, à toutes les mesures qui auraient pu sauver quelques existences humaines. Je n’ai pu produire à ce sujet, devant la majorité qui se révolte contre toute critique de la politique russe, comme si la Russie était une idole, que les grands faits ; mais les détails de l’intrigue russe depuis trois ans pour écarter de l’Arménie, outragée, égorgée tout secours européen, est particulièrement affligeant et instructif aussi, et c’est l’honneur du parti socialiste de maintenir contre tous les partis pris et les mensonges complaisants le droit supérieur de la vérité ; il n’y a que la vérité qui sauve. Et, pendant que l’Angleterre et la Russie, chacun à leur manière, compromettent la vie de cent mille Arméniens, pendant que la France de M. Hanotaux ne donnait d’autre consigne à son ambassadeur à Constantinople, M. Cambon, que de suivre aveuglément l’ambassadeur, M. de Nélidoff, l’Arménie était soumise à un régime d’atrocités auquel on ne sait si les violences asiatiques des Mongols eux-mêmes sont comparables. L’heure n’est-elle donc point venue pour le prolétariat européen de mettre un terme aux convoitises, aux égoïsmes misérables et aux rivalités des gouvernements d’Europe pour leur imposer une tâche commune d’humanité ? A coup sûr le prolétariat a une oeuvre plus immédiate et plus décisive à accomplir ; il doit travailler d’abord à son propre affranchissement et à la conquête du pouvoir politique en vue de l’émancipation sociale. Ce n’est pas lui qui est le maître dans la société capitaliste, et, n’ayant pas la souveraineté, il ne peut avoir la responsabilité. Mais s’il ne peut encore agir directement pour le bien du monde et la paix humaine, il peut du moins, par voie réflexe, agir dès aujourd’hui en imposant peu à peu une attitude moins brutalement égoïste aux dirigeants de l’Europe actuelle. L’œuvre du prolétariat s’accroit nécessairement avec son pouvoir, et on peut dire que, dès maintenant, c’est dans le vaste horizon des intérêts humains que doit se mouvoir son regard et se développer son action.

 

La rentrée

Article paru dans La Dépeche le13.01.1897 (extrait sur la Question d’Orient). Issu de « Jaurès, l’intégralité des articles de 1887 à 1914 publiés dans La Dépêche », P 394

… Dans la politique extérieure, la situation du ministère est  aussi difficile. M. Hanotaux s’est livré, et la France avec lui, à la politique russe. Or, il devient visible tous les jours que les charges de cette politique s’aggravent pour nous et que les avantages espérés se dérobent. La Russie nous a prêté, dans les affaires d’Egypte, un concours si incertain, si  inefficace, que l’Angleterre a redoublé d’audace dans la vallée du Nil. Nous sommes à cette heure dans des termes si difficiles avec les Anglais que notre ambassadeur de Londres a dû se retirer, et, d’autre part les projets de la Russie en Orient deviennent très inquiétants pour nous. Le tzar, à son passage à Paris, avait fait à M. Hanotaux, pour le règlement des affaires turques, de vagues promesses verbales, dont notre ministre présomptueux a triomphé en propos mystérieux et superbes à la tribune de la Chambre. Or, tout cela, aujourd’hui, se réduit à rien. La Russie vient de refuser d’aider la France dans le règlement des finances turques ; la Russie avoue sans détour qu’elle a tout intérêt à laisser la Turquie se désorganiser dans le déficit et la servitude, comme elle a intérêt à laisser l’Arménie à la merci des égorgeurs. Elle espère que l’heure viendra ainsi où elle pourra, seule, sans l’intervention de l’Europe, imposer à la Turquie et à l’Asie le protectorat exclusif de l’influence russe. …

 

Jaurès en 1896

Jaurès en 1896

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21 février 2016 7 21 /02 /février /2016 11:01
Ne pas trahir Verdun, c'est continuer le combat de Rosa Luxemburg contre la guerre, affirmer la solidarité internationale des prolétaires et des exploités au sein des peuples et entre les peuples.

Trahir Verdun, ils le font depuis août 2014

Trahir Verdun, ils le font depuis août 2014. Des célébrations, toujours des célébrations. Et toujours pas de remise en cause fondamentale de ce conflit mondial et surtout d’analyses officielles dans les différents pays qui indiquent que cette guerre pour rien, insensée pour les peuples, fruit d’une évolution du capitalisme mondial qui n’a pas cessé de marcher, tout au long de cette fin du XIXème siècle/début du XXème siècle, vers la guerre, a fait des millions de morts pour rien. D’autant plus morts pour rien que malgré quelques avancées, réhabilitation des fusillés pour l’exemple, on continue à masquer les véritables causes de la guerre d’hier, et donc des guerres d’aujourd’hui.

 

Des larmes de crocodiles

Ils versent des larmes de crocodiles et déjà la gueule ouverte croquent dans le monde d’autres innombrables victimes.

 

Février 1916, Rosa Luxemburg est libre

Alors aujourd’hui sur notre blog, un rayon de soleil, que l’on saura vite effacé, puisque Rosa Luxemburg ne restera que moins de six mois libre et qu’elle ne sortira de prison que pour être assassinée.

 

Donc un rayon de soleil aujourd’hui car pas de lettre de Rosa Luxemburg ce 21 février 1916: Rosa Luxemburg est libre. Elle a été libérée le 18 février après avoir purgé jusqu’au dernier jour sa peine.

 

Elle vient de vivre des jours de tourbillon et de fête. Accueillie par des centaines de personnes (difficile pour Rosa Luxemburg qui craint la foule et les contacts, d'autant plus après la prison), submergée de cadeaux d’autant plus précieux en cette période de restrictions, de la nourriture, (ce qui nous vaut dans la correspondance des remarques plaisantes, Rosa Luxemburg a un rapport particulier à la nourriture), des fleurs et encore des fleurs.

Rosa Luxemburg est libre, mais son combat contre la guerre continue.

Rosa Luxemburg est libre, mais son combat contre la guerre continue. Au sein du courant contre la guerre auquel elle appartient et qui osera le 1er mai 1916 organiser en plein Berlin une manifestation aux cris de "A bas la guerre! A bas le gouvernement!".

