Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

Rechercher

Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 20:30

comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com

 

Chine, Le Petit JOurnal 13.01.1901-2

 

En 2011, le blog publiait un extrait de lettre de Rosa Luxemburg, montrant qu'elle a accordé très tôt son attention à la politique menée en Chine par les puissances qu'on disait encore coloniales mais qui de fait développaient dès cette époque leur politique impérialiste de domination capitaliste du monde. 

 

"Aide-moi maintenant, mais vite, à résoudre l'idée suivante. Avec le développement du capitalisme se développent  les contradictions et la nécessaire disparition non seulement de l'économie capitaliste mais aussi de l'Etat capitaliste. Ce dernier, c'est-à-dire la politique capitaliste, tend aussi à son effondrement. Une illustration pratique: jusqu'à il y a environ cinq ou six ans, Constantinople jouait un rôle central, autour duquel toutes les luttes internationales se jouaient. Mais comme il ne s'agissait là que de posséder un point purement stratégique, une politique s'est développée ces dernières années de protection de l'intégrité de la Turquie afin de maintenir les équilibres politiques. De ce fait, la question de Constantinople resta au point mort, point auquel les relations internationales se fixèrent. Vers 1895, eut lieu un changement important. La guerre japonaise ouvrit la porte vers la Chine, et la politique européenne, poussée par les intérêts capitalistes et d'Etat, se déversa vers l'Asie. Constantinope passa au second plan. C'est là, en Asie, que s'affrontent les Etats et que la politique trouve un large champ d'action: la conquête et le partage de toute l'Asie sont devenus le but, vers lequel tend toute la politique européenne. Il s'en suit le démembrement actuel, incroyablement rapide,  de la Chine et actuellement, la Perse et l'Afghanistan sont aussi attaqués par la Russie et l'Angleterre. Cela entraîne un nouvel essor des antagonismes européens en Afrique et le combat s'enflamme là-bas aussi avec une force nouvelle (Fachoda, Delagoa, Madagascar).

 

Il est clair que le partage de l'Asie et de l'Afrique est le dernier objectif, au-delà il n'y a plus de champ d'action pour la poitique européenne, lui permettant de se développer. Un nouveau point d'étranglement apparaîtra alors comme récemment lors de la question d'Orient et il ne restera aucune autre possibilité pour les Etats européens que de se jeter les uns contre les autres, c'est-à-dire que la politique entre dans une phase de crise finale etc, etc. Tu comprends tout ce que cela ouvre de merveilleuses perspectives et réfléchis à tout cela, et si tu veux ajouter quelque chose, écris rapidement. Au début, cela m'est apparu comme le thème d'un joli éditorial sous le titre "Changements dans la politique mondiale", puis je me suis dit que ce serait mieux de l'intégrer à mon article sur Ede [Bernstein] pour ne pas parler seulement de choses abstraites, mais aussi pour me référer à des faits concrets."

 

L'article est paru sous ce titre dans la Leipziger Volkszeitung du 13 mars 1899 et Rosa Luxemburg a intégré cette analyse sur le développement du capitalisme à l'ère impérialiste jusque dans ses derniers écrits. Les interventions au Congrès de Mayence en 1900, reprises ci-dessous montrent les efforts qu'elle a déployés parallèlement pour faire prendre conscience de l'importance des événements qui se déroulaient en Chine et pour faire pression sur le parti, dont elle fustige l'inaction, pour qu'il intègre ce thème à son action politique, surtout en direction des masses populaires. C'est un nouvel exemple du lien des trois piliers qui guident son action: analyse de l'impérialisme, éducation, démarche révolutionnaire,. 

 


Interventions au Congrès de Mayence sur la guerre de Chine – septembre 1900

 

traduction c.a.r.l.


"Mais si cela devait constituer notre unique réponse, on pourrait dire qu’en ce qui concerne la social-démocratie, la montagne de la politique mondiale a véritablement accouché d’une souris ..."

 

Si je prends brièvement la parole pour aborder le problème de la politique mondiale, ce n’est pas pour devancer le débat sur le point 7 de l’ordre du jour, c’est simplement parce que je veux aborder une question relevant de la pratique, en l’occurrence le point de savoir si notre parti, pour ce qui concerne la guerre de Chine, a développé une action en rapport avec la portée de l’événement,

 

Il est impossible de répondre autrement que par la négative à cette question. Certes notre presse, et en particulier le Vorwärts, a fait beaucoup pour flétrir la politique aventureuse du gouvernement. Mais cela est insuffisant. L’essentiel de notre action ne devrait pas dans ce cas précis porter sur la presse, qui n’agit que sur une faible partie de la population, mais sur l’agitation orale qui touche de larges cercles encore éloignés de notre mouvement..

 

Jusqu’à présent, nous avons toujours su répondre aux attaques réactionnaires par d’imposants mouvements populaires. Mais aujourd’hui, alors que des événements ont lieu, dépassant par leur portée, tout ce que nous avons pu connaître depuis dix ans, des événements qui représentent un véritable tournant dans l’histoire de l’ensemble de l’Europe capitaliste, il n’a été engagé aucune campagne de meetings de protestation. Certes, notre presse réclame une session extraordinaire du Reichstag, revendication tout à fait logique pour ce qui concerne. Mais si cela devait constituer notre unique réponse, on pourrait dire qu’en ce qui concerne la social-démocratie, la montagne de la politique mondiale a véritablement accouché d’une souris. Car de ce Reichstag qui a approuvé la loi navale, on ne peut rien attendre d’autre que d’être le plus fidèle soutien de l’actuelle politique mondiale. Nous ne pouvons donc considérer la convocation du Reichstag que comme une tribune pour notre protestation.

 

Mais il convient alors de se demander s’il n’était pas mille fois plus important de porter notre protestation dans des meetings populaires et de nous adresser directement aux masses ? Je ne veux faire aucun reproche au Comité directeur, il a des raisons valables pour faire tout ce qu’il fait ; je ne pose cette question que dans la mesure où l’on pourrait facilement se méprendre sur ces raisons. Ainsi des gens qui ne connaîtraient pas notre parti, pourraient croire que nous sommes avant tout un parti parlementaire, qui ne sait répondre aux événements mondiaux que par quelques discours au Reichstag. Il pourrait aussi venir à l’esprit de gens mal informés, que notre parti qui, dans de nombreux cas, a su développer de si larges mouvements de protestation, ne se comporterait avec autant de calme, dans ce cas précis et alors qu’il s’agit d’une guerre sanglante réelle de toute l’Europe réunie contre l’Asie, que parce qu’il tiendrait compte du chauvinisme officiel et officieux ; une telle interprétation serait bien entendu fatale pour nous. Et c’est justement parce que je sais qu’il est loin de la pensée de notre Comité directeur de surestimer l’action parlementaire, que je souhaiterais dans l’avenir que nous ne donnions aucune prise à de telles suppositions. (applaudissements)

 

Dietz Verlag, Gesammelte Werke, édition 1982,  P 799 - 800

 

Discours sur la nécessité de renforcer notre mouvement de protestation -  septembre 1900

 


"Je ne dis pas cela pour critiquer ce qui s’est passé, mais parce que nous ne sortirons plus maintenant de la politique mondiale. De tels événements peuvent se produire chaque jour, et j’aimerais que nous puissions montrer un peu plus à la hauteur."

