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"La fête du 1er Mai, cette année, tire un relief particulier du fait qu'elle est célébrée au milieu du bruit de la guerre. De ce fait, son caractère de manifestation en faveur de la paix mondiale prend naturellement le dessus cette année. Mais plus que jamais, du fait de la guerre, cette manifestation spécifiquement prolétarienne doit aussi être l'expression de l'idée, que la réalisation de la paix universelle ne peut être conçue que liée à la réalisation de notre but final socialiste."
Vous trouverez le document suivant sur le site :http://www.critique-sociale.info/148/la-lente-reception-de-rosa-luxemburg-en-france/
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Texte paru dans notre article du 25 décembre 2013 : Rosa Luxemburg a accompagné tous les pas vers la guerre mondiale de ses analyses, ici un court article sur le conflit russo-japonais
Dans la tempête
La fête du 1er Mai, cette année, tire un relief particulier du fait qu'elle est célébrée au milieu du bruit de la guerre. De ce fait, son caractère de manifestation en faveur de la paix mondiale prend naturellement le dessus cette année. Mais plus que jamais, du fait de la guerre, cette manifestation spécifiquement prolétarienne doit aussi être l'expression de l'idée, que la réalisation de la paix universelle ne peut être conçue que liée à la réalisation de notre but final socialiste.
Si la guerre russo-japonaise a démontré quelque chose, c'est bien toute la vanité de ces socialistes "humanitaires" qui prétendaient fonder la paix du monde sur le système d'équilibre de la Double et Triple alliance. Ces panagyristes des alliances militaires ne pouvaient assez exprimer leur enchantement devant ces trente années de paix en Europe centrale et, s'appuyant sur ce fait, parlaient déjà tout naturellement de "paix en marche" et "d'humanité dans la paix". Le tonnerre des canons de Port-Arthur, qui a fait trembler convulsivement les bourses européennes, rappelle à intelligible voix à ces idéologues socialistes de la société bourgeoise que, dans leurs fantaisies sur la paix européenne, ils n'avaient négligé qu'un seul facteur: la politique coloniale moderne, qui a, dès à présent, dépassé le stade des conflits européens locaux en les transportant sur le Grand Océan. La guerre russo-japonaise fait prendre conscience, à présent, à chacun que même la paix et la guerre en Europe, leur avenir, ne sont plus décidées entre les quatre murs du concert européen, mais au-dehors, dans le gigantesque maelström de la politique mondiale et coloniale.
Et c'est en cela que réside la signification essentielle de la guerre actuelle pour la démocratie socialiste, même abstraction faite de son effet immédiat: l'effondrement de l'absolutisme russe. Cette guerre ramène les regards du prolétariat international sur les grandes liaisons politiques et économiques du monde et dissipe avec violence dans nos rangs, le particularisme, la mesquinerie des idées, qui se forment dans toute période de calme politique.
La guerre arrache complètement tous les voiles dont le monde bourgeois, ce monde de fétichisme économique, politique et social, nous enveloppe constamment.
La guerre détruit l'apparence qui fait croire à l'évolution sociale pacifique, à l'omnipotence et à l'intangibilité de la légalité bourgeoise, à l'excluvisme national, à la stabilité des conditions politiques, à la direction consciente de la politique par des "hommes d'Etat" ou des partis, à la portée capable d'ébranler le monde des chamailleries dans les parlements bourgeois, au parlementarisme comme centre prétendu de l'existence sociale.
La guerre déchaîne, en même temps que les puissances réactionnaires du monde capitaliste, les forces génératrices de révolution sociale qui fermentent en leurs profondeurs.
Eh bien, nous célébrons cette fois la fête du 1er mai sous l'âpre bise, et la précipitation des événements du monde.
D'après la traduction parue dans Le Socialisme en France (1892-1912)
Oeuvres complètes - Tome III
Agone- Smolny.
P 244 - 245