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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
13 août 2022 6 13 /08 /août /2022 10:49
"Femmes prolétaires, soyez prêtes !" - Clara Zetkin, le 5 août 1914

Nous sommes le 5 août 1914. Clara Zetkin lance cet appel aux femmes prolétaires dans le journal qu'elle anime, L'Egalité (Die Gleichheit).

L'Allemagne a commencé la guerre le 31 juillet, déclare la guerre à la Russie le 1er. Clara Zetkin subit une perquisition policière dès le lendemain. Elle va mener tout au long de cette guerre avec son courant politique un combat plus que courageux. Elle fait en effet partie des rares personnalités au sein de la social-démocratie allemande qui s'élèvent dès le premier jour contre le conflit. Elle se hâte de protéger le travail en préparation pour La Conférence des femmes qui était prévue, c'est l'objet d'une lettre à Alexandra Kollontaï rédigée dès le 2 août 1914 Elle est la seule à répondre au télégramme de Rosa Luxemburg et Liebknecht aux responsables sociaux-démocrates. Et le 5 août elle écrit ce très beau texte. Il faut le lire en gardant en tête la situation dans tous les pays, les unions sacrées partout proclamées. Elle mène ce combat tout au long du conflit. Pour cela, elle sera démise par la social-démocratie majoritaire de ses fonctions au sein du journal qu'elle a pratiquement créé et qu'elle a animé pendant plus de vingt ans, Die Gleichheit . Elle sera aussi emprisonnée par le pouvoir impérial comme Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Leo Jogiches, Franz Mehring et tant de militants et responsables de ce courant. Et tant de prolétaires contre la guerre (emprisonnéEs ou envoyés au front). La traduction a été assurée par mes soins mais je me réjouirais de toute amélioration de la traduction. Faire connaître les textes de ce courant de pensée et d'action, très peu traduits en français, disponibles sur le net, apparaît pour moi depuis plus de vingt ans comme une urgence toujours renouvelée ...

"Femmes prolétaires, soyez prêtes !"

Article qu'elle fait paraître le 5 août 1914 dans le journal "Die Gleichheit"

"La force avec laquelle les masses prolétariennes s'opposeront à la furie de la guerre mondiale sera une bataille gagnée dans leur lutte de libération. L'énergie et la passion révolutionnaires de leur engagement les exposeront à des persécutions, les mettront en danger et leur imposeront des sacrifices. Qu’importe ? Il y a des moments dans la vie de chacun et dans la vie des peuples où l'on ne gagne tout que si l'on engage tout. Un tel moment est là. Femmes prolétaires, soyez prêtes !"

Cette chose terrible qui fait trembler les peuples d'Europe est devenue réalité. La guerre va broyer corps humains, habitations et champs. L'Autriche a pris comme prétexte l'attentat insensé de jeunes Serbes de vingt ans contre l'héritier du trône pour perpétrer un attentat criminel contre la souveraineté, l'indépendance du peuple serbe et, en fin de compte, contre la paix en Europe. Elle veut profiter du moment où la Serbie peut difficilement compter sur une aide du tsarisme russe. Les grèves de masse héroïques du prolétariat montrent une fois de plus que la Russie a la révolution chevillée au corps. La France ne peut guère se permettre de laisser se développer en cet instant les plans de guerre et de conquête du despotisme russe. Les discussions au Sénat ont révélé de graves lacunes dans l'armée, et la réintroduction du service de trois ans a créé un relâchement de la structure militaire et une insatisfaction latente. L'Angleterre est tellement prise par la situation en Ulster et par d'autres tâches qu'elle ne semble pas éprouver un grand désir de prendre part aux atrocités et aux crimes d'une guerre mondiale. C’est pourquoi l'impérialisme autrichien pense pouvoir commettre contre la Serbie une violation du droit international sans que la Triple Entente ne lui tombe dessus. En réduisant la Serbie, il pense pouvoir faire obstacle à la poussée du tsarisme vers la mer Méditerranée.

Les femmes prolétaires savent bien que l'extension de la domination du régime de bourreaux du tsarisme russe signifierait le pire des esclavages pour les peuples. Mais elles sont aussi parfaitement conscientes du fait que l'impérialisme austro-hongrois ne protège pas le droit et la liberté des peuples. Il ne fait que lutter pour les intérêts de la dynastie réactionnaire des Habsbourg, pour la soif d'or et de pouvoir des grands propriétaires terriens et des grands capitalistes dépourvus de tout sentiment et de conscience. La monarchie austro-hongroise piétine chez elle le droit des nationalités et, de manière encore plus éhontée, le droit des masses laborieuses exploitées. Malgré la crise qui fait rage, elle a renchéri pour ces masses depuis des années le coût des produits répondant à leurs besoins vitaux, elle a empêché par des brutalités et la ruse leur lutte contre l'exploitation et la misère. Maintenant, elle couronne son œuvre en obligeant les fils des travailleurs à assassiner et à être assassinés. Elle n'est pas la championne de la prospérité et de la liberté des peuples. Sa guerre ne doit à tout jamais devenir un massacre des peuples.