 

J’ai reçu de toutes parts la confirmation de la justesse des remarques que j’avais faites hier à propos du rapport Singer sur l’activité du parti. La réponse de Pfannkuch m’a appris cependant que dans son inaltérable optimisme, concernant le comité directeur, je m’étais cruellement trompée ; car ce que Pfannkuch a dit pour excuser l’inactivité du parti a été en dessous de toute critique. Il a repris encore une fois les sempiternels prétextes, comme le fait que nous ne disposerions pas d’une douzaine de Bebel. C’est toujours la même réponse qui nous est faite à tous les reproches, à toutes les critiques que nous pouvons émettre, tout comme le médecin de Molière qui ne connaît pour toutes les maladies qu'un seul et unique traitement : lavements et clystères (rires)

 

Je vais de mon côté montrer ce que nous aurions pu faire même sans la multiplication des primadonnas de notre parti. 1. On aurait pu rédiger un manifeste contre la guerre de Chine, qui aurait informé de larges cercles de la population sur le caractère de cette politique. 2. Nous aurions pu organiser une campagne de meetings homogène et imposante grâce à des directives données par la direction du parti.

 

Mais ce n’est pas tout. La guerre de Chine est le premier événement de l’ère de la politique mondiale, dans lequel tous les pays industriels sont impliqués, et cette première percée de la réaction internationale, de la Sainte Alliance aurait dû aussitôt rencontrer la protestation des partis ouvriers réunis de l’Europe. Et l’initiative aurait dû certainement venir du pays jouant le rôle principal dans cette guerre contre la Chine (dans la salle : Paris).

 

Je sais, dans une semaine, une manifestation sera organisée à Paris ; mais il ne s’agit pas que seuls les représentants des partis socialistes réunis à Paris protestent – personne n’a jamais douté qu’ils soient des opposants résolus à cette guerre en Chine.-, ce qu’il faut, c’est mobiliser les masses populaires indifférentes, dans tous les pays, et dans cette optique, je crains bien que notre parti se soit rendu coupable de négligence non seulement dans notre propre pays, mais aussi au regard de la solidarité internationale.

 

Nous nous rendons réellement ridicules devant de larges couches de la population. En effet, chaque jour nous tempêtons contre la politique mondiale, nous tonnons contre le militarisme en temps de paix ; et quand éclate véritablement un conflit, nous négligeons de tirer les conséquences et de montrer le bien-fondé de l’agitation  que nous menons depuis de longues années.

 

C’est vrai que les principaux événements de la guerre de Chine ont eu lieu pendant les vacances ; les discours de l’empereur, l’envoi de bâtiments de guerre en Asie. Mais pour prendre des vacances durant un conflit conduit par l’Allemagne et lourd de conséquences, il faut être au moins chancelier. Nous sommes un parti d’opposition et comme tel nous devons rester à notre poste.

 

Je ne dis pas cela pour critiquer ce qui s’est passé, mais parce que nous ne sortirons plus maintenant de la politique mondiale. De tels événements peuvent se produire chaque jour, et j’aimerais que nous puissions montrer un peu plus à la hauteur.

 

Nous allons réfléchir les jours qui viennent au problème de notre participation ou non aux élections de Prusse, et si les apparences ne sont pas trompeuses, nous devrions prendre la décision d’y participer. Le seul argument valable à mes yeux, du moins le seul argument positif que l’on peut donner en faveur de cette participation serait que nous devions chercher d’autres terrains d’agitation, si nous laissions les anciens en friche.

 

Et quel terrain plus juste pourrions-nous trouver que cette guerre, que ces événements récents, pour mobiliser les masses. Que l’on cesse de nous faire languir, sous prétexte que nous n’aurions pas suffisamment d’orateurs! Si un seul orateur a suffi pour déclencher une guerre, nous devrions certainement parvenir à mettre sur pied un mouvement même avant que nos Bebel, Auer et Vollmar se soient multipliés.

 

Dietz Verlag, Gesammelte Werke, édition 1982,  P 801 - 802


  Chine, Le Petit Journal 13.01.1901

 


Partager cet article
Repost0
8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 17:22

comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com 

 

rosa vers 1898-1900

 

sur http://bataillesocialiste.wordpress.com

 

04.05.2014

 

La publication des lettres de Rosa Luxemburg doit toujours être des plus précautionneuses, particulièrement celles à Leo Jogiches. Elle peut aisément aller à la violation d'une intimité, car elles n'étaient et n'ont jamais été destinées à la publication. L'usage des notations personnelles d'une part et plus encore une interprétation à partir de cela de la personnalité et de l'action de Rosa Luxemburg d'autre part sont particulièrement problématiques. (Nous pensons là à la biographie de Max Gallo qui est un exemple du genre). A chacun de réfléchir à l'utilisation qu'il fait de cette correspondance.

 

Au contraire, on peut, nous semble-t-il s'y référer pour suivre la genèse d'une pensée et d'une action. Ainsi pour ces notations concernant le Congrès de l'Internationale en 1900 à Paris, car elles nous donnent des éléments de réflexion et d'information concrets sur l'élaboration de la pensée de Rosa Luxemburg sur l'impérialisme et la guerre.

 

Ces interventions se situent en effet au tout début de l'action de Rosa Luxemburg sur ce champ qui sera si essentiel tout au long de sa vie.On y lit la difficulté, la volonté et l'exigence de Rosa Luxemburg de parvenir à une analyse pertinente de ce "maudit", mais nécessaire internationalisme.


Je souscris à ton projet d'écrire une série d'articles pour le Congrès de l'Internationale"

"Une idée germe dans ma tête, mais encore trop petite"

"c'est comme si j'avais à soulever un rocher"

"les idées viendront peut-être au fur et à mesure"

"ce maudit "internationalisme"

"Ce sentiment m'étonne quand même, car j'ai lu tant de choses au cours de cette année"

 


Lettre à Leo Jogiches 1er juin 1900 (29 mai selon les Gesammelte Werke)
lettre à Leon Jogichès - Denoël - P 41/42

 

Quant à moi, je continue à me sentir ... relativement bien dès que je peux... travailler sur les articles pour la Neue Zeit. Je souscris à ton projet d'écrire une série d'articles pour le Congrès de l'Internationale et je travaille au plan de ces articles. Une idée germe dans ma tête, mais encore trop petite, surtout en ce qui concerne les deux points dont je t'ai parlé, c'est comme si j'avais à soulever un rocher - Impossible! Je n'arrive pas à avancer d'un mètre! Malgré cela, je commencerai à écrire, les idées viendront peut-être au fur et à mesure. D'ailleurs, je constate qu'il me suffit de penser à ces articles pour ressentir cet ancien sentiment de vide intellectuel dans lequel je brandis des "fourches" pour essayer d'accrocher quelque chose. Pas un gramme de matière positive, je flotte dans un éther d'abstraction et de spéculation. Il est vrai que le sujet lui-même (ce maudit "internationalisme") est éthéré et aqueux. Ce sentiment m'étonne quand même, car j'ai lu tant de choses au cours de cette année.

