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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
11 mars 2017 6 11 /03 /mars /2017 19:30

Combat naval en Grèce (1897) - Georges Méliès Georges Méliès, magicien de profession, décida de devenir réalisateur suite à la découverte du cinématographe. Cependant, si ses premiers court-métrages n'étaient que des imitation des films des frères Lumière, Méliès, suite à son installation au studio de Montreuil, commença à réaliser des films véritablement uniques.

En contre-point aux articles de Rosa Luxemburg de 1896, il est utile de donner accès aux positions de Jaurès à la même époque. Ainsi peut-on lire aisément les articles qu'il a consacrés à la Question d'Orient dans la Dépêche, dans l'ouvrage regroupant l'ensemble de ses articles dans ce journal et publié en 2009. L'ouvrage relève les occurrences suivantes : 19.03.1890 - 09.04.1890 - 12.05.1892 - 07.11.1896 - 13.01.1897 - 17.02.1897 - 24.02.1897 - 21.04.1897 - 09.02.1898. Le précédent article reproduisait dans un premier temps les extraits des articles du 7 novembre 1896 et du 13 janvier 1897. Ici l'article du 17 février 1997. On peut constater la différence très nette d'approche des deux penseurs.

 

CHOSES EXTERIEURES

La Dépêche, 17.02.1997

 

Nous sommes peut-être à la veille d’événements très graves en Orient, et le pays est absolument hors d’état de savoir où ses dirigeants le mènent ; aucune communication ne lui est faite, aucun document décisif ne lui est encore soumis. Et pendant ce temps, nos vaisseaux sont dans les eaux de Crète ! Pour quel objet ? Est-ce simplement pour débarquer quelques hommes à terre avant d’éteindre les incendies et protéger les consulats ? Ou bien nos gouvernements vont-ils nous associer à l’improviste à une action militaire contre la Grèce ? Nous ne pouvons faire aucune conjecture un peu sérieuse, car nous savons que notre gouvernement n’est pas libre, qu’il est lié à la politique russe d’une lourde chaîne, et nul ne peut nous donner l’assurance que le gouvernement russe ne songe pas à écraser la Grèce. La Russie, qui veut mettre la main sur l’empire ottoman, sinon en confisquant son territoire, du moins en soumettant l’empire épuisé à sa tutelle, voit d’un œil inquiet les tentatives d’émancipation des Arméniens, des Crétois. Il faut que la Turquie tombe au dernier degré de l’anarchie et que les populations chrétiennes y soient décidément accablées pour que le tzarisme puisse s’installer sans peine en Orient et y apparaître même comme un sauveur. Seulement, si tel est en Orient l’intérêt de la Russie et sa politique louche, il est évident que la France a un intérêt tout autre. Elle ne convoite aucun territoire ; elle n’entend substituer son influence exclusive à celle d’aucun autre peuple. Elle désire collaborer en paix, avec les autres nations, à l’œuvre de réforme et de liberté en Orient. Et il serait monstrueux qu’elle envoyât ses boulets contre les Grecs. Ce serait contraire à la politique traditionnelle et à son honneur. Et on a le droit de se demander pourtant si ce n’est pas à cette véritable forfaiture internationale qu’on nous conduit. Je sais bien qu’on parle seulement de « localiser l’incendie ». Il ne s’agit d’abord, paraît-il, que d’empêcher les Grecs et les Turcs d’entrer en conflit sur le brûlant terrain de Crète. Mais quelle part a l’inconnu ! On a l’intention d’empêcher le débarquement d’une flotille, et, tout d’un coup, le canon tonne, et l’on apprend avec stupeur que la France de Navarin, la France « émancipatrice » a envoyé des boulets à la Grèce. Ainsi, voilà à quoi on aura abouti. Depuis trois ans, le gouvernement de la France, fait le silence sur les choses orientales. Il a insisté impassible au massacre, au viol, à l’égorgement de ces populations arméniennes qui jadis parlaient de notre pays avec confiance et respect ; et on nous disait, pour excuser un peu ce triste abaissement moral de la France, qu’avant tout il ne fallait pas compromettre la paix en Orient. Il serait étrange au moins que nous ne fassions bénéficier que le sultan assassin de cette politique de paix, et que nous n’entrions en guerre avec la Grèce, pour la punir de répondre à l’appel de ses fils de Crète, violentés et menacés. Un débat devrait avoir lieu sur la politique extérieure après la distribution annoncée du Livre jaune. Mais les événements se précipitent, et il est impossible que l’on mette la France devant le fait accompli. Je sais bien que la plupart des députés aimeraient mieux attendre tête basse la suite des faits. Ils s’imaginent qu’en évitant même d’interroger le ministre de la Guerre, ils se dérobent à toute responsabilité. Mais, c’est en se taisant surtout, c’est ne laissant faire et en ne se réveillant que le lendemain, que les Assemblées encourent des responsabilités décisives. Aussi les socialistes ont-ils déposé une demande d’interpellation immédiate pour obtenir non pas demain, mais ce soir même, des explications et des garanties nécessaires. Ah ! que d’efforts faits sur nous pour nous imposer le silence ! Attendons demain, attendons après-demain, attendons le bon vouloir du ministre … C’est-à-dire attendons les engagements irrévocables, attendons que la poudre ait parlé, et nous ne serons plus qu’un écho tardif aux coups de fusil. Les députés des autres groupes ont compris cependant, M. Gobler, M. Bourgeois, qu’une explication était nécessaire, sinon sous forme d’interpellation, au moins sous forme de question. Comme on voudra ! Mais que du moins la Chambre ne se sépare pas sans que la France soit rassurée sur la suite des événements et sur les combinaisons gouvernementales.

