1ère publication : septembre 2021
Le premier discours de Karl Liebknecht sur l'affaire Krupp, le 18 avril 1913.
(Pour le 150e anniversaire de sa naissance, texte inédit en français. Traduction Villaeys Poirré, septembre 2021, merci pour toute amélioration de la traduction)
Après avoir abordé deux autres sujets rapidement, Karl Liebknecht expose pour la première fois l'affaire Krupp :
... Messieurs, ceci dit, j'en viens à mon véritable sujet ! A une époque où un conseiller du gouvernement pouvait écrire dans la « Kreuz-Zeitung » : « Seigneur, redonne-nous la guerre ! », la « Correspondance diplomatique » « Une guerre nous serait très utile », et Herr von der Goltz « Si seulement ça commençait enfin ! », à une époque où la course continue aux armements est provoquée par les idées dangereuses de guerre préventive, à une époque où Monsieur le Général von der Goltz déclarait publiquement à Potsdam lors d’une Yorck-Feier: « Nous n'avons pas besoin de vertu ! - Messieurs, à une telle époque, il est extrêmement intéressant de faire la lumière sur une zone qui n'a pratiquement jamais été correctement éclairée, et d'exposer ainsi l'une des racines des dangers de guerre qui menacent les peuples européens et tout spécialement allemand. Je veux montrer les pratiques et les voies secrètes de nos fournisseurs militaires.
En fait, nous avons souvent eu affaire aux fournisseurs militaires. On sait que le Reich allemand a été systématiquement trompé par l'une des plus grandes entreprises de fournitures d’équipements militaires concernant les plaques de blindage ; On sait qu'une bataille féroce qui faisait rage autrefois entre deux grandes compagnies rhénanes a finalement été réglée lorsqu'elles se sont partagés le butin. Lundi dernier, le "Vorwärts" a été en mesure d’illustrer cette action commune des intérêts de guerre au profit du peuple allemand - ils se considèrent naturellement comme le seul peuple allemand – en publiant quelques éléments de dossiers montrant qu'il existe en Allemagne un accord entre les trusts concernant les fournitures pour la marine, (Cris d’approbation des sociaux-démocrates.)
entre les différents fournisseurs de la marine qui se contrôlent étroitement et, en quelque sorte, se garantissent mutuellement leurs profits. Ce sont des formulaires - les formulaires d'enregistrement qui sont utilisés dans les transactions commerciales de cette société, bien propre - qui ont été imprimés dans le "Vorwärts". Des preuves documentaires, qui montrent qu'un vampire est lové dans le corps du peuple allemand, sont fournies dans le "Vorwärts".
Messieurs, voilà un aspect de la question. Maintenant concernant le patriotisme. Le manque de patriotisme du capital est un fait bien connu de la social-démocratie. ("Très juste!" Par les sociaux-démocrates.)
Nous n'avons jamais douté que le capital est antipatriotique, et plus il est antipatriotique, plus il se présente comme patriotique. (Approbation sur les bancs des sociaux-démocrates.)
Point n’est besoin de preuve pour cela. Cela découle globalement de l'union personnelle internationale du capital. Cela provient également de l’absence absolue de scrupule des besoins du capital à réaliser des profits et qui prend les profits là où ils sont.
Je n'ai peut-être pas grand chose de nouveau à dire sur le manque de patriotisme de l'industrie d'armement, car le pire dans ce patriotisme, cet apatriotisme complet, c'est le fait que ces fournisseurs d'armements envoient très systématiquement leurs livraisons à l'étranger, partout, peu importe, là où ils obtiennent le meilleur prix, peu importe que les armes qui y sont livrées soient ensuite utilisées contre l'armée allemande.
Messieurs, mon ami Südekum a récemment présenté un exemple particulièrement intéressant du manque de patriotisme de ce capital "patriotique". De l'ouvrage de M. Martin, il a tiré des faits sur la situation des usines Dillinger qui, à ma connaissance, n'ont jamais été réfutés nulle part. L'usine de Dillingen est la propriété des héritiers des Stumm, c'est-à-dire avant tout du lieutenant général von Schubert, un noble de la Chambre des représentants de Prusse. Cette usine est aussi en grande partie financée par des capitaux français, comme cela a été établi maintenant, et est aussi fortement francisée, dans la mesure où la langue française est très largement utilisée dans les assemblées générales de cette entreprise.
Ceci est terriblement instructif ! Pensez donc : « L'ennemi héréditaire ! » Pensez au « grand danger » qu'une guerre éclate entre l'Allemagne et la France - et maintenant les capitalistes français sont au sein de cette société allemande, initiés à tous les secrets des armements allemands et en association avec tous les capitalistes de nationalité allemande œuvrent pour que l’on extorque au peuple allemand et au Reich allemand beaucoup d'argent pour l'armement. Messieurs, voilà la preuve de la touchante solidarité internationale du capital. ("Très juste!" Par les sociaux-démocrates.)
Cette solidarité du capital dépasse toutes les barrières de nationalité.
Mais maintenant autre chose. Peut-être que le ministre de la Guerre fera un jour remettre les dossiers à un certain M. Schopp. Je peux lui donner le numéro de dossier : Landgericht III, Berlin, B 5, J. 675/10. Dans ces dossiers, il trouvera toutes sortes de documents intéressants sur l'une des plus grandes usines d'armement allemandes, à savoir la « Deutsche Waffen- und Munitionsfabrik ». (« Voyez ! Voyez ! » sur les bancs des sociaux-démocrates.)
Entre autres, il y a dans ces dossiers une copie d'une lettre adressée à un agent de cette société à Paris (« Voyez ! Voyez ! » sur les bancs des sociaux-démocrates.)
- à Paris ! - avec le numéro secret 8236. On lit dans cette lettre ce qui suit :
« Nous venons de vous adresser un télégramme : 'Veuillez attendre notre lettre envoyée à Paris ce jour' La raison de cette dépêche est que nous voudrions obtenir la parution d’un article dans l'un des journaux français les plus lus, si possible dans le Figaro, article dont voici le libellé : « L'administration de l'armée française a décidé d'accélérer l’acquisition de mitraillettes par l’armée et de doubler la quantité initialement prévue prévue par la commande. '"
C'est ainsi que devait être rédigé l'article du "Figaro" dans l'un des journaux français les plus lus - article, inspiré par l’entreprise « Deutsche Waffen- und Munitionsfabrik ». (« Voyez! Voyez! » sur les bancs des sociaux-démocrates.)
La lettre se termine par ces mots : "Nous vous demandons de faire tout votre possible pour qu'un tel article soit accepté."
La lettre est signée : "Deutsche Munitions- und Waffenfabrik, von Gontard, Kosegarten." (« Voyez ! Voyez ! » sur les bancs des sociaux-démocrates.)
Cette lettre prouve que les tenants allemands de la fabrication d'armement, nos grandes usines d'armement allemandes, du moins celle-ci - c'est peut-être seulement un mouton noir, ça je ne le sais pas, mais c’est dans ce cas-là une tâche noire - (Rire.)
qu'au moins cette usine n'a pas peur de lancer de fausses nouvelles dans les journaux français, dans le but de faire croire que l'armée française prévoie des augmentations d’équipements. Dans quel but ? Pour sauver la patrie ? Messieurs, dans quel but tout cela? Créer en Allemagne une atmosphère, afin de susciter des commandes et de gagner beaucoup d'argent, ("Très juste!" sur les sociaux-démocrates.)
pour que l'argent puisse tinter dans son escarcelle. (Approbation des sociaux-démocrates : « C'est comme ça que ça se passe ! »)
Messieurs, c'est extrêmement important ! ("Très juste!" sur les bancs des sociaux-démocrates.)
Je crois qu'une telle preuve du patriotisme du capital d'armement allemand est unique.