En Allemagne, les fauteurs de guerre et les bellicistes, avides de profits et de lauriers, cherchent à tromper le peuple sur cette vérité simple. Ils inventent la fable que la guerre autrichienne s’opposerait en fin de compte à la barbarie menaçante de la Russie, qu’elle serait une croisade germanique contre le "slavisme progressant avec arrogance". Ils hurlent sans vergogne au devoir de préserver la "fidélité allemande aux Nibelungen". Ils veulent que l'Allemagne, en tant que puissance de la Triple Alliance, fasse sienne la guerre autrichienne et dilapide ce trésor qu’est le sang du peuple.

L’ignominie que représentent de tels agissements est aussi énorme que le crime de l'impérialisme autrichien. Elle a pour but d’allumer un incendie mondial dans lequel les peuples d'Europe se massacreraient les uns les autres, tandis qu'une poignée de puissants et de très riches engrangerait les bénéfices en souriant. Il ne faut pas que cela arrive jamais. Les prolétaires d'Allemagne - hommes et femmes - doivent prouver par l'action qu'ils sont conscients, qu'ils sont mûrs pour la liberté. Leur volonté de paix, unie à la volonté de paix du peuple travailleur des autres pays, notamment de la France, constitue la seule garantie pour que la guerre des Habsbourg cléricaux ne devienne pas un massacre européen généralisé. Certes, le gouvernement de l'Empire allemand assure qu'il a fait et qu’il fait tout pour que la guerre reste localisée. Mais le peuple a appris que les langues des gouvernants sont aussi fourchues que les langues des serpents. Il connaît aussi la maladresse des artisans de la diplomatie de l'Empire allemand. Et en particulier, il ne se trompe pas sur une chose : La vie politique mondiale est tellement tortueuse et confuse qu'un hasard peut anéantir toutes les bonnes volontés et désirs des gouvernements. C'est un hasard qui décide si le fil ténu, auquel est suspendue l'épée de la guerre mondiale qui menace les peuples, se rompt.

Les possédants et dirigeants jurent eux aussi solennellement qu’ils haïssent la barbarie horrible de la guerre. Oui, eux aussi trembleraient devant ses horreurs infernales. Et pourtant, ils s'emploient sans relâche à préparer la guerre et à attiser la guerre. Il suffit d'entendre comment la presse libérale de gauche, au nom de toutes sortes de raisons culturelles, incite l'Allemagne à prendre position pour l'Autriche par l'épée et à provoquer ainsi fatalement la Russie et la France à entrer dans un combat sanglant. Et pourtant, les pages de cette presse sont encore humides des larmes d'émotion qu'elle a versées sur les psaumes de paix de la Conférence commune des parlementaires franco-allemands à Berne. Avec quelle impudence, les pieux hommes et journaux chrétiens qui chaque jour répètent le commandement de leur Très-Haut dans le ciel - tu ne tueras point – appellent à l'effroyable effusion de sang et massacre. Tous les masques que porte le vampire capitalisme, qui se nourrit du sang et de la moelle des masses populaires, tombent. Comment pourrait-il en être autrement ? Personne ne peut vraiment combattre le massacre des peuples de manière conséquente comme combat fratricide, s'il trouve normal que le capitalisme, année après année, massacre sur ses autels des centaines de milliers de camarades, pour le profit...

Seul le prolétariat opposera sa large poitrine au malheur imminent de la guerre mondiale. Les horreurs de cette guerre seraient déjà déchaînées si l'un des massacreurs les plus impitoyables, le tsarisme, n'était entravé par les grèves politiques de masse du prolétariat russe pour se jeter sur le champ de bataille tant désiré. La lutte révolutionnaire de nos frères et sœurs russes a maintenu, jusqu'à présent, la paix mondiale en ces jours fatidiques. Ne soyons pas plus pusillanimes et plus faibles qu'eux. Leur combat glorieux, sans qu’ils bénéficient de l'arme de droits politiques garantis, sous la menace des geôles, de l'exil et de la mort, nous montre par l'action ce dont est capable une classe ouvrière déterminée, audacieuse et prête à se sacrifier.

