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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
6 février 2023 1 06 /02 /février /2023 14:37
Peint par son fils cadet : Robert Liebknecht

Peint par son fils cadet : Robert Liebknecht

Karl Liebknecht (1919)

N'oublions jamais que Karl Liebknecht a été le premier social-démocrate d'Allemagne, et pendant longtemps le seul social-démocrate, qui ait osé secouer le joug désastreux de la discipline de parti - cette discipline de parti qui n'était plus un moyen secondaire de promouvoir les activités pratiques , mais était devenu une fin en soi, un grand dieu solaire, une idole à qui tout était sacrifié. N'oublions jamais qu'il fut le premier et pendant longtemps le seul social-démocrate à s'exprimer au Reichstag allemand et à agir en socialiste international, défendant ainsi en toute sincérité "l'honneur allemand", l'honneur du socialisme allemand. La majorité de la faction social-démocrate a voté des crédits de guerre pour le meurtre de leurs frères ; ils ont obscurci et empoisonné le jugement des masses par leur rejet des idéaux socialistes et leur adoption de slogans bourgeois. La minorité dissidente se soumet discrètement pour maintenir la paix dans le parti. Seul Karl Liebknecht, homme jusqu'au bout des ongles, a eu le courage de dire son indomptable "Non !" face au parlement et au monde.

Brûlé par l'indignation des partis bourgeois, vilipendé et décrié par la majorité social-démocrate, abandonné par la minorité social-démocrate, il n'en a pas moins fait du Reichstag un champ de bataille contre l'impérialisme et le capitalisme, saisissant toutes les occasions pour détruire cette exposition mortelle des ennemis de la classe ouvrière et saisir toutes les occasions d'inciter les masses exploitées contre elle. Ainsi continua-t-il son œuvre, jusqu'au jour où le Reichstag, à sa honte éternelle, leva l'immunité parlementaire de Liebknecht et livra cet homme, prétendument coupable de haute trahison, à la vicieuse justice de classe bourgeoise. De la lutte courageuse et incessante, une nouvelle vie a surgi.

L'exemple de Liebknecht raviva la confiance populaire dans le socialisme, et les ouvriers, retrouvant leur courage, se préparèrent au combat. Karl Liebknecht a déplacé la lutte là où elle devait être décidée, à savoir parmi les masses. En paroles et en actes, il a combattu avec l'impérialisme pour l'âme des masses. Cela a continué jusqu'au jour où la société civile s'est vengée de l'ennemi redouté et détesté – jusqu'à ce que la prison l'engloutisse. Pourquoi a-t-il été emprisonné ? Parce que lui, soldat de la révolution, avait appelé les ouvriers dans la rue à faire de la fête de mai une formidable manifestation pour rejeter la "paix de Dieu entre tous les partis" au nom du socialisme international, pour mettre fin à la massacre des nations, anéantir le gouvernement des malfaiteurs. Les masses n'ont pas suivi leur leader clairvoyant et fiable. Mais cette déception n'aidait que peu que le danger et la persécution puissent ébranler les convictions de Karl Liebknecht ou décourager sa combativité. Cela est évident dans le discours brillant et provocant qu'il a prononcé devant la cour martiale, un discours qui était un exemple classique d'autodéfense de la part d'un champion politique. Notre conviction que son courage n'avait pas diminué a été renforcée par toutes ses activités ultérieures.

Article paru dans la revue du Komintern

https://www-marxists-org.translate.goog/nederlands/zetkin/1919/1919luxemburg-liebknecht.htm?_x_tr_sl=nl&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

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5 février 2023 7 05 /02 /février /2023 13:16
Karl Liebknecht 1904. Le Procès de Köngisberg (extrait)

"... M. le Procureur a déclaré: l'Europe toute entière a les yeux fixés sur ce procès. Je suis d'accord avec lui: le monde civilisé a les yeux fixés sur Königsberg ... Pourquoi? Parce que c'est ici qu'est faite la première tentative pour punir des sociaux-démocrates allemands ou d'une façon générale, un mouvement libre parce qu'il exprime sa sympathie devant les souffrances et les luttes du peuples russe opprimé."

Le Procès de Köngsberg Aus dem Plädoyer

Ce texte est en cours de traduction.

[Kurt Eisner: Der Geheimbund des Zaren. Der Königsberger Prozess wegen Geheimbündelei, Hochverrat gegen Russland und Zarenbeleidigung vom 12. bis 25. Juli 1904,
Berlin 1904, S. 436-445. Nach Karl Liebknecht, Gesammelte Reden und Schriften, Band 1, S. 68-74]

Comment les Romanov sont-ils arrives au pouvoir? La Russie a-t-elle toujours été un Etat absolutiste ? Non, l’histoire enseigne que la famille tsariste a été élevée sur le trône en 1613 par le Parlement de Moscou.

Les Romanov ont reçu le pouvoir des mains du peuple russe, et l’absolutisme russe n’est pas issu d’une décision du parlement, mais a été créé par une révolution venue d’en haut. Devra-t-il s’insurger si un jour le glaive se retourne contre lui ? Ce serait très confortable pour lui s’il pouvait faire disparaître toute évolution par des interdits de papier, s’il pouvait tout simplement décréter : toute modification de la constitution est pour toujours interdite, toute aspiration à la liberté punissable par la loi et tout un chacun est dégradé au rang d’esclave ! Mais on ne peut pas ainsi brider l’évolution naturelle.

L’histoire russe est plus que tout autre écrite dans le sang, non pas le sang versé par le peuple, mais par les grandes familles entre elles et par le sang versé par les mains des gouvernements, des paysans, des  sectes religieuses, des travailleurs, de la population juive et – des soldats et officiers ! Car ce n’est pas avec les événements de 1899, pas non plus avec la « Narodnaja Wolja », comme nous l’avons entendu, que le « mouvement tendant à renverser le pouvoir » a commencé, mais par les complots  militaires, les décembristes, les Petraschewzen et il y a déjà plus de trois générations que la Sibérie est imbibée du sang le plus noble de la Russie.

Monsieur le procureur pose la question : Que peut-il exister de plus honteux que les écrits qui se trouvent devant nous? Je connais quelque chose de plus honteux : ce sont les conditions qui règnent en Russie auxquelles ces écrits font référence.

Je souhaiterais que chacun de vous, Messieurs les Juges, aient une fois l’opportunité d’assister à une fêtes des étudiants russes, où sont chantés ces chants graves, émus, passionnés. L’un des plus saisissants est le chant « le fouet des cosaques », de Ngaika. On y entend les mots suivants : Petit fouet, petit fouet, oublieras-tu ce que tu as fait le 8 février ? Il s’agit du 8 février 1899, jour où les étudiants de Saint-Petersbourg ont été fouettés en public.

Si nous considérons les conditions régnant en Russie, l’absence de droit absolue du peuple, la corruption et la brutalité sanglante de la bureaucratie, ce système laissant libre cours à l’absence de règles, les coups de fouet, les blessures à la tête, des paysans, des Juifs et des ouvriers, nous voyons alors que deux mots s’affichent au fronton de l’histoire russe récente : sans la Sibérie et Schlüsselburg, le tsarisme n’existe pas. Là-bas coule le sang de la jeunesse russe.

Avec fougue, le célèbre professeur de droit conservateur, Seidel, décrit l’état de la Russie comme un despotisme au sens asiatique. Pierre le Grand a dit : Je n’ai pas affaire à des êtres humains, mais à des animaux, dont je veux faire des êtres humains. Mais aujourd’hui, nous avons à faire à des êtres humains, dont on veut faire des animaux. Celui qui veut être un être humain, est envoyé en Sibérie ou à Schlüsselburg, et seul celui qui veut être un non humain, appartient aux éléments qui défendent  l’Etat. On voudrait vraiment qualifier de fou ce système, comme le fait Nadeschdin.

Nous connaissons tous les descriptions saisissantes de Dostoïevski dans son livre “Souvenir de la maison des morts”. Dans l’introduction de cette œuvre, Dostoïevski avec sa manière amère et sarcastique, distingue ceux qui « savent résoudre l’énigme de la vie », c'est-à-dire ceux qui s’accommodent de la barbarie russe et ceux qui ne le peuvent pas. Qui doute que ces derniers sont meilleurs, sont les meilleurs ? Ce sont justement les hommes et les femmes qui ont commis les attentats, qui ont les âmes les plus douces ; ce sont justement eux que leur noble sensibilité a emporté. Tous les attentats russes ne sont que les actes terribles du désespoir.

Chaque auteur de ces attentats pensait devoir se sacrifier pour le bien de l’humanité. Si l’on peut qualifier de condamnable et inintelligent ces actes, qui, examinant leur motivation, voudra être un juge sévère de leurs auteurs et leur refuser toute compréhension. Le tsarisme a violé brutalement un pays, faible, comme la Finlande mais ils se sont offert la poitrine nue, sachant que leur cou serait livré au bourreau, leur poitrine aux balles.

Les auteurs les plus célèbres de la littérature russe, eux aussi les ont fêtés comme des héros. Le document le  plus poignant est ici le « Poème en prose » de Tourgueniev, adressé à la Perovskaia, qui a commis l’assassinat contre Alexandre II, je veux en rappeler approximativement le contenu. La Perovskaia, une jeune et jolie jeune fille, se tient devant un rideau, derrière lequel règle l’obscurité et un froid glaciaire, sur le point de l’ouvrir et de passer le seuil. Une voix l’appelle : « Veux-tu abandonner tes proches, veux-tu connaître la soit et la faim ? Elle répond : « Oui ». Veux-tu abandonner père, mère, sœurs et frères et tout espoir d’amour et de joie de la maternité ? » Elle répond « Oui » et ouvre le rideau. On entend alors venu des profondeurs « Insensée ! » Mais une voix venue du ciel crie : « Héroïne, Sainte ! ». Je n’ai pour tous ces actes de désespoir devant les conditions régnant en Russie aucun mot d’indignation morale ! …

Ce procès, acte de courtoisie de l’Allemagne envers le gouvernement russe, mené dans l’intérêt de la Russie, offre l’image étonnante, d’autorités allemandes qui doivent courir après la Russie, pour obtenir des documents, pour protéger la Russie, pour punir des citoyens allemands.