En ce 21 février 2016, ne pas trahir Verdun, c'est continuer le combat contre la guerre

En ce 21 février 2016, ne pas trahir Verdun, c'est continuer inlassablement le combat contre la guerre, démasquer ses causes, combattre le nationalisme, ne pas suivre un réformisme qui toujours se rallie à elle, dire que les prolétaires et les exploités ne doivent pas accepter de se tuer entre eux, développer la solidarité internationale des prolétaires et des exploités au sein des peuples et entre les peuples.

Lire l'article : 18 février 1916, Rosa Luxemburg sort de prison : ici

Source de l'illustration et traduction de la fin du tract rédigé par Karl Liebknecht et distribué le 1er mai lors de la manifestation à  laquelle participera Rosa Luxemburg et qui entraînera son arrestation en juillet. ici  

Ouvriers, camarades, femmes du peuple, ne laissez pas passer ce deuxième Premier Mai de la guerre mondiale sans en faire une manifestation du socialisme international, un acte de protestation contre la boucherie impérialiste !

En ce premier mai, nous tendons notre main fraternelle, par dessus les barrières de toutes les frontières, au peuple de France, de Belgique, de Russie, d'Angleterre, de Serbie, du monde entier. Le premier mai, nous crions à des milliers et des milliers de voix :

Halte au crime infâme du meurtre des peuples ! A bas les responsables – décideurs, provocateurs, profiteurs ! Nos ennemis ne sont pas le peuple français, russe ou anglais, ce sont les hobereaux allemands, les capitalistes allemands et leur comité exécutoire, le gouvernement allemand ! Luttons contre ces ennemis mortels de toute liberté, luttons pour tout ce que représente le bien-être et l'avenir de la cause ouvrière, de l'humanité et de la culture !

Halte à la guerre ! Nous voulons la paix !

Vive le socialisme ! Vive l'Internationale ouvrière !

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 23:09
https://histoireetsociete.files.wordpress.com/2014/04/clara.j

https://histoireetsociete.files.wordpress.com/2014/04/clara.j

Clara Zetkin. Discours au Reichstag en 1932.

Courage extrême de Clara Zetkin qui prononce ce discours dans une Allemagne déjà en but aux idées fascstes et aux meurtres politiques et racistes, parce que désespérée  par le manque d'espoir, la répression de la révolution et l'explotation maximale qu'elle subit, et devant des hommes en uniforme nazi dans le Parlement même.

Une partie des exploités en Allemagne, comme aujourd'hui se laissait séduire par le fascisme, mais les partis ouvriers et sociaux-démocrates étaient encore majoritaires et le vote national-socialiste lui n'était pas majoritaire.

Mais 30 % lui suffisaient pour instaurer son régime de mort.

5 mois après Hitler devenait chancelier. En un an, le nazisme imposait son pouvoir et Clara Zetkin devait quitter 'Allemagne. 10 ans après, des millions de morts, le génocide était l'héritage d'un pouvoir fondé sur le racisme et l''exploitation. c.a.r.l.

____________________________

 

Le 30 août 1932, Clara très vieille femme, en qualité de doyenne du Reichstag, alors que Hitler vient d’accéder au pouvoir, est chargée du discours inaugural. Elle est pratiquement aveugle, impotente, on la soutient jusqu’au pupitre, elle ouvre la première séance devant une centaine de nazis en uniforme, dont Goering, avec un vibrant discours contre la montée du nazisme. Le voici :

 

Mesdames et Messieurs,

 

Le Reichstag se réunit dans une situation où la crise du capitalisme ? Son déclin accable les très larges masses laborieuses d’Allemagne et leur inflige les souffrances les plus épouvantables. Les millions de chômeurs que les maigres allocations dont on leur fait (ou dont on ne leur fait pas) l’aumône n’empêchent pas de mourir de faim seront rejoints cet automne et cet hiver par des millions d’autres. La famine, qui est aussi le sort de tous ceux qui ont besoin d’aide sociale, s’aggrave. Quant aux travailleurs qui ont encore un emploi, les bas salaires les empêchent de renouveler leur force nerveuse et musculaire usée au maximum par la rationalisation et, a fortiori, de satisfaire le moindre besoin culturel. En se poursuivant, le démantèlement des conventions collectives et des organes de conciliation va faire baisser encore les salaires de misère. Un nombre croissant d’artisans et de petits industriels, de petits et moyens paysans sombrent dans le désespoir et la ruine. Le déclin économique, les coupes sombres dans les dépenses culturelles réduisent ? néant les bases économiques de la création intellectuelle et ôtent de plus en plus aux créateurs la possibilité de mettre en œuvre leurs forces et leurs connaissances.

 

L’incendie allumé en Orient que l’Occident attise de toutes ses forces dans l’espoir qu’un océan de flammes engloutisse l’Union soviétique et la construction du socialisme, pourrait bien attirer sur l’Allemagne aussi une abominable terreur, susceptible d’éclipser l’œuvre de mort et de destruction de la dernière guerre mondiale. Le pouvoir politique en Allemagne est aujourd’hui aux mains d’un cabinet présidentiel formé sans l’assentiment du Reichstag, composé des hommes de main du grand capital monopoliste et des grands agrariens et dont les généraux de la Reichswehr constituent l’élément moteur. Malgré ses pouvoirs discrétionnaires, le cabinet présidentiel a échoué devant tous les problèmes actuels de politique intérieure et de politique étrangère. Sa politique intérieure est marquée, comme celle des précédents gouvernements, par la pratique des décrets-lois, lois scélérates qui décrètent la misère et augmentent celle qui règne déjà En même temps, ce cabinet foule aux pieds le droit des masses à lutter contre la misère. Ceux qui ont besoin de l’aide sociale et ceux qui y ont droit, ce sont, pour le gouvernement, les gros agrariens endettés, les industriels faillis, les requins de la finance, les armateurs, les spéculateurs et trafiquants sans scrupules. Toute sa politique fiscale, douanière, commerciale, consiste à prendre aux larges couches du peuple travailleur pour donner ? de petits groupes de profiteurs et à aggraver la crise en restreignant davantage la consommation, les importations et les exportations. Sa politique étrangère aussi est placée sous le signe du mépris pour les intérêts des travailleurs. Déterminée par les appétits impérialistes, elle conduit l’Allemagne à dépendre de plus en plus des grandes puissances du Traité de Versailles, malgré les hésitations qui la font louvoyer entre les coups de gueule des traîneurs de sabres et les bassesses les plus plates, et elle compromet ses relations avec l’Union soviétique, le seul Etat qui, par sa politique de paix sincère et son essor économique, puisse offrir aux travailleurs allemands un véritable soutien.