 

 


Lettre à Leo Jogiches 23 juin 1900 (entre les 25 et 30 juin selon les Gesammelte Werke)
lettre à Leon Jogichès - Denoël - P 46

 

A part ça, mon plan est presque prêt pour les articles sur le Congrès de l'Internationale et je les élabore. Si seulement, tu étais là ...

 


Cette trame, si elle n'a pas servi directement pour des articles avant le Congrès, a vraisemblablement inspiré les interventions de Rosa Luxemburg au Congrès de Paris, qui marquent un moment essentiel dans son action contre la politique mondiale, le colonialisme, le militarisme et pour sa reconnaissance au sein du mouvement ouvrier.

Partager cet article
Repost0
5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 21:08

comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com

 

Ainsi, chaque année, chez les prolétaires, des milliers d'existences s'écartent des conditions de vie normale de la classe ouvrière pour tomber dans la nuit de la misère. Ils tombent silencieusement, comme un sédiment qui se dépose, sur les fonds de la société: éléments usés, inutiles dont le capital ne peut plus tirer une goutte de plus, détritus humains, qu'un balais de fer éjecte. Contre eux se relaient le bras de la loi, la faim et le froid. Et pour finir la société bourgeoise tend à ces proscrits la coupe du poison.

Rosa Luxemburg

 

Citée par les enragés

Partager cet article
Repost0
4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 21:01

comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com

 

https://scontent-a-ams.xx.fbcdn.net/hphotos-xaf1/t1.0-9/q71/s720x720/10364016_10202025164372265_5495434418298931821_n.jpg

 

Saint-Etienne, fin d'une quinzaine qui dura un mois ...

 

Au Chok théâtre encore et toujours

à l'Apocope, à Ondes de Chok

Les dernières heures de la quinzaine

 

Une association de gens "pas sages"


Les chansons de la Terroristin de Valérie Gaudissart dites, chantées et jouées en direct par  Norton, Valérie, Sidonie et Franck, et l'on se rend encore mieux compte de la beauté des textes, de la beauté de la musique, de la beauté de la voix


Clemence Fitte, qui reprend sa lecture tout en puissance de Rosa Luxemburg, accompagnée de Greg et Fred.


La voix de Sabrina Lorre qui s'élève obstinément pour dire et redire le texte "Lire Rosa Luxemburg en prison"

 

Le Guignol de José Louis qui tire politiquement les chiffres

d'un loto où l'on gagne ... La Révolution russe, Les lettres de prison, un tableau d'Emilie Weiss ou de Cerise inspiré par Rosa Luxemburg

 

Un concert de clôture, de soutien à la quinzaine, où se mèlent rap, hard rock et chanson.


Et nous qui restons encore sous le choc de ce mélange de réflexion, de sensibilité, d'engagement personnel

Si proche pour nous de l'esprit de Rosa Luxemburg

Sous le choc de cet incroyable engagement et aventure

 

Et nous qui ne rêvons que de voir ce formidable hommage

à l'esprit et à l'action de Rosa Luxemburg

Essaimer ailleurs et partout

 


Blog de la quinzaine :

http://quinzainerosaluxemburg.blogspot.fr/

 

Sur comprendre :

Quinzaine Rosa Luxemburg à Saint-Etienne. Les souliers rouges, "Tous les printemps sont politiques"

En hommage toujours à la quinzaine Rosa Luxemburg. Expo "Jardin botanique révolutionnaire". Magnifique ... 

A la Quinzaine Rosa Luxemburg, Saint-Etienne - le film de Valérie Gaudissart "Ich bin eine Terroristin", peut-être l'un des plus beaux cadeaux fait au combat de Rosa Luxemburg. 

Dans nos remerciements encore pour l'accueil sur la quinzaine Rosa Luxemburg. Sabrina Lorre 

Nous avons été reçus au Chok Théâtre, pour la rencontre sur Rosa Luxemburg et la guerre. En remerciement cette interpétation poignante d'Artaud par Alain Besset. 

Saint-Etienne rend hommage à Rosa Luxemburg 

Force et intensité, une lecture de lettres de Rosa Luxemburg. Clémence Fitte, Grégory Perrève, Fred Fender

 

Partager cet article
Repost0
4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 19:56
Partager cet article
Repost0
3 juin 2014 2 03 /06 /juin /2014 22:46

On connaît Liebknecht, on connaît Rosa Luxemburg. On connaît moins Leo Jogiches. En ce mois de mars, nous reprenons l'un de nos articles rédigé en mémoire de cet immense  militant qui partagea tous les combats de R. Luxemburg, enquêta sur sa mort et fut lui-même assassiné par les mêmes forces le 10 mars 1919 sous le triste et traditionnel prétexte de délit de fuite. c.a.r.l. 10 mars 2014

 


Le 10 mars 1919, Leo Jogiches était abattu par un officier de police (Tamschick) à l'intérieur de la prison de Moabit sous le prétexte de "tentative de fuite".



Leo Jogiches est un nom trop peu présent dans nos mémoires! Pourtant inséparable de celui de Rosa Luxemburg et donc du combat politique du mouvement ouvrier de la fin du XIXème siècle et du début du XXème.


Lire la correspondance de Rosa Luxemburg entre 1893 et 1898, c'est suivre tout d'abord leurs vies mêlées. De leur vie en Suisse et en France jusqu'au départ de Rosa Luxemburg vers l'Allemagne. C'est suivre avec amusement une relation que nous pourrions dire à la Sartre et Beauvoir même si cette relation est tout autre, mais c'est bien une relation marquée par la réflexion et l'action politique qui se déroule au long des lignes. C'est voir Rosa Luxemburg très jeune qui suit déjà des études brillantes et prépare un doctorat prétendre faire de Jogiches son alter ego dans ce domaine. Et c'est voir Leo Jogiches se dérober à une recherche qui ne l'enthousiasme pas, lui qui se vit plutôt dans l'organisation et l'action. Ce que soulignera bien plus tard Clara Zetkin dans un hommage qu'elle lui rend. C'est surtout voir dès cette époque leurs échanges et leur action sur une base de réflexion commune, marxiste.


