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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
4 juillet 2023 2 04 /07 /juillet /2023 17:39
Karl Liebknecht vs Jean Jaurès. "La nouvelle méthode". 1902

En 1902 paraît aux Editions des "Sozialistische Monatshefte", un ouvrage "Aus Theorie und Praxis. Sozialistische Studien". Ces textes de Jean Jaurès sont traduits par l'un des principaux tenants du réformisme,  Südekum, dans la maison d'édition de ce courant - incarné par Eduard Bernstein. Karl Liebknecht écrit alors son premier long article théorique "Die neue Methode", il est publié dans la Neue Zeit.

C'est l'utilisation que Jaurès fait selon lui de textes postthumes de son père - fondateur du parti -au profit du réformisme qui l'amène à prendre position. Ce texte n'est pas facile à lire, mais il montre clairement le positionnement de Karl Liebknecht à l'aile gauche du parti et son engagement contre le courant réformiste.

Le texte publié en allemand dans les Oeuvres de Liebknecht chez Dietz était incomplet, il a été rétabli dans son entier sur le site Sozialistische Klassiker . De même, dans la version traduite de maspero manque la dernière partie. Vous la trouverez ici, traduite par nos soins. Merci pour toute amélioration de la traduction. Cet article s'inscrit dans la volonté de faire connaître le plus largement possible l'action et les textes de Karl Liebknecht.

Karl Liebknecht vs Jean Jaurès. "La nouvelle méthode". 1902

Karl Liebknecht, La nouvelle méthode, septembre 1902

maspero, 1970, Karl Liebknecht, militarisme, guerre, révolution, P 193 - 202

 

« Marxisme ! » Il est peu de pionniers de l’humanité aussi malmenés que Marx. Certes, qui pourrait nier les contradictions qui existent, inévitablement, dans ses nombreux ouvrages, du fait même de leur caractère, tantôt purement scientifique, tantôt de propagande et de combat, et aussi de l’évolution intellectuelle de ce génie philosophique ? Qui ne considérera d’avance comme tout à fait normales les erreurs et les imperfections dans l’enseignement de ce penseur universel autant que fougueux ? Mais qui n’a pas perdu depuis longtemps le désir de goûter à la soupe éclaircissante encore de mode « révisionniste », dont le principal ingrédient est une incompréhension totale de la théorie marxiste ? Jaurès, lui aussi, dans son ouvrage récemment paru : « De la théorie et de la pratique » (1. Traduit par Südekum en 1902, Editions des Sozialistische Monatshefte.), recueil d’articles pour lesquels il s’attribue le mérite de la « précision » et de l’ »ampleur » dans l’examen des problèmes les plus importants de notre parti, commet des erreurs telles sur le marxisme qu’il appelle littéralement la contradiction.

 

Chose étrange : Jaurès tire ici la théorie marxiste presque exclusivement du Manifeste communiste, écrit trente-six ans avant la mort de Marx, ouvrage qui n’est nullement d’une seule coulée mais montre bien plutôt les genres de style et les modes de pensée très dissemblables de ses deux auteurs. S’il paraît impossible d’interpréter certains passages autrement que dans le sens de la théorie de la paupérisation absolue, d’autres au contraire révèlent une conception nettement plus optimiste. Je pense, en particulier à la description de la « lutte contre la bourgeoisie » qui, selon ce passage, conduit à un accroissement progressif et continu de la puissance du prolétariat, et finalement à l’obtention de certaines réformes. Etant donné que les ouvrages ultérieurs de Marx ne défendent pas la théorie de la paupérisation absolue, théorie que le socialisme, de nos jours, rejette complètement, souhaiter d’en finir avec les discussions sur ce problème fantôme, telles que les pratique Jaurès semble présomptueux. En tout cas, il n’est pas nécessaire de réfuter l’opinion de Jaurès selon laquelle Marx a utilisé pour sa construction historique dialectique, un prolétariat entièrement appauvri et misérable.

 

Jaurès est victime d’une grave méprise en ce qui concerne la « théorie de la révolution » de Marx. Il impute au Manifeste communiste l’idée d’une « révolution parasitaire », c’est-à-dire d’une révolution sociale, qui à l’occasion d’une révolution bourgeoise, serait ajoutée à celle-ci, prenant par surprise la bourgeoisie, d’abord appuyée sur le prolétariat. Il consacre plus de 15 pages à la réfutation de cette erreur qui lui est propre et qu’on a peine à s’expliquer : au quatrième paragraphe du Manifeste, du moins, la révolution prolétarienne se manifeste de façon tout à fait indépendante par rapport à la révolution bourgeoise, qui doit néanmoins la précéder. Et si Jaurès se dresse à plusieurs reprises avec emphase contre cette idée qu’il attribue au Manifeste de la réalisation du communisme grâce à une minorité, il suffit de rappeler cette phrase que Marx par la suite n’a jamais démentie : « Le mouvement prolétarien est le mouvement indépendant de l’immense majorité dans l’intérêt de l’immense majorité. »

 

De même, en ce qui concerne la dictature du prolétariat et le programme révolutionnaire, Jaurès commet une erreur fondamentale. Le Manifeste suppose, nous l’avons dit, une victoire de la majorité du peuple dont la domination est conciliable avec la démocratie. Mais parce que précisément une domination de classe, même démocratique, doit être stabilisée et mise à profit en vue d’une utilisation énergique de la machine de l’Etat dans un sens prolétarien, le Manifeste parle de « dictature du prolétariat ». C’est – ainsi que le montre la lettre-programme d’Engels – le sens du passage de la page 24 du Manifeste, où le mot « démocratie » a assurément un sens  un peu moins confus que dans le jardon révisionniste. D’un « chaos des méthodes », il n’y a là nulle trace, pas plus que d’un « chaos des revendications programmatiques ». Jaurès ne sait faire assez de reproches au « programme » du Manifeste, parce qu’il retarde même sur Babeuf en ne préconisant tout d’abord que la suppression de la rente foncière. Mais cela est en contradiction avec la tête même du « programme », qui prévoit expressément une centralisation progressive à entreprendre immédiatement, de tous les moyens de production aux mains du prolétariat organisé en classe dominante.

 

Mais tout cela n’a  qu’un intérêt historique. Le contenu principal du livre de Jaurès, concerne la « nouvelle méthode », qu’il oppose à une méthode prétendue « périmée ».

 

Comme beaucoup de nos « révisionnistes » allemands, Jaurès ne cultive ni le pessimisme ni le formalisme mais un optimisme invétéré, et même les illusions. Il se voit déjà au milieu du processus de socialisation, il entend pousser l’herbe du collectivisme. A quelles illusions il succombe, c’est ce que montrent les derniers paragraphes, qui comportent également quelques inexactitudes, où il présente de nombreuses dispositions du droit actuellement en vigueur et même du droit romain ultra-individualiste comme des germes du socialisme, alors qu’elles servent en fait à renforcer l’exploitation capitaliste de la propriété, ou relèvent du système capitaliste du crédit, ou bien ont simplement pour but le maintien du patrimoine familial. Le but final doit toujours et partout être mis énergiquement en avant : à chaque pas, si minime soit-il, diriger l’attention vers le but final, pénétrer, imbiber la société actuelle de l’esprit, du sang, des institutions du socialisme, telle est la tendance fondamentale, ardente, enthousiaste, que Jaurès ne se lasse pas de souligner.

 

Mais qu’est-ce que la « nouvelle méthode » ? Il nous faut la chercher ensemble, car Jaurès lui-même ne l’a exposée nulle part de façon systématique.

 

D’abord un argument a contrario. En plusieurs endroits, Jaurès semble considérer comme « vieille méthode » la tactique consistant exclusivement à être à l’affût d’une « révolution parasitaire », pendant que tout le reste du travail dit « pratique », est considéré comme une concession, contraire à la vieille méthode tactique, aux « nécessités des temps nouveaux ». Mais comme cette vieille méthode est, ainsi que nous l’avons dit, purement imaginaire, son contraire ne peut être caractérisé.

 

De nouveaux instruments en vue du renforcement économique, social, politique, du prolétariat ; de nouveaux instruments pour affaiblir et éventuellement convertir les couches non prolétariennes ; de nouveaux instruments pour transformer les rapports de production, les conditions sociales, la forme d’Etat ; ou bien une nouvelle technique dans l’emploi des vieux instruments, c’est ce que nous attendons d’une nouvelle méthode. Mais quels sont les instruments que nous offre Jaurès ? Organisation et action politiques et syndicales, coopératives, extension de la législation sociale, utilisation, développement des tendances déjà existantes dans notre vie sociale pour la démocratisation et la socialisation ainsi que de maintes méthodes déjà admises dans la législation, par exemple l’expropriation pour cause d’utilité publique. Qui n’approuvera ce programme d’action ? N’est-ce pas celui que, depuis des dizaines d’années, préconise la classe ouvrière.

 

En fait, l’élément caractéristique de la nouvelle méthode réside d’une part dans l’appréciation fondamentale et la mise en pratique de certaines formes d’action, par exemple des coopératives ; d’autre part – et c’est là l’essentiel – en trois points qui sont : 1. la foi en une force miraculeuse de caractère mystique, appelée « démocratie » ; 2. la sous-estimation de l’antagonisme existant entre le prolétariat et la bourgeoisie, le socialisme et le capitalisme, de même que l’espoir qui en découle d’un désarmement pacifique et d’une conversion de la bourgeoisie ou de certains de ses éléments, avant tout par la persuasion ; 3. en dépit de certaines réserves, le refus de la « révolution » et de l’ « action violente ».

 

Les partisans de la nouvelle méthode se considèrent volontiers comme les représentants d’un développement « organique » et pacifique opposé à un développement violent et par bonds. Mais d’abord le développement par bonds ne s’oppose nullement au développement « organique », le « progressif » ne lui est pas essentiel. Et « organique » - notion du reste difficile – et « pacifique » sont deux choses différentes. Chercher un autre enseignement que celui du développement organique dans la théorie et la pratique inspirées par le marxisme, bref, l’enseignement du développement organico-social, est une contradiction en soi. Il suffit de lire, avec une attention non troublée par le fanatisme révisionniste, même le Manifeste communiste et ses formules certes parfois étudiées pour servir l’agitation et la propagande. Mais la notion « pacifique » elle-même est rien moins que claire, sa définition dépend des moyens de combat et de propagande qu’on considère comme non pacifiques. Pour obtenir ici une certaine clarté, il faut distinguer les domaines de la vie économique, sociale et politique, examiner pour chacun d’eux la possibilité et le genre, d’une part de la forme « organique », d’autre part de la forme pacifique du développement.