Mais devons-nous espérer que l'entreprise « Waffen- und Munitionsfabrik » ne soit qu’une tâche noire ? Messieurs, l'espoir et l'attente font de certains des imbéciles. Malheureusement, je suis obligé de détruire de tels espoirs en vous en vous présentant des preuves concluantes que la plus grande usine d'armement allemande utilise la manipulation, (Chahut à droite.)
qui ne peut même pas être conciliée avec la sorte de moralité qui, comme j'ai pu le déduire du chahut que je viens d'entendre, pourrait encore être applaudie par certains partis de cette Assemblée. Messieurs, j'ai hâte de voir si vous applaudirez à ce que je vais vous dire maintenant.
Le conseil d'administration de la fonderie Friedrich Krupp, à Essen an der Ruhr, entretenait – je peux vous le dire maintenant - un agent à Berlin du nom de Brandt jusqu'à il y a quelques semaines, un ancien artificier chargé de contacter les commis de l'armée et de la marine et les soudoyer afin d'avoir connaissance de documents secrets dont le contenu intéressait l'entreprise. (Vives réactions sur les bancs des sociaux-démocrates)
Ce qui les intéresse, ce sont les intentions précises des autorités en matière d'armement, des informations sur les fabrications prévues par les autorités et la concurrence, (« Voyez ! Voyez ! » sur les bancs des sociaux-démocrates.)
Résultats d’essais, mais surtout les montants demandés par les autres entreprises ou qui leur sont accordés. Des fonds importants ont été mis à la disposition de M. Brandt à cet effet. (« Voyez ! Voyez ! » sur les bancs des sociaux-démocrates.)
La célèbre entreprise utilise systématiquement sa puissance monétaire pour inciter des hauts fonctionnaires ou subalternes prussiens à trahir des secrets militaires. (Violentes réactions sur les bancs des sociaux-démocrates : Voyez ! Voyez ! »)
Ce que je viens de vous dire ici n'est pas basé sur une simple information qui m'a été fournie par une quelconque source. Je dois vous dire que, bien entendu, j'ai transmis au ministre de la Guerre ce qui m'a été communiqué. (« Voyez ! Voyez ! » sur les bancs des sociaux-démocrates.)
J'ai été particulièrement attentif au fait qu'une annonce prématurée de ces éléments pourrait facilement conduire à ce que l'entreprise, du fait de son immense puissance financière, puisse faire disparaître toutes les preuves et même des personnes indésirables.
Le ministre de la Guerre a pris toutes ses responsabilités dans cette affaire. Le ministre de la Guerre est intervenu, non seulement contre les militaires, mais aussi contre des personnes civiles. Six ou sept personnes - je ne peux rien dire pour le moment, je ne veux pas divulguer leurs noms pour le moment – font l’objet d'enquêtes préliminaires en ce moment, si elle n'est pas déjà close.
Il est intervenu avec une énergie louable. Les personnes concernées ont été placées en garde à vue. Ce sont des personnes haut placées ! Il n'y a donc aucune reproche à faire à l'administration militaire. L'enquête est pour l'essentiel terminée et a confirmé jusqu’au moindre détail ce que je vous ai dit ici. (Vives réactions des sociaux-démocrates : "Voyez ! Voyez !")
Le but de l'enquête ne peut plus être compromis, c'est pourquoi je considère qu'il est de mon devoir et de ma responsabilité d'évoquer ces faits ici dans l'intérêt du peuple allemand et dans l'intérêt de la paix européenne. ("Bravo!" et approbation des sociaux-démocrates.)
Car il en est ainsi - permettez-moi une petite digression - : si nous voyons que l’entreprise « Waffen- und Munitionsfabrik » met en œuvre les mêmes pratiques que celle de la lettre adressée en France que je vous ai lue, alors on peut sûrement penser qu'ils n’auront pas peur de faire la même chose que l’entreprise Krupp. Et si la société Krupp fait ce que nous pouvons considérer ici comme avéré, alors nous pouvons être sûrs qu'elle ne se gênera pas pour faire la même chose que la « Waffen- und Munitionsfabrik ». ("Très juste" sur les bancs des sociaux-démocrates.)
Cela est bien sûr évident. On doit s’attendre à tout d’entreprises dont la moralité et la conscience ont sombré non pas au "point zéro" – mais encore plus bas, comme cela a été prouvé ici, que ce soit dans l’entreprise « Waffen- und Munitionsfabrik », que ce soit chez Krupp. (Vif soutien des sociaux-démocrates.)
...
DOCUMENTS POUR COMPRENDRE LE COMBAT DE KARL LIEBKNECHT
CONTRE LES INDUSTRIES D'ARMEMENT ET KRUPP
. CE QU'IL FAUT DIRE, nov. - déc. 1917
. CAHIERS JAURES, 2013
Dans le journal libertaire pacifiste "Ce qu'il faut lire", on peut lire dans le numéro 6 de nov.-déc 1917 un article sur les profiteurs de guerre et un long extrait est consacré au combat de Karl Liebknecht contre l'industrie d'armement, en particulier Krupp :
" Le 19 avril 1913, le député allemand Karl Liebknecht soutenu par le député catholique Pfeiffer faisait à la tribune du Reichstag des révélations sensationnelles.
Documents en main, il démontra que la maison Krupp avait un agent nommé Brandt, chargé de soudoyer les fonctionnaires du ministère de la Guerre et d'obtenir d'eux, moyennant finances, des dossiers secrets de la plus haute importance, dossiers qu'on retrouvait chez M. von Dewitz, sous-directeur de l'usine d'Essen.
Liebknecht poursuivant son enquête découvrit que Krupp employait, à des appointements de ministres, un grand nombre d'officiers de tous grades et jusqu'à des officiers généraux et des amiraux, dont la mission consistait à obtenir des commandes pour les usines d'Essen.
Cette corruption de fonctionnaires n'étant pas suffisante pour assurer les développements des armements allemands et la fortune de ce marchand d'outils de meurtres, Krupp n'hésitait pas à corrompre l'opinion publique.
Aidé dans sa tâche par les autres charognards allemands Thyssen, Mauser, Düren, Waffenfabrik, etc ..., il subventionnait un certain nombre de journaux pangermanistes, dont la principale fonction était d'exciter les sentiments chauvins, et de tenir, le peuple allemand sous la perpétuelle menace de "l'ennemi héréditaire". Cet ennemi d’ailleurs suivant les saisons. C'était le Français ou le Russe, quand Krupp ou Thyssen désiraient une commande de mitrailleuses, et c'était l'Anglais quand les chantiers de Stettin avaient besoin de fabriquer les cuirassiers.
Liebknecht révéla un document encore plus grave : une lettre adressée par le directeur de la Waffenfabrik à un de ses agents parisiens.
Voulant obtenir une commande de mitrailleuses, que le Reichstag ne semblait pas dispose à approuver, la Waffenfabrik qui contrôle à la fois en Allemagne, les usines Mauser, en Belgique, la Fabrique nationale d'armes de guerre d'Herstal, à Paris, la Société Française des Roulements à bille, trouva expédient d'affoler l'opinion allemande. Et voici son truc. Elle écrivit à son démarcheur, à Paris, rue de Chateaudun, la lettre suivante :
" Nous voudrions faire passer dans un des journaux les plus lus de Paris, si possible le Figaro, un article dont voici la teneur : l'administration militaire française a décidé de hâter considérablement la construction de mitrailleuses destinées à l'armée, et de commander deux fois plus de ces engins qu'elle ne se proposait primitivement. Nous vous prions de faire votre possible pour obtenir qu'un semblable article soit accepté
Pour la Waffenfabrik
Yves Gontard
Ce communiqué ne fut pas inséré sous cette forme, mais quelque temps après et, comme par hasard Le Figaro, le Matin et l'Echo de Paris, entamaient un éloge dithyrambique de nos mitrailleuses.
