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Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison
après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires
était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient
pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les
capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les
arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.
Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la
révolution fut assassinée en Allemagne.
Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi
facilement?
Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela
est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires,
conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.
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En hommage à Karl Liebknecht et à tous ceux, trop rares, qui ont refusé la guerre, nous reprenons l'article avec sa déclaration du 2 décembre 1914, déjà publié sur le blog.
Il s'agit d'une guerre impérialiste, particulièrement du côté allemand, qui a pour but des conquêtes de grand style. Il s'agit, du point de vue de la course aux armements, dans le meilleur des cas d'une guerre préventive provoquée par le parti de la guerre allemand et autrichien dans l'ombre du semi-absolutisme et de la diplomatie secrète, guerre dont l'opportunité est apparue favorable au moment où d'importants crédits militaires allemands ont été obtenus et un progrès technique réalisé. Il s'agit également d'une entreprise bonapartiste en vue de la destruction et de la démoralisation du mouvement ouvrier. L'attentat de Sarajevo a été choisi comme prétexte démagogique. L'ultimatum autrichien du 23 juillet à la Serbie était la guerre, la guerre voulue. Tous les efforts de paix ultérieurs n'étaient que simple décor et subterfuges diplomatiques, qu'ils fussent entrepris sérieusement ou non par ceux qui y participèrent. C'est ce que nous ont appris avec une netteté croissante ces quatre derniers mois.
Cette guerre n'a pas été déclenchée pour le bien du peuple allemand. Ce n'est pas une guerre pour la défense du territoire et de la liberté. Ce n'est pas une guerre pour une plus haute « civilisation » - les plus grands pays européens de même « civilisation » se battent entre eux, et cela précisément parce que ce sont des pays de même « civilisation », c'est-à-dire de « civilisation » capitaliste. Sous la bannière trompeuse d'une guerre de nationalités et de races on poursuit une guerre où l'on trouve dans chaque camp le mélange le plus confus de races et de nationalités. Le mot d'ordre: « contre le tsarisme » n'a eu d'autre but que de mobiliser les instincts les plus nobles du peuple allemand, ses traditions révolutionnaires, au service des buts de guerre, de la haine entre les peuples. L'Allemagne, dont le gouvernement s'est tenu prêt à apporter au tsar sanglant une aide militaire contre la grande révolution russe, l'Allemagne, où la masse du peuple est économiquement exploitée, politiquement opprimée, où les minorités nationales sont étranglées par des lois d'exception, n'a aucune vocation à jouer au libérateur des peuples. La libération du peuple russe doit être l'oeuvre du peuple russe lui-même, tout comme la libération du peuple allemand ne peut être le résultat des tentatives de bienfaisance d'autres Etats, mais l'oeuvre du peuple allemand lui-même.
Pour mener à bien les manoeuvres scandaleuses grâce auxquelles la guerre a été déclenchée et en vue d'interdire toute opposition et de faire croire à l'unanimité chauvine du peuple allemand, l'état de siège a été proclamé, la liberté de presse et de réunion supprimée le prolétariat en lutte désarmé et contraint à une « union sacrée » au plus haut point unilatérale, qui - mal dissimulée derrière des « aveux » accessoires - n'est qu'une forme stylistique de la paix des cimetières.
Une énergie d'autant moindre a été déployée pour atténuer l'effroyable disette qui a frappé la majeure partie de la population. Même en ces temps difficiles, le gouvernement n'a pu se résoudre à prendre les mesures nécessaires sans tenir compte des objections de ceux qui mettent leur intérêt personnel, aujourd'hui comme toujours, au-dessus de celui des masses.
Quant à la façon dont la guerre est menée, elle suscite notre opposition farouche.
La proclamation du principe: « Nécessité fait loi » est la négation même de tout droit international.
Nous protestons contre la violation de la neutralité du Luxembourg et de la Belgique, violation de traités solennels, invasion d'un peuple pacifique. Toutes les tentatives faites ultérieurement pour l'excuser ont échoué.
Nous condamnons le traitement cruel infligé à la population civile des territoires occupés. La dévastation de localités entières, l'arrestation et l'exécution d'innocents pris comme otages, le massacre d'individus désarmés, sans égard à l'âge ni au sexe, qui ont eu lieu en représailles d'actes de désespoir et de légitime défense, justifient la plus sévère condamnation. La même faute commise par d'autres armées ne peut servir d'excuse.
Nous regrettons les anomalies que manifeste encore le traitement des prisonniers de guerre dans tous les pays, l'Allemagne y compris. Nous exigeons dans cette question, comme pour le traitement des ressortissants civils des pays ennemis, une réglementation internationale immédiate dans un esprit humanitaire et sous le contrôle des neutres. Nous rejetons le principe des représailles.