Leo Jogiches, comme Rosa Luxemburg est de ces jeunes vivant sous domination russe qui très tôt se sont politisés et engagés. On le voit suivre un chemin qui sera celui de nombre de ces jeunes qu'ils soient Russes, Lituaniens  ou Polonais : il rejoint un groupe proche de Narodnaja Volja d'inspiration plutôt populiste avant d'évoluer vers un conception marxiste.


Arrêté deux fois en 1888 et 1889, il fuit vers Genève puis Zurich. C'est aussi un parcours obligé d''innombrables militants qui fuient la prison, le bannissement, l'armée, et dont fait partie Rosa Luxemburg. Ils se rencontreront donc à Zurich fin 90 ou début 91.


Comme Rosa Luxemburg, il se rapprochera d'abord de Plekhanov, pour finalement s'en éloigner et créer avec elle sur des bases de classe le SDKPiL (Parti social-démocrate du Royaume de Pologne et de Lituanie) en opposition aux socialistes nationalistes du PPS (Parti socialiste polonais). Une grande partie de la vie de Jogiches sera consacré au combat au sein du mouvement ouvrier polonais.


En 1905, il participe à la révolution russe. Arrêté, condamné à huit ans de travaux forcés, il s'évade.

En 1914: "Dès les premiers jours de la guerre et de l'état de siège, Jogiches mit en place les premiers éléments de l'organisation qui allait devenir le groupe Internationale puis Spartakus." (Maitron - Allemagne P 263).


."Après le double assassinat de Liebknecht et Rosa Luxemburg, il mena clandestinement l'enquête et fit en quelques semaines la lumière sur l'affaire, retrouvant notamment une photo des assassins en train de festoyer. Ce fut probablement la raison pour laquelle, le jour même de son arrestation le 10 mars 1919, il fut abattu par l'officier de police Tamschik à l'intérieur de la prison de Moabit, sous le prétexte d'une "tentative de fuite". (Maitron - Allemagne P 263).

Partager cet article
Repost0
2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 22:13

comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com 

 

Document à lire

http://dormirajamais.org/jaures-1/


La seule photographie conservée, semble-t-il, de la manifestation du 29 juillet 1914. Au premier rang de la loge de l'orchestre, on devine les orateurs.

La seule photographie conservée, semble-t-il, de la manifestation du 29 juillet 1914.

Au premier rang de la loge de l’orchestre, on devine les orateurs.

Discours de Bruxelles, 29 juillet 1914, par Jean Jaurès.

On lit parfois que le dernier discours de Jean Jaurès a été prononcé à Lyon-Vaise, le 25 juillet 1914. Le texte en est souvent reproduit, par exemple sur le site de l’Assemblée Nationale. Mais quelques jours plus tard cependant, le leader socialiste a quitté de nouveau Paris à l’invitation du Conseil général du Parti ouvrier belge. Au Cirque Royal de Bruxelles, au soir du 29 juillet 1914, il improvise un discours à partir de quelques notes.


Ce discours n’a pas été sténographié, mais plusieurs comptes-rendus en ont été donnés, dont certains reproduisent de larges extraits. Il a été évoqué ensuite, de manière plutôt fantaisiste, par Roger Martin du Gard dans son célèbre chapitre des Thibault consacré à « L’Été 1914. ». Contrairement à ce qu’avance le romancier, il n’y eut pas de débordements ce soir-là et tout se déroula dans le calme. Après son intervention, la dernière de la soirée, Jean Jaurès regagna seul le quartier de la Gare du Midi. Il avait pris une chambre à « l’Hôtel de l’Espérance ». 

 

Réalisée par Jean Stengers, cette reconstitution du discours a été publiée dans les Actes du colloque Jaurès et la nation (Association des publications de la faculté des Lettres et sciences humaines de Toulouse, 1965). Dans cet ouvrage, ce document est précédé d’un article du même Jean Stengers intitulé « Le dernier discours de Jaurès », où j’ai puisé les informations données dans cette introduction. Les sources de Jean Stengers sont les comptes-rendus publiés dans Le Peuple et L’Indépendance Belge le 30 juillet 1914, celui paru dans Le Soir le 31 juillet, ainsi que des passages isolés parus dans différents quotidiens les mêmes jours.


Jaurès est accueilli par de longues acclamations On crie: « Vive Jaurès!  » « Viva la France! » « Vive la République! »


Citoyens, je dirai à mes compatriotes, à mes camarades du parti en France, avec quelle émotion j’ai entendu, moi qui suis dénoncé comme un sans-patrie, avec quelle émotion j’ai entendu acclamer ici, avec le nom de la France, le souvenir de la grande Révolution. (Applaudissements)


Nous ne sommes pas ici cependant pour nous abandonner à ces émotions mais pour mettre en commun, contre le monstrueux péril de la guerre, toutes nos forces de volonté et de raison.


On dirait que les diplomaties ont juré d’affoler les peuples. Hier, vers 4 heures, dans les couloirs de la Chambre, vint une rumeur disant que la guerre allait éclater. La rumeur était fausse, mais elle sortait du fond des inquiétudes unanimes! Aujourd’hui, tandis que nous siégeons au B.S.I.(1), une autre dépêche plus rassurante est arrivée. On nous dit qu’on peut espérer qu’il n’y aurait pas de choc, que l’Autriche avait promis de ne pas annexer la Serbie (Rires), et que moyennant cette promesse, la Russie pourrait attendre.


On négocie; il paraît qu’on se contentera de prendre à la Serbie un peu de son sang, et non un peu de chair (Rires); nous avons donc un peu de répit pour assurer la paix. Mais à quelle épreuve soumet-on l’Europe! À quelles épreuves les maîtres soumettent les nerfs, la conscience et la raison des hommes!


Quand vingt siècles de christianisme ont passé sur les peuples, quand depuis cent ans ont triomphé les principes des Droits de l’homme, est-il possible que des millions d’hommes puissent, sans savoir pourquoi, sans que les dirigeants le sachent, s’entre-déchirer sans se haïr?


Il me semble, lorsque je vois passer dans nos cités des couples heureux, il me semble voir à côté de l’homme dont le cœur bat, à côté de la femme animée d’un grand amour maternel, la Mort marche, prête à devenir visible! (Longs applaudissements).


