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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 13:30
Sur le site Contre-temps

Sur le site Contre-temps

En suivant Rosa Luxemburg (V) - Lire Marx

Dans son article sur « l’œuvre posthume de Karl Marx » (paru le 8 janvier 1905 dans le Vorwärts), Rosa Luxemburg livre au lecteur sa compréhension de la portée scientifique et historique de l’édition par Karl Kautsky des Théories sur la plus-value de Marx : non pas seulement ajouter quelques « particules isolées de véritable savoir » aux théories économiques mais faire en sorte que « l’œuvre nouvelle de Marx prenne vie dans toute sa grandeur et son esprit révolutionnaire au sein du prolétariat en lutte ».

 

D’un certain point de vue, l’économie politique constitue une exception parmi toutes les sciences, le seul exemple d’une discipline à qui il est défendu d’écrire sa propre histoire. Dans ce cas en effet, la condition première de l’historiographie est la connaissance du rapport entre le processus social et son reflet théorique, dont l’absence même constitue la base scientifique de l’économie politique bourgeoise et de ses méthodes. De ce fait résulte l’étrange réalité que l’économie politique est dans l’obscurité en ce qui concerne son objet d’étude, sa matière même, alors que ses historiens érudits cherchent désespérément les débuts de ses théories à l’aube de l’histoire humaine, dans l’Orient classique, presque chez les hommes-singes, en un mot, partout où il est aussi peu probable de la trouver que de découvrir son unique et véritable objet : le mode de production capitaliste. La représentation de l’économie politique comme science absolue et éternelle en regard du passé répond logiquement à la représentation de la société bourgeoise comme forme sociale absolue et éternelle en regard de l’avenir. Il ressort de ces deux faits que l’histoire de l’économie politique ne pouvait être écrite que par un socialiste, plus exactement du seul point de vue de Marx. […] Dans un strict parallélisme à ses mutations politiques, la bourgeoisie demeure, en économie politique également, porteuse de la recherche scientifique tant qu’elle se tourne contre la société féodale, et tombe immédiatement dans le vulgaire et l'apologétique dès qu’elle se trouve face à la classe ouvrière grandissante. Et si l’histoire théorique du socialisme se développe dans le sens de l’utopie vers la science, Marx nous décrit pour la première fois l’histoire de l’économie bourgeoise de la science vers l’utopie – de la connaissance des lois de mouvement internes de la société bourgeoise à la théorie apologétique de l’immortalisation de cette société contre ses propres lois de mouvement. […]

 

Le Capital de Marx, et par la même occasion son œuvre de dépassement scientifique de la société bourgeoise, s’achèvent avec la publication de cette histoire de l’économie politique1. Comme les œuvres fondamentales de la théorie de Marx, ce livre n’est pas seulement un accomplissement scientifique de premier ordre mais un acte historique qui ne peut être apprécié à sa juste valeur que dans le contexte de la lutte historique de la social-démocratie et à la lumière de cette lutte.

 

Mais ce superbe fruit de l’esprit de Marx n’a bien évidemment pas été conçu pour la science officielle bourgeoise. Le moment où il paraît montre l’économie politique bourgeoise à un stade de décomposition encore plus avancé qu’elle ne l’était à l’époque de la parution du Capital. Lors de la parution du premier tome de l’œuvre majeure de Marx, l’« école historique » était encore en pleine apogée, et à l’époque du deuxième tome et jusque dans les années 1890, le « subjectivisme » faisait dans les cercles bourgeois des allégations trompeuses quant à un nouvel essor de l’économie politique en tant que science2. Aujourd’hui, à part un concert de lamentations pour seule retombée pratique, il ne reste de l’« école historique » que la production massive par Lotz et Brentano de docteurs pleins d’espoir avec un institut microscopico-anatomique au service des besoins journaliers « scientifiques » du capital d’affaires. La communauté « subjective » de Böhm et Jevons quant à elle, après avoir déjà démontré son aride stérilité dans tous les problèmes fondamentaux de l’économie politique, est incapable de faire quoi que ce soit du véritable nouveau problème avec lequel elle a réellement quelque chose à voir – les cartels. L’appel à revenir à la méthode déductive des vieux classiques, qui résonne çà et là, est un symptôme éloquent de cette situation désespérée.

 

Mais que cet appel lui-même soit né d’une confusion sans espoir des économistes d’aujourd’hui face à leur propre sort comme face à la nature de l’économie politique classique, voilà qui est prouvé par le fait que par exemple, celui qui se présente comme le dernier héraut de la « méthode déductive » n'est autre que le professeur Pohle de Francfort, le représentant scientifique des syndicats de propriétaires, la matière pensante de la flambée du foncier urbain, l’avocat théoricien du droit de Shylock à la livre de chair prolétarienne transposé à l’époque moderne des grandes villes. Monsieur le professeur ignore donc totalement que la « méthode déductive » des classiques n’est pas un outil de pensée mécanique que l’on sort à sa guise du placard, comme un tire-bouchon qui peut être mis par n’importe quel garçon à la disposition de ces messieurs, mais que c’est le regard homérique, joyeux et libre que le patriarche de l’économie, Adam, portait sur le vieux monde en badinant en costume divin dans l'éden de la société bourgeoise encore en pleine éclosion. Après que la science bourgeoise a goûté à l’arbre de la connaissance de la lutte des classes et, terrifiée par sa nudité, s’est glissée dans le frac de fonctionnaire du professeur appointé, et surtout, après que la connaissance de Marx a elle aussi pris corps dans trois millions de têtes pensantes, il est tout autant possible pour l’économie actuelle de revenir à la méthode déductive et à la compréhension des classiques, qu’il est possible pour la poésie naïve allemande actuelle du Überbrettl de « revenir » au doux « Tandaradei » de Walther von der Vogelweide3.

 

C’est aussi pour cela que nous ne pouvons pas adhérer aux attentes optimistes de Kautsky, qui dans son avant-propos parle d’un retour désormais proche de l’économie politique bourgeoise à une étude approfondie et féconde de l’école classique. Quoi qu’il en soit, les lumières de la sagesse de chaire4 peuvent toujours retenir que c’est justement ce représentant du marxisme, de l’exclusivité rigide et des chasses aux sorcières doctrinaires duquel la plupart d’entre eux se plaignent habituellement, qui va aussi loin dans l’humanisme doux et généreux, attendant même que leur buisson d’épines spirituel porte encore les fruits de la connaissance scientifique.

 

En un sens, il est toutefois indéniable que la science professorale s’appropriera aussi ce nouveau don de Kautsky, tout comme elle s’est nourrie jusqu’à aujourd’hui des anciennes découvertes de Marx – en démolissant notamment ce formidable contenu en petites particules isolées et en ajoutant ainsi à sa théorie scientifique quelques bribes de véritable savoir. C’est seulement dans le prolétariat en lutte que l’œuvre nouvelle de Marx peut prendre vie dans toute sa grandeur et son esprit révolutionnaire.

 

Bien entendu, le rapport entre une histoire critique de l’économie politique bourgeoise et le combat quotidien de la social-démocratie semble difficile à saisir au premier abord, d’autant plus que, ces derniers temps, la vivacité même du sentiment pour l’importance de la théorie n’apparaît pas assez clairement dans le flot formidablement élargi du mouvement prolétarien. Sans aucun doute, tout le combat de la social-démocratie est animé par les vues de Marx sur les conditions et les visées sociales, tel un train en route sur des rails bien définis qui suit la direction prescrite par la seule loi de l’inertie. Mais le travail de fourmi de la pratique et les escarmouches économiques et politiques quotidiennes menacent de plus en plus de reléguer à l’arrière-plan le processus conscient et incontournable de transformation, de réévaluation de l'ensemble de la pensée du prolétariat dans l’esprit de la conception révolutionnaire du monde chez Marx. Ces derniers jours cependant, une affaire a montré une fois de plus à quel point ce processus est une nécessité permanente et pressante, quand un social-démocrate investi d’une fonction, donc officiellement appelé à représenter le parti et l’éducation des masses, a développé la théorie d’un « sentiment religieux » métaphysique qui serait inhérent à tout cœur humain, et de la nécessité future de maintenir la religion, pour le peuple, sans la prêtraille, plus ou moins une théorie d’« évidement » de l'Église, en entière analogie avec la fameuse théorie de l’évidement du capitalisme, avec qui elle a en commun les racines d’un éloignement complet de la conception historique du matérialisme5 [5]. Comme beaucoup d’autres, cette affaire montre clairement qu’il est non seulement de notre devoir de gagner au plus vite de larges masses à la reconnaissance formelle du programme de la social-démocratie, mais aussi de révolutionner de fond en comble le mode de pensée de ces masses, donc surtout de nos agitateurs, par la théorie de Marx. C’est uniquement de cette manière, et non par la seule arrivée de nouvelles recrues dans les masses électorales de la social-démocratie, dans les organisations de parti et de syndicat, que le prolétariat pourra se détacher intellectuellement de la domination de la bourgeoisie et de sa culture de classe.

 

En ce sens, le nouveau livre de Marx est une abondante source de stimulations, appelée notamment à rafraîchir et à aiguillonner les forces intellectuelles de nos importants groupes d’agitateurs qui exercent leur influence sur les grandes masses du prolétariat par le biais de la presse et de l’activité parlementaire. Se plonger avec un zèle sincère dans les œuvres fondamentales de Marx et trouver dans leurs moindres recoins le lien entre ses théories scientifiques et la pratique de la social-démocratie qu’elles sous-tendent, pour ainsi s’extraire soi-même et extraire les masses de la désolation et de l’abattement intellectuels qui les menacent dans le combat quotidien – voilà la tâche des rédacteurs, des journalistes et des parlementaires sociaux-démocrates. C’est à eux principalement qu’est destiné le livre que nous présente Kautsky, d’autant qu’il devrait, par le grand plaisir intellectuel qu’il nous offre, devenir le point de départ d’une nouvelle étude assidue de la théorie dans les rangs du parti. Montrer un peu moins d’enthousiasme éperdu dans la résistance aux attentats cléricaux contre l’art bourgeois ou à propos de la fondation de coopératives de consommation, et s’efforcer en échange, avec plus d’enthousiasme, de comprendre les racines historiques, philosophiques et économiques de la lutte des classes de la social-démocratie, se détourner des billons de cuivre usés des mots d’ordres et des solutions provisoires du quotidien pour retrouver l’or pur de la conception marxiste dans toute sa puissance universelle – voilà à quoi nous exhorte la nouvelle et dernière des œuvres de l’héritage scientifique de Marx.

 

Rosa Luxemburg

 

Extrait de À l’école du socialisme, tome II des Œuvres complètes, Agone & Smolny, 2012, p. 90-99.

De Rosa Luxemburg sont parus les cinq premiers tomes des Œuvres complètes (Agone & Smolny) : Introduction à l’économie politique (2009), Le Socialisme en France (2013), La Brochure de Junius (2014), L’Accumulation du capital (2019).

À paraître en 2021 aux éditions Agone & Smolny, le premier volume de la Correspondance complète (1891-1909).

Notes

1. Theorien über den Mehrwert. Aus dem nachgelassenen Manuskript “Zur Kritik der politischen Ökonomie” von Karl Marx, herausgegeben von Karl Kautsky, Bd. I: Die Anfänge der Theorie vom Mehrwert bis Adam Smith, Stuttgart, J.H.W. Dietz, 1905.

2. Sous l'appellation de « subjectivisme », Rosa Luxemburg désigne l'école marginaliste, représentée principalement par Carl Menger, Léon Walras et William Jevons, qui abandonnent le concept de la valeur-travail, théorie objective héritée de l'économie classique, pour celui d'utilité marginale, ou théorie subjective.

3. Überbrettl était le lieu de rencontre de la bohème berlinoise au tournant du XXe siècle. « Tandaradei » est le leitmotiv de « Sous le tilleul », écrit par ce premier grand poète en langue allemande.

4. Allusion au socialisme de la chaire (Kathedersozialismus).

5. L'emploi du terme « Aushöhlung [évidement, érosion] » n'est pas si usuel. Rosa Luxemburg se réfère aux théories révisionnistes, pour qui le but révolutionnaire n'étant plus rien il s'agit de vider de sa substance le capitalisme par le travail de sape du mouvement social-démocrate et l'affirmation de sa puissance économique. Au congrès de Hanovre, le 11 octobre 1899, au cours du débat sur les positions de Bernstein, Rosa Luxemburg avait eu cette pointe contre le réformiste Eduard David, qui venait de faire la veille et le jour même une intervention fleuve : « David a énoncé toute une théorie de l'évidement de la propriété capitaliste. Je ne sais pas si sa conception de la lutte socialiste mène effectivement à un tel évidement ; j'en doute fort. Mais il ne fait aucun doute qu'une telle conception présuppose un évidement de nos têtes. » (Protokoll1899, p. 172.)

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 13:25
A propos de Cuba et les Etats-Unis, lire "Le prix d'une victoire", article de Rosa Luxemburg.  Inédit en françaissur la guerre hispano-américaine et les débuts de l'impérialisme américain.

Traduction Dominique Villaeys-Poirré. 1988 - Publié sur ce blog 02.04.2014

LE PRIX D’UNE VICTOIRE – Leipziger Volkszeitung – 19 décembre 1898

 

Les négociations de paix entre l’Espagne et les Etats-Unis ont scellé la victoire de l’Union. L’Union nord-américaine reçoit un territoire de 4OO OOO km2 avec une population de 12 millions d’habitants, dont 7 millions de race jaune et un million de race noire.

 

 

Il est intéressant de se poser la question de savoir combien cette victoire a bien pu coûter aux Etats-Unis. Nous ne comptons pas les pertes en vies humaines car la victoire doit tout d’abord être mesurée à l’aune de ce qui a aujourd’hui la valeur la plus haut : l’argent.

 

Dès après l’explosion du Maine, le caractère inéluctable de la guerre est apparu clairement à chacun dans l’Union et les préparatifs de guerre ont été rapidement entamés. Aussitôt, le Congrès donna, le 8 mars, son accord pour engager un crédit de 50 millions de dollars pour la « défense nationale », mais ce crédit fut rapidement épuisé, en l’espace de quelques semaines. Les Etats-Unis dépensèrent 18 millions de dollars pour l’acquisition d’une flotte de 101 bâtiments. Certains croiseurs comme le « Haward » ou le « Yale » revinrent chacun, pour chaque jour de guerre à  2OOO dollars, et le « Saint-Louis » et le « Saint-Paul » à 25OO dollars. Tout aussi onéreux étaient les canons de la marine, puisque chaque boulet de 13 revenait à 500 dollars et chaque boulet de canon de 8 mm à 134 dollars

 

Les achats nécessaires au renouvellement complet du stock de munitions utilisées par la flotte occasionnèrent une dépense de 65 millions de dollars. La destruction de la flotte espagnole au large de Manille par l’Amiral Dewey a coûté un demi-million de dollars, celle de la flotte de Cevera de même, tandis que les pertes de l’Espagne en bâtiments au large de Santiago devraient se chiffrer aux alentours des 16,5 millions de dollars.

 

De plus, 125 OOO hommes ont été appelés sous les drapeaux dès le début de la guerre entraînant le quintuplement du budget des armées.

 

En tout, les dépenses de l’Union pour son armée et sa flotte durant toute la guerre ont atteint 1 25O OOO dollars par jour, alors qu’elles se montent à 25O OOO en temps de paix..

 

Le crédit de 2O millions de dollars approuvé en mars par le Congrès a donc été très rapidement épuisé et les crédits se sont succédés si bien que la somme allouée se monte au total à 361 788 dollars. Quand il s’est agi de voter ces crédits, le Congrès patriotique, où l’influence discrète du trust de l’industrie sucrière joue un grand rôle, l’a fait avec toujours le plus grand enthousiasme. Mais il fallait bien aussi que ces crédits soient couverts par des liquidités. Et qui allait payer, si ce n’est  la grande masse du peuple des Etats-Unis.

 

Le prélèvement des fonds patriotiques pour les besoins de la guerre fut organisé de deux façons. D’abord grâce à ce moyen efficace que constituent pour tout gouvernement capitaliste, les impôts indirects. Dès la déclaration de guerre, l’impôt sur la bière fut doublé, ce qui permit de récolter une somme totale de 3O millions de dollars. Les taxes supplémentaires sur le tabac rapportèrent 6 millions de dollars, le nouvel impôt sur le thé 10 millions et l’augmentation de la taxe d’affranchissement 92. En tout, les ressources provenant des impôts indirects s’élevèrent à 15O millions de dollars supplémentaires. Cependant il fallait en trouver encore 200 millions et le gouvernement des Etats-Unis eut recours à l’émission d’un emprunt national à 5% sur 2O ans. Mais cet emprunt devait aussi permettre de prendre l’argent des gens modestes, c’est pourquoi l’on organisa cette opération avec un luxe inhabituel à grands renforts de coups de cymbales et de roulements de tambours.

