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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
23 décembre 2018 7 23 /12 /décembre /2018 20:58
Le conseil des soldats allemands à Bruxelles en novembre 1918

 Cela a dû faire un drôle d’effet à la population bruxelloise : le dimanche 10 novembre 1918 après-midi, un cortège de 5 à 6000 soldats allemands défilaient dans la ville au rythme de l’Internationale, drapeaux rouges à la main. C’était le point d’orgue du soulèvement de soldats allemands contre les dirigeants de leur armée et leur gouvernement. Cet épisode de la Révolution allemande mérite d’être davantage connu.

Dossier basé sur un texte de Tim Joosen paru dans notre livre ‘‘1918-1923: La révolution allemande’’

https://fr.socialisme.be/51987/le-conseil-des-soldats-allemands-a-bruxelles-en-novembre-1918

 

L’impact de la Révolution d’Octobre sur le front Ouest

La Révolution d’Octobre 1917 en Russie a eu un énorme impact sur les armées du Front occidental. La nouvelle de la création d’un État ouvrier, les propositions de paix et les mesures socialistes du nouveau gouvernement soviétique en Russie se sont vite répandues parmi les soldats. Tout à coup, il s’avérait qu’il existait une alternative au système capitaliste qui, pour ces soldats, était surtout synonyme de soif de sang, de massacres et de privations sur le front.

L’état-major allemand a vu dans ces mutineries et l’affaiblissement des alliés une opportunité pour débuter une nouvelle offensive : celle du printemps. La prépondérance des troupes allemandes a été renforcée par la paix sur le front de l’Est. Les commandants en chef Ludendorf et Hindenburg voulaient ériger un mur entre les troupes alliées pour diviser les armées britanniques, françaises et belges et ensuite les attaquer séparément.

Bien que l’attaque fut un succès dans un premier temps – les alliés ont été repoussés de quelque 60 kilomètres – cette offensive s’est soldée par un fiasco. D’un point de vue logistique, l’attaque a très mal été préparée et les dirigeants de l’armée ont à nouveau montré leur mépris total de la vie et du bien-être des simples soldats. Du côté allemand, sur les quatre mois qu’a duré l’offensive, 700.000 victimes sont tombées. Chez les alliés, les pertes ont été encore plus importantes : plus de 860.000 soldats sont tombés, morts ou portés disparus.

C’est surtout dans les rangs de l’armée allemande que les soldats en avaient marre de ce massacre. De plus, les dirigeants de l’armée ont commis la grosse erreur d’amener sur le front occidental des soldats du front russe. Beaucoup avaient sympathisé avec les soldats russes et parlaient désormais à leurs frères d’armes de la Révolution d’Octobre. À la fin de l’offensive du printemps, 200.000 soldats allemands avaient déjà déserté et étaient rentrés chez eux de leur propre initiative. Lorsqu’à la fin de l’été 1918, les troupes alliées ont commencé une contre-offensive, les soldats allemands restants ont quitté massivement leurs tranchées. Fin septembre 1918, la guerre était, dans les faits, pratiquement finie sur le front occidental.

Voici donc le contexte dans lequel la guerre mondiale a pris fin, qui n’a rien à voir avec le génie des états-majors alliés. Toute cette guerre s’est avérée être un statu quo stratégique. Ce n’est que quand la classe ouvrière s’est organisée contre la guerre que les gouvernements capitalistes ont été obligés d’y mettre un terme.

 

Retour au chaos et Révolution allemande

Les dirigeants de l’armée allemande savaient que la guerre était finie et qu’il valait mieux entamer un retour organisé. Il s’est cependant vite avéré qu’il n’était pratiquement pas question d’organisation et d’ordre : beaucoup d’unités ont été abandonnées à leur sort à mi-parcours de leur retour, l’intendance ne suivait pas.

Fin octobre, les matelots de la marine allemande ont entamé des actions de protestations massives dans les villes portuaires allemandes. En cause, la tentative des dirigeants de l’armée de lancer une dernière offensive de la marine contre les alliés, dans l’espoir d’inciter l’empereur à poursuivre la guerre. Cette offensive fut impossible parce que des milliers de matelots ont refusé de quitter le port. Le 3 novembre, les matelots allemands mutinés occupaient la ville portuaire de Kiel et proclamaient une république soviétique socialiste. Trois jours plus tard, la même chose eut lieu à Hambourg, puis de tels soulèvements ont suivi dans la Ruhr, en Bavière et à Berlin. Le 9 novembre, la situation était à ce point sans issue pour la classe dirigeante allemande qu’elle a forcé l’empereur allemand Guillaume II à abdiquer. Ce geste à destination de la direction officielle du mouvement ouvrier avait pour but d’éviter une révolution comme en Russie.

Cela a donné lieu une collaboration entre les dirigeants de la social-démocratie allemande (SPD) et la direction syndicale, d’une part, et la direction de l’armée et les représentants du capital allemand, d’autre part. La classe dirigeante allemande s’est engagée à mettre en place des réformes démocratiques et à donner suite aux revendications sociales. La direction du SPD a, quant à elle, promis de tout faire pour contrer une version allemande de la révolution d’Octobre, si nécessaire par la violence.

 

En Belgique aussi, une alliance contre nature

À partir d’octobre 1918, des contacts ont eu lieu entre représentants des autorités allemandes en Belgique, délégués du gouvernement belge en exil au Havre et représentants de la direction syndicale et du Parti ouvrier belge (POB). Au départ, les Allemands voulaient aller jusqu’à l’instauration d’une république belge avec pour président le socialiste Edward Anseele. Toutefois, les socialistes avaient auparavant déjà été réceptifs à l’appel du roi belge Albert Ier d’une ‘‘Union Sacrée’’ ou ‘‘paix de Dieu’’ : tous les conflits internes, y compris la lutte des classes, devaient être mis de côté au nom de l’unité nationale.

Les importantes concessions (suffrage universel masculin, reconnaissance du droit de grève, éléments de sécurité sociale) montrent à quel point les capitalistes (et la direction du POB) avaient peur, principalement à cause du conseil de soldats allemands et du soutien témoigné par les syndicalistes belges.

 

La protestation des soldats allemands

La situation pitoyable dans laquelle se trouvaient les soldats qui se repliaient par Bruxelles continuait de susciter des protestations. De plus, beaucoup de ces soldats étaient membres et militants du SPD voire, pour certains, de sa scission à gauche, l’USPD. Quelques-uns parmi eux avaient accès, grâce à leur travail dans les services de communication militaire, à des informations de premier ordre concernant les événements révolutionnaires dans leur pays d’origine et les partageaient avec enthousiasme avec leurs frères d’armes.