Ce qui me navre le plus, c’est l’inintelligence de la diplomatie. (Applaudissements) Regardez les diplomates de l’Autriche-Hongrie, ils viennent d’accomplir un chef d’œuvre: ils ont obscurci toutes les responsabilités autres que la leur. Quelles qu’aient été les folies des autres dirigeants, au Maroc, en Tripolitaine, dans les Balkans, par la brutalité de sa note, avec son mélange de violence et de jésuitisme, la coterie militaire et cléricale de Vienne semble avoir voulu passer au premier plan. (Applaudissements)


Et l’Allemagne du Kaiser, comment pourra-t-elle justifier son attitude de ces derniers jours? Si elle a connu la note austro-hongroise, elle est inexcusable d’avoir pardonné pareille démarche. Et si l’Allemagne officielle n’a pas connu la note autrichienne, que devient la prétendue sagesse gouvernementale (Rires) Quoi! vous avez un contrat qui vous lie et qui vous entraîne à la guerre, et vous ne savez pas ce qui va vous y entraîner! Si c’est la politique des majestés, je me demande si l’anarchie des peuples peut aller plus loin. (Rires et applaudissements)


Si l’on pouvait lire dans le cœur des gouvernants, on ne pourrait y voir si vraiment ils sont contents de ce qu’ils ont fait. Ils voudraient être grands; ils mènent les peuples au bord de l’abîme; mais, au dernier moment, ils hésitent. Ah! le cheval d’Attila qui galopait jadis la tête haute et frappait le sol d’un pied résolu, ah! il est farouche encore, mais il trébuche (Acclamations). Cette hésitation des dirigeants, il faut que nous la mettions à profit pour organiser la paix.


Nous, socialistes  français, notre devoir est simple. Nous n’avons pas à imposer à notre gouvernement une politique de paix. Il la pratique. Moi qui n’ai jamais hésité à assumer sur ma tête la haine de nos chauvins, par ma volonté obstinée, et qui ne faillira jamais, de rapprochement franco-allemand (Acclamations), moi qui ai conquis le droit, en dénonçant ses fautes, de porter témoignage à mon pays, j’ai le droit de dire devant le monde que le gouvernement français veut la paix et travaille au maintien de la paix. (Ovation. Cris: « Vive la France! »)


Le gouvernement français est le meilleur allié de la paix de cet admirable gouvernement anglais qui a pris l’initiative de la médiation. Et il donne à la Russie des conseils de prudence et de patience. Quant à nous, c’est à notre devoir d’insister pour qu’il parle avec force à la Russie de façon qu’elle s’abstienne. Mais si, par malheur, la Russie n’en tenait pas compte, notre devoir est de dire: « Nous ne connaissons qu’un traité: celui qui nous lie à la race humaine! Nous ne connaissons pas les traités secrets! » (Ovation)


Voilà notre devoir et, en l’exprimant, nous nous sommes trouvés d’accord avec les camarades d’Allemagne qui demandent à leur gouvernement de faire que l’Autriche modère ses actes. Et il se peut que la dépêche dont je vous parlais tantôt provienne en partie de cette volonté des prolétaires allemands. Fût-on le maître aveugle, on ne peut aller contre la volonté de quatre millions de consciences éclairées. (Acclamations)


 Voilà ce qui nous permet de dire qu’il y a déjà une diplomatie socialiste, qui s’avère au grand jour et qui s’exerce non pour brouiller les hommes mais pour les grouper en vue des œuvres de paix et de justice. (Applaudissements)


Aussi, citoyens, tout à l’heure, dans la séance du Bureau Socialiste International, nous avons eu la grande joie de recevoir le récit détaillé des manifestations socialistes par lesquelles 100 000 travailleurs berlinois, malgré les bourgeois chauvins, malgré les étudiants aux balafres prophétiques, malgré la police, ont affirmé leur volonté pacifique.


Là-bas, malgré le poids qui pèse sur eux et qui donne plus de mérite à leurs efforts, ils ont fait preuve de courage en accumulant sur leur tête, chaque année, des mois et des années de prison, et vous me permettrez de leur rendre hommage, et de rendre hommage surtout à la femme vaillante, Rosa Luxemburg (Bravos), qui fait passer dans le cœur du prolétariat allemand la flamme de sa pensée. Mais jamais les socialistes allemands n’auront rendu à la cause de l’humanité un service semblable à celui qu’ils lui ont rendu hier. Et quel service ils nous ont rendu à nous, socialistes français!


Nous avons entendu nos chauvins dire maintes fois: « Ah! comme nous serions tranquilles si nous pouvions avoir en France des socialistes à la mode allemande, modérés et calmes, et envoyer à l’Allemagne les socialistes à la mode française! » Eh bien! hier, les socialistes à la mode française furent à Berlin (Rires) et au nombre de cent mille manifestèrent. Nous enverrons des socialistes français en Allemagne, où on les réclame, et les Allemands nous enverront les leurs, puisque les chauvins français les réclament. (Applaudissements)


Voulez-vous que je vous dise la différence entre la classe ouvrière et la classe bourgeoise? C’est que la classe ouvrière hait la guerre collectivement, mais ne la craint pas individuellement, tandis que les capitalistes, collectivement, célèbrent la guerre, mais la craignent individuellement. (Acclamations) C’est pourquoi, quand les bourgeois chauvins ont rendu l’orage menaçant, ils prennent peur et demandent si les socialistes ne vont pas agir pour l’empêcher. (Rires et applaudissements)


Mais pour les maîtres absolus, le terrain est miné. Si dans l’entraînement mécanique et dans l’ivresse des premiers combats, ils réussissent à entraîner les masses, à mesure que les horreurs de la guerre se développeraient, à mesure que le typhus achèverait l’oeuvre des obus, à mesure que la mort et la misère frapperaient, les hommes dégrisés se tourneraient vers les dirigeants allemands, français, russes, italiens, et leur demanderaient: quelle raison nous donnez-vous de tous ces cadavres? Et alors, la Révolution déchaînée leur dirait: « Va-t-en, et demande pardon à Dieu et aux hommes! » (Acclamations)


Mais si la crise se dissipe, si l’orage ne crève pas sur nous, alors j’espère que les peuples n’oublieront pas et qu’ils diront: il faut empêcher que le spectre ne sorte de son tombeau tous les six mois pour nous épouvanter. (Acclamations prolongées)


Hommes humains de tous les pays, voilà l’œuvre de paix et de justice que nous devons accomplir!


Le prolétariat prend conscience de sa sublime mission. Et le 9 août, des millions et des millions de prolétaires, par l’organe de leurs délégués, viendront affirmer à Paris l’universelle volonté de paix de tous les peuples.


Longues ovations. Toute la salle, debout, acclame Jaurès.