 

La circulaire annonçant cet emprunt patriotique fut adressée à toutes les banques, à tous les bureaux de poste et aux 24 OOO journaux. Et « le petit gibier » s’y laissa prendre. Plus de la moitié de l’emprunt, soit 1O millions de dollars fut couvert par la souscription de coupures inférieures à 500 dollars et le nombre total de souscripteurs atteignit le chiffre record de 32O OOO , tandis que par exemple le précédent emprunt émis sous Cleveland n’en avait rassemblé que 5O 7OO. Cette fois-ci, les économies des petits épargnants affluèrent, attirées par tout ce vacarme patriotique, elles sortirent de tous les recoins et des bas de laine les plus cachés pour aller remplir les caisses du ministère de la Marine et de la Guerre. Ce sont directement les classes laborieuses et la petite-bourgoisie qui payèrent l’addition de leur propre poche.

 

Mais ne considérer le prix d’une guerre qu’à partir des fonds dépensés pour sa conduite reviendrait à voir les événements historiques à travers le petit bout de la lorgnette d’un petit boutiquier. La véritable addition à payer pour la victoire sur l’Espagne, l’Union va devoir la régler maintenant et elle dépassera la première.

 

Avec l’annexion des Philippines, les Etats-Unis ont cessé d’être une puissance uniquement européenne pour devenir une puissance mondiale. Au principe défensif de la doctrine Monroe succède une politique mondiale offensive, une politique d’annexion de territoires se trouvant sur des continents étrangers. Mais cela signifie un bouleversement fondamental de l’ensemble de la politique étrangère de l’Union. Alors qu’elle avait jusqu’à présent à défendre simplement ses intérêts américains, elle a maintenant des intérêts en Asie, en Chine, en Australie et elle est entraînée dans des conflits politiques avec l’Angleterre, la Russie, l’Allemagne, elle est impliquée dans tous les grands problèmes mondiaux et soumise au risque de nouvelles guerres. L’ère du développement interne et de la paix est terminée et une nouvelle page s’ouvre sur laquelle l’histoire pourra inscrire les événements les plus inattendus et les plus étranges.

 

Dès maintenant, l’Union nord-américaine doit procéder à une réorganisation de fond de son armée pour défendre les nouveaux territoires qu’elle a acquis. Jusqu’à présent, elle disposait d’une armée modeste (30 OOO hommes dont 12 OOO pour l’infanterie, 6OOO pour la cavalerie, 4OOO pour l’artillerie, 8OOO fonctionnaires et 6O batteries) et d’une flotte d’importance secondaire (81 bâtiments représentant un tonnage de 230 OOO tonnes, 18 amiraux, 12 OOO matelots et 75O mousses.)

 

Il lui faut à présent procéder à une augmentation énorme de son armée de terre et de sa flotte. A Cuba et à Porto Rico, il lui faudra entretenir au minimum 40 à 50 OOO hommes et au moins autant aux Philippines. En bref, l’Union devra certainement augmenter les effectifs de son armée permanente pour les porter à 15O OOO voire 2OO OOO hommes. Cependant, une telle armée ne pourra pas être constituée sur la base du système actuellement en vigueur aux Etats-Unis. Aussi passera-t-on probablement au système européen du service militaire et de l’armée permanente dans les délais les plus brefs ; ainsi l’Union pourra-t-elle fêter solennellement son entrée dans le véritable système militariste.

 

De même la flotte américaine ne pourra pas en rester à ses modestes dimensions actuelles. Les Etats-Unis doivent s’imposer maintenant aussi bien sur l’Océan Atlantique que sur l’Océan Pacifique. Ils se voient donc contraints de rivaliser avec les puissances européennes et surtout avec l’Angleterre et devront donc très bientôt constituer une flotte de tout premier rang. En même temps que la politique mondiale, entrent aussi aux Etats-Unis ses jumeaux inséparables : le militarisme et les intérêts maritimes. L’avenir des Etats-Unis va donc aussi se jouer « sur mer » et les eaux profondes des océans lointains paraissent bien troubles.

 

Non seulement l’organisation militaire mais aussi la vie économique et la vie intérieure vont être profondément modifiées par les conséquences de cette guerre. Soit les nouveaux territoires ne seront pas intégrés comme pays membres de l’Union avec les mêmes droits et alors les Etats-Unis qui étaient édifiés sur une base démocratique se transformeront en Etat tyran. Et l’on peut avoir une petite idée de la façon dont cette domination va s’exercer en se rappelant les premières années qui ont suivi la Guerre de Sécession où les Etats du Sud étaient gouvernés par ceux du Nord et soumis à un régime sans scrupule de pilleurs (carpet-badgeur). Il n’est pas nécessaire de montrer plus avant les effets que peut avoir la domination sur des territoires étrangers, même exercée de manière plus humaine, même dans un pays démocratique, ni comment les fondements de la démocratie sont progressivement remis en question laissant place à la corruption politique.

 

Soit les territoires seront intégrés à l’Union et au Congrès en tant qu’Etat avec les mêmes droits  que les autres. Mais on peut se demander quelles conséquences cet afflux d’un courant si profondément différent aura sur la vie politique américaine ; seuls les Dieux peuvent répondre à cette question. La question peut aussi être aisément formulée comme le fit Carlile (l’ancien secrétaire au Trésor de Cleveland) dans le magazine Harper : « La question n’est pas de savoir ce que nous ferons des Philippins, mais ce que les Philippins feront de nous ».

 

Dans ce dernier cas surgit une autre question importante. Si les habitants des Philippines, sont considérés comme des citoyens ayant les mêmes droits, leur immigration vers les Etats-Unis ne pourra être interdite du fait même de la Constitution des Etats-Unis  Mais apparaît alors le fantôme menaçant du « péril jaune », la concurrence des Malais des Philippines et des Chinois qui y sont en grand nombre. Pour prévenir ce danger, une voie médiane est proposée : faire des pays annexés un protectorat ou quelque chose de semblable afin de pouvoir traiter au moins ces territoires comme des pays étrangers. Mais il est clair qu’il s’agirait alors d’un compromis et qu’il ne s’agirait que d’une phase de transition, qui se développera ensuite, soit vers une domination pleine et entière, soit vers une pleine et entière égalité des droits.

 

Mais on peut s’attendre encore dès maintenant à d’autres conséquences économiques et politiques suite à cette victoire. Du fait de leur entrée dans cette ère nouvelle de la grande politique navale, les Etats-Unis ressentent le besoin d’une liaison rapide entre les deux océans où ils ont des intérêts. La guerre avec l’Espagne a montré le caractère insupportable du détour forcé que constitue le contournement du continent américain. Aussi l’on s’achemine de plus en plus vers le creusement du Canal du Nicaragua. D’où l’intérêt de l’Union du Nord  pour l’Amérique centrale et le désir d’y prendre pied. En Angleterre, on a compris cela et l’on voit ce qui va se passer avec une résignation forcée. « Il est absurde et de plus très dangereux », écrit le journal anglais l’Economiste, « de vouloir se battre contre les faits, et c’est un fait que si les Etats-Unis veulent établir leur domination sur les côtes de l’Amérique centrale, leur situation géographique leur rendra cette domination possible. » La victoire sur l’Espagne entraîne donc des bouleversements pour l’Union, non seulement pour ce qui concerne sa position par rapport à la politique mondiale mais encore en Amérique même. D’autres effets encore inconnus pour l’instant devraient se faire sentir.

 

Ainsi, l’Union nord-américaine doit-elle faire face à une situation tout à fait nouvelle dans les domaines militaire, politique et économique, suite à sa guerre victorieuse. Et si l’on considère l’avenir, totalement imprévisible pour ce qui concerne l’Union, on est tenté de s’écrier pour résumer le prix de cette victoire : vae victori ! (Malheur aux vainqueurs !).

 

Ces bouleversements actuels des conditions d’existence des Etats-Unis ne tombent pas du ciel. Le saut politique vers la guerre a été précédé par de lents et imperceptibles changements économiques. La révolution ayant lieu dans les conditions politiques exacerbées est le fruit d’une évolution capitaliste progressant doucement durant la première décennie. Les Etats-Unis sont devenus un Etat industriel exportateur.

 

« Nos exportations » déclare Monsieur Gage, le secrétaire d’Etat au Trésor dans son rapport trisannuel, « se sont montées à 246 297 OOO livres sterling et nos importations à seulement 123 210 OOO livres ». Pour la première fois de notre histoire », constate-t-il avec fierté, « nos exportations de produits manufacturés ont dépassé nos importations ». C’est ce rapide essor économique qui a produit l’enthousiasme pour la guerre d’annexion menée contre l’Espagne, de même qu’il a permis de rassembler les fonds pour en assumer le coût. La bourgeoisie américaine comprend très bien elle aussi la dialectique de son histoire.

 

« La volonté de nous imposer sur le marché mondial », écrit le journal new-yorkais « Banker’s Magazine » a développé depuis longtemps le désir d’une « strong foreign policy » (d’une politique extérieure forte). L’Union devait devenir « a world power » (une puissance mondiale).

 

Si l’explosion sur le Maine pouvait donc être le fruit d’un hasard, la guerre avec l’Espagne, elle, ne l’était pas. Et la politique mondiale l’est encore moins.

 

Nous, qui avec Goethe trouvons « que toute ce qui existe est digne de disparaître » et qui considérons avec intérêt l’état des choses actuel, nous ne pouvons qu’être satisfaits  du cours des événements.

 

L’histoire a donné un fort coup d’éperon à son poulain et celui-ci a fait un prodigieux bond en avant. Mais pour ce qui nous concerne, nous préférons toujours un galop vif et joyeux à un trot endormi. Nous n’en arriverons que plus rapidement au but.

 

Mais comme il apparaît comique, face à ces gigantesques bouleversements qui ont lieu dans l’autre hémisphère et qui ont provoqué un ouragan politique impressionnant, le raisonnement de ceux qui, en s’appuyant sur une décennie de statistiques dans le monde, affirment que l’ordre capitaliste est maintenant établi pour un temps indéfini et que cet ordre reposerait sur une base inébranlable. Ils font penser à cette grenouille qui considérant le calme régnant dans son étang boueux, explique que la terre s’est arrêtée de tourner parce qu’elle ne voit aucun souffle de vent agiter la surface verte de cet étang. Mais les événements historiques concernent un bien plus vaste morceau de terre que ce que l’on peut voir en se plaçant dans la perspective (digne de cette grenouille) de la politique « réaliste ».

 

 

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 13:24
Sur le site "Les matérialistes"

Sur le site "Les matérialistes"

Le congrès affirme :

                                                            

L'immigration et l'émigration des travailleurs sont autant inséparables de l'essence du capitalisme que le chômage, la surproduction et la sous-consommation des travailleurs. Il s'agit souvent d'un moyen de réduire la part des travailleurs dans la production du travail et elles prennent à certains moments des dimensions anormales, par les poursuites politiques, religieuses et nationales.

Concernant l'aide face aux conséquences menaçantes, pour les masses travailleuses, de l'émigration et de l'immigration, le congrès se refuse à prendre en considération de quelconques lois d'exception économiques ou politiques, étant donné que celles-ci sont improductives et dans leur essence même réactionnaires, en particulier dans une limitation des autorisations et une exclusion de nationalités ou de races étrangères.

A l'opposé, le congrès se positionne pour le devoir des masses travailleuses organisées à se défendre contre l'abaissement des conditions de vie, survenant de plusieurs manières, qui suit l'importation de masse de travailleurs inorganisés, et affirme que c'est, de plus, leur devoir d'empêcher que soient utilisés par intermittence des briseurs de grèves .

Le congrès reconnaît les difficultés qui naissent dans beaucoup de cas pour le prolétariat d'un pays étant à un haut niveau de développement du capitalisme en raison de l'immigration passive de travailleurs inorganisés et habitués à un niveau de vue plus bas venant de pays avec une culture surtout agraire et paysanne, tout comme les dangers qui naissent pour lui d'une certaine forme d'immigration.

Il ne voit cependant pas comme une forme appropriée de lutte, et même condamnable du point de vue de la solidarité prolétarienne, l'exclusion de certaines nations ou races de l'immigration.

Il conseille, partant de là, les mesures suivantes :

 

I. Pour le pays d'immigration

1. Interdiction de l'exportation et de l'importation des travailleurs qui ont signé un contrat accordant [à l'employeur] la libre disposition de leur force de travail tout comme de leurs salaires.

2. Protection ouvrière au moyen de la loi par la réduction de la journée de travail, mise en place d'un salaire minimal, abolition de la rémunération à la pièce et établissement de règles pour le travail à domicile.

3. Abolition de toutes les limitations excluant ou rendant l'accès difficile à certaines nationalités ou races la résidence dans un pays et les droits sociaux, politiques et économiques des natifs, facilitation la plus large de la naturalisation.

4. Pour les syndicats de tous les pays, les principes suivants doivent avoir une valeur générale :

a) accès sans aucune restriction des travailleurs immigrés dans les syndicats de tous les pays,

b) facilitation de l'entrée [dans les syndicats] par des cotisations à un tarif adapté,

c) transfert sans paiement de l'organisation d'un pays à une autre lorsque toutes les conditions d'appartenance à l'organisation d'un pays précédente sont établies,

d) établissement de cartels syndicaux internationaux, qui rendra possible une application internationale de ces principes et nécessités.

5. Soutien aux organisations syndicales des pays où est recruté en première ligne l'immigration.

II. Pour le pays d'émigration :

1. Agitation syndicale la plus vive.

2. Instruction des travailleurs et de l'opinion publique sur l'état véritable conditions de travail dans les pays d'immigration.

3. Accord le plus vif des syndicats avec ceux des pays d'immigration concernant une action conjointe dans la question de l'immigration et de l'émigration.

4. Etant donné que l'émigration des travailleurs est, qui plus est, souvent simulé artificiellement par les compagnies ferroviaires et de navigation, par des spéculateurs terriens et autres entreprises mensongères, par la diffusion de fausses et mensongères promesses, le congrès exige la surveillance des agences de navigation des bureaux d'émigration, éventuellement pas des mesures légales ou administratives, afin d'empêcher que l'émigration soit abusée par les intérêts de telles entreprises capitalistes.

III. Une nouvelle réglementation des transports, en particulier par bateau, la surveillance des décisions par des inspecteurs avec un pouvoir disciplinaire et issus des rangs des travailleurs organisés syndicalement du pays d'immigration comme celui d'émigration. Mesures sociales pour les immigrants nouvellement arrivés, afin qu'ils ne tombent pas dès le départ dans l'exploitation des escrocs du capital.

Étant donné que le transport des émigrants ne peut être réglé que sur une base internationale, le congrès demande au Bureau socialiste international de travailler à des propositions pour une nouvelle réglementation en ce domaine, où sont définies les installations et dispositions des bateaux ainsi que les espaces minimums revenant au minimum à chaque émigrant, et ici en accordant une place particulière à ce que chaque émigrant règle son passage directement avec l'entreprise, sans l'intervention d'entreprises intermédiaires quelconques.

Ces propositions sont à faire partager par les directions des partis dans le cadre législatif comme dans la propagande.

Résolution sur l'immigration et l'émigration du congrès socialiste international, Stuttgart 1907

Lire aussi: http://barthes.enssib.fr/clio/revues/AHI/ressources/documents/international.html

 

Congrès des internationales ouvrières, résolutions, motions, comptes rendus relatifs à la question immigrée.

Documents rassemblés et présentés par C. PIERRE, docteur en Histoire.

Congrès de la IIe Internationale, Amsterdam, 14-20 août 1904.

Une résolution est d’abord proposée par la Commission. Le rapporteur est Ugarte (Argentine).

Le Congrès déclare que l’ouvrier émigrant est la victime du régime capitaliste, qui le force souvent à l’expatriation pour s’assurer péniblement l’existence et la liberté; Que les ouvriers émigrés ont souvent en vue de supplanter les grévistes, ce qui a pour résultats des conflits quelquefois sanglants entre ouvriers de nations différentes. Le Congrès condamne toute mesure législative ayant pour objet d’empêcher l’émigration.

Il déclare qu’une propagande tendant à éclairer les émigrants attirés artificiellement par les entrepreneurs de la classe capitaliste, abusant de renseignements souvent faux, paraît d’une absolue nécessité.
Il est convaincu que, grâce à la propagande socialiste et par l’organisation ouvrière, les émigrants se rangeront après quelques temps du côté des ouvriers organisés des pays d’émigration et exigeront des salaires légaux.