Curieuse coïncidence, à la suite de ces articles et se basant sur eux, le député prussien Schmidt dont on soupçonnait les attaches avec la haute métallurgie, interpelle le Chancelier de l'Empire et demande ce que le gouvernement comptait faire pour répondre à la menace française.
Étonnée, et quelque peu apeurée, la majorité du Reichstag vota alors et sans discussion une commande considérable de mitrailleuses.
Mesure à laquelle, l'Etat français répondit par une augmentation d'armements.
Ainsi tandis que l'Echo de Paris, le Matin et le Temps irritaient le public pour en citant des extraits des journaux pangermanistes et en particulier la Post dont le principal actionnaire était Von Gotnard en personne, Von Gontard, aidé de sa créature le député Schmidt affolait le public allemand en usant du et du chantage au patriotisme pour augmenter son
Quant à la responsabilité du Figaro et des feuilles françaises qui, pour des raisons sonnantes, contribuèrent à ruiner les finances de l'Etat, et à mettre l'Europe sur un volcan, uniquement pour permettre aux actionnaires d'Essen, de Mauser et du Creusot, l'histoire la détermineront peut-être un jour avec précision ...
https://www.furet.com/media/pdf/feuilletage/9/7/8/2/0/1/2/8/9782012898509.pdf
Qu’en est-il du scandale des Kornwalzer ? Il faut d’abord noter que le mot-clé de cette affaire, les Kornwalzer, est loin d’être commun dans la langue allemande. En fait, il s’agit de petits messages échangés entre un employé du fabricant d’armes et d’acier Krupp, un certain Brandt, et ses chefs, au siège de l’entreprise à Essen [41][41]Pour cette affaire cf. Frank Bösch, « Krupps “Kornwalzer”.…. Brandt faisait fonction d’envoyé spécial dans la capitale. Au cœur du scandale, se trouve un réseau d’information et de faveurs impliquant Brandt et plusieurs fonctionnaires du ministère de la Guerre. Brandt, ancien officier, réussit à garder et à développer ses contacts dans l’administration militaire en échangeant des cadeaux et en invitant ses anciens camarades à boire et à manger. Par cette voie, il obtint des informations précieuses pour son entreprise, à savoir, les appels d’offre du ministère avant leur publication et surtout les offres de la concurrence. Grâce à ses informations, Krupp réussit à faire les meilleures offres et à décrocher la plupart des commandes du ministère.
Ces activités ont été dévoilées par un ancien cadre de Krupp qui, après avoir été licencié par son employeur, décida de se venger en informant le leader de l’opposition social-démocrate au parlement : Karl Liebknecht. Liebknecht réagit d’abord prudemment. Au lieu de crier au scandale, il informa discrètement la police. Au sein de l’administration, ces informations furent en fait traitées. Puis, comme rien ne semblait bouger, Liebknecht décida alors de s’adresser au public. C’est le 18 avril 1913 qu’il dévoile au Reichstag le trafic d’informations entre l’administration militaire et le premier fabricant d’armes d’Allemagne. Le public est sous le choc. Le ministre de la Guerre, von Heeringen, est contraint de démissionner, les coupables doivent comparaître devant le tribunal de Berlin. Les journaux débattent pour savoir s’il s’agit là d’un scandale comparable à celui de Panama ou si le scandale des Kornwalzer est une affaire isolée.
La social-démocratie était sur ce point unanime, elle pensait qu’en effet le scandale des Kornwalzer était le Panama allemand [42][42]C’est Karl Liebknecht qui pour la première fois a donné la…. Après 1892, le scandale de Panama était devenu, dans tous les pays européens, le symbole de la corruption politique à l’époque, en tant que reflet de la situation dans son propre pays ou bien alors comme objet de comparaison avec l’étranger. En ce qui concerne le SPD, l’association au Panama permettait le transfert et l’internationalisation de la critique social-démocrate du capitalisme. Depuis 1890, l’opinion publique du Kaiserreich connaissait des changements. Il y avait de plus en plus de scandales politiques et le Vorwärts établissait, à intervalles de plus en plus réguliers, le diagnostic du « Panama ». Au fur et à mesure que la stigmatisation du « Panama » prenait de l’ampleur, la palette des délits, elle, s’élargissait en de nombreuses variations. À la veille de la Première Guerre mondiale, la social – démocratie luttait contre trois problèmes majeurs : le militarisme, l’impérialisme et le capitalisme – tous trois furent mis en corrélation avec Panama.
Cette stratégie apparaît également dans la campagne qu’a menée le Vorwärts contre Krupp, alors que le journal s’était fixé pour objectif de dévoiler l’affaire du « Panama allemand [43][43]Vorwärts, 5 août 1913. ». Comme lors des deux scandales précédents, la social-démocratie affirmait que la corruption était une conséquence du système politique. Comme en 1892, cette affirmation fut fortement liée à une critique offensive du capitalisme. Mais comparée à la situation de 1873 ou à celle de 1892, le militarisme jouait cette fois un rôle plus important. Le Vorwärts arguait de l’impossibilité de dissocier capitalisme et militarisme dans le contexte de ce système politique et économique. Le militarisme était, selon lui, une conséquence du capitalisme. Et la corruption était, là encore, une conséquence du capitalisme [44][44]Vorwärts, 24 avril et 7 juillet 1913..
L’affaire avec Krupp offrait une nouvelle occasion pour allier la critique social-démocrate du système aux débats sur les décisions politiques du moment. En 1913, l’opinion publique allemande débattait sur la soi-disant Heeresvorlage (budget de l’armée). Le gouvernement envisageait d’augmenter les effectifs de l’armée mais il lui fallait obtenir pour ce financement, l’accord du Reichstag. Le scandale Kornwalzer coïncidait avec l’image que se faisait la social-démocratie du capitalisme, du militarisme et de la corruption et lui livrait des arguments contre la Heeresvorlage [45][45]Stig Förster, Der doppelte Militarismus. Die Deutsche…. La social-démocratie stigmatisa Krupp, représentant du capital international de l’armement (« internationales Rüstungskapital ») en même temps que membre du groupe des corrompus des va-t-en guerre (« Korruptionsbande der Kriegshetzer »), pour avoir tiré des bénéfices privés de secrets militaires [46][46]Vorwärts, 20 et 24 avril 1913 ; Verhandlungen des Deutschen…. Ces délits, comme l’avança le Vorwärts, prouvaient que les intérêts de l’industrie de l’armement ne prenaient pas en considération ceux du peuple et n’y répondaient pas.
Le Vorwärts opposa directement les intérêts capitalistes des fabricants d’armes aux intérêts de la patrie. Le Vorwärts déduisit que l’organe auquel incombait véritablement la représentation de la volonté du peuple échouait dans sa mission :
« Le gouvernement ne poursuit pas comme selon sa propre analyse les besoins et les nécessités de l’État mais se laisse aller à la dérive sous la pression de forces externes ; il est sous l’emprise de groupuscules mettant au dessus des intérêts du bien commun leurs propres intérêts. » [47][47]Vorwärts, pour la citation : 27 avril 1913. Pour le paragraphe…
La situation en Allemagne n’était pas sans rappeler l’affaire Dreyfus en France : ici et là, les hauts officiers et les entreprises de l’armement essayaient d’exercer leur influence sur le gouvernement et la justice [48][48]Vorwärts, 22 avril 1913.. Les motifs du gouvernement au sujet de la Heeresvorlage (budget de l’armée) furent par conséquent contestés. En faisant l’amalgame entre la Heeresvorlage et les Kornwalzer, le Vorwärts laissait supposer que dans les deux cas, les mêmes acteurs en tiraient profit, c’est-à-dire les capitalistes alliés aux militaires [49][49]Ibidem.. Les chances d’un rapprochement pacifique avec la France étaient rejetées au profit des intérêts de l’industrie de l’armement. Au bout du compte le peuple allemand devrait assumer les coûts du militarisme [50][50]Vorwärts, 20 avril 1913, 28 août 1913.. Dans l’intérêt du bien commun à tous, il aurait fallu abandonner la Heeresvorlage. Seule la nationalisation de l’armement empêcherait que le bien commun soit à la merci d’intérêts capitalistes [51][51]Vorwärts, 20, 27 avril 1913, 28 août 1913. Une analyse des….
