"Une chose est sûre aujourd'hui : aucun pouvoir au monde, aucun Noske ni aucun Ebert n'arrachera plus l'idée du système des conseils du cœur des ouvriers. Le système s'est déjà trop profondément enraciné. Cet "enracinement" est bien plus profond que n'importe quel "enracinement" dans la Constitution. Nous n'avons pas peur; le cri de lutte des ouvriers révolutionnaires résonnera bientôt partout comme un cri de victoire : 'Tout le pouvoir aux soviets'." Julian Marchlewski - Karski
Nous sommes le 13 mars 1919.
Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht ont été assassinés le 15 janvier. Février, la Ruhr se met en grève. Le 3 mars, la grève générale est décidée à Berlin. C'est le début d'un deuxième acte de violence et de répression de l'Etat qui voit l'assassinat de Leo Jogiches et se termine par les 1200 morts d'un quartier de Berlin, Lichtenberg.
Nous sommes le 13 mars 1919, un homme déjà âgé passe la frontière vers la Pologne caché parmi un groupe d'ouvriers agricoles polonais. Sans argent, sans papier. Des camarades ont organisé en hâte sa fuite devant les corps francs, les troupes de Noske.
C'est Julian Marchlevski, Karski. L'une des plus belles figures du mouvement ouvrier. Rosa Luxemburg a fait sa connaissance adolescente à Varsovie. L'a retrouvé en exil à Zurich, a fondé avec lui, Leo Jogiches et d'autres camarades leur parti commun, le SDKPiL. Ils lutteront ensemble et sur des bases communes jusqu'à ces assassinats.
Emprisonné après la manifestation du 1er mai 1916, russe de nationalité, il est libéré dans le cadre d'un échange.
Il était revenu en Allemagne à l'appel de Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht et Leo Jogiches. Entré illégalement, il n'était arrivé à là Berlin que le 18 janvier, 3 jours trop tard.
Il pourra voir Franz Mehring avant que lui aussi ne disparaisse emporté par l'épuisement.
Dans et contre l'Allemagne social-démocrate "réformiste" de Noske et Ebert-Scheidemann, le combat des ouvriers pour la socialisation de l'économie et la défense des conseils ouvriers se développe. En février 1919, Marchlevski se rend dans la Ruhr où, soutenu par les ouvriers, il devient le collaborateur scientifique de la commission chargée d’étudier la socialisation des charbonnages. Combattue par les syndicats et la social-démocratie au pouvoir la grève doit s'interrompre le 21 février.
Marchlewski devient alors devient la cible d'une campagne de presse et d'Etat telle celle menée contre Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. Car, ce qui caractérise en effet cette répression, c'est la volonté non seulement de combattre mais de de détruire au sens propre les penseurs et militants les plus représentatifs.
De ce combat, quatre brochures reprenant ses discours témoigneront des idées pour lesquelles il se battait, dont celle dont est issue la citation "Das Rätesystem" :
"Une chose est sûre aujourd'hui : aucun pouvoir au monde, aucun Noske ni aucun Ebert n'arrachera plus l'idée du système des conseils du cœur des ouvriers. Le système s'est déjà trop profondément enraciné. Cet "enracinement" est bien plus profond que n'importe quel "enracinement" dans la Constitution. Nous n'avons pas peur; le cri de lutte des ouvriers révolutionnaires résonnera bientôt partout comme un cri de victoire : 'Tout le pouvoir aux soviets'."