Le Congrès déclare, en outre, qu’il est utile que les représentants socialistes dans les Parlements demandent que les gouvernements combattent par un contrôle sévère et efficace les nombreux abus auxquels l’émigration donne lieu, et qu’ils proposent des mesures tendant à réformer la législation, afin que les ouvriers émigrés acquièrent aussitôt que possible les droits politiques et civils dans les pays d’émigration et qu’ils reprennent leurs droits aussitôt qu’ils retourneront dans leur pays, ou bien que les différents pays assurent aux émigrés les mêmes droits par les traités de réciprocité.

Le Congrès engage le Parti Socialiste et les Fédérations syndicales à travailler plus énergiquement qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent à étendre parmi les ouvriers émigrés la propagande de l’organisation ouvrière et de solidarité internationale.?

Puis une seconde proposition est proposée par H. van Kol (Hollande), Morris Hillquit (USA), Claude Thompson (Australie), H. Schlüter (USA), A. Lee (USA), et P.H. Verdorst (Hollande). (Amsterdam, 1904).

Le Congrès, tout en tenant compte des dangers qui découlent de l’immigration d’ouvriers étrangers, vu que ceux-ci causent souvent une baisse des salaires, l’emploi des jaunes et quelquefois même des combats sanglants entre les ouvriers, déclare que par l’influence de l’agitation socialiste et syndicale, les ouvriers immigrés prendront après quelques temps le parti des ouvriers indigènes et réclameront le même salaire que ceux-ci.
Par conséquent le Congrès condamne toute loi qui défend ou empêche l’immigration d’ouvriers étrangers que la misère oblige à émigrer.

Le Congrès considérant ensuite que des ouvriers de nationalités arriérées, comme les Chinois, les Nègres, etc., sont souvent importés par des capitalistes pour nuire aux ouvriers indigènes en travaillant pour un minimum de salaires et que ceux-ci se laissant exploiter vivent dans une sorte d’esclavage, déclare que la social-démocratie doit combattre de toutes ses forces l’emploi de ce moyen qui sert à détruire l’organisation des ouvriers et par là à arrêter le progrès et la réalisation du socialisme.

(A l’issue de débats et de désaccords, le Président annonce que la commision et Hillquit retirent leurs résolutions, et que l’on remet la question au prochain congrès; mais il propose d’émettre le voeu que les syndicats rendraient l’acceptation d’étrangers le plus facile possible)

Congrès de la IIe Internationale, août 1907.

Henri de la Porte écrit Les Leçons de Stuttgart en octobre 1908.

L'émigration et l’immigration  : 
 J’ai déjà dit que cette question me paraissait être celle qui, avec la question coloniale, devait d’ici peu prendre la première place dans les préoccupations de l’Internationale.

Aucune, en effet, ne soulève plus complètement les graves problèmes qui doivent bouleverser le monde. A côté d’elle, comme à côté de la question coloniale, les conflits internationaux ou les conflits constitutionnels, passent au second plan. Ils ne sont que l’effet.

L’immigration (comme à l’heure présente pour les Japonais aux Etats-Unis d’Amérique) et l’expansion coloniale (comme l’affaire marocaine), dérivés directement du capitalisme, sont la cause, - on ne peut même pas dire le prétexte. Et c’est vraiment là qu’au fond gît toute la raison et toute la force de l’internationalisme socialiste. (...) C’est sur le terrain des rapports entre peuples, - colonisation ou immigration, - que se pose dans son ampleur tout le vaste problème humain, et que s’établit la valeur de l’Internationale travailleuse contre le Capitalisme cosmopolite sur l’immense champ de bataille de l’Humanité.

(...) L’unanimité du Congrès ne se produisit qu’après de substantiels débats (...). C’est dire l’importance de la résolution. (...)
Cependant de dangereuses déviations menaçaient.

 Sous le couvert de conditions particulières à certains pays (toujours!), des délégués, bien intentionnés sans doute, mais terriblement aveugles proposaient, contre l’immigration, des propositions de caractère nettement antiinternationaliste; inquiets sans doute d’un danger de concurrence, ils négligeaient le point de vue marxiste et se laissaient entraîner par l’opinion courante de leur pays à une révolte instinctive, antiscientifique et antisocialiste de protection? chauvine. (...) (...)

Chinois, Japonais, Italiens, Allemands, Français ou Belges, tous les immigrants arrivant dans un pays ne sont pas à priori des sarrazins;. Le devoir des socialistes en tous cas n’est pas de se prêter à la guerre interprolétarienne entre travailleurs de différentes races, - ce qui favorise, par la concurrence entre exploités, l’intérêt des capitalistes et des employeurs. Le devoir est de tout faire pour étendre entre indigènes et immigrés le lien syndical. Le devoir, loin d’être d’éloigner du syndicat et de l’organisation ouvrière les nouveaux venus, est au contraire de tout faire pour les y amener. Le devoir, comme allait le dire le rapporteur, est de protéger aussi bien l’ouvrier indigène que l’ouvrier immigrant.

Résolution du Congrès de la IIe Internationale approuvée à l’unanimité, Stuttgart, août 1907  : 

L'immigration et l’émigration des travailleurs sont des phénomènes aussi inséparables du capitalisme que le chômage, la surproduction, la sous consommation  :  elles sont souvent l’un des moyens dont le capitalisme dispose pour réduire la part des travailleurs dans les produits de leur travail et prennent parfois des proportions anormales par suite de persécutions politiques, religieuses ou nationalistes. Le Congrès ne peut considérer comme des moyens d’écarter le danger éventuel dont l’émigration et l’immigration menacent la classe ouvrière, ni les mesures exceptionnelles quelconques, économiques ou politiques, parce qu’elles sont inefficaces et essentiellement réactionnaires, ni spécialement une restriction de la libre circulation, ni une exclusion des individus appartenant à des nationalités ou à des races étrangères.

Par contre, le Congrès déclare qu’il est du devoir de la classe ouvrière organisée de s’opposer à la dépression fréquente de leur niveau de vie par suite de l’importation en masse de travailleurs inorganisés; il déclare de même qu’il est de leur devoir d’empêcher l’importation ou l’exportation des sarrazins.

Le Congrès reconnaît les difficultés créées dans beaucoup de cas pour le prolétariat par l’immigration en masse d’ouvriers inorganisés, habitués à un niveau de vie inférieur, et originaires principalement de pays agraires ou à économie familiale, ainsi que les dangers provoqués par certaines formes de l’émigration; Il considère, du reste, en se plaçant au point de vue de la solidarité prolétarienne, l’exclusion d’individus de nationalités ou de races déterminées comme une mesure inadmissible dans ce but ;

Par ces motifs, il préconise les mesures suivantes  : 

I. Dans les pays d’immigration  : 

  • 1) Défense de l’importation d’ouvriers à contrats qui les empêchent de disposer librement de leur force de travail et de leurs salaires;
  • 2) Protection légale par l’introduction d’une journée normale de travail, d’un salaire minimum, de la suppression du sweating system et de la réglementation du travail à domicile, d’une surveillance sévère des conditions hygiéniques et des habitations;
  • 3) Suppression de toutes les restrictions qui excluent et rendent plus difficiles à des nationalités ou des races déterminées, le séjour dans un pays, la jouissance des droits sociaux, politiques et économiques et facilités données pour la naturalisation;
  • 4) Pour les syndicats de tous les pays, les principes suivants seront d’application générale  : 
    • 1)Accès sans restriction des ouvriers émigrants dans les syndicats de tous les pays;
    • 2)Facilité d’accès par la fixation d’une cotisation raisonnable;
    • 3)Passage gratuit d’une organisation nationale dans une autre, sous condition complète des obligations envers l’organistion nationale;
    • 4)Création d’un cartel syndical international qui déterminera une réglementation précise et conforme à ces diverses prescriptions et assurera l’exécution des présents principes et mesures;
    • 5)Aide en faveur des organisations syndicales des pays où l’émigration se produit principalement;

II. Dans les pays d’émigration  : 

  • 1)Propagande syndicale active;
  • 2 Renseignements donnés avec publicité sur la véritable situation des conditions du travail dans les pays à immigration;
  • 3)Accord intime des syndicats des pays d’émigration et d’immigration afin d’aboutir à une action commune au sujet des questions d’émigration et d’immigration;
  • 4)Attendu qu’en outre, l’émigration des travailleurs est souvent stimulée artificiellement par des compagnies de chemins de fer et de navigation, par des spéculateurs terriens et d’autres entreprises d’escroqueries, par des promesses fausses et mensongères, le Congrès demande  :  Surveillance des agences de navigation et des bureaux d’émigration, éventuellement mesures légales et administratives contre ceux-ci, afin d’empêcher que l’émigration soit organisée dans l’intérêt d’entreprises capitalistes;

 III. Réglementation nouvelle de l’industrie des transports, spécialement par navires. Surveillance de l’exécution des règles admises par des inspecteurs avec pouvoirs discrétionnaires, à choisir parmi les ouvriers organisés des pays d’immigration et d’émigration;

Mesures préventives en faveur des émigrants à leur arrivée, afin qu’ils ne soient pas livrés à l’exploitation des parasites du capitalisme (corsaires du capitalisme). Comme le transport des émigrants ne peut être réglé légalement que sur une base internationale, le Congrès charge le Bureau socialiste international de préparer des propositions pour la réglementation nouvelle de cette matière, dans lesquelles on fixera la disposition et l’installation des navires, ainsi que le cube d’air minimum par passager, et on donnera une importance spéciale à ce que les émigrants traitent de leur passage directement avec les entreprises de transports sans intervention d’intermédiaires quelconques. Ces propositions seront communiqués aux diverses directions des Partis socialistes dans le but d’en amener l’application législative et de les faire servir à la propagande.

Conférence internationale des secrétaires de centrales syndicales, tenue à Christiana, les 15 et 16 septembre 1907

Le journal des correspondances, numéro 12, décembre 1907, pp. 154-155.

La conférence condamne les ouvriers ou les groupes d’ouvriers qui, en cas de conflit, se rendent aux pays où les ouvriers sont en lutte, y prennent la place des grévistes ou lock-outés. Les patrons capitalistes pratiquant maintenant cette méthode d’aller trouver des ouvriers traîtres dans les autres pays, la conférence recommande donc aux représentants des organisations syndicales d’y attirer l’attention des Centres nationaux des pays respectifs et d’y proposer de publier les noms des traîtres à l’étranger pour y trahir leurs frères de travail (...)

(...) La conférence recommande ensuite que les députés socialistes de tous les pays, où il y a des députés socialistes, soumettent au Parlement des lois empêchant l’exportation des sarrazins (...).

K. Kautsky, Le programme socialiste, 1909.

(Pierre Saly, Alice Gérard, Céline Gervais, Marie-Pierre Rey, Nations et nationalismes, Armand Colin, Paris, 1996, p. 243.)

Pour les ouvriers des pays qui jouissent d’une existence supérieure et de meilleures conditions de travail, où par la suite l’immigration dépasse l’émigration, cet internationalisme cause de nombreux inconvénients et provoque même des dangers. Il est incontestable, en effet, que ces ouvriers qui occupent une situation élevée sont gênés dans leur lutte par la concurrence d’immigrants besogneux et sans force de résistance.

Dans certaines circonstances, cette concurrence, comme la rivalité des capitalistes appartenant à des nations différentes, peut envenimer les antagonismes nationaux; éveiller la haine nationale des travailleurs contre les prolétaires étrangers. Mais la lutte des nationalités qui dans les sphères bourgeoises est un phénomène constant ne peut être que passagère parmi les prolétaires.

Tôt ou tard, ceux-ci sont obligés de reconnaître, sinon par une autre voie, du moins au prix de cruelles espérances, que l’immigration de forces de travail peu coûteuses, provenant de régions arriérées, dans des pays économiquement avancés, est aussi nécessairement liée au mode de production capitaliste que l’introduction des machines, du travail de la femme et de l’enfant dans l’industrie. Cette immigration ne peut pas plus être empêchée que ces deux derniers phénomènes.

Le mouvement ouvrier d’un pays avancé souffre encore à un autre point de vue de l’état arriéré des travailleurs dans les pays étrangers  :  le degré d’exploitation que tolèrent ces derniers fournit aux capitalistes de la première nation un excellent prétexte, et même une raison solide de résister aux efforts des prolétaires pour améliorer leurs conditions de travail au moyen de la législation ou de  ??bres?conventions. D’une façon ou de l’autre, les ouvriers qui demeurent dans le pays comprennent que les progrès de leur lutte dépendent beaucoup des progrès de la classe ouvrière dans les autres pays. Si au commencement ils ressentent quelque mauvaise humeur contre les travailleurs étrangers, ils finissent par se convaincre qu’il n’est qu’un moyen efficace de remédier aux effets néfastes du peu de développement de l’étranger  :  il faut mettre un terme à cette infériorité. Les ouvriers allemands ont les meilleures raisons de souhaiter que les travailleurs slaves et italiens obtiennent à l’étranger comme dans leur patrie des salaires plus élevés et des journées plus courtes, et, s’il est possible, ils doivent agir en ce sens. Les ouvriers anglais ont le même intérêt vis-à-vis des travailleurs allemands ou autres, les américains vis-à-vis des européens. L’étroite dépendance où se trouve la lutte de classe menée par le prolétariat d’un pays à l’égard des luttes de classe des autres pays conduit nécessairement à une union étroite des fractions prolétariennes des différentes nations.

Les vestiges d’isolement national, de haine nationale, empruntés à la bourgeoisie par le prolétariat, disparaissent de plus en plus. La classe ouvrière se libère de plus en plus des préjugés nationaux. L’ouvrier apprend de plus en plus à reconnaître et à apprécier dans son compagnon de travail, quelle que soit d’ailleurs la langue qu’il parle, le compagnon de lutte, le camarade.

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 13:24
Au-delà de la beauté, le génocide des Hereros à la fin du XIXème siècel

Au-delà de la beauté, le génocide des Hereros à la fin du XIXème siècel

5 mars 1914              Die Proletarierin, Sozialistische Korespondenz, N° 27,

 

« Là-bas dans l’Afrique coloniale allemande, dans le désert du Kalahari blanchissent les os des femmes héréros, qui ont été poussées par la soldatesque allemande vers cette mort de faim et de soif. De l’autre côté de l’océan, parmi les hauts rochers de Putumayo, résonnent, sans être entendus par le reste du monde, les cris de mort des femmes indiennes martyrisées dans les plantations des capitalistes internationaux ».

 

Gesammelte Werke, Dietz Verlag, P 412. Traduction Dominique Villaeys-Poirré

Le génocide héréro a été reconnu en 2011. Lire les articles sur le blog.

 

Esclavage au Putumayo - https://lab.org.uk/the-putumayo-atrocities/ - https://assets.survivalinternational.org/pictures/1465/rubber-boom-uitoto_original.jpgEsclavage au Putumayo - https://lab.org.uk/the-putumayo-atrocities/ - https://assets.survivalinternational.org/pictures/1465/rubber-boom-uitoto_original.jpg

Esclavage au Putumayo - https://lab.org.uk/the-putumayo-atrocities/ - https://assets.survivalinternational.org/pictures/1465/rubber-boom-uitoto_original.jpg

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 13:24

Des revendications qui montrent en creux la dureté du travail des cheminots, et leur capacité à analyser leur situation de travailleurs. Ces grèves traverseront tout le monde capitaliste au XIXème siècle.

"ces esclaves salariés en uniforme, képi de service ou blouse de travail", Rosa Luxemburg.

"ces esclaves salariés en uniforme, képi de service ou blouse de travail", Rosa Luxemburg.

Illustration Jules GRANDJOUAN (1875 - 1968) : https://www.histoire-image.org/fr/etudes/syndicats-cheminots-greve-1910

Sur le mouvement des cheminots français, 21 août 1898

 

"Le mouvement des cheminots français nous est décrit d’un point de vue d’experts : « Le Syndicat national des travailleurs des chemins de fer de France et  des colonies », qui dénombre presque 100 000 membres, a établi une liste de treize revendications présentée aux directions des grandes compagnies  de chemin de fer. Ces revendications correspondent aux résolutions élaborées et adoptées par les cheminots, organisés lors des congrès de 1893, 1894 et 1895. La liste est la suivante :

 

1. Embauche définitive des ouvriers et des employés au terme d’un an de service.

 

2. Éligibilité à la retraite pour tous les cheminots et mise en place d’une pension couvrant les besoins en fonction du salaire et de la durée du service.

 

3. Hausse générale des salaires.

 

4. Baisse du temps de travail, excessivement long.

 

5. Suppression des journées de dix-huit et vingt-quatre heures lors du passage au service de jour au service de nuit.

 

6. Mise en place d’un jour de repos hebdomadaire et deux semaines de congés payés pour tous les cheminots.

 

7. Suspension totale de l’activité des gares de marchandises les dimanches et jours de fêtes.

 

8. Suppression des pénalités et interdiction du licenciement immédiat des ouvriers et des employés.

 

9. Éviction des sous-traitants, suppression du travail au rendement, du système de primes et de gratifications et hausse correspondante des salaires.