Nous nous opposons résolument à toute annexion qui heurte le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et ne sert que les intérêts capitalistes. Loin d'être une assurance de paix, toute paix aboutissant à des conquêtes ouvrira une ère de course aux armements aggravée et portera dans son sein une nouvelle guerre.
Nous sympathisons avec les enfants du peuple qui accomplissent sur le champ de bataille des exploits surhumains en vaillance, en privations et en abnégation. Nous sommes avec eux comme avec notre propre chair et notre propre sang, dont nous demanderons, le moment venu, un compte impitoyable. Mais nous condamnons d'autant plus cette guerre; notre devoir vis-à-vis du peuple allemand et de l'humanité tout entière, vis-à-vis du prolétariat international auquel il appartient indissolublement, nous oblige à nous opposer de toutes nos forces à cet entredéchirement des peuples.
Nous exigeons la conclusion d'une paix rapide et honorable. Nous remercions nos amis des pays neutres de leurs précieuses initiatives dans ce sens et saluons les efforts de paix des puissances non belligérantes, dont le rejet ne sert que les buts de la politique d'annexions et des capitalistes de l'industrie des armements intéressés à une longue durée de la guerre.
Nous mettons les gouvernements et les classes dirigeantes de tous les pays belligérants en garde contre la poursuite de ce carnage et appelons les masses laborieuses de ces pays à en imposer la cessation. Seule une paix née sur le terrain de la solidarité internationale peut être une paix sûre. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous à nouveau malgré tout !
En élevant une protestation contre la guerre, ses responsables et ceux qui la mènent, contre la politique générale qui l'a provoquée, contre les plans d'annexion, contre la violation de la neutralité de la Belgique, contre la dictature militaire, contre l'oubli des devoirs politiques et sociaux dont les classes dirigeantes se rendent coupables aussi et surtout maintenant, nous refusons les crédits demandés.
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12 nov 2014
La brochure de Junius, la guerre et l’Internationale (1907 – 1916). Editions Agone &Smolny, 2014. P 195 – 197
Publié sur Comprendre avec Rosa Luxemburg 2
» Mais la fureur présente de la bestialité impérialiste sur le sol européen a encore un autre effet, pour lequel « le monde civilisé » n’a ni un regard épouvanté ni le cœur tressaillant de douleur : c’est la disparition en masse du prolétariat européen. Jamais une guerre n’a exterminé dans de telles proportions des couches entières de population. Jamais, depuis un siècle, une guerre n’a saisi de cette sorte l’ensemble des grands et anciens pays civilisés d’Europe. Dans les Vosges, dans les Ardennes, en Belgique, en Pologne, dans les Carpates, sur la Save, des millions de vies humaines sont anéanties, des milliers d’hommes sont frappés d’infirmité. Mais neuf dixièmes de ces millions de victimes sont constitués par la population laborieuse des villes et des campagnes. C’est notre force, notre espoir qui est fauché quotidiennement en rangs serrés comme l’herbe sous la faux. Ce sont les meilleures forces du socialisme international, les plus intelligentes, les plus instruites, ce sont les porteurs des traditions les plus sacrées du mouvement ouvrier moderne, et de son héroïsme les plus intrépides, les troupes d’avant-garde de l’ensemble du prolétariat mondial – les ouvriers d’Angleterre, de France, d’Allemagne, de Russie – qui sont maintenant réduits au silence, abattus en masse. C’est seulement d’Europe, c’est seulement de ces pays capitalistes que peut venir, lorsque l’heure sonnera, le signal de la révolution sociale qui libérera l’humanité. Seuls les ouvriers anglais, français, belges, allemands, russes et italiens peuvent prendre ensemble la tête de l’armée des exploités et des opprimés des cinq continents. Quand le temps sera venu, eux seuls peuvent demander des comptes et exercer les représailles pour les crimes séculaires du capitalisme envers tous les peuples primitifs et pour son œuvre d’anéantissement sur l’ensemble du globe. Mais la progression du socialisme exige un prolétariat fort et capable d’agir, instruit, des masses dont la puissance réside aussi bien dans leur culture intellectuelle que dans leur nombre. Et ce sont précisément ces masses qui sont décimées par la guerre mondiale. Des centaines de milliers d’hommes, dans leur jeunesse ou dans la fleur de l’âge, dont l’éducation socialiste, en Angleterre, en France, en Belgique, en Allemagne et en Russie, était le produit d’un travail d’agitation et d’instruction de dizaines d’années, et d’autres centaines de milliers, qui, demain, auraient pu être gagnés au socialisme, tombent et tuent misérablement sur les champs de bataille. Le fruit de dizaines d’années de sacrifices et d’efforts de plusieurs générations a été détruit en quelques semaines. La fine fleur des troupes du prolétariat a été coupée à la racine.