Pour aller plus loin:

  • L’assassinat de Jean Jaurès, par Henri Guilbeaux. Un souvenir du climat des jours de l’entrée en guerre, à rapprocher des souvenirs de Gabriel Chevallier.
  • Discours de Bâle (24 novembre 1912), par Jean Jaurès.
  • Discours de Bruxelles (29 juillet 1914), par Jean Jaurès. Tentative de reconstitution par Jean Stengers du dernier discours de Jean Jaurès, deux jours avant sa mort.
  • Aux peuples assassinés, par Romain Rolland. Un des textes publiés dans la revue Demain d’Henri Guilbeaux.
  • Tu vas te battre (poème), par Marcel Martinet. Texte écrit aux premiers jours de la Grande Guerre.
  • Tout n’est peut-être pas perdu suivi de Les morts (poèmes), par René Arcos. Par le futur cofondateur de la revue Europe.
  • Dans la tranchée (poème), par Noël Garnier.
  • Le Noyé (poème), par Lucien Jacques.
  • Éloignement (poème), par Marcel Sauvage.
  • Malédiction (poème), par Henri Guilbeaux. Un texte prophétique sur les bombardements aériens, qui laisse entendre en 1917, qu’en matière de guerre industrielle, le pire est encore à venir.
  • Au grand nombre (poème), par Pierre Jean Jouve. Un poème de jeunesse d’un auteur qui marquera ensuite une rupture totale avec la première partie de son œuvre.
  • Chant d’un fantassin suivi de Élégie à Henri Doucet (poèmes), par Charles Vildrac. Un des piliers de l’expérience de l’Abbaye de Créteil, fervent pacifiste.
  • L’illumination (poème), par Luc Durtain. Un très grand poète oublié, l’ensemble du recueil, consultable en ligne, vaudrait d’être réédité.
  • Requiem pour les morts de l’Europe (poème), par Yvan Goll. Poète franco-allemand -né en fait dans l’Alsace-Lorraine occupée- qui adopte d’emblée une position pacifiste. Inventeur du « surréalisme » dont la paternité lui sera disputé par André Breton qui le juge trop classique, il meurt dans l’oubli. Il peut être considéré comme un des rares poètes expressionnistes écrivant en français.
  • Frans Masereel, par Luc Durtain. Sur le graveur et peintre flamand dont l’œuvre est indissociable de l’engagement pacifiste.
  • Discours de Pierre Brizon le 24 juin 1916. Premier discours de rupture avec l’Union sacrée, trois députés socialistes votant pour la première fois contre les crédits de guerre.
  • L’alerte, récit d’avant-guerre, par René Arcos. Une nouvelle d’une grande force satirique, par le cofondateur de la revue Europe.
  • L’Adieu à la patrie (poème), par Luc Durtain. À mes yeux, peut-être, le plus beau poème qu’on ait pu écrire sur cette guerre.
  • La première victime de la guerre, par Gabriel Chevallier (extrait du roman La Peur). Première victime, ou premier héros?
  • Le Mal 1914 -1917 (extraits), par René Arcos.

 Bureau Socialiste International. []

Partager cet article
Repost0
2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 12:42

comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com

 

A lire sur le site http://www.marxists.org/francais/frolich/works/1939/00/luxemburg.htm

12.05.2014 


Paul Frölich

 

 En 1889, Rosa, âgée de 19 ans, quitte Varsovie pour Zurich.


De Varsovie à Zurich, c'était le chemin qui menait de la prison de l'absolutisme au pays le plus libre de l'Europe, des fonds les plus couverts et les plus empoisonnés aux hauteurs où l'air était frais et la vue étendue. Zurich était le point de rassemblement le plus important de l'émigration polonaise et russe ; son Université était une école supérieure pour de jeunes révolutionnaires. C'étaient pour la plupart des êtres qui, malgré leur jeunesse, avaient déjà connu de sérieuses expériences de la vie, vécu en prison, souffert dans l'émigration et qui s'étaient arrachés à leurs familles et aux sphères sociales dans lesquelles ils étaient nés. Ils vivaient loin de la jeunesse étudiante bourgeoise dont le but était de s'assurer une place dans la vie. Ces jeunes émigrés travaillaient sérieusement dans leurs spécialités, mais ils pensaient moins au pain de l'avenir qu'à l'avenir de l'humanité. Dans cette colonie, hommes et femmes étaient égaux. Des conceptions libres y régnaient, mais aussi une morale fortement ascétique. Il leur manquait beaucoup de choses et il y avait une solidarité naturelle dépourvue de pathétisme. Ces étudiants ne tuaient pas le temps dans des beuveries. Ils discutaient infatigablement et sans fin sur la philosophie, le darwinisme, l'émancipation de la femme, sur Marx, Tolstoï, le sort de l'obstchina, ce reste du communisme agraire en Russie, sur les perspectives et la signification historique du développement capitaliste en Russie, sur les résultats de la terreur de la « Volonté du peuple », sur Bakounine et Blanqui et les méthodes de la lutte révolutionnaire, sur la démoralisation de la bourgeoisie occidentale, sur la chute de Bismarck et la lutte victorieuse de la social-démocratie allemande contre la loi d'exception, sur la libération de la Pologne, sur les enseignements de Lavrov et de Tchernichevsky, sur la « trahison » de Tourgueniev dans son roman Pères et fils, sur Spielhagen et Zola, sur mille « questions » et toujours sur le même thème, la révolution. Peu de pain et beaucoup de thé, des mansardes froides remplies de fumée de cigarettes, échauffaient les têtes, provoquaient de grands gestes, des exagérations et du romantisme. De cette jeunesse, beaucoup devaient disparaître dans les prisons du tsar et dans les lieux perdus de Sibérie. D'autres étaient destinés, après la griserie de l'émigration suisse, à devenir dans un coin de la Russie des fabricants, des avocats, des médecins, des professeurs, des journalistes, qui soutenaient l'Etat. Peu d'entre eux devaient vivre et agir dans les tempêtes révolutionnaires dont ils rêvaient tous.


Rosa Luxemburg ne se mêla qu'à la périphérie de cette bohème d'émigrés. Elle avait un rire moqueur pour ces débats qui ne menaient à rien. Elle était avide d'une soif de travail. Elle logeait dans la famille du social-démocrate allemand Lübeck. Il se faisait péniblement un chemin comme écrivain. Il accrut les connaissances de Rosa dans le mouvement ouvrier allemand, et elle l'aida dans son travail littéraire, écrivant même à l'occasion un article à sa place. Elle dirigea bientôt la maison quelque peu stupéfiée de Lübeck.