 

Il s’avère qu’un développement organique indépendant ne semble pas avoir lieu dans aucun de ces trois domaines, dont l’économique constitue le fondement, étant donné qu’ils ne sont que les parties d’un tout social, que par conséquent des bonds et des violences ne sont possibles dans aucun de ces domaines – particulièrement dans celui, fondamental de la vie économique -, domaines qui dépendent étroitement de l’état de santé organique du tout social.

 

Il s’agit dès lors d’étudier la statistique sociale, d’examiner les facteurs qui, dans la vie sociale, politique donnent de l’influence et du poids, de rechercher si, dans chacun de ces trois domaines, ces facteurs sont décisifs, et dans l’affirmative quel poids il faut attribuer à chacun de ces domaines, s’ils ont le même poids, en fin de compte, à quelle vitesse se réalisent les changements d’équilibre entre chacun d’eux.

 

Ici règne dans la doctrine une confusion totale : on n’y trouve même pas la question posée en termes justes, le problème formulé avec précision, particulièrement chez les révisionnistes, les partisans de la « nouvelle méthode », de même que chez Jaurès.

 

Les forces qui se manifestent dans la lutte des classes sont diverses, aussi diverses que les moyens de l’évolution individuelle. Et ici, il  importe moins de les énumérer que de les classer avec précision.

 

Comment se réalise l’équilibre économique ? On ne peut pas dire : la classe qui domine est celle qui représente un facteur indispensable de la vie économique, car chaque classe est précisément un tel facteur indispensable. Même le capitaliste pur, qui ne fait rien, devrait, s’il n’existait pas, être inventé pour rendre possible le système capitaliste. Aucune classe ne peut fonder sa domination économique sur le fait qu’elle démontre, par exemple sous la forme d’une grève générale, qu’elle est indispensable et fait mettre le genou à terre aux autres classes. Sa place déterminée dans l’organisme lui est imposée indépendamment de sa volonté comme de celle des autres classes. Si, selon le mot de Marx, le prolétariat est lié à l’esclavage salarial plus fortement que Prométhée à son rocher, la chaîne qui lie la bourgeoisie à son régime d’exploitation n’est pas moins solide.

 

Il est tout à fait faux de prétendre que c’est de la « richesse » des classes en tant que telles dans leur rapport réciproque que dépend leur position sur l’échelle de l’organisation économique.

 

Si nous admettons que ce qui caractérise essentiellement l’asservissement économique du prolétariat est l’exploitation capitaliste, un changement des rapports statistiques dans l’économie capitaliste ne peut être obtenu que par un changement du degré d’exploitation ou la suppression de l’exploitation elle-même. La question de l’évolution progressive et pacifique vers le socialisme au moyen de la vie économique, trouve alors une réponse dans celle de la diminution progressive et pacifique, puis la suppression de l’exploitation dont il ne saurait être question. Le fait que la diminution  et la suppression de l’exploitation sont de plus en plus possibles au fur et à mesure du développement des forces productives et deviennent une nécessité historique, ce fait constitue la légitimation du socialisme, et par conséquent le bien commun de toutes les théories socialistes. La question est seulement de savoir si la classe exploiteuse sera disposée, sous la pression plus ou moins forte de la classe ouvrière, à réduire « volontairement » et progressivement son privilège d’exploitation dans une mesure correspondante aux possibilités de cette réduction sur le plan économique. Cette pression est l’effet d’un mouvement qui, en dernière analyse découle, comme dans « droits de l’homme » « généralement humains », depuis le début de l’oppression de classe à toutes les époques de déclin social, de tendances actives à la liberté économique, sociale et politique : l’ « indignation » croissante, dans le fameux chapitre 24 du premier tome du Capital n’a pas d’autre source. Et cette tendance puise sa force avant tout dans le caractère de nécessité absolue au point de vue économique du prolétariat et même au succès, d’une façon correspondant à la possibilité objective d’un changement du degré d’exploitation.

 

Il n’est pas utile que plus d’un non-prolétaire, et même plus d’un capitaliste, peut-être, sensible à l’influence de certaines idées humanitaires et à la pression d’une certaine « opinion publique », se rende compte du sens de l’évolution dans son intérêt mieux compris. Comme beaucoup de nos révisionnistes, Jaurès mise sur cette influence, sur cette pression. Il veut même, selon un exemple fameux, préserver le plus possible les narines délicates de ces braves bourgeois de l’odeur nauséabonde du sans-culottisme révolutionnaire ; surtout ne pas choquer, tout faire en douceur ! C’est peut-être là l’énormité utopiste majeure que comporte la « nouvelle méthode ». Si la mise en pratique de cette partie de nouvelle méthode n’était pas exclue de fait par la pédagogie employée par le prolétariat en lutte, on pourrait la dire extrêmement dangereuse. Elle s’explique par une confusion entre causes primaires et causes secondaires, qui devrait mener à un affaiblissement complet du mouvement ouvrier. Le cœur et le cerveau du bourgeois moyen ne s’ouvrent pas pour les beaux yeux de la social-démocratie. Non ! La sûreté du but, l’élan incomparable, l’assurance dans la victoire, la confiance en soi, l’ardeur, la fermeté croissante, l’exploitation de toutes les erreurs de l’adversaire, de tous les maux du système capitaliste, contraignent les uns au respect et inspirent aux autres une peur mortelle. Pour se sauver eux-mêmes et sauver leur cher profit, ils jettent de temps à autre à la « bande assoiffée de sang » - le prolétariat- qui les presse, une bouchée de pain, spontanément ! La peur, l’instinct de conservation aiguisent l’intelligence et attendrissent merveilleusement le cœur le plus endurci. Ne serait-ce pas un pur suicide de vouloir produire directement ces causes secondaires d’un grand nombre de nos succès, de les rendre primaires, au moyen de la persuasion, de la bonne volonté et de négliger la cause de ces causes, à savoir l’énergie révolutionnaire.

 

Au bond du compte, plus le prolétariat est organisé vigoureusement sur le plan économique, plus il mène de façon impitoyable et réfléchie ses luttes politiques et syndicales, plus vite il réussira – en dépit de l’armée de réserve et l’organisation patronale – à arracher à la bourgeoisie les conditions les plus favorables possibles que permette la situation du moment, à développer les « rapports de production » d’une façon qui corresponde aux possibilités de la vie économique et à éviter le danger de catastrophes économiques. Y réussira-t-il ? L’expérience du passé ne le garantit nullement. Nous devons être préparés aux deux éventualités.

 

Dans la mesure où, pour la structure économique de la société, le partage de la propriété des moyens de production et la direction de la production, entrent en ligne de compte, l’usine nationalisée ne peut sembler que le timide début d’une transformation progressive.

 

Quand, dans la Mort de Danton, Camille déclare : »La forme de l’Etat doit être un vêtement transparent qui colle étroitement au corps du peuple », ce n’est hélas qu’un vœu pieux. Même la plus souple de ces formes d’Etat, la république démocratique, reste très loin de cet idéal. Manifestement, notre Etat n’est pas un simple vêtement du peuple, c’est une immense machine, extraordinairement compliquée, dotée de multiples et importantes fonctions. Il est jusqu’à un certain point devenu indépendant et, comme le montre l’histoire, très facilement approprié à servir d’instrument en vue de l’oppression d’une majorité du peuple. Même si, théoriquement, une structure étatique n’est qu’une expression particulière, une conséquence de l’organisation économique, c’est aller à l’encontre de l’histoire et de l’expérience quotidienne que d’affirmer comme le fait Kampfmeyer, qu’elle est dans les faits « très transformable » suivant la modification des rapports de force économiques et sociaux. Ce serait de nouveau une énormité utopiste, bien dans la ligne de nos révisionnistes. Il est vraiment incompréhensible de voir comment Jaurès a pu s’enfermer à ce point dans sa foi aveugle en la méthode « pacifique » et « progressive », hors de laquelle il lui paraît n’y avoir point de salut.

 

Là où l’on ne sait plus que dire, un mot intervient à point nommé ; démocratie ! Avec ce simple mot, tout révisionniste, tout partisan de la nouvelle méthode résout comme en se jouant tous les problèmes. Je dis bien : avec le petit mot de « démocratie », car la signification de ce mot dans le langage des révisionnistes est des plus confuses. Apparemment, il doit désigner la participation de tous les individus faisant partie d’une organisation économique ou politique à l’administration, c’est-à-dire naturellement aussi aux bénéfices de cette organisation. Dans cette définition, démocratie égale social-démocratie et signifie socialisme, de sorte que les nombreuses déclarations de Jaurès (et autres partisans de la « nouvelle méthode ») selon laquelle la démocratie est une condition essentielle, la forme de réalisation ou même déjà un morceau de socialisme, déclarations qui au fond ne fournissent qu’une pâle copie de l’enseignement « retouché » de la dictature du prolétariat, ne peuvent que créer la confusion.

 

Il peut y avoir des prémices d’une telle démocratie, comme il en existe pour le socialisme, il serait difficile de prétendre qu’elles aient atteint un degré notable, mais enfin elles existent.

 

Dans le domaine politique, la démocratie a connu un plus grand développement, mais nullement aussi important que veulent le faire croire les révisionnistes ; Bernstein lui-même a montré à quel point les concepts de démocratie et de république se recouvrent peu, en France par exemple. Je pourrais donner à Jaurès une longue explication tirée du même ouvrage posthume de Liebknecht [Wilhelm, le père de Karl Liebknecht] où Jaurès trouve déjà la formule du révisionnisme et du millerandisme. Sauf rares exceptions, même le droit de vote démocratique n’est nulle part irréprochable. La démocratie peut donc bien être une poudre excellente pour faire sauter le capitalisme, mais la poudre n’a pas encore été inventée. Pour le moment, nous sommes encore partout, dans les Etats comme dans les communes, dans la non-démocratie la plus totale. Comment, d’où viendra ce qui nous manque ? Pouvons-nous cueillir les fruits de la démocratie, pacifiquement, progressivement, les fruits de l’arbre de la compréhension économique, sociale et politique de la bourgeoisie ?

 

Plus que tout autre manifestation de notre organisation sociale, l’Etat a un caractère mécanique. Assurément, ce n’est que cum grano salis qu’on peut qualifier les gouvernements de comités d’administration des classes « dirigeantes » ; mais tout aussi certainement l’Etat est à un très haut degré un instrument de ces classes dirigeantes, dont l’intérêt bien compris impose, dans le seul but d’assurer leur domination, certaines concessions aux classes opprimées, concessions qui cependant restent très en deçà de la capacité politique de ces classes, de leur influence économique. Il y a précisément des rapports de domination politique tout à fait réels ; même la démocratie implique l’oppression d’une minorité éventuellement très forte. Il est extrêmement rare que des modifications de poids économique se traduisent dans la forme de l’Etat. Et c’est encore en démocratie que c’est le plus probable.