La saignée de la boucherie de Juin avait paralysé le mouvement français pour une quinzaine d’années. La saignée du carnage de la Commune l’a encore retardé de dix ans. Ce qui a lieu maintenant est un massacre de masse sans précédent qui réduit toujours plus la population ouvrière adulte de tous les pays civilisés aux femmes, vieillards et infirmes. C’est une saignée qui menace de faire perdre tout son sang au mouvement ouvrier européen. Encore une telle guerre mondiale et les perspectives du socialisme seront ensevelies sous les décombres amoncelés par la barbarie impérialiste …
La guerre mondiale se révèle être non seulement un crime grandiose mais aussi un suicide de la classe ouvrière européenne. Ce sont bien les soldats du socialisme, les prolétaires d’Angleterre, de France, d’Allemagne, de Russie, de Belgique, qui se massacrent les uns les autres depuis des mois sur ordre du capital, qui s’enfoncent les uns les autres dans le cœur le fer glacial du meurtre, qui basculent ensemble dans la tombe en s’enlaçant les uns les autres d’une étreinte mortelle … Les dividendes montent et les prolétaires tombent. Et avec chacun d’eux, c’est un combattant de l’avenir, un soldat de la révolution, un de ceux qui libéreront l’humanité du joug du capitalisme qui descend dans la tombe … »
A l’occasion de la publication du tome IV des Œuvres complètes de Rosa Luxemburg, nous consacrons sur le site une semaine à cette publication essentielle des textes de Rosa Luxemburg autour de l‘éclatement en 1914 du conflit mondial, et de la faillite de la social-démocratie. Le texte majeur que l’on connaît sous le nom de Brochure de Junius, à la fois sombre, poignant et terriblement lucide, a été ici retravaillé pour ce qui concerne sa traduction, on y ressent pleinement ce lyrisme, cette écriture si forte qui caractérise l’expression de Rosa Luxemburg. Ce texte est mis en perspective et prend toute son importance grâce d’une part à la relation faite à l’un des moments essentiels de l’action de Rosa Luxemburg auparavant: son intervention au Congrès de Stuttgart en 1907 et d’autre part à l’action qu’elle développera ensuite autour du concept et de l’idée d’organisation internationale du prolétariat. On découvre ainsi que l’Internationale n’est pas un simple slogan mais est devenue pour elle la dimension organique, nécessaire, constitutive de l’action du mouvement ouvrier. Cet ouvrage fait ainsi comprendre mieux que tout la conception de Rosa Luxemburg de l’Internationale, conception qui naît de son expérience et de sa réflexion et qui se cristallise dans les « Principes directeurs » publiés à la fin de ce volume. Dans l’extrait que nous choisissons de publier en premier, Rosa Luxemburg pointe un fait rarement compris: la disparition sur les fronts, de la classe ouvrière, en particulier de la classe ouvrière éduquée, consciente et engagée et ce que cela signifiera ensuite pour nous qui connaissons l’issue de l’histoire, la montée du fascisme que plus rien n’enrayera plus. En souhaitant que la beauté tragique et la lucidité de ce texte vous incite à aller plus avant dans la lecture de cet ouvrage. Comprendre avec Rosa Luxemburg 2
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Auteur: comprendreavecrosaluxemburg | Catégorie: a. Textes de Rosa Luxemburg, e. Rosa Luxemburg et l'impérialisme, i. actualité de Rosa Luxemburg | Mots clés: impérialisme, Junius, Rosa Luxemburg et l'Internationale
De la brochure de Junius, on a surtout repris la notion de « socialisme ou barbarie« , qui a connu une audience sans précédent.
A l’occasion de la lecture du Tome IV des œuvres complètes de Rosa Luxemburg, consacré à la guerre et l’Internationale, on trouve dans l’un des textes publié pour la première fois en français « Reconstruction de l’Internationale », l’expression: socialisme ou impérialisme. Cette alternative, c’est celle qui parcourt cependant tous les textes de ce tome.
Alors, se demander en quoi l’une a fait plus « recette » que l’autre, n’est-ce pas se poser de fait la question de la perception de Rosa Luxemburg, de l’impasse faite souvent sur le penseur politique marxiste.
