Cela fait trente-cinq ans que je côtoie Rosa Luxemburg et par son intermédiaire tout le courant révolutionnaire qui finira par se structurer en un petit groupe cohérent, L'Internationale" au moment du ralliement de la social-démocratie à la boucherie mondiale, puis dans le courant spartakiste, qui prônera une révolution sur des bases de classe.
Trente-cinq ans que je vibre à leur sensibilité, à leur intelligence, à leur conscience, à leur courage.
Et je suis écoeurée par ce consensus mou qui aujourd'hui traverse l'hommage rendu par ceux-là même qu'elle a toujours combattus, et qui tait ce qui s'est véritablement passé.
Qui ne met pas les mots sur l'horreur des faits.
Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Leo Jogiches ont été abattus comme des chiens. Ils avaient été arrêtés sans armes, ils ont été exécutés sans aucun procès, ils ont été abattus pour Rosa Luxemburg d'un coup de crosse, Liebknecht exécuté à bout portant, Leo Jogiches d'une balle dans le dos, tous les trois alors pourtant entre les mains des forces de "l'ordre" sur lesquelles s'appuyait la social-démocratie pour assassiner la révolution qu'elle craignait tant.
De ce magnifique groupe qui constituait en pleine guerre l'Internationale, et avec la mort de Franz Mehring qui s'éteint foudroyé après la mort de ses deux amis, il ne va rester comme figure connue que Clara Zetkin, dont on ne peut imaginer comment elle a pu survivre à ces meurtres, à cette barbarie, le corps de Rosa Luxemburg même pas retrouvé encore au moment de son inhumation.
Les mots, il faut les dire, pour que personne ne l'ignore plus. Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Leo Jogiches ont été abattus comme des chiens.
Dominique Villaeys-Poirré