 

Le solde du cabinet présidentiel est déjà lourdement débiteur depuis les meurtres des dernières semaines, dont il porte l’entière responsabilité en ayant levé l’interdiction de porter l’uniforme prononcée contre les S.A. nationaux-socialistes et en favorisant ouvertement ces troupes fascistes de guerre civile. C’est en vain qu’il cherche à faire oublier sa culpabilité politique et morale en se chamaillant avec ses alliés sur la répartition du pouvoir dans l’Etat ; le sang versé en fait pour toujours un complice des assassins fascistes. L’impuissance du Reichstag et la toute puissance du cabinet présidentiel sont l’expression de la décadence du libéralisme bourgeois, qui accompagne nécessairement l’effondrement du mode de production capitaliste. Cette décadence se retrouve entièrement dans la social-démocratie réformiste qui se place en théorie et en pratique sur le terrain pourri de l’ordre social bourgeois.

 

La politique du gouvernement Papen-Schleicher n’est rien autre que la continuation ouverte de la politique du gouvernement Brüning toléré par les sociaux-démocrates, précédée elle-même par la politique de coalition de la social-démocratie qui lui avait ouvert la voie. La politique du « moindre mal » confirmait les forces réactionnaires dans la conscience qu’elles avaient de leur puissance et ne pouvait, et ne peut encore, manquer d’engendrer le pire de tous les maux : habituer les masses à la passivité. On leur demande de renoncer à mettre en jeu la puissance dont elles disposent à l’extérieur du parlement. De cette façon, c’est le rôle du parlement dans la lutte de classes du prolétariat que l’on réduit aussi. Il est possible aujourd’hui dans certaines limites d’utiliser le parlement pour la lutte des travailleurs, mais uniquement s’il s’appuie sur de puissantes actions des masses à l’extérieur de ses murs. Avant que le Reichstag ne puisse prendre position sur des problèmes particuliers de l’heure, il faut qu’il ait compris quelle est sa tâche essentielle, et qu’il l’ait accomplie : il faut qu’il renverse le gouvernement qui tente, au mépris de la Constitution, de mettre le parlement complètement à l’écart.

 

Le Reichstag pourrait aussi saisir la Haute Cour de Leipzig d’une plainte contre le Président du Reich et les Ministres pour viol de la Constitution et pour les nouveaux viols de la Constitution qu’ils projettent. Mais il est vrai qu’une plainte devant cette haute instance reviendrait à demander à Lucifer de condamner Belzébuth. Bien entendu, ce n’est pas un vote du parlement qui peut briser le pouvoir d’un gouvernement qui s’appuie sur l’armée et sur tous les autres moyens dont dispose le pouvoir d’Etat bourgeois, sur la terreur exercée par les fascistes, la lâcheté du libéralisme bourgeois et la passivité d’une grande partie du prolétariat, des travailleurs. Le renversement du gouvernement au parlement peut seulement donner le signal de la levée en masse des travailleurs à l’extérieur du parlement. Et ceci afin de jeter dans la bataille tout le poids économique et social des masses, et aussi toute la force de leur nombre.

 

Dans cette bataille, il s’agit d’abord et avant tout d’abattre le fascisme qui veut réduire à néant, par le fer et par le sang, les manifestations de classe des travailleurs, en sachant bien, comme nos ennemis, que la force du prolétariat ne dépend pas du nombre de sièges au parlement, mais qu’elle est ancrée dans ses organisations politiques, syndicales et culturelles. La Belgique montre aux travailleurs que la grève de masse conserve sa force, même à une époque de crise économique aiguë, à condition qu’en employant cette arme les masses soient résolues et prêtes à ne reculer devant aucun sacrifice, ni devant l’extension de la lutte, prêtes à répondre par la violence à la violence de leurs ennemis.

 

Mais la démonstration de force du peuple travailleur à l’extérieur du parlement ne doit pas se limiter au renversement d’un gouvernement anticonstitutionnel ; elle doit aller au delà de cet objectif limité et se préparer à renverser l’Etat bourgeois et son fondement, l’économie bourgeoise. Toutes les tentatives d’atténuer, et a fortiori de résoudre la crise en restant sur le terrain de l’économie capitaliste ne peuvent qu’aggraver le mal. Les interventions de l’Etat ont échoué, car ce n’est pas l’Etat bourgeois qui tient l’économie, c’est au contraire l’économie qui tient l’Etat bourgeois. Entre les mains des possédants, l’appareil d’Etat ne saurait être utilisé qu’ à leur avantage et au détriment des larges masses populaires qui travaillent, qui produisent et qui consomment. Une économie planifiée sur la base du capitalisme est une contradiction en soi. Les tentatives en ce sens ont toujours achoppé sur la propriété privée des moyens de production. La planification de l’économie n’est possible que si l’on abolit cette propriété privée. La seule et unique voie pour surmonter les crises économiques et écarter tous les dangers de guerre impérialiste, c’est la révolution prolétarienne qui supprime la propriété privée des moyens de production et garantit ainsi la possibilité de planifier l’économie. La meilleure preuve historique en est la Révolution russe. Elle a montré que les travailleurs ont la force de jeter à terre tous leurs ennemis, d’abattre les rapaces impérialistes en même temps que le capitalisme dans leur propre pays et de déchirer des traités d’asservissement comme celui de Versailles. L’Etat soviétique confirme aussi que les travailleurs ont la maturité nécessaire pour construire un nouvel ordre économique où le développement économique de la société peut aller sans ces crises désastreuses, précisément parce qu’a été supprimée la cause du mode de production anarchique, la propriété privée des moyens de production.

 

La lutte des masses laborieuses contre la misère qui les opprime maintenant est en même temps une lutte pour leur libération totale. C’est lutter contre le capitalisme qui exploite et avilit, pour le socialisme qui délivre et libère. C’est vers ce but lumineux que les masses doivent tourner constamment leurs regards, sans se laisser troubler par des illusions sur la démocratie libératrice, et sans se laisser effrayer par la brutalité du capitalisme, qui cherche son salut dans un nouveau génocide universel, dans les assassinats fascistes et la guerre civile. La nécessité de l’heure, c’est le front uni de tous les travailleurs pour repousser le fascisme, et pour conserver ainsi aux esclaves de l’exploitation la force et la puissance de leurs organisations, et même tout simplement pour les conserver en vie.