Lorsque le 9 novembre, la nouvelle de l’abdication de l’empereur allemand est arrivée, les soldats allemands ont mené diverses actions à Bruxelles. Dans différents régiments, les soldats ont emprisonnés leurs officiers tandis que leurs insignes et décorations étaient arrachés et piétinés en public. Dans plusieurs casernes temporaires, les symboles de la monarchie allemande ont été arrachés. Le drapeau impérial a fait place aux drapeaux rouges. C’était, entre autres, le cas dans les baraquements et les lieux de travail à la Gare du Nord où un important contingent de soldats allemands résidait. C’est là que le conseil révolutionnaire de soldats a officiellement pris forme.

Ce même samedi soir du 9 novembre, un meeting a eu lieu dans le local communautaire des ouvriers du rail à la Gare du Nord où ils ont décidé de créer un conseil de soldats et ont élu une direction provisoire pour ce conseil. Cette direction devait négocier avec l’état-major allemand qui avait reçu de Berlin l’ordre d’accepter toutes les ‘‘revendications raisonnables’’.

 

Le conseil de soldats allemands à Bruxelles en action

Tout comme en Allemagne, la direction a été laissée aux dirigeants socialistes, qui désiraient essentiellement garder la révolution sous contrôle. La direction du conseil de soldats allemands à Bruxelles en fut l’expression. Le président Hugo Freund était médecin militaire et militant USPD, le seul membre USPD parmi la direction. Elle comptait aussi les militants SPD Kurt Heinig, Nottebohm, Auguste Horn et Siegmund. Carl Einstein, un anarchiste, a également joué un rôle important. Il ne faisait vraisemblablement pas partie de la direction, mais avait reçu pour mission de veiller à la propagande et à la communication du conseil de soldats. Einstein, qui parlait couramment le français, a reçu la mission spécifique de nouer des contacts avec les syndicats et partis ouvriers belges.

Lorsque, plus tard, on a demandé à Freund les raisons du succès limité du conseil de soldats, il a répondu que seuls Einstein et lui-même étaient à gauche et que l’attitude tant de la direction du SPD que celle du mouvement ouvrier belge rendait impossible toute autre issue.

Pourtant au début, le conseil de soldats allemands était particulièrement combatif. Outre des revendications relatives aux besoins immédiats des soldats allemands – nourriture, logement et préparation du retour en Allemagne – beaucoup d’attention a, de nouveau, été consacrée au contact avec la population belge. Le conseil de soldats allemands a ordonné à ce qui restait du commando de l’armée allemande de tout mettre en oeuvre pour pourvoir la population belge en nourriture, de libérer les déserteurs allemands ainsi que les résistants belges et de permettre aux travailleurs forcés en Allemagne de rentrer en Belgique. Des collaborateurs belges ont été arrêtés et une enquête a été ouverte concernant les officiers responsables de l’exécution de l’infirmière britannique Edith Cavell qui avait travaillé avec la résistance belge. Les grades militaires et les insignes ont été supprimés et les officiers démis de leur fonction. Chaque régiment pouvait élire démocratiquement ses propres commandants. La discipline militaire disparut : après les heures de service, chaque soldat était désormais un citoyen libre. Enfin, une main a été tendue au POB et aux syndicats belges à qui il fut demandé d’entrer en contact avec le conseil de soldats.

Le 10 novembre, cet appel à la population et au mouvement ouvrier belge a été renforcé par une manifestation à Bruxelles. Quelque 5 à 6.000 soldats, tous désarmés, ont démarré de leur quartier gare du Nord vers la place Poelaert via la Bourse. Les soldats portaient des drapeaux rouges, distribuaient des tracts en français et néerlandais à la population avec un appel à la solidarité. Ils chantaient l’Internationale et demandaient aux passants de se joindre à eux. Arrivé sur place, Freund et Einstein ont fait des discours, le dernier était en français et relatait les événements révolutionnaires en Allemagne. Ils ont rappelé l’appel à la solidarité à la population belge et à la classe ouvrière.

 

L’attitude du POB

À la grande consternation de la direction du POB, l’appel du conseil de soldats allemands a été suivi d’effet. Plusieurs militants socialistes, surtout des jeunes affiliés aux Jeunes Gardes Socialistes, se sont joints aux soldats allemands. Des figures de gauche au sein du POB ont également essayé de convaincre le parti de choisir le camp du conseil de soldats.

Dans le syndicat, il y avait une opposition à l’orientation pro-belge de la direction. Celle-ci était menée par le dirigeant syndical Volckaert qui appelait à la création d’une ‘‘république socialiste belge’’. La direction du POB a eu toutes les difficultés à inverser cette tendance. Emile Vandervelde a été spécialement dépêché de Gand pour lutter contre l’aile gauche à Bruxelles. Pendant une concertation avec la direction du conseil de soldats allemands, la direction du POB a fait clairement comprendre que toute forme de coopération et de solidarité de la part du mouvement ouvrier belge était exclue. Elle a conseillé aux Allemands de rentrer chez eux le plus rapidement possible.

 

Le début de la fin du conseil de soldats allemands

Déçue du manque de soutien du mouvement ouvrier belge, la direction du conseil de soldats a décidé de changer d’orientation et c’est focalisé sur le retour des soldats allemands hors de Belgique. Suite à cette grande désillusion, une partie des soldats allemands ont participé à des beuveries et se sont rendus coupables de pillages. Les dirigeants de l’armée allemande ont prévenu le conseil de soldats qu’il était désormais responsable du maintien de l’ordre à la suite de quoi les dirigeants du conseil de soldats ont retiré une série de mesures progressistes : la hiérarchie militaire a été réintroduite, des congés retirés et les pilleurs ont été punis.

Des contacts ont alors été pris avec les autorités belges et la ville de Bruxelles et l’autorité civile a ainsi été rendue à la police belge, la justice belge et l’armée alliée et une ‘‘garde civile’’ mise en place par la ville de Bruxelles. Le conseil de soldats ne s’occupait plus que de l’organisation logistique du retour en Allemagne et du maintien de l’ordre parmi les soldats allemands restants. Toute tentative d’approche de la population belge et du mouvement ouvrier était bloquée. Ainsi, les ordres du nouveau gouvernement SPD de Friedrich Ebert à Berlin étaient scrupuleusement suivis. Le 17 novembre, les derniers soldats allemands ont quitté Bruxelles, parmi eux Freund et Einstein.

 

En conclusion

De retour en Allemagne, beaucoup de soldats actifs dans le conseil de soldats sont retournés à la vie civile. Plusieurs d’entre eux, dont Carl Einstein, ont par la suite joué un rôle important dans le mouvement révolutionnaire. Einstein, après l’échec de la Révolution allemande, s’est rendu en Espagne où il a pris les armes contre le fascisme au sein du POUM. D’autres, comme Hugo Freund, ont été démoralisés par l’échec de la révolution et se sont détournés de toute activité politique.

Le contexte dans lequel le conseil de soldats allemands a dû agir était particulièrement difficile. Beaucoup de Belges considéraient toujours les soldats allemands comme des occupants. Malgré cela, les ouvriers les plus conscients savaient voir au travers de la surenchère nationaliste et témoigner de leur solidarité envers les soldats allemands insurgés. Malgré l’horreur des quatre années de guerre impérialiste, l’internationalisme était toujours vivant, et ce, même après que les directions des partis sociaux-démocrates de toute l’Europe aient joué la carte du nationalisme.