 

Mais précisément comment ne pas imposer par la force la démocratie ? Comment l’Allemagne a-t-elle « conquis » son suffrage universel, le seul chiffon démocratique qui couvre notre nudité politique ? Son introduction n’a-t-elle pas été un artifice de démagogie réactionnaire ? Comme dans d’autres cas d’une telle démocratie d’origine réactionnaire, doit-on, du moins a priori, la tenir pour assurée ? On ne peut contester à notre époque une tendance très nette à la démocratisation politique, la seule question est de savoir comment cette tendance s’impose. Au bout du compte, on ne constate pas chez les classes dirigeantes une disposition accrue à la bienveillance. Qu’on compare la Hesse, la Bavière, la Belgique, la Suède. Qu’en est-il en Prusse ? Ici, plus d’un révisionniste, sous le feu des canons de la logique politique, n’a-t-il pas dû prêter  à nouveau, même sous la forme « honteuse » de la grève générale, serment de fidélité à la révolution ? Nos frères belges n’ont-ils pas commencé, en désespoir de cause, à appeler à l’aide un deus ex machina en la personne de l’ami royal de la belle Cléo ?  Ne recevrons-nous pas le socialisme aussi facilement que la démocratie dans la plupart des Etats ? Nos frères belges n’ont-ils pas été confrontés à ce problème ?

 

Et avons-nous aussi vraiment ce que nous avons ? Si Engels dans sa lettre-programme écrit : on pourrait peut-être se représenter le passage pacifique à la société nouvelle dans les pays où la représentation populaire tient dans ses mains tous les pouvoirs, où l’on peut faire conformément à la Constitution, ce qu’on veut dès lors qu’on a la majorité du peuple derrière soi – ce qui du reste n’est pas du tout le cas en France et en Angleterre -, la question est précisément de savoir si l’on peut obtenir cette majorité sans « catastrophe ». Pour le moment, la démocratie ne gêne pas sérieusement la bourgeoisie ; mais quand la question sera d’être ou ne pas être – et cette question en dépit de toute évolution organique et pacifique possible, se pose à un certain moment partout, - nous verrons alors si l’humanité s’est modifiée assez profondément depuis quelques siècles pour que cela puisse se faire sans friction dure et sérieuse. Il en découle : 1. que l’évolution pacifique progressive comporte de toute façon ses anicroches ; et 2. que la démocratie ne peut pas être considérée comme une panacée parce qu’elle dépend encore pour le moment du bon vouloir des classes dirigeantes. Qui pourra contester que dans tous les pays du globe il est possible, si la bourgeoisie maintient sa cohésion, de supprimer d’une façon légale toutes les institutions démocratiques ? Qui contestera que, dans les périodes d’aggravation de la lutte entre la bourgeoisie et le prolétariat, dont le plus haut degré est encore loin d’être atteint, cette cohésion de la bourgeoisie puisse être établie, du moins provisoirement ? Qu’on regarde du côté de la Saxe ! Ce pays, le plus industriel de tous les pays allemands, qui précisément pour cette raison nous montre l’avenir de la lutte de classe, tout comme l’Angleterre l’a fait jusqu’ici, a sur tous les autres Etats allemand un avantage : débarrassé de presque tous les vestiges féodaux d’un junkérisme tout-puissant et par là d’une pomme de discorde entre les classes dominantes, il possède une bourgeoisie extraordinairement solidaire et représente par conséquent un cas exceptionnel qu’on ne peut écarter d’un geste dédaigneux. Et, quand Jaurès regarde ce qui se passe en France, ce pays qui, selon l’opinion qu’il exprimait il y environ quatre ans, était sur le point, dans la tempête des passions populaires, de perdre sa belle démocratie ! Enfin, ne doit-on pas, pour en revenir au domaine de la démocratie économique, se référer aux avertissements que constituent les décisions de  la Chambre des Lords en Angleterre ? Il faut toute la foi aveugle des révisionnistes dans la démocratie pour ne pas se rendre compte à quel point l’Angleterre s’est rapprochée ainsi d’une aggravation de la lutte des classes, telle qu’on la constate dans les pays du continent. Que la bourgeoisie anglaise se crée ainsi – dans le socialisme qui se renforce – son propre « fossoyeur » ne fait qu’illustrer l’importance pour nous de la décision.

 

Après toute, ce qui importe dans l’appréciation des institutions démocratiques existantes ou encore à conquérir touchant la possibilité d’une évolution sans catastrophe vers le socialisme est l’examen approfondi de la solidité et de la sécurité de ces institutions, examen que l’on ne trouve chez aucun révisionniste et pas davantage chez Jaurès. Mais d’après cela, on comprend pourquoi la « nouvelle méthode » considère comme caractéristique essentielle la « démocratie », non pas tant la domination de la majorité que les égards pour la minorité.

 

Le danger manifeste de conflits violents qu’implique la nécessité du maintien et de la conquête de la démocratie, Jaurès ne peut se le dissimiler : il ne peut s’empêcher de compter avec une tentative de suppression des libertés démocratiques, dont il admet qu’elle peut réussir. C’est le salto mortale de la « nouvelle méthode ». A quoi sert alors de combattre la « théorie de la catastrophe » ? Quel socialiste a en principe (abstraction faite naturellement de certaines exagérations dans la propagande !) travaillé à une catastrophe ou même fondé sa tactique sur l’éventualité de cette catastrophe ? Nous devons être vigilants ; la méfiance est considérée à juste titre comme une bonne qualité démocratique. Que nos adversaires viennent à nous, qu’ils se montrent disposés à faire des concessions, nous ne les repousserons pas. Mais ne nous laissons pas bercer par des déclarations pacifiques, par les dodinettes de la bonne déesse Démocratie, ne désarmons pas. Seule notre capacité de combat nous permet de conclure des alliances dans la vie sociale, seule elle peut nous ouvrir la voie des réformes politiques, sociales et économiques et même, en admettant que la chose soit possible, éviter les catastrophes.

 

Die neue Zeit, XX, t.2, p 713-723.

Karl Liebknecht vs Jean Jaurès. "La nouvelle méthode". 1902

Fin du texte (non présente dans l'ouvrage publié chez maspero)

 

Au centre du livre de Jaurès se trouve un commentaire de passages publiés dans le « Vorwärts » et tirés de l’œuvre posthume de Wilhelm Liebknecht sur la réalisation du socialisme (Ce titre n’étant bien sûr en aucun cas  authentique). En s’appuyant sur ce texte, Jaurès fait de Liebknecht un partisan de la nouvelle méthode et du millerandisme. Il se réfère à l’attitude de Liebknecht dans la question concrète du millerandisme, qu’il ne peut s’expliquer que par l’aveuglement de Liebknecht dans l’Affaire Dreyfus, il se refuse à tirer de la non-publication,  des conclusions défavorables sur l’opinion de l’auteur qu’avait de son texte, et n’a pas assez de mots pour louer  l’importance des fragments publiés. Nous ne pouvons pas faire autrement que de mettre un peu d’eau dans ce vin.

Cet écrit de Liebknecht constitue la réponse à la question : “Quelles mesures doit prendre le parti socialiste, s’il devait dans un futur proche pouvoir exercer une influence significative sur la loi ? », une question dont Bernstein et Bebel nous ont expliqué la genèse. La question est – que l’on se souvienne de l’année 1880 -, véritablement vexante. Elle devait inciter à un jeu intellectuel utopiste, sentant son académisme, et s’appuyer sur ce jeu intellectuel semble pour les politiciens « aspirant à la realpolitik » de la « nouvelle méthode » quelque peu compromettante.

Mais ce texte ne penche pas du tout en faveur du millerandisme. Quand il est question d’une catastrophe « qui pourrait briser la machine d’Etat et amener notre parti à la porte voire au gouvernement », cela ne peut pas être interprété en faveur du millerandisme, ne serait-ce que parce qu’il n’est pas du tout sûr, que ne soit pas déjà prévu comme préalable une forme de gouvernement, dans laquelle les membres du gouvernement sont soumis au vote démocratique (voir le programme d’Erfurt). Jaurès pense déjà tirer le plus doux des miels, en évoquant l’autre cas décrit comme possible mais aussitôt qualifié d’improbable. Selon Liebknecht, il est concevable bien que peu plausible que dans les hautes sphères le danger de la situation soit perçu et que l’on tente d’éviter la catastrophe qui serait sinon inévitable, en s’engageant sur la voie des réformes raisonnables. Ici, il est question d’une situation de force majeure, dans laquelle le régime vient supplier la social-démocratie de le sauver d’un naufrage certain. “Dans ce cas, notre parti devrait être appelé à participer au gouvernement, et spécifiquement pour transformer les rapports au sein du monde du travail.” Doit – car si le gouvernement dans ce cas veut réellement se sauver lui-même.

Le “socialiste » de gouvernement ne sera pas alors pas utilisé et souillé comme faire-valoir démagogique et compromettant, il entrera au gouvernement comme l’ambassadeur de son parti, en tant que représentant de la social-démocratie, s’appuyant sur le pouvoir de la social démocratie, renforcé dans sa position par la situation de force majeure dans laquelle se trouve la bourgeoisie, pas contraint d’abandonner un iota de son programme, mais obligé au contraire de le réaliser. La tâche du parti serait selon Liebknecht de « transformer les rapports de production », et notons bien : pas un toilettage, un nettoyage mais la « transformation » ! S’appuyant sur sa position dominante née de la situation, de la peur de la bourgeoisie ou de sa compréhension des dangers d’une catastrophe annoncée, la social-démocratie, investira en tant qu’ennemi du capitalisme le gouvernement bourgeois.

C’est très différent du petit jeu d’équilibriste socialo- diplomatique du millerandisme. Cela ne signifie pas : vendre un droit d’aînesse pour un plat de lentilles social-politique. – Et un second point a une tout autre résonance que le millerandisme. Liebknecht parle d’une vocation de notre parti à être parti de gouvernement, pas d’un socialiste « mis en congé », échappant au contrôle du parti, mais d’un socialiste, représentant du parti, et de ce fait, la décision de l’entrée au gouvernement, de la nature et de la durée de son action, relève entièrement, cela va de soi, des prérogatives du parti. Dans de telles conditions, être ministre d’un empereur serait aussi « pour le plus sauvage des révolutionnaires », « pain béni ». Mais qui a dit, qu’il ne s’agissait que d’un siège ministériel dans l’Empire? Liebknecht aborde le cas où les régions engagent des réformes raisonnables. Celui qui peut revenir à la manière de penser de notre parti, en particulier de Liebknecht, lors des « lois scélérates » et les menées de Bismarck, sait que – une condition indispensable -, une partie de cette réforme raisonnable aurait été la suppression du système Bismarck. La social-démocratie par bonheur n’était justement pas humble et craintive, et politiquement-intelligente dans ses revendications. L’abdication « volontaire » de la monarchie était envisagée comme une option peu enthousiasmante et lointaine. Pourquoi cette « petite » réforme ne serait-elle pas un préalable?