 

Devant cette impérieuse nécessité historique, toutes les opinions politiques, syndicales, religieuses, idéologiques, qui nous entravent et nous séparent, doivent passer au second plan. Tous ceux qui sont menacés, tous ceux qui souffrent, tous ceux qui aspirent à se libérer doivent faire partie du front uni contre le fascisme et ses fondés de pouvoir au gouvernement ! Tous les travailleurs doivent se retrouver et s’affirmer contre le fascisme, telle est la condition indispensable pour que se constitue le front uni contre la crise, les guerres impérialistes et leur cause, le mode de production capitaliste. Le soulèvement de millions de travailleurs, hommes et femmes, en Allemagne, contre la faim, la privation de leurs droits, les assassinats fascistes et les guerres impérialistes est une expression de l’indestructible communauté de destin de tous les travailleurs du monde.

 

Cette communauté de destin internationale doit devenir une communauté de combat solidement forgée par les travailleurs partout où le capitalisme étend sa domination, une communauté de combat avec nos frères et nos sœurs soviétiques qui nous ont précédés dans l’assaut. Les grèves et les soulèvements dans les pays les plus divers sont des signes enflammés dont la lumière montre à ceux qui combattent en Allemagne qu’ils ne sont pas seuls. Partout les déshérités et les humiliés s’apprêtent à la conquête du pouvoir. Dans le front uni des travailleurs qui se forme aussi en Allemagne ne doivent pas être absentes les millions de femmes qui portent encore les chaînes de l’esclavage de leur sexe, et qui sont de ce fait livrées à l’esclavage de classe le plus dur. Et aux tout premiers rangs, c’est la jeunesse qui doit lutter, la jeunesse qui aspire à s’épanouir librement, mais qui n’a aujourd’hui d’autres perspectives que l’obéissance aveugle et l’exploitation dans les colonnes des esclaves du travail. Dans ce front uni ont aussi leur place tous les créateurs intellectuels dont le savoir et la volonté d’accroître le bien être et la culture de la société ne peuvent plus s’exercer aujourd’hui dans l’ordre bourgeois. Puissent-ils tous rejoindre le front uni de combat, les esclaves salariés, les corvéables du capital, tous ceux qui sont ? la fois les supports et les victimes du capitalisme !

 

En ma qualité de doyenne d’âge et dans l’espoir que, malgré mon invalidité actuelle, j’aurai encore le bonheur d’ouvrir, en qualité de doyenne d’âge, la première session du Congrès des Conseils de l’Allemagne soviétique, je déclare ouverte la session du Reichstag.

 

http://www.alger-republicain.com/Clara-Zetkin-Discours-au-Reishtag.html

Source :
http://socio13.wordpress.com/2009/0...

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Clara Zetkin

Rede als Alterspräsidentin bei der Eröffnung des Reichstags

(30. August 1932

Meine Damen und Herren!

Der Reichstag tritt in einer Situation zusammen, in der die Krise des zusammenbrechenden Kapitalismus die breitesten werktätigen Massen Deutschlands mit einem Hagel furchtbarster Leiden überschüttet. Zu den Millionen Arbeitslosen, die mit den Bettelpfennigen der sozialen Unterstützung oder auch ohne sie hungern, werden im Herbst und im Winter neue Millionen stoßen. Verschärfter Hunger ist auch das Schicksal aller anderen sozial Hilfsbedürftigen. Die noch Beschäftigten können bei ihrem niedrigen Verdienst die durch die Rationalisierung aufs äußerste ausgepreßte Muskel- und Nervenkraft nicht ersetzen, geschweige denn kulturelle Bedürfnisse befriedigen. Der weitere Abbau des Tarifrechts und des Schlichtungswesens wird die Entbehrungslöhne noch tiefer senken. Wachsende Scharen von Handwerkern und Kleingewerbetreibenden, von Klein- und Mittelbauern versinken verzweifelnd in Elendstiefen. Der Niedergang der Wirtschaft, das Zusammenschrumpfen der Aufwendungen für Kulturzwecke vernichten die wirtschaftlichen Grundlagen für die Existenz der geistig Schaffenden und verengen fortschreitend das Betätigungsfeld für ihre Kenntnisse und Kräfte. Der im Osten entfesselte Weltbrand, der vom Westen her kräftig geschürt wird, und dessen Flammenmeer auch die Sowjetunion und ihren sozialistischen Aufbau vertilgen soll, würde auch Deutschland mit Schrecken und Greueln überhäufen, die das Mord- und Vernichtungswerk des letzten Weltkrieges in den Schatten stellen.

Die politische Macht hat zur Stunde in Deutschland ein Präsidialkabinett an sich gerissen, das unter Ausschaltung des Reichstags gebildet wurde und das der Handlanger des vertrusteten Monopolkapitals und des Großagrariertums und dessen treibende Kraft die Reichtwehrgeneralität ist.

Trotz der Allmacht des Präsidialkabinetts hat es gegenüber allen innen- und außenpolitischen Aufgaben der Stunde gänzlich versagt. Seine Innenpolitik charakterisiert sich genau wie die des vorausgegangenen durch die Notverordnungen, Notverordnungen im ureigensten Sinne des Wortes; denn sie verordnen Not und steigern die schon vorhandene Not. Gleichzeitig zertritt dieses Kabinett die Rechte der Massen, gegen die Not zu kämpfen. Sozial Hilfsbedürftige und Hilfsberechtigte erblickt die Regierung nur in verschuldeten Großagrariern, krachenden Industriellen, Bankgewaltigen, Reedern und gewissenlosen Spekulanten und Schiebern. Ihre Steuer-, Zoll- und Handelspolitik nimmt breiten Schichten des schaffenden Volks, um kleine Gruppen von Interessenten zu beschenken, und verschlimmert die Krise durch weitere Einschränkung des Konsums, des Imports und Exports.

Ebenso schlägt ihre Außenpolitik den Interessen des schaffenden Volks ins Gesicht. Sie wird geleitet von imperialistischen Gelüsten, bringt Deutschland in ziellosem dilettantischem Schwanken zwischen plumper Anbiederung und Säbelrasseln in immer tiefere Abhängigkeit von den Großmächten des Versailler Vertrags und schädigt die Beziehungen zur Sowjetunion, dem Staat, der durch seine ehrliche Friedenspolitik und seinen wirtschaftlichen Aufstieg ein Rückhalt für die deutsche werktätige Bevölkerung ist.

