Cette carte a été écrite le jour où le tribunal de deuxième instance condamna Karl Liebknecht à quatre ans de réclusion.
Wroncke, le 24 août 1916
Chère Sonitschka, qu’il m’est pénible de ne pas être auprès de vous en ce moment. Mais, je vous en prie, gardez la tête haute. Il y a bien des choses qui vont évoluer. Maintenant, il vous faut partir, n’importe où, à la campagne, au milieu de la nature, de la beauté, il vous faut trouver un endroit où vous soigner. Cela n’a pas de sens de rester où vous êtes et de continuer à vous déprimer, il peut se passer des semaines avant la dernière instance. Je vous en prie, partez dès que possible … Karl, lui aussi, sera certainement soulagé de savoir que vous prenez du repos. Merci mille fois pour votre chère lettre du 10 et pour toutes les bonnes choses. Vous verrez, le printemps prochain, nous irons nous promener ensemble, à la campagne et au jardin botanique, je m’en réjouis déjà. Mais partez tout de suite, Sonitschka ! Ne pourriez-vous aller sur les bords du Lac de Constance, pour vous imprégner un peu de l’atmosphère du Midi ? Avant que vous ne partiez, je voudrais tant vous voir. Adressez une requête à la Kommandantur. Ne tardez pas à m’écrire un petit mot. Gardez courage, malgré tout. Je vous embrasse.
Votre Rosa,
Mille amitiés à Karl.
J’ai eu beaucoup de plaisir à recevoir les deux cartes de Helmi et de Bobbi
Editions bélibaste, 1969, Rosa Luxembourg, lettres de prison