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Extrait de la préface de E. Mandel à l'édition de 1970 de L'Introduction à l'économie politique. L'ensemble de l'article est à lire sur le site Ernest Mandel .
Rosa Luxemburg, le travail salarié.
Rosa Luxemburg. Introduction à l'économie politique chez Agone
Les oeuvres complètes de Rosa Luxemburg chez Agone. Une philosophie de la publication ...
1. L’introduction à l’économie politique de Rosa Luxemburg est née directement de son activité de professeur à l’École Centrale du parti social-démocrate à Berlin. Ouverte le 15 novembre 1906, cette école, qui reçut quelque cinquante élèves par semestre, compta Rosa Luxemburg parmi ses professeurs à partir du 1" octobre 1907. Elle y remplaça Hilferding et Pannekoek auxquels la police prussienne avait interdit tout enseignement politique ; ses cours portèrent sur l’économie politique et l’histoire économique. A partir de 1911, elle donna en outre un cours sur l’histoire du socialisme, en remplacement de Franz Mehring.[1]
L’idée de faire éditer ses conférences lui vint, semble-t-il, en 1908. Mais, entre-temps, le sujet qui allait lui permettre d’apporter sa contribution personnelle à l’histoire de la théorie économique marxiste - le problème de l’impérialisme, ou, pour reprendre son propre titre, celui de L’Accumulation du Capital - l’absorba de plus en plus matériellement et intellec tuellement.
L’Accumulation du Capital parut en 1913, et c’est, sans doute, seulement après avoir achevé son magnum opus, que Rosa reprit la rédaction de son Introduction à l’économie politique. De nouveau interrompue par l’éclatement de la guerre, elle poursuivit l’élaboration de L’Introduction pendant son séjour en prison, à Wronke, en Posnanie, en 1916-1917.
Paul Levi, qui était son exécuteur testamentaire, voulait éditer les Œuvres complètes de Rosa, mais L’Introduction fut publiée comme un ouvrage à part. Sans doute pensait-il qu’il ne s’agissait pas d’un livre achevé. Voici ce qu’il écrivait dans la préface de l’édition allemande de 1925 :
« Ces feuilles de Rosa Luxemburg sont dues aux conférences qu’elle a tenues à l’école du parti social-démocrate. Elles sont manuscrites ; mais le style trahit bien souvent le fait qu’il s’agit d’un discours écrit. L’ouvrage n’est pas non plus complet. Il y manque notamment les parties théoriques sur la valeur, la plus-value, le profit, etc., c’est-à-dire ce qui est exposé dans « Le Capital » de Karl Marx sur la fonction du système capitaliste. L’état du manuscrit posthume ne permet pas de saisir les raisons de ces lacunes. Est-ce la fin abrupte de sa vie qui a empêché Rosa d’achever ce qu’elle avait entrepris ? Est-ce dû au fait que les bandits, gardiens de « l’ordre », qui avaient pénétré dans sa maison, ont volé entre autres les parties manquantes du manuscrit ? Le manuscrit posthume offre en tout cas des indices certains que le texte, tel qu’il se présente aujourd’hui, ne peut pas être considéré comme achevé. [2]
Paul Frölich, un des principaux disciples de Rosa Luxemburg, est, cependant, plus précis que Paul Levi. Dans sa biographie de Rosa, il écrit :
« Nous connaissons le plan d’ensemble de l’ouvrage d’après une lettre envoyée à l’éditeur I.H.W. Dietz, écrite à la prison militaire des femmes de Berlin, le 28 juillet 1916. Voici quels en étaient les chapitres prévus :
- Qu’est-ce que l’économie politique ?
- Le travail social.
- Éléments d’histoire économique : la société communiste primitive.
- Id. le système économique féodal.
- Id. la ville médiévale et les corporations artisanales.
- La production marchande.
- Le travail salarié.
- Le profit capitaliste.
- La crise.
- Les tendances de l’évolution capitaliste.
En l’été 1916, les deux premiers chapitres étaient prêts pour l’impression, tous les autres étaient des brouillons. Parmi les manuscrits laissés par Rosa Luxemburg, on n’a cependant retrouvé que les chapitres 1, 3, 6, 7 et 10. Paul Levi les a publiés en 1925, malheureusement avec beaucoup d’erreurs, des modifications arbitraires et en omettant des remarques importantes. » [3]
Il faut souligner cependant que si, comme l’affirme Paul Levi, les problèmes de la valeur et de la plus-value ne sont pas traités de manière systématique dans les chapitres qui nous sont parvenus, ils sont éclaircis de manière satisfaisante dans les chapitres relatifs à la production marchande et à la loi des salaires.