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De la correspondance de Rosa Luxemburg , 1890-1898 (1)
Cette série d'articles met en ligne des indications reprises de la correspondance de Rosa Luxemburg sur des thèmes divers permettant d'approfondir notre connaissance de l'élaboration de la pensée de Rosa Luxemburg, en nous attachant aux tout premiers courriers conservés: soit sur la période 1890-1898. Ce sont des écrits de jeunesse. En 1890, Rosa Luxemburg a juste 19 ans Premières années d'exil, en Suisse essentiellement, en France partiellement et jusqu'à son arrivée en Allemagne qui marque son entrée mûrement réfléchie et fracassante dans la social-démocratie allemande.
C'est une des toutes premières lettres de Rosa Luxemburg. Elle est déjà en exil, elle est déjà au centre de l'action politique - en relation avec les militants russes ou polonais qui se sont réfugiés en Suisse, et ils sont nombreux -, on trouve dans cette première lettre l'assurance tranquille, la fraîcheur d'expression, la volonté qui vont caractériser ses lettres. Elle a à peine 20 ans ...
A Boris Kritchewski
Genève le 17 juillet 1891
"... En général, je me plais beaucoup ici - je travaille assidûment et je rencontre des gens intéressants. Les dimanches seulement, "la pensée langoureuse" me porte vers vous, mes chers, vers l'Oberstrasse, pour vous accompagner chez les Axelrod, goûter leur kéfir et leurs harengs. Trêve de plaisanterie, j'ai parfois envie de revoir mon Oberstrasse, mais en général je suis absolument ravie d'habiter seule et je ne me plains pas. A présent, je suis vraiment tout à fait adulte et j'en suis très fière.
Je suis allée à Mornex, mais je n'y retournerai pas, bien que j'aie envie de les revoir. Je n'irai pas car Plekhanov est trop intelligent pour moi, ou, plus précisément, il est trop cultivé. Que peut lui apporter une conversation avec moi? Il sait tout mieux que moi et quant aux "idées" inédites, originales, - voyez-vous -, je ne sais pas en forger et, en vérité, je ne m'en soucie guère. J'aime regarder Plekhanov de mon coin chez Axelrod, tout simplement regarder comment il parle, bouge - regarder son visage - qui me plaît beaucoup. Mais je ne peux tout de même pas aller à Mornex pour me mettre dans mon coin et l'admirer ..."
Rosa Luxemburg, Vive la lutte! correspondance 1891 - 1914, françois maspéro, P 37