J’ai certes aussi une explication pour ce comportement étonnant du gouvernement russe. Il ne ressentira pas qu’on lui rend lors de ce procès un service d’ami. Je crois, que ce procès a réellement remué là-bas. La Russie sait que son absolutisme ne peut pas s’exposer à une procédure publique en Allemagne. Jamais l’absolutisme russe n’a connu des blessures aussi profondes que dans cette salle devant les yeux du monde entier. La Russie doit vraisemblablement se dire : Dieu protège-nous de nos amis.

Sur ce point, les conservateurs comme les nationaux-libéraux, même un Professeur Schiermann du Kreuz-Zeitung ont le même avis.

Je reconnais que par des voies légales, aucune amélioration n’est possible, mais cela ne signifie pas pour autant acte de haute trahison. La social-démocrate russe se contenterait de pouvoir distribuer des écrits et tenir des réunions publiques. C’est certes interdit, mais en Russie non plus ce n’est pas considéré comme acte de haute trahison. Autrefois,  il a existé aussi des procès publics par exemple, mais c’est seulement quand on a constaté que cela servait plutôt l’agitation, au lieu de créer la peur, que l’on a abandonné les procès non seulement politiques mais aussi progressivement les procès pour des raisons sociales. Aujourd’hui, on n’entend plus que les cris de désespoir de Schlüsselburg et de la Forteresse Pierre et Paul.

Mais on ne peut enchainer la parole libre, encore moins l’évolution économique. Le tsarisme peut bien être tout puissant, mais il ne peut arrêter l’évolution capitaliste, au contraire, il doit s’unir au capitalisme contre les travailleurs, pour se sauver lui-même …

 

1 Der Königsberger Prozess fand vom 12. bis 25. Juli 1904 statt. Die Angeklagten waren auf Grund des Schmuggels illegaler, gegen den Zarismus gerichteter Schriften nach Russland der „Geheimbündelei, des Hochverrats gegen Russland und der Zarenbeleidigung" beschuldigt. Sechs von ihnen wurden zu Gefängnisstrafen verurteilt. Der Prozess endete mit einer politischen Niederlage der preußischen Reaktion, die ihn inszeniert hatte, und war ein Schlag gegen die zaristische Selbstherrschaft.

 

2 Gemeint sind Angehörige religiöser Sekten (Baptisten, Adventisten und andere), deren Zahl insbesondere nach der Aufhebung der Leibeigenschaft im Jahre 1861 bedeutend anwuchs. Lenin wies wiederholt darauf hin, dass die Anhänger der Sekten für den gemeinsamen Kampf gegen das zaristische System gewonnen werden müssten

3 „Narodnaja Wolja" – (Volkswille), ging hervor aus der im Jahre 1876 entstandenen kleinbürgerlich-revolutionären, volkstümlerischen Organisation „Semlja i Wolja", die nicht in der Arbeiterklasse, sondern in der Bauernschaft die revolutionäre Kraft sahen. Um die Bauernschaft zum Kampf gegen den Zaren zu organisieren, gingen sie auf

 

das Land, „ins Volk". Als ihre Bemühungen erfolglos blieben, organisierte sich eine Anzahl von ihnen in der Gruppe „Narodnaja Wolja", um den Kampf mit den Mitteln des individuellen Terrors zu führen.

4 Ein in den vierziger Jahren des vorigen Jahrhunderts um den Beamten des Auswärtigen Amts M. W. Petraschewski entstandener Zirkel, dem unter anderen F. M. Dostojewski, M. E. Saltykow und der berühmte Pianist Rubinstein angehörten. Die Petraschewzen bildeten einen inoffiziellen politischen Klub, in dem man sich vor allem mit den Lehren des utopischen Sozialisten Fourier beschäftigte und sich zu republikanischen und demokratischen Ansichten bekannte. Im April 1849 wurden 39 der hervorragendsten Mitglieder verhaftet und 15 von ihnen zum Tode verurteilt. Das Todesurteil wurde in Zwangsarbeit umgewandelt.

5 Im Jahre 1899 pfiffen die Studenten der Universität Petersburg ihren Rektor aus, der sie beleidigt hatte. Sie wurden daraufhin auf der Straße von Kosaken ausgepeitscht. Als Antwort streikten die Studenten fast aller russischen Universitäten. Es kam zu vielen Verhaftungen und Ausweisungen.

6 Unter dem beschlagnahmten Material befand sich eine von dem russischen Sozialrevolutionär Nadeschdin verfasste Broschüre „Die Wiedergeburt des Revolutionismus".

 

 

 

 

 

 

 

Karl Liebknecht 1904. Le Procès de Köngisberg (extrait)

Le texte se trouve de fait au chapitre 4, La révolution à l'Est, de Militarisme, guerre, révolution paru chez maspéro, P 177 à 183.

Note de bas de page : Le procès de Königsberg eut lieu du 12 au 25 juillet 1904. Pour avoir fait passer en fraude en Russie des écrits illégaux dirigés contre le tsarisme, 9 sociaux-démocrates allemands furent accusés de formation de société secrètes, heute trahison contre la Russie et lèse-majesté contre le tsar.

liste des textes de cet ouvrage sur comprendre : https://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/2021/12/textes-de-karl-liebknecht-dans-militarisme-guerre-revolution-paru-chez-francois-maspero-en-1970.html

Début du texte dans l'ouvrage précédant notre extrait :

[...] M. le Procureur a déclaré: l'Europe toute entière a les yeux fixés sur ce procès. Je suis d'accord avec lui: le monde civilisé a les yeux fixés sur Königsberg ... Pourquoi? Parce que c'est ici qu'est faite la première tentative pour punir des sociaux-démocrates allemands ou d'une façon générale, un mouvement libre parce qu'il exprime sa sympathie devant les souffrances et les luttes du peuples russe opprimé. Haute trahison à l'égard de la Russie! De la Russie qui, au mépris des traités, a violenté la Finlande; de la Russie, qui tente par la force de russifier nos provinces baltes; de la Russie, qui a envahi la Mandchourie au mépris du droit des gens; de la Russie qui a entrepris, elle-même coupable de haute trahison, de faire sauter des trains à la dynamite et de provoquer des soulèvements armés dans les États balkaniques. Vraiment, cette Russie doit être considérée autrement que n'importe quel État de droit, autrement en ce qui concerne sa "Constitution", en ce qui concerne la haute trahison. S'il est exact que les mêmes moyens terroristes qui secouent la Russie, sont employés par le gouvernement russe dans d'autres pays, alors vaut l'adage: "Qui a frappé par l’épée périra par l’épée." Et ainsi s'applique ce principe de toute justice qui est aussi vieux que le monde : "Ce que tu me fais, je te le fais!"

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3 février 2023 5 03 /02 /février /2023 09:53
Gustav Noske est revenu - lu sur le net. Difficile de ne pas se souvenir du 15 janvier 1919, lorsque Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés par les Freikorps sur ordre d’un « social démocrate » : Noske lui-même.

Depuis un certain temps, je pensais à ce titre et à cette comparaison.

Je travaille sur mars 1919 et sur l'assassinat des efforts révolutionnaires en 18/19 par la social démocratie majoritaire. Assassinat dans lequel Gustav Noske joua un rôle central au sens propre. Qui s'appuya pour cela sur  l'armée et les corps francs. Ces corps francs dont la violence était extrême et qui donnèrent naissance aux forces nazies.

Ce titre est celui d'un article lu sur le net avec l'illustration d'une œuvre de Grosz. On y lit ces phrases :

"Difficile de ne pas se souvenir du 15 janvier 1919, lorsque Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés par les Freikorps sur ordre d’un « social démocrate » : Noske lui-même. Noske endossant sans culpabilité le rôle de l’Autorité, c’est-à-dire du principe de « réalité » la plus autoritaire."

Aujourd’hui, maintenant en 2023, la BRAV-M reconstitue la violence des Corps francs de mémoire sinistre. On se souviendra des voltigeurs en 1986 (la plupart recrutés chez des excités du corps-à-corps à l’instar du SAC autrefois, tous des « mâles Alphas » comme il est coutume de le désirer dans les milieux virilistes) mais les voltigeurs nous renvoient ultimement à la violence des Freikorps

 

https://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/2022/07/354-meurtres-politiques-repertories-par-emil-gumbel-les-assassinats-de-r.luxemburg-k.liebknecht-leo-jogiches-etaient-partie-d-un-ensemble-et-d-une-volonte-non-desactes-isoles.html

 

https://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/search/Noske/

 

 
Noske et Lüttwitz.Après l'armistice de 1918 et la révolution allemande, il est nommé commandant en chef de la Reichswehr à Berlin, par le gouvernement provisoire. Il est alors chargé de réprimer, à l'aide des corps francs, le soulèvement spartakiste en janvier 1919.  Pendant les combats de mars 1919 à Berlin (de), il est chargé de réprimer la grève générale et fait tirer sur les manifestants sur Alexanderplatz. Il fait désarmer par la force les marins républicains de la division de la marine populaire qui s'étaient solidarisés avec les grévistes.