Ne perdons pas une minute. La guerre est à notre porte. Repoussons-la dans la nuit, avant que ses fureur et tremblements ne troublent les derniers restes de bon sens et de sentiment d'humanité des masses non éclairées. Sortons des fabriques et des ateliers, des masures et des mansardes pour une protestation de masse. Ne laissons aux dirigeants et aux propriétaires aucun doute sur la profondeur de notre détermination à tout donner jusqu'au dernier souffle pour la paix.

Les masses exploitées sont assez fortes pour porter sur leurs épaules la construction de l'ensemble de l'ordre actuel. Elles sont habituées à se priver, alors que les richesses créées par elles sont dilapidées par l'oisiveté. Elles voient jour après jour en face la mort pour un maigre gagne-pain. Et elles devraient se montrer trop faibles, reculer devant l'indigence, craindre les dangers et la mort, quand appelle la lutte pour la paix et la liberté ? Devraient-elles laisser le champ libre à un militarisme qui vient d'être révélé aux yeux du public le plus large comme le bourreau brutal de leurs fils et de leurs frères ? Le formidable appel à la paix des masses laborieuses doit faire taire dans les rues le hurlement au meurtre patriotique. Et là où deux ou trois hommes et femmes exploités sont réunis, l'horreur de la guerre, la volonté de paix doit être présente parmi eux.

La fraternité entre les peuples n'est pas une vaine invention pour la classe ouvrière, la paix mondiale n'est pas un joli mot. Il y a derrière une réalité tangible : la ferme solidarité des exploités et des opprimés de toutes les nations. Elle ne doit pas laisser les prolétaires pointer le fusil meurtrier contre d'autres prolétaires. Elle doit insuffler aux masses la détermination d'utiliser dans la guerre contre la guerre toutes les armes à sa disposition. La force avec laquelle les masses prolétariennes s'opposeront à la furie de la guerre mondiale sera une bataille gagnée dans leur lutte de libération. L'énergie et la passion révolutionnaires de leur engagement les exposeront à des persécutions, les mettront en danger et leur imposeront des sacrifices. Qu’importe ? Il y a des moments dans la vie de chacun et dans la vie des peuples où l'on ne gagne tout que si l'on s'engage totalement. Un tel moment est là. Femmes prolétaires, soyez prêtes !

En juillet 1917, Clara Zetkin est démise de ses fonctions par la social-démocratie majoritaire! Son éditorial "In eigener Sache".

En juillet 1917, Clara Zetkin est démise de ses fonctions par la social-démocratie majoritaire! Son éditorial "In eigener Sache".

Texte en allemand

Proletarische Frauen, seid bereit! Die Gleichheit, Zeitschrift für die Interessen der Arbeiterinnen, Stuttgart, 5. August 1914.

