On connaît Liebknecht, on connaît Rosa Luxemburg. On connaît moins Leo Jogiches. En ce mois de mars, nous souhaitons faire connaître un de nos articles rédigé en mémoire de ce militant qui partagea tous les combats de R. Luxemburg et fut assassiné durant la révolution spartakiste.
c.a.r.l. le 18 mars 2012
Le 10 mars 1919, Leo Jogiches était abattu par un officier de police (Tamschick) à l'intérieur de la prison de Moabit sous le prétexte de "tentative de fuite".

Leo Jogiches est un nom trop peu présent dans nos mémoires! Pourtant inséparable de celui de Rosa Luxemburg et donc du combat politique du mouvement ouvrier de la fin du XIXème siècle et du début du XXème.
Lire la correspondance de Rosa Luxemburg entre 1893 et 1898, c'est suivre tout d'abord leurs vies mêlées. De leur vie en Suisse et en France jusqu'au départ de Rosa Luxemburg vers l'Allemagne. C'est suivre avec amusement une relation que nous pourrions dire à la Sartre et Beauvoir même si cette relation est tout autre, mais c'est bien une relation marquée par la réflexion et l'action politique qui se déroule au long des lignes. C'est voir Rosa Luxemburg très jeune qui suit déjà des études brillantes et prépare un doctorat prétendre faire de Jogiches son alter ego dans ce domaine. Et c'est voir Leo Jogiches se dérober à une recherche qui ne l'enthousiasme pas, lui qui se vit plutôt dans l'organisation et l'action. Ce que soulignera bien plus tard Clara Zetkin dans un hommage qu'elle lui rend. C'est surtout voir dès cette époque leurs échanges et leur action sur une base de réflexion commune, marxiste.
Leo Jogiches, comme Rosa Luxemburg est de ces jeunes vivant sous domination russe qui très tôt se sont politisés et engagés. On le voit suivre un chemin qui sera celui de nombre de ces jeunes qu'ils soient Russes, Lituaniens ou Polonais : il rejoint un groupe proche de Narodnaja Volja d'inspiration plutôt populiste avant d'évoluer vers un conception marxiste.
Arrêté deux fois en 1888 et 1889, il fuit vers Genève puis Zurich. C'est aussi un parcours obligé d''innombrables militants qui fuient la prison, le bannissement, l'armée, et dont fait partie Rosa Luxemburg. Ils se rencontreront donc à Zurich fin 90 ou début 91.
Comme Rosa Luxemburg, il se rapprochera d'abord de Plekhanov, pour finalement s'en éloigner et créer avec elle sur des bases de classe le SDKPiL (Parti social-démocrate du Royaume de Pologne et de Lituanie) en opposition aux socialistes nationalistes du PPS (Parti socialiste polonais). Une grande partie de la vie de Jogiches sera consacré au combat au sein du mouvement ouvrier polonais.
En 1905, il participe à la révolution russe. Arrêté, condamné à huit ans de travaux forcés, il s'évade.
En 1914: "Dès les premiers jours de la guerre et de l'état de siège, Jogiches mit en place les premiers éléments de l'organisation qui allait devenir le groupe Internationale puis Spartakus." (Maitron - Allemagne P 263).
."Après le double assassinat de Liebknecht et Rosa Luxemburg, il mena clandestinement l'enquête et fit en quelques semaines la lumière sur l'affaire, retrouvant notamment une photo des assassins en train de festoyer. Ce fut probablement la raison pour laquelle, le jour même de son arrestation le 10 mars 1919, il fut abattu par l'officier de police Tamschik à l'intérieur de la prison de Moabit, sous le prétexte d'une "tentative de fuite". (Maitron - Allemagne P 263).