Noske et Lüttwitz.Après l'armistice de 1918 et la révolution allemande, il est nommé commandant en chef de la Reichswehr à Berlin, par le gouvernement provisoire. Il est alors chargé de réprimer, à l'aide des corps francs, le soulèvement spartakiste en janvier 1919. Pendant les combats de mars 1919 à Berlin (de), il est chargé de réprimer la grève générale et fait tirer sur les manifestants sur Alexanderplatz. Il fait désarmer par la force les marins républicains de la division de la marine populaire qui s'étaient solidarisés avec les grévistes.

Gustav Noske est revenu

 

Retour vers le futur
on prend les mêmes autoritaires et on recommence

La tournure ultra-autoritaire que (re)prend l’État dans l’apathie journalistique officielle, est sidérante. Tout semble indiquer que la pensée opératoire favorise l’installation d’une verticalité de plus en plus coercitive, de plus en plus liberticide. Il y eut des antécédents.
Et cela, sans remonter aux années de collaboration (pas d’erreur possible, nous sommes bien en France).

Plus près de nous et de nos légendes dorées siègent bien des histoires.
Celle du coup d’État « démocratique » des gaullistes en 1958, utilisant la crise algérienne pour reprendre le pouvoir.

Celle aussi d’un comédien sans vergogne, dont beaucoup ont oublié qu’il défendit en Algérie l’usage de la guillotine : je parle bien sûr de « Rastignac » (Mitterand) et de son irrésistible ascension. Mitterrand faisant, par la suite, feu de tout bois pour court-circuiter (au sein de la multitude) toute forme d’auto-réflexivité politique et se maintenir au pouvoir. Avec Pasqua dans son SAC. Avec aussi le tournant néo-libéral de 1983-1984, mais encore avec le sang du Rwanda couleur turquoise sur les mains, en 1994. Ces violences d’État n’ont pas laissé le souvenir critique que l’on aurait pu espérer puisqu’enfin la chronique amnésie est une donnée largement partagée.

Chirac et Sarkozy intensifièrent la fable méritocratique déjà en place. Nous arrivons à Hollande et la Loi travail, à Valls et son utilisation effrayante de la raison d’État pour réprimer la foule. Venons-en maintenant au Monarque de 2023, Narcissique absolu utilisant un fin limier à l’Intérieur. Perdreau tout droit sorti d’un film de Pabst ou de Fritz Lang : le nouveau Gustav Noske.
Il est donc revenu.

Difficile de ne pas se souvenir du 15 janvier 1919, lorsque Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés par les Freikorps sur ordre d’un « social démocrate » : Noske lui-même. Noske endossant sans culpabilité le rôle de l’Autorité, c’est-à-dire du principe de « réalité » la plus autoritaire.

Aujourd’hui, maintenant en 2023, la BRAV-M reconstitue la violence des Corps francs de mémoire sinistre. On se souviendra des voltigeurs en 1986 (la plupart recrutés chez des excités du corps-à-corps à l’instar du SAC autrefois, tous des « mâles Alphas » comme il est coutume de le désirer dans les milieux virilistes) mais les voltigeurs nous renvoient ultimement à la violence des Freikorps

Bien peu sont ceux qui arrivent à l’admettre. Et ceux qui le clament haut et fort s’exposent à la vindicte de l’État (les « factieux »)
l’Idée d’une redéfinition (vivante) de la politique comme dissensus et non comme consensus, n’a jamais été si loin.

Le consensus est autoritaire dans son essence. Sa fonction est d’abraser toute conflictualité. C’est cette élision autoritaire de la conflictualité politique qui est profondément inquiétante.
L’élision de la division comme principe activateur de la politique est aujourd’hui le danger le plus grand : impossible de s’affirmer contre la violence d’État sans en prendre plein la gueule par les flics.
Et donc, oui, l’Action directe, l’anarchie continuent d’irriguer notre mélancolie sociale, à moins que ce ne soit l’inverse.
Mais nous, au moins, marchons depuis l’enfance sous un soleil noir.

Que ceux qui s’identifient à l’Ordre et aux seigneurs de guerre tremblent et se préparent à leur tour, à rencontrer les ténèbres en eux-mêmes.

Croquemitaine

Note

Soyons comme l’eau
en toute occasion

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6 janvier 2023 5 06 /01 /janvier /2023 17:55
Karl Liebknecht, jeune

Karl Liebknecht, jeune

En 1900, Karl Liebknecht a terminé son droit et peut enfin intervenir politiquement publiquement. Ceci est le premier texte référencé dans les Gesammelte Reden und Schriften.

 

 

Compte-rendu du discours prononcé à Dresde, paru le 3 octobre 1900 dans la Sächsische Arbeiter-Zeitung

Gesammelte Reden und Schriften., Tome 1, Pages 3-7. Sur le net sur marxist.org.

 

 

Le samedi 29 septembre, l'association social-démocrate de Dresden-Altstadt a organisé une soirée scientifique, suivie par environ 800 personnes sur le thème "Le nouveau droit bourgeois, un recul ou un progrès pour la classe ouvrière ? » Pour celle conférence, le Comité directeur avait fait appel, et nous l’en remercions, au camarade et avocat, le Dr Karl Liebknecht, de Berlin.

Accueilli avec enthousiasme par l'assemblée, celui-ci a repoussé cet accueil solennel et empreint d’émotion adressé à sa personne, le dédiant à son père qui n'est malheureusement plus des nôtres.

Au cours d'un discours magistral de deux heures et demie, le conférencier s'est penché sur les paragraphes les plus importants pour les ouvriers, en indiquant à peu près ceci : C'est étrange de poser la question de savoir si le nouveau droit civil représente un progrès ou un recul pour les ouvriers par rapport au précédent, et l’on ne peut que répondre : ce n’est ni l'un ni l'autre. Lorsqu'on s'est attelé à la création d'un nouveau code, il s'agissait de remédier à un état de fragmentation tel que l'on ne peut en imaginer de pire. Non seulement chacun des 25 États fédéraux possédait son propre droit, mais à l'intérieur de chaque État régnait souvent la confusion la plus variée, situation devenant de plus en plus insupportable au fur et à mesure que le droit en vigueur disparaissait de la conscience populaire.

On a travaillé à l’élaboration de ce nouveau droit pendant plus de deux décennies,. L'homogénéisation recherchée n'a toutefois pas été atteinte comme on aurait pu l'espérer. Après l'opposition énergique des Agrariens, on n'a pas osé s'attaquer au rapport de "servitude", qui aurait certainement eu besoin d'être amélioré ; seul a été supprimé « le droit de punition », et le fait même qu'il ait encore fallu le supprimer résonne comme une moquerie à l'égard de la culture allemande. Mais ce n'est pas seulement le rapport de servitude qui est resté "intact", non, c'est aussi le droit des concessions minières, et ce terme d’ "intact" revient presque une centaine de fois et témoigne de l'échec des efforts d'unification. D'autre part, les droits de la haute noblesse - des seigneurs de droit divin encore au pouvoir et de ceux déjà déchus - nont pas non plus été touchés.

Le défaut le plus grave du nouveau droit est qu'il ne tient pas compte des évolutions. Ce ne sont pas des esprits visionnaires qui ont créé le nouveau droit, et c'est pourquoi ils ont juste fixé ce qui existait déjà. Le droit français est toujours adapté à la vie moderne, bien qu'il soit déjà centenaire, et cela s'explique par le fait que les juges y font les lois et les interprètent en fonction de l'évolution. Je n'ose affirmer que quelque chose de semblable serait à recommander chez nous en Allemagne. Vous êtes les mieux à même juger de ce qui pourrait en résulter. Le jugement de Löbtau a montré de la manière la plus limpide où nous en serions dans des conditions semblables. C'était un jugement de la pire espèce, et le pire, c'est que les juges eux-mêmes ne le savent pas. Si les juges avaient le pouvoir législatif chez nous, comme en France, la situation serait encore plus sinistre qu'elle ne l'est déjà.

Nous disposons maintenant dans la nouvelle législation de toute une série de dispositions de protection des ouvriers; qui n’existent malheureusement que sur le papier, comme par exemple le paragraphe 616, qui traite du fait que l'ouvrier ne peut être privé de son salaire pour un "temps relativement peu important qu'il a manqué au travail en raison d'un motif d'empêchement inhérent à sa personne". Cette disposition a manifestement été conçue par le législateur pour tous les cas où l'ouvrier doit s'absenter de son travail pendant une période relativement courte sans qu'il y ait faute de sa part : par exemple en cas d'affaires de tutelle, de réunions de contrôle, de visites médicales, mais aussi en cas de maladie et de service militaire d'une durée maximale de 14 jours. C'est à mon avis le sens de cette disposition. Plusieurs tribunaux du travail, ainsi que l'assemblée des juges du travail de Mayence, ont récemment établi le même principe. Mais ici, comme pour beaucoup d'autres dispositions, la loi autorise des accords différents, et les entrepreneurs s'empressent bien sûr d'en profiter. Le roi Stumm, qui ne tarit pas d'éloges sur les institutions sociales de son entreprise, a été l'un des premiers à se faufiler par cette porte dérobée et à rendre ainsi les dispositions légales inefficaces pour ses ouvriers. De telles dispositions abrogatoires ne modifient en rien la situation existante, et les paragraphes n’existent donc que sur le papier et ne peuvent absolument pas être utiles aux travailleurs. Un tel esprit contraire à la volonté du législateur est tout simplement immoral.

Si le contrat de travail est résilié, la nouvelle législation accorde à l'ouvrier le bénéfice d'une heure et demie à deux heures de recherche d'un nouveau travail chaque jour, et l'employeur ne peut pas le lui refuser.