Das Furchtbare, vor dem die Völker Europas zittern, ist Ereignis geworden. Der Krieg soll Menschenleiber, Wohnstätten und Felder zerstampfen. Österreich hat das sinnlose Attentat zwanzigjähriger serbischer Burschen gegen den Thronfolger zum Vorwand genommen für ein verbrecherisches Attentat gegen das Hoheitsrecht, die Selbständigkeit des serbischen Volkes und letzten Endes gegen den Frieden von Europa. Es will die Zeit nutzen, da Serbien schwerlich auf Hilfe vom russischen Zarismus hoffen kann. Die heldenhaften Massenstreiks des Proletariats zeigen erneut, daß Rußland die Revolution im Leibe hat. Frankreich kann den Kriegs- und Eroberungsplänen des russischen Despotismus in diesem Augenblick kaum Unterstützung angedeihen lassen. Verhandlungen im Senat haben schwere Mängel im Heerwesen gezeigt, und die Wiedereinführung der dreijährigen Dienstzeit hat das militärische Gefüge gelockert und gäfende Unzufriedenheit geschaffen. England ist durch die Sachlage in Ulster und andere Aufgaben derart in Anspruch genommen, daß es kein großes Gelüste zu verspüren scheint, an den Greueln und Verbrechen eines Weltkrieges teilzuhaben. So rechnet der österreichische Imperialismus damit, daß er den Bruch des Völkerrechts gegen Serbien verüben kann, ohne daß ihm der Dreiverband in den Arm fällt. Mit Serbiens Niederwerfung glaubt er dem Drängen des Zarismus nach dem Mittelländischen Meer den Weg zu verlegen. Die proletarischen Frauen wissen, daß die Herrschaftsausdehnung des russischen Henkerzarismus die schlimmste Sklaverei für die Völker bedeuten würde. Sie sind sich aber auch vollständig im klaren darüber, daß der österreichischungarische Imperialismus nicht das Recht und die Freiheit der Völker schützt. Er kämpft lediglich für die Interessen der reaktionären Habsburger Dynastie, für den Gold- und Machthunger der fühl- und gewissenlosen Großgrundbesitzer und Großkapitalisten. Die österreichisch-ungarische Monarchie zertritt im eigenen Hause das Recht der Nationalitäten und noch schamloser das Recht der ausgebeuteten werktätigen Massen. Trotz der wütenden Krise hat sie diesen Massen seit Jahren den nackten Lebensbedarf verteuert, hat sie mit Brutalitäten und Kniffen im Kampfe gegen Ausbeutung und Elend gehindert. Nun krönt sie ihr Werk, indem sie die Söhne der Werktätigen zwingt, zu morden und sich morden zu lassen. Sie steht nicht als Vorkämpferin für die Wohlfahrt und Freiheit der Völker auf dem Plan. Ihr Krieg darf nun und nimmer ein Morden der Völker werden. In Deutschland suchen die profit- und lorbeerlüsternen Kriegshetzer und Kriegstreiber das Volk über diese schlichte Wahrheit zu täuschen. Sie fabeln davon, daß der Krieg Österreichs letzten Endes der drohenden Barbarei Rußlands gelte, ein germanischer Kreüzzug gegen das „übermütig vorwärtsdringende Slawentum“ sei. In gewissenloser Weise brüllen sie von der Pflicht, die „deutsche Nibelungentreue“ zu wahren. Sie wollen, daß Deutschland als Dreibundmacht Österreichs Krieg zu dem seinen mache und das Blut wie den Schatz des Volkes vergeude. Der Frevel solchen Treibens ist so riesengroß wie das Verbrechen des österreichischen Imperialismus. Er will einen Weltbrand entzünden? in dem die Völker Europas sich gegenseitig abschlachten würden, während ein Händchen voll Mächtiger und Sehrreicher schmunzelnd den Vorteil einstriche. Das darf nun und nimmer geschehen. Die Proletarier Deutschlands – Männer und Frauen – müssen durch die Tat beweisen, daß sie erwacht, daß sie reif für die Freiheit sind. Ihr Friedenswille, vereint mit dem Friedenswillen des arbeitenden Volkes der anderen Länder, namentlich Frankreichs, ist die einzige Bürgschaft dafür, daß der Krieg der klerikalen Habsburger nicht zum allgemeinen europäischen Völkermord wird. Wohl versichert die Regierung des Deutschen Reiches, daß sie alles getan habe und tue, damit der Krieg lokalisiert bleibe. Aber das Volk hat erfahren, daß die Zungen der Regierungsmänner gespalten wie Schlangenzungen sind. Es kennt auch die Ungeschicklichkeit der diplomatischen Handwerker des Deutschen Reiches. Und namentlich täuscht es sich nicht über das eine: Das weltpolitische Leben ist so verschlungen und verwirrt, daß ein Zufall alles gute Wünschen und Wollen der Regierungen zuschanden machen kann. Ein Zufall entscheidet, ob der dünne Faden reißt, an dem das Schwert des Weltkrieges hängt, das den Völkern droht. Auch die Besitzenden und Machthabenden schwören feierlich, die entsetzliche Barbarei des Krieges zu hassen. Ja, auch sie zittern vor seinen Höllenschrecknissen. Und doch sind sie unablässig daran, den Krieg vorzubereiten und den Krieg zu schüren. Man höre nur, wie die linksliberale Presse im Namen aller möglichen Kulturgüter Deutschland anreizt, für Österreich mit dem Schwert einzutreten und damit