A l'Université de Zurich, Rosa Luxemburg s'inscrivit tout d'abord aux sciences naturelles. Elle avait plus que de l'intérêt, presque de la passion, pour le monde des plantes et des oiseaux qui resta, pendant toute sa vie, un refuge quand elle cherchait une détente des combats. Mais sa vocation était la politique, et bientôt elle passa à l'élude des sciences politiques. L'enseignement officiel de l'Université ne pouvait lui offrir grand-chose... Le titulaire de la chaire d'économie politique, à Zurich était Julius Wolf. C'était le type du professeur allemand, qui travaillait avec un soin infatigable une quantité de matériaux divers, mais restait un éclectique et ne pouvait se résoudre à une conception et à une description unique et d'ensemble de la société. Mais Rosa Luxemburg recherchait constamment une synthèse en conclusion de la connaissance. Elle étudia intensivement les classiques Smith, Ricardo, Marx, et y acquit un mépris profond pour le professeur allemand, le « bureaucrate théorisant qui déchiquetait le tissu vivant de la réalité sociale en menus fils et particules, les regroupait et les étiquetait selon des points de vue bureaucratiques et les livrait ainsi tués comme un matériel scientifique pour l'activité administrative et législative des conseillers d'Etat ». Elle ne put renoncer à faire sentir au brave professeur la supériorité qu'elle avait bientôt acquise. Son ami et camarade d'études Julian Marchlewski a décrit dans des souvenirs (malheureusement non publiés) comment l'esprit moqueur des jeunes étudiants rendit difficile la vie du professeur Wolf. Ils préparaient avant les exercices de petits complots. Des questions étaient établies qui se trouvaient soumises en toute innocence, au maître. Lorsque Wolf s'était irrémédiablement embrouillé, Rosa se levait et démontrait sur chaque point l'insuffisance professorale1. Julius Wolf semble avoir pris ce méchant jeu avec l'humour nécessaire : dans une esquisse autobiographique, il se souvient de sa meilleure élève avec une grande appréciation.


Outre ses études, Rosa Luxemburg militait dans le mouvement ouvrier zurichois et participait à la vie fortement intellectuelle des sommets de l'émigration politique. Elle se lia aux dirigeants marxistes russes, à Paul Axelrod, le Nestor de la social-démocratie russe alors encore embryonnaire, à Véra Zassoulitch et à Georges Plekhanov, le plus brillant disciple de Marx de l'époque. Elle le regardait avec émerveillement mais songeait cependant à préserver sa personnalité envers lui. Elle connut Parvus-Helphand qui étudiait à Bâle et dont elle se sentait proche de sa fantaisie productive vivante, de son réalisme politique et de sa puissante activité. Elle était plus étroitement liée à quelques camarades d'études qui avaient déjà gagné leurs galons dans le mouvement socialiste polonais et qui restèrent fermement à ses côtés jusqu'à la mort de Rosa ; parmi eux se trouvaient notamment Julien Marchlewski-Karski et Adolphe Warszawski-Warski.


De la plus grande importance pour son développement intellectuel et politique ainsi que pour sa vie personnelle, fut Leo Jogiches, qui arriva à Zurich en 1890. La vie de cet homme extraordinaire qui joua un rôle éminent dans les mouvements ouvriers polonais et russe, et qui, finalement, devait se trouver et mourir à la tête du Spartakusbund en Allemagne, est restée dans l'obscurité de la conspiration même pour le petit nombre de personnes qui travaillèrent avec lui. L'homme taciturne ne parlait jamais de son passé. On ne savait ainsi rien de sa jeunesse. Le peu qui en a été connu provient presque exclusivement de Z. Rejzin qui a fait des recherches sur les débuts politiques de Jogiches chez les compagnons de jeunesse de celui-ci.


Né en 1867 à Vilna, Leo Jogiches provenait d'une riche famille juive. Le grand-père était connu comme un grand talmudiste, mais son père était émancipé intellectuellement et fortement russifié. Dans la famille on parlait à peine le yiddisch. Dès le collège, Leo commença à faire de la propagande révolutionnaire parmi ses camarades. Il quitta tôt l'école pour se consacrer entièrement au travail politique. En 1885 il fonda les premiers cercles révolutionnaires de Vilna. Le bundiste A. Gordon voit en lui le premier dirigeant et le réel fondateur du mouvement ouvrier de Vilna. Certes les groupes étaient encore très faibles, car il n'y avait que peu d'ouvriers et le déclin de la « Narodnaïa Volia » avait fortement émoussé les aspirations oppositionnelles dans la jeunesse intellectuelle. Et pourtant, de ce petit mouvement de Vilna sortit toute une série de dirigeants connus. Charles Rappoport, qui s'est fait un nom de théoricien dans le Parti socialiste de France, y appartint ; de même Pidulski, le futur dictateur polonais. Le frère de Lénine, qui fut pendu en 18912 comme membre de l'organisation terroriste russe « Narodnaïa Volia », avait eu de Petersburg des liaisons avec les cercles d'étudiants de Jogiches. Parmi ses membres, Jogiches jouissait d'une grande considération. Un de ses élèves dit : « C'était un débatteur capable et intelligent, en sa présence on sentait toujours qu'on n'avait pas affaire à un homme quelconque. Il dévoua toute sa vie à son œuvre de socialiste et ses élèves l'adoraient ». Avec la plus grande sévérité, il se contraignit à faire ce qu'il considérait nécessaire pour le travail révolutionnaire. Il dormait sur le dur parquet, pour être prêt pour la planche de la prison. Il devint serrurier dans un atelier. Non en raison de cette aspiration à l'autohumiliation des générations précédentes de révolutionnaires qui « allaient au peuple », mais pour mieux comprendre les ouvriers et pouvoir agir plus fortement sur eux. En même temps il chercha à toucher les militaires et organisa un cercle d'officiers russes. Très tôt, il développa le penchant à la plus stricte conspiration qui devait dominer toute sa vie. Il apprit le métier de graveur et de compositeur d'imprimerie. Il se soumit à la plus sévère discipline et l'imposa à ses camarades de lutte dont il exigeait la plus stricte observation des règles de conspiration. Il apprit énormément, devint le maître de ses camarades, et exigeait d'eux qu'ils étudient avec avidité. Karl Radek raconta plus tard comment Leo, au milieu des tourbillons de la révolution de 1905, l'obligea à travailler de vieux écrivains, dont les noms étaient à peine connus.


Il fut bientôt soupçonné par la police, arrêté pour la première fois pendant l'automne 1888 et enfermé dans la citadelle de Vilna. Il fut enfermé à nouveau de mai à septembre 1889, et après sa libération, resta encore sous la surveillance de la police. Il devait alors faire son service. Il considéra que, suspect politique, il n'aurait aucune possibilité d'agir dans l'armée. Il craignait aussi son propre tempérament. Au lieu de rassemblement des conscrits, il se décida à fuir. On dit qu'il fut emmené de la ville dans une voiture, couvert d'une couche de glaise. Il arriva en Suisse pendant l'hiver de 1890.