Schwerstens belastet ist das Schuldkonto des Präsidialkabinetts durch die Morde der letzten Wochen, für die es die volle Verantwortung trägt durch die Aufhebung des Uniformverbots für die nationalsozialistischen Sturmabteilungen und durch die offene Begönnerung der faschistischen Bürgerkriegstruppen. Vergebens sucht es über seine politische und moralische Schuld hinwegzutäuschen durch Auseinandersetzungen mit ihren Bundesgenossen über die Verteilung der Macht im Staate; das vergossene Blut kittet es für ewig mit den faschistischen Mördern zusammen.

Die Ohnmacht des Reichstags und die Allmacht des Präsidialkabinetts sind der Ausdruck des Verfalls des bürgerlichen Liberalismus, der zwangsläufig den Zusammenbruch der kapitalistischen Produktionsweise begleitet. Dieser Verfall wirkt sich auch voll aus in der reformistischen Sozialdemokratie, die sich in Theorie und Praxis auf den morschen Boden der bürgerlichen Gesellschaftsordnung stellt. Die Politik der Papen-Schleicher-Regierung ist nichts anderes als die unverschleierte Fortsetzung der Politik der von den Sozialdemokraten tolerierten Brüning-Regierung, wie dieser ihrerseits die Koalitionspolitik der Sozialdemokratie als Schrittmachern vorausgegangen ist.

Die Politik des „kleineren Übels“ stärkte das Machtbewußtsein der reaktionären Gewalten und sollte und soll noch das größte aller Übel erzeugen, die Massen an Passivität zu gewöhnen. Diese sollen darauf verzichten, ihre volle Macht außerhalb des Parlaments einzusetzen. Damit wird auch die Bedeutung des Parlaments für den Klassenkampf des Proletariats gemindert. Wenn heute das Parlament innerhalb bestimmter Grenzen für den Kampf der Werktätigen ausgenutzt werden kann, so nur dann, wenn es seine Stütze hat an kraftvollen Aktionen der Massen außerhalb seiner Mauern.

Ehe der Reichstag Stellung nehmen kann zu Einzelaufgaben der Stunde, muß er seine zentrale Pflicht erkannt und erfüllt haben: Sturz der Reichsregierung, die den Reichstag durch Verfassungsbruch vollständig zu beseitigen versucht. Anklagen müßte der Reichstag auch erheben gegen den Reichspräsidenten und die Reichsminister wegen Verfassungsbruchs und noch weiterer geplanter Verfassungsbrüche vor dem Staatsgerichtshof zu Leipzig. Doch eine Anklage vor dieser hohen Instanz hieße den Teufel bei seiner Großmutter zu verklagen.

Selbstverständlich kann nicht einfach durch Parlamentsbeschluß die Gewalt einer Regierung gebrochen werden, die sich stützt auf die Reichswehr und alle anderen Machtmittel des bürgerlichen Staates, auf den Terror der Faschisten, die Feigheit des bürgerlichen Liberalismus und die Passivität großer Teile der Werktätigen. Der Sturz der Regierung durch den Reichstag kann nur das Signal sein für den Aufmarsch und die Machtentfaltung der breitesten Massen außerhalb des Parlaments, um in dem Kampf das ganze Gewicht der wirtschaftlichen und sozialen Leistung der Schaffenden und auch die Wucht der großen Zahl einzusetzen.

In diesem Kampf gilt es zunächst und vor allem, den Faschismus niederzuringen, der mit Blut und Eisen alle klassenmäßigen Lebensäußerungen der Werktätigen vernichten soll, in der klaren Erkenntnis unserer Feinde, daß die Stärke des Proletariats am allerwenigsten von Parlamentssitzen abhängt, vielmehr verankert ist in seinen politischen, gewerkschaftlichen und kulturellen Organisationen.

Belgien zeigt den Werktätigen, daß der Massenstreik sogar in Zeiten größter Wirtschaftskrise seine Kraft bewährt, vorausgesetzt, daß hinter dem Gebrauch dieser Waffe die Entschlossenheit und Opferfreudigkeit der Massen steht, vor keiner Weiterung des Kampfes zurückzuschrecken und die Gewalt der Feinde mit Gewalt zurückzuschlagen. Jedoch die außerparlamentarische Machtentfaltung des werktätigen Volkes darf sich nicht auf den Sturz einer verfassungswidrigen Regierung beschränken; sie muß über dieses Augenblicksziel hinaus gerichtet sein auf den Stutz des bürgerlichen Staates und seiner Grundlage, der kapitalistischen Wirtschaft.

Alle Versuche, auf dem Boden der kapitalistischen Wirtschaft die Krise zu mildern, geschweige denn zu beheben, können das Unheil nur verschärfen. Staatliche Eingriffe versagten; denn der bürgerliche Staat hat nicht die Wirtschaft, sondern umgekehrt die kapitalistische Wirtschaft hat den Staat. Als Machtapparat der Besitzenden kann dieser sich nur zu deren Vorteil einsetzen auf Kosten der produzierenden und konsumierenden breiten schaffenden Volksmassen. Eine Planwirtschaft auf dem Boden des Kapitalismus ist ein Widerspruch in sich. Die Versuche dazu werden immer wieder vereitelt durch das Privateigentum an den Produktionsmitteln. Planmäßigkeit des Wirtschaftens ist nur möglich bei der Aufhebung des Privateigentums an den Produktionsmitteln. Der Weg zur Überwindung wirtschaftlicher Krisen und aller drohenden imperialistischen Kriegsgefahren ist einzig und allein die proletarische Revolution, die das Privateigentum an den Produktionsmitteln abschafft und damit die Planmäßigkeit des Wirtschaftens verbürgt.

Der große weltgeschichtliche Beweis dafür ist die russische Revolution. Sie hat gezeigt, daß den Schaffenden die Kraft eigen ist, alle ihre Feinde niederzuwerfen und zusammen mit dem Kapitalismus im eigenen Lande auch die imperialistischen Raubgewalten zurückzuwerfen und Sklavenverträge wie den Versailler Vertrag zu zerreißen

Der Sowjetstaat erhärtet auch, daß die Werktätigen die Reife besitzen, eine neue Wirtschaftsordnung aufzubauen, in der eine wirtschaftliche Höherentwicklung der Gesellschaft ohne verwüstende Krisen erfolgen kann, weil eben die Ursache der anarchischen Produktionsweise vernichtet ist, das Privateigentum an den großen Produktionsmitteln.