 

10. Garantie d’un système de promotion au sein du service avec des mesures rendant impossible l’avancement par favoritisme.

 

11. Trajets gratuits en 2ème classe sur tous les trains

 

12. Réforme des conditions et des mesures sanitaires en conformité avec les exigences d’hygiène et salles de repos convenables pour les gardiens, dortoirs, ateliers, bureaux etc, versement intégral du salaire aux cheminots malades ou accidentés.

 

13. Création d’un tribunal arbitral spécial pour les cheminots.

 

14. Interdiction de muter un employé ou un travailleur sans son consentement.

 

15. Réforme du règlement de service et donc du travail."

Rosa Luxemburg consacre deux articles à la grève des cheminots de 1898, ces "esclaves salariés en uniforme, képi de service ou blouse de travail". Elle montre ainsi son intérêt pour les luttes concrètes et elle intègre l'information à une réflexion plus large sur les formes de lutte : dans ces deux articles sur la grève générale. Ces deux articles peuvent être lus dans le tome 3 des Œuvres complètes de Rosa Luxemburg publiées aux Editions Agone par le Collectif Smolny. Ce tome "Le Socialisme en France" (1898-1912) a été établi par Jean-Numa Ducange

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 13:24
Prison de Breslau

Prison de Breslau

Rosa Luxemburg a été emprisonnée cinq fois. Elle écrit ce court texte alors qu'elle vient de sortir de trois ans et demi d'emprisonnements, pendant la guerre. Le blog a aussi traduit dernièrement un autre texte, la résolution contre la peine de mort rédigée pour le Congrès de Copenhague. Les deux textes ont été publiés dans le tome 7 des Gesammelte Werke, récemment paru aux éditions Dietz Verlag.

 

Son texte le plus connu sur ces thèmes est "Devoir d'honneur", largement traduit et diffusé.

Lettre de la prison de Wronke

Lettre de la prison de Wronke

Le toit rafistolé

 

 

Le Dr Kurt Rosenfeld, nouveau Ministre de la justice, se croit obligé, en tant que nouveau balayeur, de bien faire le ménage. Sa toute dernière ordonnance, devant le risque d’écroulement du toit sous lequel vit le capitalisme, concerne la rénovation du système carcéral qu’il estime indispensable. Parmi d’autres dispositions, l’obligation de se taire est supprimée, les règles concernant le courrier sont assouplies.

 

 

Si déjà l’on pense devoir garder ce système insensé qu’est le système carcéral, il y avait certainement des réformes plus importantes à entreprendre. N’y avait-il pas de possibilités de supprimer ce concentré d’exploitation capitaliste qu’est le travail en prison ? N’y avait-il pas la possibilité d’introduire, ce que même l’empire tsariste avait pu mettre en place, l’autogestion par les prisonniers ?

 

 

Mais peut-être faut-il avoir soi-même connu, pour savoir ce qui manque en prison.

Das geflickte Dach, Gesammelte Werke, Dietz Verlag, 2017, Tome 7/2, P 1116, Traduction pour le blog Dominique Villaeys-Poirré.

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 13:23
Rosa Luxemburg, les textes de janvier 1919

Der erste Parteitag - « Die Rote Fahne » vom 3. Januar 1919

 

Der revolutionäre Vortrupp des deutschen Proletariats hat sich zu einer selbständigen politischen Partei zusammengeschlossen. Die Gründung der Kommunistischen Partei Deutschlands ist erfolgt, wie die Spartakusgruppe es im Rahmen ihrer allgemeinen Auffassung von Anfang an zielbewußt anstrebte und voraussah, nicht als Konventikelangelegenheit, nicht als eine von einer Handvoll radikaler Führer aus freien Stücken und unter Ausschluß der Öffentlichkeit „gemachte“ Spaltung. Sie hat sich als natürliches Produkt der historischen Entwicklung, als Fragment im Werdegang der deutschen Revolution, somit als Erscheinung des politischen Lebens der proletarischen Massen ergeben. Die Gründung der Kommunistischen Partei knüpft sich an den Wendepunkt, der die erste Phase der deutschen Revolution abschließt und die zweite Phase eröffnet.

 

Die Illusionen des 9. November sind zerstört, seine Unzulänglichkeiten offen an den Tag getreten. Die entschleierte Gegenrevolution Ebert-Scheidemann auf dem einen Pol bedingt die hemmungslose und rücksichtslose Entrollung der revolutionären Fahne auf dem andern Pol, der schroffe Ruck nach rechts an der offiziellen Spitze des Reiches bedingt eine energische Orientierung nach links in den Fundamenten, in der Arbeiter- und Soldatenmasse.

 

Klärung der Gegensätze, Verschärfung des Kampfes, das Reifen und die Selbstbestimmung der Revolution, das sind die Momente, aus denen die Kommunistische Partei Deutschlands geboren und denen zu dienen sie ihrerseits berufen ist. Als Teilerscheinungen dieses Prozesses sind der Anschluß der Gruppen der Internationalen Kommunisten sowie die begonnenen Verhandlungen über den organisatorischen Zusammenschluß der neugegründeten Partei mit den revolutionären Obleuten und Vertrauensleuten der Berliner Großbetriebe zu werten. Haben auch die Verhandlungen für den Augenblick noch kein positives Ergebnis gezeitigt, so sind sie doch nur der Anfang eines ganz selbstverständlichen, unaufhaltsamen Prozesses der Vereinigung aller wirklich proletarischen und revolutionären Elemente in einem organisatorischen Rahmen. Daß die revolutionären Obleute Groß-Berlins, die moralischen Vertreter des Kerntrupps des Berliner Proletariats, mit dem Spartakusbund zusammengehen, hat die Zusammenwirkung beider Teile in allen bisherigen revolutionären Aktionen der Berliner Arbeiterschaft bewiesen. Solche durch Taten hergestellten Bande sind die einzig reale und wirkliche Basis des organisatorischen Zusammenschlusses, sie sind aus den Klasseninteressen der proletarischen Masse, aus dem Lebensinteresse der Revolution geboren, und darin liegt die Gewähr, daß die innere Logik der Dinge die revolutionären Ob- und Vertrauensleute über kurz oder lang in das einzige rein proletarisch-revolutionäre Lager, zur Kommunistischen Partei Deutschlands, führen wird. Die Hemmungen, die Unentschlossenheiten, die sich diesem Schritt zur Stunde noch in den Weg stellen, sind selbst ein Überbleibsel des Zersetzungs prozesses der USP, ein Rest der zerrüttenden und paralysierenden Halbheiten, an denen diese Partei zugrunde geht. Damit ist aber gegeben, daß die gesunden und wirklich revolutionären Elemente der USP auch über diesen letzten Rest hinweggehen werden, daß sie sich aus der erstickenden Atmosphäre der Partei, die in Wirklichkeit nur noch ein Kadaver ist, sehr bald dorthin werden retten müssen, wo der revolutionäre Kampf seinen klarsten und entschlossensten Ausdruck gefunden hat.

 

Zum geschlossenen Wirken ohne Zeitverlust ruft die Revolution in der Tat mit gebieterischer Stimme. Mit dem Übergang zu ihrer zweiten Phase hat sie die Aufgaben, die sie den Massen des Proletariats stellt, ins Ungemessene gesteigert, ihren Rahmen enorm erweitert, ihre revolutionäre Pflugschar tiefer in das Erdreich gebohrt. Der Umschlag der vorwiegend soldatischen Revolution des 9. November in eine ausgesprochene Arbeiterrevolution, der oberflächlichen, rein politischen Umwälzung in den langatmigen Prozeß der wirtschaftlichen Generalauseinandersetzung zwischen Arbeit und Kapital erfordert von der revolutionären Arbeiterklasse einen ganz anderen Grad der politischen Reife, Schulung, Zähigkeit, als wie sie der ersten anfänglichen Phase genügten.

 

Es gilt nunmehr, an Stelle der revolutionären Stimmung allenthalben die unbeugsame revolutionäre Überzeugung, an Stelle des Spontanen das Systematische zu setzen. Es gilt, um die ganze Summe der Erfahrungen der ersten Periode bereichert, nunmehr an die Fundamentlegung für den sozialistischen Bau heranzugehen. Es gilt, das A.- u. S.-Rätesystem aus einer Improvisation der Stunde zu jenem ehernen Panzer zu machen, der dem Proletariat alle öffentliche Macht der Gesellschaft sichert.

 

Und noch eins ! Was wir bisher seit dem 9. November erlebt haben, war eigentlich keine deutsche Revolution : Es war eine lange Reihe zersplitterter lokaler Revolutionen und Revolutiönchen, zum Teil nicht ohne operettenhafte Züge, in deren wirrem, buntem Bilde sich die ganze Musterkarte der deutschen Zerrissenheit und Zurückgebliebenheit und demgemäß auch die Zerrissenheit der revolutionären Armee des Proletariats spiegelt. Auch diese natürlichen Schwächen der Anfangsphase müssen überwunden werden. Die große einheitliche deutsche Revolution muß durch die politische und soziale Reife der proletarischen Massen in ganz Deutschland vorbereitet werden, durch die Vorantreibung der Bewegung über ihre lokalen Schranken und Zufälligkeiten zu dem gemeinsamen Ziel, auf die gemeinsame Kampffront.

 

Entgegen der traditionellen „Markstein“-Anpreisung des eben geschlossenen Parteitages und seines Werkes sei es offen gestanden, daß der Parteitag das ihm vorliegende enorme Werk nur bruchstückweise, nur andeutungsweise hat vollbringen können. Selbst ein Fragment der Revolution, teilt er auch darin ihr Los, sich keiner genügenden Gründlichkeit, keiner erschöpfenden Arbeit rühmen zu können.

 

Was er aber geleistet hat, scheint uns dennoch im Wesen das Wichtigste zu sein : Er hat die Summa unter den geschichtlichen Lehren der bisherigen Revolution gezogen, die großen Richtlinien der kommenden Entwicklung gewiesen, einen starken Appell an das Gesamtproletariat Deutschlands zum rücksichtslosen Kampf erhoben.

 

Der Geist, der aus den Delegierten aller Teile des Reiches sprach, läßt zuversichtlich hoffen, daß tüchtige Arbeit geleistet, daß der Appell nicht ohne Echo bleiben, daß die Kommunistische Partei Deutschlands als Stoßtrupp der proletarischen Revolution zum Totengräber der bürgerlichen Gesellschaft wird.

 

Jetzt gilt es, mit aller Kraft ans Werk zu gehen. Wie Liebknecht am Schluß seiner Ausführungen sagte :

 

Die grausamen politischen und sozialen Enttäuschungen, der Zusammensturz der kapitalistischen Wirtschaft, das sind die beredtesten Propagandisten der sozialen Revolution.

 

Unsere Aufgabe ist, diese Propaganda der objektiven Verhältnisse mit Klarheit, Energie und Begeisterung zu unterstützen und zu leiten. Das deutsche Proletariat zu dem gewaltigen Hammer zu schmieden, der die Klassenherrschaft zerschmettern wird, das ist die geschichtliche Mission der Kommunistischen Partei Deutschlands.


Quellen :

— ANONYME, «Die Rote Fahne» (Berlin), Nr.3 vom 3. Januar 1919 ;

— LUXEMBURG Rosa, Gesammelte Werke, Bd.4, Berlin, Dietz Verlag, 1990, S.512-515 ;

— Transkription u. HTML-Markierung : E.S. für Smolny.

 

http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=949

7. Jan 1919

Was machen die Führer?

 

8. Jan 1919

Versäumte Pflichten

 

11. Jan 1919

Das Versagen der Führer

 

13. Jan 1919

Kartenhäuser

 

14. Jan 1919

Die Ordnung herrscht in Berlin

 

 

Rosa Luxemburg, les textes de janvier 1919

Was machen die Führer? - (7. Januar 1919)

 


Die Rote Fahne (Berlin), Nr. 7 vom 7. Januar 1919. [1]
Rosa Luxemburg, Gesammelte Werke, Bd. 4 (6. überarbeitete Auflage), Berlin 2000, S. 516–518.
Mit freundlicher Genehmigung des Karl Dietz Verlag Berlin.
Transkription: Oliver Fleig und Sozialistische Klassiker.
HTML-Markierung: Einde O’Callaghan für das Marxists’ Internet Archive.


 

In der Glutatmosphäre der Revolution reifen Menschen und Dinge mit unheimlicher Schnelligkeit. Erst vor kurzen 3 Wochen, als die Reichskonferenz der A.- u. S.-Räte geschlossen wurde [2], schienen Ebert-Scheidemann im Zenit ihrer Macht zu stehen. Die Vertretung der revolutionären Arbeiter- und Soldatenmasse ganz Deutschlands hatte sich ihrer Führung blindlings ergeben. Die Einberufung der Nationalversammlung, die Aussperrung der „Straße“, die Degradierung des Vollzugsrats und mit ihm der A.- u. S.-Räte zu ohnmächtigen Scheinfiguren – welcher Triumph der Gegenrevolution auf der ganzen Linie! Die Früchte des 9. November schienen vertan und verspielt, die Bourgeoisie atmete wieder beruhigt auf, die Massen standen ratlos, entwaffnet, erbittert und doch zweifelnd da. Ebert-Scheidemann wähnten sich auf dem Gipfel der Macht.

Die blinden Toren! Noch sind keine zwanzig Tage seitdem verflossen, und ihre scheinbare Macht ist über Nacht ins Wanken geraten. Die Massen sind eben die wirkliche Macht, die reale Macht kraft ihrer Interessen, kraft der historischen Notwendigkeit, kraft des ehernen „Muss“ der Geschichte. Mag man ihr vorübergehend Fesseln anlegen, ihre Organisation formell jeder Macht berauben – sie braucht sich nur zu regen, nur ihr Rückgrat steif aufzurichten, schon hebt der Boden unter den Füßen der Gegenrevolution.

Wer die gestrige Massendemonstration in der Siegesallee miterlebt hat, wer diese felsenfeste revolutionäre Überzeugung, diese prächtige Stimmung, diese Tatkraft, die aus den Massen strömte, mit gespürt hat, der musste zu dem Schluss gelangen: Die Proletarier sind durch die Schule der letzten Wochen, der jüngsten Ereignisse politisch enorm gewachsen. Sie sind sich ihrer Macht bewusst geworden, und nichts fehlt ihnen, als von dieser Macht Gebrauch zu machen.

Die Ebert-Scheidemann und ihr Auftraggeber, die Bourgeoisie, die fortwährend über „Putsche“ zetern, erleben in diesen Stunden dieselbe Enttäuschung, wie sie einst der letzte Bourbone erlebt hat, dem auf seinen empörten Ruf über die „Rebellion“ des Pariser Volkes von seinem Minister die Antwort gegeben wurde: Herr, das ist keine Rebellion, das ist eine Revolution!

Ja, eine Revolution ist es, mit all ihrem äußeren wirren Verlauf, mit der abwechselnden Ebbe und Flut, mit momentanen Anläufen zur Machtergreifung und ebenso momentanen Rückläufen der revolutionären Sturzwelle. Und durch all diese scheinbaren Zickzackbewegungen setzt sich die Revolution Schritt um Schritt siegreich durch, schreitet sie unaufhaltsam vorwärts.

Die Masse muss eben im Kampfe selbst zu kämpfen, zu handeln lernen. Und man spürt heute: Die Arbeiterschaft Berlins hat in hohem Maße zu handeln gelernt, sie dürstet nach entschlossenen Taten, nach klaren Situationen, nach durchgreifenden Maßnahmen. Sie ist nicht mehr dieselbe wie am 9. November, sie weiß, was sie will und was sie soll.

Sind aber ihre Führer, die ausführenden Organe ihres Willens, auf der Höhe? Sind die revolutionären Obleute und Vertrauensleute der Großbetriebe, sind die radikalen Elemente der USP inzwischen an Tatkraft, Entschlossenheit gewachsen? Hat ihre Aktionsfähigkeit mit der wachsenden Energie der Massen Schritt gehalten?

Wir befürchten, diese Frage nicht mit einem glatten Ja beantworten zu können. Wir fürchten, die Führer sind noch dieselben, wie sie am 9. November waren, sie haben wenig hinzugelernt.

24 Stunden sind seit dem Anschlag der Ebert-Regierung gegen Eichhorn verflossen. [3] Die Massen sind dem Appell ihrer Führer mit Ungestüm gefolgt, sie haben die Wiedereinsetzung Eichhorns aus eigenen Kräften spontan durchgeführt, sie haben aus eigener Initiative spontan den Vorwärts besetzt, sich der bürgerlichen Redaktionen und des WTB [4] bemächtigt, sie haben sich, soweit es ging, bewaffnet. Sie warten auf weitere Weisungen und Handlungen ihrer Führer.