Cet épisode remarquable de l’histoire belge montre qu’il y avait dans notre pays un potentiel pour l’extension de la révolution d’Octobre russe. Pour le concrétiser, il aurait fallu un parti révolutionnaire. La direction du POB a précisément tout fait pour éviter une révolution. Cette dernière a poursuivi cet objectif durant la vague de grèves de 1918-19 qui n’a pas pu développer et y a finalement mis un terme. Emile Vandervelde était dans ce sens très clair : ‘‘Nous devons espérer que les employeurs comprennent qu’ils ont intérêt à ce que les syndicats deviennent puissants et puissent canaliser la colère. Ils empêchent que les revendications ne s’expriment violemment et ne désorganisent le pays.’’ L’appel à une grève générale le 1er mai 1920 a été étouffé par les dirigeants syndicaux. ‘‘Pour renverser l’ordre existant, il faut être en mesure de le changer. Disposez-vous des techniciens nécessaires ? Les ouvriers sont-ils avec vous ? Je n’oserais pas le confirmer’’ déclarait Delattre du syndicat des mineurs du Borinage. Une grève a été évitée et remplacée par de grandes manifestations le 1er mai. Quand le ‘‘danger’’ de la révolution a été écarté en 1921, la bourgeoisie n’a plus estimé nécessaire de garder le POB au gouvernement.

 

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23 décembre 2018 7 23 /12 /décembre /2018 11:16
Albert Londres 1923

Albert Londres 1923

14-18, Albert Londres : «Le premier craquement s’entendit dans la marine.»
 
 
Comment naquit la révolution allemande
 

(De l’envoyé spécial du Petit Journal.)

Cologne, … décembre.

 
 

Il suffit d’être en face d’un fait pour qu’il cesse d’être étonnant. Si, hier, quand l’Allemagne était l’empire le plus discipliné de la terre on vous eût tracé le tableau que, politiquement, elle offre aujourd’hui, vous n’eussiez pas voulu l’admettre.

 

Le premier craquement s’entendit dans la marine. Rien d’étonnant. Ce n’est pas de ces dernières années que la marine allemande présentait moins de discipline que les troupes de terre. Depuis des années, et s’accentuant à mesure, des feux follets de mécontentement montaient les soirs des ponts des navires. C’est que la vie sur les bateaux est plus intime que dans les casernes, les marins observaient de plus près leurs officiers, ils les voyaient mangeant bien, buvant bien. « Ces messieurs se régalent et nous, nous avons toujours des betteraves », disaient-ils. Les permissions étaient rares, on bougonnait ; la guerre arriva, les motifs d’excitations augmentèrent de volume, les betteraves aussi ; ceux qui revenaient des croisières de sous-marins racontaient la terrible vie.

 

L’impatience de prendre la mer pour de glorieuses aventures n’attisa en rien leur sourde colère ; s’ils demandaient du nouveau, ce n’était pas d’aller à la bataille : c’était d’être mieux. Le mieux ne vint pas. 1917 vit leurs premières velléités révolutionnaires. Les autorités frappèrent, emprisonnèrent. On leur renfonça leurs cris dans la gorge. Les mois passèrent, aigrissant les cœurs, excitant les esprits. Ça gagna, ça gagna.

 

 

Leur arrivée dans les villes

 

 

… Donc, de Kiel, de Brême, de Hambourg, de Wilhelmshafen, par groupes de six à sept ils arrivent à Berlin, à Francfort, à Düsseldorf, à Cologne. Cela se passa le 8 et le 9 novembre. Débarqués d’auto, ils courent aux casernes, entrent dans les cours, crient : « C’est fait, c’est la révolution, c’est fini. » Les soldats apparaissent aux fenêtres, écoutent, applaudissent, jettent de l’étage leur matelas, leur manteau, leur casque. Le succès, insensiblement, hausse et inspire les révolutionnaires, ils disent : nous sommes l’autorité. Ils vont à la gare, en prennent la direction, au télégraphe, le réglementent, à l’hôtel de ville, s’y installent.

 

Comment se fait-il que les pouvoirs établis leur aient laissé faire ça. Après coup ils se le demandent et ne comprennent plus.

Éclairons l’événement. Si les marins trouvèrent un si subit écho dans les casernes d’Allemagne c’est que depuis longtemps la discipline jouait mal chez les troupes d’arrière. Ces soldats, habitants des villes, mal payés, faisaient des affaires. Leur préoccupation était de trafiquer, ils revendaient aux civils la nourriture des mess. Tous avaient la main ouverte, c’était à coups de billets de cinq marks ou de billets de mille. Les sergents-majors recevaient de l’argent des recrues pour les oublier sur la liste de tours de départ au front.

 

Le chef de la police de Düsseldorf avouait : « Je sais qu’il y a plus de trois mille déserteurs qui travaillent dans les usines de la ville, qu’y puis-je ? les soldats à ma disposition les approuvent. Tant qu’il n’y aura pas de troubles, je fermerai les yeux, de plus, je n’ai pas d’ordres. » Au passage des trains ramenant les troupes de Russie, à Coblentz surtout, 25 pour cent du régiment disparaissaient. Les soldats blessés qu’on ramenait sans cesse au feu se libéraient d’eux-mêmes. À Bruxelles, des bureaux clandestins de faux certificats militaires s’enrichissaient. Ces hommes, ainsi munis, retournaient en Allemagne. Dans les petites villes, vite percés, on les coffrait ; dans les grandes, on avait peur, on les laissait. La discipline était débordée.

 

 

Des marins aux soldats

 

 

Donc, succès : les soldats suivent les marins. Les officiers apprennent d’heure en heure que le mouvement est général, ils ne savent que faire ; dès qu’ils se montrent, les hommes leur retirent épaulettes, cocardes, sabre ; quelle décision prendre ? Ils vont s’enfermer dans leur domicile. Les révolutionnaires sont maîtres, ils se rendent aux prisons, se présentent en armes ; libérez, disent-ils, c’est nous qui commandons. Désarmé, le porte-clefs ouvre, les gredins se répandent. Cologne, prison de matelots, la première, vit ce spectacle. Réunion immédiate dans les casernes, chaque compagnie doit choisir un homme de confiance, il est choisi. Des socialistes habitués de la parole rassemblent ces délégués : — Vous, vous irez chez le gouverneur, vous, chez le bourgmestre, vous, à la police, vous, à la place. Accompagnés d’un parleur, ils partent, arrivent devant les autorités. Bref est le discours : « Désormais, tout ce que vous ordonnerez sera contresigné par ces hommes. » Au-dessus de ces hommes, un comité se forma, le Soldatenrath.