Jamais Liebknecht n’a rejeté sérieusement d’emblée un quelconque compromis, quel que soit le compromis. Le compromis est le principe de toute évolution y compris sociale. Nous ne connaissons dans le monde aucun compromis que nous ne serions pas prêts à conclure. Mais il doit en vérité servir le parti – et c’est là le point crucial. Servir le parti ne signifie pas toujours et de loin : obtenir des petites réformes, des réformes modérées pour le prolétariat. Cela dépend, de la manière dont elles sont obtenues. En quoi cela servirait-il la social- démocratie, d’obtenir tout un ensemble de petites réformes, mais qui nuiraient à ce qui fait son âme, c’est-à-dire : si elle se montrait désorientée, mesquine, timorée et autosatisfaite, si elle perdait ce qui est le plus noble, le meilleur en elle, l’élan de son énergie révolutionnaire, qui fertilisait aussi le terrain des réformes – que l’on compare la récolte dans le domaine de la loi avant 1890 et depuis lors ! Liebknecht ne s’est jamais lassé jusqu’à la fin de sa vie de plaider pour l’appréciation de ces moments idéalistes comparée à celle à courte vue, exagérée, des avantages momentanés. Si Jaurès ne comprend pas pourquoi Liebknecht devait être l’adversaire le plus farouche du millerandisme, qu’il considère l’image d’ensemble de la vie de Liebknecht, l’ensemble du travail de toute sa vie : il trouvera difficilement un seul trait millerandien. Lorsque les révisionnistes commencent à utiliser les mots de Liebknecht et le commentaire de Jaurès, il est temps de leur crier : « Bas les pattes ! Il ne vous appartient pas ! ».

Il y  encore de nombreux éléments de la « nouvelle » et de l’ « ancienne » méthode qui sont abordés dans le texte de Jaurès. Mais cela ne peut être abordé plus avant, même concernant le problème de la grève générale, qui a été largement développé. Cela revient à l’application des remarques ci-dessus.

Au centre du livre de Jaurès se trouve un commentaire de passages publiés dans le « Vorwärts » et tirés de l’œuvre posthume de Wilhelm Liebknecht sur la réalisation du socialisme (Ce titre n’étant certes pas du tout authentique). En s’appuyant sur ce texte, Jaurès fait de Liebknecht un partisan de la nouvelle méthode et du millerandisme. Il se réfère à l’attitude de Liebknecht dans la question concrète du millerandisme, qu’il ne peut s’expliquer que par l’aveuglement de Liebknecht dans l’Affaire Dreyfus, il se refuse à tirer de la non-publication,  des conclusions défavorables sur l’opinion de l’auteur qu’avait de son texte, et n’a pas assez de mots pour louer la l’importance des fragments publiés. Nous ne pouvons pas faire autrement que de mettre un peu d’eau dans ce vin.

Cet écrit de Liebknecht constitue la réponse à la question : “Quelles mesures doit prendre le parti socialiste, s’il devait obtenir dans un futur proche pouvoir exercer une influence significative sur la loi ? », une question dont Bernstein et Bebel nous ont expliqué la genèse. La question est – que l’on se souvienne de l’année 1880 -, véritablement vexante. Elle devait inciter à un jeu intellectuel utopiste, sentant son académisme, et s’appuyer sur ce jeu intellectuel semble pour les politiciens « aspirant à la realpolitik » de la « nouvelle méthode » quelque peu compromettante.

Mais ce texte ne penche pas du tout en faveur du millerandisme. Quand il est question d’une catastrophe « qui pourrait briser la machine d’Etat et amener notre parti à la porte voire au gouvernement », cela ne peut pas être interprété en faveur du millerandisme, ne serait-ce que parce qu’il n’est pas du tout sûr, qu’il ne s’agisse pas déjà d’une forme de gouvernement, dans laquelle les membres du gouvernement sont soumis au droit de vote démocratique (voir le programme d’Erfurt). Jaurès pense déjà tirer le plus doux des miels, en évoquant l’autre cas décrit comme possible mais aussitôt qualifié d’improbable. Selon Liebknecht, il est concevable bien que peu plausible que dans les hautes sphères le danger de la situation soit perçu et que l’on tente d’éviter la catastrophe qui serait sinon inévitable, en s’engageant sur la voie des réformes raisonnables. Ici, il est question d’une situation de force majeure, dans laquelle le régime vient supplier la social-démocratie de le sauver d’un naufrage certain. “Dans ce cas, notre parti devrait être appelé à participer au gouvernement, et spécifiquement pour transformer les rapports au sein du monde du travail.” Doit – car si le gouvernement dans ce cas veut réellement se sauver lui-même.

Le “socialiste » de gouvernement ne sera pas alors pas utilisé et souillé comme faire-valoir démagogique et compromettant, il entrera au gouvernement comme l’ambassadeur de son parti, en tant que représentant de la social-démocratie, s’appuyant sur le pouvoir de la social démocratie, renforcé dans sa position par la situation de force majeure dans laquelle se trouve la bourgeoisie, pas contraint d’abandonner un iota de son programme, mais obligé au contraire de le réaliser. La tâche du parti serait selon Liebknecht de « changer les rapports de production », et notons bien : pas un toilettage, un nettoyage mais la « transformation » ! S’appuyant sur sa position dominante née de la situation, de la peur de la bourgeoisie ou de sa compréhension des dangers d’une catastrophe annoncée, la social-démocratie, investira en tant qu’ennemi du capitalisme le gouvernement bourgeois.

C’est très différent du petit jeu d’équilibriste socialo- diplomatique du millerandisme. Cela ne signifie pas : vendre un droit d’aînesse pour un plat de lentilles social-politique. – Et un second point a une tout autre résonance que le millerandisme. Liebknecht parle d’une vocation de notre parti à être parti de gouvernement, pas d’un socialiste « mis en congé », échappant au contrôle du parti, mais d’un socialiste, représentant du parti, et de ce fait, la décision de l’entrée au gouvernement, de la nature et de la durée de son action, relève entièrement, cela va de soi, des prérogatives du parti. Dans de telles conditions, être ministre d’un empereur serait aussi « pour le plus sauvage des révolutionnaires », « pain béni ». Mais qui a dit, qu’il ne s’agissait que d’un siège ministériel dans l’Empire? Liebknecht aborde le cas où les régions engagent des réformes raisonnables. Celui qui peut revenir à la manière de penser de notre parti, en particulier de Liebknecht, lors des « lois scélérates » et les menées de Bismarck, sait que – une condition indispensable -, une partie de cette réforme raisonnable aurait été la suppression du système Bismarck. La social-démocratie par bonheur n’était justement pas humble et craintive, et politiquement-intelligente dans ses revendications. L’abdication « volontaire » de la monarchie était envisagée comme une option peu enthousiasmante et lointaine. Pourquoi cette « petite » réforme ne serait-elle pas un préalable?

Jamais Liebknecht n’a rejeté sérieusement d’emblée un quelconque compromis, quel que soit le compromis. Le compromis est le principe de toute évolution y compris sociale. Nous ne connaissons dans le monde aucun compromis que nous ne serions pas prêts à conclure. Mais il doit en vérité servir le parti – et c’est là le point crucial. Servir le parti ne signifie pas toujours et de loin : obtenir des petites réformes, des réformes modérées pour le prolétariat. Cela dépend, de la manière dont elles sont obtenues. En quoi cela servirait-il la social- démocratie, d’obtenir tout un ensemble de petites réformes, mais qui nuiraient à ce qui fait son âme, c’est-à-dire : si elle se montrait désorientée, mesquine, timorée et autosatisfaite, si elle perdait ce qui est le plus noble, le meilleur en elle, l’élan de son énergie révolutionnaire, qui fertilisait aussi le terrain des réformes – que l’on compare la récolte dans le domaine de la loi avant 1890 et depuis lors ! Liebknecht ne s’est jamais lassé jusqu’à la fin de sa vie de plaider pour l’appréciation de ces moments idéalistes comparée à celle à courte vue, exagérée, des avantages momentanés. Si Jaurès ne comprend pas pourquoi Liebknecht devait être l’adversaire le plus farouche du millerandisme, qu’il considère l’image d’ensemble de la vie de Liebknecht, l’ensemble du travail de toute sa vie : il trouvera difficilement un seul trait millerandien. Lorsque les révisionnistes commencent à utiliser les mots de Liebknecht et le commentaire de Jaurès, il est temps de leur crier : « Bas les pattes ! Il ne vous appartient pas ! ».

Il y  encore de nombreux éléments de la « nouvelle » et de l’ « ancienne » méthode qui sont abordés dans le texte de Jaurès. Mais cela ne peut être abordé plus avant, même concernant le problème de la grève générale, qui a été largement développé. Cela revient à l’application des remarques ci-dessus.

Karl Liebknecht vs Jean Jaurès. "La nouvelle méthode". 1902

Karl Liebknecht: Die neue Methode, 1902

 

[Nach Die Neue Zeit, 20. Jahrgang (1901/02), 2. Bd., S. 713-723. gekürzt in Karl Liebknecht, Gesammelte Reden und Schriften, Band 1, S. 14-27]

„Marxismus“│Nicht viele Bahnbrecher der Menschheit sind so misshandelt worden wie Marx. Gewiss, wer wird die Widersprüche hinweg leugnen wollen, die sich in seinen zahlreichen Werken vermöge ihres bald rein wissenschaftlichen, bald propagandistischen, bald pamphletistischen Charakters und vermöge der geistigen Fortentwicklung dieses induktivsten aller philosophischen Genies naturgemäß vorfinden? Wer wird Irrtümer und Unvollkommenheiten in der Lehre dieses vielseitigen und temperamentvollen Geistes nicht von vornherein für selbstverständlich halten? Aber1 wem ist der Appetit an der immer noch modernen „revisionistischen" Aufkläricht-Suppe, deren wichtigstes Ingredienz ein oft grundsätzliches Missverstehen und Verzerren der Marxschen Theorien ist, nicht seit langem aufs gründlichste vergangen? Auch Jaurès2 verfällt in seinem kürzlich erschienenen Werke „Aus Theorie und Praxis"3, einer Sammlung von Zeitungsartikeln, für die er indessen die Note „hinreichender Genauigkeit und Ausführlichkeit" bei Behandlung der wichtigsten Probleme unserer Partei in Anspruch nimmt, in so zahlreiche ernste Irrtümer über den „Marxismus", dass er zum Widerspruch geradezu zwingt.

