Le contexte de ces lettres
. Quand éclate la Révolution d’octobre, Rosa Luxemburg est emprisonnée.
C’est son cinquième emprisonnement. En février 1915, elle était sortie d’un emprisonnement d’une année. Elle participe cependant à la fameuse manifestation contre la guerre du 1er mai 1916 et est alors emprisonnée en juillet 1916 en rétention, sans procès. D’abord enfermée à Wronke, elle est transférée brutalement à la prison de Breslau. Les conditions y sont extrêmement difficiles, isolement géographique, prison très sécuritaire, typique des constructions carcérales du XIXème siècle, enfermement sans date prévisible de fin, et guerre dans son moment le plus intense et où elle voit disparaître beaucoup de proches.
Ainsi au moment-même où éclate la Révolution d’Octobre, pratiquement jour pour jour, disparaît Hand Diefenbach, un ami très cher, jeune médecin, socialiste contre la guerre, mort au front : elle apprend cette nouvelle le 10 novembre 1916. Les lettres de ce ces mois de novembre - décembre sont donc un mélange de récit de son quotidien imprégné de lecture, de réflexion, de réaction à la mort de Hans Diefenbach et au milieu de tout cela de ses réaction à la Révolution d’Octobre.
. Rosa Luxembug est bien entendu très isolée.
Les visites qu’elle peut recevoir sont limitées : ce sont essentiellement Marta Rosenbaum, Mathilde Jacob, deux femmes politisées certes mais elle ne peut recevoir de militants et camarades de son courant, donc discuter et réfléchir avec eux. Rappelons aussi que Liebknecht est emprisonné comme d’autres Spatakistes. Pour les courriers, beaucoup doivent sortir clandestinement. Elle est limitée par le nombre de lettres autorisé, la censure, les destinataires admis et même le manque de papier.
. Presse et connaissance du mouvement ouvrier russe
Mais elle peut lire la presse. Et sa très bonne connaissance du mouvement ouvrier en Russie, son action au sein du mouvement polonais au quotidien depuis 1893, son expérience de la révolution de 1905 lui permettent une analyse plus fine que nombre de militants en liberté. C’est donc dans ces conditions que Rosa Luxemburg apprend la prise du pouvoir par le courant bolchévique, qu’elle analyse les événements et c’est avec cet-arrière plan en tête que nous devons lire les lettres conservées