 

L’exemple était donné. Les casernes qui n’avaient pas reçu la visite des marins se joignirent à l’organisation. Les hommes allaient trouver leurs officiers : « Nous voulons faire un Soldatenrath. — Faites. »

 

Le peuple, les socialistes n’étaient pas seuls ; libéraux, avocats suivaient l’aventure. Il y avait des Soldatenraths de bourgeois comme de prolétaires. Il y en eut qui comptèrent des capitaines. Dès le lendemain de cet état, des ordres arrivèrent partout de Berlin. Ils disaient : les officiers pourront conserver leurs armes, leurs épaulettes et continuer leurs occupations, pourvu que leurs actes soient contrôlés par le délégué. Ces événements se déroulaient entre la demande d’armistice au général Foch et son acceptation. C’est peut-être pour cela que les parlementaires voyagèrent de nuit ! Le troisième jour de ce nouveau régime, les ouvriers se joignirent aux soldats.

 

 

L’aspect du nouveau régime

 

 

Les riches, au début, prirent peur, les souvenirs de Petrograd dansèrent devant leurs yeux, les premières vingt-quatre heures furent pleines de frissons. Puis les jours, en se succédant, repassèrent au calme. On promenait ses doigts dans la crinière du fauve. On disait : « Tiens, voilà un Soldatenrath. » Connaissance était faite. Les ouvriers en profitèrent, réclamèrent deux marks de plus de salaire quotidien, la journée de huit heures ; leurs désirs furent exaucés. Les officiers touchèrent leur traitement non diminué. Partout les comités furent sages ; ils contresignaient de confiance, c’était des gens ordonnés, ils étaient pour la bonne marche des affaires, sauf à Berlin.

 

À Berlin, les nouveaux organisateurs de la société ont gaspillé déjà 800 millions. C’est d’être de la capitale qui leur a donné ces idées de grandeur, c’est aussi que des emplois plus représentatifs les y invitaient.

 

Le Petit Journal, 23 décembre 1918.

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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 21:00
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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 19:25
Revolution“ – Warum Luxemburg und Liebknecht ermordet wurden. Une analyse et un des derniers textes de Annelies Laschitza

 

„Sie verkörperten die Revolution“ – Warum Luxemburg und Liebknecht ermordet wurden

Sie haben nur eine geringe Rolle bei den Ereignissen und Aktivitäten in der Novemberrevolution 1918 und darauf gespielt. Dennoch haben die Gegenkräfte gerade sie ins Visier genommen: Rosa Luxemburg und Karl Liebknecht. Beide Sozialisten haben das mit dem Leben bezahlt. Die Gründe dafür hat die Historikerin Annelies Laschitza im Gespräch erläutert.„Es wäre alles genauso verlaufen, wenn es sie gar nicht gegeben hätte.“ So schätzte der Historiker Sebastian Haffner 1969 in seinem Buch "Die cerratene revolution" die Rolle von Rosa Luxemburg und Karl Liebknecht in den Ereignissen in Deutschland ab dem 9. November 1918 ein. Beide hätten „wenig oder nichts“ dazu beigetragen und mit ihren mündlichen und schriftlichen Agitationen und Aufklärungen nichts bewirkt, so Haffner. „Sie waren nicht die Führer einer deutschen bolschewistischen Revolution, nicht die Lenin und Trotzki Deutschlands.“ Sie hätten das auch gar nicht sein wollen.Doch beide verkörperten „wie niemand sonst in den Augen von Freund und Feind die deutsche Revolution“, schrieb Haffner, was wohl bis heute gelten kann. Für die Historikerin Annelies Laschitza ist der Mord an Luxemburg und Liebknecht der Gegenbeweis für die Behauptung, dass die beiden linken Sozialdemokraten – kurz vor ihrem gewaltsamen Tod Mitbegründer der Kommunistischen Partei Deutschlands (KPD) – auf das reale Geschehen einflusslos gewesen seien.

 

Durch die Revolution befreit

Laschitza (Jahrgang 1934) beschäftigt sich seit etwa 50 Jahren mit dem, was die Politikerin und Theoretikerin Rosa Luxemburg an Texten und Schriften sowie Spuren hinterlassen hat. Laschitza ist die renommierteste Expertin zu dem Thema und kann auf zahlreiche Publikationen verweisen, so auf die Mitherausgeberschaft der "Gesammelte Werke" von Rosa Luxemburg, so 2018 mit dem ersten und zweiten Halbband von Band 7 der Werksausgabe.

Luxemburg war erst am 9. November 1918 aus der „Schutzhaft“ in der Festung Breslau entlassen worden. Schon deshalb konnte sie keinen aktiven Einfluss auf die damaligen Geschehnisse nehmen. „Die Revolution in Breslau hat sie aus ihrem Gefangenen-Dasein befreit“, so Laschitza. Sie habe zuvor in mehreren Briefen an ihre Freundinnen bedauert, dass Philipp Scheidemann, SPD-Minister in der letzten kaiserlichen Regierung, per Anordnung nur Karl Liebknecht und andere politische Gefangene Ende Oktober, aber nicht sie entließ.

Der Weg nach Berlin sei für Luxemburg noch beschwerlich gewesen, da das Auto, das sie abholen sollte, es nicht rechtzeitig nach Breslau schaffte. So sei die Sozialistin allein mit dem Zug in die deutsche Hauptstadt gefahren – und habe deshalb all ihre Unterlagen in Breslau zurücklassen müssen. Nach diesen werde bis heute gesucht, erzählte Laschitza.

 

Wirkung durch das Wort

Luxemburg habe dann in Berlin sofort die Redaktion der „Roten Fahne“ aufgesucht, wo sie begonnen habe, die revolutionären Ereignisse zu analysieren und per Wort zu begleiten. Aber sie sei weit mehr als Liebknecht von der Festungshaft gesundheitlich geschwächt gewesen. Gleichzeitig konnte sie wegen des ganzen Trubels der Revolution sowie aus Sicherheitsgründen nicht in ihre Wohnung einkehren.

In Berlin habe sie dann vor allem Artikel für die „Rote Fahne“, damals Zeitung des Spartakus-Bundes, geschrieben. Das habe aber kaum Massenwirkung gehabt, so die Historikerin. „Die große Enttäuschung ist am 16. Dezember 1918 der Reichsrätekongress, wo Luxemburg und Liebknecht nicht zugelassen werden. Sie haben versucht, wenigstens reden zu können, obwohl sie nicht delegiert waren. Sie hatten gewiss unter einigen der Delegierten ihre Anhänger, konnten aber nicht reden.“

Die mündliche Agitation in den Novemberereignissen habe vor allem Liebknecht gemacht, so Laschitza. Luxemburg sei seit dem 9. November so gut wie nie öffentlich aufgetreten. Sie habe nur über die „Spartakusbriefe“ und die „Rote Fahne“ wirken können, sowie über viele Briefe an andere aktive Linke.

