Friedrich Ebert Quatrième d'une famille pauvre de six enfants, fils d'un maître tailleur, Ebert apprend le métier de sellier. Il découvre la social-démocratie en 1889, se familiarise avec les écrits de Marx et de Engels, mais s'intéresse moins à la théorie qu'aux aspects pratiques qui peuvent servir à l'amélioration immédiate des conditions de vie des travailleurs. Après de nombreux déplacements, il s'établit finalement à Brême, où il devient président d'un groupe de syndicats. En 1900, il devient membre de la municipalité. |
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En 1905, il est élu secrétaire du comité directeur du parti social-démocrate et s'installe alors à Berlin. A ce poste, médiateur entre le parti et le syndicat, entre l'aide droite et l'aile gauche de la social-démocratie, il se tient toujours éloigné de l'extrême gauche. Il acquiert de l'importance lorsqu'il est élu en 1912 au Reichstag, et en 1913 à la tête du comité directeur du parti, comme successeur de Bebel. En janvier 1916, il devient aux côtés de Scheidemann le président de la fraction parlementaire du parti social-démocrate. Il fait voter les crédits de guerre en août 1914. Cependant, en raison du refus des indépendants en mars 1916 d'allouer des crédits, il dissout la fraction qui liait les socialistes majoritaires et la minorité, et fait aussitôt alliance avec le centre et le parti progressiste. Il combat la politique d'annexion de l'Empire allemand mais affirme le devoir absolu de ses concitoyens de défendre leur pays.
En janvier 1918, il s'efforce, à Berlin, d'arriver à un arrangement dans la grève des ouvriers d'une usine de munitions, grève où il est entraîné malgré lui. La proclamation de la République par Scheidemann le 9 novembre 1918 ne répond pas à ses vœux, car il préfère le maintien de la monarchie. Pourtant il accepte le même jour le poste de chancelier du Reich offert par le prince Max de Bade, en accord avec tous les secrétaires d'Etat, afin que l'ordre soit maintenu en Allemagne. Il détient la direction du Conseil des commissaires du peuple, formé le 11 novembre 1918 par des représentants du parti social-démocrate (SPD) et du parti social-démocrate indépendant (USPD). Il réprime alors les mouvements révolutionnaires de gauche, notamment le spartakisme, et justifie ainsi sa rupture avec les indépendants.
Le 11 février 1919, il est élu président provisoire du Reich par l'Assemblée nationale de Weimar et demeure à ce poste après l'entrée en vigueur de la Constitution. Pour éviter une campagne électorale à un moment critique de l'histoire de la République de Weimar, le Reichstag décide de prolonger en octobre 1922 le mandat d'Ebert jusqu'au 30 juin 1925, grâce à une majorité décidée à modifier la Constitution. Tout au long de sa présidence, Ebert s'efforce de réduire les oppositions ; il fait ainsi appel comme chancelier à des hommes proches de la droite, tels Cuno ou Luther, et, pour protéger la démocratie, il utilise ses pouvoirs constitutionnels pourtant limités, afin d'agir contre les putschs de Kapp, de Hitler et les soulèvements spartakistes et communistes.
Mais Ebert n'est pas épargné par les violentes campagnes menées par les cercles nationalistes. En décembre 1924, un tribunal de Magdebourg condamne à une amende le journaliste qui l'a accusé de haute trahison en raison de sa participation à la grève de Berlin en janvier 1918 ; cependant le tribunal reconnaît qu'Ebert était juridiquement coupable. Ce jugement n'est pas seulement un outrage personnel mais une atteinte portée au chef de l'Etat et Ebert en est profondément ébranlé. Bien qu'il soit gravement malade, il se refuse à entrer en clinique pour pouvoir se défendre. Il meurt d'une crise de péritonite. Avec lui la jeune République perd un des ses plus puissants soutiens.