Was haben diese inzwischen getan, was beschlossen? Welche Maßnahmen haben sie ergriffen, um in der gespannten Situation, in der die Schicksale der Revolution zum mindesten für den nächsten Abschnitt entschieden werden, den Sieg der Revolution zu sichern? Wir sehen und hören nichts! Mag sein, dass die Vertrauensmänner der Arbeiterschaft gründlich und ausgiebig beraten. Jetzt gilt es aber zu handeln.

Die Ebert-Scheidemann verzetteln ihre Zeit sicher nicht mit Beratungen. Sie schlafen ganz gewiss nicht. Sie bereiten im stillen mit der üblichen Energie und Umsicht der Konterrevolutionäre ihre Zettelungen vor, sie schleifen ihr Schwert, um die Revolution zu überrumpeln, zu meucheln.

Andere, pflaumenweiche Elemente sind sicher schon fleißig am Werke, um „Verhandlungen“ anzubahnen, um Kompromisse herbeizuführen, um über den blutigen Abgrund, der sich zwischen der Arbeiter- und Soldatenmasse und der Regierung Eberts aufgetan, eine Brücke zu schlagen, um die Revolution zu einem „Vergleich“ mit ihren Todfeinden zu verleiten.

Da ist keine Zeit zu verlieren. Da müssen sofort durchgreifende Maßnahmen vorgenommen werden. Den Massen, den revolutionstreuen Soldaten müssen klare und rasche Direktiven gegeben, ihrer Energie, ihrer Kampflust müssen die richtigen Ziele gewiesen werden. Die schwankenden Elemente unter den Truppen können nur durch entschlossenes, klares Handeln der revolutionären Körperschaften für die heilige Sache des Volkes gewonnen werden.

Handeln! Handeln! Mutig, entschlossen, konsequent – das ist die verdammte Pflicht und Schuldigkeit der revolutionären Obleute und der ehrlich sozialistischen Parteiführer. Die Gegenrevolution entwaffnen, die Massen bewaffnen, alle Machtpositionen besetzen. Rasch handeln! Die Revolution verpflichtet. Ihre Stunden zählen in der Weltgeschichte für Monate und ihre Tage für Jahre. Mögen sich die Organe der Revolution ihrer hohen Pflichten bewusst sein!


Fußnoten

1. Dieser Artikel ist nicht gezeichnet. Clara Zetkin nennt in ihrer Arbeit Um Rosa Luxemburgs Stellung zur russischen Revolution (Hamburg 1922) Rosa Luxemburg als Verfasserin.

2. Vom 16. bis 21. Dezember 1918 tagte in Berlin der 1. Allgemeine Kongress der Arbeiter- und Soldatenräte Deutschlands, auf dem die Vertreter der SPD dominierten. Mit der Zustimmung, am 19. Januar 1919 die Wahlen zu einer Nationalversammlung durchzuführen, die die weitere Regelung übernehmen sollte, und der Wahl eines Zentralrats der Arbeiter- und Soldatenräte, dem nur das Recht zugebilligt wurde, wichtige Gesetzesvorlagen der Regierung zu beraten, entschied dieser Kongress in der Grundfrage der Revolution, Rätemacht oder bürgerliche Nationalversammlung, zugunsten des bürgerlichen Staates.

3. Am 4. Januar 1919 war der Berliner Polizeipräsident Emil Eichhorn, der dem linken Flügel der USPD angehörte, von der sozialdemokratischen Regierung als abgesetzt erklärt worden. Damit sollten die revolutionären Arbeiter und Soldaten Berlins zu unvorbereiteten bewaffneten Kämpfen provoziert werden. Die revolutionären Obleute, die Berliner Leitung der USPD und die Zentrale der KPD riefen gemeinsam die Werktätigen und Soldaten zu Aktionen für die Rücknahme der Absetzung Emil Eichhorn, für die Entwaffnung der Konterrevolution und die Bewaffnung der Arbeiter auf. Hunderttausende demonstrierten am 5. Januar In Berlin, formierten sich in der Siegesallee und marschierten zum Polizeipräsidium.

4. Wolffs Telegraphisches Büro.

 

https://www.marxists.org/deutsch/archiv/luxemburg/1919/01/fuehrer.htm

Rosa Luxemburg, les textes de janvier 1919

Versäumte Pflichten - (8. Januar 1919)

 


Die Rote Fahne (Berlin), Nr. 8 vom 8. Januar 1919. [1]
Rosa Luxemburg, Gesammelte Werke, Bd. 4 (6. überarbeitete Auflage), Berlin 2000, S. 519–522.
Mit freundlicher Genehmigung des Karl Dietz Verlag Berlin.
Transkription: Oliver Fleig und Sozialistische Klassiker.
HTML-Markierung: Einde O’Callaghan für das Marxists’ Internet Archive.


 

Seit dem 9. November prallt die revolutionäre Welle periodisch gegen dieselbe Mauer: die Regierung Ebert-Scheidemann. Der Anlass, die Form, die Tragkraft des Zusammenstoßes sind in jeder der revolutionären Krisen, die wir seit acht Wochen erlebt haben, verschieden. Aber der Ruf: Nieder mit Ebert-Scheidemann! ist das Leitmotiv aller bisherigen Krisen und die Losung, in die sie alle ausklingen, die Losung, die immer lauter, einmütiger, eindringlicher aus den Massen ertönt.

Das ist auch ganz natürlich. Die Fortentwicklung der Revolution laboriert an dem Grundfehler des 9. November: dass an die Spitze der revolutionären Regierung Leute gestellt worden sind, die bis zur letzten Minute alles getan hatten, was in ihren Kräften lag, um den Ausbruch der Revolution zu verhindern, und die sich nach dem Ausbruch an ihre Spitze mit der klaren Absicht gestellt haben, sie bei der nächsten passenden Gelegenheit abzuwürgen.

Soll die Revolution weiter ihren Gang gehen, soll sie Etappe für Etappe ihrer Entwicklung durchmachen, um ihre historischen Aufgaben: die Abschaffung der bürgerlichen Klassenherrschaft und die Verwirklichung des Sozialismus, zu erfüllen, dann muss die Mauer, die sich ihr entgegenstellt, die Regierung Ebert-Scheidemann, hinweggeräumt werden.

Um diese Spezialaufgabe wird sich die Revolution nicht herumdrücken können, in diese Aufgabe münden alle Erfahrungen der acht Wochen Revolutionsgeschichte aus. Die eigenen Provokationen der Ebert-Regierung: der 6. Dezember [2], die Vereidigung der Gardetruppen [3], der 24. Dezember [4], der jüngste Anschlag gegen das Polizeipräsidium [5], sie alle treiben die revolutionären Massen direkt vor die schroffe, nackte, unerbittliche Alternative: Entweder soll die Revolution ihren proletarischen Charakter, ihre sozialistische Mission preisgeben, oder Ebert-Scheidemann mit ihrem Anhang müssen von der Macht vertrieben werden.

Dies haben auch die breitesten Massen des Proletariats in Berlin und in den Hauptzentren der Revolution im Reiche begriffen. Diese klare, scharfe Erkenntnis, die sich im leidenschaftlichen gewaltigen Ruf aus Hunderttausenden von Kehlen jeden Augenblick losringt: Nieder mit Ebert-Scheidemann! das ist der Gewinn, die Reife, der Fortschritt, den uns die letzten Ereignisse eingebracht haben.

Was aber bei weitem nicht klar ist, worin noch die Schwäche und Unreife der Revolution an den Tag tritt, das ist die Frage, wie man den Kampf um die Wegräumung der Ebertschen Regierung führt, wie man die bereits erreichte Stufe der inneren Reife der Revolution in Taten und Machtverhältnisse umsetzt. Nichts hat diese Schwächen und Mängel so krass aufgezeigt wie die letzten drei Tage.

Die Regierung Ebert-Scheidemann hinwegräumen heißt nicht, ins Reichskanzlerpalais stürmen und die paar Leute verjagen oder festnehmen, es heißt vor allem, sämtliche tatsächliche Machtpositionen ergreifen und sie auch festhalten und gebrauchen.

Was haben wir aber in diesen drei Tagen erlebt? Alles, was wirklich an Positionen erobert worden ist: die Wiederbesetzung des Polizeipräsidiums, die Besetzung des Vorwärts, die Besetzung des WTB und der bürgerlichen Redaktionen, das alles war spontanes Werk der Massen. Was haben die Körperschaften daraus gemacht, die in diesen Tagen an der Spitze der Massen standen oder zu stehen vorgaben: die revolutionären Obleute und der Zentralvorstand den USP von Groß-Berlin? Die allerelementarsten Regeln der revolutionären Aktion haben sie vernachlässigt, als da sind:

  1. Wenn die Massen den Vorwärts besetzen, dann ist es Pflicht den revolutionären Obleute und des Zentralvorstands der USP von Groß-Berlin, die ja offiziell die Berliner Arbeiterschaft zu vertreten vorgeben, für sofortige Redaktionsführung im Sinne der revolutionären Arbeiterschaft Berlins zu sorgen. Wo sind denn die Redakteure geblieben? Was machen Däumig, Ledebour – Journalisten und Redakteure von Ruf und Beruf, die ja jetzt als die Linke der USP gar kein Organ besitzen, warum ließen sie die Massen im Stich? War es etwa dringenderes Geschäft, zu „beraten“, anstatt zu taten?
     
  2. Wenn die Massen das Wolffsche Telegraphenbüro besetzen, dann ist es nächste Pflicht der revolutionären Organe der Arbeiterschaft, sich des Telegraphenbüros für die Sache der Revolution zu bedienen, der Öffentlichkeit, den Massen der Genossen im Reich Nachricht zu geben über Dinge, die in Berlin vorgehen, sie über die Situation zu orientieren. Nur auf diese Weise kann geistiger Zusammenhang zwischen der Berliner Arbeiterschaft und der revolutionären Bewegung im ganzen Reiche hergestellt werden, ohne den die Revolution weder hier noch dort siegen kann.
     
  3. Wenn man gegen die Ebert-Scheidemannsche Regierung im schärfsten Kampfe steht, knüpft man nicht zugleich „Verhandlungen“ mit dieser selben Regierung an. Mögen die Haase-Leute: Oskar Cohn, die Zietz, Kautsky, Breitscheid und wie alle die schwankenden Gestalten heißen, jede Gelegenheit ergreifen, um mit den Ebert-Leuten, von denen sie sich schweren Herzens getrennt haben, schleunigst wieder Fäden anzuknüpfen. Die revolutionären Obleute ihrerseits, sie, die mit den Massen Fühlung haben, wissen sehr wohl, dass Ebert-Scheidemann Todfeinde der Revolution sind. Führt man mit einem Todfeind Verhandlungen? Diese Verhandlungen können ja nur zu zweierlei führen: entweder zu einem Kompromiss oder – was sicherer – bloß zu einer Verschleppung, die von den Ebert-Leuten ausgenutzt wird, um die brutalsten Gewaltmaßnahmen vorzubereiten.
     
  4. Wenn die Massen auf die Straße gerufen werden, um in Alarmbereitschaft zu sein, dann muss ihnen klar und deutlich gesagt werden, was sie zu tun haben, oder mindestens, was vorgeht, was von Freund und Feind getan und geplant wird. In Zeiten der revolutionären Krise gehören die Massen selbstverständlich auf die Straße. Sie sind der einzige Hort, die einzige Sicherheit der Revolution. Wenn die Revolution in Gefahr ist – und das ist sie jetzt in höchstem Maße! –, dann ist es Pflicht der proletarischen Massen, dort auf der Wacht zu sein, wo ihre Macht zum Ausdruck kommt: auf der Straße! Schon ihre Anwesenheit, ihr Kontakt miteinander ist eine Drohung und eine Warnung an alle offenen und versteckten Feinde der Revolution: Hütet euch!

Aber die Massen müssen eben nicht bloß gerufen, sondern auch politisch tätig sein. Sie müssen über alles, was getan und gelassen wird, zur Entscheidung gerufen werden. Haben die revolutionären Obleute, hat der Zentralvorstand der USP Groß-Berlins nicht für nötig gehalten, mit dem Entschluss, sich in „Verhandlungen“ mit Ebert-Scheidemann einzulassen, vor die in der Siegesallee versammelten Massen zu treten? Sie hätten eine so dröhnende Antwort zu hören bekommen, dass ihnen jede Lust zu Unterhandlungen vergangen wäre!

Die Massen sind bereit, jede revolutionäre Aktion zu unterstützen, für die Sache des Sozialismus durch Feuer und Wasser zu gehen. Man möge ihnen klare Parolen geben, eine konsequente, entschlossene Haltung weisen. Der Idealismus der Arbeiterschaft, die Revolutionstreue der Soldaten können nun durch Entschlossenheit und Klarheit den führenden Organe und ihrer Politik gestärkt werden. Und das ist heute eine Politik, die kein Schwanken, keine Halbheit, sondern nur das Leitmotiv kennt: Nieder mit Ebert-Scheidemann! Noch eine Lehre!

Deutschland war das klassische Land der Organisation und noch mehr des Organisationsfanatismus, ja des Organisationsdünkels. Um „Organisation“ willen hatte man den Geist, die Ziele, die Aktionsfähigkeit der Bewegung preisgegeben. [6] Und was erleben wir heute? In den wichtigsten Momenten der Revolution versagt vorerst das gerühmte „Organisationstalent“ in kläglichster Weise. Revolutionäre Aktionen zu organisieren ist eben noch ganz was anderes, als Reichstagswahlen oder Gewerbegesichtswahlen nach Schema F zu „organisieren“. Die Organisation der revolutionären Aktionen muss und kann eben nur in den Revolution selbst gelernt werden, wie das Schwimmen nur im Wasser gelernt wird. Dazu ist die geschichtliche Erfahrung da! Aber man soll eben aus der Erfahrung auch lernen.

Die Erfahrung den letzten drei Tage ruft den führenden Organen der Arbeiterschaft mit lauter Stimme zu: Redet nicht! Beratet nicht ewig! Unterhandelt nicht! Handelt!

Anmerkungen

1. Dieser Artikel ist nicht gezeichnet. Clara zetkin nennt in ihrer Arbeit Um Rosa Luxemburgs Stellung zur russischen Revolution (Hamburg 1922) Rosa Luxemburg als Verfasserin.

2. Organisiert vom sozialdemokratischen Berliner Stadtkommandanten Otto Wels, dem Generalkommando des Gardekorps, dem Kriegsministerium und dem Außwärtigen Amt, hatten am 6. Dezember 1918 von reaktionären Offizieren geführte Truppenteile einen Putschversuch unternommen. Sie verhafteten den Vollzugsrat der Berliner Arbeiter- und Soldatenräte, besetzten die Redaktion der Roten Fahne, riefen Friedrich Ebert zum Präsidenten und schossen in der Chausseestraße in eine unbewaffnete Demonstration, wobei sie 14 Personen töteten und weitere 30 verwundeten.

3. Am 10. Dezember 1918 waren von konterrevolutionären Offizieren geführte Gardetruppen, die bewaffnet in Berlin einzogen und von Friedrich Ebert, dem Berliner Oberbürgermeister Adolf Wermuth und dem Kriegsminister Heinrich Scheüch begrüßt wurden, auf die „Republik“ vereidigt wurde, wobei Generalleutnant Arnold Lequis den Eid für seine Offiziere und Mannschaften leistete.

4. Am 24. Dezember 1918 hatten konterrevolutionäre Truppen unter Führung von Generalleutnant Arnold Lequis die Volksmarinedivision in Schloss und Marstall in Berlin mit Artillerieunterstützung angegriffen. Dabei fanden 11 Matrosen und 56 Soldaten der Lequis-Truppen den Tod. Die kämpfenden Matrosen erhielten Waffenhilfe durch die Berliner Arbeiter. Dadurch brach der Angriff zusammen.

5. Am 4. Januar 1919 war der Berliner Polizeipräsident Emil Eichhorn, der dem linken Flügel der USPD angehörte, von der sozialdemokratischen Regierung als abgesetzt erklärt worden. Damit sollten die revolutionären Arbeiter und Soldaten Berlins zu unvorbereiteten bewaffneten Kämpfen provoziert werden. Die revolutionären Obleute, die Berliner Leitung der USPD und die Zentrale der KPD riefen gemeinsam die Werktätigen und Soldaten zu Aktionen für die Rücknahme der Ansetzung Emil Eichhorns, für die Entwaffnung der Konterrevolution und die Bewaffnung der Arbeiter auf. hunderttausende demonstrierten am 5. Januar in Berlin, formierten sich in der Siegesallee und marschierten zum Polizeipräsidium.