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8 mars 2017 3 08 /03 /mars /2017 22:19

cerises et grenadesCerises et Grenades s’empare des procès de Louise Michel, Rosa Luxemburg et Angela Davis pour offrir une tribune à leurs idées, à leur combat. Trois femmes qui paient de leur liberté personnelle pour avoir voulu la liberté de l’humanité toute entière.

Trois femmes qui n’incarnent pas seulement des femmes constantes et révolutionnaires, mais qui sont également la voix de millions d’êtres humains, femmes et hommes, assoiffées de liberté, de justice et de paix, refusant de se taire, s’organisant et se soulevant contre l’oppression d’où quelle vienne.

Les voix se mêlent et s’entrecroisent. Entre procès et intimité, la langue déstructurée, telle une partition, fuse et botte en touche.

 

Cerises et Grenades
Avec Sabrina Lorre, Marie-Audrey Simoneau, Jessica Jargot
Mise en scène
Anaïs Cintas
D’après les textes de
Louise Michel,
Rosa Luxembourg
et Angela Davis
Sur une idée originale d’Elise Traoré
Production
Cie les Montures du Temps

Cinéma les Amphis
12 Rue Pierre Cot,
69120 Vaulx-en-Velin
Tel: 04 78 79 17 29
Jeudi 9 mars 2017
20h

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5 mars 2017 7 05 /03 /mars /2017 18:33
Jaurès et la "Question d'Orient". En contre-point aux articles de Rosa Luxemburg de 1896

"L’œuvre du prolétariat s’accroit nécessairement avec son pouvoir, et on peut dire que, dès maintenant, c’est dans le vaste horizon des intérêts humains que doit se mouvoir son regard et se développer son action."

En contre-point aux articles de Rosa Luxemburg de 1896, il est utile de donner accès aux positions de Jaurès à la même époque. Ainsi peut-on lire aisément les articles qu'il a consacrés à la Question d'Orient dans la Dépêche, dans l'ouvrage regroupant l'ensemble de ses articles dans ce journal et publié en 2009. L'ouvrage relève les occurrences suivantes :

19.03.1890 - 09.04.1890 -12.05.1892 -07.11.1896 - 13.01.1897 - 17.02.1897 - 24.02.1897 - 21.04.1897 - 09.02.1898.

Cet article  reproduit dans un premier temps les extraits des articles du 7 novembre 1896 et du 13 janvier 1897.

On peut constater la différence très nette d'approche des deux penseurs.

Fait nouveau

Article paru dans La Dépêche le 7 novembre 1896 (extrait sur la Question d’Orient). Issu de « Jaurès, l’intégralité des articles de 1887 à 1914 publiés dans La Dépêche », P 388

 