Il disposait de moyens importants qu'il mit à la disposition de la propagande socialiste. Il proposa à Plekhanov la fondation d'un périodique et celui-ci accepta la proposition avec joie, car ce périodique pouvait devenir le levier pour un véritable mouvement social-démocrate en Russie, et Plekhanov aurait pu finalement être libéré de la pénible corvée pour gagner son pain (il gagnait sa vie à écrire des adresses) et déployer ses grands dons de savant et de propagandiste. Un accord se fit, mais fut aussitôt rompu sur la question de qui serait le chef politique de la publication. Plekhanov avait une bonne dose d'autoritarisme, et comment pouvait-il laisser cette arme importante à un riche jeune homme qui avait encore à faire ses preuves ? Mais Leo Jogiches connaissait sa propre valeur et ne pouvait laisser son travail en des mains étrangères ni se subordonner ; il était lui-même dominateur jusqu'à la tyrannie. Il abandonna donc le mouvement pan-russe et se lança entièrement dans le mouvement polonais, dont il devint aussitôt le dirigeant et l'organisateur incontesté, une personnalité ne trouvant à égalité à côté des grands dirigeants ouvriers russes.


Peu après son arrivée à Zurich, il rencontra Rosa Luxemburg, et d'un travail commun sortit bientôt un lien entre leurs existences. Ce lien semble surprenant entre la joyeuse Rosa, avec son tempérament tempétueux et les riches dons de son génie qu'elle dépensait prodiguement, et ce Leo, dont la dureté et la discipline constituaient l'être qui ne connaissait pour lui et les autres que le devoir, le devoir jusqu'à la pédanterie, qui de sang-froid se sacrifiait et sacrifiait d'autres à la cause et qui ne laissait percevoir qu'à de rares moments fugitifs la profondeur de ses sentiments. Dans les tâches de la vie, pour tous deux cette opposition, dans la disposition et l'être, constitua le plus grand stimulant, et c'est un témoignage de la grandeur des deux caractères que cette union put durer sans qu'ils ne se détruisent l'un l'autre, mais au contraire qu'ils en accrurent leurs forces. Clara Zetkin, qui s'est trouvée la plus proche d'eux deux, témoigne que Leo Jogiches fut le juge critique incorruptible de Rosa Luxemburg et de son œuvre, sa conscience théorique et pratique, parfois celui qui voyait le plus loin et était le plus stimulé, pendant que Rosa restait celle qui voyait de façon la plus profonde et saisissait le mieux. Et c'est une profonde vérité que Clara Zetkin exprima sur Jogiches en ces termes : « Il fut une de ces personnalités masculines aujourd'hui rares qui peuvent supporter prés d'eux, dans une camaraderie fidèle et heureuse, une grande personnalité féminine, sans ressentir la croissance et le devenir de celle-ci comme une chaîne pour son propre ego ». Cette camaraderie ne subit également aucun dommage dans les années ultérieures, lorsque les sentiments de l'un pour l'autre furent atténués.


Beaucoup du meilleur de Jogiches est certainement inclus dans l'œuvre de la vie de Rosa Luxemburg. On ne peut délimiter cette partie. Nous ne savons également pas lequel des deux donna les impulsions et les secousses décisives pour l'image politique qu'ils formèrent alors et qui détermina leur action ultérieure. Mais si Leo se força à rester à l'arrière-plan, et ainsi à renoncer consciemment à sa part devant l'opinion publique, l'assurance de Rosa dans les questions théoriques-scientifiques montre qu'elle était dans ce domaine la plus forte, celle qui dominait, la plus créatrice.

 

Notes

 

1 Peut-être Frölich fait il référence à l'article de Marchlewski A la mémoire de Rosa Luxemburg et de Leo Tyszka (Jogiches), qui contient le passage suivant :


« Elle se distinguait non seulement par des connaissances solides, mais par une dialectique brillante qu'elle faisait valoir dans ses fréquentes discussions avec le professeur d'Economie politique, Julius Wolf, adversaire résolu du marxisme. Nous préparions tout simplement ces discussions : j'amenais tout doucement l'honorable professeur sur ce sujet glissant, puis, disposant de toutes les armes du marxisme, nous lui prouvions qu'il n'y comprenait pas un traître mot. Nous devons rendre cette justice à l'Université de Zurich que malgré notre propagande elle ne s'opposa aucunement à notre obtention du doctorat. » (Note de la MIA)

 

2 En fait en 1887 (note de la MIA).

 
Partager cet article
Repost0
1 juin 2014 7 01 /06 /juin /2014 21:29

comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com

 

Lire sur le blog:

 

Analyse de classe, refus du nationalisme, approche révolutionnaire, trois principes qui fondent la pensée et l'action de Rosa Luxemburg contre la guerre (Version complétée)

 

1914-2014, à nous de porter la pensée, les analyses et l'action de Rosa Luxemburg dans le débat et dans nos actes.

 

Dossier: Rosa Luxemburg, contre le militarisme, le colonialisme et la guerre

 

 


 

Social-démocratie : éternelle trahison! Projection du film Rosa Luxemburg

 

Ce mercredi sera l'occasion de (re)découvrir le parcours de cette révolutionnaire communiste qui fut l'une des principales animatrices de la révolution spartakiste en Allemagne de 1918-1919. Le film de Margaret Von Trotta nous plonge dans l'ambiance politique du début XXe siècle entre tentatives révolutionnaires et marche à la guerre. On découvre alors le parcours d'une femme libre et déterminée qui s'oppose viscéralement à la guerre et au réformisme que « son » parti, le SPD allemand va emprunter.

 

Après la projection, un débat pourra avoir lieu sur la social-démocratie et le nationalisme, ennemis d'hier et d'aujourd'hui de la lutte des classes.


  Source : http://linsoumiselille.wordpress.com/
Source : message reçu le 7 juin 12h

Partager cet article
Repost0
1 juin 2014 7 01 /06 /juin /2014 19:00

comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com

 

 

 

L’association Table Rase (Association marxiste d’échanges et de débats) s’est formée à Lyon, en Janvier 2010.

 

Fondée autour d’une charte d’adhésion collective affirmant clairement une base politique commune, elle regroupe des militants communistes internationalistes de divers horizons partageant le sentiment que la connaissance des fondements théoriques et de l’histoire du mouvement ouvrier révolutionnaire est une nécessité et un préalable à toute forme d’action révolutionnaire.


Bien sûr, un instrument de formation, de discussion, ne remplace pas l’organisation révolutionnaire du prolétariat dont nous avons besoin pour mener jusqu’au bout la lutte communiste. Mais c’est un premier pas pour permettre de mener une lutte d’idées dans la société et en direction de la classe ouvrière, pour permettre la collaboration de militants et sympathisants révolutionnaires issus de différents courants, et donc pour favoriser la clarification théorique et pratique nécessaire dans nos rangs, sur la base d’une activité concrète. Telles sont les idées qui ont débouchées sur la création de Table Rase.

 

Table Rase n’est donc ni une organisation politique, ni un parti politique. C’est tout simplement une association, dont le but et la volonté affirmés sont de participer à la formation de militants communistes révolutionnaires, et de toute personne désireuse de s’engager dans la lutte pour mettre fin au système capitaliste et pour la construction du socialisme.


Partager cet article
Repost0

Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009