Le bien commun ainsi que la volonté du peuple furent bafoués parce que le système politique ne les laissait pas s’exprimer. Le Vorwärts regretta que les élections au Reichstag, en 1912, soient restées sans conséquence. Par ces élections, la social-démocratie était devenue le plus grand groupe parlementaire au Reichstag. Mais cette nette volonté de l’électorat n’eut pratiquement aucun impact puisque le gouvernement et le Bundesrat (conseil fédéral) empêchèrent les réformes politiques. Le peuple aurait été abusé par les forces au pouvoir et le progrès souhaité par le peuple réfréné [52][52]Vorwärts, 20 et 27 avril 1913.. Les accusations de corruption à l’égard de Krupp nourrirent de nouveaux arguments pour favoriser le changement de système politique :
« Tout est lié, le patriotisme et la suprématie d’un groupuscule de junkers et de gros capitalistes sur la Prusse et sur l’Allemagne. Les révélations de Liebknecht démasquent non seulement les pratiques commerciales, mais encore les pratiques politiques avec lesquelles le peuple allemand est abusé. » [53][53]Vorwärts, 20 avril 1913.
Après l’adoption de la « Heeresvorlage », en juin 1913, et l’ouverture de la procédure judiciaire contre Krupp en juillet, les priorités du Vorwärts avaient changé. Les délits de Krupp et les procès étaient devenus un thème central.
Pour la social-démocratie, la vénalité des accusés fut rapidement prouvée. Bien que les fonctionnaires du ministère de la Guerre qui étaient en accusation aient vendu leurs secrets professionnels pour « une bouchée de pain », ceci ne minimisait cependant pas l’accusation pour faits de corruption, car une « tarification dans la vénalité » n’existait pas [54][54]Vorwärts, 1er et 27 août 1913.. Donc, le Vorwärts insista sur le fait que la corruption était inadmissible et répréhensible, qu’elle était absolument injustifiable. Finalement, les fonctionnaires n’eurent qu’une petite peine, et bénéficièrent de clémence. Le Vorwärts salua ce jugement comme étant une bonne chose car il voyait dans ces fonctionnaires des victimes des grandes entreprises, de la grande industrie. Quant à Brandt, il fut admis qu’il avait été instrumentalisé par l’usine d’armement d’Essen qui avait de manière systématique tenté d’introduire la corruption dans les rangs de la fonction publique allemande et de l’administration militaire [55][55]Vorwärts, 6 et 27 août 1913.. Les instigateurs ne furent autres que les responsables de la direction de l’entreprise. En revanche, le ministère public, le parquet, aurait échoué. Il n’aurait prouvé aucune participation des « personnages de haut rang », aucun Panama parce qu’il n’en aurait, semble-t-il, pas cherché [56][56]Vorwärts, 5 et 6 août 1913..
Le traitement social-démocrate de l’affaire démontre, via le scandale des Kornwalzer l’évolution et le rôle de la presse sous le Kaiserreich. Les journaux touchaient un plus large public, la médiatisation croissante et l’élargissement de la presse d’alors à une presse internationale eurent pour effet que les scandales devinrent, selon Norman Domeier, des « évènements médiatiques trans-nationaux » (« transnationale Medienereignisse ») et qu’il y eut une « prise de conscience des scandales » (« Skandalbewußtsein ») [57][57]Norman Domeier, Der Eulenburg-Skandal. Eine politische…. C’est ainsi qu’en 1913, le Vorwärts attisait la crainte de réactions négatives provenant de l’étranger face au scandale des Kornwalzer pour influencer les enquêtes [58][58]Vorwärts, 18 juillet, 27 août 1913.. Depuis 1892, la situation politique du SPD avait elle aussi beaucoup évolué, ce qui exerça une grande influence sur les articles du Vorwärts à ce sujet. Le parti était réparti en plusieurs courants de pensée. Les radicaux et les partisans de l’attentisme révolutionnaire rejetaient pour la plupart toute coopération avec le système politique du Kaiserreich et mettaient leurs espérances dans la seule révolution. Alors que les radicaux voulaient activement préparer la révolution, en renforçant et en aggravant la prise de conscience des différences entre classes sociales, les partisans de l’attentisme s’en remettaient à l’idée que la révolution se produirait indépendamment de leur participation active [59][59]D. Groh, Negative Integration und revolutionärer Attentismus…,…. Les révisionnistes, quant à eux, pariaient sur l’évolution du système politique en place. Leur engagement était surtout visible au niveau local et au niveau des Länder [60][60]Stefan Berger, Social Democracy and the Working Class in….
Les conflits internes au SPD influencèrent les contenus des articles du Vorwärts. Le journal visait depuis longtemps l’unification des différentes tendances du parti [61][61]Volker Schulze, « Vorwärts (1876-1933) », in Heinz-Dietrich…. La présentation de l’affaire Kornwalzer en est un signe. La rhétorique de plus en plus radicalisée au moment des lois antisocialistes, riche en métaphores et en vocabulaire marxistes s’était établie et correspondait au langage et à l’expression des partisans radicaux et aux partisans attentistes. Dans le cadre des accusations de corruption, cette rhétorique fut associée de par son contenu à la critique du système politique et économique et aux débats sur la politique quotidienne. À la différence de 1892, il y avait alors des objectifs politiques accessibles, qui devaient être atteints et qui correspondaient aux différents courants réformistes du parti.
Les trois scandales nous montrent, d’une part, une social-démocratie avide de mettre en relief l’injustice du système économique en place. Les pratiques corrompues sont présentées comme les suites prévisibles et omniprésentes du capitalisme et de son imbrication avec l’État. La corruption n’est pas en premier lieu la conséquence d’un comportement individuel des personnes en question, mais la révélation de tout un système politique et économique dont la dissimulation des structures de pouvoir était l’une des caractéristiques. S’il s’agit là d’un argument qu’on retrouve dans les trois cas, on peut constater des variations qui montrent des changements dans l’attitude des sociaux-démocrates vis-à-vis du système politique. En 1873, le Volksstaat n’attaque pas seulement le système capitaliste, mais il critique en détail les subventions publiques pour les « fondateurs » (Gründer), donc pour les investissements, alors même que la question sociale n’avait pas été évoquée par les autorités publiques. Cependant en 1892, la discussion autour du scandale de Panama se concentre presque exclusivement sur les aspects « systémiques », alors que la stratégie lors du scandale de 1913 inclut, de nouveau, des revendications politiques très concrètes (abolition du système des trois classes en Prusse – Dreiklassenwahlrecht; résistance à la politique de l’agrandissement de l’armée – Heeresvorlage). En fait, la réaction de la SPD au scandale des Kornwalzer était visiblement inspirée par une position réformiste et pragmatique que l’on trouve confirmée par l’intégration du parti au système politique de l’époque.
- [41]Pour cette affaire cf. Frank Bösch, « Krupps “Kornwalzer”. Formen und Wahrnehmungen von Korruption im Kaiserreich », Historische Zeitschrift, n° 281, 2005, pp. 337-379 et Frank Bösch, Öffentliche Geheimnisse…, op. cit., chap. VII, p. 3.
- [42]C’est Karl Liebknecht qui pour la première fois a donné la comparaison, le 19 avril 1913, au Reichstag. Verhandlungen des Deutschen Reichstags, Haus der Abgeordneten, séance du 19 avril 1913, p. 4926.
- [43]Vorwärts, 5 août 1913.
- [44]Vorwärts, 24 avril et 7 juillet 1913.
- [45]Stig Förster, Der doppelte Militarismus. Die Deutsche Heeresrüstungspolitik zwischen Status-Quo-Sicherung und Aggression 1890-1913, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1985, p. 272.