En ce qui concerne la saisie, une petite amélioration est intervenue. Jusqu'à présent, la saisie de biens essentiels n'était pas autorisée, tout ce qui était nécessaire à la vie ne pouvait pas être saisi. Désormais, le cercle des objets non saisissables a été élargi. Seuls les objets qui ne font pas partie d'un niveau de vie "raisonnable" peuvent être saisis. Quand on entend cela, on se dit : c'est bien, qu'on ne peut plus tout me prendre. Mais en tant qu'avocat, j'ai souvent constaté que cette disposition est inefficace pour les travailleurs. Si un officier est saisi, il dit qu’il a besoin de ceci et de cela pour maintenir un niveau de vie "raisonnable", mais pour l'ouvrier, on saisit déjà le troisième costume, il doit aller le dimanche comme il va les jours ouvrés. (Applaudissements.)

La situation juridique est exactement la même pour le droit de bail. Comme il aurait été nécessaire, dans ce cas justement, de réduire les pouvoirs bien trop étendus des pachas domestiques. "Le nouveau droit de bail", "le contrat de travail", voilà des mots qui avaient un grand pouvoir d'attraction sur la population, on en espérait un allègement de la pression économique qui pèse lourdement sur tous les moins fortunés. Mais ceux qui espéraient trouver des morceaux d'or dans le nouveau droit se sont lourdement trompés, ne trouvant que de l'or en paillettes. En matière de droit de bail, le droit presque illimité de conclure des accords joue un rôle très discutable. Cette disposition ne signifie rien d'autre, ici comme ailleurs, que d'obliger le plus faible économiquement à "autoriser" la suppression des dispositions prises dans son intérêt par la loi, et c'est pourquoi la normalisation de telles dispositions n'est rien d'autre qu'une hypocrisie. Les riches ne souffrent évidemment pas de cette situation intenable, ils déménagent quand quelque chose ne leur convient pas et obtiennent des logements en abondance. Le pauvre, en revanche, s'il se rebelle et déménage, tombe dans le ruisseau, car les petits logements, dont il a besoin, en fonction de ses revenus, ne sont généralement pas disponibles en nombre suffisant et le propriétaire peut donc le traiter comme il le souhaite. Si quelqu'un pense que l'introduction de la nouvelle loi a changé quelque chose dans le droit de bail, qu'il prenne un ancien et un nouveau contrat de location et qu'il compare : Il ne trouvera absolument rien de changé. D'un trait de plume, les droits des pachas ont été balayés par des dispositions quelque peu restrictives. Jusqu'à présent, l'achat rompait le bail ; c'est désormais différent : L'achat n'annule pas la location. Dans le contexte actuel de spéculation immobilière, c'est tout à fait approprié, car il arrive qu'une maison passe de main en main plus vite qu'un sou. Je recommande d'ailleurs à chaque locataire d'utiliser son contrat de location comme une bible pendant huit jours : S'il a lu cette bible pendant sept jours, il sera certainement social-démocrate le huitième.

L'orateur aborde encore plus en détail le paragraphe sur l'usure, le droit des enfants illégitimes, le droit du mariage et des associations et conclut que le nouveau droit ne représente ni un recul ni un progrès pour les ouvriers. C'est un kaléidoscope : du bon et du mauvais en alternance. Pour s'assurer une influence sur la législation, les travailleurs n'ont qu'une chose à faire : s'unir et s'organiser, car s'ils constituent un pouvoir fort, le législateur doit aussi compter avec eux. C'est pourquoi, encore et toujours : organisez-vous, unissez-vous, recrutez, travaillez, luttez ! (Applaudissements nourris.)

Le père de Karl Liebknecht, fondateur du parti social-démocrate est décédé en 1900.En février 1899, à Löbtau, près de Dresde, 9 ouvriers du bâtiment ont été condamnés à un total de 61 ans de réclusion et de prison pour avoir protesté contre le fait que des travaux étaient effectués sur un bâtiment voisin au-delà des heures de travail fixées. Des voies de fait avaient eu lieu lorsque le chef de chantier avait tiré avec un revolver chargé à l'aveugle.

Karl Freiherr von Stumm-Halberg (1836-1901), grand industriel et maître presque illimité du territoire de la Sarre, défenseur de la politique de protection douanière de Bismarck, cofondateur et membre dirigeant du Parti impérial allemand, membre de la Chambre des députés prussienne de 1867 à 1870, de la Chambre des représentants de 1882 à 1901, du Reichstag de 1867 à 1881 et de 1889 à 1901.

Traduit le 6 janvier 2023 par Dominique Villaeys-Poirré. Merci pour toute amélioration de la traduction, en particulier du vocabulaire juridique.

 

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14 décembre 2022 3 14 /12 /décembre /2022 12:27
Le Lantag de Prusse

Le Lantag de Prusse

Citations :

"Très amusant de constater comment on élève les jeunes dans un esprit militariste, et cela avec la bénédiction du clergé. Le pasteur donne sa bénédiction, il va au temple et prie. Ensuite il va et vient, par monts et par vaux, et là-dessus de nouveau on joue à la guerre – frisch, fromm, fröhlich, frei*  – chrétiennement, selon le commandement de l’amour du prochain."

"Mais prier et tirer, cela va très bien ensemble"

Priez et tirez.

Discours devant le Landtag de Prusse le 26 mars 1912 (extrait)

Ce discours a été prononcé le 26 mars 1912 devant le Landtag de Prusse. Les autorités avaient organisé une Conférence sur les questions de santé publique, à Ebelfeld en 1911 et prévu des subventions pour l'éducation de la jeunesse. Karl Liebknecht y fait référence dans ce discours.

Source : l’ouvrage regroupant des textes de Karl Liebknecht, édité en 1970 chez françois maspero. Sous le titre « Priez et Tirez ». P.38 - 54

 

Texte :

… Il est du reste très amusant de voir comment, grâce à la subvention gouvernementale, encouragés par la pluie d’or qui tombe d’en haut, le clergé, les militaires, etc., se sont retrouvés ensemble. Très amusant de constater comment on élève les jeunes dans un esprit militariste, et cela avec la bénédiction du clergé. ("Très bien !" sur les bancs des sociaux démocrates). Le pasteur donne sa bénédiction, il va au temple et prie. Ensuite il va et vient, par monts et par vaux, et là-dessus de nouveau on joue à la guerre – frisch, fromm, fröhlich, frei*  – chrétiennement, selon le commandement de l’amour du prochain. Ah Dieu ! Tout cela est si ridicule qu’on ne peut vraiment pas en parler sérieusement. (*Frais, pieux, joyeux, libres, C’est ainsi que se désignaient les membres des organisations de jeunesse chrétienne en Allemagne)

On apprend aussi aux enfants à tirer : le tir après la prière. Oui, messieurs, n’est-ce pas quelque peu dangereux ? N’avez-vous pas un peu peur d’apprendre à tirer aux enfants du prolétariat ? Je vous demande de considérer s’il ne serait pas préférable de leur trouver d’autres occupations. Mais prier et tirer, cela va très bien ensemble. ("Tout à fait chrétien !" sur les bancs des sociaux-démocrates.) De la façon dont la religion est pratiquée ici, c’est exactement la même chose, car la façon dont vous la pratiquez n’est rien d’autre au fond qu’une violence, exactement comme la guerre et autres violences humaines. (« Très juste » sur les bancs des sociaux-démocrates.)

Je reprends ce fameux numéro de la Deutsche Tageszeitung du 2 mars. Il y est question d’un club social-démocrate de tir, qui se trouve, paraît-il, à Dresde. Le journal se plaint que les sociaux-démocrates aient aussi des clubs de tir et il montre qu’il y a là, en fait, un grand danger. Il serait intéressant de savoir combien il en existe. On se propose manifestement de mobiliser le gouvernement contre le grand danger que représentent les clubs de tirs sociaux-démocrates. Messieurs, il inutile de parler longuement du jeu guerrier « grandiose » d’Essen, qui a provoqué l’enthousiasme de M. Hackenberg lui-même, bien qu’il soit très caractéristique de la façon dont vous éduquez la jeunesse. On emmène 5000 enfants, on se livre à d’abondants exercices de tir et autres exercices de patriotisme cocardier, et quand la jeunesse s’est suffisamment exaltée à l’idée d’avoir anéanti des vies humaines ou du moins d’avoir appris comment le faire (« Très juste !»), c’est alors que le sentiment religieux est développé au plus haut point. Ah Dieu, ce genre de christianisme, vraiment, messieurs !

 

Transcrit pour le net le 14.12.2022 par Dominique Villaeys-Poirré

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13 décembre 2022 2 13 /12 /décembre /2022 17:03
Karl Liebknecht, "Le mouvement ouvrier et l’organisation de la jeunesse", 1er août 1908. Comment le parti social-démocrate et les syndicats ont tenté d'empêcher l'émergence des organisations de jeunesse

Le mouvement ouvrier et l’organisation de la jeunesse, 1er août 1908

Comment le parti social-démocrate et les syndicats ont tenté d'empêcher l'émergence des organisations de jeunesse

Le mouvement prolétarien de la jeunesse est un chaînon nécessaire du mouvement ouvrier moderne. La jeunesse prolétarienne est la tête et les jambes de la classe ouvrière. Les organisations libres de la jeunesse n’ont jamais eu d’autre but que de servir le mouvement ouvrier moderne, d’être une école préparatoire pour les organisations de combat des ouvriers. Comme tout nouveau mouvement, les organisations de jeunesse ont dû lutter durement pour se faire accepter par la classe ouvrière ; il leur a fallu de longues années de dur travail. Cependant, elles y sont parvenues. Le 29 septembre 1906, les ouvriers, au congrès de Mannheim, adoptèrent à l’unanimité cette résolution de sympathie :

« Nous saluons l’éveil, qui se manifeste de tous côtés, de la jeunesse prolétarienne à une activité indépendante, et demandons instamment aux membres du parti d’encourager, partout où les lois sur les associations le permettent, la création et le développement d’organisations de jeunesse. » (Cf Procès-verbal des débats du congrès du parti social-démocrate allemand, réuni à Mannheim du 23 au 29 septembre 1906, Berlin, 1906, P. 145.)