… La démocratie  suit une marche irrésistible : elle entend régler souverainement et en pleine lumière les intérêts de la France au dehors comme au dedans ; elle ne permettra plus à personne de disposer de la France sans la France. Et le premier devoir des représentants du pays sera de ne pas laisser se perdre ou s’amoindrir, mais de développer au contraire  cette puissance de la démocratie française dans la conduite de la France. Le parti socialiste n’y manquera pas. Et dans la question même d’Arménie qui est posée devant la conscience européenne, le débat n’est pas clos ; au fur et à mesure que se développeront les événements, des explications nouvelles seront demandées. Il est d’autant plus urgent que la démocratie française et en particulier le prolétariat socialiste interviennent dans la marche générale des affaires européennes, que vraiment les gouvernements d’aujourd’hui ont manqué à tous leurs devoirs et ont attesté l’incapacité foncière de l’Europe actuelle, monarchique, capitaliste et bourgeoise, à accomplir sa fonction. Plus de cent mille créatures humaines ont été depuis deux ans massacrées, violées, torturées dans un pays auquel l’Europe, par la plus solennelle signature, avait promis il y a dix-huit ans, protection et sécurité. L’Angleterre voulait intervenir, mais elle était justement suspecte, pour tous ses actes à Chypre et en Egypte, d’une arrière-pensée égoïste et d’une combinaison peu loyale. La Russie par méfiance de l’Angleterre, a laissé systématiquement macérer dans le sang toute la population arménienne ; elle s’est opposée par tous les moyens dilatoires, à toutes les mesures qui auraient pu sauver quelques existences humaines. Je n’ai pu produire à ce sujet, devant la majorité qui se révolte contre toute critique de la politique russe, comme si la Russie était une idole, que les grands faits ; mais les détails de l’intrigue russe depuis trois ans pour écarter de l’Arménie, outragée, égorgée tout secours européen, est particulièrement affligeant et instructif aussi, et c’est l’honneur du parti socialiste de maintenir contre tous les partis pris et les mensonges complaisants le droit supérieur de la vérité ; il n’y a que la vérité qui sauve. Et, pendant que l’Angleterre et la Russie, chacun à leur manière, compromettent la vie de cent mille Arméniens, pendant que la France de M. Hanotaux ne donnait d’autre consigne à son ambassadeur à Constantinople, M. Cambon, que de suivre aveuglément l’ambassadeur, M. de Nélidoff, l’Arménie était soumise à un régime d’atrocités auquel on ne sait si les violences asiatiques des Mongols eux-mêmes sont comparables. L’heure n’est-elle donc point venue pour le prolétariat européen de mettre un terme aux convoitises, aux égoïsmes misérables et aux rivalités des gouvernements d’Europe pour leur imposer une tâche commune d’humanité ? A coup sûr le prolétariat a une oeuvre plus immédiate et plus décisive à accomplir ; il doit travailler d’abord à son propre affranchissement et à la conquête du pouvoir politique en vue de l’émancipation sociale. Ce n’est pas lui qui est le maître dans la société capitaliste, et, n’ayant pas la souveraineté, il ne peut avoir la responsabilité. Mais s’il ne peut encore agir directement pour le bien du monde et la paix humaine, il peut du moins, par voie réflexe, agir dès aujourd’hui en imposant peu à peu une attitude moins brutalement égoïste aux dirigeants de l’Europe actuelle. L’œuvre du prolétariat s’accroit nécessairement avec son pouvoir, et on peut dire que, dès maintenant, c’est dans le vaste horizon des intérêts humains que doit se mouvoir son regard et se développer son action.

 

La rentrée

Article paru dans La Dépeche le13.01.1897 (extrait sur la Question d’Orient). Issu de « Jaurès, l’intégralité des articles de 1887 à 1914 publiés dans La Dépêche », P 394

… Dans la politique extérieure, la situation du ministère est  aussi difficile. M. Hanotaux s’est livré, et la France avec lui, à la politique russe. Or, il devient visible tous les jours que les charges de cette politique s’aggravent pour nous et que les avantages espérés se dérobent. La Russie nous a prêté, dans les affaires d’Egypte, un concours si incertain, si  inefficace, que l’Angleterre a redoublé d’audace dans la vallée du Nil. Nous sommes à cette heure dans des termes si difficiles avec les Anglais que notre ambassadeur de Londres a dû se retirer, et, d’autre part les projets de la Russie en Orient deviennent très inquiétants pour nous. Le tzar, à son passage à Paris, avait fait à M. Hanotaux, pour le règlement des affaires turques, de vagues promesses verbales, dont notre ministre présomptueux a triomphé en propos mystérieux et superbes à la tribune de la Chambre. Or, tout cela, aujourd’hui, se réduit à rien. La Russie vient de refuser d’aider la France dans le règlement des finances turques ; la Russie avoue sans détour qu’elle a tout intérêt à laisser la Turquie se désorganiser dans le déficit et la servitude, comme elle a intérêt à laisser l’Arménie à la merci des égorgeurs. Elle espère que l’heure viendra ainsi où elle pourra, seule, sans l’intervention de l’Europe, imposer à la Turquie et à l’Asie le protectorat exclusif de l’influence russe. …