Sonderbarerweise schöpft Jaurès hier die Marxsche Theorie fast ausschließlich aus dem sechsunddreißig Jahre vor dem Tode von Marx entstandenen Kommunistischen Manifest, das keineswegs aus einem Gusse ist, vielmehr die nicht ganz gleichen Stilarten und Denkweisen der beiden Verfasser mehrfach deutlich erkennen lässt. Wenn es kaum möglich erscheint, gewisse Stellen des Manifestes (zum Beispiel Seite 17/18 der Vorwärtsausgabe von 1898) ohne Zwang anders als im Sinne der absoluten Verelendung zu deuten, lassen andere Stellen eine entschieden optimistischere Auffassung erkennen. Ich habe hier besonders die Schilderung des „Kampfes gegen die Bourgeoisie“ im Auge (Seite 15 bis 17 der Vorwärtsausgabe), der nach dieser Stelle zu einer fortgesetzten Steigerung der Macht des Proletariats und schließlich zur Erzwingung gewisser Reformen führt. Da die späteren Werke von Marx die absolute Verelendungstheorie jedenfalls nicht verfechten und diese Theorie dem heutigen Sozialismus überhaupt fremd ist, klingt der Wunsch, dass Erörterungen dieses Problem-Popanzes, wie sie Jaurès noch unternimmt, recht bald verstummen mögen, schwerlich unbescheiden. Jedenfalls bedarf Jaurès' Ansicht, dass Marx für seine dialektische Geschichtskonstruktion ein gänzlich verarmtes und verelendetes Proletariat gebraucht habe, keiner Widerlegung.4

Ein arges Missverständnis passiert Jaurès in Bezug auf die Marxsche „Revolutionstheorie". Er imputiert dem Kommunistischen Manifest die Idee und das Ziel einer „parasitären Revolution", das heißt einer sozialistischen Revolution, die bei Gelegenheit einer bürgerlichen Revolution unter Überrumpelung des zunächst von dem Proletariat zu unterstützenden Bürgertums auf diese bürgerliche Revolution aufzupfropfen wäre. Er verwendet nahezu fünfzehn Seiten auf Darstellung und Widerlegung dieses seines eigenen Missverständnisses, dessen Entstehung kaum erklärlich erscheint: Im Abschnitt IV des Manifestes wenigstens tritt die proletarische Revolution gegenüber der allerdings vorher erwarteten bürgerlichen durchaus selbständig auf. Und wenn sich Jaurès mehrmals mit Emphase gegen die angebliche Idee des Manifestes wendet, den Kommunismus mit Hilfe einer Minorität durchzuführen, so sei nur auf den nirgends abgeschwächten Satz verwiesen: „Die proletarische Bewegung ist die selbständige Bewegung der ungeheuren Mehrzahl im Interesse der ungeheuren Mehrzahl."

Auch über die Diktatur des Proletariats und das Revolutionsprogramm verfällt Jaurès einem entscheidenden Irrtum. Das Manifest setzt, wie erwähnt, einen Sieg der Majorität des Volkes voraus, deren Herrschaft mit der Demokratie wohl vereinbar ist. Weil aber eben eine wenn auch demokratische Klassenherrschaft des Proletariats stabilisiert und diese Klassenherrschaft zu einer energischen Ausnützung der Staatsmaschinerie im proletarischen Sinne verwendet werden soll, so spricht das Manifest von „Diktatur" des Proletariats. Das ist – wie auch Engels' Programmbrief zeigt – der Sinn besonders der Sätze auf Seite 24 des Manifestes, in denen das Wort „Demokratie" freilich einen etwas weniger verschwommenen Sinn hat als im revisionistischen Jargon. Von einem „Chaos der Methoden" ist mithin keine Rede. Ebenso wenig wie von einem „Chaos der Programmforderungen". Jaurès weiß nämlich das „Programm" des Manifestes (Seite 23) nicht genug zu tadeln, weil es selbst hinter Babeuf zurückgehe, da es zunächst nur die Grundrente beseitigen wolle. Das widerspricht aber dem Wortlaut des „Programms", das ausdrücklich eine sofort beginnende allmähliche Zentralisation aller Produktionsinstrumente in den Händen des als herrschende Klasse organisierten Proletariats in Aussicht stellt.

Aber all das hat nur historisches Interesse. Der Hauptinhalt des Jaurèsschen Buches betrifft die „neue Methode", die mit einer sogenannten veralteten Methode kontrastiert wird.

Wie manche unserer deutschen „Revisionisten" ist Jaurès nicht Pessimist und Umstandskrämer, sondern hochgradiger Optimist, selbst Illusionist. Er sieht sich schon mitten im Sozialisierungsprozess; er hört das Gras des Kollektivismus wachsen. Welchen starken Illusionen er unterliegt, zeigen seine, auch einige juristische Unrichtigkeiten enthaltenden Schlusskapitel, in denen er unzählige Institutionen des geltenden und zumeist schon des ultra-individualistischen römischen Rechtes als Keime des Sozialismus preist, während sie geradezu zur Intensivierung der kapitalistischen Ausnutzung des Eigentums dienen oder dem kapitalistischen Kreditwesen angehören oder die Erhaltung des Familienguts bezwecken. Das Endziel muss stets und überall energisch in den Vordergrund gerückt werden. Bei jedem noch so kleinen Schritt ist das Auge fest aufs Endziel zu richten; die ganze bestehende Gesellschaft systematisch durchsetzen, durchtränken, besäen mit dem Geiste, mit dem Blute, mit den Institutionen des Sozialismus: Das ist die heiße begeisternde Grundtendenz, die Jaurès in seinen Aufsätzen nicht müde wird, fort und fort zu betonen.

Was aber ist die „neue Methode"? Wir müssen ein wenig zusammensuchen, da Jaurès selbst sie nirgends systematisch entwickelt.

Zunächst ein argumentum e contrario. An einigen Stellen scheint Jaurès unter der alten Methode die ausschließlich auf eine „parasitäre Revolution" lauernde Taktik zu verstehen, während alles andere, insbesondere die sogenannte praktische Arbeit, als dem altmethodisch-taktischen Prinzip widerstrebende Konzession an die „Notwendigkeiten der Neuzeit" gilt. Da diese alte Methode jedoch, wie gezeigt, imaginär ist, kann der Gegensatz zu ihr nicht charakterisieren.

Neue Werkzeuge zur wirtschaftlichen, sozialen, politischen Stärkung des Proletariats; neue Werkzeuge zur Gewinnung des Proletariats; neue Werkzeuge zur Schwächung und eventuell Bekehrung von Nichtproletariern; neue Werkzeuge zur Umformung der Produktionsverhältnisse, der sozialen Zustände, der Staatsform; oder eine neue Technik in Anwendung der alten Werkzeuge: Das erwarten wir von einer neuen Methode. Was bietet uns aber Jaurès für Werkzeuge? Politische und gewerkschaftliche Organisation und Aktion, Genossenschaften, Erweiterung und Intensivierung der Sozialgesetzgebung, Ausnützung, Förderung, Erweiterung der in unserem Gesellschaftsleben bereits enthaltenen Tendenzen zur Demokratisierung und Sozialisierung sowie mancher in der Rechtsordnung bereits zugelassenen Methoden, zum Beispiel der Zwangsenteignung. Wer wird diesem Aktionsprogramm nicht zustimmen? Ist es nicht das Programm, das seit Jahrzehnten von der Arbeiterklasse tatsächlich befolgt und propagiert wird?

In der Tat liegt das Charakteristikum der neuen Methode einerseits – das ist minder wichtig – in der besonderen prinzipiellen Wertung und praktischen Betonung gewisser Aktionsformen, zum Beispiel des Genossenschaftswesens; andererseits – und das ist die Hauptsache – in drei Punkten: 1. in dem wahren Gottvertrauen auf eine mystische Wunderkraft, genannt „Demokratie"; 2. in der Unterschätzung des Gegensatzes zwischen Proletariat und Bourgeoisie, zwischen Sozialismus und Kapitalismus, sowie in der daraus resultierenden starken Hoffnung auf friedlich glatte Entwaffnung und Gewinnung der Bourgeoisie oder ganzer Teile von ihr, vor allem durch die Kraft der Überredung; 3. – trotz aller Vorbehalte – in dem Abschwören der „Revolution", der „gewaltsamen" Aktion.

Die neue Methode hält sich gern für die Vertreterin einer „organischen" und friedlichen gegenüber einer sprunghaften und gewaltsamen Entwicklung. Zunächst ist aber das „sprunghaft" dem „organisch" nicht gegensätzlich, das „allmählich" ihm nicht wesentlich. Und „organisch" – ein übrigens schwieriger Begriff – und friedlich ist sicher zweierlei. Eine andere Lehre als die von organischer Fortentwicklung in der vom Marxismus, der gesellschaftsorganischen Entwicklungslehre, katexochen, beherrschten sozialistischen Theorie und Praxis zu suchen ist glatter Widerspruch in sich selbst:5 man lese nur mit einiger von revisionistischem Dogmenfanatismus ungetrübten Vorurteilslosigkeit sogar das Kommunistische Manifest und seine freilich manchmal ins Agitatorische, Schlagworthafte gearbeiteten Formulierungen. Aber auch der Begriff „friedlich“ ist nichts weniger als klar; seine Begrenzung hängt davon ab, welche Kampfmittel, Mittel der Beeinflussung man als nicht-friedlich bezeichnet. Um hier Klarheit zu gewinnen heißt es, die Gebiete des wirtschaftlichen, sozialen und politischen Lebens scheiden und die Möglichkeit und Art einerseits der „organischen“, andererseits der friedlichen Form der Entwicklung für jede dieser Seiten des Gesellschaftslebens zu prüfen.

Es stellt sich heraus, dass eine selbständige organische Entwicklung auf keinem der drei Gebiete, von denen das wirtschaftliche das grundlegende ist, für sich stattzufinden scheint, da diese Gebiete eben nur Teile eines sich fortbildenden Gesellschaftsganzen darstellen, dass also Sprünge und Gewaltsamkeiten schon darum auf jedem der drei Gebiete – am wenigsten freilich auf dem grundlegenden des Wirtschaftslebens – möglich sind, die aber innerhalb der organischen Gesundheitsbreite des Gesellschaftsganzen bleiben.

Es gilt sodann Gesellschaftsstatistik zu studieren, zu prüfen, welches die Momente sind, die im wirtschaftlichen, im sozialen, im politischen Leben Einfluss, Macht verleihen, ob auf jedem der drei Gebiete die nämlichen Momente entscheiden, und wenn dies der Fall, welches Gewicht den einzelnen Momenten auf jedem einzelnen Gebiet, und ob ihnen auf den verschiedenen Gebieten ein gleiches innewohnt und schließlich, mit welcher Schnelligkeit sich die Gleichgewichtsveränderungen auf jedem der Gebiete Anerkennung verschaffen.