Motivant cette résolution, un orateur (le Dr Karl Liebknecht) déclara : « Mais là aussi, où les organisations de jeunes ne sont pas politiques, le parti doit affirmer sa sympathie à leur égard. C’est le devoir du congrès de dire aussi aux jeunes de l’Allemagne du Nord : Nous sommes d’accord avec votre activité ! »

Ces déclarations ont été vivement applaudies par le congrès. La jeunesse et la classe ouvrière ont entrepris de travailler énergiquement au développement des organisations de jeunes. Ce développement paraissait assuré. Mais dis aliter risum ! (les dieux en avaient décidé autrement).

Neuf semaines à peine après le congrès de Mannheim, les représentants des comités directeurs des centrales syndicales, lors d’une conférence tenue à Berlin les 26 et 27 novembre 1906, prenaient position contre la formation d’organisations spéciales de la jeunesse.

« La commission générale considère qu’une organisation centrale spéciale des jeunes n’est utile ni pour la défense des intérêts économiques ni dans le domaine de l’éducation de la jeunesse, mais plutôt nuisible. Ce n’est pas à la création d’une organisation de jeunesse que doivent travailler le parti et les syndicats, mais à une organisation propre à éduquer les jeunes. C’est aux syndicats qu’il faut qu’il faut laisser le soin d’organiser les jeunes ouvriers, et c’est aux directions syndicales, aux congrès syndicaux, qu’incombe la tâche d’amener les jeunes dans les syndicats, de les aider à s’y maintenir. Le prochain congrès syndical devrait s’occuper particulièrement de la question des jeunes ouvriers, de celle de l’apprentissage, et la prochaine conférence du Comité directeur devrait présenter des propositions relatives à ces problème. La conférence s’est ralliée à ses déclarations. »

Malgré cette prise de position des leaders syndicaux, le congrès social-démocrate qui se tint à Essen au mois de septembre de l’année suivante, au moment où se préparait la loi sur les associations qui devait interdire les organisations de jeunes, décida de « travailler d’une façon plus énergique que jamais, à la création d’organisations de jeunes et de demander aux membres du parti de faire comprendre le sens de cette action. » (Cf Procès-verbal des débats du congrès du parti social-démocrate allemand, réuni à Mannheim du 23 au 29 septembre 1906, Berlin, 1906, P. 145.)

Le vote de la loi sur les associations donna aux leaders syndicaux l’occasion de faire connaître au public leur opinion et leurs projets. On s’efforça de lire dans cette loi plus qu’il ne s’y trouvait. Que nos organisations ne sont pas concernées par cette loi, c’est ce que nous avons déjà montré ((Éditions de « Jeunesse ouvrière », n° 5 de l’année en cours). Le seul changement apporté par cette loi dans la question de l’organisation des jeunes, fut l’extension à l’Allemagne du Sud de ces organisations jusqu’ici cantonnées à l’Allemagne du Nord. Mais les leaders syndicaux réussirent à amener les jeunes du Sud à dissoudre eux-mêmes leur bureau de Mannheim, phénomène rare dans le mouvement ouvrier, que les jeunes de l’Allemagne du Sud regrettent déjà amèrement.

Il était réservé au congrès syndical qui se tint du 22 au 27 juin à Hambourg de prononcer la condamnation à mort des autres organisations de jeunes.

Comment a-t-il été possible que le congrès, malgré les décisions de Mannheim et d’Essn, prenne position contre les organisations de jeunes. Voici de quelle façon les choses se sont passées. Robert Schmidt fut chargé de présenter un rapport sur « l’organisation du travail d’éducation de la jeunesse ». Les ouvriers ne se doutaient pas que ce rapport serait un pamphlet contre les organisations de jeunes en vue de les supprimer. Et l’on pouvait d’autant moins s’y attendre que, pour les ouvriers, la question de l’organisation des jeunes était déjà tranchée (Mannheim, Essen).

Au Congrès lui-même, il n’y avait personne qui pût répondre aux attaques injustifiées dirigées contre les organisations de jeunes. Les reproches de Schmidt  s’adressaient aux organisations politiques des jeunes ; celles-ci ayant cessé d’exister, ses déclarations devaient avoir pour effet de rabaisser dans l’opinion publique les organisations de jeunes existantes, dont Robert Schmidt savait très bien qu’elles n’avaient déployé aucune espèce d’activité politique. Le 2 mai, il s’était exprimé devant un membre dirigeant de notre organisation d’une façon peu glorieuse sur l’activité de l’association berlinoise. A Hambourg, si l’on en croit les rapports de presse, il ne dit pas un mot de notre organisation. Comme il ne fut contredit par personne, les délégués le crurent. Et lorsqu’il ajouta que sa résolution reposait sur un accord, elle fut approuvée à l’unanimité. Après la dissolution du groupe de Mannheim, les délégués crurent manifestement que les représentants des organisations de jeunes avaient participé également à cet « accord ». Ainsi, pour les délégués, tout paraissait en ordre, soigneusement préparé d’avance, et ils levèrent la main pour la condamnation à mort.

La faute commise par le rapporteur est d’autant plus grave qu’il savait parfaitement que les organisations de jeunes s’étaient opposées à la dissolution, n’avaient pas donné leur accord. Il devait savoir que les organisations de jeunes y avaient prêté moins d’attention que lui. C’est pourquoi il devait se dire : Audiatur altera pars ! (L’autre partie doit être entendue !) Au lieu de cela, le « procureur Schmidt recommande de couper la tête de l’accusé sans lui permettre de se défendre. Sic volo, sic jubeo, sit pro ratione volontas ! (Ainsi je le veux, ainsi je l’ordonne ; que ma volonté tienne lieu de raison !)

Comme le montre la façon dont la décision a été prise et la question traitée au congrès, ce n’est pas là l’expression de la volonté  des ouvriers organisés dans les syndicats. C’est uniquement l’œuvre de quelques leaders, qui voient dans les organisations de jeunes une concurrence dangereuse pour les syndicats, et cela prouve la méconnaissance totale des organisations de jeunes. Non seulement cette décision est en contradiction avec celles qui ont été prises à Mannheim et Essen concernant ces organisations, mais les motifs sur lesquels elle se fonde sont en opposition flagrante avec les principes que les ouvriers ont adoptés jusqu’à présent au sujet de l’éducation de la jeunesse. (Voir le compte-rendu du congrès du parti social-démocrate allemand, tenu à Mannheim sur le thème « Social-démocratie et éducation du peuple ». Rapporteur : Heinrich Schultz et Clara Zetkin.)

L’orientation préconisée par Robert Schmidt conduirait à la création de comités portant en eux le germe de la mort. Grouper les jeunes pour les éduquer n’est pas nouveau, mais toutes les tentatives sont restées à l’état d’ébauche. Assurément, ça et là quelques ouvriers éduqués sont sortis de ces groupes de formation, mais ceux-ci n’ont jamais eu une grande importance et cela s’explique facilement.

Et comment lui voyait en leur indépendance le fondement nécessaire de leur action.

L’organisation des jeunes requiert, pour réussir, deux conditions : indépendance de la jeunesse et défense de ses intérêts. Les organisations libres de la jeunesse, créées par la jeunesse elles-mêmes ont, les premières tenu compte de cette nécessité qui découle de la position même des jeunes dans la société économique. Le capitalisme moderne a donné au jeune ouvrier son indépendance : à l’usine il est à égalité avec les adultes ; les rapports patriarcaux d’autrefois entre maître et apprenti ont pour ainsi dire disparu. Cette position économique nouvelle donne aux jeunes le droit de constituer des organisations indépendantes. Leur psychologie en effet s’est modifiée, ils grandissent dans d’autres conditions qu’autrefois ; ces conditions nouvelles et les courants intellectuels qui se développent dans les villes, ont pour effet de hâter leur maturité ; ils sont conduits à prendre une part active dans les grandes luttes. Ainsi, sous la pression des circonstances, la jeunesse aujourd’hui éprouve plus que jamais le besoin d’indépendance c’est là une aspiration qu’on ne peut réprimer par la force, et celui qui tenterait de le faire commettrait un péché à l’égard de la jeunesse prolétarienne. C’est précisément l’indépendance qui caractérise l’homme : ce doit être le but d’une éducation raisonnable de permettre d’acquérir une personnalité.

Rien ne pèse plus lourd sur le jeune ouvrier, à plus forte raison sur l’apprenti, que sa situation actuelle. Cette pression est encore renforcée par l’ignorance où se trouvent les jeunes du régime social actuel, en général. En tous les cas, ils aspirent encore plus ardemment que les ouvriers adultes à leur libération économique, et tout ce qui est entrepris concernant leurs intérêts les plus fondamentaux, comme le sont les intérêts économiques, attire la grande masse des jeunes. Aussi le but auquel doit tendre l’éducation de la jeunesse est d’élever le niveau intellectuel de la masse, non de favoriser l’avancement de quelques jeunes particulièrement doués.