Die jungen Anhänger des Spartakus-Bundes seien von den Beiträgen der Sozialistin begeistert gewesen, berichtete die Historikerin. „Aber diese jungen Leute waren dann auch dominant bei den Beschlüssen des KPD-Parteitages vom 30. Dezember 1918 bis zum 1. Januar 1919 über den Boykott der Nationalversammlung.“

 

Umfassenderer Demokratiebegriff

Dies müsse aber nicht als schlimm angesehen werden, schrieb Luxemburg am 11. Januar 1919 an Clara Zetkin. Es sei eine „frische Generation, frei von den verblödenden Traditionen der ‚alten bewährten‘ Partei – und das muss mit Licht- und Schattenseiten genommen werden“. Sie hätten „alle einstimmig beschlossen, den Casus nicht zur Kabinettsfrage zu machen und nicht tragisch zu nehmen“.

Luxemburgs Demokratiebegriff, der umfassender war, als ihr unterstellt wurde, sei von ihren Anhängern nicht aufgegriffen worden. Sie habe sich eine demokratische Republik vorgestellt, die nicht über Barrikadenkämpfe entsteht. Im „Spartakusprogramm“ habe sie geschrieben: „Die Masse des Proletariats ist berufen, nicht bloß der Revolution in klarer Erkenntnis Ziele und Richtung zu stecken. Sie muss auch selbst, durch eigene Aktivität Schritt um Schritt den Sozialismus ins Leben einführen. Das Wesen der sozialistischen Gesellschaft besteht darin, dass die große arbeitende Masse aufhört, eine regierte Masse zu sein, vielmehr das ganze politische und wirtschaftliche Leben selbst lebt und in bewusster freier Selbstbestimmung lenkt.“

Als Liebknecht im Januar 1919 dann zum Sturz der Regierung aufrief, habe Luxemburg das als verfrüht eingeschätzt. Das hing laut Laschitza mit den grundlegenden Auffassungen der Sozialistin, orientiert an der Idee des Volksaufstandes und des Massenstreikes, zusammen. Es könne nicht irgendein Komitee oder Vorstand beschließen, wie das zu laufen habe, auf die konkrete Situation der Gegensätze käme es an.

 

Treue zur Sozialdemokratie als Hemmnis

Luxemburg habe die Ereignisse in Deutschland ab November 1918 als Revolution eingeschätzt, sagte die Historikerin, „als revolutionäres Aufbegehren der Massen“. Aber sie habe Zweifel gehabt: In Russland habe sie die Fehler der Bolschewiki 1917 darin gesehen, dass diese die Revolution einengten, indem sie alles bestimmen wollten.

„In Deutschland sah sie das große Hemmnis in der tief sitzenden Treue zur deutschen Sozialdemokratie: Alles, was deren Vertreter sagen, wird wortwörtlich genommen. Sie hat mal im Vergleich der revolutionären Vorgänge beider Länder geäußert: In beiden war es nicht der richtige Zeitpunkt, schon zur sozialistischen Revolution überzugehen. Für die sozialistische Revolution waren aus ihrer Sicht die objektiven Bedingungen nicht gegeben.“

Bei der heutigen Debatte um die Nachhaltigkeit dessen, was die Sozialistin hinterließ, sei ihre Enttäuschung über die Massen zu beachten, hob die Historikerin hervor. Luxemburg habe den Beginn des Ersten Weltkrieges schwer verkraftet: „Diese Zustimmung und dieses Abreisen der jungen Rekruten, die vorwiegend aus sozialdemokratischen Familien kamen. Millionen waren in Bewegung geraten. Das hat sie noch einmal am Ende des Krieges bewegt, dass es den Massen vor allem zunächst um Frieden und Sicherheit ging, dass sie nicht wieder in den Schützengraben müssten.“

 

Kapitalismus beim Namen genannt

Für Luxemburg ging es laut Laschitza um mehr, so um die sozialen Rechte, die erkämpft werden müssten, und darum, sich von den reaktionären Kräften abzugrenzen, die wieder die Militärs und Rüstungsproduzenten verschonen wollten und verschonten. Ihr sei noch in der Festung Breslau klar geworden, dass es sich bei den Ereignissen in Deutschland nicht um das Ideal der sozialistischen Revolution handeln könne.

Trotz des geringen konkreten Einflusses auf die Ereignisse in Deutschland 1918/19 sind Luxemburg und Liebknecht ins Visier ihrer Gegner geraten, weil diese sich von den beiden Sozialisten am stärksten angegriffen fühlten. Dessen ist sich die Historikerin sicher. Deshalb seien beide am 15. Januar 1919 ermordet worden. Schon zuvor, Ende 1918, hatte es Mordaufrufe und entsprechende Versuche gegeben.

„Luxemburg hat immer gesagt: Krisen, Kriege und Konflikte wird es so lange wie das kapitalistische System geben. Sie hat sozusagen immer frontal angegriffen.“ Das falle den gegenwärtigen Linken eher schwer, fügte die Historikerin hinzu. „Sie haben Ross und Reiter genannt“, beschrieb sie das Wirken von Luxemburg und Liebknecht.

Das habe ihre Gegner noch stärker aufgebracht als zum Beispiel das reale Handeln von Richard Müller. Der war führender Kopf der Revolutionären Obleute, die vor allem in Berlin zu den radikalsten aktiven Kräften gehörten. Müller überlebte das Geschehen und schrieb später Bücher darüber.

Laschitza erinnerte sich an den internationalen Historikerkongress in San Fransisco 1975. Auf diesem hatte sie gemeinsam mit ihren Kollegen Horst Bartel und Walter Schmidt ein Referat über das Verhältnis der Arbeiterklasse zu Reform und Revolution eingereicht. Dort sei von Teilnehmenden gesagt worden, Luxemburg und Liebknecht seien ohne Einfluss und ohne klare Konzeption gewesen. „Ich habe sie frappiert mit der Frage: Wieso können Sie dann über die Rechtfertigung des Mordes an den beiden sprechen, wenn sie so einflusslos und konzeptionslos waren? Alles hat getobt mit Beifall. Eine Antwort gab es natürlich nicht.“

 

 

Die Furcht der Herrschenden

Die Herrschenden haben nach Meinung der Historikerin gefürchtet, dass die aufgebrachten Massen, schon seit dem Januarstreik im Jahr 1918, eventuell doch zu schärferen Formen der Auseinandersetzung greifen könnten. Den Revolutionären sei immer unterstellt worden, dass es von friedlicher zu gewalttätiger Demonstration „eine Klitzekleinigkeit“ sein kann.