Hier herrscht in der Doktrin allenthalben Systemlosigkeit und Unklarheit; nicht einmal eine richtige Fragestellung, eine präzise Formulierung des Problems findet sich, am wenigsten bei den Revisionisten, den Vertretern der „neuen Methode“, auch nicht bei Jaurès.

Der Kräfte, die im Kampfe der Klassen walten, sind mannigfaltige, so mannigfaltige, wie es überhaupt Mittel der Einwirkung von Mensch auf Mensch gibt. Es kommt hier weit weniger auf die Aufzählung der einzelnen Kräfte als auf ihre richtige Rangierung in der Kräfteskala an.

Wie bildet sich das wirtschaftliche Gleichgewicht? Man kann nicht sagen: Diejenige Klasse herrscht, die einen unentbehrlichen Faktor des Wirtschaftslebens darstellt; jede Klasse ist eben solch ein unentbehrlicher Faktor. Selbst der nichts tuende reine Kapitalist müsste zur Ermöglichung des kapitalistischen Systems erfunden werden, wenn er nicht da wäre. Keine Klasse kann ihre wirtschaftliche Herrschaft einfach dadurch begründen, dass sie zum Beispiel in Form eines Generalstreikes ihre Unentbehrlichkeit ad oculos demonstriert und die anderen Klassen auf die Knie zwingt. Die bestimmte Eingliederung im Organismus ist ihr unabhängig von ihrem wie vom Willen der anderen Klassen zugefallen. Wenn nach Marx' Worten das Proletariat an die Lohnknechtschaft fester denn Prometheus an den Felsen geschmiedet ist, so ist das Band, das die Bourgeoisie an ihr Ausbeutertum kettet, nicht minder fest.

Es ist überhaupt verkehrt anzunehmen, dass von dem „Reichtum" der Klassen als solchen im Verhältnis zueinander ihre Stellung in der Stufenleiter der Wirtschaftsorganisation abhänge.

Wenn wir die kapitalistische Ausbeutung als wesentliches Charakteristikum der wirtschaftlichen Unterordnung des Proletariats bezeichnen, so kann eine Veränderung der statischen Verhältnisse in der Ökonomie des Kapitalismus durch Änderung des Ausbeutungsgrades oder Abschaffung der Ausbeutung bewirkt werden. Die Frage der friedlich-allmählichen Entwicklung zum Sozialismus qua Wirtschaftsleben beantwortet sich dann mit der Frage der friedlich-allmählichen Verringerung und Beseitigung der Ausbeutung, die noch nicht spruchreif ist. Dass die Verringerung und Beseitigung der Ausbeutung mit der Fortentwicklung der Produktivkräfte mehr und mehr möglich, ja zur historischen Notwendigkeit wird, ist die Legitimation des Sozialismus und daher Gemeingut aller sozialistischen Theorien. Es fragt sich nur, ob sich die ausbeutende Klasse unter dem mehr oder weniger sanften Drucke der Arbeiterklasse allmählich „freiwillig" ihr Ausbeutungsprivileg entsprechend der wirtschaftlichen Möglichkeit seiner Einschränkung einzuschränken bereit finden wird.

Dieser Druck ist die Wirkung einer Bewegung, die im letzten Ende gleich den „Menschenrechten" dem „allgemein-menschlichen" seit Beginn der Klassenunterdrückung in allen Epochen gesellschaftlicher Götzendämmerung aktiven Triebe zur wirtschaftlichen, sozialen und politischen Freiheit entspringt: Eine andere Quelle hat auch die wachsende „Empörung" im berühmten 24. Kapitel des ersten Bandes vom „Kapital"6 nicht. Und dieser Trieb entnimmt seine Stärke vor allem der wirtschaftlichen Unentbehrlichkeit des Proletariats und führt zum Erfolg, entsprechend der jeweiligen objektiven Möglichkeit einer Änderung des Ausbeutungsgrades.

Es soll nicht in Abrede gestellt werden, dass manche Nichtproletarier, selbst Kapitalisten, auch einem Überreden, dem Einflüsse gewisser humanitärer Ideen und einer etwaigen „öffentlichen Meinung", einer Einsicht in die Richtung der Entwicklung, in ihr eigenes, besser verstandenes Interesse zugänglich sind. Wie viele unserer Revisionisten verspricht sich auch Jaurès von derartigen Einwirkungen, einem derartigen Drucke nicht wenig; er will sogar – nach berühmtem Muster – die zartbesaiteten Nasen solcher braven Bourgeois nach Kräften vor dem Ludergeruch des revolutionären Sansculottismus bewahren; nur nicht vor den Kopf stoßen, in Güte macht sich alles, alles! Das ist vielleicht das gröbste Stück Utopismus in der neuen Methode. Wäre die Praktizierung dieses Teils der neuen Methode nicht dank der vom kämpfenden Proletariat selbst geübten Pädagogik ausgeschlossen, man könnte ihn gemeingefährlich nennen. Es liegt ihm eine Verwechslung von primären und sekundären Ursachen zugrunde, die zu einer völligen Verwaschlappuug der Arbeiterbewegung führen müsste. Herz und Kopf des Durchschnittsbourgeois öffnen sich uns nicht um der schönen Augen der Sozialdemokratie willen. Nein! Die Zielsicherheit, der unvergleichliche Elan, das Siegesbewusstsein, das Selbstvertrauen, die Unermüdlichkeit, wachsende Geschlossenheit und Stärke, die grenzenlose Opferwilligkeit des organisierten Proletariats, die zähe und geschickte Ausnützung aller Fehler der Gegner, aller Schäden des kapitalistischen Systems zwingt die einen zur Achtung und jagt anderen heillosen Schrecken ein.

Um sich und ihren lieben Profit zu retten, werfen sie der „blutdürstigen Wolfsherde" des Proletariats, die ihnen schon auf den Fersen jagt, dann und wann einen Bissen hin – freiwillig! Die Angst, der Selbsterhaltungstrieb schärfen den Verstand und zermürben das hartgesottenste Herz fabelhaft. Wäre es nicht der reine Selbstmord, diese sekundären Ursachen mancher unserer Erfolge künftig direkt als primäre – durch Überredung, liebenswürdiges Entgegenkommen und dergleichen – erzeugen und die Ursache dieser Ursachen, die revolutionäre Energie unseres Kampfes, vernachlässigen zu wollen?

Alles in allem: Je fester, umfassender und finanziell kräftiger das Proletariat in sich organisiert ist, je prinzipieller, rücksichtsloser, begeisterter und besonnener es seine politischen und gewerkschaftlichen Kämpfe führt, um so eher mag es ihm – trotz Reservearmee und Unternehmerorganisation – gelingen, die Bourgeoisie zur Gewährung der jeweils objektiv günstig möglichen Bedingungen zu zwingen, die „Produktionsverhältnisse" in einer gewissen Kontinuität fortlaufend entsprechend den jeweils äußersten Möglichkeiten des Wirtschaftslebens zu gestalten und die Gefahr wirtschaftlicher Katastrophen abzuwenden. Ob es gelingen wird, steht nach der bisherigen Erfahrung dahin. Wir müssen auf beide Möglichkeiten gefasst sein.

Soweit für die wirtschaftliche Struktur der Gesellschaft die Verteilung des Eigentums an den Produktionsmitteln und die Leitung der Produktion in Betracht kommt, mag die konstitutionelle Fabrik als ein freilich recht schwächlicher Ansatz zur allmählichen Umwandlung erscheinen.

Wenn Camille in „Dantons Tod" schwärmt: „Die Staatsform muss ein durchsichtiges Gewand sein, das sich dicht an den Leib des Volkes schmiegt", so ist das leider ein frommer Wunsch. Selbst die elastischste unserer Staatsformen, die demokratische Republik, bleibt hinter diesem Ideal himmelweit zurück. Offensichtlich ist unser Staat nicht ein bloßes Gewand des Volkes, sondern eine riesenhafte, aufs äußerste komplizierte Maschine, mit vielfältigen bedeutsamsten Funktionen. Er ist in gewissem Grade verselbständigt und, wie die Geschichte predigt, gar leicht als Werkzeug zur Unterdrückung selbst einer Majorität des Volkes geeignet. Mag immerhin die Staatsform in thesi nur ein besonderer Ausdruck, eine Konsequenz der wirtschaftlichen Organisation sein, so hieße es doch der Geschichte und täglichen Erfahrung ins Gesicht schlagen, wollte man sie mit Kampffmeyer in concreto als „sehr wandlungsfähig" entsprechend „den wirtschaftlichen und sozialen Machtverhältnissen" bezeichnen. Das wäre wieder ein faustdickes Stück Utopismus in der Methode unserer Revisionisten. Geradezu unfasslich erscheint es, wie sich Jaurès dermaßen in seinen wahren Köhlerglauben an die alleinseligmachende friedlich-allmähliche Methode versteigen konnte.

Aber wo Begriffe fehlen, da stellt zur rechten Zeit ein Wort sich ein: Demokratie! Mit diesem Wörtchen löst jeder Revisionist, jeder Anhänger der „neuen Methode" alle Schwierigkeiten spielend. Mit dem Wörtchen „Demokratie" sage ich; denn der Begriff dieses Wörtchens im Sprachgebrauch der Revisionisten ist gar sehr verschwommen. Anscheinend soll es die gleichmäßige Beteiligung aller in einer wirtschaftlichen oder politischen Organisation eingegliederten Personen an der Verwaltung, das heißt natürlich auch an der Nutzung dieser Organisation bezeichnen. Bei dieser Definition ist Demokratie – Sozialdemokratie und schließt den Sozialismus begrifflich ein, so dass die vielfachen Äußerungen Jaurès' (und anderer Männer der „neuen Methode"), die Demokratie sei wesentliche Voraussetzung, sei die Form zur Verwirklichung oder gar schon ein Stück des Sozialismus, Äußerungen, die im Grunde nur eine unklare Wiederaufnahme der „reprobierten" Lehre von der Diktatur des Proletariats ergeben, nur Verwirrung stiften können.

Zu solcher wirtschaftlichen Demokratie finden sich Ansätze, wie es eben Ansätze zum Sozialismus gibt; dass sie einen nennenswerten Grad erreicht hätten, kann schwerlich behauptet werden – doch das ist bereits gestreift.

Auf politischem Gebiete ist die Demokratie weiter fortgeschritten, aber längst nicht so weit, wie uns die Revisionisten glauben machen wollen. Wie wenig sich die Begriffe Demokratie und Republik zum Beispiel in Frankreich decken, hat kein Geringerer als Bernstein dargelegt. Ich könnte hier Jaurès eine lange und eingehende Erörterung aus demselben posthumen Werke Liebknechts entgegenhalten, in dem Jaurès die vorahnende Formulierung des Revisionismus und Millerandismus7 findet. Nicht einmal das demokratische Wahlrecht ist, von ganz verschwindenden Ausnahmefällen abgesehen, einwandfrei realisiert. Die Demokratie mag also wohl ein vorzügliches Pulver sein, um den Kapitalismus zu sprengen, aber das Pulver muss erst noch erfunden werden. Vorläufig sitzen wir noch allenthalben, in den Staaten wie den Gemeinden, in der dicksten Undemokratie. Wie, woher kriegen wir das Fehlende? Werden wir die Früchte der Demokratie friedlich-allmählich von dem gastlichen Apfelbaum der wirtschaftlichen, sozialen, politischen Erkenntnis der Bourgeoisie pflücken können?

