Biographie de Rosa Luxemburg dans le Maitron - Ière partie, jusqu'à son arrivée en Allemagne en 1898
comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com
Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier international - Collection Jean Maitron - L'Allemagne. Sous la direction de Jacques Droz - Les Editions ouvrières 1990 - P 322.
"Née le 5 mars 1871 à Zamosc (Pologne russe). Assassinée le 15 janvier 1919 à Berlin. Leader social-démocrate de gauche.
De toute la social-démocratie allemande du XXème siècle, Rosa Luxemburg, en dépit de son origine (juive polonaise), est aujourd'hui la figure la plus connue, la plus vivante aussi. Tandis que les Liebknecht (Wilhem et Karl), les Bebel ou les Ebert semblent appartenir à une époque et un monde révolus, Rosa Luxemburg pourrait être notre contemporaine. Cela tient à la fois aux problèmes qu'elle a soulevés et abordés (le nationalisme, le rapport entre les réformes et la révolution), mais aussi et peut-être plus encore à l'exemple qu'elle a donné: celui d'une militante, d'une révolutionnaire prête à mourir pour ses idées et en même temps sensible à toutes les souffrances, ouverte à toutes les joies, à tous les arts (littérature, peinture, musique). Journaliste et oratrice brillante, elle a prolongé les analyses de Marx sur le plan théorique. Contre Eduard Bernstein d'abord, contre Karl Kautsky ensuite, elle se battait pour un socialisme fidèle à la doctrine de Marx qui se proposait, non d'amender le système et la société capitaliste, mais de les remplacer par un système et une société différents: socialistes.
Animatrice du mouvement spatakiste, elle hésitait à rompre organisationnellement avec le Parti social-démocrate jusqu'au moment (31 décembre 1918) où toute cohabitation au sein de l'USPD lui paraissait impossible; elle participa à la fondation du Parti communiste allemand. Si elle critiqua (dans un texte posthume: La Révolution russe) certaines mesures de Lénine et Trotsky, Rosa Luxemburg ne cela pas son admiration pour les bolcheviks, et c'est mal connaître son oeuvre et ses idées que de vouloir faire d'elle l'adversaire de Lénine.
Cependant Rosa Luxemburg eut, peut-être plus que Lénine, le respect de "quiconque pense autrement" qu'elle. Dans une lettre écrite pendant la guerre, de sa prison de Wronke, elle écrivit à Mathilde Wurm : "Tâche donc de demeurer un être humain. C'est vraiment là l'essentiel. Et ça veut dire: être solide, lucide et gaie, oui gaie malgré tout et le reste."
Rosa Luxemburg naquit dans une famille juive aisée. C'est là que, de 1877 à 1887, elle fréquenta le lycée de jeunes filles. A seize ans (1887), elle faisait partie d'un groupe de socialistes révolutionnaires (Proletariat). Menacée d'arrestation, elle émigra en Suisse (1889) où elle entreprit des études (sciences naturelles, mathématiques, puis sciences politiques et économie) à l'Université de Zurich. C'est à Zurich qu'elle fit la connaissance de Leo Jogiches dont elle devint la compagne. Avec lui, Marchlewski et Warski, elle édita la première publication socialiste polonaise, la Sprawa Robotnicza (La cause ouvrière, 1893) et fonda le Parti social-démocrate de Pologne et de Lituanie (SDKPiL). En tant que déléguée de ce parti, elle participa jusqu'en 1912 à tous les congrès de la IIème Internationale. En 1893-1894, elle séjourna à Paris.
En 1896, elle rentre en relation avec le rédacteur en chef de Die Neue Zeit, Karl Kautsky, et publia dans cette revue plusieurs articles sur la Pologne. L'année suivante, elle soutint sa thèse de doctorat sur le développement industriel de la Pologne et, après avoir acquis la nationalité prussienne par un mariage blanc avec Gustav Lübeck, elle s'établit à Berlin où elle adhéra au SPD (1898). A partir de cette date, sans cesser de contribuer aux activités du SDKPiL, Rosa Luxemburg consacra la majeure partie de son temps à militer au sein de la social-démocratie allemande".