„Es ist ja lächerlich zu sagen: Wir müssen die Bevölkerung vor Rosa Luxemburg schützen. Das war der offizielle Ton auf die Eingabe, mit der alle Vierteljahre beantragt werden konnte, die Schutzhaft aufzuheben. Die Gefahr besteht nach wie vor, war die behördliche Antwort.“

Durch ihr gesamtes Verhalten in den vorhergehenden Jahrzehnten seien Luxemburg und Liebknecht zu Symbolen der Ereignisse 1918 geworden, auch wenn sie auf diese selbst wenig Einfluss hatten, meint die Luxemburg-Biographin. „Das ist das Bittere, dass die Sozialdemokratie so tut, als wenn es die beiden nicht in ihren Reihen gegeben hat. Rosa Luxemburg war eine angehimmelte Lehrerin der Zentralen Parteischule der SPD, seit 1907! Im ‚Vorwärts‘ hatte sie als Chefredakteurin die russische Revolution 1905 wie eine Zeithistorikerin erfasst.“

 

Gegen Bündnis mit alten Eliten

Zur Rolle der Sozialdemokratie in der Novemberrevolution in Deutschland erinnerte die Historikerin daran, dass die Entscheidungen nicht von den Parteimitgliedern an der Basis getroffen wurden, sondern von führenden Vertretern wie Friedrich Ebert, Philipp Scheidemann und Gustav Noske. Hinzu seien die „mehr oder weniger lavierenden“ Karl Kautsky und Hugo Haase gekommen. Während die beiden letzteren mit der USPD zur alten sozialdemokratischen Strategie und Taktik zurückkehren wollten, hätten die drei MSPD-Vertreter das Bündnis mit den alten Eliten gesucht und gestärkt.

„Sie haben nicht begriffen, dass die alten Eliten unbrauchbar sind für die neue Demokratie. Das ist das große Problem in der Führungsebene der deutschen Sozialdemokratie, der Mehrheits-Sozialdemokratie, zu dieser Zeit. Dagegen haben Luxemburg und Liebknecht gekämpft: Es darf kein Bündnis mit den alten Gewalten geben!“

Laschitza wies darauf hin, dass die beiden ermordeten Sozialisten nur für Linke zu „Lichtgestalten der Revolution“ wurden. Aus Sicht des bürgerlichen Historikers Haffner waren sie Symbole der Revolution – „und mit ihnen erschlug man die Revolution“. Er schätzte ein, „dass diese Episode das eigentliche geschichtsträchtige Ereignis des deutschen Revolutionsdramas gewesen ist“.

 

Annelies Laschitza: Sich treu bleiben und heiter sein", Rosa-Luxemburg-Forschungsberichte Heft 14, Rosa-Luxemburg-Stiftung Sachsen 2018

 

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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 12:52
Annelies Laschitza a disparu

 

Annelies Laschitza (1934–2018)

 

Jörn Schütrumpf remembers the last of the great Rosa Luxemburg scholars, Annelies Laschitza, the editor of the German-language Collected Works, who died last week in hospital. 

 

 

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During our last phone call in early December, Annalies Laschitza asked me to reserve the evening of 9 February in my calendar. She wanted to mark her 85th birthday not with a celebration, but rather just a dinner among a small circle of friends. She also asked me not to arrange for any more press appointments; effective immediately, she would no longer give any interviews about Rosa Luxemburg nor anything else.

 

I tried to reach her by phone only several days later – a publishing house in Madrid had contacted us with several editorial queries only she could answer. Yesterday, I received the news: she passed away in the hospital on 10 December. We were caught totally unprepared. To us, Annalies Laschitza always seemed somehow immortal. Her most recent book about Karl Liebknecht had just been published by the Rosa-Luxemburg-Stiftung in Saxony this November.

 

Following Günter Radczun (Berlin, 1978), Gilbert Badia (Paris, 2004), Feliks Tych (Warsaw, 2015), Jakov Drabkin (Moscow, 2015), and Narihito Ito (Tokyo, 2017), the last great figure of Rosa Luxemburg scholarship has left us. These researchers opened up pathways to a political and historical cosmos in which new stars repeatedly emerged: Leo Jogiches, Paul Levi, Ines Wetzel, the undistorted and authentic Clara Zetkin, Hugo Simon, Alexander Stein, Valeriu Marcu, Fritz Sternberg, and more. It is no surprise that they were mostly forgotten, given that their political stars remained without planets.

 

Even Rosa Luxemburg, the central body in this constellation, surprised us with new secrets, black holes, and shooting stars suddenly appearing from around the corner.

 

An episode from last summer is characteristic of Annelies Latschitza, her discipline and her unconditional seriousness. After our colleague Holger Politt reminded us that Rosa Luxemburg’s grandfather on her father’s side was buried in Berlin, we conducted further investigations: Abraham Luxenberg (“Luxemburg” only came two generations later) had lived on Linienstraße and was buried in the cemetery on Schönhauser Allee in 1872. On my next visit – it was in the morning – I related this story to Annelies. She had written about this fact (in her book Im Lebensrausch, trotz alledem, Berlin: Dietz, 2000), but did not recall it at that moment. The biographer of Rosa Luxemburg looked at me incredulously. Yet the very next day I received a letter: “The heat and your hasty questions knocked me off my stride yesterday. I rummaged through all kinds of materials and found that I can contribute something on ‘Abraham’.” This was followed by an archival note: on 24 May 1989 a local historian had taken Annlies Laschitza to the gravestone, which had already been toppled. The inscription read: “Here lie the ashes of a righteous and noble man…”  Now I was the one to look on incredulously.

 

Alongside the many other losses that Annelies Laschitza’s passing constitutes, we will never be able to answer the enquiry from Madrid.

 

Salut, Annelies!

 

Jörn Schütrumpf, 16 December 2018

 

Annelies Laschitza was the leading editor (together with Günter Radczun) of the original Collected Works of Rosa Luxemburg, published in seven volumes by Dietz Verlag in Berlin, as well as her six-volume collected letters, also published by Dietz. A complete bibliography of Laschitza's published writings in German can be found here.

 

 

https://www.versobooks.com/blogs/4182-annelies-laschitza-1934-2018

 

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16 décembre 2018 7 16 /12 /décembre /2018 18:16
Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg vers le Congrès de Leipzig 1909

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16 décembre 2018 7 16 /12 /décembre /2018 11:08
Pour un jardin Rosa Luxemburg - lettre de Jean-Paul Cam, secrétaire de section du PCF à Brest, au maire de BrestPour un jardin Rosa Luxemburg - lettre de Jean-Paul Cam, secrétaire de section du PCF à Brest, au maire de Brest

Pour un jardin Rosa Luxemburg

 

Il y aura bientôt un siècle, le 15 janvier 1919, la fondatrice du Parti Communiste Allemand était assassinée avec le député Karl Liebknecht et les spartakistes.


Féministe, pacifiste, opposée au social chauvinisme dans lequel basculèrent les partis socialistes français et allemand, Rosa Luxemburg paiera de sa vie le prix de son engagement. Rosa Luxemburg participa également à la 2ème conférence internationale des femmes socialistes qui créera la journée internationale des droits des femmes.


Alors qu'on assiste à une montée des extrêmes droites et du populisme en Europe et hélas dans le monde, il nous parait important que la ville de Brest rende hommage à une femme dont l’engagement en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, en faveur de la paix n’est plus à démontrer. Cet hommage pourrait notamment prendre la forme d’une dénomination de l’un des parcs publics de notre ville.


L’existence d’un « Jardin Rosa Luxemburg » à Brest constituerait à ce titre une belle reconnaissance de la municipalité des combats qu’elle a menés, toujours au service de l’émancipation de l’être humain.