Mehr als irgendeine andere Manifestation unseres Gesellschafts-Organismus trägt der Staat mechanischen Charakter. Gewiss kann man nur cum grano salis die Regierungen als den Ausschuss der sogenannten herrschenden Klassen bezeichnen, ebenso gewiss aber ist der Staat in einem sehr hohen Grade Werkzeug dieser herrschenden Klassen, deren ureigene Interessen ihnen nur zur Sicherung ihrer Herrschaft gewisse Konzessionen an die beherrschten Klassen aufzwingen, die jedoch das Maß der politischen Kapazität dieser Klassen, ihres wirtschaftlichen Einflusses, durchschnittlich bei weitem nicht erreichen. Es gibt eben ganz echte politische Herrschaftsverhältnisse, selbst die Demokratie ist ein solches, die die Unterdrückung einer eventuell sehr starken Minderheit einschließen. Nur sehr bedingt trifft es zu, dass sich Verschiebungen im wirtschaftlichen Gewicht in der Staatsform ausprägen. Am ehesten gilt es freilich noch bei der Demokratie.

Aber eben, woher die Demokratie nehmen und nicht stehlen? Wie hat Deutschland sein allgemeines Wahlrecht, so ziemlich das einzige Fetzchen demokratischen Linnens, das unsere politische Blöße deckt, „erobert"? War seine Einführung nicht als Kniff einer reaktionären Demagogie gedacht? Ist es nicht auch in anderen Fällen eines solchen reaktionär-demagogischen Ursprungs und also um so weniger a priori für gesichert zu halten? Ein starker, übermächtiger Zug zur politischen Demokratisierung soll unserer Zeit nicht abgestritten werden; es fragt sich eben nur, wie sich dieser Zug durchsetzt. Eine Steigerung der gütlichen Nachgiebigkeit ist bei den herrschenden Klassen alles in allem nicht zu konstatieren. Man vergleiche Hessen, Bayern, Belgien, Schweden.8 Und wie steht es mit Preußen? Hat hier nicht manch ein Revisionist, vor die Kanonen der praktisch-politischen Logik gestellt, der Revolution, vorläufig in der verschämten Form des Generalstreiks, von neuem den Treueid leisten müssen? Haben nicht unsere belgischen Brüder in ihrer verzweifelten Ratlosigkeit die Hilfe eines deus ex machina in Gestalt des königlichen Freundes der schönen Cleo herbei zu beten begonnen?9 Werden wir nicht ebenso leicht wie die Demokratie in der Mehrzahl der Staaten den Sozialismus bekommen? Haben nicht unsere belgischen Brüder gerade vor dieser Frage gestanden?

Und haben wir denn das, was wir haben, auch wirklich? Wenn Engels in seinem Programmbrief meint: Man könne sich das friedliche Hineinwachsen in die neue Gesellschaft möglicherweise vorstellen für Länder, wo die Volksvertretung alle Macht in sich konzentriert, wo man verfassungsmäßig tun könne, was man will, so bald man die Majorität des Volkes hinter sich hat – was übrigens für Frankreich und England keineswegs zutrifft –, so fragt es sich gerade: ob man diese Majorität ohne „Katastrophe" wird erlangen können. Vorläufig tut die Demokratie der Bourgeoisie noch nicht ernstlich weh; wenn aber Sein oder Nichtsein die Frage sein wird – und diese Frage wirft sich trotz aller möglichen organischen und friedlichen Fortentwicklung an einem bestimmten Punkte überall auf –, so wollen wir erst erleben, ob die Menschheit sich seit einigen Jahrzehnten so grundstürzend geändert hat, dass es ohne harte und böse Friktionen abgeht.

Daraus ergibt sich zweierlei: dass es mit dem allmählich-friedlichen Hineinwachsen überhaupt seinen Haken hat und dass die Demokratie schon um deswillen nicht als das Allheilmittel gelten kann, weil sie vorläufig in gewissem Sinne noch von der Gnade der herrschenden Klassen abhängt. Wer will bestreiten, dass in allen Ländern der Welt eine durchaus verfassungsmäßige Beseitigung aller demokratischen Institutionen noch möglich ist. sofern eben nur die Bourgeoisie zusammenhält? Wer will die Möglichkeit abstreiten, dass in Zeiten der äußersten Zuspitzung des Interessenkampfes zwischen Bourgeoisie und Proletariat, deren höchster Grad noch längst nicht erreicht sein dürfte, dieser Zusammenhalt der Bourgeoisie mindestens zeitweilig hergestellt werden mag? Man blicke doch auf Sachsen! Dieses industriellste aller deutschen Länder, das uns ebendeshalb in ähnlicher Weise die Zukunft des Klassenkampfes zeigt, wie England bisher der Spiegel unserer Zukunft war, hat allen anderen deutschen Staaten gegenüber den Vorteil voraus, dass es, fast aller feudalen Reste eines übermächtigen Junkertums und damit eines Zankapfels der herrschenden Klassen ledig, eine unerhört geschlossene Bourgeoisie aufweist, also einen gewissermaßen reinen Fall darstellt, der nicht mit einer überlegenen Armbewegung abgetan werden kann. Und Jaurès möge doch gerade auf Frankreich blicken, das nach seiner Meinung vor beiläufig vier Jahren drauf und dran war, im Sturme aufgewühlter Volksleidenschaft seine ganze schöne Demokratie zu verlieren!10 Und schließlich: Darf man nicht, um auf das Gebiet wirtschaftlicher Demokratie zurückzugreifen, die englischen Lordrichterentscheide11 hier als Warnungstafel aufrichten? Es gehört der ganze revisionistische Aberglaube an die „Demokratie" dazu, um zu verkennen, wie nahe England damit einer Zuspitzung des Klassenkampfes zu festländischer Schärfe und festländischen Formen gerückt ist. Dass sich die englische Bourgeoisie damit – im erstarkenden Sozialismus – auch ihren „Totengräber" schafft, illustriert doch eben nur die Bedeutung der Entscheide in unserem Sinne.

Nach alledem kommt es bei Wertung der bestehenden oder noch zu erringenden demokratischen Institutionen für die Möglichkeit einer katastrophenlosen Fortentwicklung zum Sozialismus zunächst auf genaue Prüfung der Festigkeit und Sicherung dieser Institutionen an, eine Prüfung, die man bei keinem Revisionisten – auch bei Jaurès nicht – findet. Nach alledem begreift man aber auch, warum die „neue Methode" als wesentliche Eigenschaft der „Demokratie" nicht so sehr die Herrschaft der Mehrheit, als die Rücksicht auf die Minderheit betrachtet.

Die gar zu offensichtliche Gefahr gewaltsamer Kollisionen, die mithin gerade in der Notwendigkeit einer Erhaltung und Erkämpfung der Demokratie liegt, vermag Jaurès nicht zu übergehen; er kann nicht umhin, mit einem Versuch gewaltsamer Entreißung demokratischer Rechte zu rechnen, den er sogar erfolgreich sein lässt! Das ist der Salto mortale der „neuen Methode". Was soll dann noch die Bekämpfung der „Katastrophentheorie"? Welcher Sozialist hat je prinzipiell (von Entgleisungen in der Propaganda natürlich zu schweigen!) auf eine Katastrophe hingearbeitet oder seine Taktik nur auf eine solche Katastrophe eingerichtet? Wir müssen nur auf der Hut sein, Misstrauen gilt mit Recht als gute demokratische Eigenschaft. Mögen die Gegner zu uns kommen, mögen sie ihre Konzessionen machen – wir weisen sie nicht von der Hand, aber kein Einlullenlassen durch Friedensschalmeien, kein Eiapopeia von der gütigen allmächtigen Göttin Demokratie, keine Abrüstung. Nur unsere „kriegerische" Tüchtigkeit macht uns im sozialen Leben bündnisfähig, vermag uns den Ruprechtsack der politischen, sozialen und wirtschaftlichen Reformen zu öffnen, könnte, wenn überhaupt möglich, zur Abwendung von Katastrophen führen.

Im Zentrum des Jaurèsschen Buches steht eine Kommentierung der im „Vorwärts" veröffentlichten Abschnitte aus dem nachgelassenen Werke Wilhelm Liebknechts über die Verwirklichung des Sozialismus (welcher Titel freilich nicht authentisch ist). Jaurès reklamiert Liebknecht auf Grund dieses Werkes für die neue Methode und den Millerandismus. Er verweist auf Liebknechts Haltung in der konkreten Millerandfrage, die er sich nur durch Liebknechts Verblendung in der Dreyfus-Affäre12 zu erklären weiß, lehnt es ab, aus der Tatsache der Nichtveröffentlichung ungünstige Schlüsse über die Meinung des Verfassers von seinem Werke zu ziehen, und weiß die Bedeutung der veröffentlichten Fragmente nicht hoch genug zu rühmen. Wir können nicht umhin, einiges Wasser in diesen Wein zu schütten.

Die Liebknechtsche Schrift bildet die Beantwortung der Frage: „Welche Maßregeln hat die sozialistische Partei durchzuführen, wenn sie in nächster Zukunft einen maßgebenden Einfluss auf die Gesetzgebung gewinnen sollte?", eine Frage, deren Geschichte Bernstein und Bebel uns erzählt haben. Die Frage ist – man bedenke das Jahr 1880! – wahrhaft vexatorisch. Sie musste zu utopistischem, nach der Studierlampe riechendem Begriffsspiel verlocken, und die Berufung auf dieses Begriffsspiel erscheint für die „Möchtegern-Realpolitiker" der „neuen Methode" einigermaßen kompromittierlich.