- [46]Vorwärts, 20 et 24 avril 1913 ; Verhandlungen des Deutschen Reichstags, Haus der Abgeordneten, séance du 23 avril 1913, p. 5056.
- [47]Vorwärts, pour la citation : 27 avril 1913. Pour le paragraphe cf. : 20 avril 1913, 28 août 1913.
- [48]Vorwärts, 22 avril 1913.
- [49]Ibidem.
- [50]Vorwärts, 20 avril 1913, 28 août 1913.
- [51]Vorwärts, 20, 27 avril 1913, 28 août 1913. Une analyse des débats au Reichstag sur la « Heeresvorlage » montre que la social-démocratie au lieu de prendre une position défensive souhaitait bien au contraire un changement de ce budget ainsi que coopérer avec les partis libéraux. S. Förster, Der doppelte Militarismus, op. cit., pp. 247-274, Dieter Groh, Negative Integration und revolutionärer Attentismus. Die deutsche Sozialdemokratie am Vorabend des Ersten Weltkrieges, Francfort/M, Ullstein, 1973, p. 383.
- [52]Vorwärts, 20 et 27 avril 1913.
- [53]Vorwärts, 20 avril 1913.
- [54]Vorwärts, 1er et 27 août 1913.
- [55]Vorwärts, 6 et 27 août 1913.
- [56]Vorwärts, 5 et 6 août 1913.
- [57]Norman Domeier, Der Eulenburg-Skandal. Eine politische Kulturgeschichte des Kaiserreichs, Francfort/M, Campus Verlag, 2010, p. 19.
- [58]Vorwärts, 18 juillet, 27 août 1913.
- [59]D. Groh, Negative Integration und revolutionärer Attentismus…, op. cit.
- [60]Stefan Berger, Social Democracy and the Working Class in Nineteenth and Twentieth Century Germany, Harlow, Longman, 2000, p. 83.
- [61]Volker Schulze, « Vorwärts (1876-1933) », in Heinz-Dietrich Fischer (dir.), Deutsche Zeitungen des 17. bis 20. Jahrhunderts, Pullach bei München, Verlag Dokumentation, 1972, pp. 329-347.
A lire en allemand sur l'affaire :
FRANK BOSCH Krupps „Kornwalzer“. Formen und Wahrnehmungen von Korruption im Kaiserreich http://dx.doi.org/10.14765/zzf.dok.1.652 Reprint von: Frank Bösch, Krupps „Kornwalzer“. Formen und Wahrnehmungen von Korruption im Kaiserreich, in: Historische Zeitschrift Band 281, 2005, S. 337-379 ; https://zeitgeschichte-digital.de/doks/frontdoor/deliver/index/docId/652/file/b%c3%b6sch_krupps_kornwalzer_2005_de.pdf
ANNELIES LASCHITzA, Karl Liebknecht Advokat und Parlamentarier mit Charisma P. 54 à 68 : https://www.rosalux.de/fileadmin/ls_sachsen/dokumente/Publikationen/2018_Luxemburg-Forschungsbericht_15.pdf
Rede am 18. April 1913 (sozialistische Klassiker)
Der Feind im eigenen Land
Meine Herren, ein paar einleitende Bemerkungen! Diejenigen, die sich vielleicht für die schönen Verse interessieren, die gestern oder vorgestern einer der Abgeordneten in diesem Hause verlesen hat und die angeblich zur Kennzeichnung der sozialdemokratischen Jugendpflege dienen sollen, möchte ich aufmerksam machen auf den stenographischen Bericht des Abgeordnetenhauses vom 11. April 1913, wo die Märchen, die man uns erzählt hat, bereits als Märchen gekennzeichnet worden sind. im Übrigen ist es wohl nicht erforderlich, auf durchaus haltlose Unterstellungen, die sich auf Reichsverbandsflugblätter aufbauen, einzugehen.
(Zuruf rechts: „Keineswegs!")
Meine Herren, in der Duellfrage hat der Herr Abgeordnete Erzberger einen Gegensatz zwischen meinem Freunde Ledebour und mir konstruieren wollen. Ein solcher Gegensatz besteht nicht. Wir haben uns gegen den auf eine Verschärfung des Strafgesetzes hinauslaufenden Antrag der Zentrumsfraktion um deswillen erklärt, einmal, weil in diesem Antrag der Kautschukbegriff der „schweren Beleidigung" vorkommt, sodann, weil er eine fixierte Strafe fordert und wir prinzipielle Gegner fixierter Strafen sind, und schließlich, weil durch seine Formulierung implizite die strafrechtliche Exemtion, die Privilegierung des Duells gebilligt, aufrechterhalten wird.
(„Sehr richtig!" bei den Sozialdemokraten.)
Wir wünschen eine gemeinrechtliche Regelung der Duellfrage in dem Sinne, dass das Duell einfach wie jede andere Schlägerei, oder die Duelltötung wie jede andere gemeine Tötung behandelt wird. Wir haben das durch unseren Antrag zum Ausdruck zu bringen gesucht. Inwieweit unser Antrag, der schlechthin die Streichung eines Abschnitts des Strafgesetzbuchs fordert, etwa weiterer Ergänzungen bedarf, damit keine Lücken entstehen, das wird eine Sorge der Kommissionsverhandlungen sein, an denen wir uns natürlich beteiligen werden.
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Meine Herren, dieses vorausgeschickt, komme ich zu meinem eigentlichen Thema! In einer Zeit, in der in der „Kreuz-Zeitung" ein Regierungsrat schreiben konnte: „Herr, gib uns wieder Krieg!", in der die „Konservative Korrespondenz" schreiben konnte: „Ein Krieg käme uns gerade recht!", in der Herr von der Goltz sagen konnte: „Wenn es doch endlich einmal losginge!", in einer Zeit, die den gefährlichen Gedanken des Präventivkrieges durch die fortgesetzten Rüstungen geradezu provoziert, in einer Zeit, in der Herr General von der Goltz in Potsdam bei einer Yorck-Feier öffentlich erklärt hat: „Wir brauchen keine Tugendbolde!" – meine Herren, in einer solchen Zeit ist es außerordentlich interessant, ein Gebiet zu beleuchten, das bisher noch kaum jemals recht beleuchtet worden ist, und damit bloßzulegen eine der Wurzeln der Kriegsgefahren, die den europäischen Völkern und speziell auch dem deutschen Volk drohen. Ich will mich beschäftigen mit den Praktiken und Schleichwegen unserer Militärlieferanten.
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
Wir haben allerdings mit den Militärlieferanten schon öfter zu tun gehabt. Es ist bekannt, dass das Deutsche Reich von einer der größten Militärlieferungsfirmen in Bezug auf die Panzerplatten systematisch geprellt wurde; es ist bekannt, dass ein heftiger Kampf, der dereinst zwischen zwei großen rheinischen Firmen tobte, schließlich beigelegt worden ist, indem die beiden sich in die Beute teilten. Der „Vorwärts" war am vergangenen Montag in der Lage, zur Illustration dieses gemeinsamen Wirkens der Kriegsinteressen zum Nutzen des deutschen Volks – sie betrachten dabei natürlich sich allein als das deutsche Volk – einige Aktenstücke zu veröffentlichen, die ergeben, dass es in Deutschland einen Marineverständigungskonzern gibt
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
zwischen den verschiedenen Marinelieferanten, die sich gegenseitig in einer scharfen Kontrolle halten und sich gegenseitig gewissermaßen den Profit garantieren. Es sind Formulare – die Meldezettel, die in dem Geschäftsverkehr dieser sauberen Gesellschaft in Anwendung sind – im „Vorwärts" abgedruckt worden. Der dokumentarische Beweis dafür, dass man hier einen Vampir am Leibe des deutschen Volkes sitzen hat, ist im „Vorwärts" erbracht.