C’est uniquement au fait que les organisations libres de la jeunesse ont tenu suffisamment compte de ces besoins immédiats des jeunes, qu’il faut attribuer leur succès. Si l’on tient compte que ces succès ont été arrachés par leurs propres moyens au prix d’une lutte dangereuse avec les frères ignorantins, les employeurs, la police et la justice, on peut dire qu’ils sont excellents ; l’Arbeitende Jugend a déjà atteint un tirage minimum de 10 000 exemplaires ; la Junge Garde a assurément le même tirage, soit au total 20 000 lecteurs des journaux de jeunes en Allemagne. Quelles tentatives de formation de la jeunesse ont-elles atteint ces chiffres ? Que Legien crée une institution dont le financement et le travail soient supportés par les jeunes eux-mêmes et qui réussisse à en rassembler 20 000, alors il pourra appeler les organisations de jeunes une entreprise manquée !

Qu’on se rappelle l’enthousiasme suscité dans la jeunesse, à l’époque (octobre 1904) par la fondation de l’organisation libre de la jeunesse à Berlin. Ce n’est pas le fait en lui-même – combien d’associations ont été fondées à Berlin ! -, mais la défense pratique des intérêts des jeunes et l’indépendance de l’association qui, tel l’éclair, ont frappé l’opinion et particulièrement la jeunesse. C’est ainsi que, peu de temps après leur création, le Reich, organe du parti social-chrétien, écrivait : « Il a déjà été reconnu par M. Liz-Mumm (l’un des dirigeants des associations de jeunesse chrétienne), au cours de l’une de nos précédentes assemblées, qu’en ce qui concerne l’indépendance de nos adhérents, des erreurs sont commises dans un grand nombre d’associations. Nous pouvons prendre exemple sur le nouveau mouvement. »

La défense des intérêts des jeunes constitue le fondement d’une éducation intellectuelle systématique de la jeunesse. En partant de la situation matérielle des jeunes, on leur fait comprendre l’organisation de la société actuelle et on leur montre la voie qui permet à la classe ouvrière de se libérer du capitalisme. La jeunesse apprend en même temps à reconnaître la nécessité pour les ouvriers de se développer intellectuellement pour pouvoir mener jusqu’à la victoire leur lutte libératrice.

Mais l’indépendance de l’organisation et la défense des intérêts matériels des jeunes sont également des moyens d’éducation. La première forme, pour les organisations ouvrières, des fonctionnaires réalistes, fermes de caractère ; la seconde développe la conscience du droit parmi les jeunes. Éclairé sur ses droits, le jeune apprend à les défendre. Il faut faire pénétrer dans l’esprit du jeune prolétaire ce principe : il ne faut jamais abandonner un droit sans y être contraint par la plus stricte nécessité.

La défense des intérêts des jeunes par l’organisation des jeunes elle-même doit naturellement être assurée en liaison avec les syndicats, mais la jeunesse doit prendre à ce travail une part prépondérante. Que l’organisation des jeunes se substitue aux syndicats est hors de question ; de même, l’indépendance des organisations de jeunesse ne doit pas être comprise de telle sorte que, laissées complètement à elles-mêmes, elles végètent. Plus leurs effectifs s’accroissent, plus elles ont besoins de conseillers. Mais il faut que la démocratie y règne ; leurs dirigeants et leurs conseillers, c’est la jeunesse elle-même qui doit les choisir et ils doivent jouir de sa confiance. Ceux qui ne comprennent pas la psychologie des jeunes ne sont naturellement pas aptes à devenir leurs conseillers.

Il serait regrettable que la résolution de Hambourg soit appliquée. Ce serait dommage pour le coût personnel et financier de l’opération, car elle se révélerait rapidement vaine. En tout cas, la classe ouvrière ne devrait pas supprimer les organisations existantes de jeunes avant d’avoir créé, pour les remplacer, d’autres institutions dont on ait pu comprendre qu’elles étaient meilleures. Qu’on se garde donc de détruire inconsidérément l’œuvre créée par la jeunesse au prix de lourds sacrifices et de lui imposer en échange d’autres institutions dont elle ne peut comprendre la valeur. Il ne faut décourager à aucun prix la jeunesse prolétarienne si l’on ne veut pas que les ennemis de la classe ouvrière triomphent !

Puisse celle-ci satisfaire au désir justifié de la jeunesse de posséder une organisation indépendante ! Le jeune d’aujourd’hui est l’adulte de demain.

Karl Liebknecht, "Le mouvement ouvrier et l’organisation de la jeunesse", 1er août 1908. Comment le parti social-démocrate et les syndicats ont tenté d'empêcher l'émergence des organisations de jeunesse

Remarques :

Les deux sous-titres sont du blog.

Le texte a été transcrit à partir de l'ouvrage publié chez maspero en 1970 "militarisme, guerre, révolution" Choix de textes et présentation Claudie Weill, traduction Marcel Ollivier. Ce texte ouvre le chapitre : L'armée révolutionnaire en puissance et se trouve aux pages 31 à 36.

Transcrit pour Internet par Dominique Villaeys-Poirré le 9 décembre 2022 pour les blogs comprendre-avec-rosa Luxemburg.

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10 décembre 2022 6 10 /12 /décembre /2022 21:49

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16 novembre 2022 3 16 /11 /novembre /2022 13:54
Rosa Luxemburg, la politique des alliances et la guerre

Extrait du discours "A propos de la situation politique mondiale", l'un des plus importants de Rosa Luxemburg. C'était le 27 mai 1913 à Leipzig-Plagwitz sur les thèmes des alliances, de la courses aux armements et de la guerre.


Citations :

Attendre de la Triplice, donc d’une politique d’alliance capitaliste conçue pour préparer la guerre, qu’elle agisse en faveur de la paix, c’est comme vouloir cueillir des figues sur un buisson de chardons.

Constater que quand deux ou trois États capitalistes agissent de conserve, il s’agit toujours pour eux d’avoir la peau d’un quatrième État capitaliste, est une lapalissade bien connue.

Il n’y a qu’une seule alliance internationale qui se soit révélée être la garantie pour la paix. La seule alliance sur laquelle nous puissions compter, c’est l’alliance de tous les prolétaires révolutionnaires du monde

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" La tactique de la social-démocratie allemande, en désespoir de cause, est de se situer sur le terrain de la Triplice, c’est-à-dire de soutenir l’alliance des diplomaties allemande, autrichienne et italienne.

Il est profondément regrettable qu'il y a quelques semaines à peine, alors que le nouveau projet de loi militaire était débattu au Reichstag, le camarade David ait indiqué publiquement au gouvernement au nom du groupe parlementaire, que nous, sociaux-démocrates,  nous nous rangions aux côtés de la Triplice, en émettant une seule réserve : que la Triplice se comporte en « brave petit garçon» et agisse en faveur de la paix. Malheureusement, nous ne sommes pas restés les seuls sur cette position. Car presque le même jour, le camarade Renner a fait une déclaration similaire au Parlement de Vienne au nom de la social-démocratie autrichienne.

Attendre de la Triplice, donc d’une politique d’alliance capitaliste conçue pour préparer la guerre, qu’elle agisse en faveur de la paix, c’est comme vouloir cueillir des figues sur un buisson de chardons. Il suffit de voir les résultats de la Triplice. La première fut littéralement de pousser la France à conclure cette alliance honteuse avec la Russie et d’entraîner l’Angleterre à une relation à trois avec la France et la Russie. Une autre conséquence est le développement colossal de la course aux armements de l’Allemagne contre la France et la Russie, ainsi que de l’Autriche. Et où était donc la Triplice quand il s’agissait de préserver la paix, lorsqu’une puissance de la Triplice envahissait Tripoli ou quand l’Autriche annexait la Bosnie et l’Herzégovine ?

Constater que quand deux ou trois États capitalistes agissent de conserve, il s’agit toujours pour eux d’avoir la peau d’un quatrième État capitaliste, est une lapalissade bien connue. Quelle naïveté que d’attendre de cette alliance qu’elle soit une garantie pour la paix !

Il n’y a qu’une seule alliance internationale qui s’est révélée être la garantie pour la paix. La seule alliance sur laquelle nous puissions compter, c’est l’alliance de tous les prolétaires révolutionnaires du monde."

Elle décrit ce meeting dans une lettre à Léo Jogiches le 28 mai  1913 :

"Hier soir, j'ai tenu un meeting magnifique dans la plus grande salle de Leipzig. J'ai parlé de la politique mondiale et attaqué fermement le groupe parlementaire et l'ensemble de la tactique qui domine dans le parti. Mon discours a été accueilli par des tonnerres d'applaudissements et j'ai été remerciée officiellement.

L'illustration montre la phrase gravée sur le sol devant la Felsenkeller où Rosa Luxemburg tint ce discours. Elle décrit ce meeting dans une lettre à Léo Jogiches le 28 mai  1913 : "Hier soir, j'ai tenu un meeting magnifique dans la plus grande salle de Leipzig. J'ai parlé de la politique mondiale et attaqué fermement le groupe parlementaire et l'ensemble de la tactique qui domine dans le parti. Mon discours a été accueilli par des tonnerres d'applaudissements et j'ai été remerciée officiellement.

Traductions par mes soins.

Lire l'article complet hier : https://blogs.mediapart.fr/villaeys-poirre/blog/101122/r-luxemburg-vouloir-cueillir-des-figues-sur-un-buisson-de-chardons

 

 

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10 octobre 2022 1 10 /10 /octobre /2022 18:43
Rosa Luxemburg et la République (2). Après la révolution de 48. Des mots qui trouvent leur résonance dans l'histoire, et jusqu'à aujourd'hui.