Toute la vie de Rosa Luxemburg a été marquée par son engagement pour le socialisme depuis le début de son
militantisme à l'âge de 15 ans à Varsovie jusqu'à son assassinat, au milieu de la révolution des Conseils en Allemagne, le 15 janvier 1919.


Lorsque le choc de la révolution russe touche directement l’Allemagne en 1918 avec l’émergence des conseils ouvriers, la chute du Kaiser et la proclamation de la république, Rosa emprisonnée attend avec impatience la possibilité de participer directement à ce grand moment de l’histoire. Hélas, le ministre SPD Gustav Noske est chargé d'organiser la répression, qu'il confie aux corps francs. Les militaires écrasent l'insurrection avec une grande brutalité, tuant les spartakistes qui se présentent porteurs d'un drapeau blanc. Bientôt, tout Berlin est occupé par l'armée. Rosa Luxemburg fait paraître le 14 janvier 1919 son dernier article, amèrement intitulé "L'Ordre règne à Berlin".

 

Comme l’écrivait Clara Zetkin «son nom sera gravé au fil des siècles comme l’une des plus grandes et des plus éminentes figures du socialisme international. »


Au-delà de la personnalité de Rosa Luxemburg, nous inscrivons cette demande dans notre volonté de faire
reculer le processus d’invisibilisation des femmes dans l’histoire et plus particulièrement des femmes progressistes.
En espérant que vous soutiendrez notre démarche,

 

Je vous prie d’agréer Monsieur le Maire l’assurance de mes sentiments fraternels.

 

Le secrétaire de section du PCF Jean Paul CAM


 

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12 novembre 2018 1 12 /11 /novembre /2018 11:09

La chanson a été écrite en 1954, donc au moment de la guerre d'Indochine. Bien qu'atténuée dans la version chantée par Mouloudji (un des seuls chanteurs malgré tout à avoir osé le faire à l'époque), a été interdite. Boris Vian a écrit cette lettre au parlementaire qui demandait cette interdiction:

 

Monsieur,

Vous avez bien voulu attirer les rayons du flambeau de l'actualité sur une chanson fort simple et sans prétention. Le Déserteur, que vous avez entendue à la radio et dont je suis l'auteur. Vous avez cru devoir prétendre qu'il s'agissait là d'une insulte aux anciens combattants de toutes les guerres passées, présentes et à venir.

Vous avez demandé au préfet de la Seine que cette chanson ne passe plus sur les ondes. Ceci confirme à qui veut l'entendre l'existence d'une censure à la radio et c'est un détail utile à connaître.

Je regrette d'avoir à vous le dire, mais cette chanson a été applaudie par des milliers de spectateurs et notamment à l'Olympia (3 semaines) et à Bobino (15 jours) depuis que Mouloudji la chante ; certains, je le sais. l'ont trouvée choquante : ils étaient très peu nombreux et je crains qu'ils ne l'aient pas comprise. Voici quelques explications à leur usage.

De deux choses l'une : ancien combattant, vous battez-vous pour la paix ou pour le plaisir ? Si vous vous battiez pour la paix, ce que j'ose espérer, ne tombez pas sur quelqu'un qui est du même bord que vous et répondez à la question suivante : si l'on n'attaque pas la guerre pendant la paix. quand aura-t-on le droit de l'attaquer ? Ou alors vous aimiez la guerre - et vous vous battiez pour le plaisir ? C'est une supposition que je ne me permettrais pas même de faire, car pour ma part, je ne suis pas du type agressif. Ainsi cette chanson qui combat ce contre quoi vous avez combattu, ne tentez pas, en jouant sur les mots. de la faire passer pour ce qu'elle n'est pas : ce n'est pas de bonne guerre.

Car il y a de bonnes guerres et de mauvaises guerres - encore que le rapprochement de " bonne " et de "guerre " soit de nature à me choquer, moi et bien d'autres, de prime abord - comme la chanson a pu vous choquer de prime abord. Appellerez-vous une bonne guerre celle que l'on a tenté de faire mener aux soldats français en 1940 ? Mal armés, mal guidés, mal informés, n'ayant souvent pour toute défense qu'un fusil dans lequel n'entraient même pas les cartouches qu'on leur donnait (Entre autres, c'est arrivé à mon frère aîné en mai 1940.), les soldats de 1940 ont donné au monde une leçon d'intelligence en refusant le combat: ceux qui étaient en mesure de le faire se sont battus - et fort bien battus : mais le beau geste qui consiste à se faire tuer pour rien n'est plus de mise aujourd'hui que l'on tue mécaniquement ; il n'a même plus valeur de symbole, si l'on peut considérer qu'il l'ait eu en imposant au moins au vainqueur le respect du vaincu.

D'ailleurs mourir pour la patrie, c'est fort bien : encore faut-il ne pas mourir tous - car où sera la patrie? Ce n'est pas la terre - ce sont les gens. la patrie (le général de Gaulle ne me contredira pas sur ce point, je pense.). Ce ne sont pas les soldats : ce sont les civils que l'on est censé défendre - et les soldats n'ont rien de plus pressé que de redevenir civils, car cela signifie que la guerre est terminée.

Au reste si cette chanson peut paraître indirectement viser une certaine catégorie de gens. ce ne sont à coup sûr pas les civils : les anciens combattants seraient-ils des militaires ? Et voudriez-vous m'expliquer ce que vous entendez, vous, par ancien combattant ? " Homme qui regrette d'avoir été obligé d'en venir aux armes pour se défendre " ou " homme qui regrette le temps ou Ion combat- tait" - Si c'est " homme qui a fait ses preuves de combattant ", cela prend une nuance agressive. Si c'est " homme qui a gagne une guerre ", c'est un peu vaniteux.