Meine Herren, das ist die eine Seite der Sache. Nun zum Patriotismus. Die Vaterlandslosigkeit des Kapitals ist für die Sozialdemokratie eine altbekannte Tatsache.
(„Sehr richtig!" bei den Sozialdemokraten.)
Wir haben niemals daran gezweifelt, dass das Kapital vaterlandslos ist, und zwar um so vaterlandsloser, je patriotischer es sich gebärdet.
(Zurufe von den Sozialdemokraten.)
Beweise dafür bedarf es nicht. Es hängt im allgemeinen ja mit der internationalen Personalunion des Kapitals zusammen. Es hängt auch mit der absoluten Skrupellosigkeit des Profitbedürfnisses des Kapitals zusammen, das die Profite nimmt, wo es sie bekommen kann.
Ich habe über diese Vaterlandslosigkeit der Rüstungsindustrie ja vielleicht nicht zu viel Neues zu sagen, denn das schlimmste an dieser Vaterlandslosigkeit, diesem vollkommenen Apatriotismus, ist ja doch die Tatsache, dass diese Rüstungslieferanten ganz systematisch ihre Lieferungen nach dem Auslande geben, überall hin, gleichviel, wo nur am besten bezahlt wird, gleichviel, ob späterhin die Waffen, die dorthin geliefert werden, gegen die deutsche Armee benutzt werden.
Meine Herren, einen besonders interessanten Beleg für diese Vaterlandslosigkeit dieses „patriotischen" Kapitals hatte mein Freund Südekum neulich hier vorgetragen. Aus der Schrift des Herrn Martin hat er über die Verhältnisse auf den Dillinger Werken Tatsachen beigebracht, die bisher, soviel ich weiß, nirgends widerlegt worden sind. Das Dillinger Werk ist im Besitze der Stummschen Erben, das heißt also wohl in erster Linie des Herrn Generalleutnants von Schubert, eines Herrn aus dem preußischen Abgeordnetenhaus. Dieses Werk ist zu einem großen Teil mit französischem Kapital gefüttert, wie jetzt feststeht, und es ist auch insofern sehr stark französiert, als die französische Sprache in den Generalversammlungen dieses Werks sehr viel angewendet wird.
(Zurufe von den Sozialdemokraten.)
Das ist ungemein lehrreich! Man denke: „Der Erbfeind!" Man denke der „großen Gefahr", dass ein Krieg zwischen Deutschland und Frankreich ausbricht – und nun sitzen französische Kapitalisten in dieser deutschen Gesellschaft, werden in alle Geheimnisse der deutschen Rüstungen eingeweiht und sorgen im Verein mit allen Kapitalisten deutscher Nationalität dafür, dass dem deutschen Volke und dem Deutschen Reich recht viel Geld für die Rüstungen abgenommen wird. Meine Herren, das ist ein Beweis von einer rührenden internationalen Solidarität des Kapitals.
(„Sehr richtig!" bei den Sozialdemokraten.)
Über alle Schranken der Nationalität hinaus geht diese Solidarität des Kapitals.
Aber nun etwas Weiteres. Vielleicht lässt sich der Herr Kriegsminister einmal die Akten gegen einen gewissen Herrn Schopp geben. Ich kann ihm das Aktenzeichen angeben: Landgericht III, Berlin, B 5, J. 675/10. In diesen Akten wird er allerhand interessantes Material über eine der größten deutschen Waffenfabriken finden, nämlich die Deutschen Waffen- und Munitionsfabriken.
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
Es befindet sich unter anderem in diesen Akten in Abschrift ein Brief, der an einen Agenten dieser Gesellschaft nach Paris gerichtet ist
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
– nach Paris! – mit dem Geheimzeichen 8236. Dieser Brief lautet folgendermaßen:
„Wir drahteten Ihnen soeben: ,Bitten unseren heutigen Brief in Paris abwarten.' Grund dieser Depesche war, dass wir die Aufnahme eines Artikels in einer der gelesensten französischen Zeitungen, möglichst im ,Figaro', durchsetzen möchten, welcher folgendermaßen lautet: ,Die französische Heeresverwaltung hat sich entschlossen, die Neubewaffnung der Armee mit Maschinengewehren erheblich zu beschleunigen und die doppelte Anzahl, als zuerst beabsichtigt, zu bestellen.'"
So soll der Artikel im „Figaro" lauten, in einer der gelesensten französischen Zeitungen – dieser Artikel, inspiriert von den Deutschen Waffen- und Munitionsfabriken.
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
Der Brief schließt damit: „Wir bitten Sie, alles aufzubieten, um die Aufnahme eines derartigen Artikels zu erreichen."
Unterzeichnet ist der Brief: „Deutsche Munitions- und Waffenfabrik, von Gontard, Kosegarten."
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
Dieser Brief beweist, dass unsere deutschen Rüstungsinteressenten, dass unsere großen deutschen Waffenfabriken, mindestens diese eine – sie ist ja vielleicht, ein weißer Rabe kann ich nicht sagen, ein schwarzer Schimmel in diesem Falle –
(Heiterkeit.)
dass mindestens diese eine Fabrik sich nicht scheut, in französische Zeitungen falsche Nachrichten zu lancieren, die dahin deuten sollen, dass französische Heeresvermehrungen geplant waren. Zu welchem Zweck? Um das Vaterland zu retten? Meine Herren, zu welchem Zweck? Um damit in Deutschland Stimmung machen zu können, damit sie Aufträge bekommt und gut Geld verdienen kann,
(„Sehr wahr!" bei den Sozialdemokraten.)
damit das Geld im Kasten klingen kann.
(Rufe von den Sozialdemokraten: „So wird's gemacht!")
Meine Herren, das ist doch ungemein bedeutsam!
(„Sehr richtig!" bei den Sozialdemokraten.)
Ich glaube, ein solcher Beleg für den Patriotismus des deutschen Rüstungskapitals ist bisher noch nicht dagewesen.
Aber wir dürfen doch wohl hoffen, dass die Waffen- und Munitionsfabrik ein schwarzer Schimmel ist? Meine Herren, Hoffen und Harren macht manchen zum Narren. Ich bin leider genötigt, solche Hoffnungen bei Ihnen zu zerstören, indem ich Ihnen ein schlüssiges Beweismaterial dafür vorlege, dass die größte deutsche Waffenfabrik mit Manipulationen arbeitet,
(Zwischenrufe rechts.)
die sich auch nicht einmal mit einer derartigen Art Moral vereinbaren lassen, die sonst vielleicht, wie ich eben aus Zwischenrufen entnehmen zu müssen glaubte, bei gewissen Parteien dieses Hauses noch Beifall finden könnte. Meine Herren, ich bin begierig, ob Sie dem Beifall spenden werden, was ich Ihnen jetzt sagen werde.
Der Vorstand der Gussstahlfabrik Friedrich Krupp, Essen an der Ruhr, unterhielt – darf ich jetzt sagen – in Berlin bis vor wenigen Wochen einen Agenten namens Brandt, einen früheren Feuerwerker, der die Aufgabe hatte, sich an die Kanzleibeamten der Behörden der Armee und der Marine heranzumachen und sie zu bestechen, um auf diese Weise Kenntnis von geheimen Schriftstücken zu erhalten, deren Inhalt die Firma interessiert.
(Lebhafte Rufe: „Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
Was sie interessiert, sind besonders Absichten der Behörden in Bewaffnungsfragen, Angaben über Konstruktionen der Behörden sowie der Konkurrenz,
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
Ergebnisse von Versuchen, namentlich aber die Preise, welche andere Werke fordern oder die ihnen bewilligt werden. Herrn Brandt sind zu diesem Zwecke große Mittel zur Verfügung gestellt.
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
Die berühmte Firma nutzt ihre Geldmacht systematisch dazu aus, um höhere und niedere preußische Beamte zum Verrat militärischer Geheimnisse zu verleiten.