unfehlbar Rußland und Frankreich zum blutigen Ringen herauszufordern. Und doch sind die Seiten dieser Presse noch feucht von den Tränen der Rührung, die sie über die Friedenspsalmen der Verständigungskonferenz deutsch-französischer Parlamentarier zu Bern [1] vergossen hat. Wie schamlos schreien nach scheußlichem Blutvergießen und Massenmord fromme christliche Blätter und Menschen, die täglich das Gebot ihres Allerhöchsten im Himmel herunterplärren Du sollst nicht töten. Alle Masken fallen, die der Vampir Kapitalismus trägt, der sich vom Blut und Lebensmark der Volksmassen nährt. Wie könnte es anders sein? Den Völkermord kann niemand als Brudermord wirklich konsequent bekämpfen, der es in Ordnung findet, daß der Kapitalismus auf seinen Altären jahraus, jahrein Hunderttausende der Volksgenossen dem Profit schlachtet. Nur das Proletariat wird seine breite Brust dem nahen Unheil des Weltkrieges entgegenstemmen. Schon würden die Schrecken dieses Krieges entfesselt sein, wenn nicht einer der skrupellosesten Völkermörder, der Zarismus, durch die politischen Massenstreiks des russischen Proletariats gehindert wäre, sich auf das langersehnte Schlachtfeld zu stürzen. Das revolutionäre Ringen unserer russischen Brüder und Schwestern hat in diesen schicksalsschweren Tagen bis jetzt den Weltfrieden erhalten. Seien wir nicht kleinmütiger und schwächer als sie. Ihr ruhmreicher Kampf ohne die Waffe gesicherter politischer Rechte, angesichts von Kerkern, Verbannung und Tod zeigt uns durch die Tat, was eine entschlossene, kühne und opferbereite Arbeiterklasse vermag. Verlieren wir keine Minute Zeit. Der Krieg steht vor dem Tor. Treiben wir ihn in die Nacht zurück, ehe sein Toben und Rütteln den letzten Rest der Sinne und des Menschlichkeitsempfindens unaufgeklärter Massen verwirrt. Heraus aus Fabriken und Werkstätten, aus Hütten und Dachwohnungen zum Massenprotest. Lassen wir den Herrschenden und Besitzenden keinen Zweifel an dem Ernst unserer Entschlossenheit, alles bis zum letzten Hauch für den Frieden dranzugeben. Die ausgebeuteten Massen sind stark genug, auf ihren Schultern den Bau der ganzen heutigen Ordnung zu tragen. Sie sind es gewöhnt zu entbehren, während der von ihnen geschaffene Reichtum vom Müßiggang verpraßt wird. Sie blicken tagtäglich um eines kargen Verdienstes willen dem Tode ins Angesicht. Und sie sollten sich zu schwach erweisen, vor dem Darben zurückschrecken, Gefahren und Tod scheuen, wenn der Kampf für Frieden und Freiheit ruft? Sie sollten einem Militarismus freie Bahn lassen, der soeben vor der breitesten Öffentlichkeit als der brutale Scherge ihrer Söhne und Brüder gestäupt worden ist? [2] Das gewaltige Friedensgebot der arbeitenden Massen muß in den Straßen das mordspatriotische Geschrei zum Schweigen bringen. Und wo zwei oder drei ausgebeutete Männer und Frauen versammelt sind, da muß der Abscheu gegen den Krieg, der Wille zum Frieden unter ihnen sein. Die Brüderlichkeit zwischen den Völkern ist für die Arbeiterklasse kein leerer Wahn, der Weltfrieden kein schönes Wort. Eine greifbare Tatsache steht dahinter: die feste Solidarität der Ausgebeuteten und Unterdrückten aller Nationen. Sie darf es nicht dazu kommen lassen, daß Proletarier gegen Proletarier das Mordgewehr erheben. Sie muß den Massen die Entschlossenheit einflößen, im Krieg gegen den Krieg alle Waffen zu nützen, die es führen kann. Die Wucht, mit der die proletarischen Massen sich der Weltkriegsfurie entgegenstellen, wird eine gewonnene Schlacht in ihrem Befreiungskampfe sein. Die revolutionäre Energie und Leidenschaft ihres Auftretens wird sie Verfolgungen preisgeben, wird ihnen Gefahren bringen und Opfer auferlegen. Was tut es? Es gibt Augenblicke im Leben des einzelnen und der Völker, wo man nur alles gewinnt, wenn man alles einsetzt. Ein solcher Augenblick ist da. Proletarische Frauen, seid bereit!

1. Interparlamentarische Konferenz zu Bern – auf Einladung von Mitgliedern der Schweizer Nationalversammlung einberufene deutscher und französischer parlamentarier am 11. und 12. Mai 1913. der weitaus größte Teil der deutschen Konferenzteilnehmer gehörte der sozialdemokratischen Reichstagsfraktion an. Auch August Bebel und Karl Liebknecht nahmen an der Konferenz teil. sie fand statt, wie der Vorwärts vom 11. Mai 1913 schrieb, um „den Kriegstreibereien und der unerträglichen Steigerung der Rüstungslasten in Deutschland und Frankreich entgegenzuarbeiten“.

2. Gemeint ist die Auseinandersetzung Rosa Luxemburgs mit der deutschen Militärkamarilla in zahlreichen Artikeln und Versammlungen in der ersten Hälfte des Jahres 1914.

 

J'ai d'abord fait paraître cet article sur mediapart. Précédents articles.
 
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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009