A Leo Jogiches
Je suis arrivée aujourd'hui, à 6 heures et demie. Schmuilow devait venir me chercher, mais il a pris du retard, si bien que je me suis retrouvée avec mes paquets dans la rue à attendre le tramway, car il n'y avait plus l'ombre d'un. Mais c'est sans importance. Je t'écris cela de chez Krauz qui m'a accompagnée toute la journée à la recherche d'une chambre. C'est extrêmement difficile, on peut avoir des chambres bon marché à Charlottenburg, l'air y est aussi meilleur, mais c'est en dehors de Berlin et c'est un quartier assez prolétaire. Au contraire, en ville l'air est atroce et les chambres terriblement chères. Mais l'un dans l'autre, je n'ai absolument rien vu à mon goût, nous continuerons à chercher demain. J'ai déjà acheté un plan de Berlin. - Je suis tout simplement épuisée et je déteste Berlin et les Allemands à un degré tel que je pourrais les tuer. On a l'air d'avoir besoin ici d'une réserve de santé et de force, très différente de ce que j'ai apportée. Bebel est ici, ce soir je vais rencontrer Schmu[low], qui m'apprendra diverses choses et qui veut me faire connaître tout de suite Grad[nauer]. Je dois terminer ici, car nous partons. Ecris-moi à l'adresse de K[raus]. Je t'embrasse, mon amour. je t'écrirai plus longuement demain.
Ta R.
Dietz Verlag - Tome 1 de la correspondance. P 112