(Stürmische Rufe bei den Sozialdemokraten: „Hört! Hört!")
Dieser Zustand besteht seit Jahren. In den Geheimschränken eines Herrn von Dewitz in Essen, eines hohen Beamten der Firma Krupp, liegen – oder lagen! – diese Geheimberichte säuberlich aufgestapelt.
Das, was ich Ihnen eben hier gesagt habe, beruht nicht auf einer bloßen Mitteilung, die mir von irgendeiner Seite gemacht worden ist. Ich darf Ihnen sagen, dass ich selbstverständlich von dem, was mir mitgeteilt wurde, dem Herrn Kriegsminister Kenntnis gegeben habe.
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
Ich bin besonders darauf aufmerksam gemacht worden, dass eine Bekanntgabe dieser Dinge zu einem frühen Zeitpunkt leicht dazu führen könnte, dass die Firma bei ihrer ungeheuren Geldmacht in der Lage sein würde, alle Beweisstücke und auch unbequeme Personen irgendwohin aus der Welt zu schaffen.
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
Der Herr Kriegsminister hat in dieser Angelegenheit seine volle Schuldigkeit getan. Der Herr Kriegsminister hat eingegriffen, und zwar nicht nur gegen Militärpersonen, sondern auch gegen Zivilpersonen. Gegen sechs oder sieben Personen – ich kann es im Moment nicht sagen, ich will die Namen im Moment nicht preisgeben – schwebt die Voruntersuchung, wenn sie nicht bereits geschlossen ist.
Es ist mit anerkennenswerter Energie eingegriffen worden. Die Betreffenden sind in Untersuchungshaft genommen worden. Hochgestellte Leute! Es ist also kein Vorwurf gegen die Militärverwaltung zu erheben. Die Untersuchung ist im Wesentlichen abgeschlossen und hat bis auf das Tüpfelchen über dem i dasjenige bestätigt, was ich Ihnen hier vorgetragen habe.
(Lebhafte Rufe bei den Sozialdemokraten: „Hört! Hört!")
Der Untersuchungszweck kann nicht mehr gefährdet werden, infolgedessen halte ich es für meine Pflicht und Schuldigkeit, im Interesse des deutschen Volks und im Interesse des europäischen Friedens diese Dinge hier vorzubringen.
(„Bravo!" und Zustimmung bei den Sozialdemokraten.)
Denn so liegt doch die Sache – gestatten Sie mir eine kleine Abschweifung –: Wenn wir bei der Waffen- und Munitionsfabrik sehen, dass sie dergleichen Praktiken wie mit dem Brief nach Frankreich, den ich vorgelesen habe, unternimmt, dann wird man ihr doch sicherlich auch zutrauen, dass sie sich nicht scheut, dasjenige zu tun, was die Firma Krupp tut. Und wenn die Firma Krupp dasjenige tut, was wir hier als nachgewiesen bezeichnen können, dann können wir doch sicher sein, dass sie sich nicht genieren wird, auch dasselbe zu tun, was die Deutschen Waffen- und Munitionsfabriken machen.
(„Sehr wahr!" bei den Sozialdemokraten.)
Das liegt doch deutlich auf der Hand. Von Unternehmungen, deren Moral und Gewissenhaftigkeit auf diesen – „Nullpunkt" kann man nicht sagen – Minuspunkt gesunken ist, wie das hier, sei es bei der Waffen- und Munitionsfabrik, sei es bei Krupp, erwiesenermaßen der Fall ist, muss man sich auf alles gefasst machen.
(Lebhafte Zustimmung bei den Sozialdemokraten.)
Jetzt will ich einmal auf Dillingen zurückgreifen. Das ist die Ergänzung. Dillingen heißt: Herr von Schubert. Herr von Schubert ist gleich Stumm. Stumm ist gleich „Post".
(Heiterkeit.)
Das ist wichtig zu wissen.
(Heiterkeit und Zurufe.)
– Die Zeitung „Post"! Die Zeitung „Post" ist doch bekannt. Die „Postesel" kennt doch jedermann.
(Heiterkeit.)
Nun, meine Herren, also: Dillingen gleich „Post", das ist wichtig. War es nicht „Die Post", die 1911 jenen Artikel bei der Marokkoaffäre brachte, um die deutsche Regierung zu einer „aktiveren Politik" aufzuputschen?
(„Sehr richtig!" bei den Sozialdemokraten.)
War es nicht „Die Post", die den Artikel schrieb: „Guillaume le timide, le valeureux poltron"?! Das war „Die Post", das bitte ich festzuhalten! Und es war „Die Post", von anderen Dingen vorläufig zu schweigen, die zuerst das Mundstück der, wie soll ich mich ausdrücken, Generalstabsclique war, zu deren Füßen der Herr Kriegsminister heute liegt.
(Große Heiterkeit.)
Meine Herren, war es nicht auch „Die Post", die, als der Friede auf dem Balkan „drohte" – darf man für die Rüstungsinteressenten sagen –, plötzlich entdeckte, es war Ende Februar in einem sehr prononcierten Artikel, dass, nachdem jetzt im Osten der Friede nahe bevorstehe, im Westen ein neues und gefährlicheres Gefahrenzentrum sich entwickle.
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
Und ist es nicht „Die Post", die aus den Vorgängen von Nancy1 besonders starkes Kapital geschlagen hat, indem sie mit ihrem patriotischen Degen auf ihren patriotischen Schild geschlagen hat, wie es die alten Germanen taten!
Parteigenossen, in der Tat – –
(Andauernde stürmische Heiterkeit und Zurufe.)
– Ich habe „Parteigenossen“ gesagt. Ich entnehme aus Ihrem Lachen, wie Sie anerkennen, dass, Sozialdemokraten zu nennen, den Ehrennamen „Parteigenossen“ zu gebrauchen in demselben Atemzuge mit derartigen Leuten auch Ihnen als ein Ding der Unmöglichkeit erscheint. Aber ich will nach diesem lapsus lingue fortfahren: 2die „Post" hat diese Hetzartikel über das „neue und gefährliche Gefahrenzentrum", über die Vorgänge in Nancy, gebracht und hat, wie ich eben schilderte, so heftig mit ihrem patriotischen Schild gerasselt, wie auf irgendeiner Theaterbühne nur gerasselt werden kann. Sie schlug aber – eine solche Täuschung! – in Wahrheit nur auf den Geldbeutel, und das hat so ähnlich geklungen, als ob sich Patriotismus produziere.
Wer will uns den Zusammenhang zwischen diesem Geschrei in dieser Presse über die Vorgänge in Nancy und den Profitinteressen des Rüstungskapitals etwa bestreiten wollen, diesem Geschrei über Vorgänge, wie sie sich auch früher gelegentlich einmal ereignet haben, Vorgänge, die selbstverständlich überall, auch in Frankreich, bedauert worden sind! Diese Vorgänge werden von einer gewissen Presse systematisch ausgenutzt, um den Gegensatz zwischen Deutschland und Frankreich immer weiter zu schärfen, um dadurch den guten Wind künstlich zu schaffen, der auszugehen droht für die Riesenheeresvorlagen und die ungeheuerlichen Gewinne, die die Rüstungsindustriellen machen wollen – die Rüstungsinteressenten – bei Gelegenheit der jetzigen Wehrvorlage.
(„Sehr richtig!" bei den Sozialdemokraten.)
Meine Herren, das sind Dinge, die klar auf der Hand liegen. Der Fall Nancy und Besançon, und was dazu gehört, ist dieser Presse gerade recht gekommen, als wieder eine friedliche Entwicklung drohte, drohte – nämlich dem Geldbeutel der Herren Rüstungsinteressenten.