Aber die Schrift spricht überhaupt nicht zugunsten des Millerandismus.13 Wenn einmal davon die Rede ist, dass eine Katastrophe „die Staatsmaschinerie zerbrechen und unsere Partei an oder doch in die Regierung bringen könne“, so kann dieses in schon darum nicht für den Millerandismus ausgeschlachtet werden, weil gar nicht feststeht, ob nicht eine Regierungsform vorausgesetzt ist, bei der die Mitglieder der Regierung dem demokratischen Wahlrecht unterliegen (vergleiche das Erfurter Programm). Den süßesten Honig meint Jaurès aus der Erörterung des anderen als möglich konstruierten, aber sofort als unwahrscheinlich bezeichneten Falles saugen zu können. Nach Liebknecht ist es denkbar, obgleich kaum zu erwarteten, dass in den oberen Regionen das Gefährliche der Situation begriffen wird und dass man durch das Einlenken in die Bahnen vernünftiger Reform der andernfalls unvermeidlichen Katastrophe vorzubeugen den Versuch machen wird. Hier ist von einer Zwangslage der Regierung die Rede, in der die Regierung zur Sozialdemokratie als Bittflehende kommt, um bei ihr Rettung vor sicherem Untergang zu suchen. „In diesem Falle würde unsere Partei zur Teilnahme an der Regierung berufen und speziell mit der Umgestaltung der Arbeiterverhältnisse betraut werden müssen.“ Müssen – wenn sich nämlich die Regierung wirklich retten will. Der „Regierungssozialist“ wird nicht als demagogisches und kompromittierendes Aushängeschild benutzt und beschmutzt werden, er wird als Abgesandter seiner Partei, als Repräsentant der Sozialdemokratie in die Regierung eintreten, fußend auf den Macht der Sozialdemokratie, gesichert in seiner Position durch die Zwangslage, in der sich die Bourgeoisie befindet, nicht genötigt, auch nur ein Titelchen seines Programms aufzugeben, im Gegenteil verpflichtet, das Programm zu verwirklichen. Die Aufgabe der Partei wäre nach Liebknecht „Umgestaltung der Arbeitsverhältnisse“, wohlgemerkt: nicht Aufputzen und Ausflicken, sondern Umgestaltung! Pochend auf die beherrschende Stellung, die in ihr die Situation, die Angst der Bourgeoisie oder ihre Einsicht in die Gefahren der Katastrophe in die Hände gespielt hat, wird die Sozialdemokratie als Feind des Kapitalismus erobernd in die Bourgeoisregierung eindringen. Das klingt anders, als die sozial-dipolmatischen Seiltänzerkunststückchen des Millerandismus. Das heißt nicht: um ein sozialpolitisches Linsengericht ein revolutionäres Erstgeburtsrecht verkaufen. – Und noch ein Zweites kling recht anders als Millerandismus. Liebknecht spricht von einem Berufen unserer Partei in die Regierung, nicht eines Sozialisten „auf Urlaub“, außer Kontrolle der Partei, sondern eines Sozialisten als Vertreters der Partei, so zwar, dass die Entscheidung über den Eintritt, die Art und Dauer der Wirksamkeit ganz von selbst in die Zuständigkeit der Partei fällt. Unter solchen Voraussetzungen Minister selbst eines Kaisers zu sein, wäre auch für den „wildesten Revolutionär“ gewiss wahre „Schlemmerei“. Wer sagt aber, dass es sich überhaupt um den Ministersessel in einem Kaiserreich handeln soll? Liebknecht setzt den Fall, dass die oberen Regionen in die Bahnen vernünftiger Reformen einlenken. Wer sich in die Denkweise unserer Partei, besonders Liebknechts, in der Zeit des „Schandgesetzes“ und der Bismärckerei zurückversetzen kann, der weiß, dass – eine unerlässliche Bedingung – ein Teil dieser vernünftigen Reform Abschaffung der Bismärckerei hätte sein müssen. Ängstlich-bescheiden und staatsmännisch-klug in ihren politischen Ansprüchen war erfrischender Weise die Sozialdemokratie gerade in jenen Zeiten ganz und gar nicht. Die „freiwillige“ Abdankung der Monarchie wurde als eine gar nicht besonders aufregende oder fern liegende Möglichkeit vielfach kalkuliert. Warum sollte nicht diese „kleine“ Reform vorausgesetzt sein?

Niemals hat Liebknecht ernstlich irgend einen möglichen Kompromiss, welcher Art er auch immer sei, von vornherein, als Kompromiss, verworfen. Kompromiss ist das Grundgesetz jeder Entwicklung, auch der sozialen. Wir kennen auf der ganzen Welt keinen Kompromiss, den wir nicht zu schließen bereit wären. Nur muss er in Wahrheit der Partei dienen – und hier ist der springende Punkt. Der Partei dienen heißt längst nicht immer: kleine oder mäßige Reformen für die Arbeiterschaft erwirken. Es kommt darauf an, wie sie erwirkt werden. Was nützte es der Sozialdemokratie, wenn sie eine ganze Welt aller erdenklichen Reförmchen gewonnen und nähme doch Schaden an ihrer Seele, das heißt: würde verwirrt, verkleinlicht, kleinmütig und selbstzufrieden, verlöre ihr Edelstes und Bestes, den Elan ihrer revolutionären Energie, die auch den Boden für Reformen am fruchtbarsten düngt – man vergleiche nur die Ernte der Sozialgesetzgebung bis zum Jahre 1890 und seitdem! Für die hohe Wertung dieser idealen Momente gegenüber der kurzsichtig-übertriebenen Wertung der Augenblicksvorteile immer und immer wieder zu plädieren, wurde Liebknecht bis an sein Lebensende nicht müde. Wenn Jaurès nicht begreift, warum Liebknecht schroffster Gegner des Millerandismus sein musste, so mag er das Gesamtbild Liebknechts, die Gesamtheit seiner Lebensarbeit betrachten: Er wird schwerlich auch nur einen millerandistischen Zug darin finden. Da die Revisionisten aus den Worten Liebknechts und dem Kommentar Jaurès' Kapital zu schlagen beginnen, so ist es an der Zeit, ihnen zuzurufen: „Hände weg! Der gehört euch nicht!"

Noch zahlreiche Einzelheiten der „neuen" und der „veralteten" Methode sind in den Jaurèsschen Aufsätzen berührt. Aber ein weiteres Eingehen selbst auf die ausführlicher erörterte Frage des Generalstreikes verbietet sich an dieser Stelle. Es muss bei den obigen Bemerkungen sein Bewenden haben.

1Diese von Liebknecht sicher rhetorisch gemeinten Fragen lassen sich inzwischen beantworten: Z.B. die Herausgeber der DDR-Ausgabe seiner Werke, die den Beginn des Artikels bis zu dieser Stelle zensiert haben!

2 Jean Jaurès (1859–1914), bekannter französischer Sozialist, der den rechten Flügel der französischen Sozialdemokratie führte. Begründer der „Humanité". Trat gegen Militarismus und den drohenden imperialistischen Krieg auf und wurde deshalb von französischen Chauvinisten ermordet.

3 Sozialistische Studie von Jean Jaurès. Übersetzt von Südekum. 1902, Verlag der Sozialistischen Monatshefte.

4Dieser Absatz fehlt ebenfalls in der DDR-Ausgabe

5Der folgende Text bis „auch nicht bei Jaurès“ fehlt in der DDR-Ausgabe.

6 Jean Jaurès (1859–1914), bekannter französischer Sozialist, der den rechten Flügel der französischen Sozialdemokratie führte. Begründer der „Humanité". Trat gegen Militarismus und den drohenden imperialistischen Krieg auf und wurde deshalb von französischen Chauvinisten ermordet.

7 Opportunistische Strömung, benannt nach dem französischen Rechtssozialisten Millerand, der 1899 als Minister in ein reaktionäres bürgerliches Ministerium eintrat, wo er mit dem Henker der Pariser Kommune, dem General Gallifet, zusammenarbeitete. W. I. Lenin bezeichnete diesen Schritt als Übergang zum „praktischen Bernsteinianertum" mit allen seinen Konsequenzen. (Siehe Was tun? In: Ausgewählte Werke in zwei Bänden, Bd. I, Dietz Verlag,

Berlin 1955, S. 180.)

8 Die Parlamente Hessens, Bayerns, Schwedens und Belgiens (letzteres siehe folgende Anmerkung) forderten eine Reform des reaktionären Wahlrechts, und zwar direktes Wahlrecht, Herabsetzung des Wahlalters usw. Diese Forderungen wurden von den Regierungen und den oberen Kammern verschleppt und schließlich in den Jahren 1904/1905 zum Scheitern gebracht. Die Wahlrechtskämpfe führten in Schweden 1902 zu machtvollen Demonstrationen und Streiks.

9 Die Wahlrechtskämpfe in Belgien erreichten im April 1902 ihren Höhepunkt. In Brüssel und in den Industriezentren traten 300.000 Arbeiter in den Streik, wobei es zu blutigen Zusammenstößen kam. Die Führung der Arbeiterpartei Belgiens, insbesondere Vandervelde, verhinderte einen wirkungsvollen Kampf und rief den König als Schiedsrichter an. Die gefügige reaktionäre Mehrheit der Kammer lehnte am 18. April 1902 die Änderung der Wahlgesetze ab.

10 Gemeint sind die reaktionären Umtriebe der französischen Bourgeoisie im Jahre 1898 im Zusammenhang mit der Dreyfus-Affäre (siehe übernächste Anmerkung). Sie wurden von den Pariser Arbeitern mit einer Reihe von Streiks beantwortet.

11 Gemeint ist die in der Geschichte der englischen Arbeiterbewegung berüchtigte Taff-Vale-Entscheidung. Nach einem Streik der Angestellten der Taff-Vale-Eisenbahngesellschaft in Süd-Wales verklagte die Gesellschaft die Vereinigte Gewerkschaft der Eisenbahner auf Schadenersatz. Der Berufungsgerichtshof des Oberhauses entschied, dass Gewerkschaften für sogenannte Streikschäden haftbar gemacht werden können. Die Entscheidung löste in der englischen Arbeiterklasse starke Erregung aus. Nach den Neuwahlen im Jahre 1906 zog zum ersten Male die Labour Party, und zwar mit 29 Vertretern, in das Parlament ein. Die Taff-Vale-Entscheidung wurde durch den Trade Dispute Act von 1906 zurückgenommen.

12 Der Fall Dreyfus war ein von den reaktionären Kreisen Frankreichs aufgezogener provokatorischer Prozess, in dem der jüdische Generalstabsoffizier Dreyfus 1894 durch das Kriegsgericht auf Grund einer offenkundig falschen Anklage, die ihm Spionage und Landesverrat zur Last legte, zu lebenslänglicher Deportation verurteilt wurde. Die allgemeine Bewegung zur Verteidigung Dreyfus', die sich in Frankreich entfaltete, deckte die Korruptheit der Gerichtsbehörden auf und hatte die Zuspitzung des politischen Kampfes zwischen Republikanern und Monarchisten zur Folge. 1899 wurde Dreyfus begnadigt und freigelassen. Erst 1906, nach der Wiederaufnahme des Verfahrens, wurde er rehabilitiert.

13Die folgende Passage fehlt in der DDR-Ausgabe bis „hier ist der springende Punkt.“

 

 

 

 

Karl Liebknecht vs Jean Jaurès. "La nouvelle méthode". 1902
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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009