Der Kampf der werktätigen Massen gegen die zerfleischenden Nöte der Gegenwart ist zugleich der Kampf für ihre volle Befreiung. Er ist ein Kampf gegen den versklavenden und ausbeutenden Kapitalismus und für den erlösenden, den befreienden Sozialismus. Diesem leuchtenden Ziel muß der Blick der Massen unverrückt zugewandt sein, nicht umnebelt durch Illusionen über die befreiende Demokratie und nicht zurückgeschreckt durch die brutalen Gewalten des Kapitalismus, der seine Rettung durch neues Weltvölkergemetzel und faschistische Bürgerkriegsmorde erstrebt. Das Gebot der Stunde ist die Einheitsfront aller Werktätigen, um den Faschismus zurückzuwerfen, um damit den Versklavten und Ausgebeuteten die Kraft und die Macht ihrer Organisationen zu erhalten, ja sogar ihr physisches Leben. Vor dieser zwingenden geschichtlichen Notwendigkeit müssen alle fesselnden und trennenden politischen, gewerkschaftlichen, religiösen und weltanschaulichen Einstellungen zurücktreten. Alle Bedrohten, alle Leidenden, alle Befreiungssehnsüchtigen in die Einheitsfront gegen den Faschismus und seine Beauftragten in der Regierung! Die Selbstbehauptung der Werktätigen gegen den Faschismus ist die nächste unerläßliche Voraussetzung für die Einheitsfront im Kampfe gegen Krise, imperialistische Kriege und ihre Ursache, die kapitalistische Produktionsweise. Die Auflehnung von Millionen werktätiger Männer und Frauen in Deutschland gegen Hunger, Entrechtung, faschistischen Mord und imperialistische Kriege ist ein Ausdruck der unzerstörbaren Schicksalsgemeinschaft der Schaffenden der ganzen Welt. Diese internationale Schicksalsgemeinschaft muß ehern geschmiedete Kampfesgemeinschaft der Werktätigen in allen Herrschaftsgebieten des Kapitalismus werden, eine Kampfesgemeinschaft, die sie mit den vorausgestürmten befreiten Brüdern und Schwestern in der Sowjetunion verbindet. Streiks und Aufstände in den verschiedensten Ländern sind lodernde Flammenzeichen, die den Kämpfenden in Deutschland zeigen, daß sie nicht allein stehen. Überall beginnen die Enterbten und Niedergetretenen zur Eroberung der Macht vorzustoßen. In der auch in Deutschland sich formierenden Einheitsfront der Werktätigen dürfen die Millionen Frauen nicht fehlen, die noch immer Ketten der Geschlechtssklaverei und dadurch härtester Klassensklaverei ausgeliefert sind. In den vordersten Reihen muß die Jugend kämpfen, die freies Emporblühen und Ausreifen ihrer Kräfte heischt, aber heute keine andere Aussicht hat als den Kadavergehorsam und die Ausbeutung in den Kolonnen der Arbeitsdienstpflichtigen. In die Einheitsfront gehören auch alle geistig Schaffenden, deren Können und Wollen, den Wohlstand und die Kultur der Gesellschaft zu mehren, heute in der bürgerlichen Ordnung sich nicht mehr auszuwirken vermag.

In die kämpfende Einheitsfront alle, die als Lohn- und Gehaltsangehörige oder sonstwie Tributpflichtige des Kapitals zugleich Erhalter und Opfer des Kapitalismus sind!

Ich eröffne den Reichstag in Erfüllung meiner Pflicht als Alterspräsidentin und in der Hoffnung, trotz meiner jetzigen Invalidität das Glück zu erleben, als Alterspräsidentin den ersten Rätekongreß Sowjetdeutschlands zu eröffnen.

https://www.marxists.org/deutsch/archiv/zetkin/1932/08/alterspraes.html


Verhandlungen des Reichstages, VI. Wahlperiode, 1932, Bd.454, S.1-3.
Zur Geschichte der Kommunistischen Partei Deutschlands. Eine Auswahl von Materialien und Dokumenten aus den Jahren 1914-1946, o.J., S.330-333.
Kopiert mit Dank von der verschwundenen Webseite Marxistische Bubliothek.
Transkription und HTML-Markierung:
Einde O’Callaghan für das Marxists’ Internet Archive.

Clara Zetkin. Discours au Reichstag en 1932. 30% ont suffi aux nazis pour instaurer le régime de mort et d'exploitation. Ne pas oublier. En contre-point à Rosa Luxemburg
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17 novembre 2015 2 17 /11 /novembre /2015 19:51
Karl Liebknecht, extrait d'une lettre du front à son fils, le 31 octobre 1915. "Une histoire de cette guerre sera, mon enfant, plus simple à faire que l'histoire de nombre des guerres précédentes ...". En contre-point à Rosa Luxemburg

DOSSIER LIEBKNECHT

 

A Wilhem Liebknecht, le 31 octobre 15

 

Mon très cher enfant, 

 

... Cette marche nous a conduits à travers les positions russes conquises, un labyrinthe totalement souterrain conçu avec art et confortable. Mais, bien entendu maintenant largement dévasté. Les cadavres tout autour dispersés sur la terre gelée, recroquevillés comme des vers, ou les bras tendus comme s'ils voulaient se sauver, se fondre à la terre ou au ciel. Les visages tournés vers le sol ou sur le dos, en partie déjà noirs.

 

Mon dieu, j'ai vu aussi durant ce même temps, certains de nos morts, et aidé à leur retirer leurs pauvres biens, derniers souvenirs pour leurs femmes et leurs enfants.

 

Une histoire de cette guerre sera, mon enfant, plus simple à faire que l'histoire de nombre des guerres précédentes. Car les forces qui ont poussé justement à cette guerre-ci apparaissent de manière tout à fait brutale à la surface. Réfléchis aux croisades, comme était trompeuse l'apparence religieuse et mettant en avant des buts imaginaires de civilisation, ne faisant que masquer, dans ce cas-là aussi, des tendances presque uniquement économiques. Les croisades étaient de fait de grandes guerres commerciales

 

La monstruosité en importance, moyens, buts de la guerre actuelle ne masque pas la réalité mai  plutôt la révèle, la démasque. Mais nous reparlerons de tout cela. Et de beaucoup d'autres choses.