 

Jaurès en 1896

Jaurès en 1896

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5 mars 2017 7 05 /03 /mars /2017 10:16
La question d’Orient et le Vorwärts. Une analyse de 1896 de Rosa Luxemburg à propos de la "Question d'Orient"

La question d’Orient et le Vorwärts

 

Sächsische Arbeiter-Zeitung (Dresde)

N° 273, 25 novembre 1896

Gesammelte Werke, Tome 1/1

Berlin 1970 – P. 69 – 73

Traduction Dominique Villaeys-Poirré, oct. 2016

 

 

J’ai adressé le 14 de ce mois à la rédaction du Vorwärts une réponse à la déclaration du camarade Liebknecht parue dans ce journal le 11. A ce jour, elle n’a pas été publiée, elle n’a pas non plus fait l’objet d’une réponse sous quelle que forme que ce soit de la part de la rédaction. Cela équivaut vraisemblablement à un refus de publication. J’espère que la rédaction de la « Sächsische Arbeiterzeitung » ne me refusera pas la publication de la réponse ci-après, et que je pourrai ainsi défendre ma position concernant la question d’Orient telle que je l’ai présentée dans la « Sächsische Arbeiterzeitung », position qui a été si fortement critiquée par Liebknecht.

 

Selon une étrange logique du destin, l’interpellation du Vorwärts par une assemblée berlinoise à propos de la question arménienne a eu la conséquence suivante : le camarade Liebknecht s’est placé avec mes articles sur ce thème dans la « Sächsische Arbeiterzeitung » en accusateur, a prononcé mon exclusion de la question d’Orient et mon bannissement sur les terres des « atrocités » polonaises. D’une part, mes articles n’apporteraient rien de neuf selon Liebknecht, car « pour n’importe quel béotien du socialisme, il est clair que le soulèvement arménien est lié aux conditions économiques », mais d’autre part ils ne constitueraient rien d’autre qu’une qu'une reproduction grossière des analyses de la presse de Gladstone et de la presse russe, qui aurait pu être réalisée par n’importe quel camarade en Allemagne.

 

En ce qui concerne la relation existant entre les mouvements politiques et nationaux et les causes économiques, je ne doute pas un instant que cela soit clair pour le camarade Liebknecht puisque pour Liebknecht « même ( ?!) les guerres de rapine des tribus africaines les plus arriérées peuvent être expliquées par des causes économiques». Seulement, le facteur économique "à l'oeuvre  à l’arrière-plan" en Turquie prend pour lui une forme orientale étrange, c’est-à-dire que ce n’est pas pour lui un effet du développement économique interne de la Turquie mais du rouble russe. Ainsi lisons-nous littéralement dans une notice de l’édition du Vorwärts du 6 septembre de cette année : « Les oppositions nationales et religieuses, dont on ne voyait auparavant aucune trace, s’exacerbent de plus en plus et les Grecs et les Arméniens qui au cours des siècles étaient parvenus à la possession de presque toutes les richesses et de tous les postes, se retrouvent brusquement en position d’opprimés ! … Et tout ceci depuis que la diplomatie européenne s’est mêlée des affaires turques et que la Turquie est devenue le proie et le jouet des intrigues politiques. ». Dans un autre article, on nous assure que les Arméniens dans leur ensemble et en particulier sont un peuple vile, haï de tous, dans un troisième que les atrocités n’existent que sur le papier et dans un quatrième que Salisbury serait le seul à pouvoir faire régner le calme en Orient etc, etc. Le rouble est en soi sans aucun doute un facteur « économique » ». Mais le Vorwärts, en en faisant un facteur historique fondamental, réduit toute l’histoire moderne en Orient à une simple et gigantesque question de corruption, à un jeu d’intrigues diplomatiques, c’est-à-dire à quelque chose qui ne peut être vu comme « conditions économiques » qu’au sein d’un épais brouillard où tous les chats sont gris.