A l’occasion de la publication du tome IV des Œuvres complètes de Rosa Luxemburg, nous consacrons sur le site une semaine à cette publication essentielle des textes de Rosa Luxemburg autour de l’éclatement en 1914 du conflit mondial, et de la faillite de la social-démocratie. Le texte majeur que l’on connaît sous le nom de Brochure de Junius, à la fois sombre, poignant et terriblement lucide, a été ici retravaillé pour ce qui concerne sa traduction, on y ressent pleinement ce lyrisme, cette écriture si forte qui caractérise l’expression de Rosa Luxemburg. Ce texte est mis en perspective et prend toute son importance grâce d’une part à la relation faite à l’un des moments essentiels de l’action de Rosa Luxemburg auparavant: son intervention au Congrès de Stuttgart en 1907 et d’autre part à l’action qu’elle développera ensuite autour du concept et de l’idée d’organisation internationale du prolétariat. On découvre ainsi que l’Internationale n’est pas un simple slogan mais est devenue pour elle la dimension organique, nécessaire, constitutive de l’action du mouvement ouvrier. Cet ouvrage fait ainsi comprendre mieux que tout la conception de Rosa Luxemburg de l’Internationale, conception qui naît de son expérience et de sa réflexion et qui se cristallise dans les « Principes directeurs » publiés à la fin de ce volume. Dans l’extrait que nous choisissons de publier en premier, Rosa Luxemburg pointe un fait rarement compris: la disparition sur les fronts, de la classe ouvrière, en particulier de la classe ouvrière éduquée, consciente et engagée et ce que cela signifiera ensuite pour nous qui connaissons l’issue de l’histoire, la montée du fascisme que plus rien n’enrayera plus. En souhaitant que la beauté tragique et la lucidité de ce texte vous incite à aller plus avant dans la lecture de cet ouvrage.
La brochure de Junius, la guerre et l’Internationale (1907 – 1916). Editions Agone &Smolny, 2014. P 26
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Un extrait de la brochure de Junius: "Les dividendes montent et les prolétaires tombent". Sur ce que représente la disparition massive de la classe ouvrière dans ce conflit mondial.
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Catégorie: a. Textes de Rosa Luxemburg, i. actualité de Rosa Luxemburg
La brochure de Junius, la guerre et l’Internationale, tel est le titre du quatrième tome des œuvres complètes des œuvres de Rosa Luxemburg qui va paraître cette semaine.
La logique de ce projet éditorial est de publier dans un même volume un ensemble de textes de Rosa Luxemburg sur un thème précis pour mettre en lumière une pensée en construction, une cohérence et donner accès dans un même ouvrage aux grands textes universellement connus (mais révisés, retravaillés) et à des documents inédits,
Ce tome replace ainsi « La brochure de Junius », un des textes les plus poignants, les plus lucides et les plus documentés de Rosa Luxemburg, dans l’ensemble de son combat contre la guerre, et fait comprendre mieux que tout l’internationalisme intrinsèque de sa pensée et de son action.
Le texte qui clôture ce tome s’intitule « Les principes directeurs de la social-démocratie internationale »: il contient cette affirmation qui est la leçon tirée par Rosa Luxemburg du conflit de 1914 et de l’échec de la social-démocratie:
« Le centre de gravité de l’organisation de classe réside dans l’Internationale. »
Ce n’est pas une phrase en l’air, ce n’est pas un slogan, c’est l’aboutissement d’une réflexion que ce tome suit et transmet pour notre réflexion et notre action aujourd’hui.
Co-édition Collectif Smolny aux Editions Agone. Le prix de 18 euros en est volontairement abordable. Précédents tomes: Introduction à l’économie politique (2009), A l’école du socialisme (2012), Le socialisme en France (2013).
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"Comprendre avec Rosa Luxemburg" reste toujours très visité. Des articles très anciens ont une fréquentation quasi quotidienne. Alors que faire? D'autant que la lecture sans adblock est pratiquement impossible et que des bugs rendent difficile le travail: ainsi dernièrement impossibilité d'insérer de nouvelles photos. Un comble sur le net.
Alors dans un premier temps, nous avons donné naissance à "Comprendre avec Rosa Luxemburg 2" pour lequel nous pensons cependant développer une autre approche. Nous axer sur de grands thèmes de réflexion par exemple.
Ainsi, peut-être donner naissance à ce projet ancien:
"Rosa Luxemburg, Elaboration d'une pensée contre la guerre", travail commencé avec Gilbert Badia et qui s'attache à faire connaître les textes moins connus de Rosa Luxemburg sur la période 1898-1900. Pour cela nous reprenons et complétons par exemple les inédits de la chronique ego.
L'année 14: regroupement des éléments d'informations que nous possédons sur son action et sa pensée en cette année cruciale.
Et d'autres projets, pourquoi pas.
Et de toutes les façons offrir dans un premier temps au moins, la possibilité d'une lecture plus sereine.
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La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."
Publié le 20 février 2009