 

Texte allemand : Gesammelte Reden und Schriften, Tome VIII., Dietz Verlag, première parution 1966, P 362 -363

Traduction Dominique Villaeys-Poirré, le 14 novembre 2015. Parution sur le blog le 15 novembre 2015

 

   ... Dieser Marsch führte uns durch die eroberten russischen Stellungen, reine unterirdische Labyrinthe, kunstvoll u. bequem ausgebaut. Zer"deppert" natürlich jetzt vielfach. Da lagen die Leichen herum, auf der eisigen Erde, gekrümmt wie Würmer oder mit ausgebreiteten Armen, als wollten sie sich an die Erde oder den Himmel schmiegen, retten. Die Gesichter nach dem Boden oder aufwärts. Schwarz schon zuweilen.

   Gott, ich sah auch manchen unserer Toten in dieser Zeit u. half, Ihnen die Habseligkeiten abnehmen, die letzten Erinnerungen für Frau u. Kinder.

   Eine Geschichte dieses Krieges wird einfacher sein, mein Kind, als die Geschichte vieler früherer Kriege. Weil die Triebkräfte gerade dieses Krieges ganz brutal an der Oberfläche liegen. Denk an, die Kreuzzüge, wie verirrend der religiös- und kulturell-phantastische Anschein, der freilich auch fast nur wirtschaftliche Tendenzen verdeckte. Die Kreuzzüge waren grosse Handelskriege.

   Die Ungeheuerlichkeit in Mass, Mitteln, Zielen des heutigen Krieges verdeckt nicht, sondern entdeckt, deckt eher auf. Darüber reden wir noch. Und über vieles andere.

 

 

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10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 00:04

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pj92906091908.jpg

 

Lu sur Facebook

Jean Jaurès / Chambre des députés Paris 1908 / Tout est dit:


"Une fois de plus, c'est le préjugé d'ignorance qui vous mène. C'est à vous, à la France, à toute la France pensante, qu'il faudrait enseigner ce qu'est cette civilisation arabe que vous ignorez et méprisez, ce qu'est cette admirable et ancienne civilisation. À laquelle les pays européens, je dis bien les pays européens, viennent montrer le visage hideux de l'invasion et de la répression....


Ce monde musulman que vous méconnaissez tant, messieurs, depuis quelques décennies prend conscience de son unité et de sa dignité. Deux mouvements, deux tendances inverses s'y trouvent : il y a les fanatiques, oui, il y a des fanatiques, qui veulent en finir par la crainte, le fer et le feu avec la civilisation européenne et chrétienne,


VOIX : Vous voyez bien que ce sont des sauvages !


JAURÈS : Alors, monsieur, précisez-le : des sauvages qui veulent porter le fer et le feu contre une civilisation sauvage qui est venue à eux, qui est venue contre eux en portant le fer et le feu...


(Brouhaha très fort)


JAURÈS : ... il y a des fanatiques, mais il y a les hommes modernes, les hommes nouveaux... Il y a toute une élite qui dit : l'Islam ne se sauvera qu'en se renouvelant, qu'en interprétant son vieux livre religieux selon un esprit nouveau de liberté, de fraternité, de paix."

 

 


 Bonsoir, Par rapport au passage que vous citez de Jaurès, sur la page : http://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/article-aux-morts-de-cha rlie-ces-mots-de-jaures-en-1908-c-est-a-vous-a-la-france-a-toute-la-france-p ens-125352345.html il serait judicieux d'en citer la source, à savoir : http://blogs.mediapart.fr/blog/jerome-pellissier/070115/quand-jaures-parlait Laquelle source précise en effet de quelles années date ce texte (pas seulement de 1908), qu'il est une compilation de plusieurs textes de Jaurès et pas un "texte unique authentique", etc. Sans ces précisions, des lecteurs risquent d'être induits en erreur. Merci. Bien cordialement, Jérôme Pellissier. 
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25 décembre 2014 4 25 /12 /décembre /2014 18:01

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Adressé par un camarade.

Illustrated_London_News_-_Christmas_Truce_1914.jpgLa fraternisation dans les tranchées : le mot d'ordre de Guerre civile illustré



Article de Lénine, 29 mars 1915, dans Sotsial-Demokra, no 40



Traduction MA pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/



Ce 8 janvier, les journaux suisses recevaient de Berlin le message suivant: « Dernièrement, la presse a rapporté maintes fois des tentatives pacifiques entre les tranchées allemandes et françaises de nouer des relations amicales. Selon la Tägliche Runschau, un ordre de l'armée datant du 29 décembre interdit toute fraternisation et tout rapprochement avec l'ennemi dans les tranchées ; toute infraction à cet ordre sera considérée comme de la haute trahison ».


Donc, la fraternisation et les tentatives de nouer des relations amicales avec l'ennemi sont un fait. Les autorités militaires allemandes s'en montrent inquiètes, ce qui signifie qu'ils y attachent une importance considérable.


Le britannique Labour leader du 7 janvier 1915, a publié une série de citations tirées de la presse bourgeoise britannique sur des cas de fraternisation entre soldats britanniques et allemands, qui ont convenu d'une « trêve de 48 h » pour Noël, se sont rencontrés de façon amicale dans le no-man's land, etc. Les autorités militaires britanniques ont publié un ordre spécial interdisant la fraternisation.


Et pourtant, avec une infinie suffisance et le sentiment confortable que la censure militaire les prémunirait de tout déni ultérieur, les opportunistes socialistes et leurs partisans (ou laquais?) ont assuré les travailleurs, par voie de presse (comme Kautsky l'a fait), qu'aucune entente sur une action contre la guerre, menée par les socialistes des pays belligérants, n'était possible (expression littéralement utilisée par Kautsky dans Die Neue Zeit) !


Essayez d'imaginer Hyndman, Guesde, Vandervelde, Plekhanov, Kautky et les autres – au lieu d'aider la bourgeoisie (c'est ce qu'ils font maintenant) – formant un comité international d'agitation pour « la fraternisation et les tentatives d'établir des relations amicales » entre les socialistes des pays bélligérants, à la fois dans les « tranchées » et dans les troupes en général.