 

Mais il ne s’agissait en aucun cas de faire une découverte évidente, à savoir qu’il y a quelque chose d’économique dans les fondements du mouvement arménien. Cela ne serait en effet qu’un « lieu commun ». Il s’agissait de fait de reconstruire l’évolution économique de la Turquie à partir des faits connus et qui sont vus habituellement comme des éléments épars et sans relations entre eux de la vie sociale, d’en montrer les ferments internes et l’orientation et d’en tirer les conséquences politiques d’une part et pour les intérêts de la social-démocratie en Orient d’autre part, en bref – non pas d’expliquer l’histoire de la Turquie à l’aune du rouble, mais au contraire d’expliquer le rôle du rouble à partir de l’histoire de la Turquie, non pas d’intégrer de force les événements dans nos analyses sclérosées mais au contraire de mettre en harmonie nos analyses et les événements actuels. En partant de ce point de vue, on devait nécessairement parvenir à la conclusion que le déclin de la Turquie n’est que la conséquence naturelle de sa décomposition économique interne, qui de son côté a été causée par l’économie financière et la modernisation de l’appareil d’Etat, que ce processus que nous ne pouvons arrêter nous est très profitable car il nous donne, avec une Turquie libérée de ses protecteurs chrétiens de même qu’avec des Etats des Balkans libérés du joug turc, une arme puissante contre les convoitises russes en Orient. Il est possible que mes articles comme le pense le camarade Liebknecht n’aient pas apporté de lumière sur ces questions, c’est d’ailleurs sans importance. Ce qui importe c’est que le Vorwärts a fait montre en tous les cas dans ses analyses d’une longue suite de manquements. Toute la faiblesse de sa position nous apparaît de fait résider dans ce que Liebknecht considère comme sa plus grande force : il a étudié la question d’Orient - contrairement à nous - à partir de ses propres conceptions (parmi elles, il compte la fréquentation de Karl Marx et l’école de Londres du génial Urquhart), à savoir celles du temps de la guerre de Crimée. Mais depuis la guerre de Crimée, 40 années entières ont passé et beaucoup de choses ont changé depuis sous les cieux et sur la terre. Depuis, la Russie qui était un pays d’économie naturelle est devenue un pays capitaliste et s’est élevée sur le tas de cendres politiques au rang de maître de l’Europe. La Turquie est passée depuis à l’économie financière. Depuis, il y a eu la guerre de 1877 et le Congrès de Berlin (1878). Depuis, la Roumanie, la Serbie et la Bulgarie, la Bosnie et l’Herzégovine se sont séparées de la Turquie. La décomposition économique qui a conduit à son déclin politique n’est parvenue à son plus haut point qu’après la guerre de Crimée. D’autre part, la diplomatie russe elle aussi n’a pu tirer que de l’expérience de l’indépendance de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Serbie et donc dans les années 80, les enseignements politiques, à savoir que l’effritement progressif de la Turquie est dommageable, qu’au contraire son intégrité compte tenu de son affaiblissement interne peut jusqu’à un certain point rendre de grands services. L’état des choses concernant la question orientale a donc connu, aussi bien matériellement que pour les conséquences politiques qui en découlent, un virage à 180° depuis la guerre de Crimée et pris une direction complètement opposée à celle existant auparavant. Les choses s’étant transformées en leur propre antithèse depuis la guerre de Crimée, il était donc nécessaire que les idées de l’époque se transforment en leur contraire elles aussi, par rapport aux événements actuels et dans le même temps aux présupposés d’autrefois.

 

La politique orientale poursuivie autrefois par les socialistes avait pour cible toute entière la Russie. La Russie recherchait inlassablement le déclin de la Turquie, les socialistes se battaient donc pour son intégrité. Au contraire, aujourd’hui, la Russie veut protéger l’intégrité de la Turquie. Comme le Vorwärts persiste dans son ancienne politique et sonne l’alarme pour défendre l’intégrité de la Turquie au moindre frémissement sur la péninsule balkanique, il retombe dans le travers originel suivant :

 

Tout d’abord, les changements sur le front de la Russie semblent tout à fait incompréhensibles si on les analyse à partir des points de vue de la politique socialiste de 1855. C’est pourquoi le Vorwärts croit les voir comme « uun mirage trompeur », et comme il a en tête les anciennes intrigues russes, il recherche obstinément des signes du vieux jeu diplomatique russe dans les évènements d’aujourd’hui qui sont en complète contradiction avec lui.