Croyez-moi... " ancien combattant ", c'est un mot dangereux; on ne devrait pas se vanter d'avoir fait la guerre, on devrait le regretter - un ancien combattant est mieux placé que quiconque pour haïr la guerre. Presque tous les vrais déserteurs sont des " anciens combattants " qui n'ont pas eu la force d'aller jusqu'à la fin du combat. Et qui leur jettera la pierre ? Non... si ma chanson peut déplaire, ce n'est pas à un ancien combattant, cher monsieur Faber. Cela ne peut être qu'à une certaine catégorie de militaires de carrière ; jusqu'à nouvel ordre, je considère l'ancien combattant comme un civil heureux de l'être. Il est des militaires de carrière qui considèrent la guerre comme un fléau inévitable et s'efforcent de l'abréger. Ils ont tort d'être militaires, car c'est se déclarer découragé d'avance et admettre que l'on ne peut prévenir ce fléau - mais ces militaires-là sont des hommes honnêtes. Bêtes mais honnêtes. Et ceux-là non plus n'ont pas pu se sentir visés .' sachez-le, certains m'ont félicité de cette chanson. Malheureusement, il en est d'autres. Et ceux-là, si je les ai choqués, j'en suis ravi. C'est bien leur tour. Oui, cher monsieur Faber, figurez-vous, certains militaires de carrière considèrent que la guerre n'a d'autre but que de tuer les gens. Le général Bradiey par exemple, dont j'ai traduit les mémoires de guerre, le dit en toutes lettres. Entre nous, les neuf dixièmes des gens ont des idées fausses sur ce type de militaire de carrière. L'histoire telle qu'on l'enseigne est remplie du récit de leurs inutiles exploits et de leurs démolitions barbares ; j'aimerais mieux - et nous sommes quelques-uns dans ce cas - que l'on enseignât dans les écoles la vie d'Eupalinos ou le récit de la construction de Notre-Dame plutôt que la vie de César ou que le récit des exploits astucieux de Gengis Khan. Le bravache a toujours su forcer le civilisé à s'intéresser à son inintéressante personne ; où l'attention ne naît pas d'elle-même, il faut bien qu'on l'exige, et quoi de plus facile lorsque l'on dispose des armes. On ne règle pas ces problèmes en dix lignes : mais l'un des pays les plus civilisés du monde, la Suisse, les a résolus, je vous le ferai remarquer, en créant une armée de civils ; pour chacun d'eux, la guerre n'a qu'une signification : celle de se défendre. Cette guerre-là, c'est la bonne guerre. Tout au moins la seule inévitable. Celle qui nous est imposée par les faits.

Sur le blog : http://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/article-le-deserteur-de-boris-vian-version-non-censuree-par-marc-robine-en-hommage-au-combat-de-rosa-luxem-123318000.html

 

"Quand 'Etat t'enseigne à tuer, il se fait appeler patrie." Friedrich Dürrenmatt

musique: Harold Berg
texte: Boris Vian

images: "Los desastres de la guerra" de Goya

Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter

Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai la porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
que je porte des armes
et que je sais tirer.

Et puis ne pas hésiter pour le plaisir à écouter la version de Renaud en 1983 : http://www.youtube.com/watch?v=ZzYvtL1tUI0
La lettre de Boris Vian au parlementaire qui demandait l'interdiction de sa chanson "Le déserteur". En hommage au combat de toute une vie de Rosa Luxemburg contre le colonialisme, le militarisme et la guerre.
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11 novembre 2018 7 11 /11 /novembre /2018 00:53
8 novembre 1918 - Rosa Luxemburg sort de prison - Le même jour, elle écrit à Paul Löbe "Vous pouvez me joindre, maintenant à toute heure, la nuit ou demain avant la réunion publique. Il est absolument essentiel que nous nous mettions d'accord avant la manifestation."

Lettre à Paul Löbe

Breslau, 8 novembre 1918

 Je suis dans le bureau des travailleurs du transport au 23 de la Rossplatz. Vous pouvez me joindre, maintenant à toute heure, la nuit ou demain avant la réunion publique. Il est absolument essentiel que nous nous mettions d'accord avant la manifestation.

 

(GB - Tome 5 - P. 414 - Traduction DVP)

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11 novembre 2018 7 11 /11 /novembre /2018 00:38

Rosa Luxemburg sort de prison très tardivement, le 8 novembre seulement. Elle aura donc vécu jusqu'à la lie ce dernier emprisonnement, le dernier de cinq emprisonnements,  pour son combat, contre le régime impérial, contre la guerre et pour la grève de masse, pour la révolution :

Entre son exil en 1889 et son assassinat en 1919, Rosa Luxemburg sera emprisonnée à 5 reprises : c’est toute une vie marquée par un engagement, des décisions qui mettent sa liberté et sa vie en danger
EXIL / 1889Rosa Luxemburg intègre très tôt le mouvement révolutionnaire, en militant au sein d’un groupe se réclamant du programme de l’organisation révolutionnaire Prolétariat. Elle s’exile en Suisse en 1889. Elle n’a pas vingt ans.
EMPRISONNEMENT 1 / Du 26 août au 25 octobre 1904 (Zwickau) : son premier emprisonnement, elle le connaîtra pour “outrage à l’empereur” après une condamnation le 16 janvier par le tribunal régional de Zwickau. Elle est déjà une militante très connue du mouvement ouvrier allemand et revient du Congrès de l’Internationale auquel elle a pris une part importante. Son chef d’inculpation, avoir critiqué Guillaume II dans l’un de ses nombreux discours publics. Condamnée à trois mois, elle effectue sa peine dans la prison de Zwickau. Une amnistie la libère plus tôt que prévu, le 25 octobre. Une lettre très humoristique sur ce point adressée à Henriette Roland-Horst van Schalk fait référence à cette sortie “précoce”. (Voir sur ce blog)
EMPRISONNEMENT 2 / 4 mars à août 1906, Varsovie : En janvier 1905 éclate la révolution russe. Rosa Luxemburg, sous une fausse identité, rejoint le mouvement insurrectionnel qui touche aussi la Pologne sous domination russe. Elle est arrêtée, emprisonnée et menacée d’exécution. Protégée par sa nationalité allemande,  elle est finalement assignée à résidence, libérée sous caution et rejoint l’Allemagne en décembre.
EMPRISONNEMENT 3 / juin et juillet 1907 : En décembre 1906, elle est condamnée par le tribunal de Weimar à deux mois de prison . Elle aurait incité le prolétariat allemand à suivre l’exemple révolutionnaire russe lors du Congrès du SPD en 1905. Elle est emprisonnée en juin et juillet 1907
EMPRISONNEMENT 4  / Février 1915 à février 1916  : Son combat contre la guerre va l’amener à passer les dernières années de sa vie en prison. Elle appelle à la désobéissance dans un discours à Francfort en septembre 1913. Elle passe en jugement le 20 février 1914. Elle fera appel. Inutilement. Alors qu’elle doit commencer sa peine en décembre 1914, elle est hospitalisée. Elle sera arrêtée brutalement en février alors que l’entrée en prison avait été repoussée en mars.
POURSUITES/ Discours en mars 1914 : Bien que sous le risque de cet emprisonnement,  elle prononce en mars 1914 un nouveau discours où elle dénonce les mauvais traitements infligés aux soldats. Elle est cette fois poursuivie pour insulte à l’armée. Devant l’afflux de témoignages, la procédure s’arrête.
EMPRISONNEMENT 5  / Juillet 1916 au 8 novembre 1918 : Le 1er mai, dans une manifestation unique et d’un immense courage, elle défile aux côtés de militants dont Karl Liebknecht aux cris de A bas la Guerre, à bas le gouvernement. Placée sous surveillance policière, elle est arrêtée le 9 juillet 1916 et placée en détention administrative, c’est-à-dire sans procès. Elle sera l’un des dernières libérées le 8 novembre 1918 grâce à la révolution et l’amnistie politique prononcée le 6.
Elle sera assassinée le 15 janvier comme Karl Liebknecht et comme des milliers d’ouvriers et de soldats spartakistes                en rêve et volonté de révolution.

 

 

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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009