6. In der Quelle: freizugeben.

 

https://www.marxists.org/deutsch/archiv/luxemburg/1919/01/verpflicht.htm

 

Rosa Luxemburg, les textes de janvier 1919

Das Versagen der Führer - (11. Januar 1919)

 


Die Rote Fahne (Berlin), Nr. 11, 11. Januar 1919. [1]
Rosa Luxemburg, Gesammelte Werke, Bd. 4 (6. überarbeitete Auflage), Berlin 2000, S. 523–526.
Mit freundlicher Genehmigung des Karl Dietz Verlag Berlin.
Transkription/HTML-Markierung: Einde O’Callaghan für das Marxists’ Internet Archive.


 

Die Dinge in Berlin haben eine Wendung genommen, die die schärfste Kritik und die ernsteste Überlegung der Arbeitermassen herausfordern.

Wir haben im Laufe der letzten Tage mehrmals offen und deutlich ausgesprochen, daß die Führung der Berliner Massenbewegung sehr viel an Entschlossenheit, Tatkraft und revolutionärem Elan vermissen ließ. Wir haben klar herausgesagt, daß die Führung hinter der Reife und der Kampfbereitschaft der Massen weit zurücksteht. Wir haben sowohl innerhalb dieser führenden Körperschaften durch Initiative und Überredung, wie außerhalb – in der Roten Fahne – durch Kritik alles getan, um die Bewegung vorwärtszutreiben, um die revolutionären Obleute der Großbetriebe zum tatkräftigen Auftreten anzuspornen.

Doch alle Anstrengungen und Versuche sind schließlich an dem zaghaften und schwankenden Verhalten jener Körperschaft gescheitert. Nachdem man vier Tage lang die prächtigste Stimmung und Kampfenergie der Massen durch völlige Direktionslosigkeit hatte verzetteln und verpuffen lassen, nachdem man durch zweimalige Anknüpfung der Unterhandlungen mit der Regierung Ebert-Scheidemann die Aussichten des revolutionären Kampfes aufs schwerste erschüttert und die Position der Regierung aufs wirksamste gestärkt hatte, entschlossen sich die revolutionären Obleute endlich in der Nacht vom Mittwoch zum Donnerstag zum Abbruch der Unterhandlungen und zur Aufnahme des Kampfes auf der ganzen Linie. Die Parole Generalstreik wurde ausgegeben und der Ruf: Zu den Waffen!

Das war aber auch die einzige Leistung, zu der sich die revolutionären Obleute aufgerafft haben.

Es versteht sich von selbst, daß, wenn man die Parole zum Generalstreik und zur Bewaffnung in die Massen wirft, man alles tun muß, um die energischste Durchführung der Parole zu sichern. Nichts dergleichen ist von den Obleuten unternommen worden! Sie beruhigten sich bei der nackten Parole und – beschlossen gleich am Donnerstag abend, zum dritten Male in Unterhandlungen mit Ebert-Scheidemann einzutreten!

Diesmal gab die Einigungsbewegung [2], die unter den Arbeitern der Schwartzkopff-Leute und einiger anderer Großbetriebe in Fluß gekommen ist, den erwünschten Vorwand, um den eben in aller Form eingeleiteten Kampf wieder abzubrechen. Die Arbeiterschaft der Schwartzkopff-Werke, der AEG, der Knorr-Bremse gehört zu den Kerntruppen des Berliner revolutionären Proletariats, und ihre besten Absichten unterliegen gar keinem Zweifel. Die Arbeiterschaft ist aber in diesem Falle selbst das Objekt einer Mache, deren Drahtzieher die Haase-Leute: Oskar Cohn, Dittmann und andere sind. Indem diese Leute in demagogischster Weise mit den beliebten Schlagworten »Einigkeit«, »kein Blutvergießen« arbeiten, suchen sie die Kampfenergie der Massen zu lähmen, Verwirrung zu säen und die entscheidende Revolutionskrise in einem faulen Kompromiß mit der Gegenrevolution aufzulösen.

Es ist für jeden, der nicht getäuscht werden will, klar, daß dieser Einigungsrummel, den die USP inszeniert hat, der denkbar größte Dienst ist, den man in der gegenwärtigen Situation den Ebert-Scheidemann erweisen konnte. Selbst in der Luft hängend, vor der waghalsigen Kraftprobe mit der Arbeiterschaft zitternd, von den schwankenden Truppen nur noch halb und widerwillig gestützt, von der Bourgeoisie mißtrauisch angeknurrt, erlebten die Verräter des Sozialismus in den letzten Tagen die schwersten Stunden ihrer kurzen Regierungsherrlich[keit]. Das wuchtige Auftreten der Massen auf der Straße, die Wendung, die die eigene brutale Provokation der Regierung in der Eichhorn-Sache [3] genommen hat, war diesen Abenteurern über den Kopf gewachsen. Schon gaben sie sich halb verloren: das zeigte deutlich die ganze Unentschlossenheit, die tastende Unsicherheit ihrer gegenrevolutionären Maßnahmen in den letzten Tagen.

Da kamen ihnen als rettende Frist die Unterhandlungen und schließlich die Einigungsbewegung. Die USP erwies sich hier wieder als der rettende Engel der Gegenrevolution. Haase-Dittmann sind von der Regierung Eberts zurückgetreten [4], aber sie setzen auf der Straße dieselbe Politik des Feigenblatts der Scheidemänner fort.

Und die Linke der USP unterstützt und macht diese Politik mit! Die Bedingungen für die neuerdings beschlossenen Unterhandlungen mit der Regierung, die von den revolutionären Obleuten angenommen wurden, sind von Ledebour formuliert. Man verlangt von dieser Seite als Preis für die Kapitulation der Arbeiter unter anderem den Rücktritt der Personen Eberts, Scheidemanns, Noskes und Landsbergs von der Regierung. Als ob es sich hier um Personen, nicht um eine bestimmte Politik handelte! Als ob es nicht auf eine bloße Verwirrung und Irreführung der Massen hinausliefe, die typischen und berufenen Vertreter der infamen Politik der Scheidemänner von der Vorderbühne wegzuschieben und durch irgendwelche farblose Statisten zu ersetzen, die nur Strohmänner derselben Politik bleiben, während die Ebert-Scheidemann hinter den Kulissen als Drahtzieher wirken und sich so dem Gericht der Massen entziehen!

So oder anders läuft die ganze von der USP eingeleitete, von den revolutionären Obleuten mitgemachte Unterhandlungspolitik auf eine Kapitulation der revolutionären Arbeiterschaft, auf Vertuschung der inneren Gegensätze und Widersprüche hinaus. Es ist die Politik des 9. November, auf die die seit acht Wochen gereifte Situation und politische Eintracht der Massen zurückgeschraubt werden soll!

Die Kommunistische Partei macht diese beschämende Politik selbstverständlich nicht mit und lehnt jede Verantwortung für sie ab. Wir betrachten nach wie vor als unsere Pflicht, die Sache der Revolution vorwärtszutreiben, uns allen Verwirrungsversuchen mit eiserner Energie entgegenzustellen und durch rücksichtslose Kritik die Massen vor den Gefahren der Zauderpolitik der revolutionären Obleute wie der Sumpfpolitik der USP zu warnen.

Die Krise der letzten Tage ruft den Massen Lehren von höchster Wichtigkeit und Dringlichkeit zu. Der bisherige Zustand der mangelnden Führung, des fehlenden Organisationszentrums der Berliner Arbeiterschaft ist unhaltbar geworden. Soll die Sache der Revolution vorwärts gehen, soll der Sieg des Proletariats, soll der Sozialismus mehr als ein Traum bleiben, dann muß sich die revolutionäre Arbeiterschaft führende Organe schaffen, die auf der Höhe sind, die die Kampfenergie der Massen zu leiten und zu nutzen verstehen. Vor allem aber muß die nächste Zeit der Liquidierung der USP, dieses verwesenden Leichnams gewidmet werden, dessen Zersetzungsprodukte die Revolution vergiften. Die Auseinandersetzung mit der Kapitalistenklasse gestaltet sich in Deutschland in erster Linie als Abrechnung mit den Scheidemann-Ebert, die die Schutzwand der Bourgeoisie sind. Und die Abrechnung mit den Scheidemännern setzt voraus die Liquidierung der USP, die als Schutzwand der Ebert-Scheidemann fungiert.

Klarheit, schärfster, rücksichtsloser Kampf allen Vertuschungs-, Vermittlungs-, Versumpfungsversuchen gegenüber, Zusammenballung der revolutionären Energie der Massen und Schaffung entsprechender Organe zu ihrer Führung im Kampfe – das sind die brennendsten Aufgaben der nächsten Periode, das sind die bedeutsamen Lehren aus den letzten fünf Tagen wuchtigster Anläufe der Massen und kläglichsten Versagens der Führer.


Fußnoten

1. Dieser Artikel ist nicht gezeichnet. Clara Zetkin nennt in ihrer Arbeit Um Rosa Luxemburgs Stellung zur russischen Revolution (Hamburg 1922) Rosa Luxemburg als Verfasserin.

2. Bei den Werktätigen in den Betrieben und bei den Soldaten hatten die Losungen „Einigung“, „Parität“ und „Kein Bruderkampf“, mit denen Sozialdemokraqten und Zentristen auftraten, großen widerhall gefunden.

3. Am 4. Januar 1919 war der Berliner Polizeipräsident Emil Eichhorn, der dem linken Flügel der USPD angehörte, von der sozialdemokratischen Regierung als abgesetzt erklärt worden. Damit sollten die revolutionären Arbeiter und Soldaten Berlins zu unvorbereiteten bewaffneten Kämpfen provoziert werden. Die revolutionären Obleute, die Berliner Leitung der USPD und die Zentrale der KPD riefen gemeinsam die Werktätigen und Soldaten zu Aktionen für die Rücknahme der Absetzung Emil Eichhorn, für die Entwaffnung der Konterrevolution und die Bewaffnung der Arbeiter auf. Hunderttausende demonstrierten am 5. Januar in Berlin, formierten sich in der Siegesallee und marschierten zum Polizeipräsidium.

4. Der Druck der Massenpßroteste in ganz Deutschland gegen das Wüten der konterrevolutionären Truppen und die revolutionsfeindliche Politik der Regierung sowie die Verschärfung der Auseinandersetzungen in der Regierung durch die Rechtssozialdemokraten hatten die Volksbeauftragten der USPD Emil Barth, Wilhelm dittmann und Hugo Haase gezwungen, am 29. Dezember 1918 aus der Regierung auszutreten. Dafür traten die rechten Sozialdemokraten Gustav Noske und Rudolf Wissell in das Kabinett ein.

 

https://www.marxists.org/deutsch/archiv/luxemburg/1919/01/versagen.htm

 

Kartenhäuser -(11. Januar 1919)

 


Die Rote Fahne (Berlin), Nr. 13, 13.Januar 1919. [1]
Rosa Luxemburg, Gesammelte Werke, Bd. 4 (6. überarbeitete Auflage), Berlin 2000, S. 527–530.
Mit freundlicher Genehmigung des Karl Dietz Verlag Berlin.
Transkription/HTML-Markierung: Einde O’Callaghan für das Marxists’ Internet Archive.


 

Auf rauchenden Trümmern, zwischen Blutlachen und Leichen hingemordeter „Spartakisten“ beeilen sich die Helden der „Ordnung“, ihre Herrschaft neu zu befestigen. Die Ebert-Regierung rafft sich krampfhaft zu einer Konsolidierung ihrer Macht auf: auf Bajonetten will sie nunmehr sitzen. Ebert hält ganz nach Cäsarenmuster eine Revue der Gardetruppen ab und hält eine Ansprache an sie, stattet im Angesicht der Toten und Verwundeten auf dem Pflaster Berlins „den tapferen Truppen den Dank der Regierung“ ab, und weist ihnen als Aufgabe die Sicherung der Nationalversammlung mit Waffengewalt zu. Der „Oberbefehlshaber“ Noske nimmt in seinem Tagesbefehl vom 11. die alten bekannten Register der Hindenburg, von Kessel und all der Schergen des Hohenzollernregimes auf: „Im Osten plündern spartakistische Banden im Auto mit vorgehaltenem Revolver ein Haus ums andere ... Die letzte Maske, als handle es sich um eine politische Bewegung, ist gefallen, Raub und Plünderung entpuppt sich als letztes und einziges Ziel des Aufruhrs“ ... Die Geduld der Regierung sei erschöpft, und nun sollen die „starke Artillerie“ und die Maschinengewehre ihr Wort reden. „Die Einigkeit der Arbeiterklasse muß gegen Spartakus erfolgen“, schließt der blutbefleckte Emporkömmling.

So hoffen die Scheidemänner mit materieller Hilfe des gegenrevolutionären Militärs und mit moralischer Unterstützung des Bürgertums auf den Leichen der Berliner revolutionären Arbeiter ihre Regierungsgewalt neu aufzurichten.

Diese Rechnung hat aber ein Loch. Die Militärs, das Bürgertum, die heute den Ebert-Scheidemann aus der Patsche helfen, wollen selber die Früchte der blutigen Ernte genießen. Diese Elemente wollten die „sozialistische“ Regierung nur so lange unterstützen, als sie glauben konnten, durch die falsche Flagge die proletarischen Massen im Zaume halten zu können, durch „moralische“ Wirkung die Revolution, den Sozialismus zu erdrosseln. Nun ist der Bann gebrochen. Die letzte Woche hat den Abgrund aufgerissen, der zwischen der Ebertschen Regierung und der Revolution gähnt. Heute ist es klar, daß Ebert-Scheidemann nur durch Bajonette herrschen können. Ist dem aber so, dann will das Bajonett auch ohne Ebert-Scheidemann herrschen. Das Bürgertum geht aufs Ganze und schreit nach offener Proklamierung der Säbeldiktatur, nach gänzlicher Wiederherstellung der alten „Ordnung“:

„Die Aufrührer gehören vor das Standgericht oder in das Zuchthaus“ – ruft heiser die Tägliche Rundschau – „und ihnen gehört nicht die Freiheit ... Die Wiederherstellung von Ruhe und Ordnung muß bis ins Kleinste durchgeführt werden; die Polizei, die es seit dem 9. November kaum noch gegeben hat, muß in ihrem alten Umfange und in ihrer alten Bedeutung wiederhergestellt, die Schutzmannschaft muß wiederum bewaffnet und ihr Machtvollkommenheit zugewiesen werden.“

Gleichzeitig erklärt der Leiter der Noske-Garde, Oberst Reinhardt: er werde das Standrecht verhängen, er habe von niemand – auch nicht von der Regierung – Befehle entgegenzunehmen, er sei Soldat und habe selbständig zu bestimmen. Und das 3. Garde-Regiment erklärt auf eigene Faust, es sei „entschlossen“, die Nationalversammlung „mit Waffengewalt zustande zu bringen“. In Berlin und den Vororten nehmen Offiziere auf eigene Faust Verhaftungen vor.

So rebelliert das gegenrevolutionäre Offizierskorps gegen die Regierung Eberts und läßt sie deutlich verstehen, daß die Sache umgekehrt gemeint war: die Ebert-Scheidemann sollten für die Bourgeoisie Kastanien aus dem Feuer holen und nicht die Bourgeoisie für die Ebert-Scheidemann. Kommt es dazu, daß die Bourgeoisie die „sozialistische“ Regierung vor der revolutionären Arbeiterschaft retten muß, dann ist das Spiel aus, dann denkt die Bourgeoisie wohl nicht ohne Grund, daß sie für die Säbeldiktatur befähigtere Kandidaten hat als die Emporkömmlinge Ebert und Noske.

Auf der dritten Seite aber sucht die Haase-Partei die Krise zur Aufrichtung einer Koalitionsregierung „aller sozialistischen Richtungen“ zu verwerten, getreu der Feigenblattpolitik Haases alle inneren Widersprüche der Revolution im unterschiedslosen Brei zu ertränken, alle Gegensätze zu vertuschen, die Kampfenergie der Massen im faulen Kompromiß aufzulösen. Nur die „kompromittierten Führer“, die Ebert, Scheidemann, Landsberg, Noske, sollen von der Bühne abtreten, nur ein Personenwechsel soll stattfinden, die Scheidemannsche Politik aber soll nach wie vor am Ruder bleiben und mit ihr sollen „alle sozialistischen Richtungen“ eine gemeinsame Regierung bilden.