 

Deuxièmement, l’ensemble de l’évolution de la situation en Turquie qui conduit aux soulèvements et à sa décomposition n’est pour lui rien d’autre qu’un fait désagréable, gênant et est donc tout simplement ignoré. On dénonce les accusations de cruautés comme un mensonge, ceux qui se soulèvent comme un peuple dénué d’intérêt et les révoltes comme une pièce de théâtre.

 

En un mot du fait de son hostilité envers la Turquie, le Vorwärts en est arrivé à la même situation que la diplomatie russe ; en cherchant à s’interposer contre les prétendus projets de la Russie, il devient un défenseur inconscient de ses véritables plans. Et comme les événements réels dérangent ses interprétations, il en déclare tout simplement la réalité comme un effet de l’imagination.

 

Il est possible que si l’on part du point de vue de cette politique, c'est-à-dire du point de vue de la guerre de Crimée, ma conception de la question d’Orient puisse paraître russophile. Mais il me semble tout à fait incontestable que la politique orientale du camarade Liebknecht constitue du point de vue actuel, un service rendu malgré lui au bastion de l’absolutisme européen. Cela me semble incontestable. Faire un lien entre Liebknecht et la politique russophile peut paraître une mauvaise plaisanterie. Mais une telle mauvaise plaisanterie peut devenir l’Histoire avec un grand H, car tout béotien du socialisme sait bien qu’avec le temps "La raison devient folie, le bienfait, tourment".

 

Camarades ! Liebknecht me fait comprendre à la fin qu’en étudiant la question d’Orient, j’aurais d’une certaine façon pénétré dans son domaine réservé et que je ferais mieux de m’occuper des atrocités commises en Pologne. Si personne ne pouvait plus étudier des événements pour lesquels le Camarade Liebknecht s'est forgé en leur temps une opinion, cela constituerait en tous les cas une conséquence fatale, à ce jour inconnue des historiens, de la guerre de Crimée. Mais Liebknecht est le moins bien placé pour imposer "une séparation stricte des domaines où s’exerce la violence", car il a lui-même justement du temps de la guerre de Crimée de manière grave craché dans la soupe de nous autres socialistes polonais, en servant par ses déclarations le nationalisme polonais et en prenant parti dans une question divisant les socialistes polonais, question qu’il ne connaît ni de par ses propres analyses ou ni par d'autres analyses, ni par la presse de Gladstone et par une autre presse.

(Merci de toute proposition d'amélioration de la traduction)

.

Bulgarie 1907

Bulgarie 1907

Pour avoir accès aux articles auxquels il est fait référence :

en allemand : http://www.marxists.org/archive/luxemburg/1896/10/10.htm

et qui existent en français sur le site : http://armeniantrends.blogspot.fr/2011/01/rosa-luxemburg-social-democratie-et.html

Source : Article publié pour la première fois les 8, 9 et 10 octobre 1896 dans le Sächsische Arbeiter-Zeitung, organe de presse des Sociaux-démocrates allemands à Dresde. Cité in : « The Balkan Socialist Tradition – Balkan Socialism and the Balkan Federation, 1871-1915 », in Revolutionary History, vol. 8, n° 3, 2003. Traduction de l’allemand en anglais : © Ian Birchall. Traduction française : © Georges Festa – 01.2011.

Sur le blog :

Ce texte complète les documents de 1893 - 1896 et montre à la fois la hardiesse de Rosa Luxemburg qui ne craint pas de remettre en cause Liebknecht lui-même, et son approche précise du monde capitaliste. Il s'inscrit dans l'ensemble des textes sur le nationalisme et l'analyse des rapports de force en pleine évolution de la fin du XIXème siècle. Il est le témoignage d'une pensée en train de se construire.

Voir les nombreux dossiers et articles sur ce blog, dont :

http://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/dossier-social-patriotisme-rosa-luxemburg-et-la-question-nationale.html

Le texte a fait l'objet d'une nouvelle traduction au sein du séminaire organisé par des étudiants de Normale supérieure autour de la traduction de textes de Rosa Luxemburg. Ce séminaire est ouvert à tous. Il a lieu de 15 h 45 à 17 h 45 au département de philosophie. Les deux séances à venir seront consacrées à la traduction de ce texte important dans l'élaboration de la pensée de Rosa Luxemburg par rapport à l'impérialisme. Accès au texte allemand : http://adlc.hypotheses.org/zur-orientpolitik-des-vorwarts

c.a.r.l. 02.02.2017

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5 mars 2017 7 05 /03 /mars /2017 09:56
Alexandra Beraldin, Continuum Company. Rosa Luxemburg en marionnette
Révolutions Permanentes, le spectacle a été montré à Beaubourg en novembre 2016