En avril 1910, Rosa Luxemburg prononce un discours resté dans toutes les mémoires à l'immense Circus-Schumann-Theater de Francfort. Nous sommes en pleine campagne contre le nouveau projet de loi sur le système électoral, caricature absolue de réforme. Elle s'appuie dans son développement sur la révolution de 1848, et la trahison de la bourgeoisie qui a permis au régime personnel de perdurer. Cette analyse fera la base d'innombrables discours où elle appelle au combat contre le régime personnel et pour la République. Elle est le prémisse d'une violente polémique avec Karl Kautsky et le parti social-démocrate qui ne veut en aucun cas que cette revendication soit mise à l'ordre du jour.

 

Dans ce texte, elle imagine ce qu'aurait dû faire la bourgeoisie après la révolution de 1848 et ce que cela aurait changé pour l'Allemagne, pour la politique mondiale, pour la classe ouvrière.

"Que pouvait, que devait faire la bourgeoisie libérale à l'époque afin d’empêcher que règnent aujourd’hui en Allemagne les conditions, qui de fait prévalent? Ce qu'elle aurait dû faire est clair. Avant tout, elle aurait dû armer le peuple révolutionnaire, puis, s'appuyant sur le peuple armé révolutionnaire, réformer l'armée d'avant la Révolution de Mars, l'arracher des mains des Junkers, transformer la bureaucratie d'avant la Révolution de Mars, chasser les Junkers de toutes les fonctions publiques et mettre à leurs postes des hommes dévoués à la cause de la liberté. Et surtout, très chers camarades, le libéralisme en 1848, s'il avait vraiment pris au sérieux la phraséologie libérale, aurait dû chasser le roi, traître qui avait manqué à sa parole et proclamer en Allemagne la République.

 

Mots qui pourraient s'appliquer à toutes les trahisons de la bourgeoisie, à toutes ces mesures non prises, à ce soutien aux régimes monarchistes, impériaux, aux pseudo-démocraties qui gardent l'ancien personnel aux commandes, que ce soit en 1789, 1848, 1871, en 1919 en Allemagne ...  et aujourd'hui avec le vote pour la monarchie en Espagne, le maintien des personnels dans l'Allemagne "d'après" nazisme ou tout récemment encore l’innommable hommage de la "République" bourgeoise française à une reine d'Angleterre.

 

 

Circus Schumann 1905

Circus Schumann 1905

"Que pouvait, que devait faire la bourgeoisie libérale à l'époque afin d’empêcher que règnent aujourd’hui en Allemagne les conditions, qui de fait prévalent? Ce qu'elle aurait dû faire est clair. Avant tout, elle aurait dû armer le peuple révolutionnaire, puis, s'appuyant sur le peuple armé révolutionnaire, réformer l'armée d'avant la Révolution de Mars, l'arracher des mains des Junkers, transformer la bureaucratie d'avant la Révolution de Mars, chasser les Junkers de toutes les fonctions publiques et mettre à leurs postes des hommes dévoués à la cause de la liberté. Et surtout, très chers camarades, le libéralisme en 1848, s'il avait vraiment pris au sérieux la phraséologie libérale, aurait dû chasser le roi, traître qui avait manqué à sa parole et proclamer en Allemagne la République. (Tonnerre d’applaudissements.)

 

Oui, la République ! Parce que la bourgeoisie libérale avait alors dans les mains le pouvoir de donner une orientation complètement différente à l’évolution ultérieure de l'Allemagne, tant en politique intérieure qu’étrangère. Si les libéraux avaient proclamé en Allemagne la République lorsqu'ils ont pris le pouvoir en 1848, la question de l'unité allemande aurait alors été également résolue, et alors nous n'aurions pas reçu vingt-deux ans plus tard l’unité allemande des mains de Bismark, couvertes du sang des champs de bataille de France jonchés de cadavres. Alors la malheureuse querelle qui divise l’Allemagne et la France ne serait pas devenue la source d’une course incessante aux armements dans les deux pays, alors nous ne connaîtrions pas dans la même mesure ce moloch du militarisme et ce qui s'y rattache : le terrible fardeau des impôts indirects qui écrasent les travailleurs. Et chers camarades, nous ne connaîtrions pas cette domination énorme des Junkers de l'Elbe orientale sur Prusse allemande aujourd'hui. Quel est le bastion le plus puissant des Junkers en Prusse et de la prussianisation de la politique allemande, si ce n’est le pouvoir personnel ? Qui incite le plus à la course aux armements dans l’armée, de la flotte, aux aventures de la Weltpolitik, aux guerres de Chine, aux guerres contre les Hottentots, sinon le régime personnel ? Et je vous demande, qui est l'ennemi le plus féroce de la classe ouvrière en plein essor, du prolétariat, sinon le régime personnel qui nous a accordé comme cadeau personnel en 1899 la loi sur la détention?" (Tonnerre d’applaudissements)

 

Traduction DVP, octobre 2022. Merci pour toute amélioration de la traduction.

Circus Schumann 1905

Circus Schumann 1905

Was konnte, was mußte damals die liberale Bourgeoisie tun, damit heute nicht in Deutschland Zustände herrschen, wie wir sie tatsächlich haben? Es ist klar, was sie hätte tun sollen. Vor allem sollte sie das revolutionäre Volk bewaffnen, dann, auf das revolutionäre bewaffnete Volk gestützt, die vormärzliche Armee reformieren, sie den Händen des Junkertums entreißen, die vormärzliche Bürokratie umgestalten, das Junkertum von allen öffentlichen Ämtern verjagen und deren Stellen mit Männern besetzen, die der Sache der Freiheit ergeben waren. Und vor allem, werte Anwesende, hätte der Liberalismus im Jahre 1848, wenn er es mit den liberalen Phrasen ernst gemeint hätte, den wortbrüchigen verräterischen König vom Throne wegjagen und die Republik in Deutschland proklamieren müssen. (Stürmischer Beifall.) Ja, die Republik! Denn damit hatte es die liberale Bourgeoisie in der Hand, der weiteren Entwicklung Deutschlands sowohl in der inneren wie in der auswärtigen Politik eine ganz andere Richtung zu geben. Wäre von den Liberalen, als sie 1848 die Macht in den Händen hatten, in Deutschland die Republik proklamiert worden, so wäre damit auch die Frage der deutschen Einheit gelöst, dann hätten wir es nicht nötig gehabt, zweiundzwanzig Jahre später auf den leichenbedeckten Schlachtfeldern Frankreichs aus Bismarcks bluttriefenden Händen die deutsche Reichseinheit zu empfangen. Dann wäre der unselige Zwist zwischen Deutschland und Frankreich nicht zur Quelle unaufhörlicher Rüstungen in beiden Ländern geworden, dann hätten wir heute nicht in dem Maße den Moloch des Militarismus und was damit zusammenhängt: die furchtbare Last der indirekten Steuern, die das arbeitende Volk erdrücken. Und dann, werte Anwesende, hätten wir heute nicht die ausschlaggebende Herrschaft des ostelbischen Junkertums in Preußen-Deutschland. wer ist der mächtigste Hort des Junkertums in Preußen und der Verpreußung der deutschen Politik, wenn nicht das persönliche Regiment? Wer hetzt am meisten zu militärischen Rüstungen, zu Flottenrüstungen, zu weltpolitischen Abenteuern, zu Chinakriegen, zu Hottentottenkriegen, wenn nicht das persönliche Regiment? Und ich frage Sie, wer ist der grimmigste Feind der aufstrebenden Arbeiterklasse, des Proletariats, wenn nicht das persönliche Regiment, das uns im Jahre 1899 als persönliches Geschenk die Zuchthausvorlage beschert hat? (Stürmische Zustimmung.)

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9 octobre 2022 7 09 /10 /octobre /2022 19:22
Hommage

Hommage

Je ne sais pas pourquoi, mais j'aime bien cette critique, vivante et personnelle du film réalisé en 1972 sur Karl Liebknecht.  Comme l'auteur, j'ai vu authenticité historique de ce récit. Comme l'auteur, je l'ai vu sur le net. Comme l'auteur le dit, à la fin, il est bien difficile de retenir ses larmes.

J'ai utilisé un traducteur du net en attendant de pouvoir retravailler la traduction. Mes excuses pour cette entorse à mes principes de traduction. Et merci pour toute amélioration de la traduction.

https://www.exberliner.com/film/karl-liebknecht-in-spite-of-everything-film/

Conclusion de l'article :

"Ce film est un biopic merveilleux. Essayez de retenir vos larmes lorsque Liebknecht monte dans une voiture destinée à le conduire à sa perte. L'histoire était si bien connue de l'histoire que le réalisateur n'a pas ressenti le besoin de la montrer. Lorsque des milliers d'ouvriers présents au cortège funèbre se mettent à chanter "Auf auf zum Kampf", cela semble tout aussi pertinent qu'il y a 50 ou 103 ans.

Les films d'aujourd'hui ont tendance à poser la question : "Pourquoi personne ne fait rien ?" Nous avons donc tous besoin d'un film montrant des gens qui travaillent et qui essaient de changer le monde. Permettez-moi de donner le dernier mot à la mère ouvrière jouée par Erika Dunkelmann qui emmène Luxemburg et Liebknecht dans la clandestinité. Pourquoi risque-t-elle sa vie : "Ce n'est pas une vie de laisser les choses aller comme elles vont". Bravo, bravo !"

Karl Liebknecht, Trotz Alledem. Ce film est une biographie filmée "merveilleuse ... Essayez de retenir vos larmes lorsque Liebknecht monte dans une voiture destinée à le conduire à sa perte."

"Les derniers jour de Karl Liebknecht

Dimanche dernier, des milliers de personnes ont défilé sur les tombes de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. Les deux fondateurs du parti communiste allemand ont été assassinés il y a 103 ans, mais les gens sortent toujours avec des œillets et des drapeaux rouges pour se souvenir d'eux. Il est difficile de penser à un autre personnage historique dont la mort émeut encore autant de gens - à l'exception, bien sûr, de ce chef de culte palestinien.