Da die „Spartakisten“ heute, angesichts der Leichen hingemordeter Proletarier, angesichts der Blutorgien der Scheidemänner, noch zehnmal mehr als je für diese erbärmlichste Politik des Kompromisses und des Verrats an der Sache der Revolution nur einen Blick der Verachtung und die geballte Faust übrig haben, so läuft die Phrase der Haase-Leute von der Koalition „aller sozialistischen Richtungen“ in Wirklichkeit auf die frühere bekannte Kombination: Scheidemänner und Unabhängige hinaus. Die Wiederauferstehung der Regierung Ebert-Haase unter neuen Personennamen: das ist alles, worauf der große „Einigungs“rummel der USP hinaus will. Und je kräftiger man auf die Ebert-Scheidemann heute in der „Freiheit“ schimpft, um so sicherer bereitet man unter dieser Scheinkanonade den schmählichen Umfall der USP vor, die trotz aller Lehren, trotzdem sie schon gezwungen war, am 28. Dezember das Kompaniegeschäft mit den Scheidemännern aufzugeben [2], einfach zu diesem Geschäft – nur unter anderen Firmenträgern – zurückkehren will.

So ergeben sich aus der gegenwärtigen Krise drei Kombinationen:

  • Die Ebert-Scheidemann wollen den status quo, ihre eigene Herrschaft auf Bajonette der Bourgeoisie gestützt weiter erhalten,
  • die USP will die Entwicklung auf den 9. November, auf eine Regierung Ebert-Haase unter anderem Namen zurückschrauben,
  • die Bourgeoisie endlich will die Dinge auf den Stand vor dem 9. November, auf die nackte Säbeldiktatur rückwärtsrevidieren.

Alle drei Kombinationen sind Kartenhäuser schon deshalb, weil sie alle drei auf überholte, überwundene Etappen hinauslaufen. Die Revolution läßt sich nicht zurückschrauben, nicht zurückrevidieren, weder auf den 9. November noch viel weniger auf die schönen Zeiten vor dem 9. November, und ebensowenig läßt sie sich unter Eberts Zepter auf einem toten Punkt festnageln.

Der ganze politische Sinn und historische Inhalt der Krise dieser letzten Woche liegt gerade darin, daß die Revolution durch ihre innere Kraft und logische Entwicklung vorwärtsgetrieben wird, um mit der Machteroberung des Proletariats, mit der Verwirklichung des Sozialismus Ernst zu machen, während sich ihr heute noch hemmende Momente auf Schritt und Tritt in den Weg stellen. Mögen diese gegnerischen Kräfte für den Augenblick durch rohe Gewaltmittel Oberhand gewinnen: den weiteren Entwicklungsgang, den Siegeszug der Revolution aufzuhalten, sind sie völlig machtlos.

Und das kommt am besten in der Tatsache zum Ausdruck, daß keine einzige Kombination auf den Trümmern dieser Woche aufgerichtet werden kann, die von irgendwelcher Dauerhaftigkeit wäre. Was auch morgen oder übermorgen als Ergebnis und Lösung der Krise zustande kommen mag: es wird ein Provisorium, es wird ein Kartenhaus sein. Mag die nackte Gewalt der Maschinengewehre oder die Zweideutigkeit des Verschleierungsplanes der USP die Oberhand gewinnen, – nach kürzester Zeit werden die Urgewalten der Revolution: die wirtschaftlichen Kämpfe, einen Strich durch all diese Rechnungen machen. Die Revolution wird wieder und immer wieder das Grundproblem: die Generalabrechnung zwischen Arbeit und Kapital auf die Tagesordnung stellen. Und diese Abrechnung ist eine welthistorische Auseinandersetzung zwischen zwei Todfeinden, die nur in einem langen Machtkampf, Auge in Auge, Brust gegen Brust ausgefochten werden kann.

Kaum werden die Trümmer und die Leichen dieser jüngsten Episode hinweggetragen werden, tritt die Revolution an diese ihre unermüdliche Tagesarbeit wieder. Die „Spartakisten“ gehen ihren Weg mit unerschütterlicher Festigkeit weiter. Die Zahl der von ihnen gebrachten Opfer wächst mit jeder Woche, die Zahl ihrer Anhänger wächst aber hundertfach. Unter dem Belagerungszustand des Krieges füllten sie Gefängnisse und Zuchthäuser, unter der „sozialistischen“ Regierung Ebert-Scheidemann füllen sie die Gräber im Friedrichshain. Aber um die Fahne des rücksichtslosen revolutionären Kampfes scharen sich immer dichter die Massen des Proletariats. Mögen sich momentan einzelne Schichten von der Demagogie und der Phrase der „Einigung“ berauschen und einfangen lassen: desto fester und treuer werden sie morgen schon, nach neuer Enttäuschung und Ernüchterung wieder zu der einzigen Partei stehen, die keine Kompromisse, keine Schwankungen kennt, die ihren historisch vorgezeichneten Weg geht, ohne nach rechts oder nach links zu schauen, ohne den Feind und die Gefahren zu zählen – bis zum Siege.


Fußnoten

1. Dieser Artikel ist nicht gezeichnet. Clara Zetkin nennt in ihrer Arbeit Um Rosa Luxemburgs Stellung zur russischen Revolution (Hamburg 1922) Rosa Luxemburg als Verfasserin.

2. Der Druck der Massenpßroteste in ganz Deutschland gegen das Wüten der konterrevolutionären Truppen und die revolutionsfeindliche Politik der Regierung sowie die Verschärfung der Auseinandersetzungen in der Regierung durch die Rechtssozialdemokraten hatten die Volksbeauftragten der USPD Emil Barth, Wilhelm dittmann und Hugo Haase gezwungen, am 29. Dezember 1918 aus der Regierung auszutreten. Dafür traten die rechten Sozialdemokraten Gustav Noske und Rudolf Wissell in das Kabinett ein.

 

https://www.marxists.org/deutsch/archiv/luxemburg/1919/01/karten.htm

 

Rosa Luxemburg, les textes de janvier 1919

Die Ordnung herrscht in Berlin -(14. Januar 1919)

 


Die Rote Fahne (Berlin), Nr. 14, 14. Januar 1919.
Rosa Luxemburg, Gesammelte Werke, Bd. 4 (6. überarbeitete Auflage), Berlin 2000, S. 531–536.
Mit freundlicher Genehmigung des Karl Dietz Verlag Berlin.
Transkription/HTML-Markierung: Einde O’Callaghan für das Marxists’ Internet Archive.


 

„Ordnung herrscht in Warschau!“ teilte der Minister Sebastiani im Jahre 1831 in der Pariser Kammer mit, als Paskiewitschs Soldateska nach dem furchtbaren Sturm auf die Vorstadt Praga in der polnischen Hauptstadt eingerückt war und ihre Henkerarbeit an den Aufständischen begonnen hatte.

„Ordnung herrscht in Berlin!“ verkündet triumphierend die bürgerliche Presse, verkünden Ebert und Noske, verkünden die Offiziere der „siegreichen Truppen“, denen der Berliner kleinbürgerliche Mob in den Straßen mit Tüchern winkt, mit Hurra! zujubelt. Der Ruhm und die Ehre der deutschen Waffen sind vor der Weltgeschichte gerettet. Die jämmerlich Geschlagenen von Flandern und den Argonnen haben ihren Ruf wiederhergestellt durch den glänzenden Sieg – über die 300 „Spartakisten“ im Vorwärts. [1] Die Zeiten des ersten ruhmreichen Eindringens deutscher Truppen in Belgien, die Zeiten Generals von Emmich, des Bezwingers von Lüttich, erblassen vor den Taten der Reinhardt und Gen. in den Straßen Berlins. Niedergemetzelte Parlamentäre, die über die Übergabe des Vorwärts verhandeln wollten und von der Regierungs-Soldateska mit Kolben bis zur Unkenntlichkeit zugerichtet wurden, so daß die Rekognoszierung ihrer Leichen unmöglich ist, Gefangene, die an die Wand gestellt und in einer Weise hingemordet werden, daß Schädel und Hirn herumspritzen: Wer denkt da noch angesichts so glorreicher Taten an die schmählichen Niederlagen vor den Franzosen, Engländern und Amerikanern? „Spartakus“ heißt der Feind und Berlin der Ort, wo unsere Offiziere zu siegen verstehen. Noske, der „Arbeiter“, heißt der General, der Siege zu organisieren weiß, wo Ludendorff versagt hat.

Wer denkt da nicht an den Siegesrausch der „Ordnungs“meute in Paris, an das Bacchanal der Bourgeoisie auf den Leichen der Kommunekämpfer, derselben Bourgeoisie, die eben erst vor den Preußen erbärmlich kapituliert und die Hauptstadt des Landes dem äußeren Feinde preisgegeben hatte, um selbst, wie die letzten Feiglinge, Fersengeld zu geben! Aber gegen die schlecht bewaffneten ausgehungerten Pariser Proletarier, gegen ihre wehrlosen Weiber und Kinder – wie flammte da wieder der Mannesmut der Bourgeoissöhnchen, der „goldenen Jugend“, der Offiziere auf! Wie tobte sich da die Tapferkeit der vor dem äußeren Feind zusammengeknickten Marssöhne in bestialischen Grausamkeiten an Wehrlosen, an Gefangenen, an Gefallenen aus!

„Ordnung herrscht in Warschau!“ „Ordnung herrscht in Paris!“ „Ordnung herrscht in Berlin!“ So laufen die Meldungen der Hüter der „Ordnung“ jedes halbe Jahrhundert von einem Zentrum des weltgeschichtlichen Kampfes zum anderen. Und die frohlockenden „Sieger“ merken nicht, daß eine „Ordnung“, die periodisch durch blutige Metzeleien aufrechterhalten werden muß, unaufhaltsam ihrem historischen Geschick, ihrem Untergang entgegengeht. Was war diese letzte „Spartakus-Woche“ in Berlin, was hat sie gebracht, was lehrt sie uns? Noch mitten im Kampf, mitten im Siegesgeheul der Gegenrevolution müssen sich die revolutionären Proletarier über das Geschehene Rechenschaft ablegen, die Vorgänge und ihre Ergebnisse am großen historischen Maßstab messen. Die Revolution hat keine Zeit zu verlieren, sie stürmt weiter – über noch offene Gräber, über „Siege“ und „Niederlagen“ hinweg – ihren großen Zielen entgegen. Ihren Richtlinien, ihren Wegen mit Bewußtsein zu folgen, ist die erste Aufgabe der Kämpfer für den internationalen Sozialismus.

War ein endgültiger Sieg des revolutionären Proletariats in dieser Auseinandersetzung, war der Sturz der Ebert-Scheidemann und eine Aufrichtung der sozialistischen Diktatur zu erwarten? Gewiß nicht, wenn man alle Momente reiflich in Betracht zieht, die über die Frage entscheiden. Die wunde Stelle der revolutionären Sache in diesem Augenblick: die politische Unreife der Soldatenmasse, die sich immer noch von ihren Offizieren zu volksfeindlichen gegenrevolutionären Zwecken mißbrauchen läßt, ist allein schon ein Beweis dafür, daß ein dauernder Sieg der Revolution in diesem Zusammenstoß nicht möglich war. Andererseits ist diese Unreife des Militärs selbst nur ein Symptom der allgemeinen Unreife der deutschen Revolution.

Das platte Land, aus dem ein großer Prozentsatz der Soldatenmasse stammt, ist nach wie vor noch von der Revolution kaum berührt. Berlin ist bislang noch vom Reich so gut wie isoliert. Zwar stehen in der Provinz die revolutionären Zentren – im Rheinland, an der Wasserkante, in Braunschweig, in Sachsen, in Württemberg – mit Leib und Seele auf seiten des Berliner Proletariats. Doch fehlt vorerst noch der unmittelbare Gleichschritt des Vormarsches, die direkte Gemeinsamkeit der Aktion, die den Vorstoß und die Schlagfertigkeit der Berliner Arbeiterschaft unvergleichlich wirksamer gestalten würde. Sodann sind – was nur der tiefere Zusammenhang jener politischen Unfertigkeiten der Revolution – die wirtschaftlichen Kämpfe, die eigentliche vulkanische Quelle, die den revolutionären Klassenkampf fortlaufend speist – erst im Anfangsstadium begriffen.

Aus alledem ergibt sich, daß auf einen endgültigen dauernden Sieg in diesem Augenblick noch nicht gerechnet werden konnte. War deshalb der Kampf der letzten Woche ein „Fehler“? Ja, wenn es sich überhaupt um einen absichtlichen „Vorstoß“, um einen sogenannten „Putsch“ handeln würde! Was war aber der Ausgangspunkt der letzten Kampfwoche? Wie in allen bisherigen Fällen, wie am 6. Dezember [2], wie am 24. Dezember [3]: eine brutale Provokation der Regierung! Wie früher das Blutbad gegen wehrlose Demonstranten in der Chausseestraße, wie die Metzelei gegen die Matrosen, so war diesmal der Anschlag gegen das Berliner Polizeipräsidium [4] die Ursache aller weiteren Ereignisse. Die Revolution operiert eben nicht aus freien Stücken, in einem offenen Blachfeld, nach einem schlau von „Strategen“ zurechtgelegten Plan. Ihre Gegner haben auch die Initiative, ja, sie üben sie in der Regel viel mehr, als die Revolution selbst, aus.

Vor die Tatsache der frechen Provokation seitens der Ebert-Scheidemann gestellt, war die revolutionäre Arbeiterschaft gezwungen, zu den Waffen zu greifen. Ja, es war Ehrensache der Revolution, sofort den Angriff mit aller Energie abzuschlagen, sollte nicht die Gegenrevolution zu weiterem Vordringen ermuntert, die revolutionären Reihen des Proletariats, der moralische Kredit der deutschen Revolution in der Internationale erschüttert werden.

Der sofortige Widerstand kam auch spontan mit einer so selbstverständlichen Energie aus den Berliner Massen heraus, daß gleich im ersten Anlauf der moralische Sieg auf seiten der „Straße“ blieb.

Nun ist es inneres Lebensgesetz der Revolution, nie beim erreichten Schritt in Untätigkeit, in Passivität stehenzubleiben. Die beste Parade ist ein kräftiger Hieb. Diese elementare Regel jeden Kampfes beherrscht erst recht alle Schritte der Revolution. Es versteht sich von selbst und zeugt von dem gesunden Instinkt, von der inneren frischen Kraft des Berliner Proletariats, daß es sich nicht bei der Wiedereinsetzung Eichhorns in sein Amt beruhigte, daß es spontan zur Besetzung anderer Machtposten der Gegenrevolution: der bürgerlichen Presse, des offiziösen Nachrichtenbüros, des Vorwärts schritt. Alle diese Maßnahmen ergaben sich bei der Masse aus der instinktiven Erkenntnis, daß sich die Gegenrevolution ihrerseits bei der davongetragenen Niederlage nicht beruhigen, sondern auf eine allgemeine Kraftprobe ausgehen wird.

Auch hier stehen wir vor einem der großen historischen Gesetze der Revolution, gegen die alle Klügeleien und Besserwissereien jener kleinen „Revolutionäre“ vom Schlage der USP zerschellen, die in jedem Kampfe nur nach Vorwänden zum Rückzug haschen. Sobald das Grundproblem der Revolution klar aufgestellt worden ist – und das ist in dieser Revolution der Sturz der Regierung Ebert-Scheidemann als des ersten Hindernisses für den Sieg des Sozialismus –, dann taucht dieses Grundproblem immer wieder in seiner ganzen Aktualität auf, und jede einzelne Episode des Kampfes rollt mit der Fatalität eines Naturgesetzes das Problem in seinem vollen Umfang auf, mag die Revolution zu seiner Lösung noch so unvorbereitet, mag die Situation noch so unreif sein. „Nieder mit Ebert-Scheidemann!“ – diese Losung taucht unausweichlich in jeder Revolutionskrise auf, als die einzig erschöpfende Formel aller partiellen Konflikte, und treibt dadurch von selbst, durch ihre innere objektive Logik, ob man es will oder nicht, jede Kampfepisode auf die Spitze.

Aus diesem Widerspruch zwischen der Zuspitzung der Aufgabe und den mangelnden Vorbedingungen zu ihrer Lösung in einer anfänglichen Phase der revolutionären Entwicklung ergibt sich, daß die Einzelkämpfe der Revolution formell mit einer Niederlage enden. Aber die Revolution ist die einzige Form des „Krieges“ – auch dies ihr besonderes Lebensgesetz –, wo der Endsieg nur durch eine Reihe von „Niederlagen“ vorbereitet werden kann!

Was zeigt uns die ganze Geschichte der modernen Revolutionen und des Sozialismus? Das erste Aufflammen des Klassenkampfes in Europa: der Aufruhr der Lyoner Seidenweber 1831, endete mit einer schweren Niederlage. Die Chartistenbewegung in England – mit einer Niederlage. Die Erhebung des Pariser Proletariats in den Junitagen 1848 endete mit einer niederschmetternden Niederlage. Die Pariser Kommune endete mit einer furchtbaren Niederlage. Der ganze Weg des Sozialismus ist – soweit revolutionäre Kämpfe in Betracht kommen – mit lauter Niederlagen besät. Und doch führt diese selbe Geschichte Schritt um Schritt unaufhaltsam zum endgültigen Siege! Wo wären wir heute ohne jene „Niederlagen“, aus denen wir historische Erfahrung, Erkenntnis, Macht, Idealismus geschöpft haben! Wir fußen heute, wo wir unmittelbar bis vor die Endschlacht des proletarischen Klassenkampfes herangetreten sind, geradezu auf jenen Niederlagen, deren keine wir missen dürfen, deren jede ein Teil unserer Kraft und Zielklarheit ist.

