03.03.2009 sur le blog : le petit blanquiste
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En novembre 1918 - s’inspirant de l’exemple russe - la révolution éclate en Allemagne.
Le 5 janvier 1919, les ouvriers berlinois se soulèvent contre le gouvernement social-démocrate qui s’est mis en place, celui-ci n’ayant qu’un objectif : « rétablir l’ordre ».
Gustav Noske, en charge des forces de répression, dirige personnellement les unités spéciales – les corps-francs – qu’il fait converger vers le centre de la capitale en la ratissant systématiquement. Les ouvriers, mal armés et combattant en ordre dispersé, sont rapidement écrasés.
Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, d’abord dirigeants de l’aile gauche du parti social-démocrate (les spartakistes), ont finalement quitté ce parti et viennent de fonder le parti communiste allemand. Ils appuient le mouvement insurrectionnel.
Le 14 janvier 1919, ils sont arrêtés par les sbires du "socialiste" Noske. D’abord assommés, ils sont un peu plus tard abattus. Le cadavre de Rosa, jeté dans un canal, ne sera retrouvé que quelques mois plus tard.
Lénine, à qui Rosa Luxemburg s’était opposée à plusieurs reprises avec vigueur, a dit d’elle après sa mort : « Malgré ses erreurs, elle était et elle reste un aigle ».
Rosa Luxemburg est née le 5 mars 1871 en Pologne, alors occupée par la Russie tsariste. Dès 1884, elle est en contact avec des groupes clandestins du parti social-démocrate polonais. Menacée d’arrestation, elle s’enfuit en Suisse où elle continue de travailler à la constitution d’un parti polonais marxiste. Après avoir acquis la nationalité allemande par son mariage, elle devient militante du parti social-démocrate allemand. Parallèlement, elle a passé un doctorat d’économie politique. Ses écrits politiques et économiques la font connaître du mouvement socialiste international.
Quand le 4 août 1914, le groupe parlementaire social-démocrate allemand vote les crédits de guerre, pour Rosa c’est une trahison. Elle explique que cette guerre est une guerre impérialiste et non une guerre défensive. La presse socialiste refuse ses articles.
Ses prises de position entraînent son arrestation et son incarcération durant pratiquement toute la guerre.
De prison, elle parvient à écrire et faire imprimer une brochure où elle analyse la situation créée par la guerre et dresse un portrait impitoyable de la bourgeoise européenne :
« Souillée, déshonorée, pataugeant dans le sang, suintant la sanie : voilà comment se présente la société bourgeoise, voilà ce qu'elle est. Ce n'est pas lorsque, bien léchée et bien honnête, elle se donne les dehors de la culture et de la philosophie, de la morale et de l'ordre, de la paix et du droit, c'est quand elle ressemble à une bête fauve, quand elle danse le sabbat de l'anarchie, quand elle souffle la peste sur la civilisation et l'humanité qu'elle se montre nue, telle qu'elle est vraiment...» [1].
Libérée en 1918, Rosa Luxemburg se jette dans la mêlée de la révolution.
Auteur d’une thèse sur Rosa Luxemburg, Gilbert Badia, professeur à l’université Paris VIII, a écrit : « … l’histoire connaît effectivement peu de personnalités qui aient, comme elle, allié une volonté aussi opiniâtre de transformer le monde pour le rendre humain et habitable pour tous, à une sensibilité aussi délicate, à un amour de tout ce que la vie peut offrir de beau : dans le domaine de la nature comme dans celui de l’art. Pleinement femme, artiste aussi, mais surtout être humain » [2].
JPD
[1] "La crise de la social-démocratie".
[2] Gilbert Badia, "Rosa Luxemburg, textes", Editions sociales, 1982.