Was ich gesagt habe, meine Herren, betrifft „Die Post". Wir kennen aber auch den engen Zusammenhang zwischen anderen Abteilungen des Rüstungskapitals und anderen Zeitungen in Deutschland, die von jeher als die größten Rufer im Streit für eine kriegerische Auseinandersetzung und gegen eine friedliche Lösung der europäischen Schwierigkeiten eingetreten sind. Ich brauche nur die „Rheinisch-Westfälische Zeitung" zu nennen, ein Organ, das an der Stirne den Stempel des Profitwillens der Rüstungsinteressenten trägt. Und was das bedeutet, das habe ich Ihnen an einigen Beispielen klargemacht. Meine Herren, man kann ja Schlussfolgerungen ziehen. Jedermann weiß ja, wie zum Beispiel Kolonialpolitik gemacht wird. Eine der bekanntesten Methoden ist, kolonialpolitisch aufzuputschen durch Geheimagenten und allerlei Spitzel in dem Lande, das man dann kolonialpolitisch erobern möchte. Ich will nicht so weit gehen. Ich denke nicht daran, etwa den Verdacht zu formulieren, dass bei gewissen unliebsamen Vorgängen in Frankreich direkt auch Agenten deutschen Kapitals mitgewirkt haben, ich gehe nicht so weit; ich sage Ihnen nur das eine: Man darf keinen Zweifel daran lassen, die Skrupellosigkeit der Ausnutzung dieser Vorgänge gibt uns das Recht dazu. Wir trauen diesen Oberpatrioten, diesen Oberpatriotarden, darf man wohl sagen, alles zu, auch dieses.
Meine Herren, erwägen Sie nur das eine: Das sind dieselben Kreise, die die Zwietracht der Völker zu Gold münzen.
(„Sehr richtig!" bei den Sozialdemokraten.)
Ob sie in Deutschland oder in Frankreich sind, sie haben die gleichen Interessen. Die Steigerung der Rüstungen in Frankreich wirkt nicht so auf die deutschen Konkurrenten, wie die Steigerung einer anderen Konkurrenzindustrie sonst zu wirken pflegt; diese „Konkurrenten" arbeiten Hand in Hand. Unsere Krupp, Stumm und Genossen, Waffen- und Munitionsfabriken können nichts Besseres wünschen, als dass in Frankreich tüchtig gerüstet wird, weil auch sie dann tüchtig Arbeit bekommen und viel Geld verdienen. Das sind dieselben Leute, für die Zwietracht zwischen den Völkern säen und schüren, gleichviel aus welchem Grunde, Geld verdienen heißt. Das sind dieselben Leute, deren Profit völlig unbeeinflusst ist von dem Anlass eines Zwistes zwischen den Völkern und seinem Erfolge, bei denen die Höhe des Profits schlechthin proportional ist dem Grade der Zwietracht, des Hasses zwischen den verschiedenen Völkern.
Meine Herren, das ist das Wesentliche, um die Psychologie dieser Art des Kapitals zu verstehen, und das ist notwendig, um zu verstehen, wie dieses Kapital hetzerisch arbeiten kann in Frankreich und in Deutschland, gleichviel, ob es in Frankreich oder in Deutschland angewandt wird. Stets werden ihre gemeinsamen Interessen dabei gefördert, unter allen Umständen wird Profit gemacht.
Ich bin sicher, dass die französischen Firmen, etwa Schneider-Creusot, nicht anständiger sind als die deutschen Firmen, und es ist durchaus wahrscheinlich, dass die französische Hetzpresse, die der unsrigen in der Tat keineswegs an Gefährlichkeit überlegen ist, von diesen Rüstungsinteressenten ebenso abhängig ist wie unsere schlimmste Hetzpresse in Deutschland.
(„Sehr richtig!" bei den Sozialdemokraten.)
Meine Herren, all diese Tatsachen, diese Erwägungen werden festzuhalten sein für die weiteren wichtigen Verhandlungen, die wir in diesem Hause zu führen haben.
Meine Herren, die Reichsregierung steht bisher mit diesen Unternehmungen in Beziehung. Sie war allerdings wohl bisher nicht über diese Dinge unterrichtet, sie war sicherlich – darf ich wohl sagen – nicht unterrichtet. Aber der Herr Kriegsminister hat uns gesagt, dass die Zeitungen im Kriegsministerium genau gelesen werden. Trifft das zu, so hätte der Brief der Deutschen Waffen- und Munitionsfabriken dem Kriegsminister, wenn er seine Schuldigkeit getan hat, nicht entgehen können; denn er ist bereits im „Vorwärts" veröffentlicht und unbegreiflicherweise damals übersehen worden. Ich erwarte darüber Aufklärung.
Meine Herren, die Militärverwaltung hat nicht nur bisher diesen Privatindustriellen die fetten Aufträge gegeben, die die Riesenprofite für diese Millioneninstitute ermöglichen, sondern sie ist, wie ich im vergangenen Jahre feststellen konnte, sogar so weit gegangen, die staatlichen Anstalten, die staatlichen Waffenfabriken, in ihrer Tätigkeit einzuschränken, damit gewisse Aufträge der Privatindustrie gegeben werden konnten, weil deren Unterhaltung im Interesse der Kriegsverwaltung für erforderlich angesehen wird. Das ist eine echte staatliche Subvention, um die der Reichstag nicht gefragt ist.
(„Hört! Hört!" bei den Sozialdemokraten.)
Ich habe das damals vorgebracht, habe aber daraus einen direkten Vorwurf gegen den Herrn Kriegsminister nicht hergeleitet, weil die Zwangslage, solange diese Industrie zu einem großen Teile privat ist, in der Tat in einem gewissen Umfange besteht. Ich will diese Frage hier nicht weiter verfolgen; aber das eine liegt auf der Hand: Mit diesem System muss ein Ende gemacht werden!
(Lebhafte Zustimmung bei den Sozialdemokraten.)
Es ist eine zwingende Notwendigkeit, dass die Hände des Deutschen Reichs – wenn ich mich einmal bildlich ausdrücken darf – rein bleiben. Es ist erforderlich, dass die Regierung mit Firmen, denen derartige Praktiken nachgewiesen sind, keinerlei Beziehungen mehr hält.
(Erneute Zustimmung bei den Sozialdemokraten.)
Der Herr Kriegsminister hat vor zwei Tagen, wenn ich nicht irre, in der Budgetkommission, als ich ihn wegen ein paar armen Schachern der Unredlichkeit unter den Militärlieferanten interpellierte, die er natürlich preisgegeben hat – in dieser Richtung kann ich ihm nicht den geringsten Vorwurf machen –, erklärt, dass es seit langem Praxis der Militärverwaltung sei und strikte durchgeführt werde, dass die Militärverwaltung jede Verbindung mit einer Firma ablehne, der auch nur ein einziges Mal derartige Praktiken nachgewiesen worden seien. Meine Herren, daraus ergibt sich, dass die Firma Krupp und die Deutschen Waffen- und Munitionsfabriken zum mindesten – wer weiß, wer sonst vielleicht noch? – keinerlei Aufträge aus der künftigen Wehrvorlage haben dürfen. Das ist die Pflicht des Deutschen Reichstags, wenn er auf Reinlichkeit hält, dafür zu sorgen, und das ist die Pflicht der deutschen Militärverwaltung, wenn sie auf Reinlichkeit hält.
(Lebhafte Zustimmung bei den Sozialdemokraten.)
Meine Herren, aber nicht nur aus Gründen der pekuniären Anständigkeit und Reinlichkeit drängen wir auf eine grundstürzende Änderung des Systems. Die Verstaatlichung der gesamten Rüstungsindustrie muss auch um deswillen in aller Eile durchgeführt werden, koste es, was es wolle, weil es nur damit möglich ist, eine Interessentenklasse auszumerzen, deren Existenz eine ständige Kriegsgefahr für die ganze Welt bedeutet, und damit eine Wurzel des Rüstungswahnsinns und eine Wurzel des Völkerzwistes zu vernichten.
(Lebhafter Beifall bei den Sozialdemokraten.)