Revue poético-politico-marionnettique. À la découverte des grands discours qui ont changé le monde. L'occasion de découvrir la pensée politique de Rosa Luxembourg.

http://www.alexandraberaldin.fr/rosa-luxemburg

 

Alexandra Beraldin, Continuum Company. Rosa Luxemburg en marionnette
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22 janvier 2017 7 22 /01 /janvier /2017 22:03
Notre article sur le sens et les raisons de l'assassinat de Rosa Luxemburg.

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.



Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.



Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?



Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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22 janvier 2017 7 22 /01 /janvier /2017 21:35
La fin des Spartakistes. Tableau de Ehmsen de 1919

La fin des Spartakistes. Tableau de Ehmsen de 1919

Rappelons qu'en Bac pro, Rosa Luxemburg est au programme! Depuis plusieurs années. Ci-dessous un article pour information sur l'assassinat de Rosa Luxemburg sur un site pédagogique progressiste: question de classe.

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés, Twhistoire par Mathilde Larrère

 

Posté le 20 janvier 2017 par François Spinner - Version imprimable

http://www.questionsdeclasses.org/?Le-15-janvier-1919-Rosa-Luxemburg-et-Karl-Liebknecht-sont-assassines-Twhistoire

 

1) pour rappel, Berlin était en insurrection depuis le 5 janvier
 

[Pour ce rappel, commencez votre lecture par le post précédent


5 janvier 1919 : Début de la révolte Spartakiste - Twhistoire par Mathilde Larrère]

 

2) Le gouvernement social démocrate engageait le 6 une répression sévère, faisant même appel aux Freikorps pour contrer la révolte ouvrière

 

3) Les Freikorps reconquièrent donc rapidement les rues bloquées par des barricades et les bâtiments occupés.

 

4) Beaucoup de travailleurs se rendent, ce qui n’empêche pas les soldats de tuer plusieurs centaines d’entre eux

 

5) Rosa Luxemburg fait paraître le 14 janvier 1919 son dernier article, amèrement intitulé L’Ordre règne à Berlin
https://www.marxists.org/francais/luxembur/spartakus/rl19190114.htm

 

6) le 15 janvier au matin, Karl comme Rosa sont arrêtés

 

7) sur le trajet qui les conduisait en prison ils sont chacun, séparément, assassinés par les militaires qui les accompagnaient

 

8) Le corps de Rosa est jeté dans un canal. Son corps n’est pas retrouvé dans un premier temps

 

9) C’est un cercueil vide qui accompagne celui de Karl Liebknecht lors des funérailles du 25 janvier.

 

10) Un corps identifié comme celui de Rosa Luxemburg est finalement repêché le 31 mai

 

11) Rosa Luxemburg est enterrée le 13 juin, à côté de Liebknecht au cimetière central de Friedrichsfelde de Berlin

 

12) Les militaires responsables de la mort de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht sont ensuite traduits en justice pour « maltraitances »

 

13) Le procureur Paul Jorns plaide les circonstances atténuantes en raison de leurs excellents états de service

 

14) Le soldat Runge, qui avait frappé Rosa Luxemburg à la tête, est condamné à deux ans et deux semaines de prison pour « tentative de meurtre »

 

15) il demandera par la suite à Hitler une compensation pour sa condamnation et se verra accorder par le régime nazi la somme de 6 000 marks

 

16) le KPD s’est longtemps battu pour que la vérité sur les assassinats de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht soit faite

 

17) Un hommage est rendu chaque 2e dimanche de janvier à Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg
 

 

18) Dans son dernier article Rosa écrivait

 

19) Et concluait ainsi… faisant presque écho aux mots de Louise Michel…
J’espère y être aussi !


Ces Twhistoires ont été écrits et publiés initialement sur le réseau social Twitter par Mathilde Larrère, maître de conférence en histoire contemporaine et historienne des révolutions et de la citoyenneté (UPEM), dans le format contraint de Twitter : 140 signes maxi + une éventuelle iconographie.

Il nous a semblé important de diffuser régulièrement ce travail de vulgarisation sous une forme aussi proche que possible des twits originaux réunis ici dans un seul post. (Nous n’avons pas modifié la graphie des twits.)