Quels seraient les résultats dans quelques mois, si maintenant, six mois après le début de la guerre et malgré tous les leaders et sommités politiques qui ont trahi le socialisme, l'opposition montait de tous côtés contre ceux qui voté les crédits de guerre, contre ceux qui ont accepté des strapontins ministériels, alors que les hautes autorités militaires brandissent la menace de la peine capitale à quiconque oserait « fraterniser » ?


« C'est la seule question pratique – victoire ou défaite pour son pays », c'est ce que Kautsky, laquais des opportunistes, a écrit, en accord avec Guesde, Plekhanov and co.


En fait, si on oublie ce qu'est le socialisme et la lutte de classe, ce serait la vérité. Cependant, si on ne perd pas de vue le socialisme, c'est faux.


Il y a une autre question pratique : devons-nous périr comme des esclaves aveugles et impuissants, dans une guerre entre esclavagistes, ou devons-nous tomber dans des « tentatives de fraternisation » entre esclaves, avec pour but d'abolir l'esclavage ?


Voilà, en réalité, la question « pratique

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19 octobre 2013 6 19 /10 /octobre /2013 09:49

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Une fois n'est pas coutume: du sport sur comprendre. Le sport est majoritairement utilisé contre la prise de conscience. C'est bien le moyen préféré et le plus facile pour prendre le contrôle plus des têtes que des corps: - un texte de Thomas Bernhard en parlait très bien -. Et de faire de l'argent. Mais il y a toujours eu dans les mouvements ouvriers la tentative de donner une autre dimensions aux activités humaines. Là encore une référence, un petit film de Brecht où l'on voit des associations sportives prolétaires en action. Ou dans le nord de la France autrefois quand les mines et les usines fonctionnaient à plein, l'extrême vigueur des activités de culture ... et de sport. Alors, ci-dessous quelques affiches d'un club de Lille d'aujourd'hui, qui se référent à l'esclave Spartacus..


Spartak lillois - Association Sportive militante

 

ARTICLE 2 – Objet

 

L'association a pour but de promouvoir la pratique d'activités physiques parmis toutes les populations désireuses de prendre du bon temps et de faire du sport sans contraintes financières ou administratives. Le Spartak Lillois est une association omnisport qui réuni différents groupes, pratiquant différents sports, dans différents cadres.

Le spartak Lillois est une association militante, accessible à tous ceux qui veulent pratiquer un sport et faire la promotion des valeurs de solidarité, d'antiracisme, dans un objectif d'émancipation physique et intellectuelle.


http://a54.idata.over-blog.com/4/02/18/32/Foulees-spartakistes.jpg

La Noyade Spartakiste

le-rebond-spartakiste2.jpg 


Thomas Bernhard


Dem Sport ist zu aller Zeit und vor allem von allen Regierungen aus gutem Grund immer die größte Bedeutung beigemessen worden: er unterhält und benebelt und verdummt die Massen; und vor allem die Diktatoren wissen, warum sie immer und in jedem Fall für den Sport sind.

 


Brecht - Kuhle Wampe

« Kuhle Wampe » (Ventres glacés) : un film communiste allemand de 1932

 

 

Nous avons découvert que l’on pouvait visionner sur « Youtube » des versions, d’une qualité technique précaire, dans la version censurée de 1932, parfois avec sous-titres en anglais, du film allemand « Kuhle Wampe », en français « Ventre glacés – A qui appartient le monde ».

Ce film est d’un grand intérêt et d’une grande importance. C’est le premier film de fiction prolétarien, ouvertement communiste tourné en Allemagne, sans doute le premier de tous les pays capitalistes. Le tournage a été protégé par le service d’ordre du Parti communiste allemand (KPD).

Il a été tourné en 1932 par le cinéaste d’origine bulgare, Slatan Dudow, assisté pour le scénario par Bertold Brecht qui a fortement imprégné l’œuvre.

Sur la forme, le film traduit la recherche avant-gardiste des artistes communistes. L’influence du cinéma soviétique, notamment dans le montage, est évidente. La musique de Hanns Eisler est partie intégrante de la construction du film comme de son message. Le célèbre Solidaritätslied (Chant de la solidarité) a été composée pour le film.

Au fameux documentaire « Berlin, symphonie d’une grande ville » (1927 – Walter Ruttman), déjà inspiré par l’avant-garde soviétique mais sans objectif politique, Kuhle Wampe fait écho avec une sorte de symphonie du Berlin prolétaire.

En 1932, la crise du capitalisme est à son paroxysme. Le chômage de masse, les drames qu’il amène (suicide, expulsions), l’exploitation des travailleurs, la pauvreté, l’humiliation constituent le cadre du scénario. La bataille idéologique traverse les familles prolétaires dans ces conditions.

Progressivement la résistance à l’arbitraire des possédants et de l’Etat, l’action collective s’étendent.

Les expulsés se retrouvent à une heure de Berlin dans un campement communautaire aux bords d’un lac, dénommé « Kuhle Wampe ». La résignation, les préjugés inculqués n’y disparaissent pas du jour au lendemain mais l’esprit de résistance y progresse.

A la crise du capitalisme qui détruit l’ouvrier, les prolétaires mis en scène dans le film opposent la dignité, le sport, la solidarité dans des mouvements de masse. L’organisation communiste est à la base de ces mouvements. Mais la prise de conscience et l’engagement politiques individuels partent aussi en retour de ces expériences collectives.

Kuhle Wampe est un témoignage cinématographique et politique unique.

A projeter dans tous les ciné-clubs communistes !


Sur c.a.r.l en 2009.


Kuhle Wampe Poster.jpg

JEUDI 19 NOVEMBRE 2009
à la Coordination des Intermittents et Précaires d'Ile de France

Atelier Projection : Kuhle Wampe oder : Wem gehört die Welt ? ("Ventres glacés, À qui appartient le monde ?"), 1932. Réalisé par Bertolt Brecht et Slatan Dudow, en Allemagne pendant la grande crise, suite à un suicide de chômeur, qui avait fait les premières pages de la presse sous le titre, "suicide d’un tel, un chômeur de moins". Le film retrace l’histoire de la colonie ouvrière autonome de Müggelsee à Berlin.

en savoir plus sur le film : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ventres_glacés

La séance sera suivie d’une soupe.

Coordination des intermittents et précaires
14 quai de charente, Paris 19e
M° Corentin Cariou, ligne 7

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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009