Rosa Luxemburg est plus populaire que jamais, avec des films et des romans graphiques sur sa vie. Pour en savoir plus sur Karl Liebknecht et ses derniers jours, je vous recommande un excellent film réalisé pendant la République démocratique allemande. Trotz Alledem ! (Malgré tout) dont la première a eu lieu il y a exactement 50 ans, le 13 janvier 1972. Ce film de deux heures est disponible gratuitement sur Youtube avec des sous-titres anglais.

Cette version sous-titrée n'est plus accessible. En allemand existe la première partie qui date de 1965 : https://www.youtube.com/watch?v=2vIfWBbbm54Les deux flms sont maintenant disponibles en DVD

Le studio de cinéma est-allemand DEFA a une réputation mitigée. Le biopic en deux parties sur le président du parti communiste Ernst Thälmann (1954-55), par exemple, reste dans les mémoires comme une hagiographie stalinienne grotesque. Chaque scène montre Thälmann en train de sauver la situation (et d'être félicité pour cela). Le réalisateur lui-même a admis plus tard que certaines parties du film étaient "absolument impossibles à regarder".

Le biopic Liebknecht, en revanche, montre que la RDA s'est libéralisée dans les années 1970. On nous montre un héros révolutionnaire, mais qui lutte contre le doute et subit des défaites. La scène la plus impressionnante du film montre l'assemblée au Circus Busch. (La salle de cirque géante se trouvait sur les rives de la Spree, à côté de Hackescher Markt, dans un triangle appelé aujourd'hui James-Simon-Park). Le 10 novembre 1918, 4 000 ouvriers et soldats se sont réunis ici pour décider de la suite de la révolution. Nous voyons Liebknecht plaider avec passion pour faire avancer la révolution et exproprier les capitalistes. Mais il perd le grand combat. Les sociaux-démocrates le dépassent par des manœuvres cyniques, et il est hué hors de la scène. En quittant la salle, Liebknecht est presque en transe, et cherche plus tard des arguments pour gagner les masses ouvrières.

Certains pourraient voir là un cliché : les courageux communistes contre les méchants réformistes.  Mais je suis un historien de la révolution allemande de novembre 1918-19, et je peux confirmer que ce film s'en tient aux faits, presque à la lettre. Les dirigeants du SPD comme Friedrich Ebert et Philip Scheidemann conspiraient réellement à huis clos avec des officiers militaires de droite. Comme le montre le dossier sans aucun doute, ils ont ordonné l'assassinat le plus infâme du 20e siècle.

Comme pour de nombreuses productions du bloc de l'Est, le manque de financement est compensé par un surplus de main-d'œuvre. L'assemblée, par exemple, a été recréée avec des milliers de figurants est-allemands qui crient, applaudissent et huent.

Liebknecht est célèbre pour avoir proclamé la République socialiste libre depuis un balcon du palais impérial de Berlin. En 1972, bien sûr, le bâtiment n'existait plus : après avoir été lourdement endommagé pendant la guerre, les ruines ont été emportées en 1950. Les producteurs ont pu montrer cette scène en utilisant un montage astucieux pour faire croire que le palais était toujours debout.

Aujourd'hui, cet affreux palais a été reconstruit, et vous pouvez voir une copie toute neuve du balcon où se tenait Liebknecht (portail IV). Les nostalgiques prussiens voudraient nous faire croire que le palais a été détruit par les communistes. Ce film rappelle la vérité historique : les premiers à bombarder le palais étaient des troupes monarchistes sous le commandement du SPD, qui tentaient de tuer les marins révolutionnaires cantonnés à l'intérieur. Cela donne la scène la plus drôle de Trotz Alledem ! Alors que les réactionnaires tirent à la mitrailleuse sur le palais, détruisant les peintures sur les murs, un marin rit : "Heureusement que notre Kaiser n'est plus là pour voir ça !"

Le film n'est pas exempt de censure. Les camarades de Liebknecht qui ont assumé des rôles de premier plan en RDA, comme Wilhelm Pieck et Hermann Duncker, sont mis en avant, tandis que des personnalités comme Richard Müller n'apparaissent pas. En 1918, tout le monde parlait des leaders de la révolution russe comme de "Lénine et Trotsky" - mais ce dernier nom est absent.

Ce film est un biopic merveilleux. Essayez de retenir vos larmes lorsque Liebknecht monte dans une voiture destiné à le conduire à sa perte. L'histoire était si bien connue de l'histoire que le réalisateur n'a pas ressenti le besoin de la montrer. Lorsque des milliers d'ouvriers présents au cortège funèbre se mettent à chanter "Auf auf zum Kampf", cela semble tout aussi pertinent qu'il y a 50 ou 103 ans.

Les films d'aujourd'hui ont tendance à poser la question : "Pourquoi personne ne fait rien ?" Nous avons donc tous besoin d'un film montrant des gens qui travaillent et qui essaient de changer le monde. Permettez-moi de donner le dernier mot à la mère ouvrière jouée par Erika Dunkelmann qui emmène Luxemburg et Liebknecht dans la clandestinité. Pourquoi risque-t-elle sa vie : "Ce n'est pas une vie de laisser les choses aller comme elles vont". Bravo, bravo !

 

 

Karl Liebknecht, Trotz Alledem. Ce film est une biographie filmée "merveilleuse ... Essayez de retenir vos larmes lorsque Liebknecht monte dans une voiture destinée à le conduire à sa perte."
The Last Days of Karl Liebknecht

In Spite of Everything, released 50 years ago in East Germany, brings an essential chapter of Berlin history to life.

Last Sunday, thousands of people marched to the graves of Rosa Luxemburg and Karl Liebknecht. The two founders of the Communist Party of Germany were assassinated 103 years ago, but people still come out with red carnations and red flags to remember them. It is hard to think of another historical figure whose death still moves so many people — except for that one Palestinian cult leader of course.

 

Rosa Luxemburg is more popular than ever, with films and graphic novels about her life. To learn more about Karl Liebknecht and his final days, I’d recommend a great film made during the German Democratic Republic. Trotz Alledem! (In Spite of Everything) had its premiere exactly 50 years ago, on January 13, 1972. The two-hour film is available for free on Youtube with English subtitles. 

The East German film studio DEFA has a mixed reputation. The two-part biopic about Communist Party chairman Ernst Thälmann (1954-55), for example, is remembered as groan-inducing Stalinist hagiography. Every single scene shows Thälmann saving the day (and getting praised for doing so). The director himself later admitted that parts of the film were “absolutely unwatchable.”

The Liebknecht biopic, however, shows that the GDR had liberalised by the 1970s. We are shown a revolutionary hero, but one who struggles with doubt and suffers defeats. The film’s most impressive set-piece shows the assembly at Circus Busch. (The giant circus hall stood on the banks of the
Spree next to Hackescher Markt, in a triangle now called James-Simon-Park.) On November 10, 1918, 4,000 workers and soldiers gathered here to decide on the further course of the revolution. We see Liebknecht arguing passionately to push the revolution forward and expropriate the capitalists. But he loses the big fight. The social democrats outflank him with cynical manoeuvres, and he gets booed off the stage. Leaving the hall, Liebknecht is almost in a trance, and later searches for arguments to win over the masses of workers.

Some might see this as a cliché: brave communists vs. evil reformists.  But I am a historian of the German November Revolution of 1918-19, and I can confirm that this film sticks to the facts, almost to a fault. SPD leaders like Friedrich Ebert and Philip Scheidemann really were conspiring behind closed doors with right-wing military officers. As the record shows beyond any doubt, they ordered the most infamous assassination of the 20th century.

Like many Eastern Bloc productions, a lack of funding is compensated with a surplus of labor. The assembly, for example, was recreated with thousands of East German extras yelling, cheering, and booing. 

Liebknecht famously proclaimed the Free Socialist Republic from a balcony at Berlin’s City Palace. In 1972, of course, the building was no longer there: after heavy damage in the war, the ruins were carted away in 1950. The producers were able to show this scene using clever editing to make it look like the palace was still standing.

Today, that ugly palace has been rebuilt, and you can see a brand-new copy of the balcony where Liebknecht stood (Portal IV). Prussian nostalgists would have us believe that the palace was destroyed by communists. This film recalls the historical truth: the first people to bomb the palace were monarchist troops under the command of the SPD, who were attempting to to kill the revolutionary sailors quartered inside. This makes the funniest scene in Trotz Alledem!: As the reactionaries fire machine guns into the palace, destroying the paintings on the walls, one sailor laughs: “Good thing our Kaiser is no longer around to see this!”

The film is not free of censorship. Comrades of Liebknecht who took on leading roles in the GDR, such as Wilhelm Pieck and Hermann Duncker, are elevated, while figures like Richard Müller make no appearance. In 1918, everyone talked about the leaders of the Russian Revolution as “Lenin and Trotsky” — but the latter name is absent.

This is a marvelous biopic. See if you can hold back the tears when Liebknecht climbs into a carriage destined to take him to his doom. The story was so well known to history that the director felt no need to show it. When thousands of workers at the funeral procession begin singing “Auf auf zum Kampf”, it feels just as relevant as 50 or 103 years ago.

Movies today tend to ask the question: “Why isn’t anyone doing anything?” So we all need a film showing working people who try to change the world. Let me give the last words to the working-class mother played by Erika Dunkelmann who takes Luxemburg and Liebknecht into hiding. Why does she risk her life: “It’s no life to let things go on as they’re going.” Hear, hear!

 

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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009