Adresses Twitter

Mathilde Larrère
@LarrereMathilde

QuestionsdeClasse(s)
@Questions2C

François Spinner QdC
@FrancoisSpinner

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14 janvier 2017 6 14 /01 /janvier /2017 19:14
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14 janvier 2017 6 14 /01 /janvier /2017 18:10
Cerises et Grenades. D’après les textes de Louise Michel, Rosa Luxembourg et Angela Davis au Chok Théâtre, Saint-Etienne du 18 au 20 janvier 2017
Mise en scène, Anaïs Cintas. Avec Sabrina Lorre, Marie-Audrey Simoneau, Jessica Jargot

D’après les textes de Louise Michel, Rosa Luxembourg et Angela Davis
Au Chok Théatre
24, rue Bernard Palissy

Mise en scène Anaïs Cintas
Avec Sabrina Lorre, Marie-Audrey Simoneau, Jessica Jargot
Production Compagnie les Montures du Temps

Tarif unique : 10 €

Cerises et Grenades s’empare des procès de Louise Michel, Rosa Luxemburg et Angela Davis pour offrir une tribune à leurs idées, à leur combat. Trois femmes qui paient de leur liberté personnelle pour avoir voulu la liberté de l’humanité toute entière.

Trois femmes qui n’incarnent pas seulement des femmes constantes et révolutionnaires, mais qui sont également la voix de millions d’êtres humains, femmes et hommes, assoiffées de liberté, de justice et de paix, refusant de se taire, s’organisant et se soulevant contre l’oppression d’où quelle vienne.

Les voix se mêlent et s’entrecroisent. Entre procès et intimité, la langue déstructurée, telle une partition, fuse et botte en touche.

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26 décembre 2016 1 26 /12 /décembre /2016 11:23
1893 - 1896 : les premiers articles de Rosa Luxemburg contre le nationalisme

Ci-dessous la liste des articles parus entre 1893 et 1896. Ils sont majeurs et portent sur la Pologne et la Turquie. Ils constituent les prémisses des analyses contre le nationalisme de Rosa Luxemburg

(Cet article est en cours de rédaction).

 

 

1. Compte-rendu adressé au IIIème Congrès socialiste international des travailleurs de Zurich sur l'état et le développement du mouvement social-démocrate dans la Pologne russe 1889 - 1893

 

Texte non signé par Rosa Luxemburg (il est présenté par la rédaction du journal "Sprawa Robotnicza", organe du SDKP récemment créé par son courant) mais une indication de sa part montre qu'elle y a très largement contribué.

Sur le blog, traduction inédite (Dominique Villaeys-Poirré, 2015):

 

http://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/2015/12/rosa-luxemburg-rapport-adresse-au-iiieme-congres-socialiste-des-travailleurs-zurich-1893-sur-l-etat-et-le-developpement-du-mouvement

 

2. Nouveaux courants au sein du mouvement socialiste polonais en Allemagne et Autriche.

 

Paru dans "Die neue Zeit", 14ème année 1895-1896

 

3. Le social-patriotisme en Pologne

 

Paru dans "Die neue Zeit", 14ème année 1895-1896

Lire la traduction française de la résolution au Congrès de L'Internationale de Londres contenue dans cet article sur :

 

https://bataillesocialiste.wordpress.com/documents-historiques/1896-07-la-question-polonaise-au-congres-international-de-londres/

http://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/2016/02/rosa-luxemburg-le-social-patriotisme-en-pologne-die-neue-zeit-juillet-1896-introduction.html

 

4. A propos de la tactique de la social-démocratie polonaise

 

Paru dans Vorwärts N° 172, 25 juillet 1896

 

5. Les combats nationaux en Turquie et la social-démocratie

 

3 articles parus dans La Sächsische Arbeiter-Zeitung N° 234 - 235 - 236, les 8, 9 et 10 octobre 1896

Texte en français sur :

 

http://armeniantrends.blogspot.fr/2011/01/rosa-luxemburg-social-democratie-et.html

 

6. A propos de la politique orientale du "Vorwärts"

 

Dans La Sächsische Arbeiter-Zeitung, N° 273, 25 novembre 1896

A ces articles, il faut ajouter.

 

L’année 1793 ! Article paru dans la « Sprawa Robotnicza », juillet 1893

·  Quelles sont les origines du 1er mai ? (1894)

 

Ils sont disponibles sur le site du Collectif Smolny ; http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=982

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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009