Es ist da mit Revolutionskämpfen das direkte Gegenteil der parlamentarischen Kämpfe. Wir hatten in Deutschland binnen vier Jahrzehnten lauter parlamentarische „Siege“, wir schritten geradezu von Sieg zu Sieg. Und das Ergebnis war bei der großen geschichtlichen Probe am 4. August 1914: eine vernichtende politische und moralische Niederlage, ein unerhörter Zusammenbruch, ein beispielloser Bankerott. Die Revolutionen haben uns bis jetzt lauter Niederlagen gebracht, aber diese unvermeidlichen Niederlagen häufen gerade Bürgschaft auf Bürgschaft des künftigen Endsieges.

Allerdings unter einer Bedingung! Es fragt sich, unter welchen Umständen die jeweilige Niederlage davongetragen wurde: Ob sie sich dadurch ergab, daß die vorwärtsstürmende Kampfenergie der Massen an die Schranke der mangelnden Reife der historischen Voraussetzungen geprallt, oder aber dadurch, daß die revolutionäre Aktion selbst durch Halbheit, Unentschlossenheit, innere Schwächen gelähmt war.

Klassische Beispiele für beide Fälle sind einerseits die französische Februarrevolution, andererseits die deutsche Märzrevolution. Die heldenmütige Aktion des Pariser Proletariats im Jahre 1848 ist der lebendige Quell der Klassenenergie für das ganze internationale Proletariat geworden. Die Jämmerlichkeiten der deutschen Märzrevolution hingen der ganzen modernen deutschen Entwicklung wie eine Fußkugel an. Sie wirkten durch die besondere Geschichte der offiziellen deutschen Sozialdemokratie bis in die jüngsten Vorgänge der deutschen Revolution – bis in die eben erlebte dramatische Krise nach.

Wie erscheint die Niederlage dieser sogenannten „Spartakuswoche“ im Lichte der obigen historischen Frage? War sie eine Niederlage aus stürmender Revolutionsenergie und unzulänglicher Reife der Situation, oder aber aus Schwächlichkeit und Halbheit der Aktion?

Beides! Der zwiespältige Charakter dieser Krise, der Widerspruch zwischen dem kraftvollen, entschlossenen offensiven Auftreten der Berliner Massen und der Unentschlossenheit, Zaghaftigkeit, Halbheit der Berliner Führung ist das besondere Kennzeichen dieser jüngsten Episode.

Die Führung hat versagt. Aber die Führung kann und muß von den Massen und aus den Massen heraus neu geschaffen werden. Die Massen sind das Entscheidende, sie sind der Fels, auf dem der Endsieg der Revolution errichtet wird. Die Massen waren auf der Höhe, sie haben diese „Niederlage“ zu einem Glied jener historischen Niederlagen gestaltet, die der Stolz und die Kraft des internationalen Sozialismus sind. Und darum wird aus dieser „Niederlage“ der künftige Sieg erblühen.

„Ordnung herrscht in Berlin!“ Ihr stumpfen Schergen! Eure „Ordnung“ ist auf Sand gebaut. Die Revolution wird sich morgen schon „rasselnd wieder in die Höh’ richten“ und zu eurem Schrecken mit Posaunenklang verkünden:

Ich war, ich bin, ich werde sein!


Fußnoten

1. Am 11. Januar 1919 mussten sich die Arbeiter und Soldaten, die am 5. Januar aus Protest gegen die Absetzung Eichhorns das Vorwärts-Gebäude besetzt hatten, nach heldenhaftem Widerstand den zahlenmäßig und technisch überlegenen konterrevolutionären Truppen ergeben. Parlamentäre, die die Besatzung zu Übergabeverhandlungen hinausgeschickt hatte, wurden bestialisch misshandelt und ermordet. Die 300 Revolutionäre, die die Waffen strecken mussten, wurden mit Peitschen und Gewehrkolben misshandelt; einige wurden erschossen.

2. Organisiert vom sozialdemokratischen Stadtkommandanten Otto Wels, dem Generalkommando des Gardekorps, dem Kriegsministerium und dem Auswärtigen Amt, hatten am 6. Dezember 1918 von reaktionären Offizieren geführte Truppenteile einen Putschversuch unternommen. Sie verhafteten den Vollzugsrat der Berliner Arbeiter- und Soldatenräte, besetzten die Redaktion der Roten Fahne, riefen Friedrich Ebert zum Präsidenten und schossen in der Chausseestraße in eine unbewaffnete Demonstration, wobei sie 14 Personen töteten und weitere 30 verwundeten.

3. Am 24. Dezember 1918 hatten konterrevolutionäre Truppen unter Führung von Generalleutnant Arnold Lequis die Volksmarinedivision in Schloss und Marstall in Berlin mit Artillerieunterstützung angegriffen. Dabei fanden 11 Matrosen und 56 Soldaten der Lequis-Truppen den tod. Die kämpfenden Matrosen erhielten Waffenhilfe durch die berliner Arbeiter. Dadurch brach der Angriff zusammen.

4. Am 4. Januar 1919 war der Berliner Polizeipräsident Emil Eichhorn, der dem linken Flügel der USPD angehörte, von der sozialdemokratischen Regierung als abgesetzt erklärt worden. Damit sollten die revolutionären Arbeiter und Soldaten Berlins zu unvorbereiteten bewaffneten Kämpfen provoziert werden. Die revolutionären Obleute, die Berliner Leitung der USPD und die Zentrale der KPD riefen gemeinsam die Werktätigen und Soldaten zu Aktionen für die Rücknahme der Absetzung Emil Eichhorn, für die Entwaffnung der Konterrevolution und die Bewaffnung der Arbeiter auf. Hunderttausende demonstrierten am 5. Januar in Berlin, formierten sich in der Siegesallee und marschierten zum Polizeipräsidium.

 

https://www.marxists.org/deutsch/archiv/luxemburg/1919/01/ordnung.htm

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 13:22

comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com


Traduction c.a.r.l. 1988/1989

Publié sur le blog comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com

D'après Gesammelte Werke

le 6 juillet 2014

Merci pour toute proposition d'amélioration de la traduction.

 

Les travailleurs de

s Etats-Unis et la politique annexionniste

 

Article publié le 8 janvier 1899 dans la Sächsische Arbeiterzeitung

 

Dans deux articles intéressants, "L'American Federationist", organe central des syndicats des Etats-Unis, a pris position - comme l'indique la "Soziale Praxis" -  sur la politique actuelle d'annexion de l'Union . Selon ces articles, les travailleurs américains se déclarent de la manière la plus ferme opposés à l'annexion des Philippines et des Iles Hawaii.

 

Et ceci, non comme l'on pourrait s'y attendre, du fait de l'éventuelle concurrence de forces productives bon marché provenant des territoires annexés et du danger, qui en découlerait, d'une réduction générale des salaires.

 

Les syndicalistes se laissent guider par des motifs bien plus élevés. Ce qu'ils craignent, ce sont les conséquences fatales provenant de l'annexion de pays où règne encore l'esclavage et où le travail est encore complètement soumis à la volonté des exploiteurs et du pouvoir d'Etat, sur les institutions démocratiques de l'Union et sur la situation sociale et politique de la classe ouvrière .

 

Le "Federationist" indique qu'à Hawaii, sur les  moins de 100 000 habitants que comptent les Iles, près de la moitié est condamnée effectivement à un véritable travail d'esclave par des contrats longs en moyenne de sept ans, que parmi eux il y a 80% de Chinois et de Japonais et environ 20% de Portugais et d'habitants des îles du Pacifique, que les travailleurs sont menés par des contre-maîtres armés de baguettes, et qu'ils sont mis en prison s'ils abandonnent leur travail. Des conditions semblables règnent aux Philippines et le "Federationist" prédit avec raison qu'avec l'annexion des Iles par les Américains, on ne changera pas de situation et de système mais simplement de domination.

 

Il est vraisemblable que de telles conditions ne resteront pas sans influence sur la situation des travailleurs de l'Union. "Combien de temps s'écoulera", écrit le journal syndical "avant que, dans de telles conditions, les classes supérieures de ce pays (les Etats-Unis),  préfèrent utiliser la force plutôt que de respecter la volonté de la majorité, pour réaliser leurs plans? Ne leur sera-t-il pas aisé d'appliquer de la même façon aux travailleurs de notre sang et de notre pays, cette indifférence méprisante qu'ils témoignent face aux droits et aux aspirations naturelles des salariés à la peau sombre des Philippines.?" L'annexion "conduira au mépris du travailleur manuel et encouragera cette vision indigne qui pense que le fort peut légalement exploiter le faible et que celui-ci peut être utilisé pour produire à moindre frais le luxe destiné aux classes dirigeantes".

 

Le journal syndical s'oppose aussi avec la plus grande détermination à l'instauration de l'armée de métier et à la politique mondiale de l'Union et exprime en conclusion une phrase que nos hommes politiques qui rêvent de domination du marché mondial, feraient bien de méditer: "Une nation qui veut dominer le marché mondial doit garantir aux travailleurs la liberté et doit ouvrir la voie vers le plus haut niveau de vie et de développement actuel possible. Seul le peuple au sein duquel cela aura été réalisé, exercera une influence décisive sur le marché mondial et dirigera l'histoire du monde".

 

Les idées développées ici montrent que les syndicalistes des Etats-Unis sont pour ce qui concerne ces questions du militarisme et de la politique coloniale sur les positions du mouvement ouvrier moderne et qu'ils sont  tout à fait au clair sur les questions de la politique générale de leur pays.

 

Certes, leur protestation contre les annexions de l'Union restera une voix dans le désert, car en Amérique comme en Europe, la politique étrangère est complètement dominée par les partis bourgeois. Mais étant donné cette conscience claire qu'ont les travailleurs des dangers qu'ils courent, cette nouvelle ère de l'évolution des Etats-Unis ne manquera pas de provoquer une union plus forte de la classe ouvrière et de donner une nouvelle impulsion au mouvement ouvrier.

 

Traduction c.a.r.l. 1988/1989

Publié sur le blog comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com

D'après Gesammelte Werke

le 6 juillet 2014

 

Merci pour toute proposition d'amélioration de la traduction.

 


Rosa Luxemburg, "Les travailleurs des Etats-Unis et la politique annexionniste" - 8 janvier 1899. Inédit sur le net.


 

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 13:18
ur : https://rouges-flammes.blogspot.fr/2018/01/grandes-figures-de-chez-nous-huy-sur.html. Fusillade en avril 1902 qui fit deux morts.

ur : https://rouges-flammes.blogspot.fr/2018/01/grandes-figures-de-chez-nous-huy-sur.html. Fusillade en avril 1902 qui fit deux morts.

 

Si un « libre citoyen » est enfermé par un autre citoyen contre sa volonté, par contrainte, dans un endroit étroit et inhabitable, et si on l’y détient pendant quelque temps, tout le monde comprend que c’est un acte de violence. Mais dès que l’opération s’effectue en vertu d’un livre imprimé, appelé Code pénal, et que cet endroit s’appelle « prison royale prussienne », elle se transforme en un acte de la légalité pacifique. Si un homme est contraint par un autre, et contre sa volonté, de tuer systématiquement ses semblables, c’est un acte de violence. Mais dès que cela s’appelle « service militaire », le bon citoyen s’imagine respirer en pleine paix et légalité.

 

L'article

 

C'est l'extrait d'un article publié en mai 1902 après les grandes grèves en Belgique pour le suffrage universe :l

 

Voilà le fond théorique de la question. Il suffit de formuler cette conception pour que son absurdité saute aux yeux. La violence, loin de cesser de jouer un rôle historique par l’apparition de la « légalité » bourgeoise, du parlementarisme, est aujourd’hui, comme à toutes les époques précédentes, la base de l’ordre politique existant. L’Etat capitaliste en entier se base sur la violence. Son organisation militaire en est par elle-même une preuve suffisante et sensible, et le doctrinarisme opportuniste doit vraiment avoir des dons miraculeux pour ne pas s’en apercevoir. Mais les domaines mêmes de la « légalité » en fournissent assez de preuves, si l’on y regarde de plus près. Les crédits chinois ne sont-ils pas des moyens fournis par la « légalité, par le parlementarisme, pour accomplir des actes de violence ? Des sentences de tribunaux, comme celle de Loebtau, ne sont-elles pas l’exercice « légal » de la violence ? Ou mieux : en quoi consiste à vrai dire toute la fonction de la légalité bourgeoise ?

 

Si un « libre citoyen » est enfermé par un autre citoyen contre sa volonté, par contrainte, dans un endroit étroit et inhabitable, et si on l’y détient pendant quelque temps, tout le monde comprend que c’est un acte de violence. Mais dès que l’opération s’effectue en vertu d’un livre imprimé, appelé Code pénal, et que cet endroit s’appelle « prison royale prussienne », elle se transforme en un acte de la légalité pacifique. Si un homme est contraint par un autre, et contre sa volonté, de tuer systématiquement ses semblables, c’est un acte de violence. Mais dès que cela s’appelle « service militaire », le bon citoyen s’imagine respirer en pleine paix et légalité. Si une personne, contre sa volonté, est privée par une autre d’une partie de sa propriété ou de son revenu, nul n’hésitera à dire que c’est un acte de violence ; mais dès que cette machination s’appelle « perception des impôts indirects », il ne s’agit que de l’application de la loi.

 

En un mot, ce qui se présente à nos yeux comme légalité bourgeoise, n’est autre chose que la violence de la classe dirigeante, élevée d’avance en norme impérative. Dès que les différents actes de violence ont été fixés comme norme obligatoire, la question peut se refléter à l’envers dans le cerveau des juristes bourgeois et tout autant dans ceux des opportunistes socialistes : l’ « ordre légal » comme une création indépendante de la « justice », et la violence de l’Etat comme une simple conséquence, comme une « sanction » des lois. En réalité, la légalité bourgeoise (et le parlementarisme en tant que légalité en devenir) n’est au contraire qu’une certaine forme sociale d’apparition de la violence politique de la bourgeoisie, qui fleurit sur son fondement économique.

Und zum dritten Mal das belgische Experiment - 3. Gewalt und Gesetzmässikkeit (extrait)

Gesammelte Werke , Dietz Verlag, Tome I/II, P 241 - 242

Source française :: https://www.marxists.org/francais/luxembur/works/1902/rl19020514.htm

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 13:18
http://cocomagnanville.over-blog.com/2017/04/chronologie-de-la-colonisation-de-l-amerique-du-nord-11e-partie-1876-a-1886-ultimes-rebellions-amerindiennes.html

http://cocomagnanville.over-blog.com/2017/04/chronologie-de-la-colonisation-de-l-amerique-du-nord-11e-partie-1876-a-1886-ultimes-rebellions-amerindiennes.html

Ce que je lis? Surtout des ouvrages de sciences naturelles : botanique et zoologie. Hier, par exemple, j'ai appris pourquoi les oiseaux chanteurs disparaissent d'Allemagne.

Cela est dû à l'extension de la culture rationnelle - sylviculture, horticulture, agriculture - qui détruit peu à peu les endroits où ils nichent et se nourrissent : arbres creux, terres en friche, broussailles, feuilles fanées qui jonchent le sol.

J'ai lu cela avec beaucoup de tristesse. Je n'ai pas tellement pensé au chant des oiseaux et à ce qu'il représente pour les hommes mais je n'ai pu retenir mes larmes à l'idée d'une disparition silencieuse, irrémédiable de ces petites créatures sans défense.

Je me suis souvenue d'un livre russe, du professeur Sieber sur la disparition des Peaux-Rouges en Amérique du Nord que j'ai lu à Zurich : eux aussi sont peu à peu chassés de leur territoire par l'homme civilisé et sont condamnés à une mort silencieuse et cruelle.

Lettre à S. Liebknecht le 2 mai 1917 écrite à la prison de Wroncke. Dans  la très belle traduction de Michel Aubreuil de "Lettres de prison" parue en ... 1969 chez Belibaste.

 

Lire aussi une très intéressante chronologie chronologie en douze parties sur le site cocomagnanville d'où est tirée l'illustration :

http://cocomagnanville.over-blog.com/2017/04/chronologie-de-la-colonisation-de-l-amerique-du-nord-11e-partie-1876-a-1886-ultimes-rebellions-amerindiennes.html

 

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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009